dimanche 26 septembre 2021

Le P@ss est-il compatible avec l'Evangile ?

 Lectures bibliques : Mt 8, 1-4 ; Mt 9, 9-13 ; Mt 10, 16-39  (voir en bas de cette page)

Thématique : Le Passeport sanitaire est-il compatible avec l’Évangile ? 

Prédication de Pascal LEFEBVRE – le 26/09/21 – Bordeaux (temple du Hâ)

 

Il y a 10 mois environ, au moment du 2èmeconfinement, j’affirmais dans une prédication qu’« il n’y a pas de liberté, sans fraternité ». Et je le crois toujours. 

Mais aujourd’hui, je voudrais – avec vous – affirmer le pendant de cette dialectique : « il n’y pas de fraternité, sans liberté ». C’est aussi vrai et important !

 

Je voudrais commencer cette méditation par 2 petites anecdotes

 

Il y a 3 semaines, j’ai été voir mon banquier (celui du Centre Social dont j’ai la charge). Au cours de nos échanges, immanquablement, la conversation est partie sur divers sujets… et notamment sur des question d’actualités, à savoir le P@ss sanitaire et la vaccination – c’est le genre de sujet qu’il fallait absolument éviter cet été, si vous receviez de la famille ou des amis, car, à coup sûr, ces questions divisent les gens (dans la société comme dans les familles). Et chacun prend souvent rapidement parti, ne laissant que peu de place à un véritable dialogue, un débat fraternel et contradictoire – Bref, ce banquier, donc, qui est vacciné… me racontait que – par peur – il n’invitait plus chez lui que des amis vaccinés.

 

Je dois vous avouer que cette affirmation m’a choqué : s’il est vacciné, qu’a-t-il à craindre ? Et surtout, est-ce que ce n’est pas un peu radical de devoir faire du tri, d’opérer une discrimination dans son entourage, en décidant de ne rencontrer que ceux qui sont déclarés « fréquentables », car « purs », « tatoués », hypothétiquement « bien portant » ?

En tant que pasteur, je ne pouvais pas faire autrement que de penser à Jésus - qui lui faisait strictement le contraire – en osant fréquenter les malades, les lépreux, les gens impurs… pour les restaurer dans leur identité d’enfant de Dieu et leur rendre une vie sociale. 

 

Mais je n’étais pas au bout de mes surprises quand j’ai vu, ailleurs, une dame dans un magasin – qui avait le masque et qui était vacciné (puisqu’elle s’en ventait) – interroger une des vendeuses (qui portait aussi un masque) pour lui demander si elle était bien vaccinée ? 

A l’issue d’un échange verbal un peu tendu, la cliente refuse finalement d’être servie par cette employée non-vaccinée, et demande à être pris en charge par une vendeuse vaccinée. 

Qu’avait-elle à craindre (elle aussi) puisqu’elle était vaccinée et qu’en plus, elle portait un masque ?...  (à moins que ni l'un ni l'autre n'ait une quelconque efficacité !)

 

« Dans quel monde vit-on ? » : je n’ai pas pu m’empêcher de me poser la question. Et je nous la pose collectivement. 

Est-ce que toutes ces peurs ne sont pas irrationnelles ? 

 

Faut-il accepter d’exclure des gens sous prétexte qu’ils pourraient représenter potentiellement un danger ? 

Qu’est-ce que c’est que cette société qui écarte des personnes ? qui porte sur autrui un regard de suspicion ? … alors que nous ne sommes même pas en train de parler de personnes malades ou contagieuses… mais de personnes qui hypothétiquement pourraient l’être, comme n’importe qui… (mais qui a priori, sont saines).

 

Dans l’antiquité, pour se protéger des maladies contagieuses, on demandait, par exemple, aux lépreux de se signaler et de respecter un isolement et une distanciation (parce qu’on soupçonnait déjà que tous ceux qui souffrent d’une forme d’écoulement pouvait transmettre une maladie). Mais on n’a jamais demandé à des personnes saines de s’isoler, de se confiner… ni même de présenter un laisser-passer.

 

En tant que lecteur de l’Évangile, cette société « pseudo-sanitaire » fondée sur la peur m’interroge. 

 

C’est vrai qu’on peut craindre pour sa santé face à une épidémie, une maladie contagieuse… c’est bien normal !… Mais depuis plusieurs mois, nous avons pris des mesures : 

nous avons pris l’habitude de porter des masques, de respecter les gestes barrières (lavage des mains, distanciation, …). Et globalement, on peut dire que la grande majorité des personnes fait attention dans les lieux publics fermés. 

Par ailleurs, les plus âgés et les plus fragiles peuvent recevoir (s’ils le veulent) une injection avec une thérapie génique (censée les protéger). N’y a-t-il donc pas une sorte de psychose, d’obsession sanitaire ? 

 

Il me semble que nous devrions maintenant assumer le risque de la vie… dont la maladie (une maladie dont on a plus de 99,9 % de chance de rechaper) et même la mort font partie. 

Nous ne pouvons pas continuer à vivre renfermés sur nous-mêmes, cloitrés dans la peur. 

 

Dans l’Évangile, on peut citer au moins 2 épisodes où les disciples sont confrontés à la peur de la mort. 

 

- Dans l’épisode qu’on a coutume d’appeler « la tempête apaisée », les disciples, installés dans une barque, sont en proie à une tempête. Ils ont peur de périr et finissent par réveiller Jésus pour qu’il fasse quelque chose. 

Le Christ intervient, les éléments se calment, puis il conclut par ses mots : « Pourquoi avez-vous si peur ? N’avez-vous pas encore la foi ? »

 

Jésus rappelle à ses disciples que le remède contre la peur est la foi, la confiance. 

 

Cette parole nous interroge : notre vie corporelle aura un jour une fin, notre corps peut être soumis aux aléas, à la fragilité, la vulnérabilité, la mort même… Mais n’avons-nous pas la foi, la confiance que Dieu nous promet la vie éternelle ?… la foi que notre corps éphémère n’est pas le tout de notre identité… et que notre esprit (notre âme, notre corps spirituel) est promis à la vie ?

 

La vie éternelle n’est-elle pas plus que notre vie charnelle, corporelle ? N’avons-nous pas cette confiance, en tant que disciples… frères et sœurs de Jésus-Christ. 

 

Il y a également un autre épisode, au chapitre 10 de l’évangile selon Matthieu, lorsque Jésus évoque la condition missionnaire du disciple :

Être disciple de l’Évangile disait Jésus, c’est courir le risque d’aller à contre-courant des habitudes, de gêner, de rencontrer des oppositions, et même de la violence. 

 

Proposer un changement de mentalité, une autre manière de vivre, annoncer le Royaume, le « monde nouveau de Dieu » qui vient et qui est à notre portée, est une prise de risque et peut déboucher sur des persécutions. 

 

Jésus évoque des situations tragiques à cause de l’annonce de l’Évangile : division dans les familles, haine à cause du nom de Jésus, fuite d’une ville à l’autre… la situation envisagée par le Christ est le risque d’une dislocation de tous les liens symboliques qui régissent la vie en société (lien familial, interdit du meurtre, exclusion du groupe social). 

 

Non seulement le disciple peut se retrouver dans une situation, où il n’a pas de lieu où « poser sa tête », parce qu’il se trouve comme une « brebis au milieu des loups ». Mais il peut mettre sa vie corporelle, son intégrité physique en danger, car son message risque de ne pas être reçu et sa vie de se trouver menacée. 

 

Pour autant, le Christ poursuit par ses mots : « ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l’âme ; craignez bien plutôt celui qui peut faire périr âme et corps dans la géhenne ». 

Que peut-on conclure de cette parole ?

 

Jésus distingue ici le corps et l’âme. Le fait que notre existence biologique (le corps) puisse être mise en danger, n’est pas le plus à craindre. Ce qui serait vraiment à craindre, c’est que quelqu’un puisse toucher à l’âme (l'esprit), à ce qui fait la singularité du sujet, son identité profonde. 

Or, rien ni personne ne peut attenter à l’âme ; seul Dieu le pourrait. 

 

Seul est à craindre le jugement de Dieu, car lui seul peut juger l’homme dans la totalité de son existence : corps et âme. 

Mais ce Dieu Juge, Jésus le présente en fait comme un Père céleste qui aime ses enfants et prend soin d’eux. 

Ce qu’il répète inlassablement à ses disciples à maintes occasions et ici encore : « Quant à vous ; même vos cheveux sont tous comptés. Soyez donc sans crainte… »

 

Un des enseignements qu’on peut tirer de ces 2 passages du NT, c’est que nous n’avons pas de raison de nous inquiéter outre mesure pour la vie de notre corps terrestre. 

Certes, nous devons en prendre soin, puisque nous sommes des occupants, des locataires, des gestionnaires de ce corps, mais la vie est plus que le corps. 

 

La peur de mourir ne doit pas dominer notre vie. 

Jésus nous offre la possibilité de la confiance… une confiance qui transcende toutes les craintes… qui nous promet la vie en plénitude, en abondance. 

 

D’ailleurs, Jésus lui-même n’a jamais choisi la sécurité, ni la prudence, mais la Foi et la Justice. 

Au nom de l’Évangile de l’amour de Dieu et du prochain, il a osé prendre des risques, désobéir, remettre en question les pouvoirs, les privilèges et les fausses certitudes. 

 

Ne sommes-nous pas ses disciples ? 

N’est-il pas notre Maître, notre Seigneur ? 

 

J’en viens à un deuxième sujet : qu’est-ce que Jésus a fait en réalité ? Qu’est-ce que l’Évangile met en avant au sujet du comportement de Jésus ?

 

La semaine passée, j’ai pu écrire un petit édito qui a accompagné le journal « partage » pour les membres de notre église en centre-ville. Quelques personnes ont réagi vivement à cet article pour dire qu’il était quand même un peu trop polémique. Je le reconnais bien volontiers. Il était peut-être un peu "provocateur". 

Cela dit, j’ai pu voir ainsi que quelques personnes l’avaient lu. 

C’est bien qu’on puisse dialoguer de tous les sujets dans notre Église et même exprimer sereinement et fraternellement nos accords et nos désaccords. 

 

Du coup, j’ai pu avoir des échanges avec quelques paroissiens et lors d’une conversation quelqu’un m’a dit : Est-ce que ces sujets ne sont pas politiques ? Est-ce que Jésus faisait de la politique ?

 

La question m’a semblé intéressante : qu’en pensez-vous ?

Est-ce que Jésus faisait de la politique ?

 

On peut d’abord répondre « non » à cette question, en affirmant que Jésus n’est jamais intervenu pour traiter des affaires de l’état ou du pouvoir temporel. 

Ses paroles ont plutôt été interprétées comme une séparation du temporel et du spirituel : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Lc 20,25). Donc, Jésus n’a jamais fait de politique partisane.

 

Cependant, il a quand même pris le parti de quelqu’un : celui de Dieu.

Et prenant le parti de Dieu, il a pris le parti de l’Humain. 

 

On peut donc répondre que « oui » : Jésus faisait de la politique, au sens où il a pris parti publiquement et avec force « pour » ou « contre » certaines pratiques (au nom de la justice, du partage ou d’un Dieu d’amour). 

 

On peut citer quelques exemples :

-      Quand Jésus chasse les marchands du temple à coup de fouet (ce qui a été vécu par certains comme un acte réellement violent), il prend parti contre les rites sacrificiels au temple, il remet en cause l’idée d’un dieu-marchand avec qui les croyants pourraient faire du business, du commerce, pour négocier un « pardon »… il milite pour un Dieu gratuit, un Dieu d’amour qui pardonne, sans compter, sans avoir besoin de sacrifices d’animaux. 

 

-      Quand Jésus parle de l’argent, par exemple dans la parabole du riche insensé, il dénonce la fausse sécurité apportée par la recherche de biens et l’absurdité d’une telle quête. Il rappelle à ses disciples que l’avidité, la cupidité, le fait d’en vouloir toujours plus, d’accaparer toujours plus d’argent pour soi, dans un repli egocentrique, n’a aucun sens. L’usage des biens doit être guidé par la solidarité. Cette parole est d’ordre éthique et politique.

 

-      Quand Jésus invite à sa table : des péagers, des prostituées, des marginaux, des exclus… ou quand il va manger chez Zachée, le collecteur d’impôt… il fait un acte « politique » : il prend le parti de l’inclusion des personnes (de toutes les personnes) au nom d’un Dieu qui accueille tous ses enfants (même ceux jugés « indignes » par les religieux), et rejette l’idée d’exclure des personnes parce qu’elles n’appliqueraient pas les préceptes de la loi, qu’elles seraient « injustes », « impures », « malades » ou « pas comme il faut » …ou parce qu’elles collaboraient avec l’occupant romain. 

 

-      Lorsque Jésus s’approche des lépreux, guérit des personnes malades ou souffrant d’un handicap, il fait un geste thérapeutique et prophétique, en accueillant des personnes que tout le monde rejetait. Il délivre un message politique : personne n’est « inacceptable » aux yeux de Dieu. Chacun peut être restauré dans sa véritable identité (qui est imprenable) et trouver sa place dans la société. 

 

-      Lorsque Jésus remet en cause la distinction religieuses entre le « pur » et « l’impur », il accomplit une remise en cause d’un des fondements religieux des Pharisiens ou des Saducéens, en affirmant que l’impureté n’est pas liée au corps mais au cœur. Elle ne vient pas de l’extériorité, mais de l’intériorité. Il vient affirmer par une parole prophétique et politique que les choses ne se jouent pas comme on le croit… qu’il y a des réalités plus importantes et plus profondes que les traditions extérieures (les ablutions rituelles ou les règles sanitaires)… que l’homme ne peut pas agir en jugeant autrui, en le discriminant, en réduisant son humanité, en le cantonnant à une place de sous-citoyen. 

 

Or, les amis, c’est ce qui est en train de se jouer aujourd’hui dans le monde pour des millions de personnes. Je ne parle pas seulement de la France, mais de nombreux pays. 

 

A travers la création d’un P@ss ou Passeport sanitaire, de nombreux états sont en train de créer des citoyens de seconde zone (des sous-citoyens) parce qu’ils ne sont pas comme il faut (ils ne sont pas vaccinés) et de ce fait, ils n’ont plus les mêmes droits que les autres. 

 

Je ne veux pas parler du vaccin, jouer les provax ou les antivax. Car je sais que c’est un sujet sensible et complexe, qu’on ne peut traiter ici. Et surtout, je ne veux fâcher personne. Ce n’est pas mon propos. 

 

En revanche, je voudrais nous alerter, en tant que Chrétiens, disciples du Christ, que ce système de Passeport sanitaire est en train de défaire ce que Jésus a accompli, ce pourquoi il a lutté de toute ses forces (comme d’autres après lui, par exemple, Martin Luther King) : rejeter les discriminations, refuser les exclusions, accueillir, accompagner, donner confiance, relever, donner courage, unir, rassembler, faire avancer les gens en direction de l’amour de Dieu offert à tous.  

 

Lorsqu’on interdit certains services à des personnes parce qu’elles n’ont pas le bon P@ss sanitaire, on favorise les discriminations, on exclut des milliers de personnes, on laisse des gens, en grand nombre, sur le bord de la route. 

On fait donc le contraire de ce qu’on peut attendre d’une politique solidaire et fraternelle : la politique doit favoriser la cohésion sociale, un vivre ensemble apaisé… 

De ce point de vue, on peut dire que Jésus faisait de la politique, parce qu’il ouvrait un autre possible, une vie nouvelle pour tous les exclus (païens, malades, impurs, etc.). Il leur donnait une place et un avenir dans une vie collective. 

 

Alors, bien sûr, quand il s’agit seulement d’un service restreint qui interdit d’aller au restaurant, au musée ou au cinéma, sans P@ss sanitaire, comme en France, ce n’est pas très grave. Je vous l’accorde. Car ces services ne sont pas indispensables. 

 

Mais quand on vous interdit de travailler sans P@ss – comme les enseignants au Canada – ou quand le gouvernement – comme en Italie – va maintenant demander aux employeurs de ne pas verser de salaires aux personnes ne possédant pas de Passeport vaccinal, c’est très grave. Cela ne signifie « pas de P@ss » donc « pas de revenus ». 

 

C’est une discrimination intolérable, car elle exclut du champ collectif des centaines de milliers de personnes, qui sont poussées dans la précarité sociale et économique (alors qu’elles sont simplement en droit de refuser une thérapie expérimentale, dont on ne connait pas les effets). 

 

En réalité, rien ne peut justifier l’exclusion d’autrui, surtout par mesure de précaution… parce que cet autre pourrait hypothétiquement présenter un danger potentiel… : ça n’a pas de sens !

 

On ne peut pas fonder une société bienveillante et respectueuse de chacun sur la peur de l’autre, sur le rejet d’une partie de la population. 

 

[ Le 30 septembre, en France, on risque – de la même façon – d’exclure la majorité des jeunes de la collectivité, des activités extrascolaires, puisque 60% des 12-17 ans qui n’ont pas de P@ss sanitaire : est-ce que ça ne doit pas nous poser une question éthique qu’on mette de côté tous ces jeunes, qui n’ont rien à craindre du Covid … mais qui pourrait soi-disant représenter une hypothétique menace pour les plus âgés ? N’est-ce pas encore la peur qui guide tout cela ? Alors que les jeunes ont déjà subi 2 confinements … faut-il encore leur imposer cela ? Qu’est-ce que ça signifie en termes de fraternité à l’égard de cette jeunesse ?]

 

La question se pose pour nous aussi dans notre Église : 

Que ferions-nous si, demain, on demande un « P@ss sanitaire » pour entrer dans ce temple ?… Quel sens cela aurait pour des disciples du Christ d’agir ainsi ? Cela ne pourrait être qu’une complète infidélité à l’Évangile.

 

Les premiers chrétiens, même ceux qui n’ont pas directement connus Jésus, ont compris sa vie et sa mort, comme un don, un pain donné et rompu pour tous : pas pour certains, pas pour « les biens comme il faut » mais pour « tous ».

 

L’apôtre Paul, missionnaire et fondateur de communautés chrétiennes a pu affirmer dans ses lettres que nous (frères et sœurs, croyants) nous pouvons tous revêtir la manière d’être du Christ, et vivre ensemble, au-delà des différences : « Il n'y a plus ni Juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni citoyen libre, il n'y a plus ni homme ni femme ; en effet, vous êtes tous un, unis à Jésus Christ. » (Ga 3,28)

 

Aujourd’hui, unis en Christ, nous dirions plus largement qu’il n’y a plus ni juste ni pécheur, ni blanc ni noir, ni hétérosexuel ni homosexuel, ni vacciné ni non-vacciné, ni malade ni bien-portant… Le Christ est là pour tous ; il nous unit tous. 

En lui, nous sommes « Un », nous sommes reconnus par Dieu dans une égale dignité d’enfants de Dieu. 

 

Voilà, cher ami, un des messages fondateurs proclamé par Paul : En Jésus Christ, Dieu nous offre : la grâce, la confiance, la liberté, l’unité, la fraternité.

 

Pour conclure, je crois que cette méditation nous impose de revoir 2 choses :

 

-      D’une part, l’image que nous avons de Jésus-Christ (1)

-      D’autre part, la manière dont nous sommes appelés à vivre l’Évangile aujourd’hui (2)

 

(1) Nous avons parfois en tête l’image de Jésus Christ comme un sage, un enseignant, une personne douce, qui délivrait une bonne parole de consolation. 

Jésus a, en effet, enseigné, mais il a aussi été un prophète révolutionnaire, dans le sens où il était révolté contre les injustices, surtout celles vécues au nom de la religion. 

 

Le Christ est venu abattre les murs de séparation entre les personnes. Il a appelé ses contemporains à réinterpréter la tradition au nom de l’amour. 

 

Il est venu jusqu’à prendre le Soi, l’amour du Soi, et l’amour du prochain comme Soi-même… comme étalon de l’amour... en établissant la règle d’or :

« Faites à tous les humains ce que vous voulez qu’ils vous fassent »

Dit autrement :« tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites le vous-mêmes d’abord pour eux » 

Ainsi, chacun est appelé à prendre l’initiative du bien… quels qu’en soient les risques, quel qu’en soit le prix. 

 

Alors, oui, Jésus est venu perturber les habitudes, il est venu apporter une nouvelle mentalité… en proposant à ses contemporains d’entrer dans un monde nouveau : le monde nouveau de Dieu. 

 

(2) C’est cette Parole dont nous sommes les héritiers. 

Il est donc légitime que notre actualité – particulièrement troublée en ce moment - nous questionne sur certains points. 

Nous devons rester vigilants et nous avons – 2000 ans après Jésus -  le choix d’accepter ou de refuser certaines choses, au nom de l’Évangile. 

 

Lorsque nous voyons des choses inacceptables ou douteuses autour de nous, nous ne pouvons pas simplement nous taire. 

Jésus ne le faisait pas. Il prenait la parole, il agissait. (Il désobéissait même !)

 

Rien ne nous oblige à accepter une société de contrôle, une société qui prône un contrôle social permanent, qui discrimine les citoyens, divise les familles et exclut des gens. 

C’est le risque que nous courrons en ce moment. 

(Alors que le P@ss sanitaire devait être un instrument provisoire jusqu’au 15 novembre prochain, il est déjà question qu’il soit repoussé jusqu’à l’été 2022.). 

 

A travers son exemple et son Évangile, Jésus nous a donné la force, le courage et la confiance pour dire « oui » à ce qui unit, nous relève et nous édifie… et pour dire « non » à ce qui divise, ce qui exclut et rejette autrui. 

 

L’Évangile n’est pas simplement une collection de belles paroles destinées à nous aider à vivre, il résonne aussi comme un appel qui nourrit notre réflexion et notre manière de vivre au quotidien. En cela l’Évangile a des implications politiques. 

 

L’Évangile nous appelle à suivre le Maître, à vivre en disciples du Christ, à refuser ce qui peut nous paraitre inacceptable, à « chercher d’abord le règne de Dieu et sa justice »… avec la confiance que « tout le reste nous sera donné par surcroit » (Mt 6,33)

 

Amen 

 

 

Lectures bibliques : 

 

Mt 8, 1-4 / Guérison d’un lépreux

1Comme il descendait de la montagne, de grandes foules le suivirent. 

2Voici qu’un lépreux s’approcha et, prosterné devant lui, disait : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. » 

3Il étendit la main, le toucha et dit : « Je le veux, sois purifié ! » A l’instant, il fut purifié de sa lèpre. 

4Et Jésus lui dit : « Garde-toi d’en dire mot à personne, mais va te montrer au prêtre et présente l’offrande que Moïse a prescrite : ils auront là un témoignage. »

 

Mt 9, 9-13 / Jésus appelle Matthieu

9Comme il s’en allait, Jésus vit, en P@ssant, assis au bureau des taxes, un homme qui s’appelait Matthieu. Il lui dit : « Suis-moi. » Il se leva et le suivit. 

10Or, comme il était à table dans sa maison, il arriva que beaucoup de collecteurs d’impôts et de pécheurs étaient venus prendre place avec Jésus et ses disciples. 

11Voyant cela, les Pharisiens disaient à ses disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs ? » 

12Mais Jésus, qui avait entendu, déclara : « Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. 

13Allez donc apprendre ce que signifie : C’est la miséricorde que je veux, non le sacrifice. Car je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. »

 

 

Mt 10, 16-39

 

Annonce des persécutions

16« Voici que moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc rusés comme les serpents et candides comme les colombes.

17« Prenez garde aux hommes : ils vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront dans leurs synagogues. 

18Vous serez traduits devant des gouverneurs et des rois, à cause de moi : ils auront là un témoignage, eux et les païens. 

19Lorsqu’ils vous livreront, ne vous inquiétez pas de savoir comment parler ou que dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là, 

20car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. 

21Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront condamner à mort. 

22Vous serez haïs de tous à cause de mon nom. Mais celui qui tiendra jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. 

23Quand on vous pourchassera dans telle ville, fuyez dans telle autre ; en vérité, je vous le déclare, vous n’achèverez pas le tour des villes d’Israël avant que ne vienne le Fils de l’homme. 

24Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. 

25Au disciple il suffit d’être comme son maître, et au serviteur d’être comme son seigneur. Puisqu’ils ont traité de Béelzéboul le maître de maison, à combien plus forte raison le diront-ils de ceux de sa maison !

 

Ne craignez rien !

26« Ne les craignez donc pas ! Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est secret qui ne sera connu. 

27Ce que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les terrasses. 

28Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l’âme ; craignez bien plutôt celui qui peut faire périr âme et corps dans la géhenne. 

29Est-ce que l’on ne vend pas deux moineaux pour un sou ? Pourtant, pas un d’entre eux ne tombe à terre sans votre Père. 

30Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés. 

31Soyez donc sans crainte : vous valez mieux, vous, que tous les moineaux. 

32Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, je me déclarerai moi aussi pour lui devant mon Père qui est aux cieux ; 

33mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon Père qui est aux cieux.

 

Non la paix, mais le glaive

34« N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive. 

35Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : 

36on aura pour ennemis les gens de sa maison.

 

Se renier soi-même pour suivre Jésus

37« Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. 

38Quiconque ne prend pas sa croix et vient à ma suite n’est pas digne de moi. 

39Qui aura assuré sa vie la perdra et qui perdra sa vie à cause de moi l’assurera.