samedi 24 décembre 2016

Lc 2, 1-14

Lectures bibliques : Lc 2, 1-14 ; Mc 10, 13-16 ; Mt 5, 13-16
Thématique : vers un monde d’accueil et d’hospitalité
Méditation de Pascal Lefebvre / Marmande, le 24/12/16 : Veillée de Noël

Joseph et Marie sont montés jusqu’à Bethléem pour se faire recenser. Marie est sur le point d’accoucher... Mais "il n’y a pas de place pour eux dans l’abri des voyageurs" (cf. Lc 2, 1-14)

Le rappel de cette situation rejoint notre actualité… et peut être pour nous source de réflexion et de méditation :

Le jeune couple, Marie et Joseph viennent de frapper à l’hôtellerie : point de place.
Il y a urgence, la situation est critique : Marie est sur le point d’accoucher.
Il faut vite trouver une solution…

Ils ne cherchent pas un quatre étoiles, ils se retrouvent dans une étable avec des myriades d’étoiles.
La vie n’attend pas, elle nous pousse en avant et c’est une chance. La vie nous devance. Elle est plus forte que nos lourdeurs et nos pesanteurs : elle est grâce.

Le lieu de naissance pour Jésus : une simple étable, avec un bœuf et un âne – comme le croit la tradition – et, certainement, des courants d’air !

Ainsi, le Messie naît dans l’humilité : signe pour tous les humains que la simplicité et la sobriété sont certainement les conditions nécessaires pour un salut universel, un salut pour tous… les conditions nécessaires pour s’ouvrir au partage… alors qu’on croit encore au bonheur par plus d’avoir et de pouvoir… un bonheur qu’il faudrait arracher en s’accaparant les biens et les richesses du monde, quitte à vivre dans la rivalité permanente et la concurrence avec les autres humains. 

« Jésus » veut dire : Dieu sauve.
Premier signe du « destin » ; premier signe du salut. : un lieu de dénuement… ou la pauvreté devient signe d’ouverture à Dieu et au prochain.
Le salut commence dans une mangeoire d’animaux et une étable ouverte à l’universalité.

Voilà le Sauveur attendu, qui débarque de façon inattendue ,dans un lieu incongru.
Dieu déroute, et pourtant il vient pour mettre l’homme en route.
A Bethléem, Jésus balbutie pour la première fois : " Ceci est mon corps donné pour vous".
Bethléem (la maison du pain) : voilà le premier signe offert au monde !

Dieu se donne à connaître dans la faiblesse d’un enfant, dans la nuit étoilée et dans la paix … malgré le manque de place, malgré la précarité.

Ce signe : c’est aussi celui de l’accueil… malgré tout.
Quelqu’un – un berger peut-être –, malgré sa pauvreté, a osé ouvrir son étable… quelqu’un a fait preuve d’hospitalité, malgré son manque de moyens.

Quelqu’un, un jour, donnera aussi ses faibles ressources : ses cinq pains et ses deux poissons, pour nourrir une foule (cf. Mt 14,17)… pour inventer et permettre le lâcher-prise et le partage… pour libérer et démultiplier les dons.

"Noël" nous rappelle que nous sommes, nous aussi, compagnons d’aventure, à la suite de Jésus :
Nous sommes tous en voyage, en partance… pèlerins sur cette terre.

Jésus, avec ses parents… avant même sa naissance a été de ces voyageurs… jusqu’à l’étable inconfortable… Et après sa naissance, il fut encore en partance, pour l’Égypte cette fois, afin d’éviter le massacre des enfants innocents de Bethléem, initié par Hérode (cf. Mt 2,13-18).
Jésus a dû émigrer avec ses parents… pour fuir la violence humaine : cela nous ramène à notre actualité.

Ces voyageurs nommés : Marie, Joseph et Jésus nous font penser immédiatement à ces nombreux "migrants" en marche sur les routes, les sentiers plus ou moins tortueux d’aujourd’hui.
Ils quittent pays, maison, famille, travail...  ils quittent la guerre, les conflits, la misère, l’insécurité… Eux aussi "n’ont pas de place à l’hôtellerie". Ils marchent au hasard. Ils ont tout quitté.

Une seule pensée les stimule, une petite lueur d’espérance au plus profond du cœur : trouver enfin la paix… trouver du calme, un abri – un refuge – contre les intempéries… trouver un peu de chaleur humaine et d’hospitalité… trouver un peu de solidarité et de fraternité… en un mot "trouver enfin un monde humain"… c’est-à-dire un monde, tel que Dieu l’a voulu – non pas un monde pour la peur, ni pour la guerre – mais, un monde pour le bonheur de la vie, pour l’amour et le partage. 

Il suffit que quelqu’un commence pour initier ce monde nouveau... Il ne faut qu’un peu de sel pour donner un autre goût, une autre saveur à la vie… il ne faut qu’un peu de lumière pour tout éclairer (cf. Mt 5, 13-16).
Il suffit de quelques artisans pour que ce monde naisse avec Jésus :
un monde où l’on dépasse enfin le « chacun pour soi », pour s’ouvrir aux autres… pour s’ouvrir à l’Autre, puisqu’en Jésus, c’est le Tout-Autre qui se fait connaître … Et ce qu’il révèle : c’est que "nous sommes tous Un" : hommes et Dieu, enfin unis et réconciliés.

C’est ce monde de l’accueil inconditionnel que le Christ nous appelle à construire. Il nous appelle à y entrer, à y prendre part.
Jésus l’appellera "le Royaume".

Il suffit, dès lors, d’accueillir cette nouveauté – ce règne de Dieu – comme un enfant, pour y entrer (cf. Mc 10, 13-16).

C’est cela Noël : accueillir le règne de Dieu qui vient jusqu’à nous – en Jésus – comme un enfant, avec un cœur d’enfant… pour libérer la bonté et la générosité qui sont en nous… pour manifester, enfin, la belle lumière que Dieu a placé en chacun de nous.


Amen.

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