dimanche 25 septembre 2011

Gn 1,1 - 2,4

Gn 1,1 – 2,4
Lectures : Pr 12,18 (texte ci-dessous) ; Gn 1,1 – 2,4
Thématique : Redécouvrir notre vocation – L’être humain créé à l’image de Dieu… pour advenir à sa ressemblance.
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 25/09/11
(inspiré d’un ouvrage d’André Wenin, D’adam à Abraham ou les errances de l’humain)

Lecture de Proverbe 12,18  (ci-dessous)

« Les paroles des bavards blessent comme des coups d’épée, tandis que le langage des sages est comme un baume qui guérit ».

Lecture de Gn 1,1 – 2,4 : dans la Bible


Prédication sur Gn 1,1 – 2,4

Comment aborder ce récit de la création, ce premier texte – bien connu – du livre de la Genèse ?

En premier lieu, je crois qu’il est important de pas confondre : un mythe, une fable et une légende.
Le récit de la création est un mythe : un mythe des origines… un poème des commencements.

Selon le théologien Paul Tillich, le mythe est le langage même de la foi. Il ne pas faut l’éliminer, ni le prendre à la lettre, mais l’interpréter en opérant une dé-littéralisation, afin de le recevoir dans sa forme symbolique, comme le symbole universel de la situation humaine, et comme l’expression symbolique d’une préoccupation ultime.

Précisément, le mythe n’est pas une fable ou une histoire légendaire. Le mythe est avant tout le langage des origines. C’est un récit des commencements destiné à dire un commencement qui n’a pas de commencement, à exprimer une origine dont on ne sait rien, qui est toujours dépassée, et à laquelle on ne peut jamais revenir.

Le mythe parle d’un événement fondateur – non pas de manière chronologique, pour dire : « il était une fois… » dans le passé – mais comme ce qui est « toujours déjà là », pour dire ce qui a été, ce qui est, et ce qui advient « depuis toujours ».
Autrement dit, le mythe tente de nous dire ce qui a depuis toujours commencé, ce qu’il en est depuis que l’homme est un être humain, un être en relation, un être de langage.

Il est important de ne pas envisager le mythe de façon chronologique, comme si nous avions perdu quelque chose, comme si nous devions revenir en arrière. Mais de lire le mythe comme ce qui décrit notre situation, comme ce qui est déjà là et qui, d’une certaine manière, précède et marque l’entrée de chaque être humain dans l’existence.

Dans le livre de la Genèse, le mythe de la création est relié au mythe de la chute, afin que nous entendions le récit des commencements, comme un mythe brisé, comme que ce qui nous fonde et nous échappe à la fois, comme ce qui nous constitue et dont nous sommes en même temps séparés.
Cette tension nous inscrit dans la réalité qui est la nôtre, comme des être humains, à la fois marqués par l’image de Dieu et par la séparation d’avec lui, des être humains marqués par l’incomplétude, le manque et le désir.

En d’autres termes, le mythe nous offre un cadre pour interpréter notre situation dans l’existence ; il nous offre de prendre du recul, pour discerner ce qui est constitutif de l’humain, ce qui appartient à sa vocation, mais aussi pour voir les dangers qui nous guettent.

Parce que le mythe nous propose de mettre en dialogue notre propre récit – notre histoire personnelle – avec le récit biblique, il nous invite à une ouverture de sens, à une réflexion, et à un déplacement.

J’en viens à présent à notre lecture d’aujourd’hui.
Je ne vais évidemment pas reprendre ici tous les éléments de ce premier récit de la création que nous avons entendu. Mais je m’arrêterai sur deux points :

- Le premier point concerne l’action créatrice de Dieu.

Il est intéressant de noter que la présence de Dieu habite ce récit de bout en bout.
Dieu est partout présent. Mais il reste en même temps en retrait, invisible et caché derrière les paroles qu’il prononce et l’action qu’il réalise.
Inconnaissable en lui-même, Dieu est reconnu à travers la bonté de sa création [Ps 19,2 ; Rm 1, 19-20], qui émerge par l’action de sa Parole : une parole performative, une parole qui fait ce qu’elle dit [Ps 33,9], une parole puissante et efficace.

Le début du récit [v.1] évoque le moment où Dieu entreprend la création de l’univers.
Cette création apparaît d’emblée comme une entrée dans le temps [« quand Dieu commença à créer les cieux et la terre »], comme un processus qui se déploie dans la durée.

Précisément, l’acte créateur de Dieu est présenté comme processus de transformation d’une « matière première » [v.2] – un chaos inhabitable et une immense masse d’eau abyssale – que Dieu va scinder et progressivement ordonner, aménager et peupler.

La création est ici décrite comme une victoire sur le chaosun acte de salut en quelque sorte.
Un acte par lequel Dieu surmonte le non-être du tohu-bohu – qui évoque l’image d’une ville dévastée, inhabitable, inhospitalière [Es 24,10], l’image d’un désert lugubre où règne la mort [Dt 32,10], pour y faire surgir la lumière et la vie.
L’agir de Dieu est ainsi compris comme « fondement » et comme « principe » créateur.
Dieu, qui est l’être-même, le fondement créateur de l’être et du temps, est la puissance d’être qui surmonte le non-être, pour mener a bien sa création [son telos créateur].

La Parole créatrice de Dieu [v.3] est présentée par le narrateur comme le prolongement de son souffle puissant [v.2] : Le vent, le souffle, l’Esprit de Dieu, qui agite les eaux abyssales de l’océan primordial plongées dans les ténèbres, se fait Parole.
Une parole créatrice qui donne son origine, sa puissance d’être, et son sens à tout être [Rm 11,36], et qui – pour créer – appelle à la vie, distingue, sépare, nomme.

Une lecture attentive du récit montre – de manière surprenante –
qu’une des actions principales attribuées à Dieu est de distinguer et de séparer :
Le Créateur sépare la lumière de la ténèbre, coupe les eaux en deux par la voûte, isole la terre des mers, distingue les végétaux en catégories, les animaux en groupes et en espèces, etc.
Le fait de distinguer, de séparer, est une caractéristique permanente de l’action créatrice de Dieu, et permet d’instaurer les choses et les êtres dans leur altérité, afin que chaque chose, chaque être distinct, ait sa place, son espace, et puisse être en relation l’un avec l’autre, dans un juste rapport avec l’ensemble, pour que le monde créé soit qualifié de « très bon » [v. 31].

Cette distinction... qui s'oppose à la confusion... qui pose et reconnaît chacun à sa place... est instituée par la parole.
Ceci montre l’importance de la parole dans ce récit – comme dans notre vie d’ailleurs – car en nommant chaque réalité dans sa différence, la parole pose des limites, et permet d’inscrire chaque être dans un réseau de relations où il trouve sa place, son utilité, sa fécondité.

Ainsi, la « voix off » du récit nous rappelle que si l’homme apparaît comme le sommet de la création, et qu’il reçoit une mission de gouvernance particulière, notamment sur les animaux [v. 26.28], l’homme n’est pas pour autant tout-puissant : il demeure une créature, à la fois distinctes et en relation avec les autres, une créature qui se reçoit d’un ailleurs, une créature qui n’est pas auto-fondée, mais dépendante de Dieu, son fondement créateur.

En d’autres termes, ce que ce récit de la création nous propose ici, c’est une interprétation théologique des paramètres invariables qui caractérisent tout être humain dans son rapport au monde : inscription dans le langage, origine insaisissable, altérité, limite et relations.

Il est aussi intéressant de voir la manière dont Dieu agit et maîtrise sa puissance dans ce premier récit de la Bible.
Lorsqu’il crée la lumière, Dieu ne supprime pas les ténèbres, mais il les inscrit dans une alternance temporelle « jour / nuit ».
De même, les eaux de l’océan primordial ne disparaissent pas non plus, mais sont contenues dans les mers, et intégrées dans l’espace que Dieu déclare « bon ».
Dans son acte créateur, en procédant à des séparations, et en ordonnant le temps et l’espace, Dieu ne détruit rien, pas même les éléments du chaos initial que l’on pourrait juger négatifs ou hostiles à la vie. Mais ces éléments chaotiques sont intégrés et surmontés par Dieu : ils se voient imposer une limite et trouvent finalement leur place dans le cadre harmonieux du monde créé.

La puissance divine apparaît donc comme une maîtrise qui s’exerce, non dans la destruction ou la violence, mais comme une puissance d’être qui surmonte le chaos indifférencié, comme une parole qui fait sortir de la confusion, distingue et appelle chaque chose et chaque créature dans sa différence et sa spécificité.

Un autre trait de la figure du Créateur nous est révélé dans ce récit.
C’est sa faculté de recul et d’émerveillement.
Comme un refrain, le texte nous dit, à la fin de chaque journée, que Dieu s’arrête, pour prendre du recul, regarder ce qu’il a fait, et le mettre à distance : « Et Dieu vit : que c’est bien ! » et même « très bien » [v.31].

Ce recul émerveillé – répété tout au long du récit – indique avec netteté que Dieu ne se contente pas de déployer sa puissance pour ordonner, transformer, donner la vie. Mais qu’il sait aussi suspendre son action pour regarder sa création et ses créatures avec bienveillance, pour permettre à sa création de prendre sa place, en la considérant d’un regard qui lui ouvre un espace où elle va pouvoir exister et s’épanouir.

Ce trait de la figure de Dieu est en quelque sorte consacré par le septième jour, qui est un jour différent, un jour mis à part, un jour « sanctifié » [Gn 2,3].
Le jour du « sabbat », Dieu ne donne pas d’ordre, il ne transforme rien, ne produit rien, mais il « achève » sa création [2,2].
Pour le narrateur, le repos sabbatique de Dieu correspond à l’achèvement de son œuvre.
Ce repos n’indique pas l’absence de Dieu, mais l’action par laquelle il se retire, pour faire place à sa création, et lui ouvrir un espace de vie, de liberté et de relations.
Autrement dit, ce récit biblique nous montre le paradoxe d’un Dieu qui, pour achever sa création, ne la fige pas dans une perfection stérile, mais prend le risque de ne pas tout remplir, et de laisser des points de suspension.

En agissant ainsi, Dieu manifeste son désir de ne pas monopoliser le contrôle de son œuvre, et prépare le terrain pour l’alliance : une alliance qui suppose des partenaires humains capables d’assumer leurs limites et leur liberté... et de s’ouvrir à la relation à l’Autre.

- J’en viens précisément au second point : l’être humain créé à l’image de Dieu

Ecoutons encore une fois un bref passage de ce récit, en portant notre attention sur trois mots : le pluriel « faisons » que Dieu utilise en s’adressant [en « nous »] aux humains, les mots « image » et « ressemblance ».

[v.26] Et Dieu dit : "Faisons humain en notre image, comme notre ressemblance, qu’ils maîtrisent le poisson de la mer et le volatile des cieux et le bétail et toute la terre, et tout rampant rampant sur la terre".

Ce verset nous montre que la parole de Dieu fait état d’un double projet : créer l’humain de sorte que le rapport entre Dieu et l’homme soit marqué à la fois par l’« image » et la « ressemblance ».

La suite du texte nous montre l’exécution du projet divin.
Mais – précisément – elle nous révèle un décalage entre le projet et son exécution :

Je cite : [v.27] Et Dieu créa l’humain en son image, en image de Dieu il le créa, mâle et femelle il les créa. [v.28] Et Dieu les bénit et Dieu leur dit : "Fructifiez et multipliez et emplissez la terre et soumettez-la et maîtrisez le poisson de la mer et le volatile des cieux et tout vivant rampant sur la terre".

Alors, quelles sont les différences entre le projet divin et sa réalisation ?

Le projet divin parlait d’« image » et de « ressemblance », mais le terme « ressemblance » n’apparaît plus dans l’exécution concrète du projet. Seul le mot « image » est repris et répété.
Où est donc passé la « ressemblance » ?

Par ailleurs, le narrateur parle de « mâle et femelle », c’est-à-dire de deux termes qui, loin de rapprocher les humains de Dieu, soulignent plutôt ce que les hommes ont en commun avec les animaux.

Enfin, un autre détail peut attirer notre attention : la création de l’humain n’est pas suivie, comme les autres, du refrain avec la formule habituelle : « Et Dieu vit : que c’est bien ! ».

Comment expliquer les particularités de ce passage ?

Les différences entre le projet et son exécution ont bien évidemment une signification. Je crois qu’elles veulent nous dire que l’œuvre créée est – à ce stade – encore inachevée.

En effet, tout se passe dans ce récit comme si l’être humain était mis dans une position médiane entre la divinité et l’animalité.
L’être humain porte en lui l’image de Dieu, mais cette image n’est pas encore ressemblante.
En même temps, l’humain est proche des animaux avec qui il partage une sexualité brute : « mâle et femelle ».

Autrement dit, l’humain est bien créé à l’image de Dieu, mais il ne lui ressemble pas encore, parce qu’il vit aussi une proximité avec l’animal.

En créant l’homme à son image [v.27] et en lui offrant sa bénédiction [v.28], Dieu réalise la part de la création qui lui revient, parce qu’il est le Créateur. Mais en s’adressant à l’homme – «  Faisons l’humain en notre image, comme notre ressemblance » – Dieu l’invite aussi à coopérer – par son « faire », par son action – à son œuvre de création, de manière à porter cette œuvre à son accomplissement, de manière à ce que cette « image » de Dieu – dont l’homme est le porteur – devienne véritablement « ressemblance », de manière à humaniser cette part de lui-même qui s’approche aussi de l’animal.

Voilà donc la vocation de l’humain : être à l’image de Dieu et à sa ressemblance.
Le premier terme de cette vocation (l’image) est donné par Dieu, mais le second terme (la ressemblance) constitue en quelque sorte la réponse que l’homme doit apporter à cet appel, à cette vocation fondamentale.

Alors, comment parvenir à cette « ressemblance » ?

Pour accomplir cette vocation d’humain, pleinement humain à la ressemblance de Dieu, le texte nous donne quelques pistes :

La 1ère piste porte sur le rapport de l’homme à la création, c’est-à-dire à la mission que Dieu assigne à l’homme.
L’être humain est chargé par Dieu de maîtriser la création qui lui est offerte.
En assignant à l’humanité cette tâche de dominer la terre et les animaux, Dieu lui demande implicitement d’agir comme lui, à son image, c’est-à-dire avec maîtrise et mesure ; et non dans la violence. Ceci afin que le règne animal puisse lui aussi fructifier et se multiplier, comme Dieu l’a ordonné [v.22].

La 2ème piste porte aussi sur la douce maîtrise de l’animalité. Mais le texte nous laisse entendre que cette animalité n’est pas seulement extérieur à l’humanité. Elle est aussi une partie intégrante de sa réalité individuelle et collective.

Dans le texte, en effet, de nombreux traits rapproche l’humanité… des animaux :
Les humains sont crées le même jour que les bêtes terrestres ; ils reçoivent la même bénédiction que les animaux du cinquième jour ; l’humanité est également sexuée [« mâle et femelle »] et multiple [« il les créa »] comme le règne animal.

Ces rapprochements ont eux aussi une signification. Je crois qu’ils nous permettent d’entendre l’injonction de Dieu – à la maîtrise pacifique du règne animal – comme une invitation à maîtriser aussi l’animalité intérieure à l’homme.

Au niveau individuel, cela signifie maîtriser et humaniser la part d’animalité liée à la sexualité et au désir. Car si elle n’est pas maîtrisée et ne consent pas à une juste limite, cette force vitale peut rapidement dégénérer en violence.
En elles-mêmes, ces forces vives sont des potentialités neutres ; elles ne sont ni bonnes, ni mauvaises, mais il s’agit de les mettre à profit, tout en en restant maître, afin qu’elles puissent déployer leur énergie pour faire « fructifier » la vie.

Au niveau collectif, la maîtrise de la part d’animalité qui est en l’homme implique de surmonter les relations de pouvoir et de domination souvent violentes que les être humains ou les peuples s’adjugent les uns sur les autres, de mettre fin au règne et à la surenchère de la violence, de dépasser les relations de concurrence fratricide, pour mettre à profit l’entraide et la solidarité entre humains, tous créés à l’image de Dieu.

Autrement dit, devenir humain (individuellement ou collectivement) – car il s'agit bien de le "devenir" – c’est apprendre à maîtriser peu à peu cette part d’animalité foisonnante et potentiellement violente intérieure à toute réalité humaine.
Faire advenir l’humanité de l’homme revient alors à devenir le « pasteur de sa propre animalité »[1], pour se conformer à l’image de Dieu, plutôt qu’à l’image de l’animal.

Enfin (pour conclure), le début du récit nous offre une 3ème piste pour accomplir notre vocation d’humain, en ressemblant à l’image du Créateur.
Il s’agit – à l’image de Dieu qui fait usage de maîtrise, en transformant son souffle de vie, son vent violent [v.2], en parole créatrice [v.3] – de faire usage – nous aussi – de notre parole, pour qu’elle soit une parole positive, une parole de vie, une parole d’ouverture et de bénédiction posée sur notre vie et sur celles des autres.

En effet, l’usage de la parole – qui est une spécificité de l’humain, créé à l’image de Dieu – n’est-elle pas le meilleur moyen pour l’homme d’apprendre à maîtriser les forces de son chaos intérieur ?
N’est-elle pas le meilleur moyen pour répondre à l’écoute, pour dépasser nos conflits intérieurs et extérieurs, et sortir de la violence, pour nourrir de véritables relations avec les autres ?

Voilà (en tout cas) le chemin que ce premier récit de la création nous propose pour achever notre humanisation, notre ressemblance à l’image de Dieu :
Faire usage de maîtrise, de responsabilité, de douceur et de paix dans notre rapport aux autres créatures et à nous-mêmes.
Faire un bon usage de notre énergie vitale, de notre dynamisme et de notre parole, pour qu’elle soit, pour nous-même, et pour les autres autour de nous, une parole créatrice, une parole humanisante, une parole de vie, qui surmonte tous nos chaos intérieurs.

C’est ce que nous rappelle aussi, à sa manière, le livre des Proverbes, dont nous avons entendu un extrait (Prov 12,18) :
« Les paroles des bavards blessent comme des coups d'épée, tandis que le langage des sages est comme un baume qui guérit ».

Chers amis, frères et sœurs, que nos paroles soient ainsi des paroles qui guérissent, qui apaisent, qui relèvent, qui fortifient, qui humanisent.
Que nos paroles et nos actes nous rendent chaque jour plus authentiquement humain, dans le respect de l’autre et de la création que le Créateur nous confie, comme un cadeau… un cadeau à accueillir, à partager et à transmettre.
Amen.                                                                                                                                     P.L.


[1] Selon une expression de P. Beauchamp (« Création et fondation de la loi », p.131).

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