Lectures
bibliques : Jn 3,11-17 ; Mt 16, 13-23 Mt 16, 13-23
Thématique :
Jésus, le Messie de l’Evangile de la non-domination
Prédication
de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 11/01/15
(Prédication
largement inspirée de deux méditations : une de Jean-Marc Babut, sur Mc 8,
27-33 in « Actualité de Marc »
et une de Louis Pernot du 18 mai 2014)
Avant les lectures bibliques
Nous
sommes tous choqués des événements de cette semaine : les attentats en
France et les 17 personnes qui ont perdu la vie dans un déferlement de violence.
Ce matin,
je ne vais pas revenir en détail sur cette tragédie … Le monde médiatique et
politique se sont très largement étendus sur ces événements terribles.
Pour
autant… hasard des lectures… les passages de l’évangile d’aujourd’hui peuvent
nous apporter un éclairage. C’est ce que nous allons voir un peu plus loin… au
fil de notre méditation
Notre
passage porte sur deux situations : l’identité de Jésus (qui
est-il ?) et l’annonce de sa passion. Les déclarations de l’apôtre Pierre
permettent d’établir un lien entre les deux passages successifs.
Lectures bibliques : Jn 3,11-17 ; Mt 16, 13-23
Prédication
* Jésus…
qui est-il pour nous ?
Chacun
donnera une réponse en fonction de sa foi et de sa manière d’envisager la vie
sous le regard de Dieu.
Pour bon
nombre de nos contemporains, Jésus n’est plus vraiment d’actualité : c’est
plus ou moins un inconnu… une figure du passé… un personnage ringard et démodé de
la religion… quelqu’un qui ne tient aucune place dans leur existence ou leurs
préoccupations.
Pour les
Chrétiens, il n’en va pas de même. Jésus est le héraut de l’évangile du
Royaume… Celui qui a enseigné et vécu jusqu’au bout ce qu’il a annoncé. Il est
le révélateur de l’amour de Dieu... Celui qui vient nous appeler à changer de
mentalité… qui vient nous relever et nous apporter le salut.
C’est
d’ailleurs le sens du mot « Jésus » qui signifie « Dieu
sauve ». Ce qui peut être compris dans beaucoup de sens : Celui qui
nous libère, qui nous délivre, qui nous apporte la paix, la confiance, la
guérison.
Dans le
sens premier, « sauver » quelqu’un, c’est l’arracher à la mort… et il
y a de nombreux types de mort : l’enferment dans le péché, la faute, la
culpabilité, le passé, la loi, le conformisme… ou encore, l’égoïsme, la peur, l’angoisse,
l’absurde, le non-sens, etc.
Bien
sûr, dire que « Jésus » est sauveur, cela ne veut pas dire qu’il nous
sauve de la mort physique. Physiquement, nous sommes des êtres mortels. Jésus
ne nous sauve pas en nous faisant sortir de notre finitude, de notre condition
humaine. Il nous invite davantage, à vivre toutes les dimensions de cette
humanité, y compris la dimension spirituelle de notre être.
Dire que
Jésus nous sauve, c’est affirmer qu’il nous donne accès à la vie éternelle… à
la dimension spirituelle et invisible de notre être… qui transcende l’aspect physique
et le temps.
Non
seulement Jésus annonce qu’il y a quelque chose d’immortel en nous, que l’homme
n’est pas condamné à la mort, mais promis à la vie. Mais il nous permet
également de développer cette dimension éternelle de notre existence, parce que
l’Evangile, c’est un programme pour vivre en communion avec l’Esprit de Dieu,
pour élever notre être dans la dimension de l’éternel, au delà des anciennes
programmation animales d’égoïsme, de matérialisme, de pouvoir ou de domination
– dont nous avons eu une terrible illustration cette semaine avec ces attentats
– … pour nous permettre de dépasser ces modes de penser qui ne mènent à rien
d’essentiel… et qui sont condamnés à disparaître.
Ainsi, nous
pouvons dire – avec l’évangile selon Jean (Jn 3,16) – que celui qui croit en
Jésus a la vie éternelle… qu’il est déjà dans cette dimension spirituelle et éternelle
de la vie.
* Mais
les contemporains de Jésus, les disciples… que disent-ils au sujet de leur
maître ?
Pour
eux, Jésus apparaît comme un personnage à la fois attachant et déroutant.
Attachant, parce qu’il s’intéresse et vient en aide aux personnes qu’il
rencontre. Déroutant, parce qu’il se montre étonnamment libre face à toutes
sortes de contraintes, sociales ou religieuses. C’est ainsi qu’il n’hésite pas
à toucher un lépreux, pourtant catalogué comme impur, donc intouchable ;
il se permet de pardonner les péchés d’un paralysé ; il mange avec des
collecteurs d’impôts ; il opère des guérisons le jour du sabbat ; il
récuse les obligations religieuses de pureté, et il ne craint pas de menacer
les démons. Que d’audaces et de liberté par rapport aux religieux de son temps,
aux conservateurs, aux Pharisiens ou aux Sadducéens !
Par son
manque de conformisme, Jésus ne manque pas d’inquiéter. C’est donc pour se
rassurer, et sans doute aussi pour maintenir une certaine distance, que les
gens de son temps se plaisent à le classer dans l’une ou l’autre des catégories
connues et inventoriées : Jean-Baptiste ressuscité[1],
Elie (l’annonciateur des derniers temps) revenu à la vie, ou un prophète comme
Jérémie (qui est, de tous les prophètes, celui qui a dû supporter le plus de
contradictions de la part de la classe sacerdotales et des anciens de son
peuple, et qui a connu une histoire tragique).
On ne
sait pas trop si tous les auteurs de ces opinions ou de ces rumeurs croyaient à
la réincarnation (?), mais toujours est-il qu’ils voient en Jésus un
personnage extraordinaire, hors du commun.
Dans
notre passage, c’est Pierre qui, sous l’élan d’une révélation de l’Esprit du
Père, va décliner l’identité véritable de Jésus : « Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant » (Mt 16,16).
Il
faut chercher le sens de ce titre de « Christ » qui est donné à Jésus.
Certains
croient encore aujourd’hui qu’il s’agit de son nom (monsieur Jésus Christ),
mais il s’agit en fait d’un titre. « Christ » vient de « christos » en grec qui signifie « oint
», celui qui a reçu l’onction d’huile, qui est recouvert de l’huile
représentant la présence de Dieu pour accomplir une mission particulière.
En
hébreu « oint » se dit « mashiah »,
ce qui a donné le mot « messie ». Ainsi, « christ », « messie »,
et « oint » veulent dire la même chose.
Dans
l’Ancien Testament, il y avait trois catégories de personnes qui étaient ointes
: les rois, les prophètes et les prêtres. Parce que l’huile, source de lumière
(par les lampes), de nourriture, et de vie (pour soigner les blessures) représentait
la présence de Dieu… on l’utilisait pour dire que quelqu’un pouvait agir en
étant rempli de la présence de Dieu.
Le roi
était oint pour signifier qu’il pouvait gouverner revêtu de l’autorité de Dieu,
le prophète qu’il pouvait parler au nom de Dieu, et le prêtre parce qu’il avait
cette même dignité de pouvoir gérer les affaires divines.
Ainsi,
dire que Jésus est « Christ » veut dire qu’il est pour nous, roi, prophète et
prêtre. Il est notre roi parce que nous voulons le servir et qu’il nous
protège ; il est prophète parce qu’il parle au nom de Dieu dont il est
même la Parole incarnée ; et il est le seul prêtre, seul intermédiaire
avec Dieu.
L’autre
terme de la confession de foi de Pierre, c’est que Jésus est « fils de
Dieu ». Cela, bien sûr, il ne faut pas le comprendre d’un point de vue de
biologique ou génétique, il l’est spirituellement. C’est d’ailleurs ce que dit
Paul au début de l’épître aux Romains : « né
de la descendance de David selon la chair, et établi Fils de Dieu avec
puissance selon l'Esprit de sainteté, dès la résurrection des morts » (Rm
1,3-4). C’est une manière de dire que tout ce qu’il est, il le tient de Dieu.
Dans la
Bible, l’expression « fils de... » est
utilisée régulièrement pour désigner quelqu’un qui incarne une idée : Ainsi,
Paul nous invite-t-il souvent à ne pas être des « fils de la rébellion
» ; le Christ nous invite à être des « fils de paix » (Lc 10, 6) ;
etc.
Jésus,
lui, n’est pas seulement le fils de la promesse, de la grâce ou de la paix,
mais plus exactement et plus pleinement « fils de Dieu », parce qu’il
est comme l’incarnation de cette réalité spirituelle qui est Dieu… qui vit en
lui (Mc 1,10-11 ; 2 Co 5,19) … et dont il est l’image, le représentant.
On pourrait
aussi dire qu’en hébreu le mot « fils », comme en français le mot « garçon »,
peut désigner l’enfant, mais aussi le serviteur : Jésus est ainsi le
serviteur de Dieu, son lieu-tenant, son représentant, celui qui est plein de sa
présence.
Autrement
dit, pour Pierre, Jésus est « le
Messie, le Fils du Dieu vivant », c’est-à-dire le révélateur unique et
définitif du visage du Père au milieu des hommes.
* Mais
que dit Jésus de cette affirmation ?
Il ne la
contredit pas. Il l’accueille et l’approuve même. En même temps, il donne aussitôt
une consigne de silence à ses disciples.
L’évangéliste
précise que le maître prend même un ton sévère pour appuyer sa recommandation
de ne laisser entendre à personne qu’il est le Messie de Dieu (cf. Mt
16,20 ; Mc 8, 30).
Pourquoi
une telle réserve, une telle demande ? Sans doute pour éviter les
malentendus :
Jésus
est bien le Messie de Dieu, mais pas du tout comme les gens de son temps
l’espèrent.
Ce que
tous attendent, c’est l’avènement d’un nouveau David, d’un sauveur politique,
d’un souverain triomphant qui, avec l’aide de Dieu, délivrera Israël du joug
oppressant de l’occupant romain.
Mais,
Jésus n’est pas – et ne veut pas être – ce genre de sauveur-là. Il y en a eu
d’autres avant lui, il y en aura d’autres après lui, mais le salut que ces
sauveurs-là apportent n’est jamais qu’éphémère et trompeur. Il n’est qu’une
autre forme de pouvoir et de domination.
Le salut
que Jésus propose est autrement profond et durable : il touche notre
mentalité naturelle – que Jésus nous invite à complètement changer – cette
mentalité habituelle qui peut être toute aussi dangereuse et dévastatrice pour
notre monde et pour nous-mêmes que n’importe quel régime oppresseur.
Pierre a
donc raison de reconnaître en Jésus le Messie, mais, en même temps, la suite du
passage nous montre qu’il ne sait pas vraiment ce qu’il dit.
Entre
parenthèses, ce n’est peut-être pas pour rien que Jésus utilise un autre
vocabulaire – tout-à-fait différent – quand il parle de lui : il se
présente davantage comme « le Fils
de l’homme » (Mt 16, 13). Un titre qui dit désigne aussi bien le
représentant du genre humain – l’Homme véritable – qu’une mystérieuse figure
humaine, empruntée au livre des psaumes, à Ezéchiel ou à Daniel. Dans le livre
de Daniel (Dn 7, 13-14), ce Fils de l’homme, à la fin des temps, reçoit de Dieu
les pleins pouvoirs sur l’ensemble des peuples du monde, et son royaume ne sera jamais détruit.
* Or, quand Jésus se met à parler du destin de ce Fils de l’homme
(Mt 16, 13-23 ; Mc 8, 31-33), il annonce que celui-ci doit s’attendre à
beaucoup souffrir ; qu’il sera rejeté par les autorités religieuses de son
temps, qu’il sera mis à mort et que, le troisième jour, il sera ressuscité.[2]
En entendant cela, Pierre est profondément choqué par cette
annonce de Jésus. Et sans doute aurions-nous réagi comme lui.
En tant que disciple, il désire plus que tout le succès de son
maître, et, dans son idée, réussir ne peut aller sans pouvoir ni sans gloire,
c’est-à-dire sans honneurs, sans que tous reconnaissent la valeur, le mérite et
la puissance du nouveau chef de file de l’humanité.
Pour Pierre, comme pour nous, réussir implique confort,
privilèges, durée.
Alors, que le Fils de l’Homme soit livré aux souffrances, au
mépris et à la mort lui paraît une chose impensable, incompatible avec l’ambition
qu'il a pour Jésus.
Il est tellement sûr de lui-même et de sa vérité qu'il va jusqu’à
« rabrouer », jusqu’à « réprimander » Jésus.
La vérité qu’il détient est tellement évidente à ses yeux que
Jésus – à moins de déraisonner – ne peut pas, selon lui, ne pas se rendre à
cette évidence. Pierre lui fait donc la leçon, il cherche à lui imposer son
point de vue.
Il n’a pas encore compris – semble-t-il – que Jésus et son
Evangile prennent le contre-pied des certitudes habituelles que Pierre partage
avec tous les autres humains.
Pour sa part, Jésus est pleinement conscient de ce qu’il annonce.
Il répond à Pierre avec des mots assez durs : Il le traite de « Satan »,
de tentateur.
C’est que
l’opinion dont Pierre ne veut pas démordre, comme tous les humains depuis que
le monde est monde, représente pour Jésus la tentation par excellence : la
tentation du pouvoir, de la puissance… comme le révèle également le récit de
tentation de Jésus au désert, après son baptême (cf. Mt 4).
A vrai dire, cette tentation est celle de tout homme dans son
désir de toute-puissance : de se mettre au centre, d’être dieu à la place
de Dieu.
N’est-ce pas d’ailleurs, ce que nous montre les attentas de cette
semaine : des fous de dieu… qui croient en un dieu tout-puissant,
intouchable, dur et implacable avec les infidèles… des hommes, en réalité, qui
se prennent eux-mêmes pour des petits-dieux… capables de punir, de tuer, de se
venger, d’agir au nom d’un dieu violent et jaloux… un dieu qui n’est que la
projection de leur propre désir de puissance… un dieu qui n’a rien à voir avec le
Dieu d’amour dont Jésus-Christ est l’ambassadeur.
Pour Jésus, c’est ce penchant inné pour ce qui est fort, pour les
honneurs, le pouvoir, la réussite qui écrase… qui nous divise et qui est
susceptible de mener notre monde à sa perte. C’est cela qui est satanique.
« Satan » n’est pas cette puissance mauvaise, rivale de
Dieu et extérieure à nous-mêmes, comme on a tendance à la définir.
Satan le tentateur, tout au contraire, est incrusté profondément
en nous… quand nous nous faisons le centre du monde… quand nous laissons parler
notre égocentrisme et notre orgueil… dans cette aspiration que nous partageons
avec toute l’espèce humaine pour la domination et les diverses formes de
pouvoir. Tout ce à quoi s’oppose l’Évangile de Jésus.
* Je disais, en commençant cette méditation, que les gens
d’aujourd’hui, dans leur immense majorité, considèrent que Jésus n’est plus
d’actualité.
Malheureusement, les terribles évènements de cette semaine nous
montre, une fois encore, l’erreur d’un tel jugement :
Depuis 2000 ans, depuis Jésus, le monde a certes beaucoup
évolué : on a inventé et découvert des choses extraordinaires : la
voiture, le train, l’avion, l’électricité, le téléphone, la radio, la
télévision, la montre, les microscopes, les télescopes, la pile atomique et la
bombe, l’ordinateur, Internet, les fusées et les sondes spatiales, etc. etc.
L’être humain a acquis un nombre incroyable de connaissances et de
moyens d’actions. Mais, au fond, il est strictement toujours le même :
Au temps du prophète Elie, il pouvait tuer les prophètes concurrents
de Baal au nom du Dieu d’Israël (cf. 1 R 18). Au moyen-âge, il pouvait
organiser des croisades sanglantes à Jérusalem, soi-disant au nom de Dieu. Et aujourd’hui
encore, au nom d’un autre dieu, des extrémistes ou des fanatiques commettent
des assassinats et des attentas en France ou ailleurs. Rien n’a vraiment
changé.
Qu’il soit nord- ou sud-américain, européen, russe, chinois,
africain, israélien ou arabe… l’homme n’aspire toujours qu’à dominer, et pour
cela à éliminer.
Or, l’évangile prend le contre-pied de cette aspiration atavique
(héréditaire) que Jésus dénonce comme satanique.
Le salut que Jésus veut offrir à notre humanité commence et
consiste en un changement radical de mentalité. C’est ce que Jésus proclame à
l’issue de son expérience spirituelle au désert : « Convertissez-vous / changez de mentalité : le règne de
Dieu s’est approché » (Mt 4,17).
Jésus, le Fils de l’homme, celui qui appelle à ce changement de
comportement, est celui qui va lui-même vivre ce message de non-domination
jusqu’au bout.
Ce message, il commence par le respect du décalogue (des 10
paroles). Et si celui-ci avait était respecté, il y aurait eu moins de tragédies
cette semaine. Je cite deux de ces commandements : « Tu ne prononceras pas à tort le nom du Seigneur, ton Dieu
[…] » Tu ne l’utiliseras pas en vain ; « Tu ne commettras pas de meurtre » (Ex 20, 7.13 ;
Dt 5, 11.17).
Mais, Jésus va plus loin, il remet au cœur de son enseignement
l’amour de Dieu et du prochain (Mt 22, 34-40) : il se fait l’apôtre de la
non-violence, de la non-domination. Il appelle à ne pas rendre, à sortir de
l’engrenage de la réciprocité, de violence et de la haine, à agir avec gratuité
et pardon (cf. Mt 5 & Mt 18).
A contre-courant de l’idéologie universelle, Jésus n’a donc pas la
partie facile, ni jadis ni aujourd’hui.
Pourtant, malgré les oppositions et les résistances de toutes
parts – celles des autorités religieuses de son temps et même celles des
disciples – Jésus se refuse absolument de trahir l’évangile dont il est le
porteur, il est résolu à ne pas renoncer et à aller jusqu’au bout.
* « Jésus Christ commença
à montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en
aller à Jérusalem, souffrir beaucoup […], être mis à mort et, le troisième
jour, ressusciter » (Mt 16, 21)
Comment
comprendre ce « il faut », ce devoir ?
Est-ce
une fatalité ? Est-ce à dire que cette destinée tragique aurait été en
quelque sorte programmée par Dieu ?
Je ne le
crois pas.
Ce
« il faut » traduit la volonté de Jésus de vivre jusqu’au bout
l’Evangile de la non-domination… malgré les résistances et les risques qu’il connaît.
Jésus
sait que son message n’est pas reçu, que les oppositions sont importantes et
telles que cela va sûrement mal finir.
En même
temps, son désir de fidélité à l’égard de son Père, rejoint la volonté de Dieu,
son projet pour les humains : à savoir, que cet Evangile finisse par avoir
le dernier mot sur notre terre.
Autrement
dit, la volonté de Dieu n’est pas un destin. Ce n’est pas une chose qui
s’impose à nous de l’extérieur, sans notre participation. Ce n’est pas une
chose qui aurait été décidée et programmée par un Autre, sans réponse de notre
part.
La
volonté de Dieu, pour être opérante et visible, doit d’abord être faite par des
humains. Et il se trouve qu’il y a au moins une personne sur notre terre qui
s’est engagée à la faire quoi qu’il arrive : c’est Jésus.
Ainsi,
il faut entendre, dans cette annonce de sa souffrance et de sa mort prochaines,
la libre réponse de Jésus à son appel, à sa vocation de Messie, et l’engagement
qu’il prend devant ses disciples de ne jamais trahir l’Evangile dont il est le
porteur, même s’il doit prendre des coups et y laisser la vie.
On peut
également y entendre, avec l’annonce de sa résurrection, la confiance et
l’assurance que Dieu aura le dernier mot dans cette affaire… la certitude que
l’Evangile, même contesté et rejeté, se relèvera avec lui pour toujours.
Paradoxalement,
c’est dans cette annonce de la passion que se cache pour nous la bonne nouvelle
de ce jour :
On y
découvre, en effet, jusqu’où Jésus est prêt à aller pour ne pas trahir
l’Evangile de notre salut et donc pour que notre monde puisse enfin être sauvé
du démon de la domination.
Dans
cette annonce se cache tout l’amour que Jésus nous portait déjà, à nous, les
humains.
Précisons
– pour conclure – que ce que Jésus était prêt à faire et à vivre, c’est le
contraire de ce que les fous de dieu ont fait cette semaine en France :
Certes,
Jésus, comme ces extrémistes, était prêt à mourir. Mais, alors que Jésus l’a
fait en se laissant arrêter et crucifier, en donnant sa vie, par amour… les
terroristes l’ont fait en prenant la vie d’autres humains, en semant la mort, l’horreur
et la désolation. A croire que tous les humains n’ont pas la même image de
Dieu.
C’est
donc sur ce chemin de la liberté, de la non-violence et de la non-domination,
que Jésus nous appelle et nous attend.
Osons,
dans le contexte d’aujourd’hui, réentendre ses paroles : Convertissez-vous/ changez de
mentalité : le Règne de Dieu est proche (cf. Mt 4, 17)… il est à votre
portée (Lc 17,21)… Laissez-vous renouveler par l’Esprit du Seigneur (Rm 12).
Amen.
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