dimanche 18 septembre 2011

Mt 25, 1-13

Mt 25, 1-13

Lectures bibliques : 1 Th 4, 13-18 (texte ci-dessous) ; [Rm 8, 24-25 (possible aussi)] ; Mt 25, 1-13
Volonté de Dieu : Mt 7, 7-12. 21. 24.
Thématique : Veiller… et s’engager. Récolter… et se laisser transformer par « l’huile »… qui nourrit et éclaire notre lampe.
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 18/09/11

1ère Lecture : 1 Th 4, 13-18 (texte ci-dessous) :

Je vous propose aujourd’hui deux lectures. La première se trouve dans la première épître de Paul aux Thessaloniciens, au chapitre 4, les versets 13 à 18.

Je vous rappelle, en quelques mots, le contexte de ce passage de la plus ancienne lettre de l’apôtre Paul, qui date vraisemblablement des années 50 de notre ère, soit environ 20 ans après la mort de Jésus :
Les premières communautés chrétiennes attendaient la venue imminente du Seigneur, son avènement, sa parousie, son retour, qui devait signaler la fin des temps.
Mais, au fur et à mesure de cette attente, certains commencent à s’interroger.
L’apôtre Paul écrit aux croyants de Thessalonique pour répondre au problème du retard de la venue du Seigneur et pour les réconforter dans l’espérance et la persévérance de cette attente qui dure plus longtemps que prévu.
Le passage que nous allons entendre traite de l’espérance de la résurrection et de cette venue du Seigneur, avec un langage imagé, un langage apocalyptique. On pourrait dire un langage symbolique (1Th 4, 13-18) :

« Nous ne voulons pas, frères, vous laisser dans l’ignorance au sujet des endormis [ c’est-à-dire des morts ] afin que vous ne soyez pas attristés comme les autres qui n’ont pas d’espérance.
Car si nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, de même aussi, ceux qui se sont endormis par Jésus, Dieu les emmènera avec lui.
Voici en effet ce que nous vous disons par une parole du Seigneur. Nous, les vivants, nous qui serons restés pour la parousie du Seigneur [ c’est-à-dire son avènement, sa venue ], nous ne devancerons pas ceux qui sont endormis.
Car le Seigneur lui-même au signal donné, à la voix de l’archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ se relèveront d’abord [ c’est-à-dire ressusciteront ] ;
après quoi nous, les vivants, nous qui serons restés, ensemble avec eux nous serons emportés sur les nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs. Ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.
En conséquence, réconfortez-vous donc les uns les autres par ces paroles ».

Lecture de l’évangile (= dans la Bible) : Mt 25, 1-13.

Prédication sur Mt 25, 1-13

Étranges noces que cette parabole de l’évangile de Matthieu nous propose, pour nous inviter à veiller en attendant le retour du Seigneur :
Un mariage où l’épouse n’est pas représentée par une personne, mais symbolisée par dix jeunes filles ; un mariage où ce n’est pas l’épouse qui se fait désirer, mais l’époux qui arrive en retard, après une attente considérable, pendant laquelle toutes les jeunes filles se sont s’endormies ; un mariage sans témoin, qui advient en pleine nuit ; avec une salle de noce fermée à clef, et un marié qui refuse même l’entrée à une partie des jeunes filles de son Royaume.

Il y a là, dans ce récit étonnant, quelque chose qui peut provoquer l’incompréhension, et même la crainte ou l’effroi.
Comment comprendre le caractère irrévocable et solennel de la déclaration finale du Seigneur : « Amen, je vous le dis, je ne vous connais pas » ; « je ne veux rien avoir à faire avec vous » ?
Une telle déclaration semble assez mal cadrer avec l’ambiance festive d’un mariage de village.
À première vue, elle semble même être incompatible avec cette autre parole de Jésus qui vient clôturer son discours sur la montagne (Mt 7,8) : « Demandez, on vous donnera, cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, à qui frappe on ouvrira ».
Comment parvenir à conjuguer ces deux paroles de Jésus, lorsque d’un côté, la porte demeure ouverte et de l’autre fermée ?

Une première réponse nous est donnée par le contexte, par la place de cette parabole dans l’Evangile de Matthieu. Cette parabole ne parle pas directement de notre existence présente dans laquelle il est possible de prier le Père, et même d’insister dans la prière, pour le louer ou pour solliciter son appui, lui demander son aide et son soutien, comme nous propose de le faire Jésus. Mais cette parabole fait référence – de manière symbolique – à un événement futur, à ce qui adviendra lors de la venue du Fils de l’homme, lors de son avènement final, c’est-à-dire à la fin de notre histoire.

Cependant, si Jésus parle ici d’eschatologie – c’est-à-dire des choses dernières – ce n’est pas sans raison. Ce n’est ni pour nous faire rêver, ni pour nous faire peur, mais pour nous appeler à agir dès aujourd’hui, dans le présent dans notre existence.
C’est ce que l’évangéliste Matthieu nous rappelle en conclusion de cette petite histoire : tant qu’il est encore temps, tant qu’il fait jour, « veillez » dans l’attente, soyez actif dans cette attente, et tenez-vous prêt, « car vous ne savez ni le jour, ni l’heure ».

Mais avant d’en arriver à cette conclusion, je vous propose de cheminer ensemble à travers cette parabole du Royaume à venir, qui nous réserve plus d’une surprise.

C’est à travers un ensemble de jeunes filles, constituées en deux groupes, que se dit la comparaison avec le Royaume des cieux.
Les points communs et les différences entre ces deux groupes nous permettront de discerner l’enseignement de cette parabole que l’évangéliste Matthieu est le seul à nous rapporter.

« Il en sera du Royaume des cieux comme de dix jeunes filles » : non pas 5 vierges avisées, mais bien 10 jeunes filles, comptant parmi elles aussi bien des vierges taxées d’« insensées », de « stupides », que d’autres qualifiées de « prudentes », de « sages ». Le Royaume des cieux sera donc comparable à un corps mixte, un ensemble mélangé représenté par ces 10 jeunes filles qui ont des attitudes différentes.

La première distinction apparaît dès le début de la parabole et permet précisément de qualifier les deux groupes. Ce qui les distingue : c’est l’huile que les vierges avisées emportent avec elles dans des vases, alors que les insensées, imprévoyantes, n’emportent que leurs lampes sans réserve d’huile.

Malgré cette différence d’huile, les 10 jeunes filles ont un point commun : Elles sortent toutes à la rencontre de l’époux.
Elles représentent la figure du croyant qui souhaite répondre à l’appel de Dieu, à sa proposition d’alliance. Toutes se préparent, attendent et espèrent sa présence. Par leur foi, elles font toutes parties du Royaume à venir.

L’époux : La figure de l’époux dans l’Ancien Testament (Es 54.4-5 ; 62,5 ; Jr 2,2 : Os 1-3) est associée à Dieu et l’épouse à Israël. Dans le Nouveau Testament, l’époux est une métaphore pour le Christ (2 Co 11,2 ; Ep 5, 23s ; Ap 19, 7s ; 21,2 s ; Mt 9,15). Mais ici l’épouse – qui pourrait être l’Eglise – n’est jamais mentionnée et tout laisse à penser que les 10 vierges la représentent corporativement, à moins qu’elles ne symbolisent plutôt la figure du croyant.

D’autres points communs associent les 10 jeunes filles :
Face au retard de l’époux, toutes les jeunes femmes finissent par s’assoupir et s’endormir.
L’endormissement des 10 vierges fait plutôt mauvais effet dans une parabole qui veut nous inviter à la vigilance active.
Alors, s’agit-il là d’un trait d’humour de la part de Matthieu ?
Personnellement, j’en doute. L’explication peut venir de la signification de cet endormissement durant la longue attente.
Comme dans la lettre de Paul aux Thessaloniciens, le langage de l’endormissement traduit simplement ici la mort des 10 jeunes filles.
Le fait que toutes les jeunes filles s’endorment dans la mort signifie que l’appel à vigilance s’applique au temps de la vie quotidienne, au temps présent de notre existence, qui précède la mort, l’endormissement inévitable.

En lisant, tout à l’heure, un passage de l’épître aux Thessaloniciens, je vous ai dit que les premières communautés chrétiennes vivaient dans l’espérance de la venue du Seigneur, malgré l’attente prolongée et le retard de son avènement.
À l’époque de Matthieu, peut-être quarante ans plus tard, on voit que le retard de venue du Seigneur a été intégré dans cette parabole, qui montre que l’époux tarde à arriver.

Aujourd’hui, 2000 ans plus tard, nous avons pris encore davantage de distance par rapport à ces descriptions de la venue du Seigneur, et nous savons que ce n’est pas le scénario, ni le langage apocalyptique qui comptent, mais la signification de cette espérance :
Nous vivons dans l’espérance chrétienne de la résurrection, c’est-à-dire d’une vie nouvelle qui nous offerte dès maintenant, et qui trouvera son accomplissement par-delà la mort dans la vie éternelle de Dieu.

Les 10 vierges se sont donc toutes endormies dans l’espérance de la résurrection et du retour du Seigneur.
Et voilà que la parabole, comme dans l’épître aux Thessaloniciens, nous fait entendre une voix, un grand cri. Un cri au milieu de la nuit, un cri de joie, un cri retentissant qui appelle à la fête et qui invite à la noce. Le signal appelle toutes les vierges à s’associer au banquet de noces, à devancer le marié pour enfin le voir face-à-face. Au son de la voix, toutes les jeunes filles se réveillent.
Ce réveil, c’est la Résurrection, c’est la vie malgré la mort, la vie par-delà la mort.

À ce stade de la parabole, toutes les jeunes filles – avisées ou insensées – sont associées au salut. Ce salut est universel ; il n’est pas fondé sur l’action des vierges, ni sur leurs mérites, mais il est offert par grâce, sans tenir compte des qualités permettant de distinguer les deux groupes de jeunes filles.
Ainsi, au son du cri de joie qui traverse la nuit et les réveille toutes, l’ensemble des 10 vierges ont part à la résurrection et au salut.

Mais si toutes les vierges ont part au Royaume, c’est ici que la parabole revient sur la distinction initiale entre les deux groupes de jeunes filles. Voilà qu’à leur réveil, au cœur de la nuit, les vierges sont invitées à apprêter leurs lampes. Et c’est seulement au moment de se préparer à l’arrivée de l’époux, pour fêter la noce avec lui, que les premières vierges s’aperçoivent qu’elles vont manquer d’huile pour que leur lampe puisse rester allumée, afin d’accueillir l’époux.

Réalisant leur manque de combustible, les vierges imprévoyantes en demandent aux jeunes filles avisées. Mais celles-ci essuient un refus.
Le refus des vierges prudentes peut les faire paraître antipathiques. Mais il ne faudrait pas s’arrêter ici sur l’aspect moral de leur réponse sans s’interroger sur la signification de ce refus. Celui-ci ne constitue pas une apologie de l’indifférence égoïste, mais il signifie qu’à l’heure de la fête avec le Seigneur, il n’est plus temps de chercher de l’huile. L’heure est à la noce et non au préparatif.
Au moment d’accueillir Celui qui vient, personne n’est plus en mesure de faire quoi que se soit pour les autres : chacun doit répondre de soi.

Malgré tout, la réponse des vierges avisées est étonnante : « Allez plutôt chez les marchands et achetez-en pour vous » - rétorquent-elles. Mais comment trouver des magasins ouverts en pleine nuit ?
Et quels pourraient être ces magasins d’huile ?
La parabole ne le précise pas.
Elle fait simplement apparaître la conséquence de l’imprévoyance de jeunes filles insensées.
Du fait de leur manque d’huile et de leur départ tardif pour aller en acheter, elles vont rater l’arrivée de l’époux.
Il est en réalité trop tard pour s’enquérir de l’huile à la dernière minute, lorsqu’il fait nuit.
Il faut se préparer lorsqu’il fait jour, lorsqu’il est encore temps.

Alors en nous parlant du futur, cette parabole nous renvoie nous-mêmes au présent de notre existence.
Le temps du « jour » file si vite, et nous remettons tant de choses au lendemain, sans savoir s’il sera habillé de jour ou de nuit.
N’y a-t-il pas des moments dans notre existence où nous passons « à côté » de notre vie, « à côté » de tout ce qui nous rend véritablement vivant, de ce qui est vraiment essentiel dans la vie ?
Des rencontres ratées, parce qu’on a pas osé, ni pris le temps d’aller voir untel, à qui on aurait pourtant tant de choses importantes à dire ? Des questions qui nous pèsent, des mots d’amour, de paix, de pardon ou de réconciliation qu’on remet toujours au lendemain. Les moments où l’on préfère différer le temps du dialogue, par peur de la confrontation, par facilité ou par lâcheté.
Et tous les engagements qui ont du sens, qu’on pourrait prendre en Eglise ou en milieu associatif, et qui nous permettrait d’habiter pleinement le temps présent dans la rencontre de notre prochain, mais qu’on remet toujours à une date ultérieure, faute de temps.
En courant après des préoccupations souvent provisoires, ne ratons-nous pas parfois des occasions de nous laisser transformer par nos relations et nos rencontres avec les autres ?
Ne ratons-nous pas des occasions de mettre de l’huile dans les rouages de la vie, pour que notre vie ait la saveur de la vie, et pour transmettre autour de nous le goût de la vie ?
À force de remettre à plus tard tout ce qui est important, mais qui n’est pas vraiment urgent, ne finirons-nous pas, nous aussi, comme les jeunes filles insensées, par être à sec et manquer d’huile ?

Dans la parabole, c’est précisément ce manque d’huile qui leur fait rater le moment favorable (le kairos) de l’arrivée et de la rencontre personnelle avec le Seigneur. Au moment où les jeunes filles insensées reviennent, plus tard, et sans doute sans huile, car comment en aurait-elle trouvé au beau milieu de la nuit, elles essuient à nouveau un refus, mais cette fois-ci de la part du Seigneur.

Si elles ont donc part au Royaume des cieux, la porte de la salle des noces, c’est-à-dire de l’intimité, de la communion avec le Seigneur demeure close.
Elles ne se sont pas préparées à vivre cette proximité à temps. 

Dès lors, la conclusion de la parabole prend toute sa portée : « veiller donc, car vous ne savez ni le jour, ni l’heure ».
« Veiller » : ce n’est rien d’autre ici que de se préparer à la rencontre avec le Seigneur lorsqu’il fait encore jour ; ce n’est rien d’autre que de faire des provisions d’huile pour garder sa lampe allumée lorsque adviendra le jour du Seigneur, « comme un voleur dans la nuit » (1Th 5,2)

Comme Jésus l’avait rappelé à la fin de son discours sur la montagne  (Mt 7,21-23) et comme il le rappelle à nouveau ici dans cette parabole, il ne suffit pas de dire « Seigneur, Seigneur » pour vivre cette communion avec lui, mais encore faut-il faire la volonté du Père, mettre sa Parole en pratique, c’est-à-dire finalement habiter l’attente de cette rencontre, en répondant à sa confiance, à son amour, à sa promesse de venir à notre rencontre même au cœur de la nuit.

Alors, comment s’y préparer ? Comment être prêt ?
La parabole des 10 jeunes filles ne le précise pas, mais la parabole suivante : celle des talents, que vous connaissez sans doute, nous donne la réponse :

- « Être prêt », ce n’est pas attendre passivement, mais agir, en s’engageant, en mettant à profit les « talents » que le « maître » nous a confié, afin de produire des fruits, pour faire de l’huile.
- Faire fructifier ses talents, ce n’est rien d’autre que de faire fructifier l’amour de Dieu qui nous précède, l’amour que Dieu lui-même a mis en notre cœur pour le faire rayonner autour de nous.
- « Etre prêt » ne consiste pas à garder son casier judiciaire vierge, à jouer la sécurité et ne rien faire, à l’image de celui qui n’a pas su faire fructifier son seul talent, à cause de sa peur.
- « Être prêt » consiste à oser la confiance, à s’investir dans un service actif, responsable et fidèle pour habiter pleinement le temps présent avec la force de la foi et le courage que Dieu renouvelle en nous jour après jour.
- « Être prêt », c’est vivre dans l’espérance de la rencontre avec le Seigneur, en s’inscrivant chaque jour dans la confiance qui nous rend libre : libre de devenir serviteur, libre de nous laisser construire par Dieu, libre de faire rayonner son amour jour après jour.

Alors, comment savoir si nous sommes ou non suffisamment préparés ?
Précisément, nous ne pouvons pas le savoir, et sans doute n’avons nous pas à le savoir, mais nous pouvons mettre notre confiance dans la seule grâce de Dieu, dans cette grâce inouïe, cette grâce imméritée, qui accueille et accepte l’homme tel qu’il est, bien qu’il ne soit pas parfait et qu’il soit même inacceptable. 

Par ailleurs, je crois qu’il faut aussi oser interroger l’alternative radicale et sans doute trop manichéenne que présente l’évangéliste Matthieu, dans cette parabole, comme un bon pédagogue qui veut nous rendre attentif à la nécessité de veiller. 

Dans la parabole, le Royaume des cieux est comparé aux 10 vierges, pour signifier que la frontière entre les deux types de vierges passe, en réalité, au milieu de chacun d’entre nous.
Il y a vraisemblablement, à la fois, de la sagesse et de la folie en chacun de nous.

Dans l’évangile selon Jean, Jésus déclare : « Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et celui qui vient à moi, je ne le rejetterai pas » (Jn 6, 37). Ce n’est donc certainement pas une personne humaine tout entière que le Seigneur met à la porte, selon cette parabole.

Dans le Royaume à venir, ce qui entrera dans l’intimité de la salle de noces, pour partager la communion avec le Seigneur, dans la mémoire éternelle de Dieu, c’est cette partie de notre personne marquée par l’huile, par la lumière que nous faisons rayonner autour de nous, lorsque nous vivons à l’image de Dieu, par ces instants d’éternité que nous partageons, lorsque nous vivons notre vocation d’enfant de Dieu.

Précisément, cette parabole nous rappelle que l’identité de l’humain, sa vocation spirituelle, c’est de faire briller la lumière ; cette lumière que nous recevons de Dieu.

Ce qui restera à la porte, c’est cette part de folie, de superficialité et d’orgueil humain qui est aussi en chacun de nous.

Alors cet « amen, je ne vous connais pas » résonne finalement comme un cri d’amour qui s’adresse à notre mauvais côté, pour l’inviter à la  conversion ; un cri d’amour qui veut aussi garder, protéger et développer notre meilleur part.

Alors, frères et sœurs, en définitive, quels enseignements pouvons-nous tirer de cette parabole ?

-       À nous qui serions parfois tenté de vouloir tout maîtriser, cette parabole nous rappelle, en premier lieu, notre condition de finitude. Nous ne sommes pas maître du calendrier qui s’impose à nous et à nos proches.

-       À nous qui voudrions entrer, par-delà le temps, dans la salle de noces, Jésus nous invite d’abord à entrer dès aujourd’hui dans l’alliance avec le Père, dans cette alliance qui féconde notre existence, afin de nous laisser transformer par l’amour de Dieu qui rend libre, et de le faire rayonner autour de nous, dans nos engagements et nos responsabilités, au quotidien.

-       À nous qui pensons parfois, dans l’illumination soudaine de la foi reçue comme un don, que tout est alors réglé dans la vie, comme par magie, Jésus nous rappelle que la foi, qui est don et accueil de la grâce de Dieu, est aussi réponse de l’homme à Dieu. La foi reçue comme un don reste à accepter, à apprendre, à accueillir et à ancrer en nous, dans la patience et la persévérance, dans la vigilance et la fidélité, dans l’écoute de la Parole et sa mise en pratique. Voilà l’huile précieuse qu’il faut goutte-à-goutte récolter, filtrer, transformer, pour qu’elle puisse à la fois nourrir notre intériorité, alimenter notre lampe, et être appliquée comme un baume salutaire qui guérit nos blessures.
Il nous est rappelé la joie de cette marche dans la foi, mais aussi son exigence : la longue durée des veilles dans nos vies, et la réalité des épreuves à traverser dans la foi, mais aussi l’endurance et l’espérance.

-       À nous, enfin, qui nous imaginons parfois qu’il n’y aurait plus rien à faire une fois les lampes de la vigilance préparées et les réserves de la persévérance remplies, Jésus nous annonce que vient parfois, de manière inattendue, le temps du choix, le temps décisif à ne pas laisser passer, le temps de l’occasion à saisir, le temps de l’engagement ou du renouvellement de l’engagement, mais aussi le temps de la fidélité et du service dans la durée.

Cette parabole, qui nous parle du futur, valorise finalement le temps présent où tout se joue. Même si l’essentiel ne se joue pas dans l’instantanéité, mais dans la qualité du temps à habiter dans la durée, dans la fidélité.

Frères et sœurs, le temps de l’attente n’est pas seulement l’attente d’un autre temps, mais la quête de ce qui est éternel et de ce qui nous est offert de vivre dès aujourd’hui, dans le temps présent.
À nous de recueillir délicatement les gouttes d’huile qui nous sont offertes, pour les transformer en instant d’éternité avec Dieu et notre prochain.

Amen.
P.L. 

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