dimanche 27 octobre 2013

Mc 4, 30-33

Mc 4, 30-33 ; le royaume ou le monde nouveau de Dieu (II)

Lectures bibliques : Mc 1, 14b.15 ; 4, 30-33 ; Lc 6, 27-38 ; 17, 20-21
Thématique : la graine de moutarde et le monde nouveau de Dieu
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 27/10/13, culte avec baptême de Maxence

* Pourquoi Jésus utilise l’image de la petite graine de moutarde qui devient un arbre, pour parler du royaume ? Que veut-il nous dire à travers cette parabole, cette comparaison ?

On peut relever 3 points dans cette image :
- la disproportion entre la taille de la graine et celle de la plante
- l’idée de croissance et de transformation
- la capacité de la plante à abriter les oiseaux du ciel

- La graine minuscule :

A proprement parler, bien qu’elle soit une graine minuscule, la graine de sénevé n’est pas la plus petite des graines. De même, la plante herbacée dont la taille varie entre 1m50 et 3m n’est pas véritablement un arbre. Mais, ce qui importe ici, c’est la démesure entre la taille de la graine et celle de la plante qui en résulte.
Ce contraste était proverbial à l’époque de Jésus. Et c’est la raison pour laquelle, Jésus prend en exemple la graine de moutarde – la potentialité de développement de cette petite graine, son pouvoir de croissance – pour parler de la foi :
-       Dans l’évangile de Luc : « Si vraiment vous avez la foi, gros comme une graine de moutarde – avec la potentialité de croissance de cette petite graine – alors, certainement… vous diriez à ce sycomore : déracine-toi et va te planter dans la mer, et il vous obéirait (cf. Lc 17, 5-6) »
-       Ou dans l’évangile de Matthieu « si un jour votre foi est semblable à une graine de moutarde… alors, certainement… vous direz à cette montagne : passe d’ici… là-bas, et elle y passera. Rien ne vous sera impossible. (cf. Mt 17, 20).

- Une dynamique de croissance et de transformation :

La comparaison avec cette graine – qui a un pouvoir de croissance extraordinaire – transmet, à la fois, l’idée de quelque chose de petit, de fragile, et de très grand, de puissant. Il s’agit de 2 caractéristiques qui coexistent dans le Royaume.
Car le règne de Dieu ne s’impose pas de l’extérieur, par la force. Il se développe à l’image d’une semence qui pousse d’elle-même (cf. Mc 4, 26-29), là où elle trouve de la bonne terre… c’est-à-dire, des oreilles attentives et un cœur ouvert (cf. Mc 4, 1-9. 13-20).

Ainsi, la parabole communique l’idée d’un changement en devenir :
Au départ, la graine est minuscule et encore cachée, mais le jour où elle va pousser, elle sera capable de transformer la surface de la terre.

D’une certaine manière, on peut dire que la croissance de l’Evangile dans le monde, nous révèle bien cette dynamique :
Il s’agit, au départ, de quelque chose de petit, d’apparemment insignifiant : un homme seul – Jésus – qui vit, enseigne et guérit… Un homme qui lance un message des plus déconcertants : l’Evangile du Royaume, la possibilité de vivre autrement… de vivre debout, libre et réconcilié avec Dieu et avec les autres hommes…  et qui meurt pour sa foi, tant son message est à contre-courant des traditions ancestrales, des discours habituels de ceux qui tentent de maintenir le statu quo ante, l’ordre politique et religieux, qui profite à ceux qui sont déjà dans la place et qui ont les clefs du pouvoir.

Il s’agissait apparemment d’un début dérisoire et sans espoir : un homme seul qui va au bout du chemin de l’amour… jusqu’au bout de l’humanité dans sa relation avec Dieu et les autres humains.
Et finalement, aujourd’hui, 2000 ans plus tard, ce sont plus de 2 milliards d’hommes et de femmes, de toutes conditions, de toutes langues, de tous les continents, qui marchent à la suite de Jésus Christ.

- La grande plante accueillante :

L’image finale que nous livre la parabole, c’est l’aboutissement de la croissance, c’est la plante devenue un arbre capable d’abriter les oiseaux du ciel.
Dans l’Ancien Testament, plusieurs passages bibliques (cf. Ez 17, 22-24 ; Dn 4, 9.11.18) utilisent déjà la figure de l’arbre qui accueille et qui abrite une multitude d’oiseaux.
Ces oiseaux de toutes sortes qui demeurent à l’ombre des branches de l’arbre, représentent les peuples païens… les peuples issus de tous les horizons… qui finalement connaîtront Dieu comme leur Créateur, leur Sauveur et Seigneur.
Ce qui est mis en avant avec cette image des oiseaux qui viennent nicher dans l’arbre, c’est la large capacité d’accueil du Royaume de Dieu.

Ce royaume est ouvert à tous… Une seule condition pour y accéder : accepter de faire confiance à un Autre que soi-même… accepter de se décentrer de soi-même… pour laisser à Dieu la 1ère place, pour nous en remettre à lui avec confiance, pour le laisser régner sur notre vie.

* Cette image que nous donne Jésus, nous révèle donc la potentialité de croissance du royaume de Dieu. Mais, elle nous laisse encore avec de nombreuses questions : Que peut-on savoir de plus au sujet de ce règne de Dieu ? Quelle réalité recouvre-t-il ?

Les évangiles ne le définissent pas avec précision (cf. Mc 1, 15 ; Lc 17, 20-21). Ils nous disent simplement qu’il s’est approché avec Jésus… et qu’il s’approche à chaque fois que l’Evangile est pleinement vécu.

Jésus ne nous parle pas d’abord du royaume comme d’une réalité pour après … pour un au-delà, dans un monde meilleur, après la mort.
Bien davantage, il nous dit que ce Royaume est accessible ici et maintenant… qu’il est entre nos mains, à notre portée (cf. Lc 17, 21).

Nous pouvons d’ores et déjà y entrer, nous y engager… pour autant que nous nous mettions réellement à l’écoute de l’Evangile… pour peu que nous marchions à la suite de Jésus : le 1er citoyen de ce royaume… de ce monde nouveau de Dieu.

Dans l’évangile de Marc, Jésus nous présente le Royaume comme une réalité dynamique, à laquelle nous avons accès.
Y entrer signifie d’abord accepter de changer de regard et de mentalité sur la vie, sur Dieu et sur le monde.
« Le monde nouveau de Dieu est devenu tout proche – dit Jésus – Changez de mentalité, croyez le message de salut » (Mc 1, 15).

Si nous lisons les 3 premiers chapitres de l’évangile de Marc, voici déjà ce qu’on peut en découvrir :
- Quand le monde nouveau de Dieu est là, les barrières que les hommes ont dressées entre eux tombent d’un coup. Il n’y a plus d’individus ou de catégories sociales qu’on mette en quarantaine, comme le lépreux « impur » ou le péager considéré comme traitre à sa communauté.
- Quand le monde nouveau de Dieu est là, le passé cesse de faire peser sur les coupables le poids écrasant des fautes accumulées, car les citoyens de ce monde ont, après Jésus et avec lui, la liberté de prononcer un vrai pardon.
- Quand le monde nouveau de Dieu est là, beaucoup de malades trouvent la guérison et beaucoup de possédés la libération.
- Quand le monde nouveau de Dieu est là, la liberté prend vraiment pied sur notre terre, car la volonté de Dieu cesse d’être une loi qui asservit les humains, pour apparaître enfin orientée toute entière vers le bien-être des humains.

La nouvelle mentalité que Jésus sème sur notre terre se laisse deviner derrière ces changements profonds qui marquent la vie de ceux qui ont croisé son chemin.

* Evidemment, ce n’est pas simple de promouvoir ce royaume – ce monde nouveau – car, cela nous oblige à vivre dans 2 réalités : le monde nouveau de Dieu et le monde ancien, le monde tel qu’il est.
Il y a inévitablement des tensions et des résistances entre ces deux mondes, car le Royaume vient remettre en question les mécanismes, les pouvoirs et les privilèges que les uns ont acquis sur les autres.

Et c’est d’ailleurs – je crois – une des raisons pour lesquelles, il est si difficile de faire des réformes dans la plupart des pays riches : Le changement fait peur. Il implique des renoncements que tous ne sont prêts à faire… à commencer par les plus puissants de ce monde.
Face à la nouveauté, chacun préfère défendre son pré carré… chacun préfère voir « midi à sa porte », en retenant son intérêt particulier, celui de sa corporation ou de sa nation, plutôt que de penser à l’intérêt général.

- D’un côté, nous avons un monde orienté par l’avoir et le pouvoir, un monde fondé sur les rapports de force, le donnant-donnant, la réciprocité, le mérite, … un monde où règne, bien souvent, l’égoïsme et la convoitise, la volonté d’accaparer, de jouir, de consommer, de ramener toute chose à soi.
- De l’autre, un monde fondé sur la grâce, la gratuité… sur l’amour, le don et le pardon…. Un monde qui ne s’impose pas par la force, mais par la confiance et l’espérance… celle du changement, de la justice… le désir de voir enfin l’homme vivre pleinement son humanité devant Dieu.

* Aujourd’hui, je crois que de plus en plus de personnes se rendent compte que ce monde ancien ne peut pas continuer comme ça… qu’un changement de mentalité s’impose.
Avec la crise, l’idée de croissance … d’une croissance uniquement fondée sur des critères économiques – comme s’il était possible d’avoir une croissance infinie dans un monde fini – … montre ses limites et révèle que le modèle de base de notre société est fondamentalement dans l’impasse. Il est impossible à tenir aussi bien pour l’humanité que pour la planète.

En même temps, cette prise de conscience ne semble pas trouver d’échos… de réponses à la hauteur des enjeux… chez les gouvernants de ce monde, les dirigeants du G20.
Auraient-ils peur de remettre en cause leur manière de penser et surtout leurs pouvoirs et leurs privilèges ?

Qui, aujourd’hui, malgré les signaux d’alarme tirés à droite ou à gauche par des spécialistes (scientifiques, économistes ou sociologues)… qui semble vraiment se soucier des difficultés qu’engendre notre mode de vie, fondée sur la domination économique et l’accaparement des richesses ?
Qui se préoccupe de savoir comment nous parviendrons demain à nourrir plus de 7,2 milliards d’individus dans le monde, en faisant face à des problèmes écologiques considérables ?

Nous, pays occidentaux, démocratiques et capitalistes, prétendons encore exporter notre modèle de vie partout sur la planète…. sans se soucier réellement des conséquences à moyen et long termes.

Pourtant… en ouvrant les yeux, on se rend vite compte que l’idéologie matérialiste et consumériste… l’idéologie traditionnelle du salut par plus d’avoir et plus de pouvoir… mène inexorablement l’humanité à la catastrophe.

[[Bien sûr… comme nous sommes nous-mêmes immergés dans cette réalité… il est difficile de reconnaître qu’il s’agit là d’une idéologie. Mais, c’est pourtant le cas ! Ce qui est sous-jacent à notre modèle, c’est l’idée selon laquelle l’avoir et le pouvoir sont capables nous sauver et de procurer, à eux seuls, le vrai bonheur.
Mais, Jésus, avec ses Béatitudes, vient nous dire autre chose : Pour lui, il n’y a pas de salut possible sans les autres… pas de bonheur réellement possible sans justice. Et c’est la raison pour laquelle, il nous appelle à adopter une nouvelle manière de regarder la vie.]]

* De cette tension face au changement… de cette résistance face à la nouveauté… il faut, à mon avis, tirer un enseignement très simple qui d’ailleurs se trouve dans la règle d’or : « comme vous voulez que les autres agissent envers vous, agissez de même… agissez d’abord… envers eux » (cf. Lc 6, 31).
Je crois qu’il ne faut pas d’abord compter sur les autres – notamment sur ceux qui ont des responsabilités d’envergure – pour changer le monde… pour faire advenir ce monde nouveau de Dieu.
Rappelons-nous que les prophètes, à commencer par Jésus, ont toujours été méprisés et écrasés par les tenants du pouvoir-en-place. Ils avaient trop à perdre, pour accepter ces changements.

Ainsi, si nous avons conscience que notre monde ne tourne plus rond… si nous réalisons qu’il y aurait bien des choses à changer dans nos modes de relations aux autres… notre mode de vie consumériste, égocentrique et anti-écologique… il faut, nous mêmes, en tirer les conséquences nécessaires et concrètes dans notre manière de vivre.
Nous ne pouvons pas simplement attendre cela des autres ou de nos dirigeants.

Chacun d’entre nous est un acteur économique, chacun d’entre nous peut aussi être un acteur du monde nouveau de Dieu… 
Toute la question est de savoir jusqu’où nous sommes prêts à aller ? A quel renoncement sommes-nous prêts à consentir ? Jusqu’où acceptons-nous de suivre Jésus ?

C’est, en effet, une question très sérieuse : Déjà, Jésus nous prévenait de l’urgence à changer, à entrer dans cette nouveauté de vie… mais il indiquait aussi l’exigence de cette voie :
« Si quelqu’un veut venir à ma suite – dit Jésus – qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive » (cf. Lc 9, 23)
« Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu » (cf. Lc 9, 62).

S’engager dans cette voie du royaume implique de ne pas regarder en arrière vers le monde ancien, vers ce qui a déjà été fait…
Cela signifie, au contraire, renoncer à l’ancien et regarder en avant, pour construire quelque chose de neuf.
Cela veut dire, en particulier, renoncer à la course à l’avoir et au pouvoir, à tout ce qui, jusque là, constituait les références implicites, les critères de réussite, de notre société.

* Conclusion : Alors… chers amis, frères et sœurs… que peut-on conclure de cette méditation ?

Tout d’abord, la parabole de la graine de moutarde vient résonner à nous comme une promesse : celle d’un devenir, d’un épanouissement à venir.
Malgré les échecs qu’il a pu rencontrer, malgré les refus et malgré la croix, Jésus croyait au succès du monde nouveau de Dieu qu’il est venu semer sur notre terre… et après lui les disciples y ont cru, eux aussi.

Il me semble, aujourd’hui, que nous pouvons nous enraciner dans la même espérance… la même confiance.
Car, à bien y regarder, quelle autre alternative crédible pourrions-nous bien trouver (cf. Jn 6, 68) ?
Je crois fermement qu’il n’y a pas d’autre salut possible pour l’humanité que cet Evangile du Royaume, qui met au 1er rang – avant toute préoccupation – la confiance en Dieu et l’amour du prochain.
C’est ce message de liberté et de fraternité que nous sommes appelés à vivre. Non pas seulement de manière républicaine, comme citoyens français et citoyens du monde… mais comme citoyens du Royaume – du monde nouveau – que Jésus nous propose.

Vivre une telle citoyenneté, fondée sur l’amour du prochain,[1] implique de nous laisser transformer de l’intérieur par Jésus Christ, par la Parole de Dieu et l’Esprit saint.

Et, du coup, cette même Parole vient nous interroger quant à notre manière de vivre, de penser et d’agir.
En effet, être citoyen du monde nouveau de Dieu, c’est adhérer – non seulement intellectuellement – mais existentiellement à l’Evangile, c’est prendre à bras le corps les paroles de Jésus, pour les faire siennes, les vivre et les mettre en pratique.
Et, bien sûr, cela conduit à nous interroger sur nous-mêmes, sur notre propre cohérence entre ce que nous pensons, ce que nous disons et ce que nous faisons.
Il s’agit finalement d’essayer de vivre en accord avec ce que nous sommes vraiment : des enfants de Dieu… des artisans de son royaume.

Je finirai mon propos par une question qui s’adresse à chacun d’entre nous. Il s’agit d’une question délicate qui constitue, d’une certaine manière, un test quand à notre propre cohérence.
Posons-nous humblement cette question :
Est-ce que ma manière de vivre, mon action et mon mode de relation aux autres transforment positivement ce monde ?... en tout cas, mon monde : celui de mon entourage… de ceux que je rencontre ?

Chacun pourra répondre pour lui-même et voir le chemin qui lui reste à parcourir, avec l’aide du Seigneur.
Je ne pense pas qu’il y ait de réponse entièrement positive ou entièrement négative.
Ce genre de question n’a qu’un seul but : nous inviter à nous approprier toujours davantage l’Evangile du royaume… car c’est, en définitive, ce à quoi nous sommes appelés : à transformer positivement le monde… à le saler au goût de l’Evangile.

« Vous êtes le sel de la terre !… vous êtes lumière du monde ! » Voilà ce que dit Jésus à ses disciples (cf. Mt 5, 13-16).

Soyons convaincus, frères et sœurs, que c’est à nous qu’il s’adresse !... qu’il nous fait confiance pour prendre part à ce monde nouveau !

Amen.



[1] C’est dans cette citoyenneté du Royaume que Maxence a été accueilli ce matin par le baptême.

lundi 21 octobre 2013

Mc 4, 1-9. 13-20


Mc 4, 1-9. 13-20 : la parabole du semeur
Lectures bibliques : Es 55, 1-3a.10-11 ; Mc 4, 1-9.13-20.26-29
Thématique : être, tour-à-tour, terrain ensemencé et semeur
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 20/10/13

Depuis l’école biblique… nous connaissons, sans doute, tous cette « parabole du semeur », appelée aussi « parabole des terrains ensemencés ». Essayons, ce matin, de la relire avec un œil neuf :
Qu’est-ce qui peut encore nous surprendre… nous étonner… dans cette histoire ?

* Tout d’abord, il faut dire que les évangélistes nous mâchent un peu le travail, en nous livrant leur interprétation de la parabole :
- Pour eux, la semence, la graine, c’est la Parole… la Parole du royaume (cf. Mt 13, 19).
- Le terrain, c’est l’auditeur qui la reçoit, c’est le cœur de l’homme.

Il y a différents terrains. Mais cela ne veut pas dire qu’il y ait 4 types de cœur. De même que la graine est unique, le cœur humain est unique. Dans notre cœur, tous les terrains sont représentés.
La question va être de savoir ce que nous faisons de cette graine qui nous est donnée (?) …  Quel terrain, en nous, mettons-nous à disposition de la semence (?)

Dans cette parabole, le royaume de Dieu est comparé à une semence et à l’acte de semer (cf. aussi Mt 13).
- Mais qui est le semeur ?

Bien entendu, le semeur, c’est d’abord le Seigneur… mais, il me semble qu’avec cette image de la semence qui porte du fruit… un fruit qui, à son tour, devra être semé… la parabole nous laisse entendre que l’auditeur n’est pas seulement le terrain ensemencé, il est aussi appelé à devenir semeur.

Alors, pour y voir plus clair…. essayons de relever ce qui est étonnant dans cette comparaison que nous donne Jésus :

* 1er point, 1er étonnement dans cette parabole : c’est le choix que fait le semeur de répandre généreusement – avec prodigalité – sa semence… sans savoir à l’avance ce que donnera la récolte, sans forcer les choses, par des moyens extérieurs : irrigation, traitement, sélection des terrains, etc.
Ici, le semeur ose faire confiance à la semence et à la terre.

Nous l’avons vu, la semence, c’est la Parole… c’est, à la fois, une Parole puissante, capable de transformer la vie de l’homme, de produire du fruit en abondance. Mais c’est aussi une Parole fragile, vulnérable… dans la mesure où son enracinement et son développement dépendent du terrain où elle tombe, c’est-à-dire, finalement, du cœur de l’homme, du bon vouloir de l’être humain, de ses choix, de sa liberté et même de sa faiblesse.

A travers cette image de la semence comme Parole, nous découvrons que Dieu – pour faire advenir son Royaume – choisit de faire confiance à l’humain, de s’associer à lui, de dépendre de lui (de son écoute, de sa capacité de réception, ou, au contraire, de son inattention, de sa distraction, de ses mauvais désirs).
Et c’est là quelque chose de proprement étonnant : à la fois, la force de la Parole, capable de transformer les personnes et le monde, et sa faiblesse, puisqu’elle dépend du terrain, de l’humus de l’humain, apte ou non à l’écouter et à la recevoir.

L’image de la semence laisse donc percevoir un lien très fort, une solidarité mutuelle – une interdépendance – entre le semeur et la terre susceptible d’accueillir la semence.

Ce lien met en avant la responsabilité du terrain = de l’être humain, dans la croissance de la Parole.
Tout se joue ici sur la capacité de l’homme d’entendre la Parole.

* Ce constat doit nous interroger :
Qu’est-ce que Jésus veut dire exactement quand il parle d’« entendre » et quelle est précisément cette « Parole » appelée à croître ?

- Le mot « entendre » est employé avec insistance (v.3. 9). Il ne s’agit évidemment pas simplement d’entendre un son ou une parole sans lendemain, mais d’écouter la Parole, c’est-à-dire de l’accueillir favorablement… avec attention.

Ecouter, c’est accueillir, mais c’est aussi comprendre et obéir.
C’est finalement ce qu’on dit à un enfant qu’on on lui dit d’« écouter ». « Ecoute ! » ça veut dire : porte attention, concentre-toi, pour recevoir ce qui vient d’être dit, pour te l’approprier et le mettre en pratique.

Ecouter, c’est donc entendre, mais c’est aussi répondre : c’est vivre en accord avec ce qu’on a entendu.
Le fruit n’advient que là où l’écoute s’est enracinée dans le cœur et la vie de l’auditeur.

- Ensuite, on a le mot « Parole », qui est la traduction du terme grec « logos ». Le mot revoie à la Parole avec un grand « P ».
Dans la parabole de l’évangile de Marc, il n’est pas précisé ce qu’est cette parole. On peut, bien sûr, penser à la Parole de Dieu, la Parole que Jésus Christ incarne lui-même, par son discours, son action et toute sa vie. Jésus est lui-même cette Parole en actes, cette parole performative, qui fait ce qu’elle dit, là où elle est reçue.
Dans l’évangile de Matthieu, l’évangéliste parle explicitement de la « Parole du royaume » (cf. Mt 13, 19). Mais, il ne s’agit pas d’une autre parole. La Parole du Royaume, c’est la prédication-même de Jésus Christ… c’est une Parole capable de faire advenir le règne de Dieu, là où elle est accueillie… c’est une parole agissante, puissante, capable de transformation : capable de pardonner, de relever, de guérir.

Ecouter la Parole, c’est donc, bien sûr, la recevoir, se l’approprier, en vivre et se laisser transformer par elle. Et, c’est au fond synonyme de « suivance » : C’est suivre Jésus Christ, qui est lui-même « Parole de Dieu »… qui est celui qui a incarné et pleinement vécu cette « Parole du Royaume ».

Du coup, je crois qu’il faut bien entendre la promesse qui se dégage de la dernière situation évoquée par la parabole : le cas de la semence tombée dans la bonne terre.
Jésus nous dit ici le pouvoir étonnant de la Parole du royaume : là où sa Parole est réellement entendue, accueillie et intégrée … là elle prend racine dans la vie de l’homme… là… elle devient semence de vie, elle est capable de transformer l’existence de celui qui la reçoit. Elle lui fait porter du fruit en abondance.

* A côté de cette puissance de transformation et de fructification de la de la Parole, l’histoire nous dit aussi la fragilité de la graine. Et c’est là un 2ème point, un 2ème étonnement : le taux d’échec important de la semence.
Nous avons à faire à une semence qui dans 3 cas sur 4 ne donne rien.

3 échecs pour 1 seule réussite ! C’est une caractéristique essentielle de la proclamation de la Parole : Les obstacles sont nombreux.
La Parole est en concurrence avec d’autres paroles, avec un flot de paroles incessantes et ininterrompues dans notre monde : celui des médias (journaux et télévision), d’internet, des réseaux sociaux, qui – il faut l’avouer – bien souvent, réduisent notre actualité à l’événementiel, à la simplification, à la caricature ou au voyeurisme.

Au milieu de ce bruit, de ce flot… de ce chaos médiatique, l’homme n’arrive plus forcément à faire le tri entre l’essentiel et l’accessoire… entre l’important et le superflu… et, plus fondamentalement, entre ce qui le construit, ce qui le nourrit, et ce qui le détruit, ce qui l’abîme.

L’homme est tellement happé par tout ce qui se présente à lui dans l’immédiateté… qu’il n’a plus le temps de se poser, pour réfléchir et débattre. Il n’a plus l’occasion d’entendre, d’écouter la Parole, de la mâcher et de s’en nourrir.

C’est un état de fait : De nos jours, la Parole – la Parole du royaume – passe complètement inaperçue dans le concert des paroles de ce monde. Il peut s’agir d’un refus volontaire et conscient. Mais davantage, je crois qu’il s’agit surtout d’un refus inconscient, par méconnaissance, désintérêt, manque de temps, surcroît d’activités, autres priorités et autres centres d’intérêts, pour « Mamon », les dieux de la consommation ou les dieux du stade.

Au fond… n’est-il pas plus sécurisant, plus confortable et plus distrayant de ne pas trop se poser de questions ?
N’est-ce pas une tendance naturelle de l’homme que d’aller au plus simple, au plus facile… de se contenter de sa situation ou de se replier sur soi-même, dans l’égocentrisme… face aux injustices de ce monde, devant lesquelles nous nous sentons si souvent impuissants ?

Aujourd’hui… qui se sent encore concerné par la Parole du royaume ?
Qui se préoccupe véritablement de Dieu et de l’Evangile dans notre société ?
Qui s’interroge sur ce que Dieu veut et attend de l’être humain ?
Qui se soucie de connaître le projet de Dieu pour l’homme ?

D’ailleurs, a-t-on encore besoin de Dieu ? A quoi bon s’encombrer d’un Dieu devenu inutile et superflu ? Qu’ai-je à attendre de lui ? Que peut-il m’apporter ce Dieu inconnu ?

Dans notre société post-moderne… le désir du monde, le désir de consommer, d’avoir, de posséder, d’accaparer – autrement dit, la convoitise (cf. Mc 4, 18-19) – a largement pris la place du désir d’être, de vivre en relation... du désir de la Parole… au sens où elle nous éveille à la relation à Dieu et à notre prochain.

C’est d’ailleurs un des dangers évoqués dans la parabole : l’avoir et le souci de l’avoir « étouffent » la Parole et n’en font finalement qu’un discours creux et improductif (v. 19).

En tant que Chrétiens, nous devons prendre acte de ce constat et de ce danger qui viennent nous mettre directement en question.
En tant qu’Eglise, et en tant que membres de cette Eglise, ce risque d’étouffement… vient nous interroger sur la Parole que nous proclamons et que nous entendons à travers la prédication : S’agit-il véritablement de l’Evangile du royaume ? Sommes-nous pleinement fidèles à cet Evangile ?
Osons-nous faire raisonner l’Evangile du royaume dans toute sa radicalité… Ou nous contentons-nous d’un christianisme sage, doux et bien-pensant, qui ronronne en concordance avec le monde ?

Je crois que si nous ne voulons pas laisser les graines de la Parole étouffer sous les épines des préoccupations consuméristes et matérialistes du monde, nous devons sans cesse nous mettre à l’écoute de cet Evangile et voir en quoi il vient nous déplacer, nous bousculer, nous déranger.
Nous devons aussi occuper davantage le terrain de la parole publique pour y faire résonner cette Parole : une autre parole, un autre discours, d’autres valeurs que celles du monde…. et y dénoncer toutes les formes d’idolâtrie et de réduction de l’humanité de l’humain.

Car, c’est bien ce que fait l’Evangile du royaume… pour peu que nous nous mettions à son écoute :
Il vient nous faire sortir de nous-mêmes, de nos ornières, de notre indifférence, de notre confort, de notre soi-disant impuissance… pour nous ouvrir les yeux, pour nous appeler à nous mettre en route… à agir… ici et maintenant.[1]

* Enfin, en lisant cette parabole, nous pouvons relever un 3ème point, un 3ème étonnement : c’est le succès de la semence, malgré les obstacles et les échecs.

Dans 3 situations, la semence ne donne rien. Mais, dans le dernier cas – lorsqu’elle trouve une bonne terre – la récolte débouche sur une production exceptionnelle.

A l’époque de Jésus, le rendement du fruit dans le cas d’une bonne récolte était vraisemblablement de 7 pour 1.
10 pour 1 était déjà exceptionnel.
Dans le cas de la parabole, le rendement du fruit est de l’ordre de 30, de 60 ou de 100 pour 1. Ce qui est tout a fait démesuré et étonnant. Qui a déjà vu un épi de 100 grains ?

Par ce succès – cette exagération même – Jésus veut montrer le pouvoir étonnant de la Parole.
Certes, cette Parole est fragile, mais elle est, en même temps, puissante et vivifiante : c’est une Parole de vie, susceptible d’engendrer la vie.

En d’autres termes, l’Evangile nous laisse entendre que le royaume de Dieu est véritablement manifeste, là où la Parole semée est reçue, accueillie et transformée en une multitude de fruits abondants.

D’une certaine manière, nous pouvons voir ces fruits aujourd’hui dans notre monde :
A l’image de la semence qui produit beaucoup de fruits : 30 pour 1, 60 pour 1, 100 pour 1… le nombre de Chrétiens et de Protestants ne cesse d’augmenter dans le monde. Nous pouvons, bien évidemment, nous en réjouir, même si ça ne correspond pas à notre réalité, ici, en France et en Europe.

Un tel succès nous pose une question : Comment cette Parole fait-elle pour croître, pour se développer dans le monde ? Comment la semence fait-elle pour produire du fruit, qui, à son tour, donnera de nouvelles semences ?

La 2ème parabole de l’Evangile que nous avons entendue – celle de la graine qui pousse d’elle-même (cf. Mc 4, 26-29) – nous dit que la semence pousse toute seule, automatiquement, sans aucun effort particulier de l’humain.
La seule chose que nous ayons à faire, c’est de nous ouvrir à la Parole, de lui laisser l’espace – la place nécessaire – afin qu’elle puisse germer et croître d’elle-même, en nous-mêmes.

Si la semence pousse ainsi toute seule, mystérieusement, il y a malgré tout un préalable, un apriori : C’est que la semence soit jetée en terre. Cela veut dire que cette semence qu’est la Parole… pour pouvoir être entendue… doit préalablement avoir été annoncée et proclamée.

Or, aujourd’hui… qui témoigne ?… qui annonce vraiment la Parole dans notre pays et notre Europe en voie de déchristianisation ?
Où peut-on entendre cette Parole… en dehors des lieux de culte, des temples et des églises ?

Il me semble que c’est bien là le problème…
On ne peut pas attendre de quelques individus isolés – pasteurs ou prêtres – qu’à eux seuls, ils sèment la Parole.
On ne peut pas se contenter de semer cette Parole uniquement dans des lieux de culte, fréquentés par une minorité.
L’Eglise doit sortir d’elle-même… se faire entendre au-delà de ses mûrs. La Parole doit être semée plus largement : ailleurs et par d’autres semeurs.

En bref… si cette Parole que nous avons reçue, n’est pas transmise et semée par nous-mêmes… par ceux-là même en qui elle a pris racine et germé… alors, qui d’autre – sur qui devrons-nous compter – pour la répandre et la transmettre ?

Avant de savoir si la semence /la Parole va ou non trouver un bon terrain /une oreille attentive et un cœur ouvert… – ce qui dépend de l’auditeur – …  il faut déjà savoir si la semence a (ou non) été semée.
Et cela dépend de nous !… cela dépend de ceux qui ont été ensemencés… de ceux chez qui la graine a déjà pris racine.

Ainsi, dans la parabole, lorsque Jésus parle d’une Parole capable de « donner du fruit » (v.8), de « porter du fruit » (v. 20), nous devons y déceler 2 aspects :
- Ce sont, d’une part, les fruits de la semence, les fruits de la Parole dans la vie de chacun… des fruits dont nous sommes au bénéfice, par l’effet-même de la croissance de la Parole dans notre vie, par la transformation produite et la fructification en chacun. 
- Mais, d’autre part, ce sont aussi des fruits – de nouvelles semences – destinées aux autres.
Il faut que les fruits – les nouvelles graines ainsi obtenues – puissent, à leur tour, être largement répandues à destination de tous… afin que d’autres hommes puissent s’en nourrir.

Nous sommes donc appelés, tour-à-tour, à être le terrain qui accueille la graine… et – une fois que cette graine a germé… une fois qu’elle a fécondé notre existence et fructifié en nous – nous sommes aussi appelés à être des semeurs, à semer la graine de la Parole, autour de nous… à la suite de Jésus.

Dans les épîtres de Paul, « semer » est synonyme d’« annoncer » (cf. 1 Co 9, 11 ; Ga 6, 7-8).
Si on rapporte aussi ce sens à cette parabole, cela signifie bien que nous sommes, d’une part, appelés à accueillir la graine de la Parole en nous, et, d’autre part, invités à semer les fruits de cette graine – de nouvelles graines – autour de nous.
Cela s’appelle, en jargon théologique, la régénération et la sanctification (comme processus de participation et de transformation) et le témoignage, la proclamation (comme processus de transmission de la Parole reçue).

Conclusion :  Alors… chers amis… pour conclure…. que peut-on retenir de cette méditation

En écoutant ces paraboles ce matin, nous nous rappelons cette évidence que nous ne savons jamais réellement où tombe la semence.
Peut-être qu’à certaine période de notre vie, avons-nous été comme des endroits pierreux ou jonchés d’épines, et peut-être qu’à d’autres moments, sommes-nous comme de la bonne terre ?
Quoi qu’il soit, il ne tient qu’à nous de nous mettre véritablement à l’écoute de la Parole, et de marcher à la suite du Christ, Celui qui a été à la fois semeur et semence.

Par ailleurs, si cette parabole du semeur nous invite à ouvrir nos oreilles et notre cœur pour recevoir la Parole… elle nous rappelle ce qu’écouter veut dire.
Ecouter la Parole, ce n’est pas simplement l’entendre et y adhérer de façon intellectuelle. Jésus ne nous appelle pas à dire « oui et amen… je crois en Dieu… ou, oui, je crois à la déclaration de foi de l’Eglise Protestante Unie ». Bien plutôt, il nous appelle à emprunter un chemin, à suivre une route… celle de l’Evangile… en nous engageant dans la quête du Royaume.
Ecouter la Parole, relève d’une adhésion existentielle, qui implique toute notre vie…. notre être, dans toutes ses dimensions. Il est question ici d’accueillir une Parole, de se l’approprier, pour en vivre, pour nous laisser transformer par elle, pour porter du fruit. 

Et c’est en cela que la Parole de Dieu n’est pas de l’ordre d’une bonne morale à appliquer. Jésus ne s’adresse pas à nous de l’extérieur, comme quelque chose – une loi – qui s’imposerait à nous. Il vient nous parler, nous toucher, nous saisir, de l’intérieur. Il s’adresse à notre intériorité, à notre âme, à notre cœur, pour nous laisser déplacer et transformer par sa Parole.

C’est en cela que l’image de la semence est une excellente comparaison : pour peu que nous ouvrions les portes de notre cœur, de notre intériorité, la parole de Dieu peut pénétrer en nous comme une semence dans la profondeur de la terre. Et dès lors, elle peut pousser en nous, pour nous faire grandir et produire du fruit.

Dès lors… ces fruits produits…nous n’en sommes pas les seuls bénéficiaires. Ils sont destinés à être répandu sur d’autres terrains. Nous sommes appelés, à notre tour, à être des semeurs de semence, à être des témoins… à annoncer l’Evangile.
Car, c’est bien à cela que servent les semences : une fois produites, elles doivent être jetées en terre, pour d’autres, pour pouvoir pousser ailleurs dans de nouveau champs.
Cela est de notre responsabilité. C’est à nous de semer l’Evangile autour de nous, d’oser témoigner de Celui qui nous fait vivre en vérité.

Je sais bien que dans notre Eglise réformée, nous sommes souvent timides et réservés à ce sujet. Mais, avouons-le humblement, c’est un tord !
Et c’est peut-être une des raisons pour lesquelles nos temples sont loin d’être plein : Nous ne semons pas assez l’Evangile autour de nous… nous n’osons pas le faire !
Mais, comment voulons-nous que notre monde change et se transforme… comment voulons-nous qu’il soit salé au goût de l’Evangile… si nous-mêmes nous ne le faisons pas ?
Être semeur de la Bonne Nouvelle, ce n’est pas un travail réservé à Jésus, aux apôtres ou aux pasteurs. Tout chrétien qui place sa confiance en Dieu et en sa Parole est appelé à le faire.
Il est appelé à témoigner autour de lui, à sa famille, à ses amis, à ses relations, de ce qui est important dans sa vie, de ce qui lui donne du sens, du poids, de la profondeur… de ce qui l’oriente dans ses choix de vie.

Chers amis, nous sommes parfois fatigués ou pessimistes de voir nos temples se vider… cessons de nous inquiéter ou de le regretter et passons à l’action :
- Tout d’abord, soyons confiant dans l’œuvre divine : l’Esprit saint continue de souffler, ici et maintenant, aujourd’hui comme hier.
- D’autre part, n’ayons pas peur… n’ayons pas peur de participer au débat public et privé dans notre réseau relationnel et dans notre ville.
En tant que Chrétiens, nous avons des choses à dire sur notre manière de voir le monde.
Nous avons une Parole à annoncer face aux impasses ou aux mauvaises orientations que peut prendre notre monde ou nos gouvernants. 
Nous avons une espérance à dire dans un monde bien souvent désabusé, sans direction et sans perspective.
Nous avons une Parole de protestation à faire entendre là où règne l’injustice, là où les plus faibles, les plus petits sont écrasés, par la convoitise des puissants.
N’ayons pas peur de faire usage de notre parole, car si cette parole est nourrie et habitée de la Parole de Dieu… soyons assurée qu’elle jettera des semences d’amour, de confiance et de guérison, aptes à transformer positivement notre monde.   
Amen.



[1] Mais, dans notre société, il n’y a pas que cela… les gens ont aussi soif de spiritualité et de développement personnel. C’est vrai ! On voit se développer de plus en plus de propositions de coaching personnel.
Ici ou là apparaissent des propositions de formations. En ville, j’ai récemment vu une affiche : « Atelier de croissance personnelle - Oser se construire pour mieux vivre ».
Pour autant, il faut également interroger ce type d’offre ou de demande :
Est-il tournée vers soi, vers un développement de l’ego… ou vers les autres, vers un « être plus attentif et plus attentionné » à l’autre.
Est-ce que « je me construis » moi-même, tout seul, par mes seules forces ou est-ce à travers la Parole d’un Autre, le dialogue avec un autre.
Prenons l’exemple de la prière. Dans la mesure où elle nous met en relation intime avec Dieu et avec nous-même, je suis convaincu que, loin de nous recroqueviller sur nous-mêmes, la prière nous ouvre aux autres et à la préoccupation du prochain.
Mais, est-ce le cas de toutes les formes de spiritualités, de méditations ou des demandes plus ou moins ésotériques et magiques que nous pouvons rencontrer aujourd’hui ? Je n’en suis pas convaincu.