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* Mt 5, 8 : Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !

Lien vers la video : Parenthèse de carême 


Avez-vous le cœur pur ?... le regard bienveillant ?


Vous l’avez sans doute remarqué… chaque béatitude est rattachée à une qualité humaine ou une attitude de sagesse que Jésus met en avant… comme la meilleure voie à suivre pour se mettre au diapason du règne de Dieu… et trouver ainsi un chemin de bonheur.. avec soi-même, avec Dieu et avec les autres. 


Dans cette béatitude... il est question de cœur, de regard… et de pureté… 

Jésus nous oriente sur le chemin de la bienveillance.


Première question : comment envisager cette notion de pureté ? … qui n’est plus forcément très parlante… pour nous, aujourd’hui…


Pour Jésus, elle ne relève pas de l’extériorité… la pureté n’a rien à voir avec le physique, avec la sexualité ou un type d’alimentation… ni avec la propreté ou l’hygiène… 


Pour aborder cette question en profondeur, il faut remonter à la source : il faut regarder du côté de l’intériorité, c’est-à-dire des intentions, des désirs, de ce qui sort du cœur de l’être humain. 


Le cœur, c’est le centre de la personne : c’est ce qui motive nos choix, ce qui guide nos actions. 


Ce qui est pur, c’est ce qui est simple, ce qui est clair et intègre. 

Ce qui n’est pas mélangé. 


Un cœur pur est un cœur unifié et généreux.


Le contraire d’un cœur pur est un cœur partagé… divisé par des motivations ambivalentes, des désirs ambigus, des penchants ou des intérêts équivoques… (mêlant parfois duplicité ou même instrumentalisation d’autrui). 


Souvenons-nous de cette parole dans l’évangile de Matthieu (Mt 6,22) : « La lampe du corps, c’est l’œil. Si donc ton œil est sain [s’il est simple], ton corps tout entier sera dans la lumière. »


L’orientation du cœur rejoint la façon dont je regarde celles et ceux que je rencontre. 

La pureté de cœur est la simplicité qui rend le regard transparent. 


Si je vois autrui d’un œil simple, c’est-à-dire bienveillant, comme le Christ regarde chacun… alors je le vois d’un œil pur, sans arrière-pensée, sans jugement… je le regarde d’un œil lumineux… et je vois en lui ce qui est potentiellement beau et bon.


Ce n’est pas de la naïveté… c’est la capacité – avec le cœur – de voir au-delà des apparences…  

C’est ainsi que Jésus regardait ses interlocuteurs… directement au cœur. 


Deuxième question… justement : comment donc avoir le cœur pur ? Qu’est-ce qui nous purifie ? 


C’est l’écoute de la Parole du Christ qui nous transforme, qui nous rend meilleur. 

Dans l’évangile de Jean (au chapitre 15), Jésus affirme qu’il est comme une vigne dont nous sommes les sarments. 


 « Je suis la vraie vigne – dit-il – et mon Père est le vigneron. 

Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il en porte davantage encore. 

Déjà vous êtes émondés par la parole que je vous ai dite ». 


« Émonder » ça veut dire purifier, nettoyer, tailler, pour enlever ce qui n’a pas d’avenir… pour retirer les branches mortes ou déséquilibrées, pour se débarrasser des rameaux inutiles ou supprimer les plantes parasites… en vue de produire davantage de fruits… de bons fruits.


Il faudrait donc se demander – chers amis – ce qui a de l’avenir, et ce qui n’a pas d’avenir en nous ? 


La réponse est assez simple : Ce qui a de l’avenir, c’est notre relation à Dieu… sachant que Dieu est Amour…. et qu’il est notre destination, notre but.


Ce qui n’a pas d’avenir c’est tout ce qui fait barrage à l’amour : ce sont nos mauvais penchants, l’orgueil, l’individualisme, l’avidité, la jalousie, la médisance, l’égoïsme, l’injustice, la violence, etc.


La Parole de Dieu nous transforme et nous purifie, parce qu’elle nous ouvre à l’amour, à la compassion et à la bienveillance… en nous appelant à nous connecter à notre vrai Soi et à donner le meilleur de nous-mêmes. 


Augustin d’Hippone écrivait : « c’est la foi agissant à travers l’amour qui purifie le cœur » (cf. Sermons 53,11). 


Par la foi en Dieu et en chacun – en chaque personne autour de nous – nous devenons semblable au Christ :

Peu à peu, en nous mettant à l’école de l’Evangile – grâce à l’Esprit saint – notre regard va s’éclairer, notre cœur va s’élargir… et nous allons voir l’image de Dieu dans chacun des visages de nos frères et de nos sœurs. 


Alors, comme Jésus, nous serons toujours dans l’espérance… nous aurons le cœur pur… et nous verrons la présence de Dieu en chaque être humain ! 


Chers amis… que Dieu vous bénisse… qu’il vous accompagne sur ce chemin d’ouverture, de transformation… de sanctification…

Qu’il vous ouvre pleinement à son infinie bienveillance !


Heureux les cœurs purs… ils participent déjà au projet Dieu… à la vision de Dieu ! 


* Le juste salaire du travail - méditation pour le mouvement des EDC (Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) - 11/02/2024

Parole de Dieu


Deutéronome 24 (14-15)

Tu n’exploiteras pas un salarié malheureux et pauvre, que ce soit l’un de tes frères ou l’un des émigrés que tu as dans ton pays, dans tes villes. 

Le jour même, tu lui donneras son salaire ; le soleil ne se couchera pas sans que tu l’aies fait ; car c’est un malheureux, et il l’attend impatiemment ; qu’il ne crie pas contre toi vers le SEIGNEUR : pour toi ce serait un péché.


Jacques 5 (1.5)

Et maintenant écoutez-moi, vous qui êtes riches ! […] 

Voyez le salaire des ouvriers qui travaillent dans vos champs : vous avez refusé de le verser ! C'est une injustice criante ! Les plaintes des moissonneurs sont parvenues jusqu'aux oreilles de Dieu, le Seigneur de l'univers.


Méditation Le juste salaire du travail 


Comment ré-enchanter le travail ? De nombreux moyens existent : redonner du sens, avoir un cap, soulager la pénibilité, favoriser les aspects relationnels et coopératifs, susciter la créativité et la confiance, valoriser l’engagement, encourager la reconnaissance, développer de nouveaux talents, etc. Mais la question première est sans doute celle de la justice ou de la justesse de la rémunération. Qu’est-ce qu’un « juste » salaire ?


Il doit non seulement permettre de mener une vie digne, être équitable, mais il constitue aussi un facteur de reconnaissance. Personne ne peut avoir une relation « apaisée » au travail s’il se sent « injustement » traité, voire « exploité », ou s’il ne parvient pas à en vivre décemment. 


Cette question n’est pas nouvelle. Les auteurs bibliques dénoncent l’attitude des « patrons » cupides ou avides, qui ne pensent qu’à leur propre profit, au détriment des « petits ». 

Qu’en est-il de notre côté ? Quels sont les critères qui prévalent dans la rémunération de nos salariés ? Plus fondamentalement, au-delà des niveaux de qualification, d’expérience, de rendement, et des évaluations annuelles (qui font le lien avec des objectifs fixés), peut-on seulement raisonner en termes de « mérites » ? Quelqu’un ne vaut-il que ce qu’il produit ? 


Comme Chrétiens, n’avons-nous pas d’autres critères ? Le niveau d’engagement, la bonne volonté, la capacité de progresser ou de se dépasser, l’adaptabilité, le travail en équipe, mais aussi l’amour inconditionnel, des valeurs d’accompagnement, de partage, de solidarité et d’espérance… qui nous conduisent à ne pas nous limiter à la seule logique du mérite. 


A bien y regarder, n’est-ce pas ce que Dieu fait pour nous ? D’une part, il pourvoit à nos besoins en nous offrant travail et responsabilités. D’autre part, il nous aime et nous pardonne sans compter (bien au-delà de nos faibles mérites). De plus, il fait preuve d’une infinie patience à notre égard. Enfin, il croit en nous et nous ouvre à l’espérance.


Le constat dressé par Jésus dans les évangiles, c’est que les règles (que connaissaient bien les Pharisiens) ne suffisent jamais à produire la justice. Sans l’amour et la fraternité, notre monde deviendrait vite « inhumain », car uniquement fondé sur la performance, la rivalité et la concurrence. 


La prise de conscience de l’amour persévérant et inconditionnel de Dieu nous sauve d’une morale du mérite, pour nous ouvrir à la grâce et la liberté : s’ouvrir à l’écoute et la compréhension, entrer dans le don de soi, rechercher la justice et le règne de Dieu, en toute occasion. 


Demande de grâce


Seigneur, avec ton amour, tu m’as donné la liberté et des responsabilités : que de grâces !

Mais comment en faire le meilleur usage ?

Offre-moi aussi ton Esprit saint pour me « souffler » ton discernement dans les décisions qui touchent aux relations humaines, afin d’être dans la voie de ta justice. 

Donne-moi aussi la paix et la joie, sans lesquelles les tâches quotidiennes peuvent devenir, avec le temps, contraintes et devoirs. 

Renouvelle-moi dans la « nouvelle mentalité » de l’Evangile, pour que je sois le promoteur infatigable d’un esprit de fraternité et de coopération, soucieux du plus « petit ». 

Et surtout, dans tout le labeur de mes mains, laisse une grâce de toi pour parler aux autres, et un défaut de moi pour me parler à moi-même.



* Une mission thérapeutique ?  - Mt 10, 5-8 & Jn 20, 19-23

(article pour le journal Ensemble, sept 2022)


Que dire de l’envoi des Douze en mission ? A l’heure de la réflexion synodale sur le thème de la mission et des ministères, nous pouvons relire et relier ces passages des évangiles. 


………………


Dans l’évangile selon Matthieu (Chap.10), Jésus invite ses disciples à faire ce que lui-même faisait : proclamer la Parole de Dieu et à accomplir, en son nom, des actions de guérison. La mission est visiblement de caractère thérapeutique. 


Le mot grec thérapeuo a plusieurs significations : servir, assurer un service / soigner, guérir, apporter un remède, restaurer la santé. En ce sens il rejoint le mot latin salvus (salut) qui veut dire « guéri ». 


Pour les disciples, il s’agit donc d’aider, de soutenir, de réconforter, de prendre soin, et plus fondamentalement de libérer d’un mal, d’apporter une forme de salut, de guérison, de la part de Dieu. 


Comment recevoir cette exhortation de Jésus, 2000 ans plus tard ? Sommes-nous capables de participer à cette mission qui consisterait même à « ressusciter les morts » ? ou à « expulser les démons » ? Comment pourrions-nous traduire aujourd’hui dans un langage plus contemporain les mots de Jésus ?


« Guérir les malades » : 

Cette invitation ne doit sans doute pas s’entendre seulement sur le plan de la santé physique. Même si nous ne nous sentons pas forcément équipés d’un don de guérisseur, de thaumaturge, nous pouvons y participer. Par notre présence, autour de nous, nous pouvons écouter les autres, les accompagner, les soutenir, les réconforter, leur redonner le moral, les redynamiser. Nous pouvons leur redonner courage et confiance, et les accompagner sur un chemin de guérison intérieure. 


« Ressusciter les morts » :

« Ressusciter » signifie « réveiller » et « relever » : réveiller les consciences et relever ceux qui en ont besoin, ceux qui n’ont plus d’espérance. Nous pouvons toujours faire quelque chose, face à l’individualisme ambiant, à la mentalité du « chacun pour soi ». Dans les rencontres du quotidien, ici ou là, nous pouvons accueillir les autres, permettre à chacun de reprendre conscience de sa vie devant Dieu, du fait que notre vie compte, que notre âme est liée à Dieu. Ce que nous oublions parfois quand nous sommes épuisés par les soucis, les préoccupations du quotidien, ou lorsque nous traversons des épreuves qui nous plombent ou nous jettent à terre. 

Nous pouvons agir et aussi, parfois, trouver sur notre route quelqu’un qui nous aide à nous relever (un « bon samaritain ») qui permet que la vie afflue à nouveau en nous, qui nous remet en contact avec notre vitalité intérieure, lorsque celle-ci a été coupée. 


« Purifier les lépreux » : 

Cela peut s’entendre de deux manières : d’une part, accueillir ceux qui se considèrent comme indignes. Nous pouvons accueillir notre prochain sans condition, tel qu’il est, et lui souhaiter la bienvenue et lui signifier qu’il est précieux aux yeux de Dieu. 

D’autre part, nous pouvons lui permettre une transformation intérieure, grâce au lien avec Dieu, en le remettant sur la route d’un cheminement possible et personnel avec Dieu. 


« Expulser les démons » :

C’est libérer les êtres qui en ont besoin des schémas existentiels pathogènes, ou les libérer des images nocives de Dieu, des projections négatives d’autrui, ou tout ce qui peut réduire leur vie ou l’estime de soi. C’est les libérer aussi des emprises, des idoles ou des addictions, ou de tout ce qui peut les abimer ou amoindrir l’image d’eux-mêmes. Nous avons tous besoin de libération !


Quel que soit le vocabulaire employé, il s’agit d’apporter délivrance, pardon, guérison, réconciliation, paix intérieure, avec soi, avec Dieu et avec autrui… de renouveler la confiance (en Dieu et en soi), d’ouvrir à l’espérance. 


Les disciples sont donc appelés à transformer les situations, à apporter de la nouveauté dans le monde : à être « sel de la terre » et « lumière du monde » (Mt 5,13-16). Ce qui signifie « transmettre » la lumière qu’ils ont eux-mêmes reçue dans la foi. 


Pour le dire avec les mots de D. Bonhoeffer, il s’agit d’« aider notre prochain à être un homme [ou une femme] devant Dieu ».


Mais comment est-ce possible ? Comment les disciples pourraient-ils faire tout cela ? 


Seuls, ils ne peuvent rien faire (cf. Jn 15,5). C’est l’Esprit saint, le Souffle de Dieu, qui peut agir par eux. C’est ce que racontent les récits de Pentecôte. 


Dans l’évangile selon Jean, le récit du chapitre 20 (v. 19-23) concentre en quelques phrases : l’évènement de Pâques, celui de Pentecôte et l’envoi des disciples en mission. Il nous livre ainsi un indice. Les disciples deviennent témoins de la foi pascale. Le Christ leur donne son Souffle – comme une énergie nouvelle – pour les inspirer et les gonfler à bloc, pour leur permettre de faire ce qui peut parfois sembler impossible. 


L’enjeu de la mission est donc d’abord de s’ouvrir à la confiance et la présence de Dieu, de laisser Dieu être « Dieu en soi ». Autrement dit, d’accueillir et de laisser de la place à l’Esprit saint dans notre vie et notre cœur. Car c’est Lui qui peut agir en nous et par nous. 


En ce début d’année scolaire, à nous de prendre un peu de temps, dans notre vie quotidienne, pour méditer, prier en silence, ouvrir notre cœur et ressentir sa présence. Parce qu’il nous libère et nous transforme, il nous permet d’être les porteurs et les témoins d’une Parole qui soigne.  


Textes :


Mt 10, 5-8 [extr. TOB]

Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : […] En chemin, proclamez que le Règne des cieux s’est approché. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.


 Jn 20, 19-23 [TOB]

Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine, alors que, par crainte des autorités juives, les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint au milieu d’eux et il leur dit : « La paix soit avec vous. » Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie. 

Alors, à nouveau, Jésus leur dit : « La paix soit avec vous. Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »



* Le défi interreligieux : un sujet d’actualité ! (30/10/20) 


* Les images de dizaines de milliers de manifestants au Bangladesh, au Pakistan ou au Magreb, brulant des drapeaux français nous ont choqué. Elles sont le signe d’un échec relationnel et d’une profonde rupture avec l’internationale islamiste, exprimant la haine de l’autre.

 

Depuis une re-publication des caricatures du Prophète Mahomet par le journal Charle Hebdo, le 1er septembre dernier, la violence des terroristes se déchaine sur des « symboles » vivants de l’occident : enseignant, lieu de culte chrétien, ambassade, capitales européennes. 

 

Dans cette confrontation idéologique, le risque est celui de l’amalgame. C’est de confondre l’Islam et l’Islamisme. L’islamisme est une idéologie manipulant l’Islam, en vue d'un projet politique. La réalité, c’est que des tensions et des luttes d’influence importantes traversent l’Islam. Il serait bon d’en être mieux informé. 

 

En dénonçant les attentats et en annulant les fêtes pour la naissance du Prophète en France, l’Islam de France (par la voix du président du CFCM) a voulu exprimer un soutien fraternel à la communauté Catholique endeuillée. 

 

Cette résurgence de violence inouïe montre qu’au XXIe siècle, le monde est toujours divisé sur les questions de séparation entre le temporel et le spirituel, sur les manières de comprendre le concept de « laïcité », sur la question de la liberté d’expression et de la presse, sur la notion de « blasphème » (sans parler d’autres sujets, comme la place de la femme). Visiblement, il y a un manque de compréhension réciproque.

 

Si les défis sont nombreux à l’international, ils existent aussi en France. Au moins quatre grands défis attendent notre société. Et dans ce moment de crise, les Protestants Réformés ont quelque chose à apporter.

 

Premièrement : reconnaitre l’importance de la vie spirituelle et intellectuelle au quotidien. Il y a un défi pour la laïcité de l’Etat français, qui connait mal les religions. Cette méconnaissance empêche l’Etat de réaliser la véritable place des « cultes » dans la société, de discerner leurs façons de voir, leurs éthiques, leurs impacts. Les confinements successifs montrent un manque de reconnaissance de l’importance de la sphère spirituelle - au même titre que la vie intellectuelle - des gens, puisque les cérémonies religieuses - comme les librairies - sont contraintes à la désertion des publics, du fait de décisions arbitraires. Ces lieux - qui devraient pourtant être reconnus « d’intérêt général », et même « d’utilité publique », dans la mesure où ils permettent un « service public » de la foi et de la spiritualité, ou de la culture et de l’intelligence - ne sont pas considérés - par nos gouvernants - comme « essentiels » à la vie quotidienne et à l’épanouissement humain de millions de français, alors même qu’ils luttent, l’un comme l’autre, contre l’isolement et l’ignorance (causes de souffrances). 

 

C’est une grave erreur et une incompréhension de ce qui fait l’identité des personnes : un français croyant est tout autant français que croyant (chrétien, juif, musulman, …). Croire qu’il doit juste obéir aux lois de la République et aller travailler, pour éviter sa propre faillite économique et celle de la France, est une réduction complète du sens de la vie et de ce qui se passe dans le coeur de nombreux citoyens.

 

Deuxième défi : revoir notre manière de comprendre la laïcité.La tentation du laïcisme - au sens du rejet du spirituel de la sphère publique - est une forme de dévoiement de la laïcité, une forme d’idéologie qui absolutise le temporel, et nie la place des religions, en tant que bien commun. La distinction du temporel et du spirituel - connue, à travers l’histoire, comme doctrine des deux règnes - est une nécessité. Mais cette distinction ne signifie pas l’ignorance de l’un par l’autre. En méconnaissant plus ou moins les religions - réduites et compartimentées à la seule sphère privée - l’Etat court le risque de transformer la laïcité en laïcisme et d’en faire une nouvelle religion d’Etat. Ce qui conduirait au refoulement de la diversité culturelle et religieuse pourtant existante. L’Etat a tout intérêt à favoriser le dialogue - une laïcité du dialogue - respectueuse de la diversité. C’est un moyen d’éviter les replis religieux, les incompréhensions, les fondamentalismes, opposés à la cohésion sociale et à la paix civile.

 

La laïcité de l’Etat devrait permettre à notre société d’abriter toutes les cultures et les religions, leur permettre de se connaître, de se respecter, de débattre, de s’interpeller sur les questions de justice, les questions éthiques, sur les questions existentielles et de société. 

 

Troisièmement : le défi de l’enseignement d’une « culture religieuse / interreligieuse » dans l’éducation nationale. Aujourd’hui, de nombreux enfants sont écartelés entre deux formes de fidélité : une fidélité envers leurs professeurs, grâce auxquels ils découvrent - à travers les enseignements d’histoire ou d’EMC - les belles valeurs de la République, à commencer par la citoyenneté, la liberté, l’égalité, etc. Et la fidélité envers leurs parents, leurs cultures, leurs religions, leurs traditions. Parfois les valeurs sont proches. Mais parfois, il y a une véritable dichotomie entre ces deux mondes, par exemple, si les enfants sont issus d’une famille de confession musulmane (stricte ou traditionaliste) nouvellement arrivée en France. 

 

Dans ce contexte, l’école ne peut pas se taire au sujet des religions. Elle doit présenter leur histoire, leurs croyances, leurs représentations, etc. Il s’agit d’offrir des clés de compréhension. Bien souvent, dans la « laïcité du silence », les religions sont ce dont on ne parle pas ou peu, au nom de la neutralité. A l’exception d’une minorité de professeurs - dont Samuel Paty (l’enseignant assassiné) faisait peut-être partie - l’école laïque est bien souvent l’école de l’analphabétisme religieux et interreligieux. Cet état de fait semble pourtant nier l’histoire même de notre continent anciennement chrétien et devenu à la fois sécularisé et interreligieux. Il faut certainement repenser la manière dont l’éducation nationale aborde le sujet des religions. 

 

Aujourd’hui, l’Etat doit aider l’école - lieu de culture - a surmonter son inculture religieuse. 

La culture interreligieuse devrait relever de la responsabilité de la société et de l’Etat. Elle est la condition indispensable de la communication entre les religions et les cultures, pour un vivre ensemble apaisé.

 

Quatrième défi : favoriser le dialogue interreligieux, notamment avec l’Islam.Il faut prendre en compte que - comme le Christianisme - l’Islam n’est pas uniforme, mais pluriel. Il n’y pas une seule interprétation du Coran, ni un Islam monolithique. D’un coté, par exemple, pour une branche fondamentaliste et intégriste, ce qu’on appelle « les versets violents » du Coran va permettre de fonder le djihadime, au sens d’une action violente et politique. Il en sera tout autrement, pour une branche plus éclairée de l’Islam qui va interpréter les textes dans un contexte nouveau, à partir d’un esprit du Coran, qui relativise le contexte initial ou la signification première de ces versets. 

 

Autre exemple, la représentation du prophète Mohammed : elle a été pratiquée pendant des siècles et n’est considérée comme un blasphème que depuis 5 ou 6 siècles. Certains musulmans s’accommodent de ces caricatures et y perçoivent même une forme de critique de l’islam radical et fondamentaliste. D’autres - au contraire - ne supportent pas ces caricatures et se sentent profondément blessés par elles, au point d’en appeler à punir ou éliminer leurs auteurs. 

 

Face à ces Islams pluriels, un Etat ou une République laïque peut toujours vouloir combattre l’Islamisme, pour son intolérance ou son obscurantisme. Car rien ne justifie l’usage de la violence. Mais il faut se demander si elle n’aurait pas surtout intérêt à favoriser l’évolution de l’Islam, en permettant une meilleure formation des Imams, en favorisant les approches culturelles et historiques, en donnant des instrument de critiques littéraires et textuelles, pour éviter les approches fondamentalistes. 

 

L’Etat - dans le cadre de la laïcité - doit aider à la formation culturelle des responsables religieux, surtout s’ils viennent de l’étranger et méconnaissent notre culture marquée par la liberté de conscience et la liberté d'expression. 

 

Il s’agirait ainsi de contribuer à la formation théologique des prédicateurs, au niveau de la culture générale, et à leur formation interreligieuse, car nous vivons dans un monde pluriel.

 

* Le théologien Hans Küng a écrit : il n’y aura « pas de paix entre les peuples, sans paix entre les religions ».La situation actuelle nous oblige à nous engager dans le dialogue interreligieux.

 

Aujourd’hui, la société a besoin des autres religions (Judaïsme, Christianisme, …) pour renouer le dialogue. En tant que Chrétiens - Protestants Réformés - l’Etat laïque- aussi bien que l’Islam - ont besoin de nos lumières, pour permettre le dialogue interreligieux, pour retisser du lien entre les citoyens, pour retrouver une forme de cohésion, de coopération dans le « vivre ensemble » et davantage de fraternité. 

 

          D’abord, nous pouvons apporter au monde notre compréhension de la religion : Comprendre la foi comme un chemin. Pas comme une citadelle à défendre. (Chemin de conversion, de changement, de prise de conscience… chemin de grâce, de dialogue, de pardon, de réconciliation… chemin d’amour, de partage, de fraternité : cheminer dans la foi, c’est accepter de quitter ses fausses assurances, de se remettre en question et de lâcher ses certitudes.)

          Au niveau théologique, nous pouvons apporter « une vision de Dieu qui construit l’humanité, toute l’humanité, et donc qui ne la détruit pas »(cf. Gérard Siegwalt). Qu’est-ce que la foi en Dieu libère en nous, comme potentialités, comme capacités créatives ?

          Nous pouvons apporter notre herméneutique, notre rapport aux textes, notre soif d’intelligence de la foi : il y a une nécessaire interprétation des Ecritures : passer de la lettre à l’esprit. il y a une nécessaire contextualisation passée et présente des textes, ainsi qu’un discernement spirituel dans leur interprétation : quelle bonne nouvelle les textes apportent-ils à notre monde ? 

          Dans un monde angoissé, nous pouvons enfin apporter notre confiance et notre espérance. Car la foi en une forme de transcendance (pour ne pas dire « Dieu ») nous libère de la peur et nous invite à avancer, quelles que soient les difficultés présentes.

 

En tant que Protestants, nous avons donc beaucoup à apporter à notre monde. Le repli sur soi n’est pas une option. Le dialogue interreligieux nous attend. Soyons audacieux !


Pour en savoir plus…

 

Cet article - écrit le 30/10/20 - a été inspiré par l’actualité et l’ouvrage de Gérard Siegwalt, Le défi interreligieux, ed. Du Cerf, 2015. 


* La Bienveillance... devenir Bonne Nouvelle pour notre prochain (Chronique Consistoire de Guyenne - Journal Ensemble - Nov 2020 )

En cette rentrée scolaire 2020, nous avons accueilli à Bordeaux les catéchumènes qui n’avaient pas pu faire leur confirmation au printemps. 
Il y a bien longtemps, nous avons, nous aussi, reçu une parole de bénédiction et un mandat de Dieu, lors de notre baptême. 
Dans la Bible, Abraham reçoit un appel : Dieu lui offre sa bénédiction et lui demande de devenir bénédiction. Il est ainsi envoyé comme croyant dans le monde. 
Et si notre vocation de chrétiens était d’être envoyés, à notre tour, pour devenir bénédiction pour ceux que nous croisons ? 
La bienveillance est une attitude « bénissante » : il s’agit de transmettre une bonne parole de la part de Dieu autour de nous. Ce qui fait dire à Jésus, comme à Paul : « bénissez et ne maudissez pas … Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien » (Rm 12, 14.21 / Mt 5, 43-48)
Issue du latin benevolens «  vouloir du bien », la bienveillance est parfois confondue avec l’indulgence. Or, c’est bien plus que cela : l’expression de la bonté, de la compréhension, de la compassion, de l’altruisme, que Dieu lui-même nous inspire, puisqu’il nous aime au-delà de tout jugement. 
Dans le monde médiatique des apparences et des jugements rapides, qui séparent et critiquent sans cesse l’autre - l’individu qui n’agit pas ou ne pense pas comme il faut - il semble que Dieu nous envoie pour que notre vie soit une Bonne Nouvelle pour notre prochain. 
La Bonne Nouvelle, c’est la Foi de Dieu. C’est que Dieu compte sur nous pour faire rayonner sa bienveillance : preuve que notre vocation de baptisé(e) nous appelle à la joie ! 




La joie… malgré tout ? (Edito du bulletin "Trait d'Union" (Foyer Fraternel) de mai 2019)

La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Bien des évènements peuvent surgir dans notre existence (chômage, divorce, maladie, deuil…) qui s’imposent à nous et qui viennent perturber notre joie de vivre. Dans ces conditions, comment être vraiment heureux ? 

 

C’est possible, si nous changeons notre manière de penser « la joie », comme une réalité intérieure. 

 

Voici quelques suggestions… à méditer :

-    Vivre l’instant présent : La disponibilité et la spontanéité des enfants est un exemple à suivre, pour entrer dans la joie de l’instant présent. Si nous nous accrochons au passé ou si nous vivons dans l’angoisse du lendemain, nous ne goutons plus la joie du présent. Ce constat nous amène à sortir du mental (des ressassements ou des ruminations intérieures, des peurs de l’avenir), pour nous inscrire dans le présent, ici et maintenant… seul lieu possible pour le bonheur. 

-    Relativiser : doit-on prendre la vie comme une chose sérieuse (et difficile) ? Ou n’est-elle pas un terrain de jeu ?… qui nous invite à inventer, expérimenter, et relativiser… tout en pensant « collectif », car nous ne sommes pas seuls. 

-    La balle est dans notre camp : Nous ne choisissons pas toujours les événements (difficiles ou heureux) qui se présentent à nous. Mais, nous pouvons décider de la manière dont nous les accueillons et dont ils nous affectent. Nous choisissons soit de les retenir et de nous y accrocher, soit de les laisser passer.

-    En d’autres termes, la joie est intérieure et ne dépend pas de ce qui est extérieur : nous confondons souvent la vie (en tant que telle, en tant que personne vivante) avec l’ambiance de la vie (le cadre, l’environnement). L’ambiance de la vie (foyer, famille, espace de travail, lieu de vie, etc.) est une chose extérieure, qui est relative et changeante. Cette ambiance n’a de réalité pour nous que parce que nous sommes, nous existons. En fait, on ne saisit le monde que de façon subjective (son, lumière, peine, plaisir,…). Grâce à nos sens, nous pouvons voir le monde. Mais on ne le voit qu’à l’intérieur de soi (à travers nos filtres). Or, c’est nous qui décidons ce qui se passe en nous. C’est nous qui déterminons notre expérience intérieure. Par la paix intérieure, il nous appartient de garder notre joie de vivre… en toute situation.

-    Cultiver le positif, les belles rencontres, la fête et le don de soi : Voir « le verre à moitié plein » (plutôt qu’à moitié vide), prendre le temps des relations humaines, profiter des moments de fêtes… et surtout donner le meilleur de soi à chaque occasion… autant de possibilités de cultiver la joie ! Profitons-en ! 


* Nous ne faisons qu'Un (Edito du bulletin "Reflet" de novembre 2016)


Extrait du Nouveau Testament - Mt 25, 31-40 (Parabole du jugement dernier) : 
Alors le Fils de l’homme dira à ceux qui sont à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume… Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger et vous m’avez recueilli ; nu, et vous m’avez vêtu ; malade, et vous m’avez visité… En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! » 


Dieu, notre Père, 
Quelle Bonne nouvelle ! Quelle révélation étonnante ! Quelle Parole explosive !
Nous apprenons que nous ne faisons qu’un. 

Nous qui pensions être séparés des autres d’une façon quelconque, par notre nationalité, notre appartenance religieuse, nos sympathies politiques, notre cadre socio-professionnel et toutes les barrières que nous dressons pour nous protéger, 
voilà que tu nous révèles l’impensable : Nous sommes tous unis, tous liés.

Ton Évangile nous dit la solidarité et l’unité de chaque être humain – à commencer par le plus petit parmi nos frères – avec ton Fils – l’Humain parmi les hommes – et avec Toi, notre Dieu, Force de vie et d’amour. 

Cette divine communion n’est désormais plus secrète : Tu as voulu nous la dévoiler. 
Et cette fraternité unie de l’humain et du divin vient briser toutes nos peurs irrationnelles, toutes nos fausses sécurités. 

Désormais, nous n’avons plus rien à craindre, puisque nous sommes tous Un avec Toi, en Toi. 
Dès lors, nous devrions cesser d’avoir peur : peur de perdre notre vie, notre temps ; peur de perdre notre argent, notre patrimoine ; peur de perdre nos frontières, notre intégrité… peur de l’autre, peur de Toi… peur de la vie, peur de la mort.

Éclairés par cette nouvelle inouïe, nous devrions ouvrir grand nos cœurs, nos bras et nos mains, et apprendre à donner sans compter, puisque nous sommes Un.  Puisque quand nous donnons aux autres, c’est en fait à nous-mêmes et à Toi que nous donnons. Puisque le cercle est parfait, puisque la boucle est bouclée.

Désormais, nous devrions être pleinement ouverts à l’amour et à la compassion : nous réjouir avec celui qui rit ; verser des larmes avec celui qui pleure, en lui offrant soutien et consolation. Puisque nous sommes Un. 

Père,
Nous t’en prions,
Viens élever notre conscience à cette réalité !
Qu’elle nous mobilise pour construire un monde plus juste et plus fraternel !

Comment pouvons-nous encore supporter l’injustice, la misère, la pauvreté, ici ou là-bas, d’un côté ou de l’autre de la planète ?... puisque nous sommes tous Un, unis à toi et aux autres. 

Nous qui attendons, en ce temps de l’Avent, la Lumière de Noël.
Nous qui veillons l’Etoile au firmament du ciel, pour recevoir le Christ dans nos cœurs. 
Ouvre nos consciences à cette divine révélation : qu’elle nous libère de toutes peurs !

Toi qui nous as dévoilé ce merveilleux secret – Nous ne faisons qu’Un – apprends-nous la Confiance, capable de déplacer les montagnes et de faire sourire les enfants.

PL

* Le jeu de la vie  (Edito du bulletin "Reflet" de mai 2016)

Si la vie était un jeu...
Quelles en seraient les règles ?

Les enfants passent leur temps à jouer. Les ados se passionnent pour les jeux vidéo. Dans le monde virtuel, on a plusieurs vies… on peut recevoir des choses (atouts, objets, symboles) qui nous donnent des forces supplémentaires. On peut progresser et passer de niveaux en niveaux, pour atteindre le but final. Mais la vie est-elle un jeu ?

En tant qu’adultes, nous avons tendance à répondre « Non ». On ne doit pas prendre la vie à la légère. L’existence est une chose sérieuse ! Ce qui n’empêche pas, par ailleurs, de savoir rire de soi et d’avoir le sens de l’humour. Et puis, dans la vraie vie, ce n’est pas comme dans les jeux de société, comme le Monopoly ou le Tarot, par exemple. Dans l’existence, il ne devrait pas y avoir de gagnants et de perdants, car nous ne sommes pas en concurrence les uns avec les autres. Le but n’est pas d’arriver le premier quelque part, si possible en écrasant des adversaires. En tout cas, la vie : ça ne devrait pas être ça ! Malheureusement, ça y ressemble parfois ! Il serait bon de changer ce genre de mentalité où l’on voit les autres comme des rivaux et non comme des frères, des camarades de jeu.

Mais, à bien y regarder, on pourrait aussi répondre « Oui ». Car il existe bien des points communs entre la vie et un jeu. De la même façon, on est libre (on peut décider et choisir) et responsable (on doit assumer les conséquences de ses choix). Plus nous jouons les bonnes cartes, et plus de nouvelles possibilités s’ouvrent à nous. Les cartes qu’on a en mains ne sont pas figées : elles peuvent sans cesse évoluer, grâce à la Providence, au courage et aux bons choix. 

Bien sûr, tout le monde ne voit pas le jeu de la même manière : Certains pensent qu’on dispose de plusieurs parties, plusieurs vies : ils croient en la « réincarnation ». Tandis que d’autres pensent qu’il n’y en qu’une et qu’on peut atteindre le niveau suivant : « la résurrection » ou « l’illumination » dès la 1ère partie. Quoi qu’il en soit… ce qui compte, c’est de progresser dans l’amour au fur et à mesure de la découverte du jeu, car c’est sans doute là le but du jeu.

Dans les faits, considérer la vie comme un jeu pourrait présenter des avantages : D’une part, cela nous permettrait d’en surmonter les aspects tragiques et de dédramatiser un certain nombre de choses. Dans ce cas, par exemple, la mort pourrait être vue comme un passage vers une autre dimension de la vie, une porte vers une dimension spirituelle du jeu. « Pâques » est ce passage vers un au-delà de la vie… vers une dimension lumineuse : un royaume spirituel annoncé et promis par le Christ. « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père… Là où je vais… vous irez vous aussi » (Jn 14, 2-3). Quelle promesse extraordinaire ! 

D’autre part, si la vie était un jeu… alors, nous devrions en connaître les règles, les arcanes. C’est une chose que Jésus enseigne dans les évangiles… car pour atteindre le niveau supérieur du jeu, il faut mieux savoir comment il fonctionne. 
Voici quelques rappels :

- La possibilité de la confiance : Vous n’êtes pas seuls dans ce jeu : vous avez un maître-atout : « Dieu » (le Père, le souffle divin, la conscience d’amour universel) sur qui vous pouvez compter et vous appuyer. « Dieu est amour » (1 Jn 4,8.16). Il sait ce dont vous avez besoin (Mt 6,8 ; 7,32) : vous pouvez vous confier à Lui dans la prière ! Vous avez aussi des frères et des sœurs, dans la communauté chrétienne, pour vous épauler et vous soutenir.

- La loi d’attraction : Nous avons tendance à attirer ce que nous croyons. Les pensées positives et les prières positives donnent naissance à des réalités positives. « Demandez, et cela vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et une porte s'ouvrira pour vous. » (Lc 11,9)

- La loi de cause à effet : Avec du temps et de l’engagement, on finit par récolter ce qu’on a semé. « Ce que l’homme sème, il le récoltera » (Ga 6,7 – voir aussi Mt 7, 16-18).

- La loi d’amour : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 22,39). Chaque joueur est un semblable : un être humain à respecter et à aimer, sans jugement (Lc 6,37).

- En bref : vous êtes co-créateurs de votre réalité. Commencez par prendre l’initiative du bien et vous en récolterez les fruits : « Ce que vous avez envie que les autres fassent pour vous, c'est ce que vous devez faire pour eux » (Lc 6, 31 ; Mt 7,12). Autrement dit, ce que vous voulez voir changer ou obtenir, commencer par le faire vous-mêmes : « Donnez et on vous donnera » (Lc 6,38). Dès lors, il n’est plus question d’attendre que l’autre fasse les 1ers pas… surtout quand on s’est fâché avec lui : c’est à chacun de prendre sur lui, pour aller vers les autres et faire les 1ers pas de l’amitié et du pardon (Mt 5, 23-24 ; 18,21-22).

Il va de soi que si chaque joueur – chaque être humain – connaissait ces quelques règles du jeu : la vie serait plus vivable ! Et chacun serait sans doute beaucoup plus généreux (Lc 6,36 ; 12,33s). La vie est un jeu collectif et coopératif, pas un jeu individualiste : qu’on se le dise ! Malheureusement, certains joueurs croient encore que c’est leur égo et leurs possessions qui vont les sauver. Ils croient en un salut par plus d’avoir et de pouvoir. Jésus les avait pourtant prévenu : « Qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perdra sa vie [= qui la risquera] à cause de moi et de l’Evangile, la sauvera [= autrement dit, gagnera la partie] » (Mc 8,35).

Au lieu du « chacun pour soi », de l’égoïsme, de l’avidité… qui font perdre à beaucoup le but du jeu de la vie – et les font stagner indéfiniment dans les labyrinthes du jeu, dans l’illusion d’être séparés des autres et du reste de l’univers (ce qui est bien sûr une illusion, car nous sommes tous liés) – il serait bon que nous, Chrétiens, soyons « lumière » pour ce monde, comme Jésus nous y invite (Mt 5,14). 
A nous de mettre en application les bonnes règles du jeu (à commencer par le don de soi et le partage), pour avancer vers de nouveaux niveaux de conscience ! Car Dieu nous a donné la liberté ! Profitons-en pour aimer avec générosité !                  
P.L

* Soif de spiritualité

Il parait que le pape François a affirmé : "Il n'est pas nécessaire de croire en Dieu pour être une bonne personne. Dans un sens, la notion traditionnelle de Dieu est dépassée. On peut être spirituel mais pas religieux. (…)"

En effet, nous confondons souvent "religion" et "spiritualité… voici un petit édito (du bulletin "Reflet" de mai 2015) qui aborde ce sujet : 


Le Christianisme, 
Religion ou/et Spiritualité ?

Quelle vision avons-nous de l’Eglise ? 
du Protestantisme ? de Dieu ?
En quoi la spiritualité de Jésus est-elle encore pertinente pour nous aujourd’hui ?


Ces derniers temps, les médias parlent plus souvent des religions, notamment de l’Islam ou des fondamentalistes, mais peu ou pas de spiritualité. Pourtant, beaucoup de nos contemporains ne s’intéressent plus vraiment à la religion, mais de plus en plus à la spiritualité. Qu’est-ce qui distingue ces deux termes ?

La religion désigne le rapport de l'homme avec le sacré, avec Dieu, tendant à se concrétiser sous la forme de systèmes de dogmes ou de croyances, de pratiques rituelles et morales, qui entendent amener une personne à une juste relation avec Dieu et avec autrui. Ainsi, en est-il des « grandes religions » monothéistes : judaïsme, Christianisme, Islam. 

De son côté, la spiritualité désigne tout ce qui concerne l'esprit, son évolution et son développement (distinguée du corps ou de la matière). Elle est indépendante des doctrines ou des religions. Elle implique la possibilité de nous ouvrir et de nous mettre en relation avec notre « vrai soi », notre « être spirituel » ou une « Présence spirituelle » (Dieu ou des entités dites « intermédiaires »). Elle déploie l’idée d’une élévation de l’âme. La spiritualité est souvent considérée comme une voie d’éveil et de croissance, une façon d’explorer nos dimensions plus profondes et plus élevées. 

Si beaucoup d’occidentaux ont tendance à délaisser les religions, les temples et les églises, leur intérêt semble croissant pour diverses formes de spiritualité (qui ont chacune leurs objectifs et leurs techniques). A ce propos, une équipe de chercheurs en médecine vient de montrer les effets et les bienfaits de la méditation (dite « de pleine conscience ») sur le cerveau et la gestion du stress… preuve que la vie spirituelle n’est pas sans influence sur notre corps et notre santé. (Comme Jésus l’affirmait déjà : Va, ta foi t’a sauvé !... Qu’il soit fait selon ta foi !... en suscitant chez les malades la confiance qui les guérit.)

L’erreur la plus courante aujourd’hui est de considérer le Christianisme seulement comme une religion (comme les autres) sans prendre conscience qu’elle propose aussi une forme de spiritualité. Jésus (qui était Juif) n’a pas agi pour créer une nouvelle religion, mais pour témoigner de la possibilité de vivre des relations avec Dieu et avec les autres sous un nouveau mode. 

Ainsi, il faut nous détacher définitivement de nos vieilles visions de l’Eglise : Elle n’est pas là pour transmettre un ensemble de règles, de rites, de traditions ou de prescriptions qu’il serait nécessaire d’observer pour s’assurer d’aller au ciel après la mort. Mais, elle vient nous aider à vivre une existence plus épanouie, plus consciente, pour le présent, en nous appelant – grâce aux enseignements de Jésus – à entrer en relation avec Dieu, avec ce Dieu « tout Autre » qu’il nomme comme un très proche « Abba », papa, « notre Père ». Autrement dit, Jésus nous invite à vivre une rencontre personnelle, une expérience « spirituelle » avec l’Eternel.  

En quelques mots, que peut-on dire de la spiritualité de Jésus 

Jésus enseigne de vivre une relation directe avec Dieu, avec un Dieu personnel et intime, un Dieu immédiat qu’il nous invite à rencontrer dans le silence, la contemplation ou la prière. Une relation sans intermédiaire entre Dieu et chaque individu est possible : Dieu se révèlera lui-même à chacun dans l’intimité de son cœur et l’orientera du fond de sa conscience (Jr 31,33-34 ; Es 48,17 ; Jl 3, 1-2). 

Le Dieu que nous présente Jésus est un Dieu intime qu’on peut rencontrer en soi dans son intériorité ; un Dieu qui invite à une relation de confiance directe ; un Dieu gratuit, juste et non-violent qu’il nous invite à imiter (Mt 5, 43-48 ; Lc 6,36), qui nous inspire dans nos rapports avec les autres ; un Dieu qui accueille et qui pardonne sans intermédiaire, sans rite pénitentiel, sans sacrifice ; un Dieu qui nous dynamise intérieurement, qui nous libère et nous guérit intérieurement ; un Dieu qui nous dynamise dans notre devenir depuis notre centre le plus intime. 

Jésus se situe dans la lignée des prophètes d’Israël (cf. par ex. Os 13,4-5). Pour lui, c’est la présence de Dieu en nous (dans notre cœur et notre vie) qui nous sauve et nous transforme. Yahvé, qui signifie « Je suis avec toi », est un Dieu qui nous accompagne dans notre histoire personnelle, qu’on peut accueillir, auquel on peut s’ouvrir… et qui nous rend libres et altruistes (Paul cite « les fruits de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur et maîtrise de soi » Ga 5,22).

Une seule condition pour le trouver : le chercher avec humilité (Pr 3,34 ; Mt 5,3 ; Mt 7, 7-11) « Heureux les pauvres par l’esprit, le royaume de Dieu est à eux ». Dieu ne se révèle pas dans la tête des orgueilleux, mais dans le cœur de ceux qui le cherchent avec confiance (avec la disponibilité de coeur des enfants). Il est aussi proche et personnel que nous lui permettons. 

A nous d'oser nous ouvrir à Lui (à cette force dynamisante, à ce souffle d'amour, à cette énergie qu'on appelle "Dieu") à nous d'accepter de lui faire confiance pour nous laisser transformer par son amour pour trouver guérison et paix intérieure. 

"Laisse Dieu être Dieu en toi !"                      
P.L.

* Voici quelques articles publiés dans le mensuel protestant du Sud-Ouest "Ensemble"

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- N°302 - Mai-Juin 2015 - "Pas de science sans con-science" / "Hors de la science, point de salut" :   Lire l'article


















- N° 300 - Mars 2015 - "Libre mais serviteur" : Lire l'article
- N° 297 - Décembre 2014 - "Sans cesse se réformer" : Lire l'article
- N° 291 - Avril 2014 - "La désobéissance civile a-t-elle un fondement évangélique ?" : Lire l'article
N° 286 - Novembre 2013 - "Les retraites : peut-on se mettre à l'écoute de la providence de Dieu?" : Lire l'article
N° 283 - Juin 2013 - "En quelle parole peut-on encore se fier ?" : Lire l'article

















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