dimanche 30 juin 2013

Dieu ou Mamon, la foi au don ou la religion du marché

Dieu ou Mamon, la foi au don ou la religion du marché

Lectures bibliques : Mt 6, 19-24 ; Mt 7, 13-14 ; Ac 2, 1-13
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 30/06/13
(Deuxième partie inspirée d’une méditation de Guilhen Antier)

* Qu’est-ce qui nous fait briller les yeux ?
Qu’est-ce qui nous motive ? Qu’est-ce qui nous donne envie de vivre et d’avancer ?

Quelle est notre préoccupation ultime ?
Qu’est-ce que nous désirons fondamentalement ?

Voilà quelques questions que nous pose l’Evangile ce matin à travers cette simple phrase : « là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (cf. Mt 6, 21).

Où se situe véritablement notre trésor ? Où plaçons-nous notre cœur ?

Depuis quelque semaines… si vous écoutez les informations… on ne cesse d’entendre la même rengaine : l’Europe est « en crise », la France est officiellement « en récession ».

Et comme tout semble basé sur le seul critère économique, sur les calculs et les appréciations des instituts statistiques et des agences de notation, la récession semble signifier inéluctablement que tout est condamné à la baisse : l’activité économique, le pouvoir d’achat, l’emploi, la productivité, la compétitivité, etc.

Logiquement, selon le même critère – celui de la réussite économique – le moral des français est lui-aussi en baisse, comme la côte du président de la république… et, en réalité, comme celle de l’ensemble de la classe politique.

La crise économique et la récession viennent un peu plus chaque jour plomber le moral des Français. Et la France… bien qu’elle soit la championne d’Europe de la consommation d’antidépresseurs et d’anxiolytiques… est loin d’être la seule : la Grèce, l’Espagne, le Portugal, eux-aussi, n’y croient plus.
Le pessimisme et le défaitisme gagnent du terrain chaque jour. La tentation est grande de baisser les bras, de démissionner.

Tout cela serait en réalité sans importance, si cela n’impliquait pas concrètement la vie de milliers de jeunes et de millions de personnes qui vivent dans le chômage, la pauvreté ou la précarité… qui tentent de se battre pour survivre… qui manifestent désormais dans les rues pour crier au scandale face aux injustices grandissantes : aux décisions politiques qui ne se fondent que sur le processus de désendettement, sur des chiffres et des calcul financiers, en vue de revenir à un équilibre, mais sans se préoccuper du sort des plus petits, de ceux qui sont abandonnés à eux-mêmes… ou aux entreprises qui, tout en faisant du profit, licencient à tour de bras… profitant de l’occasion pour tenter de dégager davantage de bénéfices pour leurs actionnaires.

Quel regard doit-on porter sur cette situation… cette réalité qui est celle d’une partie de l’Europe ?

Il me semble, à bien y regarder, que le gâchis auquel on assiste n’est pas d’abord économique ou financier, mais avant tout humain.
Comment en est-on arrivé là ?
Comment se fait-il que partout la préoccupation de l’humain soit devenue seconde – et même, secondaire – par rapport aux principes économiques et financiers qui régissent notre monde occidental.

Le constat provoqué par cette situation de « récession » est celui d’un échec. Mais cet échec est beaucoup plus grave que ce qu’on veut bien voir ou penser.
Il ne s’agit pas de l’échec de quelques gouvernants – présidents ou ministres – qui n’ont pas pris les bonnes décisions à un moment donné. Il s’agit, à mon sens, de l’échec d’un système tout entier, d’un mode de pensée (celui d’un néolibéralisme, sans foi ni loi), qui a placé au centre « la croissance économique » comme dieu et comme modèle de vie et de société.

Bien sûr, un tel constat est inavouable.
Qui osera dire que c’est tout le système qu’il faudrait changer ? Qui osera dénoncer un système intenable et source d’injustice ?
Car il est évident qu’il est impossible de tenir, dans chaque état, l’objectif d’une croissance régulière sans fin… d’une consommation qui ne cesserait de croître indéfiniment… comme si nos besoins étaient sans limites, et nos capacités de production illimitées et sans dommages pour la planète.

Pour illustrer cette affirmation, prenons un exemple concret à travers le cas de l’industrie automobile :
Quelqu’un a calculé qu’en France, nous devrions chacun avoir au moins 12 voitures durant notre vie active, pour maintenir une croissance régulière (de l’ordre de 3,5 % par an) dans l’industrie automobile durant le temps d’une vie humaine.
Si ces chiffres sont exacts… il ne faut s’étonner que les constructeurs connaissent une période de récession, car le système est totalement intenable et parfaitement tordu.
Qui a besoin d’utiliser successivement 12 voitures durant sa vie ?

Mais une chose me semble encore plus grave aujourd’hui, c’est que parallèlement à la tentative de maintenir, coûte que coûte, ce système économique, fondé sur un objectif de croissance toujours en croissance, le système a généré une idéologie dominante : celle d’une consommation elle-même toujours en croissance… d’une consommation source de bonheur.

Et malheureusement, s’il est difficile de faire entendre que notre système économique est à bout de souffle et intenable sur la durée – et qu’il nécessite un changement d’orientation radical – il est encore plus difficile de faire entendre à nos contemporains que ce système les a doublement trompé, en leur vendant un bonheur illusoire… un bonheur matérialiste… instantané et éphémère… qui n’a rien d’un vrai bonheur… d’un bonheur partagé.

Puis-je vraiment être heureux en n’ayant pour seul objectif de consommer, de posséder, d’accumuler ?
Peut-on concevoir un bonheur purement individualiste et égoïste ?
Puis-je véritablement être heureux en étant gavé de trucs prêts-à-consommer, alors que mon voisin crève dans la misère et l’indifférence ?

Comment en est-on arrivé là ? Comment a-t-on pu nous laisser croire en un bonheur synonyme de consommation et de possession ? Comment a-t-on pu se tromper de bonheur ?

Peut-être avons-nous été trop sensibles, trop à l’écoute des sirènes de Mamon ? Peut-être n’avons-nous pas réalisé que ce qui constitue le vrai bonheur n’est pas le comblement de tous nos désirs, mais, au contraire, le partage de nos désirs avec d’autres, le partage qui suscite le désir… le désir de la rencontre… le désir de l’autre ?

« Entrez par la porte étroite. Large est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et nombreux ceux qui s'y engagent ; combien étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux ceux qui le trouvent. » (cf. Mt 7, 13-14)

Comment se fait-il que nous ayons préféré les mots : commerce, donnant-donnant, calcul, mérite, gain, profit… aux mots de l’Evangile : gratuité, humilité, sobriété, préoccupation de l’autre, partage, justice ?

Comment se fait-il que nous ayons tant de mal à entendre les paroles de Jésus, à trouver la porte étroite, à choisir la voie du royaume ?

Comment se fait-il, enfin, que les témoins, les ouvriers du royaume – du monde nouveau de Dieu – soient si discrets et si peu nombreux ?

Nous-mêmes… faisons-nous entendre cette voie ?
Sommes-nous les tenants d’un autre monde… de ce monde nouveau dont parle Jésus ?
Ne sommes-nous pas appelés à témoigner de cette nouvelle réalité que constitue et propose le Christ ?
Ne sommes-nous pas invités à faire comme Jean-Baptiste : à préparer les chemins du Seigneur… à aplanir sa route ?

Cette question est très sérieuse et nous concerne tous :
Est-ce que nous ne sommes pas trop timides dans notre témoignage d’une alternative possible, d’un autre chemin possible, d’un chemin à la suite du Christ qui nous mène à la Vie… au règne de Dieu ?

Alors que beaucoup ne rêvent que d’un bonheur égoïste… alors que d’autres se sentent totalement perdus… sans but, sans visée… et sont tentés de se replier sur eux-mêmes, dans le découragement et l’individualisme, faute de perspective claire…. qu’avons-nous à dire, en tant que Chrétiens, en tant que porteur d’une espérance… dans ce monde désenchanté ?

Quelle parole… quels mots avons-nous à proposer en face de ceux de « crise » et de « récession »…  de « défaitisme » et de « pessimisme » ? Osons-nous prononcer ceux de « don » et de « gratuité »… ceux de « courage » et de « confiance » ?

Comment mettre en exergue l’absurdité de notre monde présent, l’impasse dans laquelle il se trouve… tout en faisant entendre la voix/voie de l’Evangile ?

* Dans notre monde se côtoient les attitudes les plus paradoxales, les plus antinomiques : Alors que certains parlent de récession et de difficultés pour survivre, d’autres parlent de soldes et de bonnes affaires à flairer dans les grands magasins ou sur le Net.

Il y a quelques semaines, on entendait parler à la radio de véritables émeutes à Paris, dans une grande enseigne qui s’apprêtait à vendre à moitié-prix, le dernier truc à la mode, forcément indispensable à la survie et fabriqué en Chine : je parle des tablettes, des iPad.
Des hordes de clients ont assailli le magasin, forçant le rideau métallique qui ne s’ouvrait pas assez vite, bousculant et molestant les employés, raflant tout ce qu’il y avait à rafler, se battant pour attraper le plus de produits et quittant le magasin avec des stocks improbables, pour les revendre avec profit sur Internet, sur eBay.
Les employés sous le choc parlent d’une ambiance de fin du monde, d’apocalypse (cf. rue89.com).
Pas l’Apocalypse de Jésus-Christ, vous vous en doutez bien !

Ce fait divers… dans le tohu-bohu propre à notre système économique en solde et en récession… nous montre une chose :
S’il y a bien une valeur qui est en baisse, c’est la dignité humaine !
La récession n’est pas seulement, ni même d’abord, économique… c’est la récession de l’humain dans l’humain, la récession de l’espérance.
Ce sentiment de plus en plus partagé qu’il n’y a plus rien à attendre, qu’il n’y a pas d’autre destin, pas d’autre possible, sinon se gaver au maximum tant qu’on peut encore se gaver, parce qu’après il n’y aura plus rien.

Evidemment, ça ne veut pas dire qu’il est mauvais en soi de s’acheter un objet qui nous fait plaisir ! Il ne s’agit pas de se faire l’apôtre de la privation.
Mais la question est celle de la mesure et de l’objectif.

N’y a t-il pas partout confusion entre le moyen et le but ?

Quand acheter et vendre deviennent un but en soi, quand avoir quelque chose devient l’horizon ultime de l’existence, quand la consommation devient ce qui donne sens à la vie et qu’on en vient à croire qu’« avoir plus » c’est « être plus » – et que par conséquent « avoir moins » c’est « être moins » – on navigue en pleine confusion, on alimente un mensonge, on est au summum de l’idolâtrie.
On en vient à faire de l’argent une religion et de « l’avoir » un dieu.
Et ce dieu-là – contrairement au Dieu de Jésus-Christ – exige de nous toujours plus de sacrifices, de servitudes, d’humiliations, toujours plus de mépris pour ce qu’il y a d’humain en chacun.

Nous vivons aujourd’hui – c’est ma conviction – une guerre de religions. Mais pas celle qu’on pense. Pas une guerre entre le Christianisme et l’Islam. Pas une guerre entre les croyants et les athées. Pas une guerre entre la tradition et la modernité. Une guerre entre la religion du marché et la foi au don.

Dans notre monde où tout s’achète et tout se vend, où on considère la gratuité comme suspecte, notre place de Chrétiens c’est de témoigner que la vie est don, qu’elle est grâce, et que l’humain n’est pas une valeur marchande, mais, au contraire, un trésor sans prix.

Dans notre monde où l’espérance est en récession, notre place est de redresser la courbe de l’espérance et de nous battre pour que la valeur de l’humain progresse, afin qu’elle demeure hors de tout marchandage et hors de prix.

Nous avons là une parole à dire… un rôle de témoin à occuper... pour éveiller les consciences et changer les mentalités.
Et dans ce combat, nous avons un allié puissant : l’Esprit de Dieu, le Souffle que Jésus-Christ a donné à ses disciples.

C’est bien cela que nous rappelle le passage du livre des Actes que nous avons entendu aujourd’hui… un texte que nous avons coutume d’entendre le jour de la Pentecôte.

Le temps de l’Eglise est celui de la Pentecôte, celui de la promesse. Nous vivons dans ce temps où nous nous souvenons et nous célébrons le don de l’Esprit saint que Dieu nous donne : ce Souffle qui vient d’on ne sait où, mais qui vient nous chercher dans nos enfermements, nos défaitismes et nos démissions, pour nous faire sortir de nous-mêmes et nous pousser à la rencontre du monde.

Là où monte la tentation de s’arrêter et de se replier sur soi ou entre soi, l’Esprit vient nous chercher pour nous ouvrir à la rencontre des humains dans toute leur diversité, afin que nous puissions devenir pour eux des témoins de la bonne nouvelle de la gratuité de la vie.

L’Evangile nous parle d’un choix à opérer, d’une alternative entre deux portes, deux chemins, deux trésors, deux dieux (l’Eternel ou Mamon), deux règnes (la chair ou l’Esprit – cf. Paul), que tout oppose et qui ne produisent pas les mêmes effets.

Pour prendre la mesure de l’enjeu, il faut comprendre qu’il s’agit d’un combat… d’une guerre spirituelle, une guerre idéologique… qui porte sur la compréhension que nous avons de l’humain, sur nos valeurs et sur le sens que nous reconnaissons à la vie.

Et la preuve que nous sommes en guerre, c'est que nous vivons dans un monde où on est prêt à se lever à 5h du matin pour profiter des soldes, mais où on trouve que 10h30 c’est trop tôt pour venir au culte ! Bon, je caricature un peu… mais ce n’est pas complètement faux.

Avec toute sa sagesse et sa folie… l’Evangile vient nous questionner… nous bousculer… nous interroger sur nos choix de vie, sur la manière dont nous organisons notre temps, sur les priorités qui sont les nôtres.
Il paraît que les Français passent en moyenne 3h par jour devant la télévision (sans compter les écrans d'ordinateur...). Et dans le même temps, dans les milieux chrétiens, il semble impossible à la plupart des gens de consacrer ne serait-ce que 10mn par jour à la lecture de la Bible et à la prière...

Je ne voudrais pas jouer le rôle du pasteur moralisateur ou prêchi-prêcha (rasoir et ennuyeux), mais il me semble que vient un moment où l’on doit se poser la question de ce qui est vraiment important pour nous, de ce qui vaut vraiment qu’on y attache du prix, de ce à quoi on tient plus que tout … parce que ça nous tient… ça nous fait tenir debout, ça nous rend vivants.

Et c’est bien la question que Jésus nous pose :
De quel esprit sommes-nous animés ?
Est-ce bien l’Esprit de Jésus-Christ qui souffle en nous, pour nous ressourcer dans la gratuité du don et nous en rendre témoins dans un monde où tout s’achète et tout se vend ?

L’Esprit de la Pentecôte… c’est cet Esprit qui vient souffler… pour réveiller notre espérance… pour témoigner au monde d’un autre chemin possible à la suite du Christ !
Cet Esprit souffle toujours aujourd’hui… Il souffle, ici et maintenant, comme il a soufflé sur les apôtres à la première Pentecôte, pour qu’ils portent dans le monde une parole qui provoque, chez ceux qui l’entendent, la surprise, l’étonnement, le questionnement.

Car c’est bien ce qui arrive dans le récit que nous conte le livre des Actes.
Le passage nous rapporte les conséquences, les effets du souffle de l’Esprit. Et les manifestations de l’Esprit ne conduisent pas du tout les gens à se convertir en masse, comme s’ils avaient été magiquement convaincus par des évidences, comme si des vérités célestes leur étaient tombées sur le coin de la tête ! Mais, les gens sont dans l’étonnement, ils se demandent ce que tout cela veut dire, ils sont dans la perplexité et le questionnement.

Voilà donc ce que provoque l’Esprit : l’interrogation… la nouveauté. 
Là où on s’enferme dans ses habitudes… là ou on ne voit plus d’alternative… il permet de discerner un nouveau commencement.
Là où on reste dans son quant-à-soi, il provoque la rencontre.
Là où l’avenir semble bouché par des réponses trop usées, qu’on connaît déjà trop bien, il ouvre l’espace pour de nouvelles questions.

Et si c’était ça le Saint Esprit : cette manière mystérieuse que Dieu a de nous visiter et de nous permettre de nous poser autrement, à nouveau, la question du sens de notre vie ?

Et si c’était ça… d’abord ça… notre place de témoins ? Pas donner des réponses comme des produits bien emballés… mais susciter des questions ? Etre porteurs de surprise, d’étonnement, dans un monde qui meurt asphyxié sous la grisaille des antidépresseurs, du cynisme et de l’état d’esprit défaitiste ?

Et si c’était ça être témoins : porter la gratuité de la vie, annoncer la vie non pas comme un produit conditionné sous cellophane, mais comme un cadeau offert sans condition, disponible pour qui veut bien le recevoir dans l’inattendu de la rencontre ?

En d’autres termes… témoigner d’une grâce inconditionnelle qui délivre chacun de ses conditionnements. Et qui invite chacun à se poser à nouveau la question de la valeur et du sens de sa vie.

Ne serait-ce que cela… ne serait-ce que cette petite ouverture-là... et la face du monde pourrait bien en être changée !

Dans cette mission de témoins… dans ce combat de tous les jours… nous avons un allié précieux : l’Esprit de Dieu, dont Jésus Christ était le porteur… l’Esprit qui fait toutes choses nouvelles et qui fait luire, au cœur des ténèbres, la lumière de l’espérance et de la vie.

Chers amis… frères et sœurs… osons accueillir en nous cet Esprit de nouveauté … pour le laisser résonner dans notre vie et dans le monde.
Amen.

dimanche 2 juin 2013

Inauguration de l'EPU à Tonneins

Inauguration de l’Eglise Protestante Unie à Tonneins

Lectures bibliques : Ga 3, 26-29 ; Mt 5, 13-16 ; Mc 6, 6b-13  

Prédication : voir plus bas, après les lectures

Ga 3, 26-29 

« […] Vous êtes tous, par la foi, fils de Dieu en Jésus-Christ. 27En effet, vous tous qui avez reçu le baptême du Christ, vous avez revêtu le Christ. 28Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ. 29Et si vous appartenez au Christ, alors vous êtes la descendance d'Abraham, héritiers selon la promesse. »

Mt 5, 13-16 

« C’est vous qui êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, avec quoi le salera-t-on ? Il n'est plus bon qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens.

14C'est vous qui êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. 15On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le porte-lampe, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. 16Que votre lumière brille ainsi pour les gens, afin qu'ils voient vos belles œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux. »

Mc 6, 6b-13

« [Jésus] parcourait les villages d'alentour en enseignant.

7Ayant appelé les Douze, il se mit à les envoyer deux à deux, en leur donnant autorité sur les esprits impurs. 8Il leur enjoignit de ne rien prendre pour la route, sinon un bâton seulement ; ni pain, ni sac, ni monnaie de bronze à la ceinture, 9mais — disait-il — chaussez-vous de sandales et ne mettez pas deux tuniques. 10Il leur disait encore : Lorsque vous serez entrés dans une maison, demeurez-y jusqu'à ce que vous quittiez l'endroit. 11Et si quelque part les gens ne veulent pas vous accueillir ni vous écouter, en partant de là, secouez la poussière de vos pieds ; ce sera pour eux un témoignage.

12Ils partirent et proclamèrent qu'il fallait changer radicalement. 13Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des applications d'huile à beaucoup de malades et les guérissaient. »


Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 02/06/13 

* A l’occasion de ce culte de fête… de ce culte d’inauguration de l’Eglise Protestante Unie… c’est, pour nous, une joie… et une fierté… de pouvoir redire notre adhésion… notre appartenance à ce courant de pensée… de foi… issue de la Réforme du 16e siècle.[1]

En prenant part à cette union entre Protestants Luthériens (héritiers de Martin Luther, l’initiateur de la Réformation) et Réformés (marqués par le réformateur Jean Calvin), l’Eglise Evangélique Luthérienne de France et l’Eglise Réformée de France ont voulu signifier et affirmer que ce qui les rassemble est plus fort et bien plus important que ce qui pourrait les diviser.
Elles ont voulu dépasser les désaccords théologiques d’hier, pour mettre en commun leurs richesses et leurs différences… pour partager ces différences comme autant de richesses… permettant de se renouveler… d’instiller une nouvelle dynamique… une vision commune fondée sur l’Evangile de la Grâce… en vue d’offrir un meilleur témoignage au sein de la société française.

C’est une union – et non une fusion – … une union qui prend en compte la diversité (diversité théologique, ecclésiale, liturgique) existant entre les deux Eglises, avec la volonté de s’en enrichir mutuellement… de toujours mieux accueillir l’autre… de se tourner vers l’avenir.

* Nous connaissons tous les points communs, les « piliers » du protestantisme. En quelques mots, nous pouvons les citer : 
Dieu seul… « A Dieu seul la gloire » : Rien n’est sacré ou absolu en dehors de Dieu.
Le Christ seul : Christ est le seul Seigneur, le révélateur de l’amour du Père, la Parole vivante de Dieu. 
La grâce seule, la foi seule : Les protestants estiment que la grâce est l’œuvre exclusive de Dieu. Elle est un don – don d’amour - offert par Dieu à tout homme, sans condition, indépendamment de ses actes ou de ses mérites.
Cette grâce offerte est reçue par l’homme, par le moyen… le canal de la foi (cf. Ep 2, 8-9).
En recevant ce don gratuit de Dieu dans la foi, l’homme reconnaît sa dépendance à l’égard de Dieu… il reconnaît qu’il dépend entièrement de l’amour de Dieu.
C’est cette foi, cette confiance en Dieu qui le justifie, que le rend juste aux yeux de Dieu.
Ainsi, justifié par la foi, le croyant est « à la fois juste et pécheur ».
L’Ecriture seule : Les protestants s’appuient sur la Bible éclairée par l’Esprit saint.
Au sein de la communauté, ils tentent de comprendre et d’interpréter la Bible collectivement, en s’appuyant sur le texte de l’Ecriture en lui-même, en tenant compte de son contexte, indépendamment de la tradition des Pères de l’Eglise ou d’une autorité magistérielle.
Ils reconnaissent la Bible comme la seule source d’autorité pour le croyant.
Le sacerdoce universel : Vivant tous de la grâce de Dieu, et tous enseignés par la Bible, tous les croyants sont « prêtres » et peuvent donc enseigner, baptiser ou présider la Cène.
Des Eglises toujours à réformer (Ecclesia semper reformanda) : L’Eglise est le corps du Christ, mais en tant qu’institution, elle demeure une réalité humaine. Elle doit sans cesse se réformer pour témoigner le plus fidèlement possible de l’Evangile.

Nous connaissons tous les valeurs défendues par le protestantisme : la liberté de conscience, le sens de l’engagement et de la responsabilité, la fidélité à l’Evangile de la Grâce, qui nous appelle à l’amour gratuit… à la fraternité, à la solidarité, au service.

Tout cela appartient à notre héritage commun entre Luthériens et Réformés. C’est le socle de base sur lequel a pu se construire notre union, et à partir duquel, nous avons pu dépasser nos divergences.

* Mais justement, quels étaient les désaccords entre les deux traditions ?

Il s’agissait principalement de différences théologiques. J’en noterai deux qui me semblent les plus caractéristiques :

- la 1ère concerne  l’interprétation de la présence du Christ dans la Ste Cène.
Pour les calvinistes, qui sont allés plus loin dans la désacralisation, il y a une présence spirituelle du Christ au moment de la communion avec le pain et le vin. Les théologiens parlent d’une « présence spirituelle réelle » ou plutôt d’une « action véritable » du Christ ressuscité, au moment de la Ste Cène.
Pour les luthériens, avec le pain et le vin, sont aussi réellement présents le corps et le sang du Christ. On parle de « consubstantiation » (une conception assez proche des catholiques qui parlent de « transsubstantiation »). Et c’est la raison pour laquelle vous verrez un pasteur luthérien s’incliner ou s’agenouiller devant le plat et la coupe, pour saluer la présence du corps et du sang du Christ avec les éléments.

Cette divergence sur la modalité de la présence du Seigneur Ressuscité parmi nous, au moment de la Cène, n’est pas fondamentale. Le plus important n’est pas de savoir comment le Christ est présent au moment de la communion – ce qui reste, de toute façon, un mystère – mais de croire qu’il est véritablement présent et qu’il nous invite à participer… à « prendre part »…  à sa vie, à sa mort et à sa résurrection… pour vivre une vie nouvelle.

- La 2ème différence que l’on peut relever concerne l’interprétation et la place de la Loi.
Le Luthérien distingue deux usages de la Loi, tandis que le Réformé en discerne trois.
Il y a d’abord l’usage politique de la loi (l’usus civilis) – sa dimension humaine – en vue de la justice civile :
Pour l’homme qui vit en société, la loi (qui interdit le meurtre, le vol, la violence, etc.) donne des règles permettant de « vivre ensemble »… de gérer au mieux la vie dans la Cité… en limitant le mal et en favorisant la justice.
Il y a ensuite l’usage pédagogique (l’usus paedagogicus), qui se réfère à la loi dans la Bible (par exemple, ne pas convoiter, ne pas juger, aimer ses ennemis, faire du bien à ceux qui nous persécutent, etc.) :
La loi d’amour est exigeante et difficile (sinon impossible) à mettre pleinement en pratique. Elle nous permet de prendre conscience de notre incapacité à la vivre par nos seules forces. Elle a la vertu de nous rappeler que nous n’y arrivons pas… que nous sommes pécheurs devant Dieu. Elle nous conduit à l’humilité et à demander pardon à Dieu.
Cet usage de loi est aussi appelé usage théologique (usus theologicus) dans le sens où la loi nous place, comme devant un miroir, devant Dieu.
Ce rôle pédagogique de la loi est primordial pour Luther. C’est la raison pour laquelle dans un culte luthérien, l’ordre liturgique est différent du nôtre : la Loi précède la confession du péché.
Enfin, pour le calviniste[2], il y a aussi l’usage normatif, didactique de la loi (l’usus normativus) :
Une fois reconnu pécheur, une fois pardonné… le chrétien est appelé à progresser, à vivre la vie juste que Dieu attend de lui.
C’est pourquoi, dans la liturgie, les réformés ont placé la Loi, après l’accueil du pardon. Car, la Loi constitue un guide ; elle nous donne une direction, pour vivre selon l’Evangile.

En bref, pour le Luthérien, la Loi nous permet avant tout de reconnaître notre péché, notre faiblesse, notre dépendance à l’égard de la grâce de Dieu. Tandis que pour le Réformé, la Loi nous enseigne essentiellement sur la Volonté de Dieu. Elle est un outil sur le chemin de la sanctification… d’une transformation de notre être, de nos mentalités, de nos comportements.
Guidé par sa lecture de la Bible (et sa connaissance de la Loi), et travaillé dans son cœur par l’Esprit saint, le croyant est amené à devenir meilleur – plus conforme au Christ – un peu plus chaque jour.[3]

* Voilà deux différences entre Luthériens et Réformés : la conception de la Cène, les usages de la Loi. Et il en existe d’autres (le rapport au pouvoir politique, la question de la prédestination, l’équilibre entre la prédication de la Parole et l’administration des sacrements, etc.), mais je ne vais pas en parler maintenant.
Je vais plutôt laisser la parole à Anne Laurent, qui a eu l’occasion de côtoyer les Luthériens dans la région de Montbéliard, et qui va, de façon plus concrète, nous livrer son témoignage… et nous faire part de son expérience dans l’Eglise Luthérienne :

[…] Témoignage de la présidente du CP. Thèmes abordés : la place des psaumes, la place de l'autel et de la chair, le rapport à la liturgie, les couleurs liturgiques en fonction des différents temps liturgiques, l’attitude du pasteur luthérien (qui se tourne dos à l’assemblée au moment de la confession du péché), etc. […]

On voit qu’il y a bien des nuances, des différences de traditions liturgiques, mais tout cela n’est pas décisif et ne va pas nous empêcher de vivre en communion.
Au contraire… c’est plutôt stimulant d’apprendre à conjuguer nos différences, pour continuer à avancer, pour trouver ensemble de nouveaux langages, de nouvelles formes de témoignages.

* Précisément… en ce jour d’inauguration… je crois qu’il est important de redire le but de cette union. Finalement… pourquoi cette communion entre Luthériens et Réformés ?
Cela… le président de notre Eglise, Laurent Schlumberger, a pu le rappeler lors du 1er synode qui vient de se tenir à Lyon.
L’intérêt de cet événement historique, c’est de passer de l’Histoire au profit d’une vision d’avenir, d’un nouvel élan pour témoigner.

Nous vivons désormais dans une société laïque, sécularisée, où le christianisme est devenu minoritaire.
L’adhésion à une religion n’est plus le fruit d’un héritage, le résultat d’une transmission familiale, mais elle répond à un choix personnel. « Croire » est devenue une démarche individuelle, choisie et évolutive. Et pour choisir, il faut connaître !

C’est bien là l’enjeu de la mission de notre Eglise :
Dans notre contexte contemporain, l’Evangile est très largement méconnu. La mission de l’Eglise, ne peut plus être seulement d’appeler, de prêcher, d’enseigner ceux qui sont dedans… ceux qui en sont déjà les membres. Bien davantage, elle doit être une Eglise, pour les autres, pour ceux qui n’y sont pas encore. Elle doit être une Eglise de témoins, qui trouvent les bons moyens, les leviers, les langages les plus adaptés… pour dire au monde qui est le Dieu de Jésus Christ et en quoi la Bonne Nouvelle de son amour est susceptible de changer notre vie et notre monde.

En cela… notre contexte se rapproche, sur bien des points, de celui des 1ères communautés chrétiennes : Il est question de témoigner, de faire connaître l’Evangile à des personnes qui n’en ont pas entendu parler… ou mal… qui ont parfois des présupposés négatifs, non pas sur l’Evangile (qu’ils ne connaissent pas), mais sur l’Eglise ou sur la religion.[4]

Lors de ce 1er synode, Laurent Schlumberger a rappelé ce contexte de mutation… ce défi qui s’ouvre à nous. Je le cite :
« [Il s’agit d’] intégrer ce renversement complet de ce que nous avons longtemps été, pour être fidèles aujourd’hui et demain à l’Evangile que nous avons reçu, à notre manière de le comprendre et de le partager. Il s’agit, pour notre protestantisme, de passer de la connivence au partage, de l’entre-soi à la rencontre, d’une Eglise qui se serre les coudes à une Eglise qui ouvre ses bras. D’une Eglise de membres à une Eglise de témoins »[5].
L’union des Réformés et des Luthériens s’inscrit dans cette dynamique, dans cet élan : un élan pour être une Eglise de témoins… pour faire connaître l’Evangile de la gratuité… un Evangile qui n’a jamais été aussi pertinent dans une société désenchantée, désemparée…. qui voit que le dieu Mamon (Argent), le temple du monde de la finance, l’influence du néo-libéralisme anglo-saxon (soumis au dictat des indicateurs économiques), n’est pas susceptible de proposer un modèle de valeurs justes et équitables pour notre monde, mais qu’il génère, au contraire de l’injustice, dans la mesure où il favorise l’exploitation des hommes et l’accaparement des ressources au profit des plus puissants.

Face à une société qui ne parvient pas à trouver de route, de direction pour demain… qui est en proie au doute, au désespoir, au pessimisme… l’Evangile du Royaume (du règne de Dieu)… a quelque chose à dire : une lumière à montrer, un chemin à proposer, un modèle à suivre. Et cette alternative, n’est pas une vague idée, une abstraction, une idéologie ou une utopie, mais un homme concret : Jésus Christ.
Nous l’avons entendu dans l’Evangile (cf. Mc 6, 12 ; voir aussi Mc 1, 15)… il est question d’une Parole qui nous appelle à « changer radicalement », à vivre une conversion.
Il y a là une Bonne Nouvelle… une voie nouvelle … un changement complet proposé par Jésus Christ… qui est, pour nous, « chemin, vérité et vie » (cf. Jn 14, 6).[6]

Dans notre contexte actuel… l’union des protestants luthériens et réformés est un signe.
Là où règne bien souvent la peur de l’autre, la méfiance à l’égard du religieux, les peurs identitaires… sources de divisions et de conflits… cette union est le signe d’une confiance : confiance reçue en Dieu, confiance les uns dans les autres, confiance dans la rencontre avec nos contemporains, confiance dans la capacité à renouveler le langage pour témoigner de l’Evangile.

En d’autres termes… je crois que cette union a pour but de permettre aux croyants, aux protestants, de vivre mieux leur mission… dans la diversité de ce qu’ils sont … de vivre mieux leur « sacerdoce universel »… l’annonce de la Bonne Nouvelle… en paroles et en actes.
Car le témoignage personnel et communautaire de la foi… l’engagement dans le monde au service de Dieu et du prochain… par tous les moyens possibles (engagement en Eglise, dans la diaconie, dans la vie associative… plus spécifiquement, pour nous, dans l’Entraide, à l’APRES, dans le Scoutisme, à l’ACAT, à Espoir FM ou ailleurs)… constituent la vocation de tous les Protestants.
Chacun est appelé à dire… à témoigner de ce qui constitue, pour lui, le fondement de sa vie… la Parole de confiance sur laquelle il s’appuie… ce qui est véritablement pour lui « Bonne Nouvelle ».

Amen.




[1] Il a été rappelé au début du culte le processus (& le calendrier) qui a conduit à cette union – Pour rappel :
Nous célébrons aujourd’hui la naissance de l’Eglise Protestante Unie, partout en France, dans les églises locales.
C’est pour nous un moment de fête… un moment particulier que nous voulons confier au Seigneur.
L’Eglise Protestante Unie… dont nous fêtons aujourd’hui l’inauguration… est l’un des visages de l’Eglise universelle : l’Eglise du Christ.
Elle est le fruit de l’union de l’ERF (Eglise Réformée de France) et de l’EELF (Eglise Evangélique Luthérienne de France).
Le processus qui a conduit à cette union – à cette « communion luthéro-réformée » – est le résultat d’un long d’un cheminement… qui a été initié, il y a plus de 50 ans.
Il s’inscrit dans la logique de ce qui existe déjà en Allemagne, en Belgique ou aux Pays-Bas.
- Déjà en 1960, en France, la création d’une instance - les « Quatre Bureaux » - des quatre Eglises luthériennes et réformées, se donnait pour but le témoignage commun et la recherche de l’unité de leurs Eglises.
Cela avait conduit, en 1972, à la création du CPLR (le Conseil Permanent Luthéro-Réformé), permettant la mise en place de projets de coopérations et de formations communes pour les pasteurs.
- En 1973, une centaine d’Eglises luthériennes et réformées d’Europe se réunissaient, pour lever les excommunications réciproques datant de la Réforme, pour se réconcilier et adopter un texte commun – la concorde de Leuenberg – permettant d’établir la pleine communion entre les Eglises signataires.
- Puis, il y a 7 ans, en Alsace (qui vit sous le régime concordataire), a eu lieu la création de l’UEPAL (l’Union des Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine) qui regroupent, depuis 2006, Luthériens et Réformés.
 - Enfin, pour l’ensemble du territoire français, le processus d’union de l’EELF et de l’ERF a commencé en 2007 (il y a 6 ans) à l’issue du synode conjoint de Sochaux, pour aboutir, en 2013, à l’Eglise Protestante Unie, dont nous fêtons aujourd’hui la naissance.
En ce jour de fête… c’est véritablement une joie de dire notre unité fraternelle devant Dieu… c’est une joie de redire notre attachement à l’Evangile de la Grâce… c’est une joie de nous placer devant le Seigneur, pour lui rendre gloire… pour le remercier et pour le louer.

[2] En réalité, pour Calvin, Zwingli, Melanchthon et Bucer, qui reconnaissent un 3ème usage de la loi.

[3] Dit autrement, Luther met l'accent principal sur la grâce, tandis que Calvin met l'accent sur l'agir ouvert par cette grâce.

[4] Il y a un très grand décalage dans la perception de ce qu’est l’Eglise et de ce qui s’y vit : entre ceux qui la connaissent de l’intérieur parce qu’ils la fréquentent, et ceux qui ne la connaissent pas… et qui la voit encore comme l’Eglise de leurs grands parents, ou arrières grands parents, comme quelque chose de poussiéreux et de moralisateur. Mais l’Eglise ce n’est pas cela… c’est le lieu d’une communauté qui se rassemble pour vivre sa foi, pour écouter l’Evangile, pour s’engager dans la fraternité et la solidarité. C’est un lieu d’écoute, d’échange et d’engagement, pour mettre en œuvre sa foi, avec les autres.

[5] EPUdF, 1er synode national (2003), message de Laurent Schlumberger, président du Conseil National.

[6] « Agir… c'est inscrire dans ce monde–ci (ce que je fais) la visée d'un autre monde, d'un autre état du monde (autre chose que ce que je fais). Sans quoi je n'agis pas: je ne fais que reproduire ce monde, ou je me perds en incantations stériles. Ce que je fais "est" autre chose que ce que je fais. "Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait". » (Olivier Abel).