Mt 14, 22-33
Lectures bibliques : Rm 6,
1-4 ; Mt 14, 22-33
Thématique : la confiance
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 21/08/11, Culte avec baptême de Roman.
Chers amis, frères et soeurs
Puisque ce matin nous accueillons et nous accompagnons
Roman, qui a reçu le baptême à la demande de ses parents, je vous propose de
méditer ensemble sur un thème primordial pour la vie chrétienne : celui de
la foi, plus précisément de la « confiance ».
Je voudrais commencer cette méditation par une question
importante que tout le monde peut se poser à la lecture de ce passage de
l’Evangile, une question un peu audacieuse pour nous protestant qui nous
appuyons sur l’autorité souveraine des Ecritures :
Faut-il faire confiance
à ce que l’évangéliste Matthieu nous raconte dans ce récit extraordinaire
?
En bon représentant du monde occidental, de la pensée
rationaliste du 21ème siècle, ne sommes-nous pas un peu gêné par
cette histoire qui nous fait part d’un événement surnaturel ?
Aussi, faut-il croire aux miracles pour pouvoir être touché
par ce récit biblique ?
Est-il nécessaire de penser que Jésus a vraiment marché sur
les eaux pour nous sentir concerné par ce texte de la Bible ?
Faut-il prendre tout ce que nous dit ce texte comme parole
d’Evangile ?
Je dirai : … Oui… si Parole d’Evangile veut dire que
s’y cache, pour nous, une Bonne Nouvelle, une Parole de vie.
Et …Non… si parole d’Evangile signifie qu’il faut tout
prendre au pied de la lettre, et avoir une lecture littéraliste ou
fondamentaliste de ce texte.
Comme de nombreux récits de miracles, le texte biblique que
nous avons entendu est le récit d’une histoire interprétée par un témoin de la
foi : l’évangéliste Matthieu.
Ce récit contient différents types d’éléments : des
éléments historiques – des faits réels – , des éléments légendaires – le
côté merveilleux du récit – , et des éléments symboliques – qui livrent le sens
profond du récit. Il n’est toutefois pas possible de les distinguer
complètement.
Alors, ce matin, je vous propose de dépasser le côté
historique et légendaire de cette histoire, pour tenter de nous plonger dans
une lecture symbolique du texte.
Précisément, qu’est-ce que cette histoire veut nous
dire ? et que peut-elle nous dire à nous aujourd’hui, dans notre existence
présente ?
Pour trouver des réponses, il faut d’abord s’interroger sur
la signification des différents éléments du récit :
Cette histoire se déroule sur la mer ou sur l’entendu d’un
lac. Pour les juifs du temps de Jésus et les premiers Chrétiens, la mer n’a pas
la même signification que pour nous aujourd’hui.
Si la mer nous fait plutôt penser aux vacances et à la
baignade, à un lieu de plaisir et de détente, dans le Judaïsme, et notamment
pour des pécheurs, elle représente quelque chose de dangereux, de risqué,
d’incertain. La mer symbolise un lieu potentiel de mort, un lieu menaçant pour
la vie, un lieu où la vie peut basculer, peut chavirer dans les ténèbres et la
profondeur des eaux glacées.
Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler les récits du
déluge ou du livre de Jonas.
Alors, quand l’évangéliste Matthieu nous raconte que Jésus
marche sur les eaux, il anticipe ici le récit de Pâques et de la résurrection
du Christ (ou plutôt, il opère une relecture à la lumière de Pâques). Oui,
Jésus est vraiment « Fils de Dieu », celui qui marche sur les eaux de
la mort, celui qui a vaincu la mort. En
dépit de la mort, il porte en lui la puissance de vie, la « puissance
d’être » qui surmonte la mort. C’est ce que déclare eux-mêmes les
disciples à la fin de l’épisode, dans leur confession de foi : « En
vérité, tu es Fils de Dieu ! »
(v.33).
Pour en arriver à cette conclusion, le récit décrit tout un
cheminement. Il nous parle d’abord de ce qu’est la foi, la confiance.
Il nous révèle - que la confiance permet d’opérer des
miracles : de vaincre tout ce qui est mortifère en nous-même ; - que
cette confiance, c’est la recette de la vie, de la vie en dépit de la mort ; - que cette confiance nous permet de
surmonter les difficultés et les épreuves de la vie malgré l’angoisse, malgré
le doute, malgré les vents
contraires.
Mais ce récit nous montre aussi que la confiance n’est pas
une chose simple, qu’elle nécessite un abandon, qu’elle nécessite un lâcher
prise, qu’elle nécessite d’oser s’en
remettre à un Autre pour sa propre vie.
Voilà que les disciples se retrouvent seuls, dans une
barque, en plein cœur de la nuit. Leur barque est tourmentée par l’agitation
des vagues et du vent. Voyant Jésus qui s’approche de leur embarcation, tel un
fantôme marchant sur la mer, la crainte les saisit.
La parole que Jésus leur adresse est un appel à la foi :
« Ayez confiance ; c’est moi ; ne craignez
pas ! » (v.27)
Cette parole de confiance, c’est exactement celle que nous
recevons le jour de notre baptême : par un geste d’amour, un signe
d’alliance qui est porté sur notre front, pour signifier que nous sommes
éternellement accueilli et aimé de Dieu ; pour signifier que Dieu est le
fondement et la source du « courage de la confiance ».
Alors Pierre – en réponse à cette parole de confiance –
demande à Jésus de l’appeler à lui. Et voilà qu’il descend de la barque, qu’il
marche à son tour sur les eaux, et s’approche de Jésus. Voilà que Pierre semble
cheminer dans la foi, en répondant à l’appel et à la confiance que lui adresse
Jésus.
Mais brusquement un événement inattendu se produit :
une tempête dans la vie de Pierre, une épreuve, une bourrasque, une difficulté
imprévue surgit – comme celles qui se présentent aussi à nous, parfois, dans
notre vie, lorsqu’il fait nuit.
Il est évidemment facile de croire, d’accorder sa confiance
à un Autre quand tout va bien. Mais quand un événement extérieur met notre vie
en branle, quand un événement imprévu s’impose à nous, quand une tempête balaie
notre vie, elle remet parfois en cause bien des choses.
Il est alors difficile de garder le cap de la confiance … de
la fidélité…
surtout si nous n’avons pas bien entendu, si nous avons mal
compris les paroles de Jésus, surtout si nous nous sommes trompés dans ce que
nous attendions de l’Autre.
Lui… nous promet son amour, son soutien, sa confiance. Nous,
en lui donnant notre confiance, nous attendions autre chose, nous attendions
qu’il nous protège aussi des vents et de la tempête.
Alors, quand le vent arrive, la peur surgit, et avec elle,
l’incertitude, le doute, le découragement…. Et même la remise en cause de la
Parole de l’Autre.
Mais quelle était cette Parole justement ?
La promesse de Jésus se résume en deux mots : ayez confiance ! (v.27). Jésus – en tant qu’il est
« Fils de Dieu », celui qui révèle le Père et le rend manifeste – ne
promet pas à Pierre que sa vie ne sera pas traversé de tempêtes ou de
difficultés. Mais il dit à Pierre :
« Quoi qu’il t’arrive, ne craint pas, aie confiance,
remets t’en à moi. Dans ta vie, dans les joie comme dans les épreuves, je suis
avec toi, je marche à tes côtés, aie confiance. Je ne te promets pas de te
protéger de toute épreuve, mais de
t’accompagner dans toute
épreuve ».
Mais Pierre – l’apôtre toujours un peu fonceur, le fougueux
Pierre – n’a sans doute pas bien entendu.
La joie et les premiers pas de la confiance sont mis à rude
épreuve par le vent qui souffle fort.
Face au vent, la crainte et le doute remplacent alors la
confiance. Et Pierre commence à s’enfoncer dans l’abîme des eaux.
En méditant ce texte, une question s’offre à nous :
Pourquoi Pierre sombre-t-il, pourquoi s’enfonce-t-il dans les eaux ?
Pour répondre à cette question, il faut réfléchir à ce qui
se joue dans cette histoire. Ce texte de l’évangile nous parle de la confiance,
de la foi. Alors quand Pierre s’enfonce dans la mer, cela manifeste quelque
chose qui s’oppose à la foi, une situation qui est le contraire de la foi.
Précisément, quel est l’événement déclencheur ? Et
qu’est-ce qui peut bien s’opposer à la foi ?
Au premier abord, on pourrait penser que c’est la peur et le
doute qui font couler Pierre.
Mais je crois que la réponse n’est pas là. Le doute n’est
pas le contraire de la foi.
Le doute montre, au contraire – de manière paradoxale – que
ce qui concerne notre foi a un caractère infini, ultime, inconditionné,
insaisissable. Le doute révèle le sérieux de notre foi. Il révèle que la foi
n’est pas quelque chose que nous possédons – pas plus que l’amour d’ailleurs.
Nous ne possédons pas l’amour, nous ne possédons pas la foi. Il est faux de penser que nous avons la foi. La foi n’est pas de
l’ordre d’une possession, elle ne relève pas d’un objet que nous pouvons
saisir.
Au contraire, dans la foi, quelque chose – ou plutôt
quelqu’un – se saisit de nous.
La foi consiste à être saisi par une « préoccupation
ultime », à être saisi par l’Esprit, à être travaillé par Dieu.
Et cette foi, ce sillon qui se creuse en nous, cette action
de l’Esprit qui travaille intérieurement en nous et oriente peu à peu notre
vie, ne fonctionne pas sans le doute, car nous nous interrogeons sur cette
action secrète de l’Esprit et – le plus souvent – nous lui résistons.
Dans la foi, nous sommes, en même temps, en relation avec
Dieu et séparé de Lui. Le doute est précisément la conséquence de cette
séparation. Le doute fait partie de la foi. Il permet le questionnement ;
il permet à la foi de ne pas tomber dans le fanatisme.
Alors, nous en revenons à notre question : si ce n’est
pas le doute, qu’est-ce qui fait couler Pierre ?
Le texte nous parle de l’effet sur Pierre d’un évènement
extérieur : « Voyant le vent, il eut peur » (v.30).
Le vent suscite la peur. La peur réveille chez Pierre
quelque chose de latent, quelque chose qui est au fond de lui. La peur révèle
le manque de foi, l’incrédulité, l’incroyance fondamentale de Pierre.
La peur et le doute ne constituent pas ici la cause profonde
de la noyade de l’apôtre Pierre, mais ils sont les révélateurs d’un mal plus
profond. Ce mal, c’est le « Péché » fondamental de l’homme :
l’incroyance – l’incrédulité – le fait de devenir, ou d’être devenu, étranger à
Dieu, et de prendre soi-même sa place : la première place.
L’incroyance, c’est le contraire de la foi. C’est le fait de
vivre séparé de Dieu, comme si nous étions nous-mêmes totalement indépendants
et auto-suffisants ; c’est le fait de ne pas vivre en communion avec Lui,
et de ne pas parvenir à nous remettre totalement à lui.
L’incroyance, c’est le germe du péché en nous. Ce péché
consiste à nous éloigner de Dieu (cf. Lc 15, 13. 18) et à prendre nous-même la
place de Dieu, la place que Dieu devrait occuper au centre de notre vie.
Lorsque nous ne mettons pas Dieu au centre, nous nous
élevons nous-même à sa place. Nous finissons par nous considérer nous-mêmes comme
notre propre fondement, comme dieu à la place de Dieu (cf. Gn 3, 5), et dans
cette situation, nous ramenons aussi le monde à nous, et nous nous faisons non
seulement le centre de nous-même, mais aussi le centre de notre monde.
Comment cela se manifeste-t-il dans notre récit ?
En demandant à faire comme Jésus, il semble bien que Pierre
prétende pouvoir occuper la même place de lui.
En formulant sa demande d’aller rejoindre Jésus, non
seulement, il parait émettre un doute sur l’identité de Jésus – « Si
c’est bien toi – dit-il – que je puisse, moi aussi, venir vers toi sur les eaux »
(v. 28) – mais, il semble également vouloir garder la maîtrise de la situation,
la contrôler, en instrumentalisant Jésus au service de sa propre personne…
comme s’il s’agissait pour lui, avant tout, d’occuper la même position que Jésus.
Mais cette prétention ne dure pas longtemps : La
violence du vent vient rapidement rappeler le disciple à la réalité.
Lorsque la peur saisit Pierre – révélant l’extrême fragilité
de sa foi – il sombre peu à peu dans la mer.
C’est là, paradoxalement, au creux de la vague, qu’une
confiance surgit : « Seigneur, sauve moi ! » crie-t-il
(v.30).
Assailli par l’épreuve, Pierre appelle à l’aide, il crie son
espérance.
Au cœur du doute, il sort de lui-même, il confesse sa
confiance. Il donne enfin sa confiance à un Autre que lui pour son salut.
La confiance de Pierre en lui-même, n’a donc pas suffit à le
faire marcher sur les eaux.
En sombrant, il se rend compte que la confiance en soi,
l’affirmation de soi, sont certes nécessaires, mais qu’elles restent
insuffisantes, si elles ne reposent pas sur un véritable fondement, sur un
fondement inébranlable : la foi en Dieu Sauveur, révélé par Jésus Christ.
Il faut s’arrêter un instant sur ce cri de Pierre… ce cri de
détresse et de confession de foi, qui traduit un aveux, un lâcher prise et une
remise.
Précisément, la confiance consiste, à la fois, en une
reconnaissance, un abandon et un don :
- La reconnaissance est le 1er mouvement de la
confiance. Elle signifie : « je me sais : homme, femme, tel que
je suis. Je reconnais mes fragilités, mes limites. Je sais que je ne suis pas
tout, et que je ne peux pas tout maîtriser ».
- L’abandon est le 2ème mouvement de la
confiance. Il traduit un lâcher prise, un relâchement, une ouverture.
S’abandonner, c’est se mettre sous le regard d’un Autre, sous son pouvoir, sous
sa protection bienveillante.
Il signifie :
« je ne suis pas seul, je ne suis pas le centre de ma vie, je peux
abandonner ce que je suis, ma vie, le soucis de ma vie, mes préoccupations,
moi-même, à un Autre qui m’aime et qui me sauve tel que je suis ».
- Le don est le 3ème mouvement de la confiance.
Il consiste en une réponse et une remise.
Parce que l’amour de Dieu me précède, parce que je me sais
aimer de lui, sans réserve, sans condition, je peux répondre à sa proposition
d’alliance, m’en remettre à lui, me confier à lui pour ma vie.
Me con-fier : cela
signifie me « fier avec », c’est-à-dire, me lier avec Dieu,
m’attacher à lui, m’en remettre à sa fidélité, compter sur lui.
Parce que l’amour de Dieu est fidèle, je peux répondre à sa
fidélité, vivre en communion avec lui, m’appuyer sur lui dans tous les
évènements de ma vie.
Malgré les difficultés, malgré les vents contraires, je peux
vivre dans cette confiance en celui qui me donne le « courage d’être »,
le courage de vivre, le courage de surmonter les épreuves, parce qu’il les
partage avec moi, à mes côtés.
La confiance, c’est donc une reconnaissance, un abandon et
un don. Mais s’abandonner pour se donner à un Autre constitue un risque. Donner sa confiance nécessite
d’abord d’envisager la possibilité de la confiance.
Prendre le risque de la confiance nécessite d’avoir confiance en la confiance, d’oser
s’engager dans le chemin de la confiance.
Lorsqu’on a vécu des déceptions, des ruptures, des trahisons
personnelles, il est toujours difficile d’oser donner sa confiance à un Autre.
Pour autant, dans la foi véritable, la foi en Dieu, ce
risque est dépassé par la certitude que Dieu est lui-même à l’initiative de cette confiance, qu’il est le premier à venir
vers nous, pour nous offrir son amour, sa confiance, sa réconciliation.
Dès lors, notre confiance ne consiste qu’à répondre à sa confiance, à nous confier
à Lui, à Lui qui est lui-même la source
du « courage de la confiance ».
Autrement dit, la confiance est une acceptation. Dieu nous
accueille et nous accepte tels que nous sommes.
Mais nous… acceptons-nous son acceptation ?
acceptons-nous d’être accepté par lui, même si nous nous savons, à certains
moments, inacceptables, imparfaits, incrédules ?
Ce matin, au milieu des flots, de l’agitation et du remous
de notre existence, Dieu, par son Fils Jésus Christ, nous tend la main et nous
saisit dans la foi. Il nous tire jusqu’à lui et nous donne la force de
continuer notre chemin avec Lui, à travers les épreuves de la vie.
« Aie
confiance ! c’est moi ! ne craint pas ! » (v.27)
Voilà l’appel que le Seigneur nous adresse pour notre vie.
Comme au jour de notre baptême, et jour après jour, Dieu
nous offre sa Parole d’alliance.
En plongeant dans l’eau du baptême, dans la mort et la
résurrection du Christ, nous sommes appelés, nous aussi, à devenir les
participants d’une nouvelle réalité en Christ, d’une nouvelle réalité enracinée
dans la confiance et la communion avec Dieu.
Acceptons nous de répondre à la confiance que Dieu nous
offre ?
Acceptons nous de vivre de cette confiance ?
Acceptons-nous de nous laisser transformer par elle ?
Amen !
P.L.
Cet état de péché la
théologie (cf. P. Tillich) l’a décliné à travers trois termes : l’incroyance
– qui décrit le contraire de la foi, l’éloignement d’avec Dieu –, l’orgueil ou
l’
hubris – qui traduit l’élévation de
soi à la place de Dieu –, la concupiscence – qui manifeste le fait de ramener
le monde et les autres à soi même.
Lorsqu’on utilise le mot « péché », il ne faut pas
le réduire à une faute morale ou comportementale. Il ne faut pas confondre le
péché (au singulier) et les péchés (au pluriel). Les péchés, ce sont des actes
répréhensibles, des actions mauvaises. Le péché, lui, décrit d’abord un
état : c’est l’état de l’homme qui vit éloigné de Dieu dans
l’existence : l’état de l’homme qui n’est pas ce qu’il devrait être, parce
qu’il manque sa cible, son but, sa pleine humanité, il perd l’authenticité de
ses relations aux autres, lorsqu’il veut afficher sa supériorité, en oubliant
sa relation à Dieu – son fondement – la source de « l’amour du
prochain ».
L’image biblique de Jésus nous montre, au contraire, l’Homme
tel qu’il devrait être : un homme pleinement en relation avec le Père, en
communion permanente avec Lui.
Parce que Jésus, en tant que Christ, instaure une nouvelle
réalité, l’apôtre Paul l’appelle le Nouvel Adam, c’est-à-dire l’Homme Nouveau
uni à Dieu.
C’est à cette nouvelle réalité de l’Homme uni au Père, que
le Chrétien – le baptisé en Christ (Rm 6) – peut désormais participer.
C’est ainsi que l’apôtre Paul
parle du baptême dans sa lettre aux Romains (Rm 6). Pour Paul, le baptême
associe le baptisé à la mort et à la résurrection de Jésus le Christ. Il
signifie un engloutissement et une nouvelle naissance :
Uni à Jésus le Christ dans sa
mort, le baptême est un ensevelissement, un engloutissement du vieil homme, de
l’homme pêcheur, c’est-à-dire du pouvoir de la mort et de tout ce qui est
mortifère, qui me rend esclave, m’éloigne de Dieu et m’enferme dans la
culpabilité.
Uni à Jésus le Christ, dans sa
résurrection, le baptême est l’offre d’une nouvelle naissance, qui me fait
renaître à une vie nouvelle en relation avec Dieu, dans laquelle je peux vivre
l’Evangile de la grâce en toute liberté, dans la foi et la responsabilité.
Ce baptême compris comme un engloutissement et un appel à
une vie nouvelle, vécue dans la confiance, c’est ce qui est proposé à tout
Chrétien et ce qui est offert aujourd’hui à Roman.
Ce passage de la mort à la vie, de la servitude du péché à
la liberté de la foi, c’est aussi, d’une certaine manière, ce qui arrive à
Pierre dans ce récit.