mercredi 25 décembre 2013

Noël, naître d'en haut

Quand Noël nous appelle à vivre une Pentecôte…
La naissance de Jésus et la nôtre : Naître d’en haut

Lectures bibliques : Lc 1, 26-38 & Lc 2,1-14 ; Jn 3, 1-16 ; Rm 8, 14-16
Thématique : Se laisser mettre au monde nouveau par l’Esprit de Dieu
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 25/12/13, culte de Noël

En ce jour de Noël, nous venons d’entendre deux récits de naissance :

- celle de Jésus, dont l’évangéliste Luc nous dit qu’elle est déjà une naissance spirituelle, une naissance d’en haut, puisque Jésus est certes un bébé – le fils de Marie – qui vient pointer le petit bout de son nez sur notre terre, pour la plus grande joie de tous (à commencer par ses parents), mais que Dieu a déjà placé en lui son souffle, son Esprit saint.

- Puis, nous avons écouté ce dialogue entre Jésus et Nicodème, qui introduit la possibilité offerte par Dieu, d’une nouvelle naissance, d’un engendrement spirituel.   

Alors… pourquoi mettre en perspective ces deux passages… en ce jour de Noël ?

Tout simplement, parce qu’ils nous parlent de la même chose… Parce que ce qui se joue dans la naissance d’en haut à laquelle Jésus appelle Nicodème est, en réalité, tout à fait comparable à ce que Luc nous raconte, de façon un peu légendaire, au sujet de la conception spirituelle de Jésus, au début de son évangile.

En effet, qu’est-ce que les évangiles nous disent au sujet de Jésus de Nazareth ?
Ils nous dévoilent son identité… telle que les premières communautés chrétiennes l’on reçue : A savoir… il est celui que Dieu a choisi, en qui il a placé son Esprit. Il est le Christ, le fils de Dieu, l’envoyé de Dieu.

Que les évangiles commencent au baptême de Jésus, comme Marc… ou qu’ils se situent avant même sa naissance, dès sa conception, comme Matthieu ou Luc… ils affirment, haut et fort, que Jésus est le porteur de l’Esprit de Dieu (Mc 1,10ss ; Mt 3,16ss ; Lc 3,21ss). C’est ce qui le caractérise… ce qui fait de lui le Christ.

Or, à travers le dialogue avec Nicodème, nous découvrons une chose essentielle :
Ce qui se joue avec Jésus (cf. Lc 1,35) comme avec Jean Baptiste (cf. Lc 1,15.41.66) – le fait que leurs mères, Marie et Elisabeth, soient remplies d’Esprit saint – ce qui est traduit en termes d’adoption filiale : ils ont été choisis par le Père[1], ou en termes d’action spirituelle : l’Esprit saint était présent dès le sein maternel, pour consacrer ces futurs hommes au Seigneur[2] – tout cela traduit, en réalité, une chose fondamentale :
Dieu agit par son Esprit et c’est la vocation de tout être humain – comme Jésus l’affirme à Nicodème – d’être le porteur de l’Esprit saint, de rendre manifeste l’Esprit d’amour de Dieu.
L’Esprit de Dieu, son souffle, peut venir habiter en l’homme (cf. Rm 8,9-30) … Dieu peut faire sa demeure en nous (cf. Jn 14,23)… nous pouvons l’accueillir et le recevoir.[3]

L’évangile selon Jean, comme les lettres de Paul, nous font part de cette conviction :
C’est désormais à tout homme que cette promesse s’adresse (Ga 3,14.29 ; 4,28 ;  Rm 8,23.29 ; Ep 1,13). Le don de l’Esprit saint est offert à chacun… à tous ceux qui placent leur foi, leur confiance, en Dieu (cf. Ac 1,8 ; 2,4 ; 4,31 ; Ep 5,18).

C’est – je crois – dans cette optique qu’on peut relire les récits de la nativité :
C’est un peu comme si Noël – avec la conception (cf. Mt 1,18 ; Lc 1,35) et la naissance de Jésus – était une Pentecôte avant l’heure[4]… un peu comme si, à travers cet enfant conçu de l’Esprit saint, les auteurs du Nouveau Testament venaient nous dire : « Voilà… voilà la naissance spirituelle que vous avez à vivre, vous aussi… voilà qu’il vous faut laisser « naître » le Christ en vous… comme Jésus l’a vécu, avant vous ! »

C’est en cela…  chers amis… que Noël est pour nous une fête vivante… et pas simplement un mémorial.
Car – disons le clairement, et peut-être de façon un peu provoquante – quel intérêt y aurait-il à fêter Noël, à fêter la naissance de Jésus, si cet événement était seulement une histoire ancienne, un récit du passé – il y a 20 siècles – sans aucune actualité pour nous aujourd’hui ?

Si tous les ans, nous prenons le temps d’écouter à nouveau ces mêmes passages de l’évangile, c’est bien que cette histoire de Noël nous concerne dans notre existence présente… et au moins pour deux raisons :

- D’une part, parce que Jésus, en tant que porteur de l’Esprit de Dieu, vient nous révéler le projet de Dieu, la volonté de Dieu pour les hommes. Et, ce matin, l’évangile nous rappelle qu’il s’agit, avant tout d’une volonté de salut… de vie éternelle, c’est-à-dire de vie en plénitude, de vie véritable pour les humains (cf. Jn 3,16).[5]

- D’autre part, parce que ce que Jésus dit à Nicodème (cf. Jn 3,3-8) ou ce que Paul dit à ses communautés – quand il affirme que nous sommes le temple du saint Esprit (cf. 1 Co 3,16.17b), que nous sommes appelés à nous laisser conduire par l’Esprit de Dieu (cf. Rm 8,14) – nous révèle que Jésus n’est pas simplement un hapax, un phénomène unique… mais qu’il est bien davantage un prototype, le modèle de ce que nous sommes, nous aussi, appelés à devenir.

Paul le dit avec insistance, tout au long de ses lettres : Nous sommes appelés à devenir « fils de Dieu » (Rm 8,14-16 ; Ga 3,26 ; Ep 5,1). En nous donnant son Esprit, Dieu souhaite nous adopter comme ses fils, ses enfants bien-aimés, ses héritiers.

Ainsi… Noël nous redit que nous avons, nous aussi, comme Jésus, une naissance « d’en haut » à vivre.
Comme Nicodème, après Jésus, nous avons à nous laisser mettre au monde – ou plutôt au Royaume –. Nous avons, nous aussi, à nous laisser engendrer par l’Esprit de Dieu.

* Alors… pour mieux comprendre de quoi il s’agit quand Jésus parle d’engendrement spirituel… nous pouvons nous raccrocher à l'image de la naissance.
C’est précisément ce que fait Jésus avec Nicodème, tout en distinguant naissance charnelle et naissance spirituelle :

Tout ceux qui ont un jour assisté à un accouchement, en chair et en os – ou toutes celles qui l’ont vécu concrètement – savent que ce travail… cette émergence…ne se fait pas en 5 minutes. Il faut du temps pour être mis au monde.
Si c’est surtout le géniteur – ou plus exactement la génitrice – qui travaille dans cet engendrement... - en ce sens, on peut dire qu’on est toujours mis au monde par un Autre -… on a découvert récemment que le fœtus n’est pourtant pas totalement passif, durant sa naissance :
Outre la sécrétion d’hormones auquel son corps participe pour déclencher les contractions… il s’agit aussi pour lui d’accompagner cette mise au monde, de faciliter la tache de sa mère… en se laissant guider… en se laissant déplacer dans cet effort... par ce passage étroit vers la vie... qui peut être vécu comme un moment éprouvant … un moment à la fois douloureux et libérateur… aussi bien pour la mère que pour l’enfant.

Nous ne réalisons pas toujours combien une naissance est synonyme de nouveauté, de surprise pour le nouveau-né : le passage dans la vie, l’advenue dans la lumière, la découverte d’une nouvelle réalité totalement inimaginable pour ce petit être.
Nous n’avons pas de qualificatif pour décrire ce qui se joue ici – le bouleversement, le changement d’univers qui se produit – lorsque l’enfant est pour ainsi dire « jeté dans l’existence », pour découvrir un monde totalement inédit et inattendu pour lui.

Cette comparaison de la naissance d’en haut avec notre naissance d’en bas, peut être porteuse de sens. Elle nous rappelle que dans le cas de l’engendrement spirituel, c’est, d’abord et avant tout, un Autre qui agit : C’est Dieu qui prend l’initiative, qui est l’auteur de cette nouveauté.

En même temps… l’image du nouveau-né qui va quitter le ventre maternel dans lequel il est désormais trop à l’étroit… pour être expulsé vers un monde nouveau… nous décrit, à la fois, une obligation de changement (le nouveau-né est mis en demeure de quitter les lieux) et un acquiescement à ce changement de réalité (son organisme devra s’adapter et accepter les exigences, les contraintes et les joies de ce nouveau monde dans lequel il est entraîné).

Ici aussi la comparaison est signifiante : Pour que ce passage vers une vie nouvelle puisse se réaliser, il nous faut accepter, nous aussi, de quitter notre ancienne demeure, notre place – notre vieil homme – dirait Paul (cf. Rm 6,6 ; Ep 4,22). Il nous faut accepter de quitter le cocon, l’environnement limité et connu, pour nous laisser porter, nous laisser transporter, déplacer, en terrain inconnu.

Pour exprimer les choses autrement… on pourrait dire que ce travail de « mise au monde » (au monde nouveau de Dieu) se résume pour l’enfant (pour les enfants de Dieu que nous sommes) à un travail de confiance :
Pour advenir à la vie nouvelle, l’enfant doit se laisser faire, il doit s’abandonner, dans la confiance, à son géniteur… dans l’assurance que celui-ci mettra tout en œuvre, pour son bien et pour sa vie.

* Nous trouvons plusieurs exemples dans la Bible qui illustrent ce qui advient lors d’une nouvelle naissance.
On peut, bien entendu, penser aux récits de conversion de l’apôtre Paul (Ph 3,1-4,1 ; Ac 9,1-25 ; Ac 22,1-29 ; Ac 26).

Dans la lettre que Paul envoie aux Philippiens (un passage que nous avons lu il y a quelques semaines), il raconte sa situation préalable, avant cette naissance d’en haut : la confiance qu’il avait en lui-même et sa recherche de perfection, son ardent désir d’impeccabilité.
Saul, le pharisien se voulait irréprochable et juste, devant la loi. Pris dans son petit univers étroit et connu, il appliquait les commandements à la lettre et exigeait des autres ce qu’il s’imposait à lui-même.

Puis, un jour, Paul a eu une expérience spirituelle. Il a rencontré le Seigneur sur le chemin de Damas et là, tout d’un coup, il a réalisé son enfermement et son aveuglement.
« Or, toutes choses – dit Paul – qui étaient pour moi des gains, je les ai considérées comme une perte à cause du Christ. Je considère que tout est perte au regard de ce bien suprême qu’est la connaissance de Jésus Christ mon Seigneur. A cause de lui, j’ai tout perdu et je considère tout cela comme ordures afin de gagner Christ et d’être trouvé en lui, non plus avec une justice à moi (…) mais avec la justice qui vient de Dieu et s’appuie sur la foi »  (cf. Ph 3, 7-9).

Bien entendu… tout le monde ne vit pas une expérience aussi forte, aussi « spectaculaire » que Paul… et chacun peut croiser le Christ de façon différente sur sa route.

Ce qui est frappant dans ce témoignage de l’apôtre, c’est la rupture, le renversement qui a été opéré dans sa vie. Son existence a été totalement retournée, transformée, reconfigurée suite à cet évènement.

Ce fut vraiment pour lui un engendrement d’en haut… qu’il n’a pas choisi… qui s’est littéralement imposé à lui.
Et, pour autant…  on peut aussi dire que Paul a quand même accepté d’y répondre dans la foi.
Toute la suite de son périple, nous montre qu’il a accepté de quitter son pays, ses anciens amis de la synagogue, ses préjugés religieux, son mode de penser, sa mentalité pharisienne…  qu’il a consenti à lâcher tout ce qui faisait son ancienne existence… pour entrer dans une vie nouvelle.

Ce cheminement de l’apôtre des nations peut être pour nous un exemple, un modèle de conversion. Il nous montre, en tous cas, de façon magistrale les conséquences d’une nouvelle naissance :

*Naître d’en haut, naître de nouveau, c’est accepter de se laisser interpeller par le Christ, c’est accepter de se laisser saisir par l’Esprit de Dieu… mais c’est également accepter de renoncer à ce qui est ancien… c’est aussi un travail de lâcher-prise, un travail de deuil.

C’est ce que Jésus expliquait déjà à ses disciples :
Changer de réalité, entrer dans une nouvelle mentalité, c’est forcément renoncer à l’ancienne.
« Si quelqu’un veut venir à ma suite – dit Jésus – qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie [par lui-même] la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile la sauvera. Quel avantage un homme aurait-il à gagner le monde entier et à être dépouillé de sa vie ? » (cf. Mc 8, 34-36).

C’est le genre d’affirmation gênante et apparemment « rabat-joie » qu’on a du mal à entendre… surtout le jour de Noël.
Et pourtant, dans notre société contemporaine – assez centrée sur l’individualisme, l’égocentrisme et le consumérisme – cet appel prend un écho particulier.

Dans notre monde d’aujourd’hui, « sauver sa vie », c’est bien plus que de ne pas la perdre. C’est surtout la remplir de nos projets, de nos objets et de nos rêves : avoir plus d’aisance, plus de confort, plus de satisfactions, plus de pouvoir peut-être. C’est finalement le salut par soi-même… le salut par ses œuvres, par plus d’avoir et plus de pouvoir.
Mais, Jésus nous avertit que vouloir sauver sa vie ainsi, c’est en réalité la perdre, c’est vivre dans le monde ancien.

Une vie consacrée à avoir et à conserver n’a aucun sens. Elle est une vie perdue, une vie ratée, parce que c’est une vie que l’on garde pour soi, une vie repliée sur elle-même.
Au contraire… puisque la vie est ce que l’être humain a de plus précieux… elle prend son vrai sens, en étant donnée, en étant partagée, en étant offerte.

C’est ce que l’apôtre Paul a compris après sa conversion. Lui qui croyait au salut par soi-même, par ses œuvres, par son accomplissement irréprochable de la Loi. Il a finalement accepté de crucifier tout ce qui comptait pour lui auparavant, toutes les valeurs qui étaient les siennes, quand il s’est aperçu combien tout ça était finalement vain, futile et mortifère, au regard de la connaissance de Jésus Christ, au regard de la vraie liberté que procure la foi… le courage et la confiance que Dieu nous donne.

* Pour revenir aux passages bibliques de ce jour… je crois que c’est aussi ce qu’on peut entendre dans le dialogue de Jésus avec Nicodème :
« Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est Esprit. Ne t’étonne pas si je t’ai dit : "il vous faut naître d’en haut" » (cf. Jn 3,6-7).
Naître d’en haut, c’est accepter de s’ouvrir à la dimension spirituelle de notre vie, c’est ne pas se contenter de la « chair », c’est-à-dire de notre nature humaine et terrestre, qui n’a aucune connaissance de Dieu.

Pour Jésus, la vie ne se réduit pas à la sphère charnelle. Elle n’est évidemment pas un mal en soi… elle n’a rien de péjorative… c’est notre condition humaine ! Nous avons, au contraire, à l’assumer pleinement. Puisque c’est à travers notre « chair » que nous existons, que nous sommes des individus centrés, que nous rencontrons les autres, que nous pouvons jouir de la vie.
Pour autant… nous ne devons pas en rester là : la sphère charnelle n’est qu’une dimension de notre être.
Jésus nous propose d’élargir la perspective… il nous montre que notre existence s’accomplit réellement et pleinement quand notre dimension humaine est habitée, transformée, fécondée par une dimension spirituelle… quand nous vivons en relation avec Dieu, dans la confiance.
C’est seulement en nous ouvrant à l’action de son Esprit… en le laissant agir en nous… que nous prenons conscience de ce que Dieu attend de nous, que nous avons accès au royaume (cf. Jn 3, 3.5), à la vision du projet de Dieu pour l’humain.

Il s’agit – en d’autres termes – de se laisser mettre au monde par l’Esprit de Dieu, pour reconfigurer notre orientation, notre désir… pour discerner ce qui est vraiment important dans notre vie, ce qui a du poids aux yeux de Dieu, ce qui doit constituer notre préoccupation, notre quête (cf. Mt 6,33)… sur le chemin de la vie véritable, de la vie en plénitude.

* Alors… encore 3 minutes pour conclure… et je terminerai par là :
Quelle est cette vision du royaume (du monde nouveau de Dieu) dont Jésus parle à Nicodème ?

En relisant les récit de Noël… nous trouvons déjà quelques indices…quelques pistes…

- Là où le monde cherche un accomplissement charnel de l’existence, par la jouissance de l’avoir et du pouvoir, l’évangile nous dit que le vrai chemin, la vraie béatitude se découvre ailleurs, dans la simplicité et l’authenticité des relations humaines et fraternelles.

L’évangéliste Luc traduit cela à travers le personnage des « bergers » : Imperceptiblement, il exprime, à travers eux, un parti pris en faveur des petits, des « sans noms », des gens simples et humbles, qui viennent chanter les louanges de Dieu, pendant que les célébrités – Auguste et Quirinus – organisent le recensement général de leur population.

- Là où les grands de ce monde recherchent la puissance et les honneurs, plutôt que la paix, l’évangile nous laisse entendre que la paix véritable est celle qui vient de Dieu.

Nous pouvons entendre cette critique très concrète de la société dans les récits de Noël :
Au sauveur politique, à la politique de l’empire romain, est opposée la paix véritable (cf. Lc 2, 14 ; voir aussi Jn 14,27). Cette paix ne peut être attendue dans un monde où les honneurs divins sont rendus à un homme, un autocrate, un empereur, mais là où Dieu est honoré « au plus haut des cieux » et où sa bienveillance descend sur les hommes.

Enfin, les récits de Noël (chez Luc et Matthieu) nous confrontent à nos illusions et nous renvoient une autre image de Dieu :

- Là où le monde se forge l’image d’un dieu tout-puissant, le Dieu de Jésus-Christ se révèle non pas dans la splendeur d’un grand hôtel, d’un palais ou d’une cours royale, mais dans l’humilité d’une crèche, d’une mangeoire… dans la fragilité d’une naissance.

- Là où la religion est sensée nous permettre de vivre une existence croyante devant Dieu, ce Dieu n’est même plus attendu par ceux qui connaissent les Ecritures – les grands prêtres et les scribes, consultés par Hérode (cf. Mt 2,1-12) – mais par des étrangers, des mages venus d’ailleurs… qui, eux – d’où qu’ils soient – sont en quête de Dieu, en chemin.

Voilà… chers amis… les éléments critiques que l’évangile de Noël nous fait entendre lorsque nous sommes tentés de réduire notre existence à sa dimension charnelle, en oubliant la dimension spirituelle de notre être.

* C’est parce que Jésus redonne à l’humain sa vraie dimension que Noël est pour nous une fête : il nous rappelle que nous sommes appelés à devenir « enfants de Dieu », à revêtir l’homme nouveau, à laisser le Christ naître en nous (cf. Ep 4,24 ; Col 3,10-11 ; Ga 3,26-27 ; Rm 13,14).

A Noël, c’est Jésus Christ, lui-même, le porteur de l’Esprit, qui vient nous redonner une orientation, un chemin, une direction… pour nous permettre de « naître » à nous-mêmes avec Lui… grâce à Lui.

Il nous appelle à prendre part à cette vie éternelle, cette vie véritable que Dieu veut pour nous et qu’il nous offre… Il nous invite à nous laisser mettre au monde par l’Esprit de Dieu… à quitter nos illusions, nos impasses, nos idoles… pour naître de nouveau, pour entrer dans une vie nouvelle avec lui, pour nous laisser réconcilier avec Dieu (2 Co 5,17-18).

Cette promesse est pour nous en ce jour de Noël… et c’est une Bonne Nouvelle :
Le Seigneur « fait toute chose nouvelle » (cf. Ap 21,5).
Laissons-nous renouveler par la transformation spirituelle de notre intelligence (cf. Ep 4,23-24) et laissons-nous entraîner dans cette vie nouvelle, à la suite de Jésus.
Amen.




[1] Pour Jésus : cf. Mc 1,11 ; Mt 3,17 ; Lc 3,22.
[2] L’élection (adoption) dès le sein maternel est un thème biblique classique (cf. 1 S 1 ; Jr 1, 4 ; Es 44, 24 ; 49, 1 ; Ga 1, 15). A ce thème s’ajoute ici celui de la naissance virginale qui remonte à Es 7, 14 (version grecque : LXX). Cette dernière affirmation a pour portée de désigner Jésus comme l’Unique, celui qui dépasse les prophètes qui ont été élus dès le sein de leur mère. Mais il s’agit ici de l’homme Jésus : c’est lui qui est conçu par l’Esprit de Dieu. Par cette conception par l’Esprit Saint, c’est un homme qui devient Fils de Dieu, et cette qualité de Fils de Dieu est liée à la fonction salvifique qui est la sienne. Ce n’est pas ici le Fils éternel ou le Logos qui s’incarne (comme dans le prologue de Jean). Il s’agit ici d’une christologie de l’adoption, en soi différente de celle de l’incarnation. La conception du Fils de Dieu par l’Esprit Saint et l’incarnation du Fils éternel (du Logos) sont deux affirmations différentes, bien qu’elles ne soient pas incompatibles, mais, au contraire, complémentaires (voir http://ducotedelevangile.blogspot.fr/2013/01/lincarnation-33-adoption-et-incarnation.html).
[3] «  Vous êtes le temple de Dieu… l’Esprit de Dieu habite en vous… Le temple de Dieu est saint et ce temple, c’est vous ! » (cf. 1 Co 3, 16.17b). « Si quelqu’un m’aime – dit Jésus – il observera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendront à lui et nous établirons chez lui notre demeure » (cf. Jn 14, 23).
[4] C’est-à-dire, une manifestation de l’Esprit.
[5] Dans l’évangile selon Jean, la « vie éternelle » n’est pas une catégorie temporelle, une vie « sans fin », mais ce qui appartient au monde de Dieu : une vie qui a la qualité que Dieu lui donne, une vie en plénitude.

mardi 24 décembre 2013

Un conte de Noël

Conte de Noël : les mages et le berger…
Quand le souffle de Dieu ranime notre braise, pour nous faire « enfants de lumière »

Lectures bibliques : Mt 1,18- 2,12 ; Ep 5, 8-20
Conte de Noël / Marmande, le 24/12/13, veillée de Noël

Une prédication pour la veillée de Noël… ce serait trop banal !
Permettez-moi, ce soir, de déroger à la règle… et de rêver un peu. L’enfant dans la crèche, Marie, Joseph… on en a tant parlé… on connaît les récits de Noël presque par cœur. Alors… peut-on parler de l’événement de Noël autrement ? Peut-on parler de Jésus Christ – le porteur du souffle de Dieu, le porteur de l’Esprit saint – autrement ? Tentons l’expérience :

On raconte qu’il y a 2000 ans environ, une nouvelle étoile est apparue dans le ciel, suscitant la curiosité et l’étonnement des mages de l’époque.
Ces mages n’étaient pas du tout des rois, mais des sages venus des quatre coins de l’orient… des savants, sans arrêt en train de consulter tout un tas de parchemins, perpétuellement en train d’étudier le ciel et la terre, de discuter du bien et du mal.
On ne sait pas combien ils étaient précisément… l’évangéliste Matthieu ne le dit pas. Certains ont dit trois… mais d’autres ont dit quatre, à cause d’un berger qu’ils rencontrèrent sur leur route… et qui, à sa manière, était un sage, lui aussi. Mais, un sage humble et modeste… un sage tout simple, comme savent l’être les gens de la campagne, qui vivent au grand air… et qui ont les pieds sur terre.

* Le 1er mage venait d’Asie, il avait grandi et étudié la sagesse de son pays. Nourri de l’exemple de Bouddha, il cherchait une voie nouvelle, un chemin de sagesse.

Il avait compris que le monde est malheureusement dominé par quelques-uns – quelques puissants : empereurs ou gouverneurs, de Chine, d’Indes ou de Rome – qui n’ont pour ambition que d’asseoir leur pouvoir, d’accroitre leur richesse et leur domination.

C’est pourquoi, il avait étudié la sagesse orientale, les traditions philosophiques de son pays, pour comprendre pourquoi l’homme est bien souvent victime de son avidité, de sa convoitise, de son désir d’accaparement… comme si le bonheur découlait uniquement de l’avoir ou de la possession.

Pour sa part, l’homme cherchait autre chose. Il était intimement convaincu que le bonheur se trouve ailleurs : ni dans les objets, ni dans le comblement de tous ses désirs. Mais, au contraire, dans le renoncement à tout cela, afin d’être libre et disponible, pour vivre dans la relation à l’autre, l’amour et la compassion.

Pour lui, c’était dans cette voie que l’humanité devait chercher et se diriger… dans la fraternité, la gratuité et le partage… c’est là que le monde trouverait le chemin du salut.

Pour autant… ce sage n’avait encore croisé aucun maître sur sa route… aucun homme capable d’incarner pleinement ces valeurs : le renoncement à soi-même – à son petit égo – et le contentement dans l’amour du prochain.
Alors, il cherchait… il cherchait encore et encore… afin de trouver un maître capable de lui enseigner cette voie du don et de la compassion.

Un jour – ou plutôt, une nuit – en regardant vers le ciel, il découvrit une étoile mystérieuse. Et il décida de prendre le large et de la suivre.
Après tout, rien ne le retenait plus en Asie. Et il rencontrerait peut-être celui qu’il cherchait en chemin.

* Après plusieurs mois de marche… et quelques belles rencontres … voilà qu’un jour, il fit la connaissance d’un autre pèlerin sur la route : celui-là venait du moyen orient, d’Egypte. C’était un Juif pieux et érudit d’Alexandrie… installé depuis 10 ans à Jérusalem… qui cherchait le Messie : celui qui enfin sauverait son peuple de l’oppression des Romains.

Pour ce fidèle qui croyait aux promesses de Dieu, à son alliance… il était évident que Dieu allait bientôt se manifester et envoyer un sauveur, pour libérer ses élus, pour rendre enfin justice au peuple d’Israël en souffrance depuis que l’occupant romain chargeait d’impôts et de taxes les pauvres habitants de Judée et de Galilée.

Pour ce croyant… aucun doute que Dieu agirait bientôt… comme il avait agit autrefois, pour libérer son peuple esclave en Egypte.
C’était juste une question de temps ! Il fallait savoir attendre encore un peu… continuer à espérer… et essayer de décrypter, dans les livres et dans le ciel, les signes de la venue du messie.

En attendant l’advenue de ce moment favorable, l’homme consultait les écrits des prophètes, pour voir la manière dont ce messie devait arriver. Il cherchait des indices quant au temps et au moment de cette future libération, où Dieu accomplirait une nouvelle fois sa promesse.

Les deux hommes se rencontrèrent et firent route ensemble.
Malgré leurs différences de culture et de pensée, ils sympathisèrent et décidèrent de marcher côte-à-côte, en suivant la nouvelle étoile qui semblait les orienter depuis le ciel.

* Après quelques jours de périple… un peu plus tard et un peu plus loin sur le chemin… alors que la fatigue de la route commençait à se faire sentir… ils firent halte dans un village.
Là… ils firent la connaissance d’un autre marcheur.

Le troisième homme était un penseur, un philosophe, venu d’Europe… de Samos, une île grecque de la mer Egée… patrie du célèbre Pythagore.
Nourri de culture et réflexion philosophique, de Platon et d’Aristote… l’homme était simplement en quête de la Vérité.
Il cherchait à comprendre rationnellement le monde… ce monde qui est le nôtre… et qui, sans nul doute, avait bien été créé par quelqu’un, par une instance supérieure.

Si le monde a été voulu et créé par une puissance ultime, par Dieu – se disait-il – alors celui-ci est bien au-delà de ce qu’on peut imaginer et savoir sur lui.
Il doit être le maître de la vie et du temps… le grand ordonnateur, l’architecte de l’univers… à l’origine de tout.

Si un tel Dieu transcendant existe… il doit forcément être bon – la Bonté même, le Bien même, la Vérité même – … il doit s’agir d’un Dieu tout Autre… bien différent des dieux de la mythologie, forgés à l’image de l’homme.   

Mais alors… tout cela à une conséquence :
Nous les hommes, nous ne sommes que des créatures plus ou moins insignifiantes… notre monde n’est rien… en tout cas pas grand chose… comparé à cette réalité ultime, à ce Dieu créateur.

Si tel est le cas – pensait-il – ce n’est pas notre monde… notre monde fondé sur les apparences, notre monde sensible, qui compte vraiment… mais c’est ce Dieu, c’est cette Vérité, cette Réalité originelle, vers laquelle nous devons nous tourner… vers laquelle nous devons tendre et nous diriger.

Le but de la vie, notre quête – disait-il aux deux autres sages – c’est d’accéder à cette connaissance… c’est d’essayer de se rapprocher, d’atteindre cette réalité divine.
C’est par le moyen de notre raison, par notre intelligence que nous pouvons y parvenir. Car si Dieu a disposé d’un monde organisé et rationnel, nous devons avoir accès à lui, à notre Créateur, par la raison.

C’est ainsi que nos 3 sages discutaient ensemble… tout en marchant sur le chemin… tout en suivant l’étoile scintillante… chacun avec sa manière de penser… chacun dans sa quête… animé par une préoccupation ultime : Chercher ce sage, trouver ce messie, découvrir cette vérité.

Alors que la nuit se faisait de plus en plus noire, rendant l’étoile encore plus brillante, nos mages décidèrent de faire un crochet par la ville de Nazareth en Galilée, pour se restaurer. Puis, le lendemain, ils reprirent la route en direction de Bethléem en Judée.

* Mais voilà que sur le chemin, ils rencontrèrent un quatrième homme, un homme d’allure simple et modeste : un berger.
Demandant conseil, afin de trouver une auberge pour la nuit, ils racontèrent au berger le motif de leur voyage : ce qui les avait conduit à prendre la route ; comment ils s’étaient rencontrés ; le long chemin qu’ils avaient déjà parcouru en suivant l’étoile mystérieuse.

A peine eurent-ils fini de parler que quelque chose d’inattendu se produisit :
Quel ne fut pas leur étonnement de voir, tout d’un coup, l’étoile s’immobiliser au-dessus d’eux.
L’astre brillant semblait s’être arrêté là… à proximité… tout prêt… au dessus d’un champ, en pleine campagne.

Le seul qui ne semblait pas du tout étonné fut le berger.

Mes amis – dit-il – vous n’y êtes pas du tout avec toutes vos questions.
Que croyez-vous ? Dieu est beaucoup plus simple que vous ne le pensez : la vérité, le messie, le maître que vous cherchez ne sont pas là-haut, au milieu du ciel étoilé… là personne ne pourrait les atteindre… et ils ne pourraient atteindre personne !

Pourquoi regardez vous cette étoile… regardez plutôt ici… en dessous… là… visez plus bas !
Nous sommes sur cette terre… dans ce pays… c’est là que nous avons été placés et c’est là qu’il faut chercher.

Plutôt que de viser je ne sais où… regardez d’abord en vous-même, cherchez d’abord en vous. Dieu a placé quelque chose en chacun de nous… elle est là la vraie lumière… l’étincelle de vie que vous cherchez !

Nous les bergers, nous comparons souvent cette petite étincelle que nous avons en nous – et que certains appellent « l’âme » – à une braise.
Pour que notre braise reste allumée, pour qu’elle soit vivante et étincelante … elle a besoin d’air, elle a besoin de vent.

C’est le souffle de Dieu, son Esprit d’amour que nous devons recevoir dans notre cœur.
A chaque fois que vous laissez de la place au souffle de Dieu en vous… à chaque fois que vous le laisser respirer … en vivant dans l’instant présent, en pleine conscience …  en portant attention aux personnes que vous rencontrez… une lumière grandit en vous… et cela nourrit votre aptitude à aimer et votre compassion.

Vous les mages… vous philosophez trop ! … Et vous parlez trop !
Arrêtez donc de penser avec votre cerveau ! Pensez avec votre cœur, avec votre corps !

Réfléchissez un peu : Si vous pouvez arrêter de penser ou de parler pendant 1 heure… il y a une chose que vous ne pouvez pas faire : c’est arrêter de respirer pendant 5 minutes.
Vous avez dû vous en rendre compte… vous qui marchez depuis si longtemps !

Comment croyez-vous que les sages de ce monde sont devenus de vrais sages, bien avant vous :
Comment croyez-vous que Bouddha est devenu Bouddha, qu’Abraham est devenu Abraham, que Socrate est devenu Socrate ?
C’est en respirant !

Croyez moi… nous pouvons tous devenir ce à quoi nous sommes appelés – ce que Dieu attend de nous – simplement en respirant.

Ce qui change grâce à la respiration, c’est que chaque jour, nous pouvons vivre plus apaisé… chaque jour, nous pouvons recevoir l’air frais, le vent, le souffle que Dieu nous donne…
Et ainsi, chaque jour est nouveau… nous pouvons nous laisser renouveler… nous pouvons chercher à progresser.

En respirant profondément… nous nous sentons en relation avec ce qui nous entoure, dans l’instant présent… Et nous pouvons chercher à apporter notre contribution.

Chaque jour, nous pouvons sentir que l’on peut donner davantage que ce que l’on prend.
Et ça c’est révolutionnaire !

Alors… mes amis… Vous avez la tête dans les étoiles ! Mais revenez un peu sur terre !… Pensez de façon plus concrète :

Si Dieu est Esprit, si Dieu est comme un souffle vivifiant, il faut le laisser entrer en nous, il faut le laisser habiter en nous… pour qu’il nous anime, pour qu’il nous change de l’intérieur.
C’est par le souffle, par la respiration, que Dieu nous renouvelle et nous transforme.
Commencez par respirer !… Et vous verrez !

A ces mots, les 3 sages semblaient quelque peu dubitatifs :
Respirer, respirer – se disaient-ils, en eux-mêmes – ça semble tellement simple… c’est quelque chose qu’on fait naturellement, depuis notre naissance… il n’y rien là-dedans qui soit vraiment extraordinaire !

Je vois bien ce que vous pensez – repris le Berger – mon conseil vous paraît simpliste… et peut-être même un peu idiot – c’est vrai que c’est la réputation des bergers… après tout, je ne suis qu’un pauvre gardien de troupeau – et de toute façon, vous pensez déjà savoir « respirer »… alors, il n’y là… rien de nouveau sous le soleil ?

Mais, détrompez-vous ! Allez voir là-bas, un plus loin, dans cette étable… il y a un nouveau-né… allez voir ce que c’est de respirer :

Si vous étiez arrivés un peu plus tôt, vous auriez entendu comme sa mère respirait fort et soufflait pour le mettre au monde… pour donner la vie.
Puis, vous auriez entendu comment l’enfant a crié quand son thorax s’est gonflé d’air pour la 1ère fois.
Et maintenant qu’il dort, allez-y… vous verrez comme il respire paisiblement et profondément… comme un enfant bienheureux, un enfant de Dieu.

Nul doute quand on le regarde… qu’on voit tout de suite que le souffle de Dieu habite en lui… tant il inspire la paix et la joie.

Allez-y mes amis… allez voir par vous-mêmes…
Dieu n’est pas simplement une idée abstraite… le Créateur, le Bien absolu…  il s’incarne dans sa création, dans ses créatures, par son souffle … il prend chair… il se rencontre, là où l’homme vit de son Esprit vivifiant, là où règne l’amour… à commencer par cet enfant, ce nouveau-né blotti contre sa mère.

C’est là… dans le souffle apaisé… dans les bras tendres et chaleureux de sa mère… dans la main tendue de son père… dans les chants des messagers de passage… C’est là que se manifeste déjà la présence et la tendresse de Dieu.

Allez-y… et vous verrez !

Bon gré ou mal gré… les sages se laissèrent persuader par le berger… et se dirigèrent vers l’étable.

On raconte que c’est ainsi que les mages cessèrent d’avoir la tête dans les étoiles.
Ils vécurent désormais les pieds sur terre… en découvrant que le souffle de Dieu s’était incarné dans un enfant nouveau-né, placé dans une mangeoire… en découvrant que Dieu agissait dans l’en-bas de notre vie, pour la vivifier, l’illuminer et la renouveler.

Ils avaient trouvé, dans cet enfant, le maître, le messie et la vérité qu’ils cherchaient… Ou si vous préférez : « le chemin, la vérité et la vie » (cf. Jn 14, 6).

Finalement… le berger les avait guidé vers l’essentiel :
Inutile de chercher dans le ciel… ce que Dieu a déjà placé dans votre cœur : sa petite lumière… son étincelle d’amour.
Il suffit de la laisser briller librement… de laisser le vent de Dieu souffler sur votre braise… pour éclairer tous ceux que vous croiserez sur la route.

C’est ainsi que vous deviendrez ce que vous êtes appelés à être : des « enfants de lumière » (cf. Ep 5,8).