dimanche 15 octobre 2017

Mc 3, 1-6

Lectures bibliques : Rm 8, 31-39 ; Mc 2, 23-27 ; Mc 3, 1-6
Thématique : la guérison de l’homme à la main desséchée
Prédication (inspirée de Anselm Grün), Marmande, le 15/10/17.

Dans la T.O.B., l’épisode que nous entendons aujourd’hui a pour titre « Guérison le jour de sabbat ». Ce titre semble assez bien résumer - à lui seul - notre affaire : il s’agit de la guérison d’un homme à la main desséchée, qui se passe dans l’assemblée des fidèles, des croyants, le jour du sabbat : un jour particulier, consacré à Dieu, où il n’est pas permis de faire un quelconque travail, et donc d’effectuer une guérison. En agissant pour cet homme, Jésus se rend donc « coupable » vis-à-vis de l’interprétation de la Loi, qui est celle des Pharisiens. Il fait ce qui n’est pas permis à leurs yeux. Et cette action - cette guérison - va inévitablement lui attirer des ennuis. Ce que Jésus assume parfaitement : puisque pour lui, c’est l’humain, la fraternité et l’ouverture du coeur qui sont prioritaires, et pas une Loi. « Le sabbat a été fait pour l’homme », et non le contraire (cf. Mc 2, 27).

Cela dit, si nous nous arrêtons au titre de la T.O.B. (« Guérison le jour de sabbat ») et à cette interprétation - à la fois, classique et juste -, cet épisode n’a pas forcément grand chose à nous dire pour aujourd’hui : D’une part, parce que Jésus n’est plus là - en chair et en os - pour accomplir un tel prodige (pour autant que la chose se soit produite exactement comme Marc le raconte), et, d’autre part, parce que nos contemporains ne respectent plus vraiment le jour du sabbat (ou un jour pour Dieu) aujourd’hui. Donc, la question et la polémique soulevées par cet évènement peuvent nous paraitre tout-à-fait anciennes et dépassées. 

Pour que ce texte nous parle encore aujourd’hui, il faut peut-être accepter de le relire d’une autre façon, sous un angle plus symbolique, plus psychologique… car, au fond, peut-être que les personnages en présence : l’homme à la main desséchée et les pharisiens (qui ont le coeur dur et desséché) parlent aussi de nous… et pas seulement d’une veille histoire qui est arrivée il y a 2000 ans. 

J’appuierai donc cette relecture sur une réflexion du théologien Anselm Grün (cf. Anselm Grün, Le chemin de la liberté, Evangile de Marc) :

Dans une synagogue, Jésus voit un homme dont la main est desséchée. On imagine sans difficulté le problème de cet homme : 
Habituellement, la main est ce que me sert à saisir les objets au quotidien et à donner forme à ma vie, à la prendre en main. Avec la main, je prends ce dont j’ai besoin et je donne ce que j’ai à donner ; je touche les autres, je leur tends la main, je noue des relations, j’offre un soutien, je manifeste ma tendresse et mon amour. 

La « main sèche » peut signaler physiologiquement un homme qui a la main paralysée. Mais elle peut aussi décrire symboliquement un homme qui a retiré, repris sa main ; une personne qui ne veut pas se brûler les doigts ni se salir les mains. 
Quelqu’un qui a déserté le combat pour la vie, se contentant du rôle de spectateur. 

A force d’essayer de s’adapter et de se conformer aux autres, ou d’être ballotté de tout côté et malmené, il a perdu toute énergie, il s’est refermé sur lui-même, il ne peut plus rien prendre en main ; il est devenu incapable d’agir. 

D’une certaine manière, nous ressemblons parfois à cet homme : lorsque nous sommes éprouvés ou bouleversés par une situation qui semble au dessus de nos forces, nous laissons la main à d’autres. Nous nous sentons parfois impuissants ou spectateurs face à certains évènements autour de nous… face à des craintes ou des angoisses. 

C’est le jour du sabbat : un jour « interdit », selon les Pharisiens. Il n’est pas permis d’agir ou de guérir, sauf en cas de danger mortel : 
Pour ces religieux légalistes, le respect du commandement de Dieu - de la Torah - compte plus que la guérison d’un homme. Ce qui fausse évidement le sens originel du sabbat. 

Mais, Jésus, lui, ne laisse pas les pharisiens entraver son action. Il ordonne à l’homme à la main sèche : « Lève-toi. Viens au milieu! » (v.3). 
C’est sans doute la dernière chose que cet homme a envie de faire. 

Cet homme qui n’a jamais fait que s’effacer, qu’observer de côté tout ce qui se passait, sans jamais prendre d’initiative ni de responsabilité, doit maintenant se mettre au centre et affronter le regard des autres. 

Ce n’est certainement pas pour gêner cet homme que Jésus lui demande cela. C’est plus vraisemblablement pour provoquer un déblocage, un premier pas vers une guérison. 
Voilà ce qu’on peut entendre dans cet ordre de maître : 
« Toi aussi, tu es important, tu es à ta place au milieu ! »

C’est un appel à une prise de conscience et à un déplacement, qui signifie : « courage !  Assume-toi enfin toi-même ! Tu es décentré, recentre toi sur toi-même ! »

Jésus demande là presque l’impossible à cet homme, sur qui tous les regards sont maintenant rivés, et à qui il arrive ce qu’il avait toujours voulu éviter. 
Maintenant, il ne peut plus se dérober, il doit affronter la situation. Mais il n’est pas seul : Jésus est à ses cotés. Il va prendre en charge la confrontation avec ceux que le malade s’est toujours appliqué à esquiver. 

Il me semble que ce récit de guérison n’est pas le seul à faire appel au courage du malade. Si on se souvient, par exemple, du récit de guérison de l’aveugle Bartimée, on trouve cette même invitation : 
« Confiance, courage… lève-toi… il t’appelle » (cf. Mc 10,49). 

Jésus se tourne alors vers l’assistance composée - entre autres - de Pharisiens, retranchés derrière la Loi… qui attendent de voir ce que Jésus va faire… s’il va - oui ou non - opérer une guérison en ce jour particulier. 

Jésus semble seul, face à un mûr de silence et d’hostilité. Mais, il est là, calme, entièrement présent à cet instant. On l’imagine rayonnant d’une telle vie, d’une telle force et densité de présence que personne ne peut l’ignorer, même si chacun attend, tiré dans son retranchement et obligé de prendre position.

Jésus leur demande : « est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien plutôt que le mal ? De sauver une vie au lieu de la détruire ? » (v.4) 
La question peut sembler rude aux Pharisiens, car leur seul souci était d’observer les commandements et de les faire passer dans la pratique quotidienne. 

Mais Jésus conteste leur interprétation nocive, parce qu’elle laisse encore un espace au mal et permet de détruire la vie. 
Elle enferme, elle sclérose et contribue à exclure ceux qui ne vivent pas les choses de la même manière. 
Considérer la Loi comme plus importante que l’homme, placer la norme au-dessus de la détresse ou de la souffrance d’un malade, c’est faire le mal - même involontairement ou inconsciemment. 

Dans le contexte d’une telle étroitesse doctrinaire et formaliste, l’être humain étouffe ; il ne peut pas vivre. 
Se crisper sur les seuls commandements, c’est enfin de compte tuer l’âme, psukhè (en grec), mot qui signifie l’âme, mais aussi la personne et sa vie même. 
Emprisonner la personne dans des normes strictes la détruit. L’âme a besoin de liberté pour s’épanouir, et non d’un corset de prescriptions. 

Mais cette polémique - ou problématique - a-t-elle encore une actualité pour nous ? 

Aujourd’hui, notamment en Europe, la plupart de nos contemporains ne sont plus enfermés dans des normes religieuses. On peut - bien sûr - s’en réjouir. Mais, ce n’est pas le cas partout ailleurs :
Dans des pays musulmans, des femmes continuent à souffrir de pressions sociales pour porter le voile ou le voile intégral. En Afrique ou ailleurs, on continue à exciser des jeunes filles, pour perpétuer des traditions ou des coutumes… on continue à persécuter des gens pour leurs choix : leur appartenance religieuse ou leur préférence sexuelle (par exemple, les personnes homosexuelles), alors que tout cela relève de la vie privé. 

La liberté de penser et d’agir selon sa conscience n’est pas du tout la norme majoritaire. Il y a des choses que se font et ne se font pas : et les humains continuent à être victimes d’eux-mêmes, de leur manque de liberté, de leur silence… de règles qu’ils se sont eux-mêmes infligés… comme si Dieu voulait telle ou telle chose, quitte à ce que cela nous impose contraintes et souffrances.

Or, comme Jésus nous l’a révélé, Dieu ne demande rien pour lui-même. (Il n’exige rien pour sa gloire.) Sa volonté bienveillante n’est que pour nous les humains. Ce qu’il veut, c’est enfin plus d’amour du prochain, de fraternité et de compassion. 

Les pharisiens restant muets, l’évangéliste Marc nous raconte que « Jésus les toisa du regard avec colère… affligé de l’endurcissement de leur coeur. » (v.5) 
Jésus, dans sa compassion, éprouve à la fois de la colère et de la tristesse : une association d’émotions tout-à-fait humaines. 

- La colère ne signifie pas que Jésus explose ou qu’il vocifère contre eux, mais qu’il prend, avec force, une distance, pour se défendre de leur manière de penser. 
Il leur dit de cette façon : « Libre à vous d’avoir un coeur desséché et endurci : c’est votre affaire ! Quand à moi, je n’agirai pas ainsi, Je ferai ce qui me semble juste ! ». 
Jésus va agir en accord avec son intuition et sa voix intérieure, en harmonie avec Dieu. 

La colère peut parfois être une « sainte colère ». Elle révèle que nous sommes bien humains. Nous ne pouvons pas toujours regarder les choses avec détachement, quand nous sommes émus par une situation douloureuse ou injuste. 
Ici, la colère libère Jésus du pouvoir de ses adversaires et le laisse en accord avec lui-même, centré sur lui-même. 

- Jésus est aussi triste et affligé. Le texte grec exprime une sorte de compassion. 
Le maître prend du recul, mais il ne rompt pas le lien avec eux ; il leur tend la main - si l’on peut dire - déplorant cette dureté qu’il est capable de ressentir de l’intérieur : 
Que peut-il bien en être de ces coeurs pour qu’ils soient devenus tellement secs ? Quelle peur doit les étreindre, pour qu’ils soient si étroits ?
Combien de désespoir, et combien de mépris pour l’homme faut-il avoir en soi, pour que l’on se ferme ainsi à la souffrance ?

Cette tristesse de Jésus nous renvoie à nous-mêmes : 
A force de voir des choses terribles aux informations télévisées, ne nous arrivent-ils pas - nous aussi - de nous habituer à des situations pourtant choquantes, injustes ou révoltantes ? 
Ne devenons-nous pas parfois insensibles au sort d’autrui ? Simplement « spectateurs » ou « indifférents »…. comme s’il ne s’agissait pas de nos frères humains ?

C’est souvent de fausses croyances, de fausses idées ou même la peur qui nous conduisent à devenir insensibles aux autres… j’en veux pour preuve la montée des conservatismes, des extrêmes ou de nationalismes, ici ou là, en Europe ou aux Etats Unis, qui nous invitent à voir autrui - celui qui est différent ou étranger - comme un « concurrent » ou comme une « menace ». 

Il faut voir en Allemagne, par exemple, combien la chancelière a essuyé de critiques après avoir accepté d’accueillir nombre des Réfugiés et de Migrants les années passées. Elle en paie aujourd’hui le prix politiquement. Mais ça, ce n’est pas grave. Ce qui est plutôt dommageable ce sont tous les discours qui oublient que ces personnes étrangères sont des frères et soeurs humains, qui ont été contraints de quitter leur pays, pour échapper à la guerre, la pauvreté ou la misère. 

Bien souvent, toutes nos peurs sont irrationnelles et finissent par nous faire penser ou agir de façon presque inhumaine : c’est la peur de perdre (perdre son intégrité, son identité, son pouvoir d’achat, sa sécurité) ou la peur de manquer… alors que si on partageait un peu plus ou un peu mieux, on pourrait éradiquer la pauvreté de la surface de notre planète. 

Dans notre épisode, Jésus, lui, a cette lucidité, cette clairvoyance. Il a pleinement conscience de la réalité autour de lui et de la souffrance de cet homme. 
Il ne se conforme pas à ce que la majorité silencieuse pense autour de lui, à la norme en vigueur, mais il a cette force d’esprit - de caractère - que lui donne la présence de l’Esprit saint, l’Esprit de Dieu, en lui. 

Pour pouvoir établir un vrai contact avec les autres, il faut être centré sur soi-même, autonome. 
Qui n’a pas ses propres frontières est déterminé par les sentiments des autres et n’agit pas librement. 

Jésus, lui, est libre - comme d’ailleurs tous les prophètes avant ou après lui l’ont été : qu’on pense aussi à Paul, Luther ou d’autres. 

Il me semble que la prière ou la méditation servent aussi à cela : elles ont pour but de nous mettre en contact avec Dieu ou avec notre vrai Soi (notre âme, elle-même en communion avec Dieu). 

La méditation et la prière permettent d’éveiller et d’élever notre conscience : pour être plus présent et plus sensible à notre réalité, à notre environnent, aux autres. Et du coup, plus libres et innovants, pour chercher des moyens et des solutions, pour aider, aimer, partager, venir en aide. 

C’est ce qu’a fait Jésus avant nous. 

Certainement, il voulait avoir une relation avec les pharisiens, ces frères « séparés ». Il leur tend, avec tristesse, une main qu’ils ne prennent pas. 
Au contraire, ils s’en vont et décident d’éliminer le gêneur, en le faisant périr. 

Cette menace n’empêche pas Jésus d’accomplir sa vocation d’enfant de Dieu. Grâce à son action, le malade comprend et à désormais le courage d’étendre la main, de prendre sa vie à bras-le-corps, même si cela doit engendrer des conflits. 
Il va devenir celui qui agit et ne plus accepter qu’on agisse à sa place et qu’on décide de son destin. 

A la fin de l’épisode, Marc annonce déjà la destinée violente de Jésus, en même temps qu’il relate cet acte guérisseur, cette lutte contre ce qu’il appelle des puissance démoniaques, c’est-à-dire des forces inconscientes, des peurs, le pouvoir des habitudes ou des coutumes, qui finissent pas nous  scléroser ou nous diviser. 

En décidant la mort de Jésus, les Pharisiens ne savent pas qu’ils scellaient en réalité non seulement la fin de l’existence physique du maître, mais sa victoire prochaine sur toutes les puissances qui menacent la vie. 
Car, nous qui avons souvent peur de tout - peur de la vie, des autres, ou de la mort -, nous devons avoir conscience - comme nous le révèle le Nouveau Testament - que la mort n’est pas la tragédie - le clap de fin  - que nous imaginons. 

La foi de Jésus Christ nous appelle à croire que dans la mort nous recevrons aussi la vie : cette vie nouvelle qui fut donnée à l’homme à la main desséchée… et par laquelle sa vie fut transformée. 

« Si Dieu est avec nous … qui sera contre nous ? » (cf. Rm 8) demande l’apôtre Paul.

La foi, la confiance en Dieu, pour aujourd’hui et pour demain, nous conduit à lâcher toute nos peurs…. Car, quoi qu’il arrive, nous ne sommes pas seuls, nous sommes aimés de Dieu. 

Il nous suffit simplement de lui faire confiance et d’aimer notre prochain comme nous-mêmes : c’est ce que Jésus nous propose, pour vivre en plénitude. 

Soyons sûrs de l’amour de Dieu pour chaque être humain ! 
Et ouvrons nos consciences à cet amour pour nous… et pour nos frères et soeurs… 


Amen. 

dimanche 8 octobre 2017

Mc 9, 14-29

Lectures bibliques : Mc 11, 22-24 ; 6, 1-6 ; 9, 14-29 (= voir en bas de page)
Thématique : tout est possible pour celui qui croit / douter de son incrédulité
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 08/10/17 
(inspirée d’une méditation d’Elian Cuvillier)

Dans les épisodes que nous venons d’entendre, il est question de doute, de foi, d’incrédulité : qu’est-ce que peuvent bien recouvrir ces différents termes pour nous aujourd’hui ?

Pour tenter d’y voir plus clair - je vous propose, dans un premier temps, de nous pencher sur le court récit que Marc raconte au sujet de Jésus (cf. Mc 6,1-6) et de ceux qui refusent de croire en lui, parce qu’ils pensent le connaître. 
En effet, ce récit peut nous aider à comprendre ce que Marc appelle « l’incrédulité ou l’absence de foi ». 

On oppose souvent - à tort - « la foi » et « le doute ». Mais, remarquez ici que ce dont Jésus s’étonne ce n’est pas que les gens de son pays, de sa parenté ou de sa maison puissent avoir des doutes, c’est - au contraire - le fait qu’ils aient des certitudes. 
L’incrédulité serait en fait une forme de certitude… une fausse croyance : c’est croire que rien ni personne ne peut changer quoi que ce soit à une situation. 

J’en veux pour preuve ce petit épisode où Jésus n’arrive à rien faire - rien de nouveau, à part quelques impositions des mains, nous dit l’évangéliste Marc - parce que personne ne croit en sa capacité d’intervention et de changement. 

En racontant cet épisode, Marc raconte que les gens autour de Jésus « savent » qui il est : ils ne doutent pas un seul instant de son identité ; c’est le fils de Marie, le frère de Jacques. Cette conviction-là, cette certitude sur l’identité de Jésus, provoque leur incrédulité. 

C’est précisément parce qu’ils sont « sûrs » de l’identité de Jésus, qu’ils ne peuvent croire en sa capacité à parler et à agir de la part de Dieu. 

Dit autrement : Jésus est si proche d’eux - ils connaissent ses frères et ses soeurs - qu’il leur est impossible de l’entendre comme une parole extérieure à leur univers, donc une parole susceptible de renouveler ou de transformer leur existence. 

C’est à la lumière de cet épisode - et avec cette nouvelle définition de l’incrédulité - que nous pouvons relire le récit de guérison d’un enfant « possédé ». 

Je vous propose, en préambule, d’essayer de redéfinir quelques mots que l’on trouve ici comme « esprit impur », « incrédulité » et « foi », car ce sont des termes qui ont besoin d’être « actualisés » pour notre monde d’aujourd’hui :

- Les « esprits impurs » ou les « démons » (dont Marc parle dans différents épisodes) : ne sont pas forcément à identifier comme des forces obscures ou surnaturelles, mais plus vraisemblablement comme des forces inconscientes qui nous divisent intérieurement. 
L’esprit impur - qui nous éprouve, nous ou nos proches, par exemple, dans le cas d’une épreuve ou d’une maladie - nous conduit à nous résigner à notre sort. C’est une force inconsciente qui nous fait penser que les choses sont ainsi qu’on ne peut rien y faire, rien y changer. Ce qu’on peut entendre derrière les mots « démon » ou « esprit impur », c’est une force inconsciente de résignation, de peur, de découragement, qui est capable de nous enfermer dans l’habitude, la routine, la répétition et le désespoir… donc, de nous asservir. 

- Ensuite : le mot « incrédulité » - j’en ai déjà esquissé brièvement le portrait - : c’est croire aux démons ou esprits impurs, c’est donner du crédit à ces forces inconscientes. L’incrédulité est une forme de croyance - et non de doute. C’est croire que rien ne peut changer dans ma vie ou celle de mes proches. C’est croire que ce qui est, demeure intangible et immuable. 

- Enfin, le mot « foi » décrit ici - au contraire - une confiance, une espérance. La foi, c’est accepter de laisser place au doute. C’est croire que les choses peuvent encore changer, qu’un nouvel avenir peut toujours se dessiner. « Croire » c’est douter ! : c’est douter du fait que les choses sont ce qu’elles sont. C’est croire qu’elles peuvent être différentes. La foi, c’est croire en Dieu, comme force de changement et de transformation. 

A la lumière de ces définitions, nous pouvons reprendre le récit de guérison d’un enfant possédé ou épileptique : 

Dans cet épisode, Jésus guérit un enfant considéré comme « possédé », affligé de crises récurrentes, dont les symptômes sont caractéristiques de l’épilepsie. 
Si nous considérons cette histoire comme la simple guérison d’un épileptique, elle n’a pas grand chose à nous apporter… et ne nous concerne pas vraiment. 
Mais elle devient plus intéressante si nous voyons dans ces personnages l’image de notre propre état intérieur, et, dans la guérison du malade, l’assainissement d’une relation entre un père et son fils. 

Le responsable du mal est présenté comme un « esprit sourd et muet », ce qui peut nous orienter sur l’idée d’un problème majeur de communication dont souffre cet enfant. 

Au-delà des symptômes physiques, il est question ici d’« incapacité » (celle des disciples) et de « capacité » (celle que Jésus semble demander au père). Il est question « d’incrédulité » (celle que Jésus reproche à ses interlocuteurs) et de « foi », même s’il s’agit d’une foi défaillante (celle du père de l’enfant). 
Il est surtout question d’une demande guérison, d’un cri désespéré d’un père de famille, d’un désir de sortir de la répétition du même : c’est-à-dire des crises régulières de l’enfant, qui attestent de l’enfermement dans lequel se trouve toute une famille. 

Cet épisode peut faire écho en nous à des réalités intimes, car nous avons peut-être dans nos familles ou autour de nous des personnes qui souffrent de difficultés psychologiques ou physiologiques, d’une maladie ou d’un handicap. Mais, ici, cette maladie est présentée par un père de famille que Jésus interroge. Il l’invite à raconter l’histoire de cette souffrance et l’écoute attentivement. 
Nous pouvons deviner - à travers les mots du père - et notamment de sa fameuse déclaration paradoxale « je crois, viens au secours de mon incrédulité / de mon incroyance » que ce n’est pas seulement le fils qui est malade, c’est aussi la relation entre un père et son fils.

Remarquez qu’après avoir décrit le mal dont souffre son enfant, le père adresse sa requête à Jésus : « Si tu peux faire quelque chose… viens à notre secours ! » (v.22) Il exprime, à la fois, sa détresse et sa confiance en Jésus. Mais, c’est alors que Jésus le met en face de lui-même… il renvoie le demandeur à sa propre confiance… comme si le pouvoir de transformation et de guérison qu’il invoque, était en réalité à sa portée, entre les mains de l’intéressé : 
« Comment ça : si tu peux ?.. - s’étonne-t-il- … Tout est possible pour celui qui croit !… pour celui qui a confiance ! » (v.23). 

Cela pose question : à travers ce qui est dit ici… le père croit-il encore à la possibilité d’une guérison ? Croit-il en son fils ? Croit-il en lui-même ? Ou est-il terrassé - comme immobilisé - par la fatalité de la maladie de son enfant, devant laquelle il se sent impuissant et désemparé ? 

Il y a fort à parier que si le fils est malade, ce n’est pas seulement en raison d’un mal extérieur - d’une sorte de démon - entré en lui et venu d’on ne sait où. Certes, un mal intérieur est là, qui est constaté et qui reste inexpliqué. Mais son père - bien malgré lui - par son attitude, y est peut-être aussi pour quelque chose. 

Le problème du père que pointe Jésus : c’est son incroyance ou son incrédulité. Il y a là deux aspects complémentaires, selon la façon dont on traduit l’expression : 

- Son incroyance, c’est peut-être - en premier lieu - qu’il n’a pas vraiment eu foi en son fils. A travers les mots de Jésus, le père se rend compte qu’il n’a jamais cru en son enfant. Il l’aurait sans doute voulu, mais il n’a pas pu. 

Cette attitude inconsciente a empêché son fils de se manifester dans la vérité de son être et l’a vraisemblablement obligé à dissimuler sa personnalité et à la réinvestir dans la maladie. 
On sait combien l’environnement psychologique est crucial dans le développement et l’épanouissement d’un individu, notamment d’un enfant. 
Un des rôles des parents est de donner confiance en soi à son enfant, lui rappeler qu’il est quelqu’un d’unique, de précieux et d’une valeur inestimable… infinie…  En un mot, qu’il est une belle personne, pleine de potentialités !

Prenant conscience de son manque de foi, le père sollicite une aide extérieure : il dit à Jésus « J’ai confiance !… je crois… viens au secours de mon incroyance » (v.24) 
Le seul fait de reconnaitre qu’il a besoin de Jésus pour croire en son fils, modifie déjà sa relation avec lui. 

- Mais, on peut aussi traduire le problème du père par le mot « incrédulité » et pas seulement par celui d’ « incroyance », de manque de confiance. 

Dans ce cas, on peut comprendre que le mal dont souffre ce père - et qu’il a peut-être transmis à son fils - c’est d’incrédulité. 

Je l’ai dis tout à l’heure, l’incrédulité ce n’est pas un doute, c’est - au contraire - une forme de certitude. C’est avoir intégré dans son univers mental le fait que plus rien ne peut changer… que les choses sont déjà jouées… que les choses - et donc les problèmes - vont rester ainsi de façon immuable. Car on pense que rien ni personne n’a la capacité ni le pouvoir de les transformer. 

Cela dit - on peut comprendre ce que ressent ce père de famille … car la seule personne qui a le pouvoir de changer quoi que ce soit, c’est en fait soi-même : c’est nous-mêmes qui avons le pouvoir de changer notre vie. Personne ne peut choisir, ni décider, ni vouloir les choses à notre place. 

Mais cela… ce père de famille ne semble pas vraiment en être conscient… son attitude montre plutôt son absence de confiance, à la fois, en son fils, en lui-même, et peut-être même en Dieu, c’est-à-dire en la présence d’une force d’amour bienveillante à nos côtés : une force de changement et de transformation. 

Au fond, cette incrédulité - cette certitude - dont souffre ce père est un mal dont nous souffrons peut-être aussi à notre époque : 
Ne nous arrive-t-il pas de vouloir quelque chose, de désirer ardemment un changement, ou de rêver à quelque chose d’autre dans notre vie, et de penser - en même temps - « pff… à quoi bon !… ce n’est pas la peine… ce n’est pas prêt d’arriver… tu rêves complètement … ce n’est pas possible ! » ? 
Combien de fois nos propres désirs ou nos rêves sont sapés par notre propre raison ?

Bien souvent, nous aimerions que des choses changent, mais, en fait, nous n’y croyons pas vraiment… et du coup, nous détruisons nous-mêmes nos propres rêves et toute possibilité d’un autre avenir… nous les pensons illusoires et vains. 

Autrement dit, nous sommes parfois comme ce père de famille : prisonniers de quelque chose qui fait que rien ne peut vraiment changer. Car, nous-mêmes nous n’y croyons pas ou plus. 

Mais voilà la Bonne Nouvelle de l’Evangile : Jésus nous apprend ou nous rappelle que l’imagination est plus forte que la raison… que la confiance peut être est plus forte que la résignation. 

Si je désire que quelque chose se déplace en moi - ou change dans ma vie - je suis au seuil de la foi. 
Je peux alors prononcer la seule prière susceptible de chasser cette « espèce de démon », cette force inconsciente qu’est l’incrédulité : « je crois ! Viens au secours de mon incrédulité! » (v.24)… « mon incrédulité »,  c’est-à-dire de cette force en moi qui est convaincue que rien ne peut vraiment changer… que ce qu’il y a, est définitivement immuable. 

Bien sûr, ce sentiment de résignation, nous pouvons l'éprouver face à la maladie ou à un handicap : on peut facilement penser : « voilà, désormais, c’est comme ça maintenant - c’est foutu ! On va devoir faire avec ! »

Mais je crois que l’Evangile nous invite à un peu plus d’imagination, de courage et de persévérance : Il nous appelle à sortir de notre zone de confort… en osant rêver et imaginer un autre avenir… en participant de toutes nos forces à l’advenue de quelque chose de nouveau. 

Alors, comme ce père - grâce à Jésus qui vient le secouer, le bousculer … pour le faire sortir de son attentisme et de son découragement -  nous devrions pouvoir dire au Seigneur : 
« Viens au secours de mon incrédulité, viens ébranler cette certitude en moi que rien ne peut changer ! Viens mettre le doute, viens me faire douter de mon incrédulité ! »

La foi, c’est l’ouverture au doute : c’est douter du fait que les choses sont seulement ce qu’elles sont. 
La foi, c’est douter qu’il y a ce qu’il y a - et rien d’autre… et que c’est bien ainsi ou que c’est foutu… puisque c’est immuable. 

La foi, c’est oser penser et dire « il y a aussi ce qu’il n’y a pas encore ». C’est croire que quelque chose peut advenir de nouveau qui va changer la donne de mon existence. 

C’est même plus fou que cela : la foi, c’est remercier à l’avance le Seigneur de ce qu’il va nous donner… avec la conviction intérieure qu’il va nous mettre en mouvement - que nous sommes déjà en mouvement - vers cette nouveauté (cf. Mc 11, 22-24)… qu’une guérison est déjà à l’oeuvre. 

Mais tout cela implique - bien entendu - un lâcher-prise : cela signifie abandonner ses propres certitudes, sa raison, toutes ses pensées négatives… pour laisser place à la parole d’un Autre. 

La foi, c’est aussi - et surtout (je crois) - savoir faire place à une autre parole que la nôtre… à la parole de l’autre…

Vous l’avez sans doute remarqué : après avoir exprimé le doute sur lui-même, le doute sur son incrédulité - (dit autrement, après avoir exprimé sa foi, à travers les mots du doute) - le père de famille se tait. Il ne dit plus rien… Comme s’il laissait enfin place à une autre parole que la sienne : D’abord, à la parole libératrice de Jésus, mais, peut-être aussi, à celle de son fils. 

Auparavant, il était comme enfermé dans un destin, par le discours sur son malheur et celui de son fils qui ne faisait qu’un, en somme, et qui occupait tout l’espace de la parole. 
Bloqué et enlisé dans cette épreuve, il n’y avait aucun lieu possible pour qu’advienne une parole libératrice, aucun espace non plus pour la parole d’un fils, dont la maladie était peut-être d’avoir un père trop pesant. 

Ce qui constitue la foi de cet homme - que Jésus fait émerger - c’est de se mettre, tout d’un coup, en situation de doute sur sa propre parole et sur son incrédulité, c’est-à-dire sur l’image qu’il avait du monde et de sa propre vie. 

Le seuil de la foi, c’est peut-être cela : c’est se mettre en situation de doute vis-à-vis de nos propres représentations et de nos certitudes.

Grâce à Jésus, le père de l’enfant commence a douter de son incrédulité, du fait que rien ne peut se déplacer dans sa vie. 
Il remet en question le fait qu’il pouvait porter sa vie tout seul ! Il accepte de ne plus savoir, de lâcher sa raison, de ne plus avoir la vérité sur sa vie et la maladie de son fils… 

Il accepte de les remettre à quelqu’un d’autre qui est extérieur à son univers clos. Il commence à croire que quelqu’un peut désormais le porter, qu’il peut y avoir autre chose que ce qu’il connaît depuis si longtemps. Que quelqu’un peut lui venir en aide. 

C’est donc au moment où il désespère de lui-même et de ses certitudes (sur l’immuabilité des choses) qu’il est le plus près de la foi et de l’apaisement. 

C’est au moment où ses certitudes sur lui-même sont le plus ébranlées qu’il est libéré de devoir croire en ses propres forces, ses propres capacités,  et qu’alors il peut vraiment se reposer sur un autre, exprimer sa demande, ce dont il a besoin d’être libéré : c’est-à-dire de lui-même. 

Doutant de son incrédulité… ouvrant l’espace d’une nouvelle confiance possible… il est alors prêt à laisser advenir ce qui n’était pas envisageable. Il est prêt à ce que la réalité ne soit plus seulement ce qu’elle était, ce qu’il croyait qu’elle pouvait être. Il accepte de lâcher-prise, de ne pas savoir, d’entrer dans la confiance.

Il faut l’avouer… bien souvent… sans le vouloir… nous ressemblons à ce père de famille : 
Notre existence affective, familiale, sociale ou professionnelle se caractérise par notre incrédulité… c’est-à-dire par une forme de certitude qui nous conduit à penser que les choses sont ce qu’elles sont… que les gens sont ce qu’ils sont…  Il nous arrive de désespérer de nous-mêmes ou des autres.

Souvent, nous ne croyons pas ou nous ne croyons plus au changement… à la possibilité qu’il puisse y avoir autre chose que ce qu’il y a…  
Surtout quand les choses semblent aller mal : on tendance à ruminer des pensées négatives… à se dire que le malheur est là … que c’est foutu… c’est la fatalité… c’est le destin. 

Ce qui est certain, c’est que si nous cultivons ce genre de pensées : si nous sommes convaincus que rien ne peut vraiment changer… alors rien ne changera : nous avons raison de le croire ! 
Et nous contribuons ainsi - sans en avoir conscience - à toujours plus de la même chose…encore plus de réticence, de résistance, de ressentiment, de malheur, de déception. Nous finissons par attirer ce que nous pensons. 

Mais Jésus - comme avec ce père de famille - nous invite à une toute autre attitude : à un retournement de nos mentalités…
oser croire qu’il peut y avoir ce qu’il n’y a pas encore, croire que tout n’est pas écrit à l’avance… croire qu’il y a encore une libération possible, un amour possible. 

Il suffit pour cela d’un grain de folie (gros comme un grain de moutarde : cf. Lc 17,6 ; Mt 17, 20) : un peu de foi - de confiance - un peu d’imagination, de désirs, de rêves : Jésus nous invite à croire à nos rêves. 
Car si on désire que du nouveau, du positif puisse surgir… il faut commencer par penser, par imaginer, par visualiser, par cultiver le positif. C’est le seul moyen de le faire advenir : ça commence avec nos pensées… avec la foi !

« Tout est possible pour celui qui croit ! » : notre mission n’est pas de croire que c’est par nos propres forces - nos seules forces - que les choses vont pouvoir advenir… sûrement pas ! … Nous ne sommes pas tout-puissants. 

Personne ne nous demande de faire l’impossible : ça c’est la mission de Dieu, de la vie, de l’univers…  Mais Jésus nous demande de croire que cela peut arriver… car pour que l’impossible puisse surgir, il faut lui laisser la place d’advenir…  il faut accepter que l’imagination soit en fait plus forte que notre raison.

Cet épisode de l’évangile nous apprend donc qu’une nouvelle réalité ne peut advenir de l’extérieur, comme une grâce offerte par Dieu… par la vie… par l’univers… que si nous désirons intérieurement, si nous acceptons intérieurement qu’elle puisse advenir : 
Il ne peut « rien y avoir de nouveau sous le soleil », si nous n’y croyons pas, si nous ne le désirons pas… ou si quelque chose en nous fait obstacle. 

Croire, c’est donc ouvrir la porte au doute … c’est accepter la possibilité que quelque chose de nouveau puisse apparaître… et cela implique de quitter nos certitudes. 

* Pour conclure … un dernier mot :

Notre épisode montre, dans un dialogue final entre Jésus et les disciples, le fait que ces derniers n’ont pas réussi à chasser l’esprit muet et sourd qui impactait l’enfant. Et Jésus répond : « il n’y a qu’un moyen de faire sortir cette espèce-là, c’est la prière » (v.29). Comment comprendre cette affirmation ?

D’abord, il faut souligner que la prière est avant tout un acte de communication… un temps qui implique se mettre à l’écoute de soi et de l’Autre. 

Ensuite, pour être libérés des démons - des fausses certitudes ou des pensées nocives - qui nous étreignent, il faut sentir et se souvenir - par la méditation ou la prière - que nous sommes des enfants de Dieu… que nous sommes aimés… que nous sommes uniques, beaux et précieux aux yeux de Dieu… ainsi nous avons l’assurance que Dieu… la vie… l’univers… fait tout pour que chaque situation évolue favorablement pour nous… pour autant que nous le voulions et que nous y croyons !

Même au milieu des épreuves… un amour est toujours là… pour nous tenir la main. 
L’amour de Dieu - force de renouvellement et de transformation - peut se manifester en nous, pour tracer route nouvelle.

Amen. 



Lectures bibliques : Mc 11, 22-24 ; 6, 1-6 ; 9, 14-29

Mc 11, 22-24 : Jésus leur dit : « Ayez foi en Dieu. En vérité, je vous le déclare, si quelqu’un dit à cette montagne : “Ote-toi de là et jette-toi dans la mer”, et s’il ne doute pas en son cœur, mais croit que ce qu’il dit arrivera, cela lui sera accordé. C’est pourquoi je vous déclare : Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez [déjà] reçu, et cela vous sera accordé. 

Mc 6, 1-6 : Jésus partit de là. Il vient dans sa patrie et ses disciples le suivent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Frappés d’étonnement, de nombreux auditeurs disaient : « D’où cela lui vient-il ? Et quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, si bien que même des miracles se font par ses mains ? N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de Josès, de Jude et de Simon ? et ses sœurs ne sont-elles pas ici, chez nous ? » Et il était pour eux une occasion de chute. Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents et dans sa maison. » Et il ne pouvait faire là aucun miracle ; pourtant il guérit quelques malades en leur imposant les mains. Et il s’étonnait de ce qu’ils ne croyaient pas.

Mc 9, 14-29 : En venant vers les disciples, ils virent autour d’eux une grande foule et des scribes qui discutaient avec eux. Dès qu’elle vit Jésus, toute la foule fut remuée et l’on accourait pour le saluer. Il leur demanda : « De quoi discutez-vous avec eux ? » Quelqu’un dans la foule lui répondit : « Maître, je t’ai amené mon fils : il a un esprit muet. L’esprit s’empare de lui n’importe où, il le jette à terre, et l’enfant écume, grince des dents et devient raide. J’ai dit à tes disciples de le chasser, et ils n’en ont pas eu la force. » Prenant la parole, Jésus leur dit : « Génération incrédule, jusqu’à quand serai-je auprès de vous ? Jusqu’à quand aurai-je à vous supporter ? Amenez-le-moi. » Ils le lui amenèrent. Dès qu’il vit Jésus, l’esprit se mit à agiter l’enfant de convulsions ; celui-ci, tombant par terre, se roulait en écumant. Jésus demanda au père : « Depuis combien de temps cela lui arrive-t-il ? » Il dit : « Depuis son enfance. Souvent l’esprit l’a jeté dans le feu ou dans l’eau pour le faire périr. Mais si tu peux quelque chose, viens à notre secours, par pitié pour nous. » Jésus lui dit : « Si tu peux !… Tout est possible à celui qui croit. » Aussitôt le père de l’enfant s’écria : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » Jésus, voyant la foule s’attrouper, menaça l’esprit impur : « Esprit sourd et muet, je te l’ordonne, sors de cet enfant et n’y rentre plus ! » Avec des cris et de violentes convulsions, l’esprit sortit. L’enfant devint comme mort, si bien que tous disaient : « Il est mort. » Mais Jésus, en lui prenant la main, le fit lever et il se mit debout. Quand Jésus fut rentré à la maison, ses disciples lui demandèrent en particulier : « Et nous, pourquoi n’avons-nous pu chasser cet esprit ? » Il leur dit : « Ce genre d’esprit, rien ne peut le faire sortir, que la prière. »