dimanche 11 mars 2018

Le progrès (I)

Lectures bibliques : Qo 1, 12-18 + 2. 12-17  /  2 Co 4, 16-18.  5, 1-2 ; Ep 4, 17-24. 30-32. 
Thématique : le progrès - 1ère partie.  (voir lectures ci-dessous)
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, 11/03/18

* La méditation d’aujourd’hui a pour thème le progrès : le progrès est-il possible ? Oui ou non ? A quelle(s) condition(s) ? Pouvons-nous nous améliorer et nous transformer… pour devenir meilleur ?

Cette question détermine, en fait, certaines de nos attitudes dans l’existence : 
- Si on croit à la possibilité d’un progrès, alors il est légitime de travailler à des améliorations, d’entreprendre des efforts, pour essayer d’avancer. 

- Si on ne croit pas au progrès, alors il n’y a rien à faire de particulier : vivons au jour le jour, le temps présent…  Demain - avec son lot de joies et de peines - viendra bien assez vite …  Du coup, on peut avoir une vision plus égocentrique de la vie.  S’il n’y a pas de progrès possible, autant s’occuper de soi-même…. autant profiter et jouir de ce que la vie nous offre d’agréable… inutile de faire des efforts et de penser à demain. 

* Pour répondre à cette question, il est nécessaire d’essayer de définir ce que pourrait être « le progrès » :

Le mot vient du latin « progressus » ; il traduit l’idée d’une marche en avant, d’un développement des choses, d’un accroissement. Il est dérivé de « progredior » : aller en avant. 
Il définit donc un développement, un avancement dans une action, une évolution, une idée de mouvement, éventuellement une croissance, un processus d’amélioration. 
Il s’oppose ainsi à l’idée d’immobilité, de stagnation ou encore à l’idée de régression, de recul ou de retour en arrière. 

Cependant, si le progrès traduit une marche en avant : on devine tout de suite que ce développement peut être dans un sens ou dans un autre : 
- On peut progresser dans le bien (cf. Col 1,10), on peut essayer d’améliorer les choses ou s’améliorer soi-même, avec une transformation graduelle vers un mieux… 
- Comme on peut aussi progresser dans le mal (cf. 2 Tm 3,13) : on parle, par exemple, dans la vie courante, d’une recrudescence de la criminalité, des progrès d’un incendie ou de la progression d’une maladie : ce qui ne traduit pas forcément une évolution positive. 

En d’autres termes, la notion de progrès est ambiguë et nécessite d’opérer plusieurs distinctions… car, pour autant que progrès soit possible, il pourrait s’opérer positivement dans un domaine particulier, et négativement dans un autre. 

* Ainsi, il faudrait, par exemple, distinguer le progrès au niveau social, du progrès au niveau personnel ou individuel. 

Le progrès social peut être lié…  soit à une prise de conscience collective face à un danger commun ou une injustice à changer… donc à la nécessité d’une plus grande justice… soit à une décision d’un pouvoir politique : il est lié, dans ce cas, à l’exercice de l’autorité législative, économique ou judiciaire. 

De tout temps, les hommes ont peu à peu changé les lois, pour organiser la vie de la tribu, du groupe ou de la société. 
Voulant s’adapter à son monde et son environnement, l’homme s’est efforcé de progresser pour un vivre ensemble possible.

Dans la Bible, la loi du talion (oeil pour oeil / dent pour dent) en est un exemple. Elle constitue une amélioration par rapport à une période précédente. Puisque cette loi introduit une proportionnalité dans la réponse à une faute ou une injustice : elle fonde une juste réciprocité. 

Bien entendu, ce progrès (vieux de 3000 ans, peut être) est tout relatif par rapport à la justice d’aujourd’hui. Et il est loin de ce que Jésus proclame : puisqu’il appelle ses disciples à sortir de la réciprocité et du cycle de la vengeance (puisqu’il s’agit d’aimer et de pardonner, même ceux qui nous traitent en ennemi (Mt 5,38-48), et d’entrer dans l’amour inconditionnel, à l’image de Dieu, qui agit par grâce). 

[Au fur et à mesure de son évolution, l’homme a donc fait évoluer ses lois et s’est attaché à prendre en compte le droit du plus faible, du plus petit, du plus fragile… et pas seulement celui du plus fort. 
Avec l’élargissement de sa conscience, l’homme a peu à peu établi une égalité de dignité et de droits entre les individus humains. 

Ce « progrès » reste malgré tout dépendant du territoire ou du pays où vous demeurez ou dont vous êtes issus. On connait la fameuse déclaration universelle des Droits de l’homme. Mais, dans la pratique, de nombreuses lois ne sont pas les mêmes partout. Aujourd’hui encore un être humain - qu’il soit citoyen ou non, qu’il ait une carte d’identité valide ou qu’il soit sans papier, ne jouira pas forcément des mêmes droits, ici ou là.]

* D’autre part, on pourrait aussi opérer une distinction entre le progrès au niveau scientifique ou technique, et le progrès au niveau moral, éthique ou spirituel… c’est-à-dire, distinguer, d’un côté, ce qui relève de l’évolution intellectuelle de l’homme, qui a progressé dans la découverte et la maitrise de son environnement, et, d’un autre côté, ce qui relève du niveau de conscience de l’individu, par rapport à lui-même, aux autres et au monde, en matière de justice et de responsabilité au niveau personnel ou au niveau collectif ou social. 

Ainsi, dans ce chapitre, on peut facilement constater que la science a fait d’énormes progrès au 19e et 20e siècles, avec des grandes découvertes, qui ont peu à peu émergé dans notre vie quotidienne : le train, l’automobile, la mécanisation, l’électricité, le téléphone, Internet, ou encore, pour s’en tenir à quelques exemples, les progrès énormes aussi dans les domaines médicaux ou la recherche appliquée (IRM, scanner, etc.…)
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Mais - on le sait bien - tous ces progrès ne se sont pas forcément soldés par des progrès sur le plan moral ou sur celui de la conscience : 

La découverte de l’atome, par exemple, a pu être utilisé, non pas seulement pour faire des centrales nucléaires et produire de l’électricité … mais pour un usage militaire, pour fabriquer et utiliser la bombe atomique, et ainsi pouvoir tuer des gens en masse. 

Le développement de l’intelligence et de la science, lorsqu’ils ne sont pas suivis - en même temps - d’un progrès moral, sont à même de mettre en péril la vie même de l’humanité. 

* Ainsi, l’idéologie progressiste du 19e siècle a totalement été remise en question au cours du 20e siècle, par deux guerres mondiales et l’existence de la Shoah… qui ont montré que l’homme avait certainement accompli des progrès sur le plan technique, mais que sur le plan de l’altruisme, de l’éthique, de la compassion : il n’avait pas vraiment avancé. 

L’idée de « progrès » a donc été remise en cause, à juste titre. Car le progrès technique / ou même intellectuel / ne débouche pas systématiquement sur un progrès moral ou social. 

Il semble donc difficile de parler de « progrès humain », d’une façon générale ou à un niveau global. 
Si le progrès existe, il est certainement observable par petites touches, ici ou là, dans des domaines particuliers. 

Il semblerait présomptueux de croire que l’humanité a atteint - au 21e siècle - la pleine maturité : 
Quand on voit notre monde, les conflits et les souffrances de tout genre, on peut plutôt penser que l’homme en est encore au stade « primitif » sur bien des points. Mais, bien évidement, tout espoir d’évolution est toujours permis !

* Alors…. on pourrait poursuivre encore longtemps sur les enjeux de cette thématique du « progrès »… mais ce qui nous intéresse, maintenant, c’est de savoir ce qu’en dit la Bible : Qu’en est-il dans la Bible ? 

Je m’en tiendrai, pour aujourd’hui, à deux auteurs : Qohélet et Paul  

* Pour résumer, on pourrait dire que le constat de Qohélet / l’Ecclésiaste semble être le suivant : Pour lui, le progrès est possible, mais de façon très limitée. 

A ses yeux, on peut progresser en sagesse. 
Mais, il ajoute immédiatement plusieurs objections :
- ça ne rend pas plus heureux : en beaucoup de sagesse, il y a [aussi] beaucoup d’afflictions. Qui augmente le savoir, augment [également] la douleur. (1,18)
- d’autre part, on ne peut pas forcément changer les choses : Ce qui est courbé, on ne peut le redresser. Ce qui fait défaut, ne peut être compté (1,15)
- Enfin, ce n’est pas forcément celui qui travaille et qui progresse qui va en profiter : d’une part, la mort va nous arracher toutes nos oeuvres ;  d’autre part, ce sont finalement souvent d’autres personnes - ceux qui nous succéderont - qui en récolteront les fruits. (cf. Qo 2, 11-26)
En conclusion : toute est vanité et poursuite de vent. 

A ce constat, Quohelet - l’Ecclesiaste - ajoute un argument : c’est l’oubli. 
Pour lui, il n’y a rien de nouveau sous le soleil, car l’homme - ayant une vie relativement courte - tout ce qu’il fait va finir dans l’oubli. 
Ainsi, ceux qui viendront après lui auront l’impression d’innover, de faire du neuf, mais il ne feront que répéter - sans le savoir - ce que d’autres ont fait bien avant (cf. Qo 1, 1-11)

Appartenant au grand cycle de la nature ou de la création, où Tout se répète et se reproduit indéfiniment, l’homme n’est rien : il n’est que buée … et donc finalement « tout est vanité » et « rien ne peut surgir de nouveau sous le soleil ». 

Dans cet horizon, on peut en conclure - à la lecture de l’Ecclésiaste - que toute idée de progrès, de marche en avant, d’évolution - est, plus ou moins, une chimère… une sorte de leurre. 

Il parle, certes, d’un progrès possible dans la connaissance (la science) et de la sagesse, mais selon lui, cela n’est pas synonyme de bonheur (cf. 1, 16-18). 
Il serait peut-être plus profitable de jouir de l’instant présent, du bonheur qu’on trouve dans les joies simples de la vie… que Dieu nous donne. 

Qohelet nous propose donc un regard décapant sur la réalité… Il nous fait sortir de nos illusions. 

Face au caractère cyclique de toute chose et de la vie elle-même, il se demande si l’existence humaine n’a pas quelque chose d’absurde. 
Il finit, en tout cas, par constater l’inutilité des efforts de l’homme, pour échapper à sa condition. 

Que sert-il à un homme de toute la peine qu’il s’est donné ? 
Quel profit y-a-t-il pour lui de tout le travail qu’il fait sous le soleil ? (Qo 1,3) puisque rien n’est durable … puisque la mort finira par tout faire sombrer dans l’oubli. 

C’est le juste constat d’un sage…  d’un bon observateur du monde matériel…  dont le raisonnement a pourtant - peut-être - une faiblesse : 

Qohelet situe notre réalité humaine - notre individualité, notre personnalité - uniquement dans le cadre de notre vie corporelle, dans le cadre de la vie terrestre : 
il semble n’avoir aucune espérance au-delà de la mort. Ce qui ne correspond pas à la vision qu’auront, plus tard, Jésus et Paul, dans le Nouveau Testament. 

Si toute la vie de l’homme s’achève à la tombe, Qohélet a peut-être raison… mais s’il en est autrement : ce n’est plus du tout certain. 

* Dans l’évangile de Marc, Jésus fait exactement le même constat, mais il aboutit à une conclusion radicalement différente. Je cite librement : 

Que sert-il à un homme de travailler sans répit pour lui-même, pour gagner le monde entier, s’il perd son âme ? 
Que pourrait donner l’homme qui ait la valeur de sa vie ? De son âme ? (cf. Mc 8, 36-37)

La conséquence, c’est que, plutôt que de dépenser sa vie et de la perdre, soit dans des préoccupations égoïstes, soit des préoccupations purement matérialistes, en voulant se sauver… se sauver par plus d’avoir ou plus de pouvoir… il serait bon - pour l’homme - de se mettre en quête de la présence de Dieu et de l’amour du prochain : Il serait « sage » de chercher le règne de Dieu et sa justice (Mt 6,33)… car c’est cela qui est éternel. 

Celui qui veut sauver sa vie - pour lui-même - la perdra. 
Mais celui qui osera la risquer, à la lumière de l’Evangile, la sauvera : il lui donnera un sens et une couleur d’éternité. 

* A présent, je vous propose de regarder la manière de voir de Paul. Pour l’envisager, il faut - je crois - restituer la vie humaine - comme le fait Jésus - dans une perspective plus large que notre vie terrestre. 

Ce qui distingue fondamentalement la vison de Paul de celle de l’Ecclésiaste, c’est que l’apôtre situe la vie humaine dans un horizon d’éternité. 

Il distingue, d’une part, notre être extérieur, notre être corporel, qui est voué, à terme, à la mort, à la tombe, donc à la disparition… de notre être intérieur, notre esprit ou notre âme, qui est promis à la vie, à l’éternité avec le Christ. 

De ce fait, le travail ou les efforts que l’être humain peut fournir pour progresser ne sont pas vains, quand il s’agit de la dimension spirituelle de l’être. 

Je vous livre quelques citations des lettres de Paul (qui sont sur nos feuilles) :

- Dans la 2eme épitre aux Corinthiens, le passage qui a été lu : « Même si, en nous, l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur  se renouvelle de jour en jour. […] Ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel. » (2 Co 4, 16.18)

- Dans la 1ère épitre aux Corinthiens, au chapitre 15. Après tout un long discours sur l’espérance de la résurrection, Paul conclut en ces termes : « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, faisant sans cesse des progrès dans l’oeuvre du Seigneur ; sachant que votre peine n’est pas vaine dans le Seigneur » (1 Co 15, 58)

- Ou encore, dans la 2ème épitre aux Thessaloniciens : « Nous devons rendre continuellement grâce à Dieu pour vous, frères, et c’est bien juste, car votre foi fait de grands progrès, et l’amour que vous avez les uns pour les autres s’accroît en chacun de vous tous, au point que vous êtes notre fierté parmi les Eglises de Dieu, à cause de votre persévérance et de votre foi dans toutes les persécutions et épreuves que vous supportez. » (2 Th 1, 3-4)

La vision de Paul est donc très différente de celle de Qohélet. Pour lui, il est possible de progresser dans la foi (cf. 2 Co 10, 15 ; Ph 1, 25), dans « l’oeuvre du Seigneur » (1 Co 15, 58) et de faire progresser la connaissance de l’Evangile (Ph 1,12), en vue d’une transformation intérieure. 

Ce travail de la foi - qui peut conduire à une évolution spirituelle - n’est pas vain, puisque nous sommes promis à la résurrection. 
Dès aujourd’hui, nous pouvons travailler, à la fois, pour notre présent et notre avenir. 

La possibilité de progresser est donc lié, chez Paul, à « l’espérance »… à la perspective d’une évolution pour notre vie d’aujourd’hui… en vue de notre futur, de notre vie de demain, dans l’éternité de Dieu. 

Les progrès possibles que l’apôtre Paul met en avant, sont essentiellement lié à la foi et au renouvellement de notre être intérieur, de notre esprit, de notre intelligence. 
C’est ce dont il parle dans un passage de sa lettre aux Ephésiens que nous avons entendu : 
« Il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence et revêtir l’homme nouveau » (Ep 4, 23-24 / voir aussi Rm 12). 

En d’autres termes, la nouveauté de vie est possible dans la foi, dans la confiance en Dieu. 
Se laisser construire et conduire par l’Esprit de Dieu, nous amène - selon Paul - à une vie plus abondante, où nous osons lâcher tout ce qui nous enferme dans nos routines, nos obsessions, nos mauvais comportements, nos errements, notre passé … on pourrait dire que c’est un abandon de tout ce qui nous enferme dans notre ego… pour nous ouvrir, désormais, à une vie nouvelle… une vie juste et bonne sous le regard de Dieu… une vie qui nous ouvre aux autres, à des relations justes et vraies avec ceux qui nous entourent (cf. Ep 4,17-32).

Autrement dit, quelque chose de nouveau peut advenir dans notre vie : Cette nouveauté, c’est Jésus Christ qui l’a apportée et manifestée… elle nous est offerte dans la foi.

Paul la résume en plusieurs points : 
C’est, à la fois, - la possibilité de la confiance (la foi en un Dieu bon) ; - l’offre d’une espérance : la résurrection après notre mort (la résurrection de Jésus Christ est une manifestation de cette nouveauté) ; - et c’est le don de l’Esprit saint, qui nous est offert dès maintenant : l’Esprit d’amour, dont le Christ était le porteur et qu’il a répandu pour nous. 

Tout cela nous inscrit dans une nouveauté de vie. 
Si nous vivons de cet Esprit d’amour - qui était celui du Christ -  si nous acceptons de nous laisser renouveler et ressourcer intérieurement par le Souffle de Dieu, alors nous vivrons des relations renouvelées avec les autres. 

[Pour Jésus, comme pour Paul, quelque chose de nouveau peut donc surgir sous le soleil… et c’est peut-être cela « le salut » : le salut, c’est ce qui nous fait sortir du cercle infernal de la répétition du même… le salut, c’est quand quelque chose change : quand nous saisissons « le nouveau » qui apparait dans notre vie… et que cela nous ouvre, nous libère, nous guérit.]

* La possibilité du progrès, c’est aussi ce que les Réformateurs - et notamment Calvin - ont appelés « la sanctification » : qui désigne une transformation progressive de notre être, sous l’action de l’Esprit saint. 

* Pour reprendre également des images développées, à la fois, par les Psaumes (cf. Ps 1) et pas Jésus (Mt 7, 15-18) : 
Si nos racines puisent en Dieu, notre arbre va s’épanouir. Il sera bon et produira de beaux fruits. 
Notre attention doit donc porter sur notre relation à la Source, pour puiser à la Source divine… ou, comme Jésus le disait, il faut que nos sarment soient attachés au cep de la vigne (cf. Jn 15) 

* Ainsi - au regard de ces quelques textes bibliques que nous avons entendus - et pour aller plus loin sur cette question du « progrès » - on pourrait dire qu’il n’y a de progrès possible au niveau social et collectif, que s’il y a d’abord un progrès au niveau individuel, personnel. 

Le bon arbre produit de bons fruits. Si l’on veut obtenir de bons fruits, il faut d’abord que l’arbre devienne bon… il faut agir à la racine : dans notre intériorité. C’est là que les choses se jouent en premier lieu. 

Pour Paul, notre vie extérieure et nos relations avec les autres, sont la conséquence de notre vie intérieure, du renouvellement spirituel qui est le nôtre ou de son absence. 
Nos oeuvres ne sont que le reflet de notre foi, de notre être intérieur. 

[On aurait pu, ici encore, citer ce verset de l’évangile selon Luc : 
« L'homme bon tire de bonnes choses du bon trésor de son coeur, et le méchant tire de mauvaises choses de son mauvais trésor. Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du coeur. » (Lc 6, 45) ]

C’est donc une conscience renouvelée par Dieu, par son Esprit, qui nous permet de progresser intérieurement d’abord, et par la suite, qui irradie (par une transformation intérieure) tous les domaines de notre vie, y compris notre vie relationnelle et sociale. 

[[ Pour autant, il faut distinguer ici la foi et la religion…  Pour Paul, ce n’est pas ni la Loi (les commandements), ni les actes religieux, ni la répétition de rites ou de traditions qui sont susceptibles de nous faire avancer. 
C’est la relation au divin, la foi et la connaissance de Dieu (cf. Col 1,10) qui le permettent. Ce n’est pas la même chose. Il s’agit donc de laisser Dieu guider notre vie par son Souffle, son Esprit saint. ]]

* Pour conclure, je vous cite un dernier passage (dans l’épitre aux Romains), dans lequel Paul appelle ses disciples au discernement : 
« Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait. » (Rm 12, 2)

Le discernement, c’est la capacité de s’interroger… la capacité, grâce à Dieu, de distinguer de ce qui est bon pour l’homme /de ce qui ne l’est pas… ce qui va dans le sens de la vie / de ce qui, au contraire, est mortifère…  C’est aussi la capacité de se remettre en question et de prendre du recul. 

De cette capacité que l’homme a aujourd’hui et aura demain, d’une part, de faire confiance à Dieu, de se mettre à son écoute… et, d’autre part, de tirer un enseignement de ses expériences passées - bonnes ou mauvaises - … de cela va résulter la possibilité du progrès. 

Si nous apprenons de nos erreurs et de nos réussites, nous avançons… si nous n’apprenons rien de nos échecs ou du mal (fait ou subi)… et si nous les répétons indéfiniment…  et inconsciemment… nous n’avançons pas.

Pour Paul, c’est la foi qui crée une ouverture et permet d’avancer : 

La Croix est le symbole de cette nouveauté… de cette ouverture…  qui a surgit sur notre terre.

La Croix de Jésus Christ - par laquelle l’être humain en est venu à crucifier l’envoyé de Dieu - est le signe que l’homme est dans l’erreur, lorsqu’il prétend agir tout seul, par lui-même. 
La Croix vient briser notre orgueil et nos prétentions de pouvoir être juste par nous-mêmes, de savoir ce qui serait bon ou mauvais, bien ou mal, sans avoir besoin du concours de Dieu. 

La foi, c’est, au contraire, une confiance totale : c’est s’en remettre pleinement à Dieu, oser lui demander son aide, son appui, son éclairage pour nos choix de vie. 
C’est accepter de nous laisser inspirer par Lui, par son Esprit. 

Ainsi donc, l’Evangile nous appelle à la transformation, à une vie renouvelée… à une évolution personnelle et collective… avec Dieu. 

La voie que propose Paul est celle de la foi. 
Elle se découvre dans le coeur à coeur avec Dieu, dans l’écoute de sa Parole, dans la communion avec son Esprit d’amour. 

Comme vous, peut-être… quand je regarde notre monde d’aujourd’hui… avec ses grandeurs et ses misères… il m’arrive de douter : je doute non pas de Dieu, mais de l’homme… et je me dis que Paul a certainement raison… 
Notre société a tendance à penser le progrès dans les conditions extérieures de notre vie, Paul nous ramène, quant à lui, à notre intériorité. 

Je crois que la spiritualité (que je distingue, bien sûr, de la religion) constitue la voie d’un progrès possible : la méditation … la prière… tout mouvement intérieur qui consiste à se mettre à l’écoute de Dieu… contribue à l’élévation de notre niveau de conscience… à plus de calme, de paix, d’ouverture et de compassion pour autrui. 

C’est pourquoi, je n’aurai qu’une recommandation, finalement : 
si nous voulons progresser… osons emprunter le chemin ouvert par Jésus et par Paul… osons faire confiance à Dieu… et donnons lui plus de temps temps et d’espace dans votre vie… dans notre intériorité : 
Pratiquons la méditation et notre vie en sera progressivement transformée !

Amen. 

LECTURES BIBLIQUES - 11 mars 2018

Qo 1, 12-18 + 2. 12-17
1. 12 Moi, Qohéleth, j’ai été roi sur Israël, à Jérusalem.
13 J’ai eu à cœur de chercher et d’explorer par la sagesse
tout ce qui se fait sous le ciel.
C’est une occupation de malheur que Dieu a donnée
aux fils d’Adam pour qu’ils s’y appliquent.
14 J’ai vu toutes les œuvres qui se font sous le soleil ;
mais voici que tout est vanité et poursuite de vent.
15 Ce qui est courbé, on ne peut le redresser,
ce qui fait défaut ne peut être compté.

16 Je me suis dit à moi-même :
« Voici que j’ai fait grandir et progresser la sagesse
plus que quiconque m’a précédé comme roi sur Jérusalem. »
J’ai fait l’expérience de beaucoup de sagesse et de science,
17 j’ai eu à cœur de connaître la sagesse
et de connaître la folie et la sottise ;
j’ai connu que cela aussi, c’est poursuite de vent.
18 Car en beaucoup de sagesse, il y a beaucoup d’affliction ;
qui augmente le savoir augmente la douleur. […]

*****
2. 12 Je me suis aussi tourné, pour les considérer,
vers sagesse, folie et sottise.
Voyons ! que sera l’homme qui viendra après le roi ?
Ce qu’on aura déjà fait de lui !

13 Voici ce que j’ai vu :
On profite de la sagesse plus que de la sottise,
comme on profite de la lumière plus que des ténèbres.
14 Le sage a les yeux là où il faut,
l’insensé marche dans les ténèbres.
Mais je sais, moi, qu’à tous les deux
un même sort arrivera.
15 Alors, moi, je me dis en moi-même :
Ce qui arrive à l’insensé m’arrivera aussi,
pourquoi donc ai-je été si sage ?
Je me dis à moi-même que cela aussi est vanité.
16 Car il n’y a pas de souvenir du sage,
pas plus que de l’insensé, pour toujours.
Déjà dans les jours qui viennent, tout sera oublié :
Eh quoi ? le sage meurt comme l’insensé !

17 Donc, je déteste la vie,
car je trouve mauvais ce qui se fait sous le soleil :
tout est vanité et poursuite de vent. […]

Mc 8, 34-37 : Puis Jésus fit venir la foule avec ses disciples et il leur dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile, la sauvera. Et quel avantage l’homme a-t-il à gagner le monde entier, s’il le paie de sa vie ?  Que pourrait donner l’homme qui ait la valeur de sa vie ? » 

2 Co 4, 16-18 + 5, 1-2
16 C’est pourquoi nous ne perdons pas courage et même si, en nous, l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. 17 Car nos détresses d’un moment sont légères par rapport au poids extraordinaire de gloire éternelle qu’elles nous préparent. 18 Notre objectif n’est pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel.
1 Car nous le savons, si notre demeure terrestre, qui n’est qu’une tente, se détruit, nous avons un édifice, œuvre de Dieu, une demeure éternelle dans les cieux, qui n’est pas faite de main d’homme. 2 Et nous gémissons, dans le désir ardent de revêtir, par-dessus l’autre, notre habitation céleste[…]

Ep 4, 17-24 + 30-32.
17 Voici donc ce que je dis et atteste dans le Seigneur : ne vivez plus comme vivent les païens que leur intelligence conduit au néant. 18 Leur pensée est la proie des ténèbres, et ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l’ignorance qu’entraîne chez eux l’endurcissement de leur cœur. 19 Dans leur inconscience, ils se sont livrés à la débauche, au point de s’adonner à une impureté effrénée. 20 Pour vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris le Christ, 21 si du moins c’est bien de lui que vous avez entendu parler, si c’est lui qui vous a été enseigné, conformément à la vérité qui est en Jésus : 22 il vous faut, renonçant à votre existence passée, vous dépouiller du vieil homme qui se corrompt sous l’effet des convoitises trompeuses ; 23 il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence 24 et revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité. […]

30 N’attristez pas le Saint Esprit, dont Dieu vous a marqués comme d’un sceau pour le jour de la délivrance. 31 Amertume, irritation, colère, éclats de voix, injures, tout cela doit disparaître de chez vous, comme toute espèce de méchanceté. 32 Soyez bons les uns pour les autres, ayez du cœur ; pardonnez-vous mutuellement, comme Dieu vous a pardonné en Christ.

Passages cités pendant la prédication :

- Dans la 1ère épitre aux Corinthiens, au chapitre 15 : « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, faisant sans cesse des progrès dans l’oeuvre du Seigneur ; sachant que votre peine n’est pas vaine dans le Seigneur » (1 Co 15, 58)

- Dans la 2ème épitre aux Thessaloniciens : « Nous devons rendre continuellement grâce à Dieu pour vous, frères, et c’est bien juste, car votre foi fait de grands progrès, et l’amour que vous avez les uns pour les autres s’accroît en chacun de vous tous, au point que vous êtes notre fierté parmi les Eglises de Dieu, à cause de votre persévérance et de votre foi dans toutes les persécutions et épreuves que vous supportez. » (2 Th 1, 3-4)

- Dans l’épitre aux Romains : « Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait. » (Rm 12, 2)

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