dimanche 24 septembre 2017

Se laisser conduire par l'Esprit de Dieu

Lectures bibliques : extraits 1 Co 3, 16-17 ; 1 Co 6, 19 ; 1 Co 12 ; Rm 8 
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Thématique : ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu (Rm 8,14)
Prédication de Pascal Lefebvre (inspirée d’une méditation de Jean-Paul Morley) / Fête de Marmande, le 24/09/17

- Nous venons de l’entendre, Paul parle beaucoup de l’Esprit dans ses épitres : 

Pour lui, l’Esprit saint est donné à tous. Il est universellement offert à tous les croyants, à tous ceux qui acceptent de faire confiance à Dieu, tel que Jésus Christ l’a révélé.
Il y a un seul Esprit et cet Esprit atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. 

La première mission (ou vocation) de tout être humain est de se rendre attentif à cet Esprit - ce Souffle de Dieu - de se connecter à lui, de se laisser inspirer par Dieu.

Vous avez surement déjà fait l’expérience, lors d’une décision importante à prendre, ou lors d’une conversation difficile avec quelqu’un, qu’en méditant ou en priant pour être éclairé, soudain une bonne idée, une inspiration arrive.
Cette expérience d’être inspiré - guidé - peut correspondre à ce que Paul explique dans l’épître aux romains : « l’Esprit Saint se joint à notre esprit » (Rm 8,16).

Souvenez-vous, par exemple, de ce jour où un mot anodin, un geste de votre part, a pu aider quelqu’un à vivre… a pu relever ou réconforter une personne… ou peut-être même a pu changer le cours de sa vie – Sans le savoir, c’était peut-être lui, l'Esprit de Dieu, qui a parlé à travers vous.

Souvenez-vous d'une décision que vous avez prise dans l'incertitude, et qui s'est révélée être la bonne et porter beaucoup plus de fruits que vous n'en espériez – c'était peut-être lui, l'action de l’Esprit qui vous a offert lumière et discernement. 

Souvenez-vous de ce proche pour lequel vous avez prié avec constance, et qui s'est redressé – l’Esprit saint, en accord avec l’esprit de cette personne - y était peut-être pour quelque chose. 
Souvenez-vous encore de ce pardon que vous avez pu donner un jour, et que vous pensiez impossible – c'était sûrement l'action de l'Esprit, l'Esprit de Dieu en vous.

Enfin, souvenez-vous aussi de ces quelques fois où vous avez osé parler de l'Evangile et de Jésus autour de vous, et que vos interlocuteurs en ont été touchés – c’était, là encore, l'action de l’Esprit.

- Que se passe-t-il vraiment lorsqu’on se sent inspiré ? 

Est-ce simplement une intuition … une onde cérébrale… qui traverse notre esprit ou notre cortex ? est-ce que notre cerveau produit lui-même une nouvelle idée, une nouvelle pensée ou fonctionne t-il comme un poste de radio qui capte des ondes… une impulsion… une vibration… une idée venue d’ailleurs ?

Lorsque nous nous sentons « inspirés »… est-ce notre conscience qui tout d’un coup s’ouvre ?… ou est-ce une connexion de notre esprit ou de notre conscience à un Esprit ou une Conscience plus large, plus profonde… que Paul appelle l’Esprit saint, avec le vocabulaire et les concepts de son temps… de d’autres appellent l’Esprit de Dieu, l’Esprit universel ou la Conscience universelle. 

Il faut avouer que nous ne savons pas tout expliquer. 

Dans le domaine de la spiritualité, mais aussi de la science (il suffit de penser aux centaines (ou même aux milliers) de témoignages de patients qui racontent à leurs médecins une expérience de mort éminente et la réalité à laquelle ils ont eu accès : on en trouve sur Internet)… plus en plus de personnes croient qu’il y a une sorte d’âme ou de conscience indépendante de notre cerveau, de notre corps. 
Pour eux, le cerveau ne crée pas la conscience. La Conscience est en quelque sorte indépendante de notre corps physique. Le cerveau agit un peu comme un poste de radio ou de télévision : il capte des ondes, des vibrations… il est sensible à des informations visibles ou audibles, mais aussi à des influx invisibles, et traite l’information. 

Bien sûr, rien n’est prouvé dans ce que ces gens avancent. Mais cette idée est intéressante. On est encore loin d’avoir découvert les secrets de la conscience et du cerveau. 

Quoi qu’il en soit, donc… Pour Paul… notre esprit peut se joindre, se connecter, à l’Esprit de Dieu.

- Se laisser « guider » ou « conduire » par l’Esprit - comme Paul nous y invite - signifie se laisser inspirer par Dieu, qui veut notre bien et notre bonheur… 
Le Saint-Esprit veut nous aider à bien conduire notre vie personnelle, selon le projet de Dieu pour nous (c’est-à-dire selon l’amour, si l’on croit que Dieu est Amour). 

L’Esprit saint… on pourrait dire que c’est une petite étincelle de lumière… qui nous donne le bon coup de pouce, la bonne intuition, qui nous fait dire la bonne chose au bon moment, rencontrer la bonne personne, aller dans la bonne direction. 

Sur le moment, on ne s’en rend pas toujours compte… mais, de façon retrospective, on s’aperçoit parfois que tel ou tel évènement - au départ simple ou anodin - a pu changer bien des choses dans notre vie ou autour de nous. 

- Mais - me direz-vous - si tel est le cas… si c’est vraiment l'Esprit de Dieu qui nous parle, qui nous guide, nous éclaire, nous conduit, comment fait-il ? Comment s’y prend-il ?

Comment ? … par des moyens simples qui sont à notre portée. 
Parfois par des signaux extérieur, des coïncidences, des « hasards » positifs ; parfois par des anges : non pas des créatures surnaturelles, mais des messagers (angelos veut dire messager), des personnes qui, soudain, nous disent la chose juste au bon moment. 

Mais le plus souvent, cela se passe à l’intérieur de nous : 
C'est l'autre voix intérieure, pas celle qui nous tente, nous divise, nous dévie ou nous flatte, cette voix qu'on appelle symboliquement « le diable » - non pas pour parler d’un personnage surnaturel ou mythologique - mais pour parler, en réalité, de nos désirs égocentriques ou de nos pulsions de convoitise… que le livre de la Genèse figure par un serpent (le serpent de la convoitise)… Il ne s’agit pas non plus une voix intérieure qui nous culpabiliserait… 

Non… je parle d’une autre voix qui nous murmure en silence, intérieurement, qui ne nous ment jamais et grâce à laquelle nous sommes soudain apaisés, calmes, sûrs, éclairés, en phase. 
Celle qui nous rappelle que nous sommes « une belle personne », quelqu’un de bien, quelqu’un de précieux qui est aimé par Dieu et capable de grande chose. 

C’est cette autre voix que nous recevons particulièrement dans la prière, quand la prière ne se contente pas de demander, mais qu'elle écoute en silence, et parfois discute, reçoit, réfléchit devant Dieu, à la lumière de ce que nous avons compris de l'Evangile. Cette prière aussi qui sait contempler ou recevoir avec reconnaissance et gratitude. 
C’est elle qui nous guide, quand nous finissons par y voir plus clair et comprenons ce que nous pouvons penser, donner ou faire.

C’est cette voix qui prie en nous quand nous prions juste, quand c'est l'Esprit de Dieu qui prie en nous.
C'est même lui, cet Esprit, qui nous donne de croire, qui nous donne la foi. 

Nous le savons d’expérience, la foi ne se décide pas, ni se commande ; elle est une confiance offerte… que nous pouvons - ou non - accepter. 

Si la foi naît en toi, c'est que le Saint-Esprit te la donne. Et c’est aussi - et surtout (peut-être) - que tu acceptes de la recevoir : de l’écouter, de lui donner de la place en toi et dans ta vie… et, un jour, d’y répondre. 

Elle te rappelle que tu es aimé sans condition, quoi qu’il arrive… et donc que toute peur est irrationnelle : qu’il n’y a rien à craindre ici bas. C’est une confiance qui t’es donnée, et qui te permet de lâcher-prise, d’abandonner toute peur.  Car avec la présence de Dieu, il n’y a plus rien à craindre (cf. Ps 23 ; Rm 8, 31.38-39). 

- Autrement dit, cette petite voix… ce Souffle, ce murmure - qu’on appelle l’Esprit saint est là pour nous… avec nous. 
Il nous donne sa présence… une présence imperceptible qui nous réchauffe le coeur… Une présence qui nous entoure, nous porte, jusqu'à habiter en nous, d'abord par instants fugitifs ; puis en faisant progressivement sa demeure en nous, fragile et précaire, mais toujours à l'affût de notre accueil intérieur, de notre disponibilité, prête à revenir dès que nous ré-ouvrons la porte. 

Cette présence qui nous donne une conscience plus aiguisée… elle nous donne foi et optimisme… elle nous donne de croire positivement, d’espérer et d'aimer… C’est elle qui nous donne confiance : tout simplement !

Croyons vraiment, sachons, que quand nous espérons, quand nous aimons, quand nous croyons… c'est lui, l'Esprit, qui espère, aime et croit en nous… c’est lui qui nous conduit. 
« Voici, dit Paul dans l'une de ses lettres, Voici le fruit de l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi. Et contre tout cela, il n'y a pas de loi » écrit-il (cf. Ga 5, 22-25).

Encore quelques mots pour conclure cette méditation…

- Pour l’apôtre Paul, l’Esprit saint peut nous inspirer, mais il nous donne davantage : il nous donne aussi des dons particuliers en vue de l’édification de la communauté humaine. Il appelle cela des charismes. Voici la définition qu’en donne l’apôtre : « A chacun est donné la manifestation de l’Esprit en vue du bien commun. […] . L’Esprit distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier. » (1 Co 12,7. 11)

Les charismes sont des grâces de l’Esprit Saint qui nous sont données pour contribuer à l’édification de la communauté, au bien des humains et aux besoins du monde. 

Une interprétation possible de la parabole des talents insiste sur le fait que nous sommes appelés à utiliser nos talents, nos ressources (ce que la vie nous donne), pour les faire fructifier et les mettre à profit pour les autres. 
C’est la confiance - en Dieu et en nous-mêmes - qui nous permettent l’audace et le courage d’entreprendre. 
L’ennemi de la foi est la peur, la crainte du jugement de Dieu ou la peur de l’échec.

- Enfin, dans ses lettres, Paul appelle les disciples de Jésus à se laisser conduire par l’Esprit… l’Esprit du Christ, qui est l’Esprit de Dieu… mais il opère également une distinction entre la chair et l’esprit. Comment comprendre exactement ses paroles ? 

Paul enseigne les principes de la liberté chrétienne sous l’Esprit. Il distingue une vie sous l’empire de la chair ou sous celle de l’Esprit. Il nous introduit dans la dialectique de la chair et de l’esprit, qui n’a rien à voir avec la distinction de l’âme et du corps. 

Pour lui, la chair, c’est l’homme égocentrique… l’homme livré à lui-même, centré sur son moi (son ego), désireux de se construire par ses propres forces. Cet homme « charnel » peut se livrer tout autant à la débauche qu’au légalisme, c’est le même égoïsme qui est à l’œuvre : il cherche à se justifier par lui-même, par ses oeuvres… éventuellement à accaparer ou à s’engraisser au dépens des autres… ou encore à voir Dieu ou la Loi comme le moyen de parvenir à ses fins… à un salut construit par ses mérites. (C’est l’image d’un salut « chacun pour soi »). 

Tout autre est évidemment l’homme « spirituel », c’est-à-dire, l’homme sous la mouvance de l’Esprit, l’homme qui vit de la vie du Christ, au lieu d’être un mort en sursis. 

Le spirituel, c’est celui qui est capable d’aimer, parce qu’il accepte de renoncer aux seuls désirs de son petit ego… parce qu’il voit l’autre - tout homme - comme un frère, un semblable, lui aussi aimé de Dieu. 
Le spirituel…c’est celui qui a vu la supériorité de l’être sur l’avoir. Il est libre des attachements mondains… donc ouvert au don et au partage. 

Vivre sous la « chair », c’est laisser place à l’homme ancien. 
Vivre sous l’Esprit, c’est donner de l’espace à l’homme nouveau… oser la confiance et aller de l’avant, là où l’Esprit nous entraîne et nous dessine d’imprévisibles chemins.

La Loi nouvelle, c’est le Saint Esprit inscrivant des chemins nouveaux dans notre âme, et nous rendant inventifs dans l’amour. 

Là où si souvent nous faisons l’expérience d’une situation bloquée, où nous campons sur notre bon droit face aux autres, pour sauvegarder nos petits intérêts, l’Esprit suggère des « sorties » inattendues, des démarches qui prennent de court les rancunes ou les ressentiments… et qui mettent un sourire dans le sérieux mortel de nos conflits.

Oui, l’Esprit de Dieu nous libère… et c’est ce que les Réformateurs de tout temps - de Paul à Luther - ont mis en avant : l’amour de Dieu est libérateur. 
Nous pouvons donc faire confiance à la Providence de Dieu… à son Esprit d’amour, de compassion et de bienveillance. 

Amen. 

  • Lectures bibliques :

Je vous propose d’entendre d’abord trois brefs passages de la première lettre de Paul aux Corinthiens : 

1 Co 3, 16-17

« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? […] le temple de Dieu est saint, et ce temple, c’est vous ».

1 Co 6, 19

« Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous et qui vous vient de Dieu ? »

1 Co 12

« Au sujet des phénomènes spirituels, je ne veux pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance.  Vous savez que, lorsque vous étiez païens, vous étiez entraînés, comme au hasard, vers les idoles muettes.  C’est pourquoi je vous le déclare : personne, parlant sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu, ne dit : « Maudit soit Jésus », et nul ne peut dire : « Jésus est Seigneur », si ce n’est par l’Esprit Saint.

 Il y a diversité de dons de la grâce, mais c’est le même Esprit ;  diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur ;  diversité de modes d’action, mais c’est le même Dieu qui, en tous, met tout en œuvre.  A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous.  A l’un, par l’Esprit, est donné un message de sagesse, à l’autre, un message de connaissance, selon le même Esprit ;  à l’un, dans le même Esprit, c’est la foi ; à un autre, dans l’unique Esprit, ce sont des dons de guérison ;  à tel autre, d’opérer des miracles, à tel autre, de prophétiser, à tel autre, de discerner les esprits, à tel autre encore, de parler en langues ; enfin à tel autre, de les interpréter.  Mais tout cela, c’est l’unique et même Esprit qui le met en œuvre, accordant à chacun des dons personnels divers, comme il veut. »

Et enfin un passage du chapitre 8 de l’épitre aux Romains : 

Rm 8

« […] Ne marchons pas sous l’empire de la chair, mais de l’Esprit. En effet, sous l’empire de la chair, on tend à ce qui est charnel, mais sous l’empire de l’Esprit, on tend à ce qui est spirituel : la chair tend à la mort, mais l’Esprit tend à la vie et à la paix. Car le mouvement de la chair est révolte contre Dieu ; elle ne se soumet pas à la loi de Dieu ; elle ne le peut même pas. Sous l’empire de la chair on ne peut plaire à Dieu. Or vous, vous n’êtes pas sous l’empire de la chair, mais de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il ne lui appartient pas. Si Christ est en vous, votre corps, il est vrai, est voué à la mort à cause du péché, mais l’Esprit est votre vie à cause de la justice. Et si l’Esprit [de Dieu =] qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, [Dieu =] qui a ressuscité Jésus Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous.

Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais non envers la chair pour devoir vivre de façon charnelle. Car si vous vivez de façon charnelle, vous mourrez ; mais si, par l’Esprit, vous faites mourir votre comportement charnel, vous vivrez. En effet, ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu » (Rm 8, 4-14)


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