dimanche 29 juin 2025

La mission du Christ pour nous

Lectures bibliques : Extraits Luc 9 & Luc 10  / Précisément : 2 Co 1, 3-7 ; Lc 9, 1-6. 23-27. 51-62 ; Lc 10, 1-6. 8-11. 17-20 = voir textes en bas de cette page
Thématique : la mission du Christ pour ses disciples 
Prédication de Pascal LEFEBVRE - temple du Hâ (Bordeaux) - le 29/06/2025


Il y a parfois des paroles rudes dans l’Evangile… Celle-ci en fait sans doute partie : « Permets-moi d'aller d'abord enterrer mon père. » - dit un homme appelé par Jésus. Mais le maître répond : « Laisse les morts enterrer leurs morts, mais toi, va annoncer le Règne de Dieu. » (cf. Lc 9, 59-60). 

Pour le Christ, l’annonce du « Règne de Dieu » relève d’une urgence, d’une priorité… mais qu’est-ce que ça veut dire pour nous aujourd’hui ? 

Pourquoi cet appel ? cette mission ? 
Que signifie-t-elle ? Et comment marcher à la suite du Christ ? 


1) Pourquoi, d’abord ?

Jésus appelle ses disciples - d’abord le douze, puis les soixante douze - à annoncer le « Règne de Dieu »… sans doute pour démultiplier son action. 

En effet, Jésus est venu - il y a 2000 ans - pour incarner et manifester la présence de Dieu… Il a révélé l’amour de Dieu et communiqué son Souffle, son Esprit de libération, de transformation autour de lui… Et il a aussi choisi des apôtres, des disciples, pour prolonger son action… pour lui donner de l’ampleur… 

Ce fut la mission du Christ d’initier les possibilités du monde nouveau de Dieu… et de recruter des hommes et des femmes pour prendre sa suite. Et c’est, aujourd’hui encore, notre mission d’essayer d’effacer les souffrances humaines et de propager la Bonne Nouvelle de l’Évangile, en paroles et en actes. 

Pourquoi ? Tout simplement parce que les hommes et les femmes de notre temps - comme ceux d’hier - en ont toujours besoin. 

Il suffit de regarder l’état du monde… et le nombre de personnes qui ne vont pas bien, autour de nous… qui sont stressées, angoissées, fatiguées, désemparées, parfois en dépression ou en « burn-out »…  

La santé mentale de nombreuses personnes est touchée… Beaucoup de nos contemporains se sentent perdus… Ils sont en quête de sens… ils cherchent du « bien-être »… une voie de réconfort ou de réconciliation, ou simplement un peu de répit et d’espoir. 

Beaucoup de gens cherchent un chemin de salut… c’est-à-dire de libération, de guérison, de mieux-être… pour retrouver une unité et une direction de vie… pour se réconcilier avec eux-mêmes et avec les autres… pour trouver un peu de paix et de bonheur… face à la confusion et la violence du monde, face à la peur ou à l’angoisse suscitée par un passé troublé, ou par l’inquiétude et le désespoir devant les multiples crises que nous traversons : perte de sens, perte de confiance en l’avenir, désillusion face à la sphère politique, méfiance envers les institutions… manque d’écoute et de considération, sentiment de déclassement… crise économique, écologique… désespérance… 

Face à l’anxiété et au mal-être, le Christ appelle ses disciples à la mission. Cette mission est de plusieurs ordres… 

2) En effet… Qu’est-ce que ça signifie « Annoncer le Règne de Dieu » ? (v.30)

Quelques éléments de réponse… 

- Le règne de Dieu, c’est d’abord l’espace où Dieu est présent et où sa volonté est faite… C’est le lieu où l’on peut vivre et partager les valeur de l’Évangile : la compassion, la justice, l’amour, la réconciliation. 

- Annoncer le Règne de Dieu, c’est inviter chacun à se tourner vers Dieu, à changer de façon de voir et de vivre. C’est une « conversion » qui commence dans le cœur humain. Puisque le règne de Dieu est d’abord un règne spirituel… qui laisse place à sa présence en nous, dans notre intériorité… avant de devenir le « monde nouveau de Dieu » autour de nous. 

C’est bien ce que nous demandons dans la prière du Notre Père, lorsque nous disons : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » (cf. Mt 6,10). 

Dans les passages de ce jour… l’annonce du règne de Dieu… prend une allure concrète, car les disciples sont envoyés en mission, pour participer à son avènement. 

Et cette annonce du Règne de Dieu est liée à des éléments concrets… synonymes de vie, de vitalité, de rétablissement : 
Il s’agit à la fois d’aspects individuels… de guérison, de paix… Mais aussi de transformation sociale, puisque le règne de Dieu est aux service de tous, à commencer par les petits ou les souffrants. Il comporte des éléments de solidarité avec les pauvres, d’inclusion des exclus, des personnes souffrantes ou malades. 

Nous pouvons noter trois aspects : 

- Premièrement… il s’agit d’abord - pour les disciples, donc pour nous - de rencontrer et d’écouter… donc d’approcher celles et ceux dont nous croisons la route. 

Lorsque Jésus appelle ses disciples à aller dans les maisons, cela veut dire qu’il les appelle à rencontrer les autres dans leur sphère personnelle, privée et intime. 

On ne peut pas annoncer le règne de Dieu, sans vraiment rencontrer et aimer les gens… sans connaitre leur contexte, leurs besoins, leurs malheurs et leurs joies. 
Il est donc nécessaire de sortir de « l’entre-soi », pour se rendre disponible et prendre le temps de rencontrer l’autre en profondeur, dans son environnement, avec ses questions et ses préoccupations. 

- Deuxièmement… la mission est présentée comme une mission de paix. Je cite : « Dans quelque maison que vous entriez, dites d'abord : “Paix à cette maison.” Et s'il s'y trouve un homme de paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. » (cf. Lc 10, 5-6).

Porter la paix, c’est transmettre la paix du Christ, donc la paix qui vient de Dieu. 
C’est redire à chacun que nous sommes tous - et chacun - aimés de Dieu :

Quoi qu’il arrive, la bienveillance de Dieu nous accompagne et nous offre son soutien, pour nous relever, nous permettre de rebondir, et poursuivre le chemin accompagné par Dieu.

Le message de l’Évangile, qui est celui de la Grâce inconditionnelle de Dieu, est d’abord un message de paix. Car si nous sommes « aimés » de Dieu, alors nous n’avons rien à craindre… aucune angoisse, aucun obstacle, aucun échec ni aucune force… « rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu » (cf. Rm 8, 31-39).

- Enfin, troisièmement… la mission du Christ est une mission transformatrice et thérapeutique. Je cite à nouveau le début du chapitre 9 : « Ayant réuni les Douze, il leur donna puissance et autorité sur tous les démons et il leur donna de guérir les maladies. Il les envoya proclamer le Règne de Dieu et faire des guérisons » (cf. Lc 9, 1-2)

« Proclamer le règne de Dieu », c’est dire la possibilité d’une transformation, d’une conversion, d’un changement de mentalité et de vie, offert par Dieu. Et affirmer qu’un autre possible est à portée de main. 

Et « guérir », c’est apporter une restauration, un rétablissement, un nouvel équilibre, un mieux-être… face à tout ce qui perturbe, pollue et déséquilibre notre santé mentale, psychologique, relationnelle, spirituelle ou même physique. Car nos angoisses, nos ressassements (nos addictions) ou nos conflits intérieurs ont un impact significatif sur notre santé en général. 

Nous oublions parfois que la spiritualité a une influence sur notre santé mentale, émotionnelle et physique…. Que l’être humain est un « tout »… et que notre connexion au divin, à la sphère spirituelle, peut nous permettre de retrouver un état d’équilibre et de bien-être. 

- Pour synthétiser ces différents éléments, on pourrait dire que la mission proposée par Jésus-Christ à ses disciples, consiste essentiellement à révéler la présence, le soin et la tendresse de Dieu à toute l’humanité. 

Bien sûr, recevoir ce message - pour les hommes et les femmes qui sont en difficulté ou en souffrance - cela prend parfois du temps…  
Cela implique un travail de lâcher-prise… pour, peu à peu, sortir des peurs, des habitudes et des conditionnements qui sont les nôtres… 

Au début de l’évangile de Marc, Jésus parle de son projet d’annonce de la Bonne Nouvelle, comme une « conversion »… comme un changement de mentalité. 
Nous nous souvenons de cette parole : « Le moment favorable est venu, disait Jésus, le règne de Dieu est tout proche ! Changez de vie et croyez à la bonne nouvelle ! » (Cf. Mc 1,15)

Croire en la Bonne Nouvelle de l’amour infini de Dieu pour nous (un amour transformateur)… Accepter de recevoir le message du Christ… C’est un travail de décentrement… de dé-conditionnement… et de re-positionnement… qui consiste à lâcher, à abandonner nos vieilles mentalités de peur et d’angoisse… nos habitudes de négativité et nos plaintes… pour apprendre à voir les choses autrement… entrer dans une confiance nouvelle… qui nous appelle à discerner les signes positifs autour de nous, qui montrent que Dieu nous accompagne, qu’il veut notre bien et qu’il prend soin de nous… 

Il faut des disciples pour révéler à chacun la tendresse de Dieu… pour que d’autres puissent recevoir ce message transformateur. 

3) Dernière question : Comment faire ?

Les passages bibliques que nous avons entendu ce matin répondent à cette question, à savoir : comment suivre Jésus, dans une optique « missionnelle »… pour être en état de poursuivre la mission du Christ ?

Plusieurs réponses nous sont offertes, ici aussi : 

- D’abord, le disciple missionnaire est appelé à faire confiance à Dieu. Ce qui implique de lâcher ses certitudes et son égo… La mission est celle de Dieu, ce n’est pas celle des disciples. 

C’est dans cette perspective qu’on peut comprendre ces paroles du Christ : « si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même » (Lc 9,23). 

Ce n’est pas par nos propres forces que nous pouvons réaliser la mission du Christ, il nous faut, au contraire, lâcher notre ego… nos croyances, nos certitudes… pour recevoir une force qui vient de Dieu : l’Esprit saint. C’est la promesse du Ressuscité au début du livre des Actes des apôtres (cf. Ac 1,8).

Il est donc nécessaire de laisser toute la place à Dieu, au saint Esprit, pour qu’il puisse réaliser son œuvre de conversion et de guérison. 
Le disciple n’est qu’un intermédiaire. Son rôle est devenir « transparent » au divin… comme Jésus l’a été dans l’épisode de la transfiguration (cf. Lc 9, 28-36). 

- La tentation du missionnaire, peut être parfois d’employer la force ou la persuasion. Et on sait bien que l’Eglise - malheureusement - par le passé, a parfois été à rebours, aux antipodes du message de Jésus-Christ, en prônant la voie de la violence… comme s’il était possible de transformer les cœurs, par la force ou la domination. 

Évidemment, ça ne marche pas ! C’est même contre-productif !
On ne peut pas contraindre les consciences… on peut seulement « témoigner » d’une ouverture et d’un autre possible (cf. Lc 9, 51-56).

- Être un ou une disciple-missionnaire - comme nous sommes tous appelés à l’être, par notre baptême - implique donc : de se laisser inspirer par Dieu ; d’entrer dans un chemin de rencontre et d’adaptation à l’autre - en employant l’humilité et la douceur, au lieu de la force ; mais aussi de revoir l’ordre de nos priorités : en plaçant l’annonce du Règne de Dieu, au centre de nos préoccupations et de notre vie (cf. Lc 9, 59-60).

Bien sûr… il y a toujours des résistances, face la nouveauté… c’est souvent inconfortable d’être un témoin du Christ … c’est incertain et précaire (cf. Lc 9, 57-58)… car, le message de l’Evangile n’est pas forcément reçu… et nos contemporains ont souvent d’autres priorités, d’autres soucis que d’écouter le message de l’Evangile et de se laisser saisir par le Christ.

Mais, comme le dit l’apôtre Paul, dans sa deuxième lettre aux Corinthiens (cf. 2 Co 1, 3-7), nous sommes appelés à ne pas nous décourager. 
Au contraire, inlassablement, Dieu nous donne des signes de réconfort… Il nous encourage à persévérer et à témoigner de sa bienveillance aux hommes et aux femmes qui nous entourent. 

4) En conclusion… chers amis…

Les textes que nous entendons aujourd’hui nous rappellent que la mission des disciples est importante, puisqu’il s’agit de propager un message de salut, de guérison… dont, individuellement et collectivement, nous avons le plus grand besoin. 

Il en va, en effet, de la guérison du monde et de nos frères et nos soeurs. Puisque c’est bien cela qu’il s’agit d’annoncer : la paix offerte par la présence de Dieu dans la vie de chacun ; et la libération, la guérison offerte, par la puissance transformatrice du Saint Esprit. 

Ce n’est pas seulement la mission de l’Eglise que de relayer la Bonne Nouvelle de l’Evangile, c’est la mission personnelle de chacun de ses membres. Et même si la mission semble parfois difficile, dans un monde hyper-matérialiste, souvent à contre-courant du message du Christ,…  cette mission est source de joie et de promesse. 

Comme le souligne l’Évangile : « Réjouissez-vous que vos noms [vos noms d’envoyés du Christ] sont inscrits dans les cieux ! » (cf. Lc 10, 20).

Ce qui compte, ce n’est pas se réjouir de ce que l’on fait … mais de ce que Dieu donne… Et ce qu’il nous donne, c’est la promesse de sa Grâce… c’est son Esprit saint…. et ce sont des frères et des soeurs à aimer…

Cela implique un changement de regard… pour voir que Dieu agit inlassablement, et pourvoit déjà à sa mission !

Comme le souligne la Psalmiste (dans le Psaume 147) : Il est bon de chanter notre Dieu (v.1) ; Le Seigneur soutient les pauvres (v.6) ; il guérit ceux qui ont le cœur brisé et il panse leurs blessures (v.3). 

C’est de cette Bonne Nouvelle du salut donné à tous et à chacun… dont nous sommes appelés à être les témoins !  

Qu’il en soit ainsi !  Amen. 


Lectures bibliques : 

Ps 147, 1-12 (Louange) 

1Louez le Seigneur  !
Car il est bon de chanter notre Dieu, il est doux et beau de le louer. […]
3Le Seigneur guérit ceux qui ont le cœur brisé
et panse leurs blessures.
4Il compte le nombre des étoiles,
il les appelle toutes par leur nom.
5Notre Seigneur est grand, d'une force immense,
son intelligence n'a pas de limite.
6Le Seigneur soutient les pauvres,
il abaisse les méchants jusqu'à terre.
7Entonnez un chœur pour le Seigneur avec reconnaissance,
jouez de la lyre pour notre Dieu !
8Il couvre le ciel de nuages,
il prépare la pluie pour la terre ;
il fait pousser l'herbe dans les montagnes.
9Il donne leur nourriture aux bêtes,
aux petits du corbeau quand ils crient.
10Ce n'est pas dans la vigueur du cheval qu'il se complaît,
ce n'est pas la robustesse de l'homme qu'il agrée ;
11le Seigneur agrée ceux qui le respectent,
ceux qui attendent sa fidélité.
12Jérusalem, fais l'éloge du Seigneur !  Sion, loue ton Dieu !

2 Co 1, 3-7
3Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de toute magnanimité et le Dieu de tout encouragement, 4lui qui nous encourage dans toutes nos détresses, afin que, par l'encouragement que nous recevons nous-mêmes de Dieu, nous puissions encourager ceux qui sont dans toutes sortes de détresses ! 
5De même, en effet, que les souffrances du Christ abondent pour nous, de même aussi notre encouragement abonde par le Christ. 6Si nous sommes dans la détresse, c'est pour votre encouragement et pour votre salut ; si nous sommes encouragés, c'est pour votre encouragement, pour que vous ayez la force d'endurer les mêmes souffrances que nous. 7Et notre espérance à votre égard est ferme, car nous le savons : comme vous avez part aux souffrances, vous avez part aussi à l'encouragement.

Lc 9, 1-6. 23-27. 51-62 
1Ayant réuni les Douze, il leur donna puissance et autorité sur tous les démons et il leur donna de guérir les maladies. 2Il les envoya proclamer le Règne de Dieu et faire des guérisons, 3et il leur dit : « Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent ; n'ayez pas chacun deux tuniques. 4Dans quelque maison que vous entriez, demeurez-y. C'est de là que vous repartirez. 5Si l'on ne vous accueille pas, en quittant cette ville secouez la poussière de vos pieds : ce sera un témoignage contre eux. » 6Ils partirent et allèrent de village en village, annonçant la Bonne Nouvelle et faisant partout des guérisons. […]
23Puis il dit à tous : « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu'il me suive. 24En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera. 25Et quel avantage l'homme a-t-il à gagner le monde entier, s'il se perd ou se ruine lui-même ? 26Car si quelqu'un a honte de moi et de mes paroles, le Fils de l'homme aura honte de lui quand il viendra dans sa gloire, et dans celle du Père et des saints anges. 27Vraiment, je vous le déclare, parmi ceux qui sont ici, certains ne mourront pas avant de voir le Règne de Dieu. » […]
51Or, comme arrivait le temps où il allait être enlevé du monde, Jésus prit résolument la route de Jérusalem. 52Il envoya des messagers devant lui. Ceux-ci s'étant mis en route entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. 53Mais on ne l'accueillit pas, parce qu'il faisait route vers Jérusalem. 54Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous disions que le feu tombe du ciel et les consume ? » 55Mais lui, se retournant, les réprimanda. 56Et ils firent route vers un autre village.
57Comme ils étaient en route, quelqu'un dit à Jésus en chemin : « Je te suivrai partout où tu iras. » 58Jésus lui dit : « Les renards ont des terriers et les oiseaux du ciel des nids ; le Fils de l'homme, lui, n'a pas où poser la tête. »
59Il dit à un autre : « Suis-moi. » Celui-ci répondit : « Permets-moi d'aller d'abord enterrer mon père. » 60Mais Jésus lui dit : « Laisse les morts enterrer leurs morts, mais toi, va annoncer le Règne de Dieu. »
61Un autre encore lui dit : « Je vais te suivre, Seigneur ; mais d'abord permets-moi de faire mes adieux à ceux de ma maison. » 62Jésus lui dit : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n'est pas fait pour le Royaume de Dieu. »

Lc 10, 1-6. 8-11. 17-20
1Après cela, le Seigneur désigna soixante-douze autres disciples et les envoya deux par deux devant lui dans toute ville et localité où il devait aller lui-même. 2Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson. 3Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. 4N'emportez pas de bourse, pas de sac, pas de sandales, et n'échangez de salutations avec personne en chemin.
5« Dans quelque maison que vous entriez, dites d'abord : “Paix à cette maison.” 6Et s'il s'y trouve un homme de paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. […]
8« Dans quelque ville que vous entriez et où l'on vous accueillera, mangez ce qu'on vous offrira. 9Guérissez les malades qui s'y trouveront, et dites-leur : “Le Règne de Dieu est arrivé jusqu'à vous.” 10Mais dans quelque ville que vous entriez et où l'on ne vous accueillera pas, sortez sur les places et dites : 11“Même la poussière de votre ville qui s'est collée à nos pieds, nous l'essuyons pour vous la rendre. Pourtant, sachez-le : le Règne de Dieu est arrivé.” […]
17Les soixante-douze disciples revinrent dans la joie, disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. » 18Jésus leur dit : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l'éclair. 19Voici, je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents et scorpions, et toute la puissance de l'ennemi, et rien ne pourra vous nuire. 20Pourtant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »

 

dimanche 22 juin 2025

Une foi libératrice et transformatrice

Lectures bibliques : Mc 9, 14-29 ; Mt 15, 21-28 = voir textes en bas de cette page
Thématique : Une foi libératrice et transformatrice 
Prédication de Pascal LEFEBVRE - 22/06/2025 - temple du Hâ (Bordeaux) 


J’entends parfois des personnes dire autour de moi : « vous - Monsieur le pasteur - vous avez la foi ! Mais moi, je ne suis pas sûr d’y croire (?)… »… alors j’ai eu envie d’explorer - ce matin - avec vous ces deux textes qui parlent de « confiance » et voir ensemble ce qu’on en tirer… 

Quelle(s) différence(s) y a-t-il vraiment entre la foi de la Cananéenne que Jésus qualifie de « grande »….  et la foi vacillante - pour ne pas dire déficiente - du père de l’enfant muet ?

* Prenons d’abord quelques instants, pour regarder cet épisode où le père de l’enfant muet souhaite obtenir une guérison pour son fils (cf. Mc 9, 14-29). 

L’homme a croisé la route des disciples de Jésus, mais ceux-ci n’ont rien pu faire pour son fils. Ils n’ont pas pu chasser l’esprit sourd et muet qui était en lui, ni le libérer de son mal. 

Alors, bien sûr, quand il rencontre leur maitre, il espère toujours une guérison pour son fils. Mais, en même temps, il a rencontré tant de désillusions, qu’il n’ose plus vraiment y croire. C’est pourquoi il s’adresse à Jésus, en lui disant « si tu peux faire quelque chose, viens à notre secours ». 

Jésus est presque choqué par cette parole : comment ça « si tu peux » ? « Tout est possible pour celui qui croit ! » affirme-t-il. 

Seulement… est-ce que cet homme y croit ? Ce n’est pas certain ! 

Comment pourrions-nous qualifier la foi de ce père de famille ?

Je crois qu’on pourrait dire qu’il y croit, sans vraiment y croire… disons qu’il voudrait y croire… mais il n’a pas vraiment franchi le pas de la confiance. 

D’ailleurs, son propos paradoxal - bien connu - le laisse entendre : « je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! »

C’est comme s’il y avait un « mais » : j’essaie de croire… je voudrais y croire…. mais j’y arrive pas … j’hésite… je ne suis pas vraiment sûr… quelque chose résiste en moi… des doutes, des questions, des incertitudes… 

Je me demande si nous ne sommes pas parfois comme ce père de famille (?)

On peut voir dans son attitude une sorte de coupure entre son coeur et sa raison… 

On a l’impression qu’il lui manque quelque chose : la faculté de lâcher-prise… la capacité de s’abandonner vraiment dans la foi… de s’en remettre pleinement à quelqu’un d’autre. 

Dans l’Evangile, quand Jésus parle de l’amour de Dieu… il invite ses disciples à entrer dans une confiance complète, qui implique toutes les dimensions de la personne et de l’existence. 

Vous connaissez sans doute ce verset bien connu : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force.… » (cf. Mc 12, 30). 

Il ne s’agit pas d’un amour timide ou d’une foi du bout des lèvres… mais d’un appel à franchir le pas de la confiance… une confiance qui concerne l’entièreté de notre existence, de notre personne (coeur, âme, intelligence, …), pour entrer dans une relation d’amour…  pour s’en remettre totalement à Dieu. 

D’ailleurs, Jésus répond en ce sens, en disant « tout est possible pour celui qui croit ». 

Il ne dit pas « tout est possible à celui qui croit », comme si celui qui croit avait tous les pouvoirs… 
Mais il dit « tout est possible pour celui qui croit », c’est-à-dire pour celui qui accepte, qui reconnait et s’en remet aux possibilités insoupçonnées du monde nouveau de Dieu… du règne de Dieu.

Tout est possible pour lui… car il s’ouvre à la présence du divin… à la possibilité de recevoir une force nouvelle - un élan spirituel, vital - qui vient de Dieu. 

Tout est possible pour celui qui croit… car tout est possible pour Dieu : 
Il peut agir en nous, dans notre intériorité… et transformer une situation de l’intérieur. 

La foi est une ouverture qui permet l’accueil de quelque chose de nouveau dans notre vie… 
« Sans l’ouverture de la confiance », on risque l’immobilisme ou la résignation.
La foi est ce qui permet un déplacement… la possibilité de se laisser changer / transformer par quelqu’un d’autre. 

Bien sûr, il y a des ambiguïtés dans ce récit de guérison… qui est une sorte d’exorcisme… car on peut avoir l’impression que le divin opère « comme par magie » depuis l’extérieur… 

Mais Jésus donne la clé du moteur de la guérison à ses disciples, en parlant de « la prière »… donc de communion et de conversion. 

La prière est en lien avec l’intériorité… c’est une ouverture pour que l’Esprit divin puisse agir en nous, dans notre intériorité… pour éclairer et transformer les choses. 

Il ne s’agit donc pas de croire en un « Dieu interventionniste » - à l’action surnaturelle - qui agirait de l’extérieur, comme « par miracle »… mais de croire que la foi - comme confiance - est une ouverture et un lâcher-prise, qui donne de l’espace au divin… qui permet à l’Esprit de Dieu d’agir en nous ou par nous. 

D’ailleurs, c’est ce que Jésus fait dans la plupart des récits de guérison : 
C’est comme s’il transmettait l’Esprit Saint guérisseur - une force de vitalité et de vivification -… force qu’il a en lui-même, parce qu’il l’a reçue de Dieu… du fait de sa connexion avec la Source… avec le Souffle créateur et transformateur de Dieu. 

Et c’est le sens du mot « Christ » : Quand on reconnait que Jésus est le Christ, on affirme qu’il est, pour nous, le porteur de l’Esprit saint - celui qui a reçu, incarné et manifesté la présence du Souffle divin : souffle créateur, transformateur, vivificateur…

Ici, dans cet épisode, l’Esprit saint - dont Jésus est le porteur - est présenté comme un Esprit libérateur… à même d’extraire / de faire sortir ce qui porte atteinte à notre unité. 

Quand l'évangéliste Marc montre Jésus en train de libérer un enfant d’un mauvais esprit, d’un esprit « sourd et muet »… comme une sorte de « démon »… il veut nous dire qu’il existe parfois, en nous ou dans notre existence, des forces d’asservissements invisibles… qui risquent de scléroser notre vie, de restreindre notre vitalité, de contraindre notre liberté. 

Bien sûr, au XXIe siècle, on ne parle plus de forces personnifiées ou de « mauvais démons »… Mais cela ne veut pas dire que nous ne soyons pas soumis à des forces d’asservissement ou de manipulation autour de nous. 

Il faut donc sortir du littéralisme ou d’une lecture fondamentaliste des expressions « esprits impurs » ou « démons »… et comprendre qu’il n’est pas nécessaire d’identifier ces termes à des forces obscures surnaturelles… mais, plus concrètement, de penser à des forces inconscientes ou angoissantes, susceptibles de nous perturber ou de nous diviser intérieurement.

Il suffit de voir tout ce qui peut nous rendre malade individuellement ou collectivement, au niveau de notre société… 
Il existe encore des forces de peur, de rivalité ou de haines en nous ou autour de nous : 

- En ce moment, par exemple, on parle beaucoup des abus ou des violences familiales ou des violences dans les institutions : église, école, ou autres lieux sociaux… 

Et il peut nous arriver de croiser des personnes (beaucoup plus nombreuses qu’on ne le pense) qui ont pu vivre des épreuves personnelles difficiles.

Il arrive que ces personnes fassent preuves d’une étonnante résilience et surmontent ces épreuves… Mais, il arrive aussi qu’elles développent - suite à ces traumas - un sentiment négatif de « mal-être »… qui les pousse - inconsciemment - à éprouver de la tristesse…  de la colère ou du ressentiment envers leur agresseur ou envers les autres… à cause d’un mal subi, d’une violence dont elles ont été victimes… suite à une maltraitance, un abus, ou tout autre chose… 

Souvent, il va falloir du temps pour entrer dans un processus de guérison… il va falloir opérer tout un travail de détachement et de libration par rapport à ce passé éprouvant… pour se dégager d’un épisode souffrant ou douloureux. 

En attendant, il est fort possible que ces personnes restent « asservies » - bien malgré elles - à des forces inconscientes… qui ont meurtri et blessé leur être intérieur et qui ont provoqué en elles des sentiments forts : agressivité, rancoeur, rancune… sentiments de haine ou d’injustice… 

Individuellement, nous pouvons tous être ainsi asservis à des traumas ou des évènements passés, liés à notre enfance ou notre adolescence… à notre éducation… notre histoire personnelle ou nos conditionnements…
Et tout cela peut « empoisonner » encore notre existence présente … ou avoir un impact étouffant ou plombant… qui porte atteinte à notre joie de vivre… 
Cela risque de se produire, tant que nous ne serons pas parvenus à nous en détacher et nous en libérer. 

- Collectivement, il existe aussi différentes formes et forces d’asservissement… qui peuvent avoir un impact négatif sur notre existence. 

Ce sont, par exemple, toute les formes de peurs et d’angoisses… communiquées et transmises par les médias… à causes des forces de dominations et de rivalités présentent dans le monde. 

On voit ces rapports de forces, de conflits, de dominations à l’oeuvre partout où les tensions, les conflits et les guerres se manifestent, pour des enjeux d’influences géo-stratégiques, de pouvoirs politiques, économiques, inter-ethniques. Il suffit de penser aux conflits actuels : Russie-Ukraine, Iran-Israël, ou encore tensions entre les Etats-Unis et la Chine… et, depuis hier, entre les Etats-Unis et l’Iran. 

Nous sommes ainsi ballottés et manipulés par des forces de peurs… de violences… communiquées par les médias… et tout cela captive notre attention, suscite de l’angoisse et restreint notre énergie. 

On pourrait encore parler de l’asservissement à notre système mondial « capitaliste »… du fait de « réalités » économiques ou financières implacables… camouflées sous le masque de l’ultra-libéralisme ou des logiques de rentabilité - et qui provoquent une « ubérisation » du travail (et donc un manque de protection sociale), de la précarité, ou encore : licenciement, chômage, exclusion ou sentiment d’inutilité sociale. 

Le combat de Jésus contre les démons ou les esprits muets signifient, ni plus ni moins, un combat contre tout ce qui asservit les êtres humains… quel qu’en soit le nom. 

La conviction portée par l’Evangile : c’est que dans le Royaume - dans le monde nouveau de Dieu, que Jésus est venu semer sur notre terre - il en va différemment : personne n’est asservi ! 
Il n’y a que des gens libres, parce que libérés… libérés par un Souffle nouveau… ouvert par la possibilité de la confiance en un autre possible. 

C’est pourquoi Jésus n’est pas seulement le messager du monde nouveau de Dieu… il est aussi le libérateur de ce qui asservit les humains. Je veux dire de ce qui : soumet, tyrannise, domine, subjugue ou muselle nos consciences. 

Précisément, le Christ vient élargir notre niveau de conscience et de confiance… en nous donnant du discernement… en nous invitant à ne pas nous laisser enfermer par notre passé ou par ce qui nous oppresse… et à ne pas nous résigner au malheur. 

Comme le souligne aussi l’évangéliste Jean, Jésus est venu pour que les êtres humains aient la vie… qu’ils puissent goûter à la vie en plénitude, en abondance (cf. Jn 10,10). 

C’est en cela que Jésus apporte quelque chose de nouveau : il nous communique un élan de vitalité venu de Dieu. 

Contrairement à beaucoup, Jésus refuse de laisser place au mal ou au malheur. Il souhaite que nous ne nous résignons pas à l’inacceptable… que nous puissions surmonter la peur et le malheur par notre confiance en la Providence divine. 

Il refuse ainsi de reconnaitre aux « démons » ou aux forces négatives le moindre pouvoir. 
Il refuse d’abdiquer devant les puissances démoniaques qui voudraient réduire notre humanité et diviser les humains en eux-mêmes ou entre eux.

En somme, il veut libérer l’humanité de la peur et de la résignation… des prétendues puissances susceptibles d’atteindre sa dignité ou sa liberté. Et pour cela, il nous appelle à nous connecter au divin, à laisser l’énergie divine agir et venir jusqu’à nous…  

Et c’est bien la foi - la confiance - qui permet l’ouverture à Dieu… qui lui permet d’agir dans nos coeurs et nos vies. 

Et c’est finalement ce que va faire cet homme : en entrant dans la foi de Jésus… il accepte de s’en remettre à lui… de déposer son malheur… de s’ouvrir à l’Esprit de libération dont le Christ est le porteur. 

* A coté de la foi fragile et incertaine du père de l’enfant muet… l’évangile met en exergue - dans un autre épisode - la « grande foi » de la femme Cananéenne (cf. Mt 15, 21-28). 

Les choses se passent très différemment dans cette autre rencontre… 

Dans le contexte de cet épisode, je veux croire que Jésus est fatigué… Il cherche un lieu de repos en territoire païen, pour se retirer à l’écart de la foule… 

Dans tous ces déplacements, en effet, il est sans cesse interpelé par ses opposants qui l’entrainent dans des polémiques ou des controverses… Il est également interpelé par une foule de gens qui demandent continuellement des actes de libération ou de guérison… 

Non seulement, il s’occupe de ses nombreux coreligionnaires… mais là - alors qu’il pensait être un peu à l’abri des sollicitations - c’est une femme qui n’est même pas juive - une femme païenne - qui implore son action.

Alors… on ne sait pas trop pourquoi… consciemment ou inconsciemment… il va mettre à l’épreuve la foi de cette femme :

- D’abord la femme crie vers lui et sollicite sa compassion. Mais Jésus fait mine de ne par répondre. 
- Lorsque les disciples interviennent, on ne sait pas trop ce qu’ils attendent. Certaines traductions précisent « renvoie-la » comme pour se débarrasser d’elle… tandis que d’autres traductions donnent « libère-la » comme pour solliciter l’intervention de Jésus. Quoi qu’il en soit les disciples font appel à leur maître, parce que la femme leur casse la tête. Mais Jésus a cette phrase très dure « je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » comme pour signifier qu’il n’a pas le temps de s’occuper des païens… Il a déjà trop à faire.
- Pour autant la femme ne se décourage pas. Elle persévère : elle vient se prosterner devant Jésus et implore son secours. Mais Jésus emploie à nouveau une expression brutale : il parle de ses coreligionnaire comme « enfants » de Dieu (à qui le pain est destiné)… et elle - la païenne - il la compare à un « chien ». 
- Mais la femme n’est reste pas là. Elle insiste à nouveau, en faisant preuve de créativité : elle accepte ce statut péjoratif de « chien » que Jésus lui attribue… mais elle en tire les conséquences : s’il est vrai qu’elle n’est qu’un petit chien, alors elle a bien le droit aux miettes, qui tombent de la table des « maîtres ». 
- Jésus est pris au piège de la foi de cette femme… Il ne peut que louer son attitude : sa foi, son humilité et sa persévérance. Et il lui est fait selon sa foi… cette foi endurante qui ne s’est pas laissée abattre par les obstacles. 

C’est sans doute une des différences avec l’épisode précédent : elle ne se laisse pas décourager, face aux déceptions et aux résistances !

C’est ainsi que l’Evangile nous appelle à agir… à l’image de la foi de cette femme… Et cela peut nous faire penser à un autre texte : la parabole de la veuve importune… qui persévère tant qu’elle n’a pas obtenu gain de cause (cf. Lc 18, 1-8). 

Si les évangélistes Matthieu et Marc ont retenu cet épisode… c’est - je crois - pour nous délivrer un enseignement sur la foi. 

La femme croit tellement en la puissance de guérison de Jésus qu’elle est prête à tout… et finit par prendre Jésus au piège de sa confiance incroyable. 

C’est ainsi que nous pouvons faire avec Dieu : croire en son St Esprit, en son Souffle libérateur, guérisseur et transformateur… Si nous croyons en Lui avec force, le Dieu d’amour ne pourra pas faire autrement que de nous entendre… comme le Christ a entendu cette femme. 

Résumons, en quelques mots, ce qui caractérise sa foi :

- D’abord, elle a une vision claire de ce qu’elle souhaite. 
Son âme désire la guérison de sa fille… 
La femme a un plan : obtenir cette guérison du Christ. 

- Ensuite, elle fait preuve d’une grande adaptabilité :
Pour elle, les imprévus et les résistances de Jésus ne sont pas des échecs, mais des opportunités pour rebondir. 
Autrement dit, elle ne baisse pas les bras devant les difficultés. 

- Troisièmement, elle fait preuve d’une forte détermination : elle persévère. 
Malgré les critiques ou les obstacles, elle continue à formaliser sa prière. 
Comme elle est mue par l’espérance et le désir de trouver une solution à la souffrance de sa fille, elle ne baisse pas les bras !

- Ensuite, elle fait preuve de résilience et d’inventivité. 
Pour elle, chaque échec ou épreuve contient une leçon. 
Elle rentre dans le jeu de Jésus, pour apprendre et rebondir. 
Pour ce faire, elle lâche son ego, elle accepte d’être remise en question et fait preuve de créativité.
Elle accepte d’être déplacée, de penser en dehors du cadre, pour avancer jusqu’au bout avec Jésus… et trouver le moyen d’entrer dans ses mots et de répondre à ses objections. 

- Tout au long de cette rencontre, elle fait preuve d’une foi patiente et persévérante.
Elle prend le temps d’arriver à ses fins… elle ne lâche pas son objectif initial… mais elle se réadapte lorsqu’un obstacle se présente à elle. 

- Enfin, finalement, elle obtient gaine de cause… pour sa fille. 
Sa foi - mise à l’épreuve - a permis l’ouverture universelle à l’Esprit saint… qui vient jusqu’à elle et sur sa fille, pour offrir guérison et vitalité. 

* Pour conclure… on voit que ces textes nous permettent de relier « la foi », « la prière » et « la persévérance ». 

Dans l’épisode avec l’enfant porteur d’un esprit muet, c’est Jésus qui fait preuve de foi et de persévérance et qui emploie la prière, comme il l’explique par la suite à ses disciples. 
La foi du père repose entièrement sur celle de Jésus, pour qui « tout est possible pour celui qui croit »… qui s’en remet à la puissance transformatrice du Père céleste. 

Dans le dialogue avec la Cananéenne, c’est la femme qui agit avec « foi » et « persévérance ». Sa « prière » ne s’adresse pas à Dieu - elle est païenne - mais à Jésus-Christ, en qui elle voit une puissance de vitalité et de salut hors du commun. 

Ces récits nous engagent donc dans cette dynamique… cet élan de vie de « foi », de « prière » et de « persévérance ». 

Ils nous engagent à aller de l’avant… à garder courage et confiance… à ne pas baisser les bras face aux épreuves… et ne pas nous résigner au mal ou au malheur. 

Comme l’a écrit le philosophe stoïcien Sénèque : « La vie n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre comment danser sous la pluie. » 

En tant que Chrétiens, on peut oser « danser sous la pluie » et tenter de « surmonter les orages », parce qu’on sait que nous ne sommes pas seuls… 

Les temps où les démons de la peur, de la haine et de la souffrance…. peuvent s’achever… Car le Christ est venu nous en libérer…

Quoi qu’il arrive, offrons notre confiance à la Providence divine… qui nous communique son Souffle créateur, transformateur et libérateur. 

Amen !


Lectures bibliques 

Mc 9, 14-29
14Lorsqu’ils furent arrivés près des disciples, ils virent autour d'eux une grande foule de gens, et des scribes qui débattaient avec eux. 15Sitôt que la foule le vit, elle fut en émoi ; on accourait pour le saluer. 16Il leur demanda : De quoi débattez-vous avec eux ? 17De la foule, quelqu'un lui répondit : Maître, je t'ai amené mon fils, qui a un esprit muet. 18Où qu'il le saisisse, il le jette à terre ; l'enfant écume, grince des dents, et devient tout raide. J'ai prié tes disciples de chasser cet esprit, et ils n'en ont pas été capables. 
19Il leur dit : Génération sans foi, jusqu'à quand serai-je avec vous ? Jusqu'à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi. 20On le lui amena. Aussitôt que l'enfant le vit, l'esprit le secoua violemment ; il tomba par terre et se roulait en écumant. 21Jésus demanda au père : Depuis combien de temps cela lui arrive-t-il ? – Depuis son enfance, répondit-il ; 22souvent l'esprit l'a jeté dans le feu et dans l'eau pour le faire périr. Mais si tu peux faire quelque chose, laisse-toi émouvoir et viens à notre secours ! 
23Jésus lui dit : « Si tu peux ! » Tout est possible pour celui qui croit. 24Aussitôt le père de l'enfant s'écria : Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! 25Jésus, voyant accourir la foule, rabroua l'esprit impur en lui disant : Esprit muet et sourd, c'est moi qui te l'ordonne, sors de cet enfant et n'y rentre plus ! 26Il sortit en poussant des cris et en le secouant très violemment. L'enfant devint comme mort, de sorte que la multitude le disait mort. 27Mais Jésus, le saisissant par la main, le réveilla, et il se releva.
28Quand il fut rentré à la maison, ses disciples, en privé, se mirent à lui demander : Pourquoi n'avons-nous pas pu le chasser nous-mêmes ? 29Il leur dit : Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière.
 

Mt 15, 21-28
21Partant de là, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. 22Et voici qu'une Cananéenne vint de là et elle se mit à crier : « Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David ! Ma fille est cruellement tourmentée par un démon. » 23Mais il ne lui répondit pas un mot. 
Ses disciples, s'approchant, lui firent cette demande : « Renvoie-la [libère-la], car elle nous poursuit de ses cris. » 24Jésus répondit : « Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël. » 
25Mais la femme vint se prosterner devant lui : « Seigneur, dit-elle, viens à mon secours ! » 26Il répondit : « Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens. » – 
27« C'est vrai, Seigneur ! reprit-elle ; et justement les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » 
28Alors Jésus lui répondit : « Femme, ta foi est grande ! Qu'il t'arrive comme tu le veux ! » Et sa fille fut guérie dès cette heure-là.

samedi 21 juin 2025

Méditation Mt 6, 24-34

Ecouter sur RCF : https://www.rcf.fr/vie-spirituelle/priere-rcf-bordeaux?episode=597584 

Mt 6, 24-34

24« Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l'un et aimera l'autre, ou bien il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent.

25« Voilà pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? 26Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n'amassent point dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit ! Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? 27Et qui d'entre vous peut, par son inquiétude, prolonger tant soit peu son existence ? 28Et du vêtement, pourquoi vous inquiéter ? Observez les lis des champs, comme ils croissent : ils ne peinent ni ne filent, 29et je vous le dis, Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n'a jamais été vêtu comme l'un d'eux ! 30Si Dieu habille ainsi l'herbe des champs, qui est là aujourd'hui et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi ! 31Ne vous inquiétez donc pas, en disant : “Qu'allons-nous manger ? qu'allons-nous boire ? de quoi allons-nous nous vêtir ?” 32– tout cela, les païens le recherchent sans répit –, il sait bien, votre Père céleste, que vous avez besoin de toutes ces choses. 33Cherchez d'abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît. 34Ne vous inquiétez donc pas pour le lendemain : le lendemain s'inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.

Méditation Mt 6, 24-34 - samedi 21 juin

L’Evangile nous appelle à lâcher nos soucis… à abandonner nos préoccupations élémentaires…. pour une raison simple : tout ne dépend pas de nous… mais du Père céleste. 


Cela ne signifie pas qu’il ne faille rien faire… au contraire ! Nous sommes appelés à la liberté et la responsabilité…. à chercher la présence de Dieu et sa justice dans notre vie… 


Mais, dans un premier temps, nous sommes invités à contempler partout la présence de Dieu à l’oeuvre dans sa création. 


La beauté de la Création nous montre la sollicitude de Dieu… qui pourvoit au bien et aux besoins de ses créatures. 


Observer et contempler la nature et sa beauté, nous pousse à deviner combien Dieu agit secrètement pour maintenir son oeuvre…  et ainsi… à entrer dans cette confiance : cette foi en la Providence divine ! 


Dès lors, nous pouvons lâcher toutes nos inquiétudes… puisque nous ne sommes pas seuls, dans nos luttes quotidiennes… 

Dieu nous accompagne ; sa puissance créatrice et transformatrice est toujours au travail !


De ce fait, notre mission ne se limite pas à répondre à nos besoins immédiats… mais nous sommes promis à un destinée plus large : 

« Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu…sachant que tout le reste, nous sera donné en plus ! » 


Nous avons donc deux choses à apprendre :


D’une part, savoir contempler la beauté et la gratuité du don de Dieu, autour de nous. 


D’autre part, déployer notre énergie pour que le Règne et la justice de Dieu se manifestent chaque jour davantage… en donnant le meilleur de soi ! 


vendredi 20 juin 2025

Méditation Mt 6, 19-23

 Ecouter sur RCF : https://www.rcf.fr/vie-spirituelle/priere-rcf-bordeaux?episode=597364

Mt 6, 19-23

19« Ne vous amassez pas de trésors sur la terre, où les mites et les vers font tout disparaître, où les voleurs percent les murs et dérobent. 20Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni les mites ni les vers ne font de ravages, où les voleurs ne percent ni ne dérobent. 21Car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.


22« La lampe du corps, c'est l'œil. Si donc ton œil est sain, ton corps tout entier sera dans la lumière. 23Mais si ton œil est malade, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres !


Méditation sur Mt 6, 19-23 - vendredi 20 juin


L’Évangile interroge nos priorités : 


N’avons-nous pas tendance à chercher surtout des trésors sur la terre… dans la jouissance et l’accumulation matérielle…. malgré le fait que nous sachions que ces biens restent éphémères et provisoires… 

Au lieu de partir en quête d’un autre type de trésor… relationnel et spirituel… que Jésus nomme « trésor dans le ciel ». 


Si l’on se souvient de l’épisode de la rencontre du jeune homme riche… on voit que la même expression est employée ici (cf. Mt 19,21) : 


Chercher un trésor sur la terre, c’est cumuler, capitaliser, thésauriser… alors que cultiver un trésor dans le ciel… c’est vivre dans le don et le partage : le don de soi et de ses biens…


Précisément… la vie - du fait de son caractère transitoire - soulève un paradoxe : 


Ce qui reste de notre passage sur cette terre - l’essentiel - c’est ce qu’on donne… car personne ne peut nous l’enlever… et le don contribue aux besoins, au bonheur et à la joie autour de soi… 


Au contraire, ce que nous accumulons, nous le perdrons un jour… car la mort nous le prendra. 


Le Christ nous appelle donc à lâcher un peu nos préoccupations matérielle… qui demeurent fragiles et périssables… pour nous orienter vers ce qui est véritablement constructif et durable : prendre soin de notre lien avec Dieu et de nos relations aux autres… car ces relations sont inscrites dans la perspective de la vie éternelle. 


Il ne faut donc pas confondre la fin et les moyens… 

Le but de notre existence ne se résume pas à la matérialité… 

Nous sommes appelés à réorienter nos désirs, selon la perspective du Ciel. 


Et pour cela, nous sommes invités à adopter un regard lumineux sur la vie et sur les autres :

Voir ce qui est bon atour de nous… et si notre environnement manque de bonté ou de beauté… c’est à nous qu’il appartient de le transformer… pour le rendre plus lumineux !… par nos regards, nos paroles et nos actes de générosité.