lundi 25 décembre 2017

Devenir enfants de Dieu

Lectures bibliques : Jn 1,1-18   ; Rm 8, 11-17 ; Ep 4 & 5 (extraits) ; Mt 5 (extraits) = voir après la prédication
Thématique : Devenir enfants de Dieu ; se laisser conduire et transformer par le Souffle de Dieu
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Noël 2017, Tonneins & Marmande

Prédication

Je vous propose aujourd’hui de méditer sur une phrase de l’évangile de Jean au centre du Prologue : « A ceux qui ont reçu la Parole de Dieu, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12). 
Ce qui peut nous faire penser à un autre verset qu’on trouve dans la 1ère épître de Jean : « Voyez de quel grand amour le Père nous a fait don : nous sommes appelés enfants de Dieu ; et nous le sommes ! » (cf. 1 Jn 3,1a). 

* Tous les ans, à Noël, nous fêtons la venue et la reconnaissance de Jésus comme « enfant de Dieu », comme « fils de Dieu ». Nous le faisons soit en lisant l’histoire de la naissance de Jésus à Bethléem, soit en lisant (comme cette année) le Prologue de l’évangile de Jean. 

Dans les évangiles, nous trouvons à plusieurs reprises cette affirmation : Jésus est Fils de Dieu… Cette confession de foi se découvre aussi bien dans la bouche des disciples et de Pierre (cf. Mt 14,33 ; 16,16) que dans celle d’un centurion romain au pied de la croix (cf. Mt 27,54).

Mais, toute la question est de savoir : qu’est-ce que ça veut dire exactement être « Fils de Dieu »?…  Qu’est-ce que nous mettons derrière ce terme ?

Je vous propose - pour réfléchir à cette question, quelques instants, - de chasser de notre esprit l’idée habituelle qu’on se fait du mot « fils » ou « fille », comme une personne qui a été engendrée physiquement, biologiquement, par ses parents.

Quand on parle de Dieu, et donc de « Fils de Dieu », on ne parle pas, ici, de biologie. 
Si nous pensons que Dieu est Esprit, Lumière, Amour… que Dieu est l’Eternel, le Créateur, le Fondement de tout être… Dieu est plus qu’une personne. Il n’est pas un Être biologique : il est au-delà de l’espace et du temps. Dieu n’est pas une réalité matérielle, visible, tangible, saisissable. 

Du coup,… quand nous parlons d’être « fils de Dieu » : nous parlons d’une réalité spirituelle, et non pas d’une réalité biologique. Il faut évidemment lever ce malentendu… car, c’est souvent un point d’achoppement avec les autres religions.  

Ainsi, les Musulmans ont raison de dire que Dieu ne peut pas avoir de « fils » au sens biologique : ça peut paraître évident… sinon nous ferrions simplement de l’anthropomorphisme.

En revanche, pour nous, Chrétiens, Dieu peut tout à fait avoir un fils… et même des enfants… si nous parlons de ses héritiers au niveau spirituel. 

C’est d’ailleurs une bonne définition du mot « fils » : 

- Être « fils » c’est être héritier de son père (ou de sa mère) : c’est hériter de son éducation, de sa manière de voir, donc de son état d’esprit. 
C’est aussi, agir à la manière de son père : on sait tous que les enfants apprennent en imitant leurs parents. C’est finalement recevoir des valeurs familiales - surtout quand elles sont bonnes et positives - comme quelque chose à adopter, à s’approprier et à transmettre, à son tour, aux générations suivantes. C’est finalement entrer dans une sorte de filiation spirituelle. 

- Mais être « fils » ce n’est pas seulement être « héritier » de son père, c’est aussi, d’une certaine manière, un jour, pouvoir le représenter et même le remplacer - s’il venait à s’absenter : 
Ainsi, on disait autrefois d’un diplomate qu’il était comme le « fils du roi » : c’est-à-dire qu’il était le représentant du roi, son mandataire, son envoyé. Il était appelé à parler au nom du roi. Il était son lieu-tenant (il tenait lieu de roi) ; il le représentait. 

Ces quelques précisions peuvent constituer une approche, pour comprendre le terme « fils de Dieu » qu’on a attribué à Jésus : 

Jésus est déclaré « fils de Dieu », parce qu’il a agi de la même manière que le Père, parce qu’il était animé de son état d’esprit, de son amour… mais aussi parce qu’il nous l’a présenté (cf. Jn 1,18), parce que, d’une certaine manière, il a été, pour ses contemporains, le « Représentant » de Dieu, son mandataire, son envoyé : celui qui est venu parler en son nom. 

* Pour expliquer comment Jésus est devenu « fils de Dieu », les évangiles recourent à plusieurs images : 

- La première se trouve dans l’évangile de Marc : il est dit qu’au moment de son baptême, Jésus a reçu l’Esprit saint, le Souffle de Dieu : Dès lors, il a été habité par cet Esprit d’amour qui vient de Dieu : il a été reconnu comme « Fils bien aimé » de Dieu (cf. Mc 1,11) : 
D’une certaine manière, on peut dire qu’il a été adopté par Dieu : son Esprit était en lui et animait toute sa vie. C’est par la force du Souffle de Dieu, en lui, que Jésus accomplissait des guérisons et qu’il parlait avec autorité et sagesse. 

- Les évangélistes Luc et Matthieu - quant à eux - vont plus loin : pour eux, c’est avant sa naissance que les choses se sont jouées - et pas seulement au moment du baptême.
Selon eux, l’Esprit de Dieu était déjà agissant en Marie, sa mère : donc, d’une certaine manière, Jésus était « prédestiné » à devenir « fils de Dieu ». Dès avant sa naissance, Dieu l’avait « choisi » pour porter son Evangile aux hommes. 

- Quand au Prologue de l’Evangile de Jean, il procède d’une autre tradition et nous propose une autre manière de voir les choses : 
Il nous dit que Jésus est le Fils de Dieu, dans le sens où il est le Révélateur de la Parole de Dieu : il est le Verbe de Dieu fait chair - la Parole de Dieu incarnée… On pourrait dire « personnifiée ». 

Ce qui indique que Jésus est celui qui a manifesté, à la fois, la présence de Dieu et sa volonté, dans l’histoire humaine, dans la chair. 
Puisqu’en Jésus, la Parole de Dieu a « dressé sa tente parmi nous » : cela signifie qu’elle s’est révélée, qu’elle a été dite et présentée.

Pour Jean, Jésus est donc celui qui nous montre Dieu (voir Jn 1,18 et aussi Jn 14, 8-11), qui nous dit sa Parole et sa volonté pour l’humanité.

* Il découle de ces différentes manières de voir les choses, trois conséquences pour nous, qui nous concernent… et qui traitent de ce sujet de façon complémentaire… 
Car, il faut bien comprendre que - pour les auteurs du Nouveau Testament - cette réalité « d’enfant de Dieu », dont Jésus a été le porteur, la figure, le représentant, ne lui est pas réservée : 

Certes, Jésus a pleinement incarné cette réalité de « Fils » comme personne avant lui (pas même Moïse : cf. Jn 1,17). Mais nous sommes - nous aussi - appelés à devenir « enfants de Dieu », à la suite de Jésus… en écoutant sa Parole… en suivant son exemple. 

- Pour le prologue de Jean, désormais, tout être humain peut devenir « enfant de Dieu » comme Jésus : à condition de l’accueillir, de le recevoir, de croire en son nom (cf. Jn 1,12) : 

Jean place la filiation divine sur le plan de la foi, de la confiance : 
Devenir « enfant de Dieu », c’est accepter de faire confiance à Dieu dans sa vie, c’est se mettre à son écoute, et croire que Jésus est le Christ, celui qui vient nous révéler la Parole et la lumière de Dieu.

Pour Jean, la foi commence avec la reconnaissance de Jésus, comme envoyé de Dieu, comme Verbe de Dieu : 
Si vraiment nous croyons que Jésus est la Parole de Dieu faite chair - sa volonté révélée aux humains - alors, nous pouvons nous mettre à son écoute. Nous pouvons décider de vivre de cette Parole dans notre quotidien et dans toutes nos relations humaines. Quelque chose change dans notre vie. 

Il me semble que c’est là la Bonne Nouvelle, le point central de ce prologue : 
Il rappelle le don qui nous est offert - en Jésus et par lui - de devenir « enfants de Dieu », en accueillant sa Parole, en nous enracinant en elle. 

Je cite à nouveau ce verset : 
« Le Verbe (la Parole, le Logos) était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme. […] A ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ceux-là… [sont nés de Dieu]. » (Jn 1, 9.12.13).

- A côté du Prologue, nous avons aussi écouté, ce matin, d’autres passages bibliques, notamment un extrait de l’épitre aux Romains : 

Pour Paul - nous l’avons entendu - être « fils de Dieu », c’est, d’une certaine manière, faire comme Jésus, vivre du même Esprit que lui : cet Esprit qui venait de Dieu, et par lequel Jésus a vécu et même vaincu le péché et la mort… par lequel il est ressuscité. 

Paul ne connaissait vraisemblablement pas les récits de la naissance miraculeuse et de l’enfance de Jésus, qui ont été écrits plus tardivement après lui, et qui ont sans doute été teintés d’aspects merveilleux (pour ne pas dire « légendaires »). 

Pour l’apôtre, Jésus est un homme issu de la lignée de David, selon la chair. Mais, il a été établi « fils de Dieu » selon l’Esprit saint, dès sa résurrection (cf. Rm 1, 3-4). 
La résurrection vient attester de cette réalité spirituelle de « fils de Dieu » qui est celle de Jésus Christ. 

Cela confirme ce que je disais il y a quelques instants : 
Être « fils » ou « fille » de Dieu est une réalité d’ordre spirituel. 
Être enfant de Dieu, c’est avoir reçu l’Esprit de Dieu, l’avoir accueilli et décidé d’en vivre. 

Paul distingue ainsi une vie selon la chair - c’est-à-dire, selon ses désirs égocentriques, selon les attachements et les critères mondains - et une vie selon l’Esprit, selon la volonté de Dieu - c’est-à-dire, une vie animée par le Souffle de Dieu (tel que Jésus Christ en était le modèle et le porteur). 

Quand Paul parle des promesses attendues de la part de Dieu : il parle essentiellement du don de l’Esprit saint, qui est donné à ceux qui croient, qui placent leur foi en Jésus Christ : 
Le don de l’Esprit est l’objet de la promesse (cf. Ga 3,14). La réception de ce don fait de nous des enfants de Dieu. 

Je cite à nouveau ce que dit Paul : « Ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduit par l’Esprit de Dieu. […] Cet Esprit atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Rm 8,14. 16). 

Cette manière de voir est conforme à ce que les évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) diront, eux-aussi, de Jésus. Pour eux, Jésus est le porteur de l’Esprit de Dieu. Le récit du baptême de Jésus est une manifestation de la présence de cet Esprit en/sur Jésus. 

Pour Paul, c’est donc la présence de cet Esprit dans le coeur des croyants qui fait d’eux des « fils adoptifs ». 
Cet Esprit nous ouvre à la confiance ; il nous libère de la peur. Grâce à lui, nous ne vivons plus comme des esclaves - des esclaves de la chair, de ses passions, de ses attachements et ses débordements - ni comme des esclaves des lois et des règles religieuses, par lesquelles nous prétendons acheter notre salut et mériter notre paradis - (cf. Ga 4, 6-7 ; Rm 8, 14-17).
En Jésus Christ, nous sommes libres, car libérés. Désormais, nous pouvons marcher par la foi, en faisant confiance à Dieu et en écoutant l’Evangile. 

C’est en recevant l’Esprit de Jésus Christ, qui est celui de Dieu, que nous pouvons nous laisser guider par Lui et accéder à l’amour et la justice qui viennent de Dieu.

- Enfin, pour terminer notre tour d’horizon et pour élargir encore un peu la perspective et la définition de l’expression « enfants de Dieu », il nous faut aussi écouter l’évangéliste Matthieu, ou plus exactement Jésus lui-même, dans le sermon sur la montagne : 

A mon avis, c’est là un des sens les plus profonds et les plus intéressants de la définition de « fils » ou « fille » de Dieu : à savoir celui ou celle qui agit à la manière de Dieu. 

Dans son sermon, Jésus explique en quoi consiste devenir « enfants de Dieu » : 
C’est, bien sûr, faire confiance à Dieu et accueillir son Esprit, mais plus encore, je dirai que c’est accepter de revoir tout notre état d’esprit, toute notre manière de penser… pour entrer dans la mentalité du monde nouveau de Dieu, du Royaume… autrement dit, pour entrer dans la mentalité de Dieu lui-même. 

Pour Jésus, il ne s’agit rien de moins que d’imiter Dieu, d’agir de la même manière que Lui, d’adopter le même comportement que Lui.

Or, selon Jésus, ce qui caractérise l’agir de Dieu, c’est la gratuité : 

Dieu se manifeste dans et par sa création - par la vie abondante et florissante, par le caractère prolifique de cette vie qui vient de Dieu : 
Jésus parle de la Providence de Dieu et de sa générosité, qui sont partout à l’oeuvre : aussi bien avec les fleurs des champs, les oiseaux, qu’avec les humains (cf. Mt 6, 25-34 ; 7, 7-11). 
Il ajoute que Dieu ne compte pas : il n’est pas le petit dieu moral que nous imaginons : il fait lever son soleil sur tous - bons ou méchants - et pleuvoir sur tous - justes ou injustes : c’est-à-dire, sur ceux qui méritent son amour aussi bien que sur ceux qui ne le mériteraient pas. 
Jésus nous fait donc sortir de la vision d’un dieu juge ou comptable.
(Ce constat devrait nous inviter, d’une part, à abandonner tout sentiment de culpabilité… et, d’autre part, à laisser Dieu transformer ce qui doit encore l’être dans notre existence : nos errements, nos ressassements et nos zones d’ombres). 

Dès lors - nous dit Jésus - être enfants de Dieu, c’est apprendre à agir comme Dieu : arrêter de compter et agir avec miséricorde et gratuité (cf. Lc 6,36).

Je cite : « Je vous dis : aimez même ceux qui vous traitent en ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin de devenir vraiment les fils de votre Père, car lui fait lever son soleil… et pleuvoir sa pluie… [sur tous, sans distinction] » (Mt 5, 44-45)

Pour Jésus, devenir « fils » ou « filles de Dieu », c’est donc entrer en gratuité : 
C’est adopter le même état d’esprit que celui de Dieu : vivre de ce Souffle d’amour et de don de soi qui le caractérise. 

Il suffit d’écouter l’Evangile où Jésus appelle inlassablement au don de soi et à la générosité (« donnez et vous recevrez ») ou simplement de regarder les merveilles de la création autour de nous pour comprendre qui est Dieu, aux yeux de Jésus : 

Dieu est comme un Père céleste qui donne sans compter : il donne, il se donne… il aime, il fait grâce… il nourrit, il guérit, il relève, il réconcilie… Dieu est don … et Jésus nous appelle à vivre et à faire de même : 
Il suffit, par exemple, de relire la parabole du fils prodigue (Lc 15), de la brebis perdue (Lc 15) ou du roi plein de compassion qui remet la dette à son serviteur (Mt 18). 

Ainsi donc, pour Jésus, être « fils de Dieu », c’est accepter cet Esprit d’amour et de gratuité qui vient de Dieu… et c’est décider de s’y inscrire… décider d’essayer d’adopter ce nouvel état d’esprit, ce nouveau comportement. 

Bien entendu, ce n’est pas si simple. Ce n’est pas forcément naturel. Car nous avons toujours peur d’y perdre. Et c’est bien là le problème : c’est plus souvent la peur que l’amour qui nous anime. 

Nous savons combien la gratuité est quelque chose de rare et de précieux dans notre monde. 
Le plus souvent, nous avons tendance à agir par peur, en cherchant la sécurité, ou par intérêt, en cherchant le profit. Nous calculons toujours au plus utile, au plus rentable. 

Il s’agit donc d’un changement complet - d’un renversement - de nos habitudes. Nous devons bien le comprendre ! 
L’enjeu est d’entrer, pas à pas, dans cette démarche décoiffante… qui nous introduit dans la nouveauté : une nouveauté dont notre monde a bien besoin. 

Jésus nous appelle ainsi à sortir des relations de réciprocité, de miroir, de « donnant-donnant », pour prendre l’initiative de la confiance et du bien (cf. Mt 7,12 ; Lc 6,36) : il nous invite à agir de façon désintéressée, à faire les premiers pas de l’amour et de la générosité à chaque fois… Car c’est comme cela - dit-il - que Dieu agit : Il nous tend inlassablement et gratuitement la main. A nous de faire de même !

* Pour conclure, on peut s’arrêter encore un bref instant sur les conséquences de ce nouvel état d’esprit. 

- Que se passe-t-il quand nous arrivons à faire comme Jésus, le fils de Dieu ? (car, je crois que parfois nous y parvenons, de temps à autres)

Quand nous parvenons à nous inscrire dans l’amour et la gratuité, alors nous faisons rayonner la lumière de Dieu… ainsi que Jésus l’a fait briller pour ses contemporains… lui qui est présenté, dans le Prologue, comme la vraie lumière (cf. Jn 1,9 ; voir aussi Jn 8,12).

La conséquence de ce changement d’état d’esprit, Paul l’exprime très bien dans son épitre aux Ephésiens : 

En agissant de la sorte, en incarnant l’Esprit de Dieu - à la suite de Jésus Christ - nous devenons « enfants de lumière »: nous expérimentons et nous permettons aux autres d’expérimenter quelque chose de la lumière de Dieu : nous devenons « une étoile » qui ouvre à l’espérance, comme celle que suivront symboliquement les mages… nous devenons « sel de la terre » et « lumière du monde » pour reprendre les mots de Jésus, dans l’évangile selon Matthieu (Mt 5, 12-16). 

Je cite un dernier extrait des Ephésiens (cf. Ep 5) : 
« Imitez Dieu, puisque vous êtes des enfants qu’il aime ; vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimé et s’est lui-même donné pour nous […] Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, vous êtes lumière dans le Seigneur. Vivez en enfants de lumière. Et le fruit de la lumière s’appelle : bonté, justice, vérité ». 

- On le voit donc, devenir enfant de Dieu, c’est, à la fois, un don et un engagement. Cette décision, c’est d’accepter de recevoir le don de Dieu et d’en vivre. 

Être enfant de Dieu, c’est, à la fois, une grâce et un acte de confiance : 
.Savoir que Dieu nous aime ; savoir que Jésus Christ est venu révéler sa Parole, sa volonté et sa grâce. 
.Mais, c’est aussi, entrer dans cette grâce et y répondre : c’est accepter de recevoir l’Esprit saint, et avec lui, entrer dans un nouvel état d’esprit, qui nous appelle au changement, à une renaissance spirituelle : 
C’est ce que Jésus dit à Nicodème (cf. Jn 3) quand il parle de « renaissance spirituelle », de « renaitre d’en haut ». C’est un nouveau chemin qui s’ouvre à nous. 

Il faut donc envisager la « filiation de Jésus » et la « nôtre » dans le même sens que la « paternité de Dieu », c’est-à-dire, non pas dans le sens biologique de la procréation, mais dans un sens symbolique et spirituel : dans le sens d’une naissance spirituelle d’en haut qui se situe au creux de nous-même, dans notre intériorité. 

Il s’agit d’accepter d’entrer dans une relation personnelle et intime avec Dieu… de s’ouvrir à une vie nouvelle marquée du sceau de Dieu… donc de se laisser transformer intérieurement par son Esprit (cf. Ep 4, 23-24).

Jésus nous montre qu’il est tout à fait possible, à la fois, d’être engendré humainement et de naître de Dieu. 
C’est précisément le programme qu’il propose à ses disciples : oser lâcher son ego, accepter d’abandonner ses attachements (qui, souvent, nous rendent esclaves) et se laisser inspirer et guider, jour après jour, par le Souffle de Dieu. 

Les récits de Noël sont donc, d’une certaine manière, des récits de Pentecôte : 
Nous apprenons que, dès les commencements, Jésus était le porteur de l’Esprit de Dieu… qu’en portant ce Souffle de Dieu, il a incarné sa Parole, sa volonté, sa bonté, sa lumière. 

A nous, désormais, d’oser entrer dans cet Esprit d’amour et de gratuité qui vient de Dieu : Pour cela, nous avons un exemple, un phare, une étoile : Jésus Christ.

Comme lui… laissons Dieu être Dieu en nous-même !  

Amen. 


NOEL 2017 - Lectures bibliques 

- Extrait de Jn 1,1-18 

« Au commencement était [le Logos] la Parole,
et la Parole était tournée vers Dieu et la Parole était Dieu.
2. Elle était au commencement tournée vers Dieu.
3. Tout fut par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.
4. En elle était la vie et la vie était la lumière des hommes.
5. Et la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont point reçue. […]
9. Elle était la vraie lumière qui, venant dans le monde, brille pour tous les hommes.
10. Elle était dans le monde et le monde a été fait par elle et le monde ne l’a pas connue.
11. Elle est venue dans son propre bien et les siens ne l’ont pas accueillie.
12. Mais à ceux qui l’ont reçue - à ceux qui croient en son nom - elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu,
13. eux qui ne sont nés, ni du sang ni de la volonté de la chair ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.
14. Et la Parole a été chair (a pris chair) et elle a habité (elle a dressé sa tente) parmi nous (en nous) et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle que tient du Père  le Fils unique (l'Engendré), pleine de grâce et de vérité. […]
16. De sa plénitude, tous, nous avons reçu, et grâce sur grâce.
17. La Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
18. Dieu, nul ne l’a jamais vu. Fils unique Dieu (l'Engendré divin), celui qui est tourné vers le sein du Père, celui-là nous l’a fait connaître [il nous l’a présenté] ! »

- Rm 8, 11-17

Si l’Esprit de Dieu (de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts) habite en vous, Dieu (celui qui a ressuscité Jésus Christ d’entre les morts) donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous.
12 Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais non envers la chair pour devoir vivre de façon charnelle. 13 Car si vous vivez de façon charnelle, vous mourrez ; mais si, par l’Esprit, vous faites mourir votre comportement charnel, vous vivrez. 
14 En effet, ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu : 15 vous n’avez pas reçu un esprit qui vous rende esclaves et vous ramène à la peur, mais un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions : Abba, Père. 16 Cet Esprit lui-même atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. 17 Enfants, et donc héritiers : héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ, puisque, ayant part à ses souffrances, nous aurons part aussi à sa gloire.

- Ep 4 & 5 (extraits) : Ep 4, 22-24.32 - Ep 5, 1-2. 8-10

Il vous faut, renonçant à votre existence passée, vous dépouiller du vieil homme qui se corrompt sous l’effet des convoitises trompeuses ; 23 il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence 24 et revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité. […]
32 Soyez bons les uns pour les autres, ayez du cœur ; pardonnez-vous mutuellement, comme Dieu vous a pardonné en Christ.
1 Imitez Dieu, puisque vous êtes des enfants qu’il aime ; 2 vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même à Dieu pour nous […] 
8 Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Vivez en enfants de lumière. 9 Et le fruit de la lumière s’appelle : bonté, justice, vérité. 10 Discernez ce qui plaît au Seigneur. 

- Matthieu 5 (extraits) : Mt 5, 9. 43-48

Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu. […]

43 « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. 44 Et moi, je vous dis : Aimez ceux qui vous traitent en ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, 45 afin d’être (de devenir) vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux, car, lui, il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. 46 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense allez-vous en avoir ? Les collecteurs d’impôts eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? 47  Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens n’en font-ils pas autant ? 48 Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

lundi 18 décembre 2017

Lc 1, 39-56

Lectures bibliques : So 3, 14-18a ; Ps 33, 2-3. 11-12. 20-21 ; Lc 1, 39-56
Thématique : le Magnificat, comme annonce du salut de Dieu… de l’accomplissement des paroles des prophètes et des psaumes.   
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 17/12/17

* La période de l’Avent constitue pour les Chrétiens un temps de préparation et d’attente :
Attente de la venue du salut de Dieu, qui va se manifester en Jésus Christ. 
Et préparation à recevoir ce cadeau de Dieu… le mystère de la présence de Dieu en Jésus Christ. 

Ce mystère que la théologie a appelé « incarnation » nous conduit à un double mouvement : 
- D’une part, nous mettre à l’écoute de l’Evangile, puisque Jésus y est présenté comme la Parole de Dieu faite chair, le Verbe incarné et manifesté de Dieu (cf. Jn 1, 1-18).
- Et, d’autre part, ce mystère nous ouvre à l’accueil du Souffle de Dieu en nous. Il nous conduit à nous ouvrir à la présence de Dieu dans notre intériorité par son Esprit saint … car c’est ainsi qu’il a agi en Marie, par son Esprit : Il est venu l’habiter et la transformer.  

Le mystère de l’incarnation nous invite donc à réfléchir personnellement :
Qu’est-ce qu’on attend de Noël ? … et comment nous y préparons nous ?

Le fait que Dieu choisisse de se révéler dans notre humanité en Jésus (et par lui) : qu’est-ce que cela nous dit de Dieu ? Qui est-il pour nous ?

Enfin, cela nous fait réfléchir à la présence de Dieu au coeur de notre vie : 
Si Dieu - par son Esprit - est venu se manifester et se révéler en Jésus : ne peut-il pas aussi se rendre présent en nous ? 
Lui laissons-nous de la place pour qu’il agisse dans notre vie et notre coeur ? Acceptons nous d’être comme Marie : d’accueillir sa présence avec confiance et d’accueillir sa grâce - sa joie - au sein de notre existence ? 

Oui… Qu’est-ce que ça change vraiment pour nous que Dieu soit venu se révéler dans notre humanité ? C’est la question que Noël nous pose. 

* 1) Pour entamer cette méditation, je vous propose de nous arrêter [ce matin / cet après midi] quelques instants sur la prière de Marie : 
Le Magnificat est un hymne qui chante la gratitude personnelle de la mère de Jésus, pour l’accomplissement des promesse de l’Alliance, en faveur de tout le peuple de Dieu. 

Marie est la figure exemplaire du croyant… de celle ou de celui.. qui fait confiance en Dieu, qui se met à l’écoute de la volonté de Dieu, qui se rend disponible au Seigneur. 

Dans sa prière, Marie fait preuve de reconnaissance. Elle rend grâce à Dieu pour sa bonté et sa sollicitude… elle exprime sa joie.

Sa prière d’exaltation est une manière de remercier Dieu pour sa bonté et sa confiance. Elle manifeste à travers ses mots qui est Dieu pour elle :

Dieu est quelqu’un, une Force :
  • qui intervient
  • Qui rend justice
  • Qui relève
  • Qui prend soin
  • Qui comble de bien
  • Qui est fidèle à ses promesses
Devant la grâce de Dieu, elle ne peux qu’exprimer sa joie et sa gratitude.

Cette prière nous entraine, nous aussi, à réfléchir à qui est Dieu pour nous ?
En quoi et pour quoi avons-nous envie - et pouvons nous - le remercier dans notre vie ?

Quels sont les dons que nous avons reçus dans notre existence ?… et pour lesquels nous aimerions le louer et le bénir ?

Bien souvent, par fatigue, par habitude ou lassitude, il nous arrive de voir tout ce qui na va pas bien : notre solitude, nos angoisses, notre fatigue physique ou mentale, notre corps qui perd ses forces face à la maladie ou la vieillesse, des amis ou des proches qui disparaissent, le journal télévisé qui montre souvent la laideur et la souffrance du monde, etc. 

Alors, parfois, plutôt que de voir le verre à moitié vide… ne pourrions-nous pas essayer de faire comme Marie, qui choisit de s’inscrire résolument dans la gratitude… qui veut voir le bonheur qu’il y a d’être vivant, tout en se sachant aimé(e) Dieu.

Bien sûr, il ne s’agit pas d’être naïf ou inconscient, mais d’oser la confiance… de croire que Dieu est là… qu’il nous soutient… que sa Parole s’accomplit… malgré les malheurs et les maux de l’existence : 
C’est ce que fait et vit Marie dans sa relation à Dieu. Elle nous apprend la force de la confiance et de la gratitude. 

* 2) Deuxième point : la prière de Marie nous ouvre au mystère de l’incarnation.

Pour parler de cette idée d’ « incarnation », on emploie souvent - à tort - l’expression : « Dieu s’est fait homme » (qui fut employée par Irénée, un père de l’église… puis reprise par Athanase, Grégoire de Naziance, Gérgoire de Nysse et d’autres). 
Mais, si vous relisez ce que dit le Prologue de Jean, ce n’est pas ce qui est dit exactement : il dit « le Verbe de Dieu - sa Parole - est devenue chair : est entrée dans la chair : Elle a planté sa tente parmi nous (cf. Jn 1,14). 

Souvent, nous comprenons mal le concept/ la doctrine cachée derrière le terme « incarnation » : nous l’envisageons à la manière d’un mythe grec où un dieu devient un homme, par exemple, pour descendre sur terre, afin de s’introduire dans l’humanité et éventuellement - dans la mythologie - de pouvoir séduire une jeune femme.

Or, il ne s’agit pas de transformation dans l’incarnation : Dieu qui est Esprit - qui est l’Eternel, le Vivant - reste Dieu. Il ne se transforme pas en quelque chose ou quelqu’un : il ne « devient » pas un homme… au sens d’un changement d’état. 

L’incarnation ne veut pas dire que Dieu devient un homme, au sens d’une transformation, d’une métamorphose.
Elle signifie que Dieu se révèle dans notre humanité dans l’homme Jésus.

Cela veut dire que Dieu vient se manifester au creux de notre humanité, dans notre histoire humaine. 

Ainsi, il vient révéler son amour aux humains à travers un homme : Jésus, qui sera reconnu comme Christ… c’est-à-dire comme le Représentant de Dieu, son lieu-tenant (celui qui tient lieu de Dieu), qui manifeste sa Parole et sa volonté aux yeux de tous.  

Tous les ans, nous relisons ces passages du Nouveau Testament autour de l’Annonciation ou la Visitation : nous pouvons y réfléchir à la lumière de notre propre actualité : 

Que signifient cette période de l’avent et de Noël pour notre vie d’aujourd’hui ? Quel sens cela peut avoir pour nous ? Quelle perspective et quelle direction l’Evangile nous ouvre-t-il à travers ces récits ?

Et qu’est-ce que ça veut dire, pour nous, cette incarnation - cette révélation - cette manifestation de Dieu ? Qu’est-ce que ça change pour notre monde ?…. et pour nous personnellement ?

L’incarnation est un mystère… car il est difficile pour nous de penser Dieu… et de penser que Dieu, l’Eternel, le Créateur, le Fondement de l’être… le Dieu qui est Esprit, Amour, Lumière… puisse se rendre présent dans / et à travers / un humain.

Au-delà des mots et des doctrines… ce mystère signifie que Dieu nous aime. Qu’il veut se faire proche de nous. Qu’il prend soin de nous : Qu’il veut être « Emmanuel » : Dieu avec nous. … 
Mais, nous, voulons-nous être des humains - des hommes et des femmes - avec Dieu ?

Ainsi, la Bonne Nouvelle qui est exprimée à travers le mystère de l’incarnation, c’est que Dieu n’est pas un dieu distant et désintéressé… mais un Dieu attentif à sa création et ses créatures : un Dieu - qui est comme un Père ou un Berger : un Dieu qui prend soin des siens…. Comme un père aime ses enfants. 

Noël, c’est donc la découverte ou la redécouverte que Dieu vient manifester son amour - mais aussi sa volonté - pour nous, à travers Jésus : 

Il nous dit, à travers lui, ce que c’est d’être un « être humain véritable » (un « Homme » ou une « Femme » véritable). 
Car Jésus a été l’image d’un être humain pleinement humain, vivant sans cesse de l’amour / et par l’amour / qui vient de Dieu. 

 * 3) Troisième et dernier point : on peut se mettre à l’écoute de la manière de voir que Luc nous propose dans son Evangile : 
Pour lui, il est question de foi, d’accomplissement et de justice. 

Luc relie la venue de Jésus au salut de Dieu et à sa justice. 
C’est important de le rappeler, car, bien souvent, nous pouvons éprouver - face à toutes les catastrophes annoncées aux journaux télévisés - l’injustice et la dureté du monde. 

Dire que le salut (le règne de Dieu) approche en Jésus Christ, cela signifie que si nous nous mettions vraiment à l’écoute de l’Evangile : nous pourrions enfin trouver - pour notre monde - la voix/voie de la justice et de la paix que Dieu veut pour les humains.

Pour l’évangéliste Luc, la naissance de Jésus récapitule toutes les promesses de l’Ancien Testament et signifie qu’elles seront tenues. 
En Jésus, Dieu manifeste son salut à son peuple. Il lui montre le chemin de vie, pour l’arracher à sa captivité et à son malheur… pour le guérir de toutes ses blessures. 

Pour Luc, c’est en Jésus que s’accomplit toute l’Ecriture. 
Il emploie ainsi le mot « teleiôisis » : accomplissement, achèvement, pour décrire ce qui va advenir par la venue de Jésus.

En mettant dans la bouche de Marie, le chant de louange du Magnificat, l’évangéliste veut montrer que Marie n’est pas seulement une femme de foi, elle a réellement conscience qu’en Jésus, « Dieu sauve ». C’est d’ailleurs le sens du prénom « Jésus » ou « Josué ». 

Dans sa prière de louange, Marie se fait ainsi la voix de tous les pauvres, les malheureux, les malades, les déshérités, auxquels « justice » va être rendue, par Jésus. Car, il est celui qui va accueillir les exclus et les marginaux. Celui qui va apporter guérison, paix et réconciliation.

Par lui, Dieu va retourner la situation : il va précipiter les puissants (et leurs idées de domination) de leur trône, et relever et exalter les humbles. 

L’accomplissement de cette promesse de salut et de justice exprime toute l’espérance des psaumes et des prophètes, dont Marie reprend les paroles dans le Magnificat. 

On voit donc - à travers cet hymne - que pour Luc, Marie constitue la personnification symbolique du peuple Juif, qui « attend » le messie. Elle est présentée comme la « Fille de Sion ».

Or – comme les prophètes l’avaient annoncé – il avait été promis à cette Fille de Sion qu’elle aurait Dieu en son sein (So 3, 14), qu’elle enfanterait (Mi 4, 10) et qu’elle donnerait naissance au Messie (Es 7, 14).

La foi qui est celle des évangélistes Luc et Matthieu, c’est que tout cela - toutes ces prophéties - se réalise(nt) enfin avec la venue de Jésus. 

Luc reporte donc sur la figure de Marie toutes les caractéristiques que les Ecritures (ici, l’Ancien Testament) attribuaient à cette Fille de Sion. Et cette réalisation débouche sur la gratitude : Marie est présentée comme une humble servante, au service du dessein de Dieu, de sa volonté bienveillante pour l’humanité. 

* Pour conclure… Je crois - chers amis - que nous pourrions faire nôtre cette gratitude qu’exprime la mère de Jésus. 
Chacun pourrait reprendre à son compte ce chant merveilleux et remercier Dieu d’avoir posé son regard d’amour - son regard de Père - sur son insignifiance et fait en lui de grandes choses. 

Car, oui… nous sommes - nous aussi - un peu comme Marie : nous sommes des « petits » : nous sommes de simples créatures sur une petite planète perdue d’une petite galaxie dans un univers infini. Et pourtant ce Créateur porte un regard d’amour sur nous. 

Le Magnificat nous redit que Dieu ne tient pas compte de nos titres, de nos mérites, de nos réussites à vues humaines, pour nous aimer. 
Au contraire, il balaie toutes nos étiquettes et nos critères de jugement. Il exalte notre petitesse et rassasie nos faims. 

Comme Marie… c’est seulement dans notre humanité, au coeur de notre vulnérabilité et de nos fragilités, que nous pouvons oser faire confiance à Dieu et le rencontrer, pour recevoir son amour. 
Parce que nous nous savons pauvres, nous pouvons accueillir sa Parole en Jésus Christ. 

Comme Marie… laissons son Esprit saint nous habiter, nous relever et nous transformer.   


Amen.

dimanche 10 décembre 2017

Mt 4, 1-11

Lectures bibliques : Mt 3, 13-17 ; Mt 4, 1-11
Thématique : la tentation de réduire l’existence à nos attachements et à la matérialité. 
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 10/12/17

* Nous connaissons bien ce texte des tentations de Jésus que racontent, à la fois, les évangélistes Matthieu et Luc. 

Selon ces évangélistes, Jésus vient de recevoir le baptême au cours duquel il accueille l’Esprit de Dieu et par lequel il est identifié et reconnu comme « Fils de Dieu », c’est-à-dire comme celui que Dieu a choisi pour porter son message de salut aux humains. Et c’est alors qu’il est conduit par le Souffle de Dieu au désert. 

Le désert, c’est, d’une part, un lieu de silence, de solitude, d’introspection vis-à-vis de son être profond… un lieu communion possible avec Dieu : c’est le lieu où les prophètes viennent s’isoler pour vivre une expérience spirituelle, pour rencontrer Dieu. 

Mais, le désert, c’est aussi - et d’autre part - un lieu aride : le lieu de la tentation face à soi-même, face à la faim et à la soif. C’est le lieu de l’épreuve, du doute ou du découragement : le lieu où le peuple d’Israël libéré a lui-même rencontré un certain nombre de péripéties au cours de sa longue marche avec Dieu. C’est donc aussi symboliquement le lieu où se révèlent nos mauvais démons… susceptibles de nous ramener en arrière, vers l’illusoire ou le passé. 

Comme ce peuple avait marché quarante ans dans le désert avec Moïse, ici, symboliquement, il est dit que Jésus va y demeurer quarante jours et quarante nuits. 
Or, notre passage nous montre que c’est dans ce lieu désertique - lieu de coeur à coeur avec Dieu et avec soi-même - que se présente et se vit également l’expérience de la tentation ou de la division. 
C’est là, au moment de vivre une intense communion spirituelle - au moment de l’union du Soi, de l’unité avec le divin - que peut se vivre également l’expérience d’un bouleversement, d’une sorte division intérieure. 

Cet épisode évangélique nous introduit donc dans une vérité : A savoir que c’est au moment de l’élévation de notre âme vers Dieu… c’est au moment d’un mouvement de totale confiance, d’un lâcher-prise complet de notre âme, pour entrer en communion spirituelle avec le Père… que quelque chose, un obstacle, peut apparaître. Comme si un adversaire intérieur – notre ego, notre mental, notre corps – était alors susceptible de se présenter, pour venir remettre en doute cette confiance et faire barrage à cette communion spirituelle.

Cet adversaire, Matthieu le nomme symboliquement « le diable », c’est-à-dire ce qui vient créer de la division dans notre intériorité et dans notre monde. 

Bien sûr, le personnage du « diable » ne colle pas vraiment avec notre rationalité du 21e siècle… où nous n’accordons du crédit qu’à ce qui est visible ou tangible. 
Il nous faut aussi dépasser les représentations artistiques ou picturales que nous avons peut-être en mémoire… qui ne sont que le fruit de notre imaginaire collectif et d’une vision mythologique du démon ou de Satan (avec les cornes et les pieds fourchus). 

Ici, selon toute vraisemblance, le « diable » ne représente pas une sorte d’entité maléfique, un personnage ou une force surnaturelle concurrente à Dieu, mais c’est la figure de ce qui vient nous diviser intérieurement, c’est la personnification de ce qui vient faire obstacle en nous, afin de nous empêcher d’entrer dans une pleine confiance en Dieu… c’est ce qui vient faire barrage à notre unité intérieure avec le divin. 

Or, qu’est-ce qui peut nous empêcher de vivre une telle unité, sinon nos propres attachements. 

Le démon ou le diable, dont on parle ici est - je le crois - une figure imaginaire, qui personnifie une réalité intérieure (quelque chose de réel), à savoir nos propres attachements : tous ces attachements qui nous empêchent de vivre en pleine communion avec le divin.

Ces attachements sont diaboliques, dans le sens où ils sèment en nous de la confusion, de la division… où ils sont capables de nous tenir en esclavage… de réduire la pleine dimension de notre humanité unie à Dieu. 

Quels sont généralement ces attachements ?

Je dirai qu’il n’y a pas forcément besoin de l’évangile pour les découvrir : il suffit, par exemple, d’ouvrir le journal télévisé (qui nous montre souvent la laideur du monde ou la conséquence des dérèglements humains) ou encore de regarder des films de cinéma… où le héros est, par exemple, un personnage puissant dominé par ses mauvais démons. 
Ce sont, par exemple, l’orgueil, la convoitise, l’avidité… c’est la soif de toujours plus de pouvoir, d’argent, de sexe, d’influence…ce sont finalement toutes ces choses - ces désirs de l’ego - qui créent tant d’injustices dans le monde.

A sa manière, Matthieu nous présente - à travers Jésus - la force de ces tentations. 
Pour lui, ces attachements sont liés au pouvoir de l’ego. 
L’ego cherche toujours à retirer de chaque situation - et notamment de la relation au divin - un intérêt personnel. C’est, par exemple, la tentation de se servir de Dieu à son profit. 
Mais, c’est aussi la quête de plus de pouvoir ou de plus de puissance, pour répondre à une soif d’orgueil, d’accaparement ou de domination. 

* On peut constater, à travers les trois domaines qui nous sont présentés, qu’à chaque fois les attachements liés aux tentations consistent à ramener Jésus sur le plan matériel. 

Il y a ainsi une sorte de combat spirituel : 
- D’un côté, nos démons intérieurs nous ramènent et nous réduisent à la seule matérialité de notre existence… comme si nous étions réduits aux désirs du corps, du mental ou de l’ego. 
- D’un autre côté, les réponses de Jésus consistent à transcender cette matérialité, pour ouvrir l’humain à sa dimension spirituelle. Autrement dit, à chaque fois, Jésus nous ramène à la relation de l’âme avec Dieu. 

On peut brosser rapidement ces aspects :

* La première tentation est liée aux désirs du corps, aux besoins de pain face à la faim. 
Pour répondre à cette situation de manque se présente la tentation d’utiliser sa relation Dieu – de se servir de Dieu –  à des fins personnelles et matérielles.

La réponse de Jésus est éclairante : « ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra ».
En d’autres termes, Jésus rappelle (se rappelle et rappelle à son/ses interlocuteur/s) qu’il n’y a pas que la faim physique. Nous sommes aussi animés d’une faim spirituelle : la parole de Dieu peut être une nourriture pour notre âme. 

Il me semble que, bien souvent, nous avons tendance à considérer notre corps comme « le tout » de notre personne. Nous pensons que nous sommes « un corps », au point que nous passons beaucoup plus de temps à nous préoccuper de quoi nous allons nourrir ou vêtir ce corps, plutôt que de nous mettre à l’écoute de notre âme.

Mais, si nous écoutons ce passage de l’Evangile et si nous nous souvenons que notre corps est là pour 100 ans (au mieux), alors que notre âme nous est donnée pour l’éternité : nous sommes appelés à entendre ce que dit Jésus et à renverser l’ordre de nos priorités.

Quelle nourriture proposons-nous à notre âme ? Nous mettons-nous à l’écoute de celle-ci, par la méditation ou la prière ? Nous laissons-nous inspirer au quotidien par notre âme ?

Jésus ne nie pas les besoins du corps… mais, il nous montre que nous ne devons pas en être esclaves… nous ne sommes pas obligés d’y répondre immédiatement. 
Notre corps ne vit pas seulement de pain, de matérialité, de préoccupations terrestres… nous avons aussi une âme à nourrir : une âme qui a besoin d’être en communion spirituelle avec le divin.

Bien sûr, cette réponse de Jésus a de quoi nous faire réfléchir : A l’heure où notre société de consommation s’essouffle dans un modèle purement matérialiste marqué par l’avoir, le « toujours plus », l’accumulation des biens matériels…  il est bon de réentendre que ce qui nourrit vraiment l’être humain vient aussi d’ailleurs : de notre relation au divin, du silence, de la méditation de la Parole…

* Après les attachements du corps, la deuxième tentation porte sur les attachements de l’esprit, du mental.

Face à la possibilité d’être blessé ou même de perdre la vie… donc face à la perspective de la mort (que nous pouvons simplement subir ou provoquer par notre imprudence)… nous éprouvons le besoin de demander des preuves à Dieu : preuve qu’il est digne de confiance… preuve qu’il est capable de nous apporter le salut. 
Nous aimerions, en effet, pouvoir vérifier que Dieu nous protège de tout danger… y compris d’un éventuel danger mortel. 

La réponse de Jésus nous éclaire sur l’objet de l’obstacle : « tu ne chercheras pas à éprouver le Seigneur ton Dieu ».

La mort constitue, pour nous, la situation ultime devant laquelle se joue notre confiance en Dieu. 
Or, ici, c’est la tentation de la preuve qui est mise en avant. Notre mental a besoin de preuves. Il refuse la confiance que notre âme porte spontanément à Dieu. Il demande des raisons, des justificatifs.

Ainsi, notre âme devrait prouver à notre esprit (à notre mental) que nous sommes bien « fils ou filles de Dieu »… elle devrait prouver que Dieu est digne de confiance et capable d’agir pour nous sauver… elle devrait prouver qu’elle est immortelle.

Mais, le paradoxe de la situation - que Jésus a bien compris - c’est que, si notre âme devait prouver quoi que ce soit à notre esprit, elle ne serait plus dans la confiance.
Elle se séparerait d’avec Dieu… elle quitterait l’unité avec Dieu… en lui imposant de se justifier, en le contraignant à prouver son amour.

Jésus laisse donc passer l’obstacle, en écoutant son âme et en signifiant qu’il n’a pas besoin de preuve, puisqu’il fait confiance à Dieu.

Cette réponse de Jésus - qui refuse de demander des preuves à Dieu - mais qui croit en sa Providence et en son Salut, avec confiance - est un enseignement pour nous… car en fait, bien souvent, nous manquons de foi. C’est un fait ! Nous laissons notre mental dominer notre âme.
La méfiance ou la peur nous guettent et nous guident.

Loin de faire confiance à Dieu pour notre vie ici-bas et pour notre vie par-delà la mort, nous pensons plutôt - notamment grâce à de nouvelles techniques médicales - parvenir à acquérir un pouvoir sur la mort, par nous-mêmes, par nos propres forces. 
Vous savez peut-être que des grandes sociétés ou des multinationales comme « Google » investissent des milliards de dollars dans la recherche, pour essayer de transcender la mort : l’objectif est que l’homme puisse vivre plusieurs centaines d’années… voire un jour éternellement… c’est la visée du transhumanisme, du développement de l’homme augmenté. 
Le désir, c’est - demain - de parvenir à repousser les limites de notre humanité, d’acquérir plus de pouvoir sur la matière et sur la mort elle-même. 

Ainsi, le désir qu’expose l’évangile de repousser les limites de la souffrance et de la mort est tout à fait réel. L’être humain est trop attaché à la vie terrestre, pour oser faire confiance à Dieu : 
il préfèrerait, soit pouvoir se débrouiller par lui-même pour repousser les limites de son humanité, soit avoir des preuves que Dieu est vraiment en capacité de pouvoir le sauver. 

Dans notre épisode, la réponse de Jésus est toute autre : il nous rappelle que la promesse d’être « enfants de Dieu »… donc d’être aimés quoi qu’il arrive… n’a pas besoin de preuve : la confiance se suffit à elle-même.
Seul l’esprit demande des preuves. L’âme, elle, connaît tout : elle sait notre unité avec le divin. Elle sait que Dieu nous aime pour toujours et que son salut nous éternellement offert. 

* Après les attachements du corps et du mental, Matthieu présente enfin les attachements de l’ego. La troisième tentation qui se présente à Jésus est l’obstacle du pouvoir, le désir de la toute-puissance. C’est la voix de l’ego qui aimerait dominer : 

« Si vraiment tu es Un, uni à Dieu et unifié par Lui, tout est possible : tu peux tout être, tout demander, tout avoir. Alors, pourquoi ne pas profiter de ce pouvoir pour toi-même ? » : Au milieu du coeur à coeur avec Dieu, les désirs de l’ego resurgissent : il voudrait plus d’avoir, de pouvoir, de reconnaissance, de réussite… Il voudrait devenir un maître par plus de puissance. 

Mais, Jésus l’a bien compris : répondre à ce pouvoir pour soi, pour satisfaire son ego, ce serait renier l’unité avec Dieu.
Quand on a atteint l’illumination, l’unité avec le divin, on n’a pas besoin de la richesse matérielle, on a déjà un trésor dans le ciel : un trésor éternel de communion et d’amour.

De plus, utiliser son pouvoir – le pouvoir de Fils, obtenu par la communion avec le Père – ce serait une manière de glorifier un autre Dieu : le dieu Mammon. Ce serait une manière d’utiliser le Père comme un moyen d’obtenir un but suprême qui serait « le pouvoir et l’argent ». Ce serait de l’idolâtrie : confondre la fin et les moyens.

En tant qu’auditeurs ou lecteurs de l’évangile, nous le savons : le but de notre vie n’est pas d’accumuler des biens ou de briller en société… ce n’est pas d’acquérir plus de pouvoir ou d’avoir … ces choses que finalement nous n’emporterons pas au paradis… Mais c’est essayer d’exprimer qui nous sommes vraiment : nous sommes « enfants de Dieu »… c’est essayer de parvenir à exprimer dans toute notre vie et à travers toutes nos relations humaines, notre vrai Soi en communion avec Dieu. 

Jésus répond donc, à juste titre, que cet type d’attachement est vain. Dieu seul est Dieu : « c’est à Dieu seul que tu rendras un culte » précise-t-il.

Ainsi, Jésus, par son unité avec le Père, parvient à dépasser tous les obstacles à la communion de l’âme avec Dieu : - le corps avec ses besoins et ses appétits ; - l’esprit et le mental qui exigent des preuves et refusent la confiance inconditionnelle ; - enfin, l’ego qui voudrait bien profiter de la situation pour accroitre son pouvoir.

Les réponses de Jésus relativisent donc tous nos attachements : 
A nous, qui nous sommes souvent tentés de croire que le bonheur se trouvent dans l’assouvissement des désirs du corps, du mental et de l’ego, Jésus nous appelle ainsi à expérimenter une autre source de bonheur : il nous rappelle le vrai bonheur que l’on trouve en Dieu lui-même, dans la communion avec le divin en soi, dans son intériorité… il nous invite à persévérer dans cette voix de la spiritualité. 

* En conclusion…  que peut-on retenir de cette méditation ?

Nous le voyons dans cet épisode de l’évangile, Jésus refuse d’enfermer l’existence humaine dans la seule matérialité. Il refuse d’être l’esclave de ses sens, de son mental ou de son ego, et de réduire ainsi son existence à une vie de servitude, au service de tous nos attachements matérialistes. 

Dans une certaine mesure, Jésus nous appelle plutôt au détachement, pour vivre « libres » sous le regard le Dieu. 

Il nous montre, en effet, que nos divers attachements peuvent nous éloigner de Dieu, dans la mesure où l’on a la fâcheuse tendance à les ériger en absolu… dans la mesure où on les divinise, où on leur donne une place qui ne devrait revenir qu’à Dieu seul. 

C’est le danger de « l’autonomie » (autonomos, au sens d’être à soi-même sa propre loi) qui est ici pointé : 
Si je parviens à combler tous mes besoins, par moi même… si je vis, par exemple, dans l’opulence, en pleine santé, avec tout l’avoir, la richesse et le pouvoir possible… dans une certaine mesure, je n’ai plus vraiment besoin de Dieu : je cours alors le risque de devenir moi-même « dieu », à la place de Dieu.

En nous racontant cet épisode, les évangélistes Matthieu et Luc opèrent donc une relecture : ils réinterprètent la définition du terme « fils de Dieu ».

Pour Jésus, être « fils de Dieu », ce n’est pas détenir une puissance ou un pouvoir qui appartiendrait à Dieu, qui viendrait de lui et dont je serais l’héritier ou le possesseur, en tant que fils du Père…. un pouvoir qui ferait de moi un « sur homme ». 

Etre « fils de Dieu », c’est, au contraire, accepter de vivre dans la vulnérabilité d’une relation de confiance avec Dieu. 
C’est accepter d’être totalement dépendant de Dieu et de ne pas vouloir se faire un nom par soi-même. 

Nous le voyons clairement dans ce récit : ce qui est mis derrière le mot « tentation », c’est, à chaque fois, une tentative de dépassement et donc de négation de notre propre fragilité, de notre vulnérabilité…. Comme si le fondement de toute tentation consistait à refuser la condition humaine et ses faiblesses. 

Pour sa part, Jésus répond à chacune de ces tentations (qui sont aussi les nôtres)… à chacun de ces attachements matériels… par une attitude de confiance en Dieu. Sa réponse se situe toujours sur un plan spirituel. 

Il me semble que l’évangile nous adresse - avec ce passage - un appel et un enseignement pour notre vie : 
Comme Jésus l’a vécu au désert, le chemin de l’unité intérieure et de la communion avec Dieu commence par le fait d’accepter d’oser le détachement, pour nous mettre à l’écoute de notre âme… pour nous souvenir de ce tout ce que notre âme sait déjà intuitivement… de la promesse qu’elle a reçue :
« En toi, j’ai mis tout mon Esprit – dit Dieu – tu es mon enfant bien aimé ! »

C’est cette promesse que Jésus a reçue au moment de son baptême (cf. Lc 3,22 // Mt 3,17). C’est la promesse que Dieu offre à chacun de ses enfants.

Jésus nous rappelle donc que nous sommes « enfants de Dieu », que cette identité est imprenable !… et que c’est la chose la plus importante pour nous. 

A nous de vivre pleinement cette identité de « fils » et de « fille » de Dieu… en inscrivant toute notre vie dans la confiance et l’amour qui viennent de notre Père céleste. 


Amen.