dimanche 7 janvier 2018

Se laisser guider et transformer par la lumière du Christ

Lectures bibliques : Mt 2, 1-12 ; Mt 4, 12-17 ; Mt 5, 14-16 = voir après la prédication
Thématique : Suivre la lumière du Christ et se laisser transformer par elle.
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 07/01/18

Prédication

Nous entendons aujourd’hui plusieurs passages de l’évangile selon Matthieu :

* Dans le premier - qu’on lit traditionnellement pour la fête de l’épiphanie - il est question des mages venus d’Orient - c’est-à-dire, de païens, d’étrangers, qui sont en recherche spirituelle… en quête de sens pour leur vie. 

Il existe de nombreux moyens de chercher, lorsqu’on est en quête de réponses : on peut ouvrir des livres de spiritualité ; on peut s’intéresser aux réponses qu’on trouve dans les Ecrits des différentes religions ; on peut entrer dans des lieux de culte et participer à la vie spirituelle d’une assemblée, à la vie de prière de telle ou telle communauté ; on peut méditer en silence chez soi ou prier ; mais, on peut aussi faire comme les mages : être attentif aux signes du temps et aux coïncidences… on peut se faire observateur de la Création et du ciel étoilé… pour essayer de deviner et de discerner les signes que le Créateur a pu laisser, pour nous guider dans notre périple, notre pèlerinage sur la terre. 

C’est ce que font ces mages - ces étrangers. Pour eux, l’apparition d’une étoile est le signe de la naissance d’un personnage important, d’un grand homme ou d’un roi, comme on le pensait à cette époque. 

Sans doute marqués par une espérance messianique, l’attente d’un Messie-Sauveur, comme beaucoup de leurs contemporains du 1er siècle… et bien qu’ils ne soient sans doute pas eux-mêmes Juifs, ils pensent que l’apparition de cette étoile marque la naissance du « roi des Juifs », c’est-à-dire du Messie tant attendu, d’où leur venue à Jérusalem, la ville sainte, rassemblant le Temple et les pèlerinages, et leur rencontre avec le roi Hérode, pour en savoir plus, pour essayer d’avoir confirmation de cet évènement, et pour faire sa connaissance. 

Devant ce questionnement Hérode se renseigne lui aussi et il en vient consulter les Scribes, les spécialistes des Ecritures hébraïques, qui confirment - selon une prophétie - qu’un Messie doit naître à Bethléem, qui était la ville de David.  
Dès lors, les mages poussent leur périple jusqu’à la-bas, pour rencontrer l’enfant-roi. 

Le paradoxe de cette situation que dépeint l’évangéliste Matthieu, c’est que ceux qui avaient connaissance de cette prophétie n’ont pas pris la peine de se mettre en route pour vérifier la venue du Messie et l’accueillir. 
Ce sont des étrangers, des non-Juifs, qui - eux - sont en quête… alors que les tenants de la religion instituée : Scribes et grands prêtres - semblent être enlisés dans leur tradition, leur routine et leurs habitudes.

Autrement dit, il ne suffit pas d’avoir à disposition des informations ou des révélations… il ne suffit pas de savoir et d’avoir les Ecritures à ses côtés, pour être véritablement en recherche spirituelle, pour se mettre en route… 

Ici, ceux qui cherchent véritablement sont ceux qui sont catalogués - répertoriés - comme des « non-croyants », des Gentils, des païens, des non-juifs, des étrangers. 

Bien sûr, on ne saura jamais si cet épisode raconté par Matthieu est une fiction littéraire et symbolique ou s’il s’agit réellement d’un récit historique. Mais peu importe… il nous est offert et nous questionne : 

Faut-il voir, dans cet épisode, une préfiguration : à savoir que Jésus, en tant que Christ, sera essentiellement reconnu et cru par des païens, plutôt que par des Juifs ? (Alors qu’il était venu d’abord pour parler « aux brebis perdues de la maison d’Israël ». (cf. Mt 15,24))

C’est - semble-t-il - ce qui s’est finalement produit : puisque bon nombre de premiers Chrétiens - des générations qui ont suivi l’apôtre Paul et, ensuite, ses disciples - ont été des pagano-chrétiens. Et que bon nombre de judéo-chrétiens, comme le raconte le livre des Actes et comme en témoigne l’évangile selon Jean - se sont retrouvés exclus de la synagogue.

Ou - deuxième hypothèse - faut-il voir, dans cette épisode, une sorte d’avertissement, à savoir que ceux qui sont en quête spirituelle - en recherche - sont parfois ceux qui se trouvent en dehors des religions instituées, des temples ou des assemblées ? 
Ce sont ceux qui acceptent de se déplacer, de sortir des sentiers battus, de se mettre en route… donc de quitter leurs présupposés, de s’interroger, de se mettre en mouvement. 

Il semble que cet épisode nous rappelle qu’il existe un risque potentiel dans l’attitude des « bons croyants »… et même une possibilité d’aveuglement…  à savoir que nos prétentions de savoir… et les réponses que nous pensons avoir et connaître… peuvent parfois nous mettre en danger de léthargie… ou devenir un frein à notre engagement. 

Ici, ce sont ceux qui reconnaissent ne pas savoir se déplacent ; Au contraire, ceux qui prétendent savoir n’ont plus besoin de la lumière de Dieu : ils restent assis dans leurs temples avec leurs Ecritures empoussiérées. 

A travers ce récit de l’épiphanie qui signifie « manifestation » ou « apparition », pour parler de l’apparition d’un nouvel astre lumineux, qui correspond - pour Matthieu - à la venue du Messie, du Christ, venu éclairer notre monde…. l’Evangile vient ainsi nous secouer et nous interroger : 

Où en sommes-nous personnellement ?… et collectivement ?
Sommes-nous toujours en quête, en recherche spirituelle, en recherche de sens ou de réponses, comme ces mages ? 
Ou sommes-nous un peu comme ces Scribes et ces grands prêtres, qui pensent avoir toutes les réponses (à travers les Ecritures et les dogmes), mais qui ne se donnent plus la peine de se lever, ni de se déplacer pour évoluer, pour se laisser renouveler par la lumière de cette nouvelle étoile, par la lumière du Christ ?

C’est toute la différence entre une foi qui nous endort, dans un certain conservatisme, avec une histoire « glorieuse » et millénaire, des lois et des traditions, qui nous sécurisent… et une foi qui nous appelle à un déplacement, à une nouveauté de vie… en vue d’une transformation. 

* En écho à ce premier épisode… et en lien avec ce questionnement… nous venons aussi d’entendre un deuxième passage, qui se situe au début de la vie publique de Jésus une fois qu’il est adulte. Il raconte le retrait de Jésus en Galilée, après l’arrestation de Jean le Baptiste.

Dans ce passage, Matthieu applique à Jésus une prophétie du livre d’Esaïe (cf. Es 8,23 - 9,1) : 
A nouveau - et comme un rappel du récit des mages avec l’étoile - Jésus est présenté comme le Christ, la lumière de Dieu qui vient illuminer le monde (cf. Mt 4,16). 

Avec la venue de Jésus sur notre terre, une lumière s’est levée. 
Ainsi que l’avaient pressenti les mages d’Orient, Jésus est reconnu de façon symbolique, comme l’étoile qui nous guide, comme la lumière qui vient vers nous, pour nous illuminer, pour que nous puissions la suivre. 

C’est là tout l’objet de cette présentation par l’évangéliste Matthieu. Il s’agit de rappeler, dès le début de son récit, l’identité réelle du protagoniste de son histoire :
Jésus - en tant que Christ - est annoncé comme étant la vraie lumière, qui nous a été donnée, pour nous guider, pour nous appeler à un déplacement, pour que nous puissions nous mettre en quête, en chemin… en ayant un point de mire à regarder… afin d’avoir une direction, une visée, un but à suivre.

Nous en avons pour preuve la déclaration qui suit immédiatement cette annonce : 
Aussitôt après avoir affirmé que Jésus accomplit la prophétie d’Esaïe, en incarnant cette grande lumière qui s’est levée… aussitôt après cela, Matthieu exprime les mots de Jésus qui appelle à la « conversion », c’est-à-dire, à un retournement, un déplacement, un changement de direction.

Aussi, nous voyons bien, dans les évangiles, quels sont les intentions des auteurs, par exemple, de Matthieu ou de Jean :
Pour eux, Jésus est la lumière du monde (Jn 8,12), mais cette lumière nous est donnée pour un changement de cap, une réorientation de nos vies, une transformation :

Nous sommes appelés à sortir de nos zones de ténèbres, de nos habitudes, de notre ego, de nos attachements mondains, de nos conformismes, pour entrer dans le règne de Dieu, pour chercher sa présence et sa justice dans notre vie (cf. Mt 6,33). 

Ecoutons encore ces paroles du Nouveau Testament  :
- Chez Matthieu :
A partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous (Changez de mentalité) : le Règne des cieux s’est approché. » (Mt 4,17)

- Chez Jean :
Jésus, à nouveau, leur adressa la parole : « Je suis la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura la lumière qui conduit à la vie. » (Jn 8,12)

- Chez Paul :
La nuit est avancée, le jour est tout proche. Rejetons donc les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière. (Rm 13,12)

Ou encore :
Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Vivez en enfants de lumière. Et le fruit de la lumière s’appelle : bonté, justice, vérité. Discernez ce qui plaît au Seigneur.  Ne vous associez pas aux œuvres stériles des ténèbres ; démasquez-les plutôt. Ce que ces gens font en secret, on a honte même d’en parler ; mais tout ce qui est démasqué, est manifesté par la lumière, car tout ce qui est manifesté est lumière. 
C’est pourquoi l’on dit : Eveille-toi, toi qui dors, lève-toi d’entre les morts, et sur toi le Christ resplendira. (Ep 5, 8-14)

Ainsi donc, pour les auteurs du Nouveau Testament, le Christ nous conduit à nous détourner des ténèbres, pour nous conduire vers la lumière… c'est-à-dire pour nous conduire à Dieu lui-même, car Dieu est lumière (comme le dit la 1ère épître de Jean). 

C’est donc en regardant au Christ, en voyant la lumière qu’il nous transmet et qui vient de Dieu, que nous sommes conduits au changement. 

En voyant le monde et ceux qui nous entourent avec les yeux du Christ - c'est-à-dire avec l’amour et la lumière qui le caractérisent - nous voyons la réalité autrement :

Nous pouvons apprendre à quitter notre égoïsme, notre égocentrisme, nos errements, nos ressassements, nos culpabilités, nos erreurs passées, et toutes nos servitudes… - nous pouvons sortir du « pays de l’ombre de la mort », comme l’appelle Essaie (cf. Es 9) -… pour nous ouvrir à la nouveauté, à Dieu, aux autres. 

La lumière vient manifester nos zones d’ombres, nos ténèbres, pour nous permettre de les éclairer, pour nous inciter à les quitter. 

Le Christ, par sa vie lumineuse, nous inspire un changement de vie : il nous offre de devenir, nous aussi, « lumière du monde »… comme nous l’avons entendu dans un troisième passage de l’évangile selon Matthieu (cf. Mt 5,14).

Jésus y explique que c’est par nos bonnes actions - nos actions justes - que nous faisons briller la lumière et qu’ainsi nous rendons gloire à Dieu (Mt 5, 14-16). 

Pour lui, notre lumière est liée à notre état d’esprit, notre bonté et notre justice. 

* Pour conclure - vous l’aurez compris - la lumière du Christ nous appelle à une vie transformée et lumineuse. 

La question est de savoir si nous acceptons de laisser toutes les zones de notre vie être illuminées par Lui : notre vie personnelle, professionnelle, associative, spirituelle, physique, sentimentale, sexuelle, relationnelle, amicale, familiale, etc. 

C’est toute notre existence qui est appelée à la lumière. 

Cela signifie, d’une part : accepter la lumière de Dieu et son amour dans notre vie, sur notre vie…. Car Dieu veut nous apporter le salut : sa guérison, son amour, sa réconciliation, sa libération…

Et, d’autre part, cela signifie : accepter de laisser Dieu transformer ce qui est encore "ténèbres", ce qui est encore dans l’ombre, ce qui est encore éteint ou blessé ou inadapté à la volonté lumineuse de Dieu, en nous et pour nous. 

A l’heure où nous prenons de bonnes résolutions pour cette nouvelle année, nous pouvons nous interroger sur ce qui pourrait être transformé positivement dans notre vie :
Quelles sont les pièces de notre demeure, de notre habitation, qui auraient besoin de la lumière de Dieu ?
Quelles sont les pièces dont nous acceptons d’ouvrir les fenêtres et les volets, pour laissé Dieu y mettre sa lumière bienveillante ? 

Qu’est-ce que nous acceptons de lâcher - ce qui est encore ombre ou "ténèbres" - pour le confier à la lumière de Dieu ?
Qu’est-ce que nous pouvons encore transformer grâce à la lumière du Christ ?

Si nous le souhaitons, nous pourrons prendre quelques minutes de silence - après cette réflexion - pour méditer personnellement sur ce point. 

A travers nos bonnes résolutions… et en toute confiance avec Dieu, notre Créateur… nous pouvons manifester notre désir de changement, notre souhait de changer de vie, pour nous laisser pleinement illuminer et transformer par l’amour du Christ… car, soyons certains que Dieu veut le meilleur pour nous. Et pour cela, il nous propose de nous ouvrir à sa lumière bienveillante. 

Amen. 

Lectures bibliques

Es 60, 19-20

Désormais ce n’est plus le soleil qui sera pour toi la lumière du jour,
ce n’est plus la lune, avec sa clarté, qui sera pour toi la lumière de la nuit.
C’est le SEIGNEUR qui sera pour toi la lumière de toujours,
c’est ton Dieu qui sera ta splendeur.
Désormais ton soleil ne se couchera plus,
ta lune ne disparaîtra plus,
car le SEIGNEUR sera pour toi la lumière de toujours […]

Ps 112, 1-6 (avec reprise du v.4)

Dans l’obscurité se lève une lumière pour les hommes droits. 
Heureux l’homme qui craint le SEIGNEUR
et qui aime ses commandements :
Sa lignée est puissante sur la terre,
la race des hommes droits sera bénie.
Il y a chez lui biens et richesses,
et sa justice subsiste toujours.
Dans l’obscurité se lève une lumière pour les hommes droits.
Il est juste, bienveillant et miséricordieux.
L’homme fait bien de compatir et de prêter :
il gérera ses affaires selon le droit :
pour toujours il sera inébranlable,
on gardera toujours la mémoire du juste.
Dans l’obscurité se lève une lumière pour les hommes droits.

Mt 2, 1-12

1Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem 2et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage. » 3A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. 4Il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple, et s’enquit auprès d’eux du lieu où le Messie devait naître. 5« A Bethléem de Judée, lui dirent-ils, car c’est ce qui est écrit par le prophète : 6Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le plus petit des chefs-lieux de Juda : car c’est de toi que sortira le chef qui fera paître Israël, mon peuple. » 7Alors Hérode fit appeler secrètement les mages, se fit préciser par eux l’époque à laquelle l’astre apparaissait,8et les envoya à Bethléem en disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant ; et, quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que, moi aussi, j’aille lui rendre hommage. » 9Sur ces paroles du roi, ils se mirent en route ; et voici que l’astre, qu’ils avaient vu à l’Orient, avançait devant eux jusqu’à ce qu’il vînt s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant. 10A la vue de l’astre, ils éprouvèrent une très grande joie. 11Entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; ouvrant leurs coffrets, ils lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. 12Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner auprès d’Hérode, ils se retirèrent dans leur pays par un autre chemin.

Mt 4, 12-17

12Ayant appris que Jean avait été livré, Jésus se retira en Galilée. 13Puis, abandonnant Nazara, il vint habiter à Capharnaüm, au bord de la mer, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali, 14pour que s’accomplisse ce qu’avait dit le prophète Esaïe : 15Terre de Zabulon, terre de Nephtali,
route de la mer, pays au-delà du Jourdain, Galilée des Nations !
16Le peuple qui se trouvait dans les ténèbres a vu une grande lumière ;
pour ceux qui se trouvaient dans le sombre pays de la mort, une lumière s’est levée.
17A partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous : le Règne des cieux s’est approché. »

Mt 5, 14-16


14« Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une hauteur ne peut être cachée.15Quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous le boisseau, mais sur son support, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. 16De même, que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux.

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