dimanche 18 février 2018

Mc 10, 17-31

Lectures bibliques : Mc 10, 17-31 ; Mc 3, 31-35
Thématique : la voie du lâcher-prise et du détachement, pour suivre le Christ
Prédication de pascal Lefebvre / Largement inspirée d’une méditation d’Anselm Grün - 
Marmande, le 18/02/18

* L’histoire de la rencontre entre Jésus et un homme riche suscite souvent l’interrogation des lecteurs de la Bible…. Car ce récit semble exiger de nous que nous vendions tous nos biens, tout notre avoir, pour suivre Jésus : ce qui semble difficile, pour ne pas dire impossible. 

Mais est-ce bien de cette façon qu’il faut entendre ce que dit l’évangéliste Marc ? 

Il y a deux mille ans, cet épisode avait déjà suscité l’inquiétude des disciples qui se demandaient : qui peut bien être sauvé, s’il est si difficile à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu ?

Leur stupéfaction et leur inquiétude venaient vraisemblablement des propos de Jésus… constatant l’impossibilité de ce riche d’accepter de se détacher, de se départir de ses biens. 
En effet, à cette époque, la richesse était plutôt vue positivement, comme le signe d’une bénédiction de Dieu. Les disciples sont donc consternés de voir que Jésus la considère autrement. C’est un retournement de leur conception, de leur manière de penser. 

Pour envisager avec discernement ce passage de la Bible… la signification qu’il avait à l’époque de Jésus… et ce qu’il peut nous dire aujourd’hui, il nous faut d’abord nous souvenir que le Chrétien - comme le dirait l’apôtre Paul - ne vit pas « sous la Loi », mais « sous la Grâce ». 
Il ne faut donc pas prendre à lettre ce qui est dit ici et le projeter sur nous sans discernement. 

En racontant cet épisode, Marc ne veut pas édicter une norme ou une loi fixant ce que nous aurions le droit de posséder ou ce que nous serions tenus de vendre. 
L’évangéliste vise plutôt à nous montrer, par cette rencontre personnelle d’un jeune homme riche avec Jésus, ce à quoi nous sommes appelés : à la liberté. 

Il nous montre que celui qui prétend vouloir suivre le Christ doit accepter de se libérer en esprit de certains de ses attachements. Car celui qui vit en étant trop lié, trop préoccupé par certaines choses (ses biens, ses soucis, ses projets, etc.) ne peut avoir ni la disponibilité d’esprit, ni le temps, ni l’engagement nécessaire, pour emprunter le chemin que Jésus propose : pour se mettre en quête du règne de Dieu. 

Dans l’entretien avec Jésus, on voit que l'homme en question a tout d’un homme bien : il a beaucoup d’atouts : Il mène une vie correcte, il obéit à tous les commandements depuis sa jeunesse. Jésus le sait et le sent. Il le regarde et se prend d’affection pour lui. 
Mais en l’observant, il devine aussi que cet homme pourrait faire mieux… quelque chose de plus grand… de plus beau, de plus extraordinaire que de suivre simplement les commandements de Dieu à la lettre. 

Jésus reconnaît que cet homme est appelé à faire autre chose de sa vie… Dieu l’appelle ailleurs… et il en a les capacités. 
« Il te manque une chose - lui dit Jésus - va ; ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens, suis-moi ». 

Jésus sent que cet homme a un potentiel : il pourrait devenir un disciple du Royaume de Dieu : il discerne qu’il y a autre chose au fond de lui. 
En le provoquant, en lui demandant un lâcher-prise radical, il cherche à faire sortir, à faire émerger ce qu’il y a en lui. Il veut toucher son âme. 

Le Christ veut l’inciter à s’engager sur le chemin où ce jeune homme pourra réaliser ses vraies aptitudes et toutes ses potentialités. 
Il lui révèle - il met le doigt sur ce qui lui manque - car il a déjà tout le reste… il lui manque juste l’audace, le courage, la liberté nécessaire… pour s’engager dans un chemin nouveau. 

Ce riche-là serait vraiment libre, s’il vendait son avoir.

Bien sûr, on ne peut pas en faire un cas général… bien que beaucoup de personnes - à commencer par nous-mêmes, peut-être - soient un peu comme ce jeune homme : plus ou moins dépendant ou esclave de ses possessions.

Vendre tout ce que l’on possède n’est pas une norme imposée à tous ceux qui veulent suivre Jésus… mais c’est quelque chose qui correspond, pour Jésus, à cet homme en particulier.

La question qui se se pose à chacun de nous, c’est de savoir de quoi nous aurions besoin de nous détacher, personnellement, dans la situation qui est la nôtre, pour pouvoir suivre le Christ… pour pouvoir devenir des disciples du royaume de Dieu.

* Chacun a des attachements particuliers et des besoins particuliers et différents. 

Pour certains qui veulent suivre Jésus, il n’est pas nécessaire de se séparer de leur avoir… car il n’y sont pas spécifiquement attachés… mais ils devront plutôt accepter de se détacher, de se séparer, de leurs succès, de leur orgueil, de leur réussite, de leur auto-satisfaction, ou, au contraire, du fait qu’ils se jugent constamment eux-mêmes ou qu’ils se sous-estiment ou se sentent incompétents ou insignifiants. 
Pour d’autres, il s’agirait de modifier l’image qu’ils ont d’eux-mêmes ou de Dieu… ou encore de l’idée qu’ils se font de la vie, de leurs habitudes, de leurs relations. 

Ce passage de l’Evangile nous invite ainsi à nous présenter devant Dieu… à nous placer devant lui… avec tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons… à lui tendre notre coeur et à prendre le temps du discernement. 
Nous devinerons alors ce qui, dans notre vie actuelle, peut encore nous empêcher de vivre pleinement, d’avancer ou de progresser. 

De quoi ne pouvons-nous pas nous déprendre ? 
Quels sont nos attachements (ceux qui sont susceptibles de réduire notre vie) 
De quoi sommes-nous encore esclaves ou dépendants ? 
Que faudrait-il accepter de lâcher ou de changer ?

Il s’agit parfois d’une habitude de vie, d’une routine, d’un schéma existentiel, de certains comportements, qui, certes, nous causent du tort, mais auquel nous nous accrochons quand même, par habitude ou parce qu’au moins nous savons où nous allons. 
Alors que si nous y renoncions, nous risquerions de ne plus le savoir… nous serions obligés de changer quelque chose… de faire autrement. 

Nous avons tous des choses, des modes de penser ou des comportements qui nous limitent ou nous sclérosent. Et l’idée de changer les choses peut nous faire peur. L’inconnu nous fait peur. La peur nous inhibe et nous empêche d’être libre.

Chez ce jeune homme, la peur était finalement plus forte que l’aspiration à la vie éternelle - la vie en plénitude - il s’en va donc tristement, nous raconte Marc. 

Cette histoire nous invite évidement à réagir autrement. Elle nous engage à ne pas faire comme ce jeune homme, qui finalement renonce à lâcher-prise, renonce au changement. 
Elle nous appelle, au contraire, à oser nous dégager de ce qui nous lie, de ce qui nous contraint, nous empoisonne ou nous emprisonne. 
Alors, nous ferons, en suivant Jésus, l’expérience d’une immense liberté. 

* Bien que possédant peu de biens, les disciples de Jésus semblent consternés par ce que le maître dit du danger des richesses. 
Jésus répond à leur accablement en accentuant encore la provocation : 
« Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu ».

Par cette parole destinée à choquer, Jésus n’entend pas condamner la richesse en elle-même, car elle n’est pas intrinsèquement mauvaise. Elle est plutôt un don de la vie, un don de Dieu, qui nous fait participer aux richesses de la Création. 

Mais, en même temps, la richesse est dangereuse, car nous risquons de nous identifier à elle, de nous dissimuler derrière elle, comme derrière un masque épais :
Elle peut alors nous empêcher d’accéder à notre vérité, notre vrai Soi. Elle peut réduire le sens de notre existence, lorsque nous en faisons une course ou une obsession, lorsque nous passons notre temps à vouloir accumuler sans fin des possessions. 

Si nous passons notre temps et notre énergie à en vouloir « toujours plus », notre Soi est alors bloqué dans son développement. En réalité, nous n’avançons plus, nous nous pétrifions intérieurement. 

Il me semble que c’est le danger que pointe ici Jésus : la richesse peut nous scléroser dans notre progression. Elle peut nous rendre « orgueilleux » ou « idolâtres », car elle peut devenir un but ultime, une finalité, au lieu de rester un moyen. 
Ainsi, les possessions peuvent nous « posséder » à notre insu… elles peuvent faire de nous des « possédés ». Nous sommes alors déterminés par une avidité insatiable. 

Pour Jésus, celui qui est ainsi sous l’empire de la richesse ou de la soif de « toujours plus » est incapable d’accéder au Royaume de Dieu - à sa présence - car, en réalité, il refuse de se laisser conduire et déterminer par Dieu : il sert, sans s’en rendre compte, un autre maître : Mammon. 

* Comme les disciples sont effrayés par cette radicalité des paroles de Jésus, le maître leur indique une autre éventualité de salut : « Aux hommes - dit-il - c’est impossible, mais pas à Dieu, car tout est possible à Dieu ». 

En d’autres termes, Dieu peut encore toucher le coeur des riches, et l’ouvrir au Royaume… à son règne d’amour, de justice et de paix. 

Même celui qui reste attaché à ses biens, peut un jour en être libéré, par une prise de conscience, par une expérience bouleversante. 

Il comprend alors qu’il y a d’autres valeurs plus essentielles dans l’existence … que le but de la vie n’est pas la richesse… mais l’accès à une forme de paix intérieure et de transcendance… l’accès au royaume de Dieu. 

Chacun peut comprendre que la vraie richesse se découvre dans l’ouverture à Dieu et aux autres… chacun peut découvrir la joie profonde de la confiance en Dieu… d’accepter de se laisser conduire, déterminer et façonner par Dieu, qui est Esprit et Amour. 

Chacun peut aussi découvrir la joie de partager des relations humaines épanouies avec les autres… et faire l’expérience d’une vie relationnelle riche et juste… ce qui est autrement plus satisfaisant pour son développement humain que de collectionner des possessions. 

* A ces paroles de Jésus sur la richesse, Pierre donne une réponse grandiloquente : « Eh bien! Dit-il, nous, nous avons tout laissé pour te suivre ».
A ceux qui ont ainsi tout quitté, tout abandonné, pour suivre Jésus et proclamer partout l’Evangile, la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu, Jésus promet que, dès ici-bas, ils le recouvreront au centuple… mais - précise-t-il - avec des persécutions. 

Cette précision semble indiquer que celui qui défend d’autres valeurs - les valeurs du règne de Dieu - face aux valeurs matérialistes de ce monde… celui qui défend plus de partage, de solidarité, de justice, risque de ne pas toujours être bien accueillis, dans le monde du « chacun pour soi ». Il risque même d’être la proie des moqueries, des quolibets, des citriques et même des persécutions. Car il devient une pierre d’achoppement dans le monde matérialiste : il devient le témoin « gêneur » et « lumineux » d’un autre sens de l’existence.  

Mais, en même temps, Jésus promet que celui qui a osé abandonner ses biens ou sa famille retrouvera tout cela au centuple… à commencer par une nouvelle famille : des frères, des soeurs, des mères, des enfants au sein de la communauté de ceux qui sont « chercheurs du Royaume de Dieu »… au sein de la communauté chrétienne. 

Ailleurs, dans l’évangile - nous l’avons aussi entendu (cf. Mc 3) - Jésus définit cette nouvelle famille qui nous est offerte comme étant la famille des enfants de Dieu : celles et ceux qui font la volonté de Dieu : ceux-là sont mes frères et mes soeurs - disait Jésus. 

* Pour conclure, que peut-on retenir de cette méditation ?

En premier lieu… l’Evangile vient nous interroger sur nos valeurs et nos attachements : Dans un monde marqué par l’économie, l’argent, la recherche du profit… c’est une parole dérangeante. 
A l’encontre des discours qui nous appellent à un bonheur par plus de consommation, d’avoir ou de pouvoir… Jésus nous invite à oser le détachement et la sobriété… Il nous assure que le détachement est source de liberté et de bonheur (le bonheur de se découvrir en vérité et en communion avec Dieu). 

Jésus associe ce lâcher-prise à une forme de confiance et de liberté… à la quête de Dieu, du règne de Dieu, de sa présence et de sa justice… et à l’accès à la vie véritable, la vie en plénitude, qu’il appelle la vie éternelle. 

Deuxièmement, il me semble que Jésus - en nous indiquant la possibilité de prendre du recul par rapport aux richesses - nous ouvre un chemin à la fois de reconnaissance et d’authenticité. 

Pour goûter avec reconnaissance ce que Dieu nous offre dans cette vie, il nous faut parfois prendre du recul par rapport à nos soucis et aux richesses. Celui qui est crispé sur ses soucis ou ses possessions n’est plus à même de jouir de la vie et de partager la joie de vivre avec d’autres. 

Par ailleurs, celui qui place sa valeur personnelle dans ses possessions trouvent qu’il n’en a jamais assez. Jamais il ne sera satisfait… jamais il ne sera reconnu comme il aurait besoin de l’être. 
Au contraire, celui qui mène sa vie professionnelle et familiale sans s’attacher à ses biens matériels verra souvent qu’il en a bien assez pour être heureux et que sans cesse de nouvelles joies lui sont dispensées. 

C’est en ce sens que Jésus nous enseigne à laisser derrière nous tout ce qui nous empêche de le suivre : que ce soit notre richesse (comme le jeune homme riche) ou notre réussite, mais aussi nos échecs, nos erreurs, notre culpabilité, notre passé… ou bien autre chose : tout ce qui peut nous limiter, réduire notre vie ou son potentiel. 

Le Christ nous invite ainsi à faire l’expérience d’une liberté intérieure par le détachement. 

Il faut avoir fait l’expérience de cette liberté intérieure, pour comprendre où il veut nous conduire, vers le Royaume de Dieu, un espace où l’être humain découvre sa véritable nature, son vrai Soi en communion avec Dieu … un espace où Dieu lui-même lui donne sa forme et l’emplit d’une paix profonde. 

Ce chemin du détachement, est un chemin vers Soi, vers Dieu et vers les autres. 

Osons faire confiance au Christ… osons le lâcher-prise… pour nous ouvrir à la présence de Dieu et à l’amour du prochain. 


Amen. 

dimanche 11 février 2018

Mc 3, 20-35

Lectures bibliques : Mc 2, 18-22 ; Mc 3, 20-35 (voir textes ci-dessous, en bas de page)
Thématique : faire la volonté de Dieu ou une nouvelle définition de la famille des enfants de Dieu
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 11/02/18

* Nous venons d’entendre des textes particuliers… où règne une certaine tension. Où trouver une Bonne Nouvelle dans ces récits de controverse ou de polémique ?… Quels enseignements peut-on en tirer ?

* Dans son évangile, Marc établit un lien entre les propos des Scribes, qui pensent que Jésus déraisonne, qu’il est possédé par une force démoniaque…  et les paroles de ses proches, de sa propre famille, qui croit aussi qu’il a perdu la tête. 

Dans un récit construit « en sandwich », Marc présente la visite des proches de Jésus, qui encadre une controverse avec les Scribes : 

Que reproche-t-on à Jésus exactement ? 

Pour le savoir, il faut relire les épisodes qui précèdent cet évènement… et, plus globalement, il faut se souvenir des gestes et des paroles de Jésus : 

- D’une part, Jésus est considéré comme un gêneur, un prophète rebelle, un révolté, car il remet en question un certain nombre de choses… à commencer par l’interprétation de la Loi qui était celle des Scribes ou des Pharisiens. 

A ses yeux, Dieu demande, avant tout, l’amour du prochain… 
Aucune loi, aucune règle ne peut être contraire à ce commandement fondamental : Toute les règles de pureté, de respect du sabbat, et autres exigences légalistes doivent forcément être secondes par rapport à ce principe premier. 
On se souvient de cette maxime : « le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat » (Mc 2,27).

Ainsi, fort de ce critère déterminant - l’amour du prochain - Jésus en vient à opérer des guérisons le jour du sabbat - quitte à remettre en cause le respect stricte d’un sabbat totalement chômé … il en vient à fréquenter et à partager sa table avec ses disciples, mais aussi avec des exclus, des parias, des impurs, des collecteurs d’impôts - quitte à rompre le jeûne et à contrarier les règles de pureté alimentaire… il en vient à toucher des lépreux, des malades, des hommes considérés comme « impurs » - quitte à faire ce qui est interdit… il en vient à pardonner les péchés des humains au nom de Dieu - quitte à scandaliser les bons croyants, etc. 

Jésus se rebelle, dénonce les injustices, dévoile l’hypocrisie et fait tomber le masque de la religion… parce qu’il veut rétablir une communion de l’homme avec lui-même et de l’homme avec Dieu. 
Il n’a de cesse de relever son prochain, de le rendre à lui-même (avec Dieu)… et à une vie sociale… car nombre de principes religieux créait alors de l’exclusion et du mépris. Ce qui semble contraire à la volonté bonne de Dieu. 

Mais ce nouveau chemin… cette voie contestataire… dérange, inévitablement. 

- D’autre part, l’Evangile - tel qu’il nous a été transmis - montre aussi que Jésus proclamait un Dieu accessible à tous (qu’il appelle père : « Notre Père ») et un royaume de Dieu ouvert à tous… à notre portée… un royaume dans lequel chacun est invité… invité à franchir un pas… à changer de vie et à s’engager… pour y entrer… pour se laisser transformer par l’Esprit de Dieu… pour s’engager à vivre une existence juste, en accord avec la justice de Dieu (cf. Mt 6,33). 

En proclamant un Royaume de Dieu ouvert à tous, Jésus allait ainsi à l’encontre de la conception pharisienne de la loi… où il y a les bons croyants et les purs, d’un côté… promis à un avenir radieux avec Dieu… et les mauvais et les impurs, de l’autre… promis à la désapprobation divine…  

Ce faisant, Jésus allait aussi à l’encontre de la conception pharisienne de la famille : car, à l’évidence, Jésus avait choisi de suivre son propre chemin - ce qui ne se faisait pas - plutôt que de se conformer aux habitudes, aux traditions et aux moeurs de sa famille, qui était sans doute fidèle aux règles religieuses ancestrales. 

Dans une société religieuse, marquée par des principes, des traditions, des habitudes, des coutumes… Jésus était devenu le « vilain petit canard » ou plutôt « le canard boiteux » : le rebelle têtu… et cela d’autant plus qu’il invoquait Dieu - son Père - pour justifier ce nouveau comportement. 

Face à ce comportement inacceptable aux yeux de sa famille, aussi bien que des Scribes… les siens - sans doute soumis à une forte pression sociale - et pour éviter d’être mis, eux-mêmes, au ban de la société…  les siens n’ont pas d’autre choix que de tenter de le rappeler à la raison. 

Pour tous, en effet, il était inacceptable que Jésus suive sa propre route, qu’il suive son propre chemin… en y engageant aussi d’autres hommes, en faisant des disciples : ce qui constituait un danger pour l’autorité religieuse… il était inacceptable que Jésus se sente d’abord engagé envers le Père du ciel (comme il le prétendait), plutôt qu’envers les intérêts de sa famille ou de son groupe religieux. 

Les paroles et les gestes de Jésus étaient considérés comme une faute, voire une trahison, par rapport à l’honneur dû à la famille et au clan, au groupe religieux dont il était issu. 

Il est difficile pour nous … 2000 ans plus tard… vivant dans une République laïque… où chacun est relativement libre de ses choix sur bien des plans… il est difficile de réaliser à quel point Jésus est venu briser les frontières tribales, les préjugés et les stéréotypes… et même les frontières religieuses, en transgressant des interdits… en contestant les Scribes… ou en guérissant des païens. 

Si on voulait se projeter dans un environnement plus proche de celui du 1er siècle, il faudrait sans doute transposer les gestes et les paroles de Jésus dans une société marquée par la religion, comme dans certains pays musulmans où les traditions, les habitudes culturelles, alimentaires et vestimentaires sont fortes et créent d’inévitables pressions sociales, que chacun est obligé de respecter… faute d’être mal vu…  de se mettre en marge du clan… ou d’être carrément rejeté ou condamné. 

En France, une femme musulmane peut très bien décider d’enlever son voile, de manger comme les autres, et de ne pas faire le ramadan… même si elle risque de s’exposer à certaines critiques… Mais, a-t-elle cette liberté au Maroc, en Arabie-Saoudite ou au Yemen ? 

(Il en était sans doute de même de même pour un Juif pieux de Judée à l’époque de Jésus.)

Imaginez encore qu’une de ces femmes… qui oserait relativiser les traditions, les règles alimentaires et vestimentaires… en vienne maintenant à dire qu’il est plus important d’aimer son prochain, de prendre soin des plus petits, des plus pauvres… d’accepter, de fréquenter et d’aider les autres croyants… et qu’elle le fasse concrètement dans un de ces pays… il y a fort à parier qu’elle mettrait sa vie en péril… comme certaines ont eu le courage de le faire… pour dénoncer des situations de violence ou simplement la condition de la femme. 

Bien sûr… les choses étaient certainement différentes au 1er siècle de notre ère… mais on peut penser que les pressions sociales et religieuses étaient du même ordre. 

Jésus n’a certainement pas transgresser des interdits pour le plaisir de choquer les gens… mais dans le but de dénoncer des injustices et de réintégrer des personnes exclues dans la société humaine. 

Quoi qu’il en soit… à cause de ces transgressions… certains - à commencer par ses proches - considéraient que Jésus avait dépassé les bornes. 

Ainsi - ayant appris cela - nous dit l’évangéliste Marc - les siens décident donc de quitter leur village pour se saisir de lui. Et affirment que Jésus « a perdu la tête ». 
Pour eux, il n’est plus « normal ». Il est devenu fou. Et il convient maintenant d’employer la force, pour le ramener au sein de la famille, dans les rang du clan. 

* Ce propos - « il a perdu la tête » - est conforté par l’intermède des Lettrés, des Scribes, qui accusent Jésus d’être possédé par « Béelzéboul » le prince des démons ou le prince des mouches (selon la traduction)… par l’intermédiaire duquel, Jésus lui même expulserait d’autres démons. 

Tous les exégètes ne sont pas d’accord sur le sens du nom « Béelzéboul » : il signifierait « le Maître de la maison », le chef suprême des démons. 

Ainsi, de même que la famille de Jésus avait refusé de le suivre, les Lettrés, les Scribes préfèrent l’accuser de complicité avec les démons, plutôt que de discuter sérieusement son enseignement. 

Quand quelqu’un ne répond plus aux normes en vigueurs… ou aux schémas du clan…  la méthode de « rejet défensif » la plus subtile consiste à prétendre que l’adversaire est un malade. On le démonise. On en fait un possédé, un psychopathe : ce qui rend superflu tout débat avec lui. 

Notons que cette méthode, visant à esquiver le débat avec l’opinion des autres, est toujours utilisée aujourd’hui : on qualifie l’adversaire (quel qu’il soit) d’incompétent, d’ignorant ou encore de fanatique, de radical … voire de malade : ce qui dispense de considérer la cause profonde de ses paroles et de ses actes. 

En ouvrant des livres d’histoire… on peut constater que c’est cette méthode de « démonisation » (ou diabolisation) qu’a pratiqué la grande Eglise pendant des siècles, lorsqu’elle se contentait de chasser, d’excommunier ou de bruler comme « hérétiques » ou « sorciers » tous ceux qui pensaient autrement…  qui constituaient un danger potentiel pour l’autorité ou l’orthodoxie … et que l’Eglise majoritaire considérait simplement comme « malades » ou « possédés ». 
(A partir du 16e siècle, bien des « Protestants » en ont payé les frais, bien qu’eux-mêmes aient aussi fait des choses pas très « catholiques ».)

C’est également une méthode qui a fait ses preuves dans le domaine politique, pour réduire l’adversaire au silence ou le ridiculiser publiquement …  une méthode qui est encore employée par certaines institutions, qui prétendent détenir la vérité et qui jouissent d’une autorité morale et légale, comme l’ordre des médecins… qui peut en venir à « démoniser » tel ou tel praticien, parce qu’il utilise de nouvelles méthodes thérapeutiques… susceptibles de mettre à mal les intérêts financiers et l’autorité du clan. 

Aujourd’hui encore, n’a-t-on pas tendance à vouloir exclure ceux qui ne pensent pas comme nous ? … et qui, du coup, par leurs paroles ou leurs actes viennent remettre en question nos fondements ou nos propres manières de penser. 
Face à nos habitudes de société, acceptons-nous réellement et facilement de nous remettre en cause ? 
Rien n’est moins sûr. 

L’urgence écologique le montre, par exemple. Pendant des décennies, on n’a pas pris au sérieux les « prophètes écologiques » et les scientifiques. Et, maintenant, même quand on se dit qu’ils avaient sans doute raison, dès qu’on demande aux gens de changer leur manière de penser ou leurs comportements… des conservatismes apparaissent inévitablement, car des intérêts sont en jeu. 
(La politique de Donald Trump en est un exemple caricatural.)

Pour sa part, Jésus ne se laisse pas enfermer dans ce rôle de psychopathe, de possédé. Il réfute le propos de ses adversaires en racontant une parabole : 
« Comment Satan pourrait-il se dresser contre lui-même ? » 
« Comment l’Adversaire pourrait-il chasser l’Adversaire ? Si un royaume est divisé, c’est la ruine »

C’est une démonstration par l’absurde : ce que disent les Scribes est impossible, car les démons seraient alors sans aucun pouvoir. 

En établissant un rapport, un lien entre la démarche de la famille de Jésus et l’accusation des Scribes, l’évangéliste Marc ne s’intéresse pas seulement à l’histoire de Jésus, en nous montrant qu’il n’a pas été compris et même rejeté par ses propres coreligionnaires, à cause de ses prises de position… Marc nous rappelle (à nous lecteurs ou auditeurs) que nous pouvons nous aussi tomber involontairement dans le même travers qu’eux. 

C’est un avertissement adressé aux Chrétiens… qui peuvent parfois juger ou même stigmatiser ceux qui ne pensent pas comme eux… qu’ils soient à l’intérieur de la communauté chrétienne… ou à l’extérieur de celle-ci. 

Acceptons-nous toujours l’altérité, les différences d’opinions ou manières de vivre la foi… ou l’absence de foi ? 
Cette question s’adresse aussi bien aux Chrétiens ou sympathisants d’autres religions… qu’aux athées. 
Il en va de notre capacité à vivre ensemble, avec nos différences. 

* Dans notre épisode, Jésus va plus loin : il qualifie de péché contre le Souffle de Dieu (contre l’Esprit saint) le comportement des Scribes, qui l’accuse d’être un possédé, parce qu’il les insécurise. 

Pour Jésus, les Scribes agissent ainsi contre leur conscience, car ils doivent sentir au plus profond d’eux-mêmes que Jésus est, avant tout, compatissant et qu’il porte un message important qu’ils ne devraient pas rejeter… mais dont ils se débarrassent simplement par une accusation… au lieu de s’interroger. 

Beaucoup de lecteurs de ce passage sont effrayés par la notion de péché contre l’Esprit… à cause de cette affirmation : 
« Si quelqu’un blasphème contre l’Esprit saint, il reste sans pardon à jamais : il est coupable de péché pour toujours ». 
Forcément… le lecteur s’interroge : suis-je dans cette situation ? Ou l’ai-je été ?

Comment comprendre ces paroles ?

Il me semble que ce que Jésus dénonce ici c’est la falsification volontaire de la vérité… une falsification délibérée qui présente le Bien comme relevant du Mal. 
Il s’agit d’une attitude consistant à diaboliser (à dénoncer comme mauvais) celui qui cherche à toucher les coeurs au nom de Dieu, à les convertir par sa bonté. 

C’est comme si on disait que ce qui relève de Dieu était démoniaque… 
c’est un refus du message de Dieu… refus que l’on maintiendrait, tout en sachant intérieurement où se situe l’action juste et bonne. 

Il nous arrive certainement de pécher par paresse ou par lâcheté… il nous arrive de nous tromper involontairement… mais rassurons-nous … je ne pense pas que nous portions des accusations démoniaques à l’encontre les actions bonnes d’autrui… ou que nous blasphémions volontairement contre Dieu.

D’ailleurs, il faut bien entendre les propos de Jésus : 
Celui qui blasphème contre l’Esprit Saint reste dans l’erreur et se rend impardonnable, tant qu’il persiste dans cette voie, tant qu’il s’y obstine… 
Mais le jour où cet individu arrête de confondre Dieu et le Diable, ce qui est Bon et Mauvais… le jour où il reconnait enfin la main de Dieu - ou son Souffle - dans ce qui est Bon… il cesse d’être dans l’erreur, dans le péché… puisqu’il sort de cette confusion mortifère. 

Ce qui est dit, ici - il me semble… c’est qu’une telle confusion entre le Bien et le Mal nous coupe de l’Esprit saint, de l’inspiration du Souffle de Dieu : 
Il ne s’agit pas seulement d’une faute morale, mais d’une faute relationnelle : le péché, c’est refuser l’agir de Dieu, c’est se couper de la bonté de Dieu, de son Souffle vivifiant. 

* Pour conclure, notre épisode se termine par une deuxième visite de la mère de Jésus et de ses frères. 
Ils restent à l’extérieur de la maison et font appeler Jésus pour qu’il sorte. 
Ils voudraient disposer de lui, mais Jésus ne sort même pas et saisit l’occasion pour évoquer sa nouvelle famille : 

« Les voici, ma mère et mes frères ! Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur, ma mère ». 

A présent, Jésus fait exploser la conception clanique de la religion : 
Appartient à la famille de Dieu, celui qui agit comme Dieu le veut, celui qui accomplit sa volonté… 
C’est une famille spirituelle… elle n’est plus ni charnelle, ni religieuse.

Ce qui créée une communauté nouvelle, plus profonde que les liens familiaux, c’est la relation à Dieu, la disponibilité pour l’engagement à faire sa volonté. 

Ce qui assure la cohésion de cette communauté des « enfants de Dieu », ce n’est pas le confort ni l’intérêt commun, ce n’est pas le clan, l’histoire ancestrale ni l’appartenance religieuse… c’est l’accomplissement de ce que Dieu attend pour l’humanité : à savoir, plus d’amour, de bonté, de justice, de paix, de réconciliation, de soin, de partage, etc. 

Quelle claque pour ses proches et ses coreligionnaires ! 
Quelle révolution ! 
Jésus redéfinit totalement nos appartenances, en fonction d’un nouveau critère : la volonté de Dieu ! 

Les Chrétiens sont ceux qui sont censés se mettre à l’écoute de Dieu et accomplir sa volonté.
Jésus dit ailleurs : « Cherchez d’abord le règne de Dieu et sa justice… et tout le reste vous sera donné en plus… par surcroit. » (Mt 6,33) 

Cette expérience, les Chrétiens n’ont jamais cessé de la faire : de tout temps, ici ou là, ils se sont rassemblés au nom de Jésus, pour chercher Dieu ensemble, pour essayer de discerner sa volonté à travers les Ecritures. Partout où des chercheurs de Dieu se réunissent, il se crée des liens profonds. 

Mais, notre passage de ce jour, nous montre qu’une telle communauté est toujours menacée par un danger : 
Le risque, c’est de sacraliser ce que l’on croit… comme les Scribes ont sacralisé la loi et son application… et de juger autrui… de démoniser ou de diaboliser ceux qui ne pensent pas comme nous. 

Même les membres de la communauté chrétienne courent ce type de risque : Le risque de faire de Jésus une idole… de se faire de lui une image faussée… au lieu d’affronter la provocation de son message… de se mettre réellement à son écoute… et de se laisser déplacer par ses paroles. 

Jésus n’a jamais demandé à ses disciples de l’adorer… de le « sacraliser »… mais il leur a demandé de se mettre enfin à l’écoute de la volonté de Dieu. 

Alors, oui, lorsqu’elle se fige dans des formes… que ce soit sous les traits de la loi… ou sous ceux du Christ… l’Eglise court le danger - aujourd’hui comme hier - de se cramponner à ses images toutes faites de Jésus, au lieu de se laisser questionner et insécuriser par Dieu. 

Ainsi, ce matin et chaque jour, Marc nous oblige, avec ce passage de l’Evangile, à nous interroger sur la volonté de Dieu… à chercher la voie d’une plus grande justice… en essayant d’accomplir la loi d’amour. 

C’est la condition pour que se forme une communauté solide et durable : peu importe sa forme… pourvu qu’elle se mette à chercher Dieu.

Être des frères et soeurs de Jésus Christ, c’est accepter de se mettre à l’écoute de Dieu… un Dieu qui nous appelle et qui nous bouscule… car il nous propose un chemin nouveau. 

Amen. 


Lectures bibliques : Marc 2 et 3 (extraits) : Mc 2, 18-22 ; Mc 3, 20-35

- Pardon et guérison d’un paralysé à Capharnaüm
- Question sur le jeûne. Le vieux et le neuf
18 Les disciples de Jean et les Pharisiens étaient en train de jeûner. Ils viennent dire à Jésus : « Pourquoi, alors que les disciples de Jean et les disciples des Pharisiens jeûnent, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » 19 Jésus leur dit : « Les invités à la noce peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux ? Tant qu’ils ont l’époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. 20 Mais des jours viendront où l’époux leur aura été enlevé ; alors ils jeûneront, ce jour-là. 21 Personne ne coud une pièce d’étoffe neuve à un vieux vêtement ; sinon le morceau neuf qu’on ajoute tire sur le vieux vêtement, et la déchirure est pire. 22 Personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; sinon, le vin fera éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres ; mais à vin nouveau, outres neuves. »

- Les épis arrachés et l’observation du sabbat
- Guérison un jour de sabbat
- Jésus et Béelzéboul
20 Jésus vient à la maison, et de nouveau la foule se rassemble, à tel point qu’ils ne pouvaient même pas prendre leur repas. 21 A cette nouvelle, les gens de sa parenté vinrent pour s’emparer de lui. Car ils disaient : « Il a perdu la tête. » 22 Et les scribes qui étaient descendus de Jérusalem disaient : « Il a Béelzéboul en lui » et : « C’est par le chef des démons qu’il chasse les démons. » 23 Il les fit venir et il leur disait en paraboles : « Comment Satan peut-il expulser Satan ? 24 Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut se maintenir. 25 Si une famille est divisée contre elle-même, cette famille ne pourra pas tenir. 26 Et si Satan s’est dressé contre lui-même et s’il est divisé, il ne peut pas tenir, c’en est fini de lui. 27 Mais personne ne peut entrer dans la maison de l’homme fort et piller ses biens, s’il n’a d’abord ligoté l’homme fort ; alors il pillera sa maison. 28 En vérité, je vous déclare que tout sera pardonné aux fils des hommes, les péchés et les blasphèmes aussi nombreux qu’ils en auront proféré. 29 Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il reste sans pardon à jamais : il est coupable de péché pour toujours. » 30 Cela parce qu’ils disaient : « Il a un esprit impur. »

- La vraie parenté de Jésus

31 Arrivent sa mère et ses frères. Restant dehors, ils le firent appeler. 32 La foule était assise autour de lui. On lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont dehors ; ils te cherchent. » 33 Il leur répond : « Qui sont ma mère et mes frères ? » 34 Et, parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. 35 Quiconque fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère. »

dimanche 4 février 2018

Mt 7, 13-14

Lectures bibliques ; Mt 7,13-14 ; Mt 5, 38-48 ; Lc 14, 12-14 ; Mt 6, 19-21. 24 ; 2 Co 4,18 = voir lectures ci-dessous (en bas de page)
Thématique : deux voies… deux trésors… suivre le chemin ouvert par le Christ
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 04/02/18.

* La parole de Jésus concernant deux portes et deux chemins nous interroge personnellement :
- sur quel chemin est-on ?
- quel est donc ce chemin spacieux, que beaucoup empruntent, et qui mène à la perdition ?
- et, surtout, quel est ce chemin resserré, que peu parviennent à trouver, mais qui, pourtant, mène à la vie ?

Ce passage d l’Evangile pose beaucoup de questions : 
Si l’on considère que le bon chemin, le chemin étroit (qui conduit à la vie) est le chemin que Jésus lui-même a emprunté (L’évangile de Jean dit même que Jésus, en tant que Christ, est lui-même Le chemin) : qu’est-ce que ça veut dire pour nous suivre Jésus ?

Je suis sûr que si l’on demandait à chacun de prendre quelques minutes pour y réfléchir personnellement, nous n’aurions pas tous les mêmes réponses…
Nous répondrions en fonction de ce que nous avons retenu de l’Evangile… en fonction de ce que nous pensons le plus important… de ce que nous avons compris des paroles de Jésus… ou de ce nous avons choisi de vivre. 

Qu’est-ce que ça veut dire suivre le Christ ?

Il est, à la fois, facile et difficile de répondre cette question. En fait, posée de façon directe et abrupte, cette question semble trop vaste. 

A chaque fois que nous lisons l’Evangile, que nous essayons de le méditer et de comprendre ce que dit Jésus, en réalité, c’est à cette interrogation que nous essayons de répondre : 
Dans telle ou telle parole de Jésus… dans ses sermons… ses paraboles : à quoi Jésus nous appelle-t-il ? Quel chemin nous propose t-il ? 

* Si nous pensons, par exemple, à Matthieu - chap. 22, au dialogue entre Jésus et un légiste, qui lui demande quel est le plus grand commandement de la loi, nous avons une réponse claire : le chemin que Jésus nous propose c’est celui de l’amour : aimer Dieu (de tout son coeur, de toute son âme, de toute sa pensée) et aimer son prochain, comme soi-même (cf. Mt 22,34-40). 

Ce chemin de l’amour que le Christ nous propose, est bien sûr confirmé par les actes de Jésus lui-même, qui a porté secours, pris soin et guéri ceux qui en avaient besoin … il a agi pour libérer les hommes et les femmes qu’il rencontrait : ceux qui étaient exclus ou marginalisés à cause de leurs maux, de leur malheur, de leur enfermement, de leur maladie, de leur handicap ou de leur soi-disant « impureté ». 
Jésus n’a eu cesse de relever… de rendre à la vie et à la société humaine ceux qu’il a croisé. Il les a rendu à eux-même, à Dieu et aux autres. 

* Ce chemin de l’amour se découvre aussi à travers ses paroles, ses sermons ou ses paraboles : 
que nous pensions, par exemple, à la parabole du bon samaritain (dans l’évangile de Luc : Lc 10) ou à la parabole du jugement dernier (dans l’évangile de Matthieu : Mt 25), nous comprenons que Jésus nous appelle inlassablement à aimer, c’est-à-dire à agir, à aider, à prendre soin de ceux que nous croisons : Va et toi aussi, fais de même… fais preuve de bonté, comme ce Samaritain… dit-il au légiste… et il ajoute qu’agir à l’égard des plus petits parmi nos frères : nourrir les affamés, accueillir les étrangers, vêtir les pauvres, visiter les malades ou les prisonniers… c’est comme agir à l’égard du Christ lui-même : c’est entrer dans la proximité de Dieu… c’est devenir artisan de son règne d’amour. 

* Jésus résume son exhortation à se tourner vers autrui et à agir avec bonté dans cette formule qu’il emploie : « Cherchez d’abord le règne de Dieu (sa présence) et sa justice… et tout le reste vous sera donné par surcroit… en plus » (Mt 6,33) : il nous appelle ainsi à nous dépréoccuper de nous-mêmes, pour nous tourner vers les autres et rechercher une vie juste, une vie ajustée à la volonté bienveillante de Dieu. 

On comprend déjà à travers cette simple parole pourquoi il s’agit d’un chemin étroit : c’est une chose difficile et exigeante de se dépréoccuper de soi-même : d’accepter de lâcher notre ego et nos soucis personnels qui nous conduisent souvent dans une course… une soif de reconnaissance ou de possession… qui réduisent souvent notre vie à la matérialité : nos soucis alimentaires, vestimentaires… notre maison (il y a toujours quelque chose à faire), notre jardin, notre voiture… notre compte en banque, la gestion de notre patrimoine, etc… : tous nos soucis matériels… qui prennent tant de notre temps et d’attention… Jésus nous appelle à les laisser de côté, à nous décentrer, pour nous tourner vers les autres et vers une autre préoccupation, plus essentielle : celle de la justice. 

* L’Evangile, en effet, est une parole qui nous demande du courage et de l’audace : 

- quand on voit toutes les injustices qui règnent autour de nous, dans notre monde : des gens qui n’ont rien… qui vivent dans la misère… ici, chez nous, sans parler de ceux qui sont en Afrique ou en Asie… Aimer son prochain / ou chercher la justice / signifie accepter de partager… de donner un peu de son temps ou de ses biens… de partager un peu de son superflu ou même de son essentiel avec ceux qui sont dans le besoin…

- quand on voit ceux qui sont malheureux, parce qu’ils vivent dans la solitude… parce qu’ils n’ont plus personne à qui parler… ou parce que leur âge ou leur état de santé contribue à leur exclusion… en ne leur permettant plus de sortir de chez eux ou de leur maison de retraite… Aimer son prochain / ou chercher la justice / implique de donner un peu de son temps, pour aller les visiter, les écouter, prendre soin d’eux…

- quand on voit ceux qui ont quitté leur pays à cause des conflits, des guerres, des pressions politiques, qui mettent en péril la vie de leur famille et leur sécurité… ou même simplement leur survie, parce qu’il n’y a rien à manger ni à espérer là où ils sont nés… on comprend pourquoi ils décident de migrer et de demander refuge ailleurs, dans un pays prospère et en paix… Dans cette situation… Aimer son prochain / ou chercher la justice / implique d’accueillir ces gens - qui sont des frères en humanité… cela signifie accepter de les aider… d’ouvrir nos coeurs à leur situation, d’éprouver de la compassion pour eux… Car, qu’aurions-nous fait, si nous avions été à leur place ? Ne serions-nous pas heureux, dans cette épreuve, loin de chez nous, de trouver des frères et des soeurs pour nous accueillir, dans notre exil ?

On pourrait multiplier les exemples et les situations : il y a toujours quelque chose à faire pour apporter un peu de lumière, d’amour, de justice et d’espérance à notre monde. 
Mais, en même temps, on le voit, toutes ces situations demandent du courage : Jésus nous appelle à ne pas rester les bras croisés… il nous invite, d’une part, à ouvrir notre coeur (à élever notre conscience et éprouver de la compassion pour autrui)… et, d’autre part, à agir en conséquence avec bonté et fraternité. 

* Alors, oui, ce chemin est étroit, parce que ce n’est pas le chemin facile du « chacun pour soi »… cela implique de quitter nos certitudes, nos occupations personnelles, notre réserve, notre « quant à soi »… pour nous rendre disponibles aux autres, pour accepter de nous laisser bousculer, déplacer… et même déranger… par eux… par leurs malheurs, leurs soucis et leurs besoins. 

Oui, c’est difficile de vivre avec un coeur ouvert… car c’est renoncer, dans une certaine mesure, à sa tranquillité personnelle… et peut-être même à une forme de sécurité. 
Mais, l’évangile et le livre des Actes nous donnent, quand même, un mot d’encouragement : en nous disant qu’il y a « plus bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35). 
Ce qui signifie que cette ouverture aux autres… même si elle nous bouscule… est susceptible de nous procurer de la joie : la joie de la rencontre, la joie de la découverte, la satisfaction d’avoir agi de façon juste et bonne. 

C’est la joie du service : savoir qu’à travers un acte gratuit d’amitié, de bonté, de fraternité… nous avons semé un peu de réconfort, de consolation, de bien-être, de joie… nous avons agi - même avec un tout petit rien - en faveur du règne de Dieu. 

On retrouve là une des promesses des Béatitudes : la promesse que la recherche de la justice, de la réconciliation, de la paix, nous conduit sur le bon chemin : le chemin étroit qui conduit à la vie… et qui ouvre aussi à la joie :
« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés »
« Heureux ceux qui font oeuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 6.10). 

* Mais, plus encore, si nous relisons le sermon sur la montagne, nous comprenons pourquoi Jésus parle de deux voies et pourquoi il précise que peu de personnes osent réellement emprunter le chemin étroit :

En effet, si nous relisons ce qu’il dit sur la loi du talion (Mt 5, 38-42) ou sur l’amour de ceux qui nous traitent en ennemi (Mt 5, 43-48), nous voyons bien que Jésus nous invite à vivre et à agir - non pas de façon ordinaire - mais de façon extraordinaire :

La façon ordinaire d’agir, c’est la réciprocité : quelqu’un te parle mal ou te blesse, tu réponds du tac-au-tac, en rendant la pareille… Quelqu’un fait oeuvre d’accueil, d’hospitalité ou de bienveillance, tu réponds de la même manière. 

Ainsi, nous trouvons "naturel" de ne pas nous laisser faire si nous sommes insultés. Et nous avons tendance à répondre sur le même registre que celui qui nous parle ou agit… 
Au contraire, si nous sommes accueillis, appréciés et même invités par des personnes qui peuvent devenir des amis, alors, nous aussi, nous allons répondre à leurs bonnes sollicitations, en les invitant en retour. 

Seulement, Jésus nous dit : tout ça, c’est peut-être « naturel »… mais ça n’a rien d’évangélique…. Même les païens et les collecteurs d’impôts (qui étaient plutôt des gens mal considérés) font la même chose (cf. Mt 5,46.47). 

Croire en la bonté de Dieu… agir à la manière de Dieu… comme ses enfants… c’est autre chose : 
c’est justement accepter de sortir des relations de miroir et de réciprocité… c’est accepter d’entrer dans le monde du don et de la gratuité (cf. Lc 14, 12-14). 

Aimer… même ceux qui te traitent de façon pas très sympathique… voire en ennemis : ça c’est agir comme Dieu : c’est le chemin étroit qui conduit à la vie… car ce n’est jamais l’indifférence ou le mépris qui peuvent faire changer les gens positivement : mais c’est ton amour qui peut les transformer.

Faire deux mille pas à celui qui te demande d’en faire mille… ou donner gratuitement quelque chose à celui qui demande sans cesse, qui t’emprunte ou qui te taxe tes affaires : ça c’est agir comme Dieu : c’est le chemin étroit qui conduit à la vie… car Dieu n’agit pas en comptable… et vivre, ce n’est pas tout calculer : c’est donner, partager, entrer en gratuité.

C’est cette attitude de générosité qui peut transformer positivement les autres et le monde… en étant généreux, tu vas apprendre la générosité à d’autres… tu vas instiller quelque chose - un peu de sel, un peu de lumière -… quelque chose du royaume de Dieu dans le monde. 

Alors, oui… Jésus nous apprend que pour transformer positivement le monde, il faut accepter de se laisser transformer intérieurement par Dieu : accepter de prendre le chemin de Dieu… qui est le chemin de la grâce, de la gratuité, de la bonté, du pardon… accepter de sortir du chemin large et spacieux du « chacun pour soi », de la réciprocité. 

* Enfin, le dernier point que nous pouvons aborder à propos de cette question très vaste de savoir « qu’est-ce que ça veut dire suivre Jésus? »… et d’essayer de nous engager dans la voie étroite qu’il propose… nous pouvons le découvrir à l’aide de ce passage que nous avons entendu sur le « trésor dans le ciel », que Jésus oppose au « trésor sur terre » (cf. Mt 6, 19-21).

Nous vivons dans un monde très matérialiste… où, globalement, on a tendance à ne croire que ce qu’on voit… et à donner de l’importance qu’aux choses matérielles : on finit par sacraliser les objets qui nous entourent : notre maison, notre voiture, notre téléphone, notre appareil photo … et Attention à celui qui y toucherait !

Certes, nous aimons notre confort… et après tout, cela n’a rien de mauvais en soi : il faut mieux vivre dans une belle maison que dans un taudis… il faut mieux rouler dans une belle voiture sécurisée, que dans une vieille auto qui pollue et qui tombe en ruine… mais la question est celle de la mesure : jusqu’où faut-il aller ? et où acceptons-nous de nous arrêter dans la recherche du confort ? 

Si cette recherche mobilise toute notre attention… toute notre énergie… si nous tombons dans l’excès, en en voulant toujours plus… alors nous sommes déjà dans le large chemin de la perdition (pour reprendre les mots de Jésus)… et nous passons à côté de la vie. 
Il me semble que c’est la conclusion - assez rude, il est vrai - qu’on peut découvrir dans les passages de l’évangile de ce jour. 

Pourquoi en est-il ainsi ?

Parce qu’on ne peut pas « courir deux lièvres à la fois »…  on ne peut pas servir deux maîtres en même temps (Mt 6,24)… le temps qui nous est donné de vivre et que nous passons à nous préoccuper de nos soucis matériels : de nos trésors sur terre, pour reprendre les mots de Jésus… nous le ne passons pas à autre chose : à cultiver des trésors dans le ciel. 

* Qu’est-ce donc que ces « trésors dans le ciel » dont Jésus parle ?

Il me semble que c’est l’amour que nous donnons ou que nous recevons : c’est, à la fois, notre vie relationnelle (ce que nous cultivons avec les autres) et notre vie spirituelle (ce que nous cultivons avec Dieu dans notre intériorité).

Dans l’Evangile selon Matthieu, l’expression « trésor dans le ciel » correspond à l’idée d’un acte totalement gratuit, d’un don sans retour… c’est, par exemple, cette expression que Jésus emploie lorsqu’il appelle le jeune homme riche à vendre ce qu’il possède et à le donner aux pauvres (cf. Mt 19, 21)… Il lui dit, ainsi, tu auras « un trésor dans les cieux »… comme si la générosité pouvait nous faire acquérir une sorte de trésor, de richesse, au regard de Dieu. (Voir aussi en ce sens Lc 12,33 ; Lc 12,21.)

En tant que Protestants, nous avons du mal avec cette idée de mérite ou de récompense acquise… car nous ne croyons pas en un Dieu comptable, qui comptabiliserait toutes nos bonnes actions comme des bons points (… sans parler des mauvaises). 
Mais je crois que ce qui correspond à l’image du trésor, c’est quelque chose de précieux et de caché, c’est l’idée d’une richesse cachée… soit celle-ci est uniquement matérielle et terrestre… soit, elle est d’un autre ordre : elle est « dans le ciel », donc invisible pour les yeux : elle est d’ordre spirituel ou relationnel… elle relève de notre âme ou de notre coeur. 

La question soulevée par Jésus est donc de savoir : où nous plaçons nos priorités, quels trésors décidons-nous de cultiver et d’entretenir ? 

Le Christ nous appelle à nous préoccuper des trésors dans le ciel, à travers la richesse de notre vie relationnelle et spirituelle…. Car tout le reste est éphémère et peut disparaître, soit avec les voleurs, soit avec le temps et la mort… la mort qui finira par nous dérober, un jour, tout ce qui est matériel. 

C’est en substance le conseil de vie que l’apôtre Paul délivre aussi à ses disciples : 
il leur rappelle que les trésor terrestres - ce qui relève de l’extériorité - ce qui se voit est provisoire (y compris d’ailleurs notre corps). Mais - les trésors célestes - ce qui relève de notre intériorité - ce qui ne se voit pas est éternel. (cf. 2 Co 4,18). 
Il précise : notre objectif n’est pas ce qui se voit (notre être extérieur), mais ce qui ne se voit pas : cultiver et renouveler notre être intérieur, notre esprit, notre âme : car, c’est notre vrai soi, c’est notre dimension éternelle. 

Nous voyons donc que Jésus - comme Paul - nous appelle à renverser l’ordre de nos priorités : lâcher prise de nos soucis matériels et extérieurs, de ce qui se voit, des apparences… ce qui constitue seulement des moyens et non une finalité… pour privilégier la qualité de notre vie relationnelle et spirituelle : ce qui relève de notre intériorité… ce qui est invisible…. ce qui ne brille pas… mais qui nourrit et témoigne de notre être profond, de notre personnalité, de notre âme… 
C’est ce qui - c’est notre espérance - va poursuivre sa route au-delà de cette existence terrestre et de la mort… dans la lumière éternelle de Dieu. 

En d’autres termes, le chemin étroit consiste - contre toute logique matérialiste et à court terme - à choisir ce qui est invisible pour les yeux et éternel. 
Comme le disait Saint Exupery - « l’essentiel est invisible pour les yeux » (cf. Le Petit Prince). 

Jésus nous invite à entrer dans le chemin de l’amour, sans calcul… de la gratuité, de la générosité, du service et du don de soi : à cultiver ce qui ne se voit pas… à privilégier la petite étincelle divine au fond de nous, ce qui vient de notre vrai Soi, notre être intérieur, de notre beauté et bonté intérieures, et qui s’ouvre aux autres et à Dieu. 

Chercher d’abord le règne de Dieu - sa présence - et prendre part à sa justice : voilà le chemin étroit auquel Jésus nous appelle… avec une promesse : c’est un chemin qui mène à la vie !… et qui est source de joie !

Amen. 


Lectures bibliques : Mt 7 - Les deux voies

13 « Entrez par la porte étroite. Large est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et nombreux ceux qui s’y engagent ; 14 combien étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux ceux qui le trouvent.

Mt 5 - Le talion - L’amour des ennemis

38 « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent. 39 Et moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. 40 A qui veut te mener devant le juge pour prendre ta tunique, laisse aussi ton manteau. 41 Si quelqu’un te force à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. 42 A qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos.

 43 « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. 44 Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, 45 afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. 46 Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense allez-vous en avoir ? Les collecteurs d’impôts eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? 47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens n’en font-ils pas autant ? 48Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait.

Lc 14 - Inviter les pauvres

12 Il dit aussi à celui qui l’avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins, sinon eux aussi t’inviteront en retour, et cela te sera rendu. 13 Au contraire, quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles, 14 et tu seras heureux parce qu’ils n’ont pas de quoi te rendre : en effet, cela te sera rendu à la résurrection des justes. »

Mt 6 - Le trésor dans le ciel  Ou Dieu ou l’argent

19 « Ne vous amassez pas de trésors sur la terre, où les mites et les vers font tout disparaître, où les voleurs percent les murs et dérobent. 20 Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni les mites ni les vers ne font de ravages, où les voleurs ne percent ni ne dérobent. 21 Car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.

24 « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent.

2 Co 4,18


Notre objectif n’est pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel.