dimanche 21 juin 2020

Mt 10, 26-33

 Lectures bibliques  : Mt 10, 26-33 (introduit par Mt 10, 16-20) ; Mt 8, 23-27 ; 2 Co 5, 1-10

Thématique : Dépasser la peur / Entrer dans la confiance

Prédication de Pascal LEFEBVRE - Culte du 21/06/20 - Temple du Hâ - Bordeaux


Culte de reprise après la période de confinement 


Les lieux de culte ont pu réouvrir leurs portes il y a 3 semaines environ. 

Ce matin, nous vivons ce temps cultuel avec les précautions sanitaires prévues de distanciation physique, pour respecter les consignes, protéger nos voisins, et éviter de nous mettre en danger les uns les autres. 

Et bien sûr, nous avons raison de le faire, d’autant plus si nous sommes une personne particulièrement fragile ou vulnérable. Nous devons garder la vie qui nous a été offerte comme un don précieux, prendre soin de nous-mêmes et de nos frères et soeurs dans notre entourage. 


Au fond, c’est ce que nous faisons, pour l’immense majorité d’entre nous, en respectant les règles depuis le début de la crise sanitaire. 

Mais j’aimerais distinguer deux points avec vous ce matin : la prudence et le respect de la vie, d’une part ; la peur et l’angoisse, d’autre part. Car je pense qu’il s’agit de deux registres différents. Voyons de quelle manière l’Evangile peut nous éclairer. 


Mt 10, 26-33


Tout d’abord, quel est le contexte des paroles de l’Evangile que nous venons d’entendre ?


Rappelons-nous ce qui se passe dans l’Evangile précédemment : Les disciples sont invités à prolonger l’activité de Jésus. Ils reçoivent l’autorité sur les esprit impurs en vue de la guérison de toute maladie et de toute infirmité. Le Douze sont désignés « apôtres », c’est-à-dire « envoyés ». 


Au début du chapitre 10 de l’Evangile selon Matthieu, Jésus envoie ses disciples en mission, avec des recommandations : proclamer l’advenue du règne de Dieu, guérir les malades, purifier les lépreux, agir gratuitement. Il les envoie en chemin pour agir positivement et publiquement parmi les hommes : libérer, guérir, purifier, ressusciter. Mais ils seront comme « des brebis au milieu des loups ». Il annonce aussi que des refus, des menaces, des persécutions attendent les disciples missionnaires, que leurs messages (leurs paroles et leurs actes) ne seront pas bien reçus ni acceptés. 


Et il ajoute, dans le passage que nous venons d’entendre : ne craignez rien ni personne… « ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez bien plutôt Celui qui peut faire périr âme et corps dans la géhenne ». Il précise : « soyez sans crainte »… car je suis en communion avec vous et j’intercéderai pour vous « devant mon Père ». 


On le voit, à travers ces paroles, l’envoi des disciples en mission n’est pas pleinement joyeux… ou plutôt, cet envoi n’est pas naïf : les disciples essuieront des refus violents et des menaces. La réalité annoncée, c’est que le monde nouveau de Dieu que les disciples vont devoir proclamer (en paroles et en actes) - à la suite de Jésus - va entrer en contradiction avec des logiques humaines et que des conséquences fâcheuses, des persécutions, sont à prévoir. Pourtant Jésus insiste : n’ayez pas peur ! Soyez sans crainte !


Au-delà de l’annonce de difficultés à venir, l’Evangile laisse résonner une parole de confiance, une bonne nouvelle - malgré tout - … une bonne nouvelle pour nous aussi aujourd’hui… même à distance, 2000 ans plus tard : « n’ayez pas peur ! Soyez sans crainte ! »  

Nous avons bien besoin de cette foi dans notre monde d’aujourd’hui. 


A l’heure de la pandémie du Covid 19, il faut se demander comment recevoir cet appel à la confiance qu’annonce le Christ ? 


A l’heure de l’angoisse quotidienne relayée par les médias… de la peur de mourir qui a marqué les Français de façon intense depuis plusieurs semaines - et je dirai l’humanité en général - comment résonne, pour nous, cette parole de Jésus qui ose dire : « ne craignez pas ceux / ce qui tuent le corps… mais qui ne peut / ne peuvent tuer l’âme » ? 


Cette parole nous bouscule, nous interpelle ! 


A l’époque de Jésus, ce qui peut mettre en danger le corps physique, dans le contexte de l’envoi en mission des disciples, ce sont bien sûr d’autres hommes, ceux qui refusent le message du Christ, ce sont les tenants d’une autorité politique ou religieuse, dont les pouvoirs ou les privilèges semblent remis en cause, et qui peuvent potentiellement se muer en ennemis, en persécuteurs. Ce sont aussi les bandits qu’on peut rencontrer en chemin. La sécurité n’est pas assurer. Les déplacements sont périlleux. 


A notre époque, dans notre pays, où nous jouissons d’une liberté de penser, de croire et d’expression… nous n’avons globalement pas à craindre pour notre sécurité, en raison de nos convictions religieuses… à l’exception, bien sûr, de quelques esprits fanatiques ou intégristes - ultra minoritaires - toujours susceptibles d’agir et de vouloir attenter à la vie d’autrui. 

Mais « la sécurité » reste (malheureusement) une situation minoritaire dans le monde, sachant qu’il y a eu 80 millions de déplacés à cause des conflits en 2019. 


Aujourd’hui, dans notre pays, l’adversaire principal n’est pas le même qu’aux premiers siècles de notre ère : c’est a priori la maladie, le virus, le covid 19… qui est susceptible de mettre en danger notre existence biologique, notre corps.


Mais est-ce bien différent ? 

Je veux dire : comment entendre cette affirmation de Jésus « ne craignez pas ce / ceux qui tue / tuent le corps » ?


Au fond, on peut l’entendre comme une annonce singulière et étonnante : pour Jésus, la mort du corps est certes une donnée réelle et sérieuse - car il s’agit de notre moyen d’existence et de communication physique - mais elle ne semble pas aussi tragique que nous l’entendons habituellement. 


La mort physique n’est pas tragique… dans le sens où elle ne signifie pas la fin de tout, la fin définitive du sujet…  car le corps ne constitue pas l’intime de l’être humain, l’intime où repose l’identité du sujet, la singularité du sujet. Cette identité, ce fondement de l’individualité, Jésus l’appelle ici « l’âme ». 


De ce fait, ce qui serait à craindre - pour Jésus - ce n’est pas seulement la perte de notre corps, mais l’atteinte de notre âme. 

Et qui d’autre que Dieu lui-même pourrait faire périr « âme et corps dans la géhenne »


Les paroles de Jésus semble nous dire que la seule autorité à craindre est celle de Dieu, car lui seul pourrait atteindre le fondement de notre identité, notre « âme », la réalité profonde de notre individualité. 


Seul Dieu est à craindre, car Lui seul peut juger l’humain dans la totalité de son existence : corps et âme. 


Mais aussitôt, dans ce passage, Jésus annonce que ce Dieu - potentiellement présenté comme un Juge - se révèle, pour le disciple, sous la figure du Père : le Père céleste qui prend soin de ses enfants… 

II n’y a donc rien à craindre pour l’âme du croyant, pour celui qui se confie à Dieu. 


Quand bien même le corps serait touché par la mort (par la persécution)… il est assuré que son âme est en communion avec Dieu. 


En d’autres termes, Jésus nous appelle à abandonner toute crainte. 


Pour ce faire, il nous invite à voir au-delà du tangible, de la réalité physique et périssable sous nos yeux…  à cesser d’assurer notre vie, en la fondant et en la construisant uniquement sur nous-mêmes (notre corps physique) ou sur les logiques du monde (liens familiaux, pouvoir, avoir, savoir, argent, richesse, …), pour fonder notre vie et notre confiance sur une autre réalité : la présence aimante et bienveillante du Père céleste, qui vieille imperceptiblement sur notre âme… et auquel nous sommes indéfectiblement liés. 


Parce que Dieu est comme un Père bienveillant, nous n’avons rien à craindre… quand bien même notre corps biologique viendrait à périr. 


Après ce que nous venons de traverser… comment entendre cet Evangile ? 


Mt 8, 23-27


Pour moi - ce texte fait écho à l’autre passage qui a été lu : cet épisode de Jésus dans la barque avec ses disciples.


Au coeur de la tempête, la crainte surgit… la peur de la mort transit les disciples dans l’effroi et les plongent dans l’étreinte de l’angoisse. 


Jésus leur répond avec étonnement : « Pourquoi avez-vous peur ? Homme de peu de foi » … ou chez Marc, la question est carrément posée : « Est-ce que vous n’avez pas encore la foi ? » 


Alors que la confiance devrait caractériser les disciples, Jésus constate leur incrédulité, leur « peu de foi » et l’on est ramené, ici aussi, à la peur de la mort, comme symptôme du manque de foi. 


Au fond, j’entends cette parole de l’Evangile comme une contestation de nos manières habituelles de penser… de cette manière de penser le corps biologique comme le tout de l’être humain…  de cette façon de penser la mort du corps physique comme quelque chose de définitif et tragique.


C’est comme s’il y avait quelque chose que les disciples n’avaient pas encore perçu, intégré et compris : l’amour de Dieu plus fort que la mort… l’âme (ou l'esprit) indéfectiblement liée à Dieu, au delà du corps physique. 


La confiance en Dieu, en son amour éternel, ne devrait-elle pas nous permettre de dépasser la peur primitive de la mort ? 

Jésus s’étonne que les disciples ne parviennent pas à s’en remettre totalement à Dieu, comme lui le fait au milieu de la tempête. 


Notre situation : Dépasser la peur / entrer dans la confiance 


Voyez vous, chers amis, il me semble que la crise sanitaire que nous sommes en train de vivre (et dont nous ignorons l’aboutissement dans les mois à venir) est du même ordre que l’expérience des disciples dans la tempête. 


Et je dois dire - pour ma part - que je suis stupéfait de voir à quel point les médias ont instillé et véhiculé de l’angoisse et de la peur auprès de nos contemporains pendant cette période. 


Pour moi, cette crise est révélatrice du niveau « d’incrédulité inouïe » (pour ne pas dire « d’incrédulité incroyable ») de notre monde. 


Il a suffit qu’un virus apparaisse… à qui on s’est empressé de déclarer la « guerre »… pour s’apercevoir qu’un petit rien pouvait radicalement remettre en cause notre modèle de vie et de société, nos choix et nos certitudes. 


Dès lors, cet évènement a remis en question nos habitudes, nos fausses croyances, notre économie… le monde entier. 

Tout ce à quoi notre monde croyait s’est mis à vaciller. 

Et tout s’est arrêté : la vie sociale, notre manière de travailler, de nous déplacer, notre économie mondialisée, nos sorties culturelles, nos loisirs.


Chacun a obéi à l’injonction de rester chez soi… et par la pression médiatique (qui entretenait le décompte sinistre et quotidien du nombre de décès), chacun a été confiné dans la peur. Car, fondamentalement, il n’y a pas d’autre raison de se confiner que la peur de la mort. 


Cette peur - en relisant l’Evangile de ce jour - révèle à quel point, nous avons un problème avec notre condition humaine - marqué par la finitude, la fragilité, la vulnérabilité - que nous avons tant de mal à accepter et à assumer. 


Cette crise montre à quel point nous ne sommes pas plus avancés que les disciples dans la barque, hantés par la peur de la mort, ou par tant d’autres peurs : peurs de l’autre, peur du lendemain, peur de manquer … toutes ces peurs qui nous restreignent et nous replient sur nous-mêmes… nous empêchant bien souvent d’évoluer, d’inventer de nouveaux chemins, d’ouvrir la main, de nous tourner vers les autres, de vivre dans la générosité, le don et le partage. 


Face à cette situation, j’espère que nous pourrons prendre conscience collectivement de nos échecs : à commencer pour l’illusion de la maitrise, du savoir, de la force technicienne ou de la science qui prétend tout prévoir, tout analyser, tout contrôler. 


Pour le dire avec les mots de la théologie, il me semble que notre situation - éclairée par l’Evangile - nous appelle à une conversion, à un changement. Et le remède prescrit par le Christ, c’est d’entrer enfin dans la confiance : accepter nos fragilités et notre condition humaine, accepter la vulnérabilité et s’en remettre à Dieu… à l’amour de Dieu et à sa Providence. 


Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus rien à faire, ou que nous devons cesser toute attention - nous devons bien sûr prendre soin de nous, nous protéger - mais, en même temps, nous sommes appelés à vivre… à continuer à vivre avec les autres, en acceptant le risque certain, inhérent à la vie, qui s’appelle la mort… à vivre dans la confiance… à abandonner l’angoisse qui nous étreint. 


En tirer les leçons…


Par ailleurs, cette crise que nous traversons collectivement… va nous conduire - je l’espère - à nous poser des questions… à tirer des leçons. 

Car - au fil des semaines - elle nous a aussi permis de distinguer ce qui est essentiel dans notre vie de ce qui est secondaire ou superflu. 


Finalement, qu’est-ce qui est important ? 

Qu’est-ce qui nous fait vivre véritablement ? 

Quels sont nos véritables désirs ? Où se situe le moteur de notre vie ? 


Cette crise aura peut-être le mérite de remettre en avant l’importance des relations humaines qui nous ont tant manquées. 

Elle nous a permis de relativiser certains besoins secondaires et de mieux discerner ce qui est essentiel. Elle a pu remettre au centre aussi des espaces de solidarité et de fraternité. 


J’espère - comme beaucoup d’entre vous - que cette période va ouvrir de nouveaux horizons. Mais, en même temps, je ne me fais pas trop d’illusions. Les résistances sont déjà là. Et je reste un peu septique sur notre capacité à évoluer, quand je vois que beaucoup désirent en fait que tout recommence comme avant. Il suffit de voir les queues de voiture devant les « Drive » des Mac Donalds, au moment du déconfinement…. L’impatience de nous lancer à nouveau dans la frénésie de la consommation qui revient déjà … comme si rien ne s’était passé. 


Alors, oui… c’est vrai… un discours d’espérance est en train d’émerger : La prise de conscience que notre monde technicien et consumériste est fou et défaillant, que notre modèle économique - fondé sur la dette - est non seulement à bout de souffle, mais générateur d’inégalités, que le système capitaliste est une illusion qui promet une croissance illimitée dans un monde limité, que la planète est surexploitée, malade et maltraitée… Tous ces constats portent le désir de voir naître un « monde d’après », différent du « monde d’avant ». 


Malgré tout, j’ai des doutes sur sa réalisation. Car l'idéologie technicienne reste à l'oeuvre (comme aurait pu le dire Jacques Ellul).


Je préfère accorder ma confiance au Christ… croire au « Royaume de Dieu / au règne de Dieu » plutôt qu’au « monde d’après ».


Le premier : « le règne de Dieu » est à accueillir dans la confiance. Il nous est offert. Il suffit de franchir le pas de la foi, de s’ouvrir à une nouvelle conscience, une nouvelle mentalité, pour y entrer, pour se laisser construire par Dieu, jour après jour.


Le second : le « monde d’après » est à construire… à construire par nos propres forces si l’on en croit nos gouvernants… Et c’est là que le bât blesse : Notre prétention à l’autonomie, à l’indépendance. Croire que nous y arriverons seulement pas nous-mêmes (ou par la technique). 


Quand on voit que tout est déjà fait pour que la « machine » technicienne, consumériste et capitaliste, puisse reprendre sa course folle. 

Que les gouvernements sont en train de se préparer, pour tout recommencer, pour nous inciter à courir, à rattraper le temps perdu, à nous relancer dans l’activisme effréné. … pour travailler plus… on peut s’interroger. 


Restera-t-il quelque chose de ce que nous venons de traverser ?

Sur quelles prises de conscience tout cela va-t-il déboucher ? 

Qu’allons-nous en tirer ? Allons-nous réellement entrer dans un chemin nouveau ? 


Oser lâcher-prise … abandonner… pour entrer dans la nouveauté 


C’est là toute la difficulté : pour entrer en nouveauté, pour que quelque chose de nouveau puisse advenir, il faut accepter de lâcher-prise, il faut accepter de perdre… d’abandonner quelque chose d’ancien. 


« On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ; sinon, les outres éclatent, le vin se répand et les outres sont perdues. On met au contraire le vin nouveau dans des outres neuves, et l’un et l’autre se conservent. » (Mt 9,17)


Il nous faudra donc renoncer à notre modèle de vie… abandonner quelque chose du « monde ancien »… pour qu’un nouveau puisse surgir.


Mais sommes-nous prêts à le faire collectivement ? Rien n’est moins sûr !


Tant que les grandes puissances de ce monde (Chine, USA, Russie, Europe,…) vivront dans une concurrence acharnée, je doute que quoi que soit de nouveau surgisse. Car chacun refusera de faire le premier pas, de peur de perdre sa place ou sa position. 


C’est d’ailleurs, précisément le contraire, que nos gouvernements pratiquent : puisqu’ils décident d’endetter les Etats et de faire peser le poids de cette dette colossale sur les générations futures, quitte à les sacrifier, pour conserver coûte que coûte notre modèle actuel, malgré ses errements et ses défaillances. 


Le « monde d’après » qui se profile, sera surtout un monde de dettes (certainement couplé au chômage, aux faillites à venir et à la colère sociale : on parle d’une récession de 11 à 12 % et de la suppression de 800 000 emplois en France, soit 2,5% des emplois)… rien de très réjouissant !… d’autant qu’on en sait pas ce qu’il en sera dans quelques mois !


Pour autant, individuellement, nous pouvons agir : 

  • Nous pouvons agir, en tant qu’acteur économique, car nous choisissons ce que nous achetons ou consommons ou ce que nous décidons de ne plus acheter. Nous avons donc un pouvoir (même modeste) de changement individuel, pour faire avancer les choix de société.
  • Nous pouvons aussi agir, bien sûr, en tant que Chrétien : accepter d’entrer dans le monde nouveau de Dieu - le règne de Dieu - en osant la confiance en Dieu… qui nous permet de lâcher nos peurs. La question est là : Faut-il rester dans l’angoisse véhiculée par les médias ou nous mettre à l’écoute de l’Evangile qui nous propose un autre chemin ?


La Croix et la résurrection : symboles de l’advenue du règne de Dieu


Cette année, à cause du confinement, nous n’avons pas pu célébrer la fête de Pâques ensemble.  Mais, nous devons nous souvenir que cette fête est le symbole d’un retournement. 


Face à l’échec de la croix et de la mort du Christ… quand tout espoir était perdu… Dieu est venu ouvrir un nouveau possible, alors que tout semblait clôturé et achevé. 


La proclamation de la Résurrection opère une ouverture dans les contingences de ce monde.


Le règne de Dieu dont l’Evangile nous parle… et que nous attendons, ce n’est pas un règne glorieux… c’est peut-être d’abord la présence et l’amour de Dieu à accueillir en nous, dans notre intériorité.


Les disciples qui attendaient, en Jésus, un Messie triomphant et le rétablissement de la royauté d’Israël se sont trompés. Il ont été déçus et désemparés de faire l’expérience d’un Christ crucifié. … un Christ pour les petits, les humbles, les pauvres, les marginaux… crucifié comme un bandit ou un criminel.  


Et pourtant, la situation s’est retournée. 


Quelque jours après sa mort, le Christ est apparu comme vivant dans une autre sphère de réalité. Cette résurrection, au-delà de la mort physique, a renversé la foi des disciples. 

Les témoins de la résurrection ont pu avoir la conviction que la mort et la croix n’avaient pas eu le dernier mot… que Dieu avait relevé Jésus de la mort. 


Dès lors, l’advenue du règne de Dieu en Jésus Christ a été proclamée. 

A partir de cet évènement inouï, on s’est souvenu des paroles et des gestes du Christ. 


Ainsi donc, la proclamation de l’advenue du règne de Dieu a pu débuter : c’est la possibilité d’entrer dans le règne de la confiance ouvert par le Christ. 


Ne plus céder aux sirènes de la peur, de l’angoisse, de la mort… accepter de s’en remettre à Dieu… entrer dans la confiance de son règne en nous  … le laisser régner sur notre âme qu’il sauvera, puisqu’il nous aime comme un Père. 


Proclamer la Résurrection c’est tenir pour acquis que l’espérance est possible même quand il n’y a plus d’espérance ! 

Ce n’est rien d’autre qu’un acte de foi : croire en l’amour de Dieu, malgré la vulnérabilité et la mort. 


La confiance… malgré tout 


Un dernier mot pour conclure : 


Dans notre passage d’aujourd’hui, il est dit que «  rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est secret qui ne sera connu… »  (Mt 10,26)

quelles sont ces choses cachées désormais révélées ? 


Cette vérité que les disciples sont invités à intégrer et à proclamer, c’est que Dieu est un Père bien aimant, même dans les situations les plus dramatiques. 


Le joyau que contient l’Evangile de ce jour, c’est la merveilleuse déclaration d’amour paternel : 

« Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés. Soyez donc sans crainte. Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, je me déclarerai moi aussi pour lui devant mon Père qui est aux cieux ».


… Un Evangile qui nous ouvre à la confiance, quels que soient les événements extérieurs.


Amen.