dimanche 25 décembre 2016

Jn 1, 1-18

Accueillir J-C, Lumière pour notre vie

Lectures bibliques : Jn 1,1-18 (extr.) ; Jn 3,1-8 ; Jn 8,12 ; Jn  14,11-12 (voir plus bas)
(volonté de Dieu : Ep 4, 23-24 / Ep 5, 1-2a. 8-9)
Thématique : Deux cadeaux de Noël : Jésus Christ, la vraie lumière & la possibilité de devenir « enfants de Dieu ».
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 25/12/16 – culte de Noël

Prédication   (pour les lectures = voir plus bas)

* Chers amis,
J’aimerais vous montrer aujourd’hui que les textes que venons d’entendre, nous offre deux cadeaux, en ce jour de Noël :
-       Ils nous révèlent, d’une part, le cadeau que Dieu nous fait, à travers Jésus Christ, présenté comme la Lumière offerte au monde (v. 14. 16-18).
-       D’autre part, ils nous révèlent la possibilité qui nous est donnée de recevoir dans notre vie cette Lumière de Dieu, de l’accueillir et de la laisser grandir dans notre intériorité, pour nous laisser transformer par elle, jusqu’à devenir « enfants de Dieu » (v. 12-13).

C’est vrai !… on est peut-être un peu frustré ce matin… parce que, dans l’évangile de Jean (comme dans celui de Marc d’ailleurs), il n’y a pas de récit de Noël qui raconte la naissance de Jésus.
Ici, l’évangile débute avec un Prologue, un hymne introductif, qui est plutôt difficile à saisir… et qui résonne plutôt comme une sorte de mythe… qui part de Dieu et de la création.

Essayons – malgré tout – d’y voir plus clair :
Qu’est-ce que ce texte, ce prologue de l’évangile selon Jean, nous apprend ?

S’il s’agit d’un Prologue – comme on a l’habitude de l’appeler – son but est de nous permettre de comprendre la thématique qui va être développée dans l’évangile. Il s’agit de proposer un cadre dans lequel /à travers lequel il est possible de lire et d’interpréter l’évangile.

* Dans ce prologue, tout part d’un titre nommé « Logos ». Cette force, cette manifestation est, en quelque sorte, une personnification de la Parole de Dieu, du Verbe de Dieu.
C’est un titre pour parler du Christ.

Il est dit que ce Logos « était Dieu » et qu’il « était auprès de Dieu ». Autrement dit, on apprend que ce Logos est à la fois identifié à Dieu et distinct de Lui.
On pourrait dire, d’une certaine manière, qu’il s’agit d’un dédoublement de Dieu… ou, plus exactement, qu’il s’agit de la manière dont Dieu se manifeste et se révèle, dans le monde… pour nous, les humains.
Le Logos, c’est Dieu manifesté, c’est Dieu qui se révèle. Et Dieu se révèle par sa Parole.[1]

Tel un récit fondateur, un récit mythique, le Prologue retrace le mouvement qui va de la préexistence du Logos – qui vient de Dieu, donc qui est au-delà de l’espace et du temps – à son incarnation, c’est-à-dire à sa manifestation et sa réalisation dans l’histoire et dans le monde.

La conviction fondamentale de l’école johannique (c’est-à-dire de l’évangile selon Jean), c’est que ce Logos s’est révélé, manifesté, dans une personne historique, à savoir en Jésus.

Pour l’évangéliste : Jésus – le protagoniste de l’Évangile – est le Logos incarné, le Logos fait chair :
En Jésus, nous pouvons ainsi rencontrer la Parole de Dieu, le Verbe de Dieu, c’est-à-dire « Dieu pour nous » (Emmanuel, cf. Mt 1,23), Dieu tel qu’il se donne à connaître aux humains.

C’est ce qui est dit explicitement à la fin du prologue : « Personne n’a jamais vu Dieu ; Fils unique Dieu (l’Engendré divin) – c’est-à-dire, le Logos – … nous l’a fait connaître ».

Jésus – reconnu comme la manifestation du Fils de Dieu, du Logos – serait ainsi l’expression de Dieu, de sa Parole, de sa volonté.
Il serait l’exégète du Dieu invisible : celui qui nous le dévoile.
Il serait, en quelque sorte, l’interprète, le traducteur, le révélateur de Dieu.[2]

C’est la confession de foi exprimée dans ce prologue.
Je cite : « Et le logos est devenu chair et il a dressé sa tente – il a habité – parmi nous … »
Il précise un peu plus loin : « La grâce et la vérité sont advenues par Jésus Christ ».

Le prologue nous invite donc à identifier le Logos manifesté à Jésus Christ. Mais, il nous dit également ce qu’il est en lui-même :
Pour Jean : le Logos est une Force de Vie et de Lumière.[3]
Je cite : « Il était la lumière véritable qui illumine tout homme, en venant dans le monde ».

La venue du Logos, son incarnation, signifie la manifestation de la vraie Lumière dans l’histoire du monde.[4]

Mais, l’évangéliste Jean souligne aussitôt une difficulté : c’est que les humains – la plupart des hommes – ne l’ont pas reconnue, ni accueillie.
Je cite à nouveau deux passages au sujet du Logos :
« En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie. […] Il était la lumière véritable qui illumine tout homme, en venant dans le monde. Il était dans le monde… et le monde ne l’a pas connu. Il vint dans son propre bien et les siens ne l’ont pas accueilli ».

Ce constat plutôt triste et négatif, c’est celui – pour Jean – de l’aveuglement des humains, du refus de Jésus Christ et de son message de salut.
Pour l’évangéliste : Jésus – Lumière du monde (cf. Jn 8,12) – n’a globalement pas été reçu ni accueilli par ses contemporains, par les croyants de son temps. C’est, d’une certaine manière, un constat d’échec.

Il y a toutefois un « mais ». Il y a eu – malgré tout – une poignée de disciples qui ont reçu cette lumière de Dieu, manifestée par Jésus Christ.
Je cite : « Mais à ceux qui l’ont reçu, il [le Logos] leur a donné le pouvoir / l’autorité de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, eux qui ne sont pas nés du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu ».

Malgré le refus du monde, l’évangéliste explique que certains ont reconnu et accepté cette lumière manifestée en Jésus Christ.
Il s’agit, pour lui, d’hommes et de femmes de foi, de ceux qui lui ont fait confiance, de ceux qui ont cru – et qui croient encore – au nom de Jésus Christ.

Par cette confiance, les croyants reçoivent la lumière et une force particulière : il leur est donné un pouvoir, une dignité, une autorité particulière : celle de se savoir et de vivre comme « enfants de Dieu ».

Ainsi donc, le fait de recevoir Jésus Christ et son message équivaut pour l’évangéliste à recevoir une lumière dans sa vie. Et cela nous donne – cela donne aux croyants – une nouvelle identité : on devient fils et filles de Dieu.

* On découvre donc que, parallèlement à l’histoire de la manifestation du Logos dans la personne de Jésus, le prologue raconte en fait une deuxième histoire : celle des croyants.
Il raconte ce qui se joue dans le cœur de ceux qui accordent leur confiance à Jésus Christ.

Pour lui, recevoir Jésus Christ, lui donner sa confiance équivaut à recevoir une lumière particulière dans son intériorité : Une lumière qui éclaire toute notre existence… qui lui donne un sens nouveau. Cela produit la vie et une transformation.

En recevant cette lumière, nous recevons une nouvelle identité, car cette lumière nous transforme : on devient « enfants de Dieu », on entre dans un lien de filiation avec Dieu… on entre dans une relation intime et privilégiée avec Dieu… on devient héritier du Père.

Il nous faut, dès lors, éclaircir la signification du terme « enfants de Dieu » :
Qu’est-ce que ça peut vouloir dire « devenir fils et filles de Dieu » ?

- Tout d’abord, le verbe « devenir » évoque un processus de changement, d’évolution.  
C’est une nouvelle identité qui nous est donnée, mais qui est aussi – encore et toujours – en formation, en devenir. C’est un  processus d’accueil et de croissance spirituelle, qui se joue dans notre intériorité, dans notre conscience… et donc aussi, en conséquence, dans notre rapport aux autres et au monde.

L’idée incluse ici – et reprise dans le dialogue entre Jésus et Nicodème (cf. Jn 3) – est celle d’une nouvelle naissance : une renaissance spirituelle, d’une régénération.

En fait, cette idée est exprimée de deux manières complémentaires dans l’évangile :
-       D’une part, dans le prologue, il est dit que c’est en recevant la vraie lumière manifestée en Jésus Christ que notre vie se transforme progressivement… que nous acquérons une autorité et une puissance particulière : celle de devenir « enfants de Dieu ».
-       D’autre part, dans le récit avec Nicodème, il est dit, d’une certaine manière, que cette nouvelle naissance est l’œuvre de l’Esprit saint : c’est en recevant le Souffle de Dieu, l’Esprit saint, dans notre intériorité, qu’une nouvelle naissance s’accomplie en nous, que nous entrons dans une nouvelle manière de vivre et de voir le monde – une nouvelle conscience, une nouvelle mentalité – que Jésus appelle « le Royaume de Dieu » (comme le fait d’entrer dans la conscience de Dieu).

L’Évangile déploie donc deux aspects complémentaires : l’accueil de Jésus Christ, vraie Lumière ou l’accueil de l’Esprit saint, Souffle de Dieu, en nous, dans notre intériorité, pour nous parler d’une nouvelle naissance : une naissance spirituelle qu’il nous est offert de vivre.

Il est précisé dans le prologue que c’est un don de Dieu, une grâce, un cadeau qui nous est offert (cf. Jn 1,13) qui ne vient pas d’un vouloir d’homme – donc de notre mental, de notre volonté – mais de Dieu, c’est-à-dire que cela advient dans la confiance, dans le lâcher-prise.

- Le terme « enfants de Dieu » désigne ainsi une nouvelle identité qui nous est donnée d’incarner et de vivre.
Être fils ou filles de Dieu, cela veut dire 1) premièrement, vivre dans une relation de confiance avec le Père, une relation personnelle, une communion intime avec Dieu.
Cela veut dire 2) deuxièmement, vivre à la manière du Père. Et nous savons que Jésus ne cesse, dans les évangiles, d’appeler ses disciples à imiter Dieu, c’est-à-dire à agir avec amour, compassion et bonté. Car Dieu aime les humains d’un amour inconditionnel (cf. Mt 5, 43-48 ; Lc 6,36 ; Lc 15, 11-32 ; Jn 3,16 ; 1 Jn 4, 8-12.16).
Enfin, cela veut dire 3) troisièmement, recevoir les promesses de Dieu – c’est-à-dire la promesse d’une vie en plénitude et la promesse de pouvoir accomplir des choses extraordinaires. Ce sont en quelque sorte les conséquences d’une relation intime avec Dieu.

C’est ce que Jésus a lui-même accompli et le sens de la remarque de Nicodème qui conclut, à partir des signes réalisés par Jésus, sa proximité avec Dieu.
Je cite : « Rabbi, nous savons que tu es un maître qui vient de la part de Dieu, car personne ne peut opérer les signes que tu fais si Dieu n’est pas avec lui » (cf. Jn 3,2).
D’une certaine manière, Jésus répond simplement à Nicodème que cette force, ce pouvoir ne vient pas de lui, mais de Dieu, du Père qui agit en lui, par son Souffle (voir aussi Jn 14).

Devenir enfants de Dieu, c’est donc accepter de recevoir la Lumière de Dieu ou le Souffle de Dieu en soi (peu importe le vocabulaire !).
Il s’agit de laisser Dieu agir en soi, de le laisser nous transformer, pour peu à peu advenir à la stature du Christ, pour peu à peu incarner la Lumière et l’Esprit de Dieu dans le monde.

* Souvent nous aimerions changer les choses autour de nous. Car, nous constatons tous les nombreuses injustices, les misères et les violences de notre monde.
Nous réfléchissons parfois à des changements globaux, qui passent par l’économie ou la politique. Mais, nous voyons bien que les choses évoluent très lentement et pas toujours dans le bon sens, car les états sont en réalité comme les humains : ils sont égocentriques et cupides. Ils cherchent avant tout leur intérêt personnel. Ils ne se préoccupent pas vraiment des plus pauvres. Depuis des décennies, les politiques des grandes puissances – comme celles de États Unis ou de la Russie – sont des politiques de préférences nationales, qui ne sont guidées que par la recherche du gain et la défense des intérêts de la nation.

Nous constatons, dans les faits, un échec de la sphère politique à endiguer l’injustice et la pauvreté. Ce n’est pas une question de moyens, mais de choix, de volonté.
Cela dénote – à mon avis – un niveau de conscience relativement bas de l’humanité, pour ne pas dire « primitif ». Nous en restons, encore et toujours, au « chacun pour soi ».

D’une certaine manière, nos politiques – fondées sur un salut individualiste, un salut par plus d’avoir et de pouvoir – sont plutôt responsables de cet état de fait.
Il nous faut donc réfléchir à un stade plus concret de changement possible. Et ce changement possible peut s’incarner en nous… peut commencer en nous.

Toute transformation véritable commence par une transformation intérieure (personnelle et spirituelle) : En recevant un nouveau Souffle, une lumière spirituelle, en la laissant peu à peu nous imprégner, nous transformer, nous parviendrons à changer notre niveau de conscience, à devenir plus sensible au monde qui nous entoure, à éprouver plus d’amour, de compassion et de fraternité vis-à-vis de ceux que nous croisons sur notre route, peu à peu nous évoluerons et nous seront transformé par la Lumière et l’Esprit qui viennent de Dieu :
C’est à cela que l’évangéliste Jean nous appelle, en suivant l’exemple de Jésus, celui qui a incarné pleinement la Lumière et le Souffle de Dieu.

C’est donc une promesse qui nous est donnée pour ce jour de Noël : la promesse que, si nous parvenons à lâcher un peu notre ego (pour ne pas dire notre égoïsme) et notre mental… si nous parvenons à lâcher toutes nos préoccupations matérialistes et egocentriques… pour ouvrir notre esprit à une dimension spirituelle, au Souffle de Dieu, tout en ouvrant nos oreilles au message de Jésus… peu à peu nous pourrons croître spirituellement, peu à peu nous pourrons grandir jusqu’à devenir pleinement « enfants de Dieu », jusqu’à réaliser l’amour de Dieu dans notre âme (dans notre intériorité) et notre vie (dans le monde extérieur).

* Deux cadeaux de Noël nous sont donc offerts, en ce jour, comme une double Bonne Nouvelle :
-       Premièrement, nous pouvons nous mettre à l’écoute du message de salut proclamé par Jésus Christ, qui est le Logos, la lumière de Dieu, qui a été manifestée dans notre monde.
Jésus Christ est le cadeau de Dieu à l’humanité (cf. Jn 3,16).
-       Deuxièmement, il nous est donné également de pouvoir incarner cette lumière dans notre vie, en accueillant le Christ et son message de salut, en nous laissant habiter et transformer par le Souffle de Dieu.
C’est une promesse de régénération, de croissance spirituelle qui nous est offerte. Celle de devenir « enfants de Dieu ».

Dès lors, en accueillant l’Esprit de Dieu, tel que Jésus l’a manifesté, nous avons la promesse, non seulement d’une transformation intérieure, mais aussi d’un accomplissement dans notre vie quotidienne, dans notre vie relationnelle.
Nous recevons même la promesse de pouvoir accomplir des œuvres extraordinaires, des choses exceptionnelles, comme Jésus le promet à ses disciples (cf. Jn 14, 12).

Il n’y a finalement qu’un seul présupposé, un seul préalable, qui nous concerne et qui dépend de nous : celui d’accepter de recevoir la lumière de Dieu en soi… de lui laisser de la place… et nous laisser transformer par elle.
Cela implique que nous y consacrions du temps… cela implique nous accordions du temps à notre développement spirituel.

C’est le cadeau de Noël que nous pourrions nous faire à nous-mêmes, pour la nouvelle année qui va s’ouvrir : prendre le temps de méditer quotidiennement, pour laisser Dieu nous transformer. Ouvrir notre cœur et notre esprit au Souffle de Dieu, avec l’assurance qu’il nous offre lumière, paix intérieure et liberté.   

Amen.


Lectures bibliques 

Jn 1, 1-18 (extraits)

Au commencement était le Logos, et le Logos était auprès de Dieu, et le Logos était Dieu.
Celui-ci était au commencement auprès de Dieu.
Toutes choses sont advenus par lui et rien de ce qui fut ne fut sans lui.
En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes.
Et la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont point saisie. […]
Il était la lumière véritable qui illumine tout homme, en venant dans le monde.
Il était dans le monde et le monde fut par lui et le monde ne l’a pas connu.
Il vint dans son propre bien et les siens ne l’ont pas accueilli.
Mais à ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le pouvoir (l’autorité) de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, eux qui ne sont nés du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu.
Et le Logos est devenu chair et elle a habité (planté sa tente) parmi nous et nous avons contemplé sa gloire, gloire comme celle que tient du Père  le Fils unique (l’Engendré), plein de grâce et de vérité. […]
En effet, de sa plénitude, tous, nous avons reçu grâce sur grâce.
La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont advenues par Jésus Christ.
Personne n’a jamais vu Dieu ; Fils unique Dieu (l’Engendré divin), qui est tourné vers le sein du Père, celui-là l’a fait connaître (l’a présenté).

Jn 3, 1-8

Or il y avait, parmi les Pharisiens, un homme du nom de Nicodème, un des notables juifs. Il vint, de nuit, trouver Jésus et lui dit :
« Rabbi, nous savons que tu es un maître qui vient de la part de Dieu, car personne ne peut opérer les signes que tu fais si Dieu n’est pas avec lui. » 
Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis : à moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. » 
Nicodème lui dit : « Comment un homme pourrait-il naître s’il est vieux ? Pourrait-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et naître ? » 
Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis : nul, s’il ne naît d’eau et d’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. 
Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas si je t’ai dit : “Il vous faut naître d’en haut”. 
Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. »

Jn 8,12

Jésus, à nouveau, leur adressa la parole : « Je suis la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura la lumière qui conduit à la vie. » 

Jn 14, 10-12

« C’est le Père qui, demeurant en moi, accomplit ses propres œuvres. 
Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi ; et si vous ne croyez pas ma parole, croyez du moins à cause de ces œuvres. 
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais ; il en fera même de plus grandes, parce que je vais au Père. » 



[1] Dès le « commencement », Dieu est perçu comme Logos, c’est-à-dire comme discours, comme interpellation, comme don du sens.
[2] Selon le prologue, v.18, Jésus est « l’interprétation de Dieu » dans le monde. Il est « la traduction de Dieu dans le domaine de l’humain. »
[3] De façon élémentaire, la lumière est ce qui permet à l’être humain de voir, de trouver son chemin, de percevoir le monde. Sans lumière, livré aux ténèbres, il est radicalement perdu, il n’a pas la possibilité de s’orienter. En reliant la métaphore de la vie à celle de la lumière, le prologue montre que la question de la vie est reliée à celle de son sens, de son orientation.
[4] Sa manifestation et non pas sa transformation. Le Logos se révèle dans l’histoire, à travers un homme (Jésus). Il ne « devient » pas un homme, au sens d’une transformation, d’une métamorphose. L’expression (en français) « se faire homme » ou « se faire chair » ne signifie pas « devenir » humain (au sens d’une transformation). Mais, cela signifie que le Logos (le Verbe), qui était auprès de Dieu (donc dans une réalité invisible), devient désormais visible, palpable et perceptible, sous la forme d’une Parole, donc d’un discours intelligible (en Jésus Christ) dans le monde humain.

samedi 24 décembre 2016

Lc 2, 1-14

Lectures bibliques : Lc 2, 1-14 ; Mc 10, 13-16 ; Mt 5, 13-16
Thématique : vers un monde d’accueil et d’hospitalité
Méditation de Pascal Lefebvre / Marmande, le 24/12/16 : Veillée de Noël

Joseph et Marie sont montés jusqu’à Bethléem pour se faire recenser. Marie est sur le point d’accoucher... Mais "il n’y a pas de place pour eux dans l’abri des voyageurs" (cf. Lc 2, 1-14)

Le rappel de cette situation rejoint notre actualité… et peut être pour nous source de réflexion et de méditation :

Le jeune couple, Marie et Joseph viennent de frapper à l’hôtellerie : point de place.
Il y a urgence, la situation est critique : Marie est sur le point d’accoucher.
Il faut vite trouver une solution…

Ils ne cherchent pas un quatre étoiles, ils se retrouvent dans une étable avec des myriades d’étoiles.
La vie n’attend pas, elle nous pousse en avant et c’est une chance. La vie nous devance. Elle est plus forte que nos lourdeurs et nos pesanteurs : elle est grâce.

Le lieu de naissance pour Jésus : une simple étable, avec un bœuf et un âne – comme le croit la tradition – et, certainement, des courants d’air !

Ainsi, le Messie naît dans l’humilité : signe pour tous les humains que la simplicité et la sobriété sont certainement les conditions nécessaires pour un salut universel, un salut pour tous… les conditions nécessaires pour s’ouvrir au partage… alors qu’on croit encore au bonheur par plus d’avoir et de pouvoir… un bonheur qu’il faudrait arracher en s’accaparant les biens et les richesses du monde, quitte à vivre dans la rivalité permanente et la concurrence avec les autres humains. 

« Jésus » veut dire : Dieu sauve.
Premier signe du « destin » ; premier signe du salut. : un lieu de dénuement… ou la pauvreté devient signe d’ouverture à Dieu et au prochain.
Le salut commence dans une mangeoire d’animaux et une étable ouverte à l’universalité.

Voilà le Sauveur attendu, qui débarque de façon inattendue ,dans un lieu incongru.
Dieu déroute, et pourtant il vient pour mettre l’homme en route.
A Bethléem, Jésus balbutie pour la première fois : " Ceci est mon corps donné pour vous".
Bethléem (la maison du pain) : voilà le premier signe offert au monde !

Dieu se donne à connaître dans la faiblesse d’un enfant, dans la nuit étoilée et dans la paix … malgré le manque de place, malgré la précarité.

Ce signe : c’est aussi celui de l’accueil… malgré tout.
Quelqu’un – un berger peut-être –, malgré sa pauvreté, a osé ouvrir son étable… quelqu’un a fait preuve d’hospitalité, malgré son manque de moyens.

Quelqu’un, un jour, donnera aussi ses faibles ressources : ses cinq pains et ses deux poissons, pour nourrir une foule (cf. Mt 14,17)… pour inventer et permettre le lâcher-prise et le partage… pour libérer et démultiplier les dons.

"Noël" nous rappelle que nous sommes, nous aussi, compagnons d’aventure, à la suite de Jésus :
Nous sommes tous en voyage, en partance… pèlerins sur cette terre.

Jésus, avec ses parents… avant même sa naissance a été de ces voyageurs… jusqu’à l’étable inconfortable… Et après sa naissance, il fut encore en partance, pour l’Égypte cette fois, afin d’éviter le massacre des enfants innocents de Bethléem, initié par Hérode (cf. Mt 2,13-18).
Jésus a dû émigrer avec ses parents… pour fuir la violence humaine : cela nous ramène à notre actualité.

Ces voyageurs nommés : Marie, Joseph et Jésus nous font penser immédiatement à ces nombreux "migrants" en marche sur les routes, les sentiers plus ou moins tortueux d’aujourd’hui.
Ils quittent pays, maison, famille, travail...  ils quittent la guerre, les conflits, la misère, l’insécurité… Eux aussi "n’ont pas de place à l’hôtellerie". Ils marchent au hasard. Ils ont tout quitté.

Une seule pensée les stimule, une petite lueur d’espérance au plus profond du cœur : trouver enfin la paix… trouver du calme, un abri – un refuge – contre les intempéries… trouver un peu de chaleur humaine et d’hospitalité… trouver un peu de solidarité et de fraternité… en un mot "trouver enfin un monde humain"… c’est-à-dire un monde, tel que Dieu l’a voulu – non pas un monde pour la peur, ni pour la guerre – mais, un monde pour le bonheur de la vie, pour l’amour et le partage. 

Il suffit que quelqu’un commence pour initier ce monde nouveau... Il ne faut qu’un peu de sel pour donner un autre goût, une autre saveur à la vie… il ne faut qu’un peu de lumière pour tout éclairer (cf. Mt 5, 13-16).
Il suffit de quelques artisans pour que ce monde naisse avec Jésus :
un monde où l’on dépasse enfin le « chacun pour soi », pour s’ouvrir aux autres… pour s’ouvrir à l’Autre, puisqu’en Jésus, c’est le Tout-Autre qui se fait connaître … Et ce qu’il révèle : c’est que "nous sommes tous Un" : hommes et Dieu, enfin unis et réconciliés.

C’est ce monde de l’accueil inconditionnel que le Christ nous appelle à construire. Il nous appelle à y entrer, à y prendre part.
Jésus l’appellera "le Royaume".

Il suffit, dès lors, d’accueillir cette nouveauté – ce règne de Dieu – comme un enfant, pour y entrer (cf. Mc 10, 13-16).

C’est cela Noël : accueillir le règne de Dieu qui vient jusqu’à nous – en Jésus – comme un enfant, avec un cœur d’enfant… pour libérer la bonté et la générosité qui sont en nous… pour manifester, enfin, la belle lumière que Dieu a placé en chacun de nous.


Amen.

dimanche 18 décembre 2016

Lc 1, 26-45

L’Esprit saint, source de transformation et de fécondité

Lectures bibliques : Lc 1, 26-45 ; Ep 3, 14-21
Thématique : Marie, figure exemplaire du croyant / Accueillir l’Esprit saint, pour laisser le Christ naître en soi.
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 18/12/16.

* Qu’est-ce que raconte cette histoire qu’on appelle « l’Annonciation » et qui est suivie de « la Visitation » ?

Un messager de Dieu, un ange – l’évangéliste précise qu’il s’agit Gabriel : un personnage qui, dans le livre de Daniel, est l’annonciateur du temps du salut – … un messager annonce à une jeune fille, Marie, mariée à un certain Joseph, qu’elle va être enceinte et enfanter un fils, auquel elle donnera le nom de Jésus, ce qui veut dire « Dieu sauve ».

Bien sûr, nous connaissons tous ce récit que beaucoup interprètent comme l’annonce d’une naissance miraculeuse. Il y a au moins deux éléments qui expliquent qu’on s’arrête souvent à l’aspect extraordinaire de la conception de Jésus. Nous allons les évoquer dans un instant. Mais, j’aimerais vous montrer, aujourd’hui, que ce récit dit autre chose – ou, en tout cas, plus de choses – que cela.

La lecture habituelle – l’interprétation traditionnelle – de ce texte repose en grande partie, d’une part, sur un problème de traduction : parce que le mot grec « parthenos » (dans la version grecque du N.T. que nous avons et qui reprend le vocabulaire de la LXX) désigne une jeune fille vierge, alors que le mot hébreu correspondant désigne simplement une jeune fille, fertile, pleine de vie.
Mais, elle s’appuie aussi, d’autre part, sur ce qu’affirme le messager de Dieu : « l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre ». Beaucoup ont compris ce verset de façon littérale, comme si l’Esprit saint, d’une certaine manière, fécondait biologiquement Marie… comme s’il était, en quelque sorte, le père de l’enfant.

Or, nous devons percevoir que ce qui est dit ici est, en réalité, très éloigné des récits païens de générations divines, souvent imprégné d’érotisme, ou encore des récits de la mythologie grecque où un dieu rend une femme enceinte.

Il me semble que pour envisager l’enjeu et la richesse de ce passage du Nouveau Testament, il nous faut dépasser la question du miracle surnaturel.
La vraie question n’est pas de savoir si Marie était ou non vierge ou moment de la conception ou au moment de la naissance de Jésus. Elle n’est pas non plus de savoir qui est le père biologique de l’enfant : l’Esprit saint, Joseph ou quelqu’un d’autre. Tout cela, ce sont des questions secondaires qui tombent à côté des vrais sujets.
Je crois que notre passage veut plutôt nous parler de 1) qui est Jésus et 2) de ce qui se joue dans le cœur du croyant, dont Marie est ici une figure exemplaire.

* La première affirmation de ce passage concerne concrètement Jésus, l’enfant qui va naître. En racontant cette visite de l’ange à Marie, l’évangéliste Luc annonce la venue du Messie et nous livre ainsi l’identité de celui qui sera le protagoniste de l’Évangile.  

Nous apprenons déjà, à travers son prénom, Jésus – Dieu sauve – que cet homme manifestera et apportera le salut de Dieu.
Le messager précise également qu’il « sera grand et sera appelé fils du Très Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ». Et il est dit, un peu plus loin : « celui qui va naître sera appelé saint, Fils de Dieu » (v.35).

Aussi bien l’inscription dans la filiation du roi David que le titre « Fils de Dieu » (ou celui de Seigneur (v.43)) correspondent, pour Luc, comme pour le premier Testament, à une désignation du Messie.
Ce qui est affirmé ici, de façon explicite, c’est que cet enfant va répondre aux promesses de Dieu et aux attentes des croyants : il sera le Messie, celui qui sera choisi par Dieu, pour manifester son salut aux hommes. Selon Luc, ce choix – cette élection particulière – a été fait par Dieu avant même la naissance de Jésus (comme l’affirme le messager qui s’adresse à Marie.)

Les termes « fils du très-Haut » comme « fils de Dieu » désignent celui qui vient de Dieu, celui en qui Dieu se révèle, par qui il parle et en qui il agit.
Jésus révélera et manifestera la Parole de Dieu ; il sera l’incarnation de la volonté de Dieu.

Bien sûr le lecteur/auditeur de l’évangile peut se poser la question : « comment cela se fera-t-il ? ». C’est précisément la question que Luc met dans la bouche de Marie. Et le messager y répond : c’est l’œuvre de l’Esprit saint, du souffle de Dieu.

C’est l’Esprit saint qui va agir, l’Esprit de Dieu que Marie va recevoir dans son intériorité et qui va insuffler en elle, en son cœur et en son âme, un Souffle nouveau, un Souffle de vie nouvelle.

Pour dire cela, le messager emploie même une expression typique de l’Ancien Testament qu’on trouve dans les livres de l’Exode et des Nombres (cf. Ex 40,34-35 ; Nb 9, 18.22 ; 10,34) : « la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre »… une expression qui veut simplement dire la « présence efficace de Dieu », qui va agir dans le cœur et la vie de Marie, afin qu’elle soit emplie de la lumière de Dieu et que son enfant soit élevé dans la confiance et la fidélité au Seigneur.

Ce qui est donc dit d’important dans ce passage biblique, c’est que Dieu va agir et qu’il va manifester la puissance de son amour dans cet enfant qui va naître. D’où le nom qui est aussi évoqué ailleurs (dans l’évangile selon Matthieu (cf. Mt 1,23)) : « Emmanuel » : « Dieu avec nous ». En Jésus, Dieu se révèle comme un Dieu avec nous / pour nous.

Pour conclure sur ce premier aspect, on peut donc dire que : c’est l’Esprit saint qui va faire de Jésus, le Messie, le Christ.
C’est quand l’Esprit saint s’incarne et prend chair dans la vie des humains que le salut de Dieu se manifeste.

* Le deuxième point important concerne Marie, et nous concerne également, car le dialogue entre le messager et Marie met en scène ce qui se joue dans le cœur du croyant, dont Marie est une figure importante.

Projetons-nous un instant sur le personnage de Marie… et essayons de visualiser la situation à travers /à partir ce qui arrive à cette jeune femme :
Imaginez… Vous êtes une jeune fille, pleine de projets, vous allez bientôt vivre et vous installer avec votre époux. Et puis, tout à coup, vous vivez une expérience spirituelle inouïe – vous êtes déplacée dans votre foi et vous avez même une vision : un messager de Dieu se révèle à vous et vous invite à vous réjouir, parce que Dieu est avec vous, parce que vous savez que la faveur et la bienveillance de Dieu vous sont acquises, parce que vous sentez que vous êtes en communion avec Dieu.

Bien sûr, cette expérience spirituelle extraordinaire vous bouscule et vous bouleverse. Mais, voici que ce messager vous rassure et apaise vos craintes. Il vous révèle que Dieu va agir dans votre vie et dans votre famille. Et que l’enfant qui va naître dans votre couple sera le Messie tant attendu des croyants. Il sera le révélateur de l’amour et du salut de Dieu.

Alors, bien évidemment, vous êtes complétement retournée par tout cela : l’expérience spirituelle, l’apparition d’un messager, et maintenant cette nouvelle extraordinaire qui va changer tout le cours de votre vie : Dieu a un projet pour vous ; vous avez une vocation particulière : vous allez accueillir dans votre famille, participer à la naissance et à l’éducation de celui qui sera le Messie de Dieu, le Sauveur des hommes.
Imaginez le trouble et le chamboulement dans la vie de Marie !

Bien souvent… en lisant ce texte… nous ne réalisons plus cela :
Tout, dans ce récit, paraît lisse et facile, car nous connaissons par cœur cette belle histoire…
Mais nous devons nous rendre compte à quel point cette expérience de foi a dû complétement chambouler la vie de Marie. Car, après tout, ce n’est pas forcément de cette façon que cette jeune femme envisageait son avenir. Ce n’est sans doute pas ce qu’elle attendait de son mariage. Elle était tranquille. Elle s’apprêtait vraisemblablement à vivre une vie paisible avec son mari Joseph. Ils avaient sans doute des projets communs.
Mais voilà que Dieu – par son Esprit, par son Souffle (v.35) – vient bouleverser sa vie, mais aussi la transformer, la féconder.

Alors, c’est vrai : on ne sait pas si tout ça s’est vraiment passé en détail comme le raconte l’évangéliste Luc. Il n’y a pas eu de témoins oculaires de cette scène, puisque ce dialogue a eu lieu dans l’intimité d’une relation de foi,  et puis des anges ou des messagers de Dieu : on en voit pas tous les jours !!
Mais, au-delà des images et des mots, ce qui est raconté ici, c’est le fait que Marie ait vécu une expérience spirituelle inattendue et extraordinaire : une expérience spirituelle susceptible de changer tout le cours de sa vie. Et ce qui est étonnant, c’est sa réponse toute simple, son adhésion : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit ».

Quelle réponse extraordinaire de foi ! Elle dit à Dieu et à son messager : « je vais me rendre prête et disponible. J’accepte ! Je suis prête à te suivre, Seigneur : qu’il soit fait selon ta volonté ! »

Un appel de Dieu vient retourner la vie de cette jeune femme et, elle, elle dit « oui » tout simplement.
Je me demande si nous aurions fait la même réponse ?

Oui… nous devons nous poser cette question. Que ferions-nous si le Saint Esprit venait frapper à notre porte ?
Car, voyez-vous, il me semble que, si ce récit nous est conté par l’évangéliste Luc, c’est pour nous dire le « oui » de Marie… mais c’est également pour nous dire que, nous aussi, nous pouvons être des hommes et des femmes de foi, qui font confiance au Seigneur. C’est pour nous encourager à faire comme cette petite femme – cette jeune fille – qui accepte la vocation, la mission que Dieu lui confie.

Soyons certains – chers amis – que Dieu frappe aussi à la porte de notre cœur. D’une manière ou d’une autre, il est déjà venu frapper à notre porte, que nous en ayons conscience ou non, que nous ayons entendu et accepté son appel (à telle ou telle occasion) ou que nous l’ayons remis à plus tard. Dieu nous fait signe par nombreux biais et de bien des manières. Il ne cesse de nous attendre et il n’est jamais trop tard pour Dieu.

Alors… acceptons-nous / accepterons-nous – comme Marie – de nous laisser déplacer par Dieu ? Acceptons-nous de revoir nos projets et nos désirs, comme elle a eu le courage de le faire… simplement en vivant dans la confiance ?

La suite du passage nous montre que les choses ne s’arrêtent pas là.
Fort de cette expérience spirituelle, Marie ne continue pas sa vie comme avant – ça ce serait impossible –. Elle quitte tout et « part en hâte » à des kilomètres de là, dans une ville de Judée (alors qu’elle est en Galilée, dans la région voisine), pour aller voir Élisabeth, sa cousine.
Et là, elle reçoit la confirmation de sa vocation : « Bienheureuse, celle qui a cru : ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s’accomplira ! »

Autrement dit, l’annonciation de la vocation de Marie et la nouvelle extraordinaire de la naissance du Messie a créé dans le cœur de Marie un envoi, un déplacement : Elle part en hâte et là, au loin, elle reçoit la confirmation de sa mission.

Nous voyons bien que le personnage de Marie est l’exemple même de la figure du croyant fidèle et plein de confiance. Marie est une figure de la foi.
Et du coup, nous voyons aussi que cette histoire raconte plus que la jolie histoire qui prépare le récit de Noël : elle raconte, en réalité, ce qui se joue dans le cœur du croyant.

Ce qui est dit, à travers Marie, c’est ce qui se passe dans le cœur de celui qui dit « oui » à Dieu. Et l’évangéliste Luc raconte, à travers Marie, ce que l’Esprit saint, le Souffle de Dieu, peut accomplir dans la vie de celui qui vit dans la confiance en Dieu :

Il nous dit, à travers l’exemple de cette jeune fille, que, nous aussi, nous pouvons recevoir de Dieu une force susceptible de soulever et même de bousculer notre vie, une force, un Souffle, capable de nous transformer. Car c’est bien ce que Dieu fait : il vient insuffler, soulever, transformer, féconder l’existence de cette jeune croyante.

Ce que raconte ce récit c’est que l’Esprit saint accomplit, pour autant que nous soyons à son écoute, et pour autant que nous acceptions de l’accueillir : Par son Souffle, Dieu peut venir féconder notre vie et la transformer.

* Alors.... certes, nous ne verrons peut-être jamais de messager ou d’ange de Dieu, mais soyons certains que Dieu nous parle de bien des manières : par sa Parole, par son Évangile, par des témoins… il nous parle à travers les personnes que nous rencontrons… à travers les événements et les visages que nous croisons… à travers les livres que nous lisons… à travers la nature que nous contemplons : Dieu nous parle et il nous appelle.
Il vient nous dire : « reçois ma confiance et mon Esprit d’amour ! Sois mon témoin ! Ne crains rien ! Si tu accueilles mon Esprit, le Christ peut naître en toi ! »

C’est cela que raconte ce récit de l’avent : une femme, un jour, a accepté d’ouvrir son cœur à Dieu … L’Esprit saint est venu habiter en elle et féconder son existence. Il fait germer la vie. C’est le miracle de la foi.

« Heureux celui qui croit ! Les projets de Dieu s’accompliront en lui / par lui » (cf. v.45).

Amen.