mardi 16 mai 2023

Accueil

Bienvenue sur ce blog !

Vous y trouverez essentiellement des prédications / et quelques méditations
- soit classées par dates, en allant dans la colonne de droite "Archives du blog"
- soit classées par livres bibliques et chapitres, en consultant la page "index"

Bonne lecture !

dimanche 14 mai 2023

Mt 14, 22-33

 Lecture biblique : Mt 14, 22-33 (voir en bas de cette page)

Thématique : accueillir en confiance Celui qui nous offre le salut


Prédication de Pascal LEFEBVRE / Bordeaux / AG de l’EPU de Bordeaux, le 14 mai 2023 & EHPAD Marie Durand, le 4 mai 2023. 



Quelqu’un m’a dit un jour : je ne pourrai jamais croire à cette histoire « surnaturelle » : Aucun homme ne peut marcher sur l’eau !

 

C’est vrai qu’on n’a pas de besoin de ce récit, pour croire que Jésus est vraiment le Christ, le Messie, l’envoyé de Dieu… alors pourquoi avoir voulu « ajouter » des aspects « merveilleux » ou « légendaires » à l’évangile ? 

 

A quel évènement ce récit fait-il vraiment allusion ? 

Et quelle bonne nouvelle peut-il bien y avoir dans cette histoire ?

A part la peur des disciples et le manque de foi de Pierre, on a un peu de mal à en trouver une…

 

Je ne prétends pas, bien sûr, avoir toutes les réponses à ces questions. Et il faut l’avouer… cette histoire « incroyable » vient buter sur notre rationalité du XXIe siècle, parce que ce qui s’y joue, dépasse totalement notre expérience ordinaire de la réalité. 

 

C’est un fait ! nous n’avons jamais vu personne marcher sur l’eau… 

Mais nous n’avons jamais vu, non plus, Jésus de Nazareth en chair et en os… nous n’avons jamais vu, non plus, le Christ ressuscité nous apparaitre… Nous ne pouvons donc pas dire de quoi il était réellement capable… Et cela ne nous empêche pas de croire en Lui !

 

Pour sortir de cette impasse, je vous propose d’abandonner une lecture littérale de ce passage… et de nous risquer à deux autres types d’interprétations :

-      Une relecture symbolique. 

-      Et une relecture post-pascale de cet évènement.

 

·     Je commencerai par la relecture post-pascale :

 

Pour surmonter le caractère « irrationnel » de ce récit…à cause de son aspect « miraculeux »… on pourrait se demander à quel moment cet épisode extraordinaire a-t-il eu lieu ? Concerne-t-il Jésus de Nazareth avant sa mort ? ou concerne-t-il le Christ ressuscité après sa mort et sa résurrection ? 

 

Autrement dit, s’est-il passé avant ou après Pâques ?

 

Bien sûr, nous n’avons pas la réponse… 

Le fait que Matthieu l’intègre en plein milieu de son évangile… suggérant ainsi l’activité extraordinaire du Jésus terrestre, pourrait être une piste… mais cela ne garantit pas la datation historique de l’épisode. 

 

En effet, il faut se souvenir que les récits et les paroles concernant Jésus ont d’abord été véhiculés par la tradition orale… avant d’être collectés et rassemblés dans les évangiles… 

Il n’est donc pas du tout certain que cet événement ait eu lieu au moment précis où l’évangéliste Matthieu le situe dans son grand récit.

 

Dans le texte, deux indices troublants peuvent nous interroger et nous orienter vers un épisode qui aurait pu avoir lieu, en fait, après Pâques : 

Il s’agit d’abord d’un récit d’apparition, présenté comme une « Christophanie ». 

Ensuite, Matthieu précise que les disciples, en voyant Jésus marcher sur la mer, le prennent pour un fantôme (v.26). 

 

Souvenons-nous que dans un autre évangile – celui de Jean – le Ressuscité se rend présent et apparait à ses disciples, dans une pièce fermée à clef… donc, d’une certaine manière, il apparait aux siens avec un corps spiritualisé, capable de surmonter la matérialité et de franchir les murs (cf. Jn 20,19.26). 

 

Il est donc tout à fait possible que cet épisode renvoie, en réalité, à une expérience post-pascale.

Si tel est le cas… cela pourrait expliquer pourquoi Pierre a du mal à reconnaître et à identifier Jésus. Et cela donnerait sens à l’affolement et à la peur des disciples… puisque l’apparition est totalement inattendue. 

 

Cela signifierait que nous n’avons pas affaire, ici, à l’homme Jésus marchant sur les eaux, mais à une apparition du Christ glorifié, après sa mort… qui est d’abord perçu par les siens, comme un être spiritualisé, « un fantôme » en quelque sorte.

 

Lorsque nous ouvrons les évangiles, nous devons toujours garder en mémoire que les épisodes relatés constituent une relecture post-pascale de la vie publique de Jésus. 

Tout y est raconté à la lumière de Pâques… de la foi pascale. 

 

C’est précisément en raison de l’événement de Pâques – de l’apparition de Jésus Christ vivant, après sa mort sur la croix – que les disciples sont revenus à la confiance envers le maître qu’ils avaient abandonné, renié ou trahi.

 

A bien y regarder… dans le cas présent… plusieurs indices vont dans le sens d’une apparition post-pascale :

On voit, par exemple, que ce récit d’apparition du Christ semble être modelé sur le passage de la mer rouge par Moïse et Israël, lors de la Pâque juive, tel que le raconte le livre de l’Exode (cf. Ex 14-15).

 

On peut y repérer les nombreux échos : la peur des disciples et le « n’ayez pas peur » // Ex 14,13 ; le vent violent // Ex 14,21 ; la fin de la nuit, la veille du matin // Ex 14,24… 

Le Seigneur est celui qui est capable de surmonter les éléments naturels : il se révèle et intervient, pour permettre le passage de la mer, en toute sécurité, malgré le danger. 

 

Dans cette hypothèse, notre passage aurait un sens précis : 

Outre l’annonce de la bonne nouvelle de la résurrection (où le Ressuscité se donne à voir comme Vivant)… il permettrait d’établir un contraste entre Jésus et Pierre, et de nous rappeler la différence fondamentale qui existe entre l’attitude du maître et celle des disciples :

 

Alors que Pierre n’a pas soutenu son ami et maître, Jésus, au moment de la tempête, lors de son arrestation… alors qu’il l’a laissé tomber face au danger… à la menace d’un jugement arbitraire et la condamnation à mort qui attendait Jésus. 

Ici, au contraire, le Christ réagit à l’opposé de l’apôtre : 

Face au péril, au risque de la mort, Jésus se rend pleinement solidaire de son ami Pierre… il se porte à son secours, pour le sauver.

 

Et si c’était cela, le cœur du message de notre épisode ? 

 

En réalité, ce n’est pas tant le manque de foi de Pierre qui nous intéresse, que de savoir que le Christ nous offre le salut. 

 

Ce que nous enseigne ce récit, c’est la manière dont nous sommes aimés par le Seigneur :

 

Alors qu’il peut nous arriver d’être infidèles, de laisser tomber ceux qui pourtant comptent sur nous… alors que face aux difficultés, aux tempêtes de la vie, nous avons parfois le réflexe de fuir ou peur de nous engager (même pour nos proches)… l’Evangile nous adresse une Bonne Nouvelle et nous rappelle que le Dieu de Jésus Christ fait tout le contraire : Il reste fidèle, malgré les vents contraires.

 

Dieu se rend solidaire de celui qui coule sous les difficultés. 

Il est le Dieu qui n’a de cesse de venir nous sauver, quand nos pas sont incertains ou quand nous sommes submergés par les épreuves.

 

Cette Bonne Nouvelle de l’amour inconditionnel de Dieu, qui offre son appui à tous ceux qui crient vers lui, ne peut que nous porter à la confiance et la gratitude.

Nous pouvons être reconnaissants, et nous réjouir de nous savoir aimés de Dieu, tels que nous sommes et quoi qu’il arrive !

 

Alors, face à cette main tendue du Christ… il ne nous reste finalement qu’à ouvrir la nôtre… à nous tourner vers lui… en lui offrant notre confiance.

 

·     Un autre niveau de lecture– plus symbolique – de ce passage est également possible… 

 

L’évangéliste Matthieu précise que la barque est ballotée par les vagues… certains y vont un symbolisme ecclésial. 

 

Les disciples embarqués avec Pierre pourraient représenter l’Église. 

Celle-ci est en danger de périr, si elle reste séparée de son maitre. 

 

[C’est toujours notre cas, aujourd’hui :

Nous avons notre Assemblée Générale… mais notre association cultuelle n’a pas de sens, si notre communauté ne cherche pas à faire route avec Jésus… si nous n’essayons pas de vivre en communion avec l’Esprit du Christ.]

 

Ici, l’attitude de Pierre – figure type du disciple fonceur et entreprenant – qui veut marcher seul à la rencontre du Seigneur, nous montre ce que nous pouvons faire / et ne pas faire. 

 

Le récit pointe la différence entre « l’imitation » et « la suivance » : 

Tant que Pierre présume qu’il peut marcher seul sur les eaux comme Jésus, et qu’il est capable de « l’imiter », de pouvoir être et faire comme le maître, il va au-devant d’un échec. 

Il suffit d’un coup de vent, de se laisser saisir par la peur, et il coule.

 

En revanche, quand il commence à « suivre » Jésus, les choses se passent tout autrement. 

 

En fait, il commence à suivre le Christ, au moment où il crie « Seigneur, sauve-moi ! ».

C’est à cet instant où il s’en remet totalement à lui, où il s’abandonne en lui faisant véritablement confiance… qu’il adopte une nouvelle attitude. 

 

Il y a donc une différence d’esprit entre « l’imitation » et « la suivance » : 

-      Ou bien, nous avons la prétention d’être et de faire comme Jésus, et, dans ce cas, nous démontrons que nous n’avons pas vraiment besoin de son aide, de son modèle, ni de son secours, et nous risquons d’aller au-devant d’un naufrage de toutes nos fausses certitudes. 

-      Ou bien, nous acceptons humblement de nous mettre à la suite du Christ, en suivant l’exemple de sa pleine confiance en Dieu, notre Père, en nous laissant guider et instruire par lui, et, dans ce cas, nous pourrons faire des œuvres bonnes, comme les siennes. 

 

L’épisode nous rappelle que notre foi – comme celle de Pierre – doit encore croître et mûrir. Et que c’est en acceptant cet abandon… de faire totalement confiance à Dieu pour notre vie, et pour notre Église, que nous trouverons la force de surmonter les vents contraires et les difficultés. 

 

Dès que Jésus et Pierre montent dans la barque, le vent cesse et la mer se calment… comme dans l’épisode de la tempête apaisée… 

Cela nous rappelle que Jésus-Christ est bien notre guide spirituel dans le chemin qui nous conduit vers la foi et la pleine confiance en Dieu, notre Père. 

 

Il ne nous promet pas qu’il n’y aura pas de tempête ni de difficulté, mais il nous promet sa présence et sa Parole pour surmonter la peur :« Courage, c’est moi, je suis là… ne craignez pas ! »

 

Lorsque nous crions « Seigneur, sauve-moi »…le Seigneur nous entend, il nous appelle à la foi, et il nous tend la main.

 

Il ne nous reste finalement qu’à ouvrir la nôtre… à nous tourner vers lui… en lui offrant notre confiance.

 

Soyons donc assurés de son amour et de son soutien !

 

Si nous laissons le Christ monter dans notre barque, le vent s’apaisera, l’agitation prendra fin, et le calme se fera dans notre cœur. 

 

Amen.


Lecture biblique : Mt 14, 22-33 -  Jésus marche sur la mer

22Aussitôt Jésus obligea les disciples à remonter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. 
23Et, après avoir renvoyé les foules, il monta dans la montagne pour prier à l’écart. Le soir venu, il était là, seul. 
24La barque se trouvait déjà à plusieurs centaines de mètres de la terre ; elle était battue par les vagues, le vent étant contraire. 
25Vers la fin de la nuit, il vint vers eux en marchant sur la mer. 
26En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent affolés : « C’est un fantôme », disaient-ils, et, de peur, ils poussèrent des cris. 
27Mais aussitôt, Jésus leur parla : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! » 
28S’adressant à lui, Pierre lui dit : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » – 
29« Viens », dit-il. Et Pierre, descendu de la barque, marcha sur les eaux et alla vers Jésus. 
30Mais, en voyant le vent, il eut peur et, commençant à couler, il s’écria : « Seigneur, sauve-moi ! » 
31Aussitôt, Jésus, tendant la main, le saisit en lui disant : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » 
32Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. 
33Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui et lui dirent : « Vraiment, tu es Fils de Dieu ! »

dimanche 30 avril 2023

Jn 10, 1-21

 Lectures bibliques : Jn 7, 37-39 ; Jn 10, 1-21 ; Jn 14, 1.6.11. 15-20 (en bas de la page)

Thématique : « je suis venu pour que les hommes aient la vie en abondance » (Jn 10,10)

Prédication de Pascal LEFEBVRE – 30/04/23 – Bordeaux (temple du Hâ)


C’est un texte magnifique que nous propose aujourd’hui l’évangile. 

Le lecteur /l’auditeur y trouve plusieurs bonnes nouvelles :


  • - La première, c’est que Jésus est pour nous un berger dont l’amour est infini. 


On le sait : le rôle du berger est de se soucier de ses brebis, d’en prendre soin, de les conduire, les guider, de leur apporter la nourriture nécessaire, pour leur permettre de prendre des forces et de grandir. 


On a en mémoire d’autres passages de la Bible – notamment le Psaume 23 – où le Seigneur est comparé au berger, qui fait paître son troupeau sur de frais herbages. 

Le berger nourrit sa brebis, il l’abrite, - si besoin - il la porte sur ses épaules. Il y a presque une tendresse propre à cette relation. 

Ou encore, on se souvient de la parabole de la brebis perdue (cf. Mt 18, 12-14 ; Lc 15, 3-7), qui affirme que le Seigneur se préoccupe personnellement de chacune de ses brebis. 


Ici, ce n’est plus seulement Dieu, mais c’est Jésus qui assume le ministère de guide, de maître, de berger. Il le fait d’après un mandat exprès de Dieu, puisqu’il connait le Père et le Père le connait. 

Jésus est donc celui qui est envoyé par Dieu vers son peuple, pour une mission de salut. 


En théorie, il suffit donc de le suivre… de compter parmi son troupeau… pour que tout aille bien. 


Mais, dans la pratique… ce n’est pas si facile… 

L’évangéliste Jean met en avant quelques difficultés… 

la situation n’est pas si limpide… car il y a des obstacles et des concurrents : d’abord, il peut y avoir des intrus, des voleurs (qu’il faut bien distinguer du vrai berger)… il peut y avoir des mercenaires (payés pour garder les brebis, mais capables de s’enfuir face aux dangers ou à la peur)… il y a donc une sorte d’avertissement adressé à l’auditeur : il doit être capable de reconnaitre le bon berger… celui qui connait ses brebis et que ses brebis connaissent. 


Dans ce passage, Jésus expose jusqu’où va sa mission pastorale : jusqu’au don de soi, jusqu’à donner sa vie. 


En donnant sa vie pour ses brebis, le bon berger leur assure une parfaite communion avec le Père, celui qui a envoyé le berger. 


  • - L’autre bonne nouvelle offerte par l’Evangile de ce jour, c’est que Jésus nous ouvre le chemin du salut. 


En effet, l’autre image employée par Jésus… la première, en réalité… est celle de la porte. 

Notre passage commence avec cette parabole : 

Jésus ne s’identifie pas d’abord au bon berger, mais à la porte de l’enclos par laquelle on accède à la bergerie. 


Dire que le Christ est comme une porte, c’est dire qu’il ouvre sur le seul chemin qui mène au salut… c’est dire qu’il faut passer par lui, pour accéder à la vie, pour entrer dans le règne de Dieu, le monde nouveau de Dieu. 


D’ailleurs, l’évangile précise que celui qui entre par la porte (qu’est le Christ) trouve la nourriture qui fait vivre d’une vraie vie. 


C’est là, sans doute, un des plus beaux passages de l’Evangile : 

« je suis venu pour que les hommes aient la vie… la vie en abondance… la vie en plénitude » (Jn 10,10).

Le programme du Christ, c’est de donner la Vie … avec un grand V !


La recherche de la vie en abondance – offerte par le Christ – devrait donc être pour nous la valeur suprême à laquelle notre foi et notre église doivent se consacrer. 


Le rôle du christianisme – en tant que spiritualité ancrée dans l’Evangile de Jésus-Christ – est d’offrir un message qui a capacité à augmenter la vie… il faudrait envisager ensemble cette question sérieusement : en quoi le message chrétien augmente-t-il vraiment la vie ?


3 éléments de réponse : 


  • - D’abord, le message chrétien augmente la vie, parce qu’il ne s’appuie pas seulement sur la foi de chacun… mais sur la foi de Jésus Christ… sur la foi du berger de Dieu. 


En effet, si le message chrétien dépendait de chacun de nous, il serait sans doute faible et faillible… car notre foi est parfois bien fragile… mais, nous savons que la force de notre foi ne vient pas de nous-mêmes, mais de l’Esprit saint… de ce Souffle qui a inspiré Jésus… de cet Esprit dont Jésus-Christ était le porteur. 


Le message chrétien a la capacité d’augmenter la vie, parce qu’il vient d’ailleurs : il trouve sa source en Dieu lui-même, qui donne son Esprit. 


  • - Deuxièmement, le message chrétien augmente la vie, parce qu’il nous ouvre sur l’amour et le don de soi. 


En effet, ce message fait référence au bon berger : celui qui est capable de donner sa vie par amour. 


Contrairement aux mauvais bergers qui œuvrent pour eux-mêmes, et qui finissent par abandonner le troupeau au malheur et à la mort… le bon berger est celui qui reste solidaire du troupeau quoi qu’il arrive… et qui se soucie tellement de ses brebis, au point qu’il est prêt à donner sa vie pour elles… pour qu’elles vivent. 


Notre passage explique pourquoi : Jésus donne sa vie selon la volonté du Père… car Dieu veut – par amour – le salut du monde. 


Le salut est donc offert. C’est un don. 


C’est la révélation que Dieu ne se fait pleinement connaître que dans le don. 


Accepter ce don, c’est se reconnaitre bénéficiaire… se compter parmi les bénéficiaires : 

Le berger (qui agit au nom du Père) se donne pour ses brebis, pour nous… pour nous révéler l’amour de Dieu. 


La foi consiste à accepter que nous soyons les destinataires de cette générosité extraordinaire… de ce geste inouï de don de soi… qui signifie que Dieu nous offre la vie sans mesure… la vie en plénitude. 


Et cela nous obliger à revoir notre « définition » de Dieu. 

Dieu, c’est l’Esprit d’amour… c’est l’Amour qui s’incarne et qui se donne…

Et s’ouvrir à cet Amour, c’est s’ouvrir à la Vie qui vient de Dieu. 


  • - Troisièmement, le message chrétien augmente la vie, parce qu’il nous permet de trouver l’unité, la communion avec le Père en soi, dans notre intériorité. 


Le bon berger est celui qui agit à la manière de Dieu… qui est missionné par Dieu… parce qu’il est en communion avec le Père.


Dans notre passage, Jésus affirme :

« Comme le Père me connait, je connais le Père. Et je donne ma vie pour les brebis »

« Le Père m’aime parce que je donne ma vie pour la reprendre. 

Personne ne me la prend, je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la reprendre. C’est le commandement que j’ai reçu de mon Père. »


Ainsi, l’écoute du bon berger… la foi en lui… nous fait entrer dans la communion entre le Père et le Fils. 

En écoutant Jésus, en marchant à sa suite… nous ouvrons la porte, en nous-mêmes, à l’écoute du Père… puisque Jésus est celui qui connait la volonté du Père. 


Et ce que notre passage nous apprend, au sujet de Jésus, de sa mort et de sa résurrection… c’est qu’il ne s’agissait pas seulement de la compassion de Jésus, du don de soi d’un homme seul et extraordinaire… mais le Père accompagnait pleinement Jésus dans ce dessein… C’était la volonté de Père que Jésus ressuscite et se montre comme vivant dans une vie entièrement nouvelle. 


C’était pour attester de l’irruption du monde nouveau de Dieu dans notre réalité… 

C’était pour dire que le projet de Dieu, c’est la vie : la vie en plénitude… la vie, malgré la mort.


Depuis Pâques, il y a sur la terre, pour nous, une réalité neuve qui surmonte la mort et qu’on découvre à travers Jésus-Christ : il est ressuscité. 


Il est ressuscité selon la volonté de Dieu et c’est pour nous qu’il est vivant, pour ceux qui s’ouvrent à cette vie. 


Cette vie en plénitude (en abondance), Jésus l’a communiqué à ses disciples après sa glorification (après sa mort et sa résurrection) … en leur donnant l’Esprit saint… le souffle de Dieu. 


C’est là l’héritage de l’Église : nous avons reçu « les arrhes de l’Esprit » (comme le dit aussi l’apôtre Paul) pour nous éclairer. Nous pouvons donc nous ouvrir à la vie de Dieu… en accueillant, en nous, son Esprit vivifiant. 


C’est ce que laissent entendre les brefs extraits des chapitres 7 et 14 que nous avons entendus.  


Jésus est la porte qui ouvre sur le don de l’Esprit saint. 

« Je suis la porte – disait-il – si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé, il ira et viendra et trouvera de quoi se nourrir » (Jn 10, 9)


En guise de conclusion, je terminerai par une question : 

Qu’est-ce que ça signifie pour nous (pour chacun de nous) que Jésus soit la porte des brebis ? 


Cela signifie qu’il nous propose un chemin spirituel qui passe par lui… 


Jésus a vécu la vie telle que Dieu la veut… il a vécu l’amour de Dieu… c’est pourquoi l’évangéliste Jean affirme que c’est dans la vie de Jésus qu’on peut voir la Source de la vie. 

C’est dans son amour qu’on peut voir la Source de l’amour. 

C’est dans son courage, qui l’a rendu capable d’être pleinement humain, jusqu’au don de soi… qu’on peut voir l’œuvre de l’Esprit de Dieu. 


Jésus a été « le bon berger » parce qu’il a été à même d’ouvrir l’esprit des gens à la dimension transcendante de la vie, de l’amour et de l’existence de l’Esprit de Dieu… qui suscite la vie. 


Cela nous amène à réfléchir sur nous-mêmes… sur notre foi… mais aussi sur notre identité : qui sommes-nous ? Qui est l’homme ?


Pour les anciens… pour certains pères de l’Église… l’homme est corps, âme et esprit. 


L’Esprit est comparé dans l’évangile de Jean à l’eau vive… l’eau vivifiante… que Jésus aurait pu transmettre à la Samaritaine, si elle le lui avait demandé (cf. Jn4). 


L’esprit, c’est le point commun entre tous les êtres humains : chacun a en lui, l’esprit qui vit intérieurement, et qui vient de Dieu, qui est Esprit (avec un grand E)


C’est en ce sens que nous sommes tous frères et fils du Père, enfants de Dieu : 

Ceux qui sont nés du même Père sont tous frères et l’amour devrait les lier entre eux. 

C’est pour ça que la haine entre les hommes est insensée : nous sommes tous liés, tous unis par l’Esprit, qui habite en nous. 


C’est bien ce que dit Jésus lorsqu’il affirmait « aimez-vous les uns les autres, aimez même vos ennemis, car vous avez le même Père… qui aime tous ses enfants, les bons et les méchants, les justes et les injustes »…


L’Esprit, c’est une force transcendante à l’intérieur de nous, qui nous attire personnellement vers une présence située au-dessus de notre compréhension ordinaire.  


Or, en écoutant le chemin proposé par Jésus…. nous sommes appelés à laisser de plus en plus de place à cette Esprit en nous… à lui permettre d’accéder à toutes les dimensions de notre existence … 

En quelques sortes, nous sommes appelés à nous laisser transformer par l’Esprit saint…. à nous laisser « spiritualiser ». 


Nous sommes invités à ouvrir la porte en nous, pour permettre à notre esprit d’entrer dans le Royaume du Père qui vit déjà en nous. 


Notre esprit attend que nous prenions conscience de sa présence : il attend que nous nous préoccupions de lui… de recevoir notre attention et notre reconnaissance. 


C’est pourquoi, dans les évangiles, – de façon répétée – Jésus invite ses disciples à se dé-préoccuper du matériel, des possessions, des richesses, à quitter leurs soucis… et à s’attacher au spirituel. … 


Si l’on veut évoluer spirituellement, on ne peut pas penser qu’aux choses d’ici-bas : aux soucis, au travail, au repas, au repos, aux loisirs, aux informations… il faut s’accorder des périodes de prière et de méditation. 


Et c’est assez simple, en réalité : il suffit de s’adresser à l’Esprit qui est en nous et qui nous attend…  Puisque Dieu nous a fait don de son Esprit… il faut se tourner vers l’intérieur… et pas seulement vers l’extérieur…. Il faut s’ouvrir à sa présence… pour lui laisser de plus en plus de place en nous : c’est que le Christ a réalisé. 


Dire et reconnaitre que le Christ est « la porte » – comme le fait l’évangéliste Jean – c’est affirmer qu’il est un Maître instructeur, venu nous indiquer le seul chemin de l’éveil, de la progression et de la vie en plénitude. Nous pouvons donc mettre notre confiance en Lui. 


Jésus a cherché à faire comprendre à ses disciples qu’ils pouvaient s’ouvrir à la présence du Père en eux… à la présence de l’Esprit… c’est ainsi que grandit la foi : s’éveiller à la conscience et la confiance de l’Esprit qui agit en soi. 


Car s’ouvrir à la présence de l’Esprit, c’est devenir de plus en plus conscient de toute chose… c’est élargir notre niveau de conscience… et cela commence dans notre quotidien : à chaque instant, tous nos gestes, nos paroles, nos pensées peuvent être placées sous le contrôle de la conscience. 


Ce travail de la conscience dans le quotidien permet de ne plus accomplir des actes involontaires, de ne plus prononcer des paroles inconséquentes, de ne plus entretenir des pensées négatives.


Jésus est ainsi venu changer notre rapport à Dieu… non plus comme une réalité extérieure qui nous juge… mais comme une réalité intérieure qui nous donne la vie. 


Notre Père personnel, c’est l’Esprit en nous. 

Et cet Esprit, c’est notre Être réel. 

L’Esprit, c’est nous… en tant qu’enfants de Dieu. 


Nous sommes un corps physique, une âme, un Esprit… mais la substance du corps et de l’âme, nous les perdrons en cours de route, le moment venu… avec la mort… et ce qui restera, ce sera nous : notre vrai soi : l’Esprit… l’Esprit conscient. 


Un jour, à la suite du Christ, nous retournerons en haut… nous aussi. 


Le Christ nous dévoile la porte de la résidence de l’Esprit, c’est le Père qui est en nous…. Et qui peut agir en nous, si nous nous ouvrons à Lui.


Il nous donne la vie en plénitude !


Amen. 



Lectures bibliques 


Jean 7, 37-39

37 Le dernier jour de la fête, qui est aussi le plus solennel, Jésus, debout, se mit à proclamer : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et que boive

38 celui qui croit en moi. Comme l’a dit l’Écriture : “De son sein couleront des fleuves d’eau vive.” » 

39 Il désignait ainsi l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui : en effet, il n’y avait pas encore d’Esprit parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié.


Jean 10, 1-21

1 « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre pas par la porte dans l’enclos des brebis mais qui escalade par un autre côté, celui-là est un voleur et un brigand. 

2 Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis. 

3 Celui qui garde la porte lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix ; les brebis qui lui appartiennent, il les appelle, chacune par son nom, et il les emmène dehors. 

4 Lorsqu’il les a toutes fait sortir, il marche à leur tête, et elles le suivent parce qu’elles connaissent sa voix. 

5 Jamais elles ne suivront un étranger ; bien plus, elles le fuiront parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers. » 

6 Jésus leur dit cette parabole, mais ils ne comprirent pas la portée de ce qu’il disait. 

7 Jésus reprit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. 

8 Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands, mais les brebis ne les ont pas écoutés. 

9 Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé, il ira et viendra et trouvera de quoi se nourrir. 

10 Le voleur ne se présente que pour voler, pour tuer et pour perdre ; moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance.

11 « Je suis le bon berger : le bon berger se dessaisit de sa vie pour ses brebis. 

12 Le mercenaire, qui n’est pas vraiment un berger et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et prend la fuite ; et le loup s’en empare et les disperse. 

13 C’est qu’il est mercenaire et que peu lui importent les brebis. 


14 Je suis le bon berger, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, 

15 comme mon Père me connaît et que je connais mon Père ; et je me dessaisis de ma vie pour les brebis. 

16 J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos et celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix et il y aura un seul troupeau et un seul berger. 

17 Le Père m’aime parce que je donne ma vie, pour ensuite la recevoir à nouveau. 

18 Personne ne me l’enlève, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la recevoir à nouveau : tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père. »


19 Ces paroles provoquèrent à nouveau la division parmi les autorités juives. 

20 Beaucoup parmi ces gens disaient : « Il est possédé, il déraisonne, pourquoi l’écoutez-vous ? » 

21 Mais d’autres disaient : « Ce ne sont pas là propos de possédé ; un démon pourrait-il ouvrir les yeux d’un aveugle ? »


Jean 14, 1.6.11 & 15-20

1 « Que votre cœur ne se trouble pas : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. […]

6 « Je suis le chemin et la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n’est par moi. […]

11 Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi ; et si vous ne croyez pas ma parole, croyez du moins à cause de ces œuvres. […]


15 « Si vous m’aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements ; 

16 moi, je prierai le Père : il vous donnera un autre Paraclet qui restera avec vous pour toujours. 

17 C’est lui l’Esprit de vérité, celui que le monde est incapable d’accueillir parce qu’il ne le voit pas et qu’il ne le connaît pas. Vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous et il est en vous. 

18 Je ne vous laisserai pas orphelins, je viens à vous. 

19 Encore un peu, et le monde ne me verra plus ; vous, vous me verrez vivant et vous vivrez vous aussi. 

20 En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père et que vous êtes en moi et moi en vous.