dimanche 15 août 2021

La sainte Marie et la communion des saints

 Lectures bibliques :Lc 1, 26-38 ; Lc 11, 27-28 ; Mt 5, 1-10 ; 1 Co 12, 4-7 ; 12-20 ; 26-27. (voir en bas de cette page) / louange : lecture du Magnificat.

Thématique :Marie, croyante exemplaire & la communion des saints

Prédication de pascal LEFEBVRE / Bordeaux – temple du Hâ, le 15 août 2021

 

Je vous parlerai ce matin de « Marie », de « sainteté » et de « communion des saints »

 

* Cette année le 15 Août tombe un dimanche. C’est l’occasion - pour une fois, lors d’un culte - de parler un peu de Marie, la mère de Jésus de Nazareth. 

Pour les Protestants, Marie n’est pas un personnage pour lequel nous exprimons une forme de piété ou de dévotion, bien qu’elle ait certainement été une sainte femme … mais là encore il nous faudrait définir le mot « saint » ou « sainte », puisqu’on sait que les Protestants ne vénèrent pas les saints. 

 

Pour les Catholiques et les Orthodoxes, c’est très différent. L’Assomption de Marie, qui est appelée aussi Dormition dans la tradition orientale, est la croyance religieuse selon laquelle Marie ne serait pas morte comme tout un chacun, mais serait entrée directement dans la gloire de Dieu. Autrementdit, elle serait « montée au ciel ». La tradition ne dit pas si elle est décédée avant son Assomption, ou si elle a été élevée avant sa mort.

 

Cette croyance n’a pas de fondement scripturaire. Elle est, malgré tout, très ancienne dans la tradition des Églises d’Orient comme d’Occident. Elle aurait généré une fête liturgique dès le 8èmesiècle. 

 

Elle est devenue un dogme religieux – bien plus tard – en 1950 sous le Pape Pie XII. Ainsi, nos frères catholiques célèbrent liturgiquement l’Assomption de la Sainte Vierge-Marie lors de la messe solennelle du 15 août, qui s’accompagne parfois de processions religieuses. (note [1])

 

D’un point de vue dogmatique, il faut comprendre que l’idée de l’assomption découle en fait logiquement de la proclamation (un siècle plus tôt, en 1854) du dogme de l’immaculée conception.

Il s’agit de l’idée que Marie – comme Jésus, son fils – serait née sans péché. 

Ayant été ainsi préservée du péché originel et n'ayant commis aucun péché personnel, elle aurait été élevée – corps et âme – à la gloire du ciel, après la fin de sa vie terrestre. 

C’est en tout cas ce qu’a déclaré le pape Pie XII en 1950. 

 

Il est intéressant de connaitre ces choses pour sa culture générale, mais cela ne présente pas vraiment un intérêt du point de vue Protestant ou plutôt en tant que lecteur de l’Évangile. 

 

* Ce qui nous intéresse, c’est davantage de savoir : qu’est-ce que l’Évangile dit de Marie ? 

Et là, on s’aperçoit que c’est surtout pour parler de l’identité de Jésus qu’on fait référence à Marie. 

 

On aurait pu choisir plusieurs passages du NT : l’annonciation (dont nous avons entendu un extrait), mais aussi la visitation, avec le fameux « Magnificat » (que nous avons entendu lors de la louange), qui a été composé à partir d’une mosaïque de textes de l’Ancien Testament.

 

On pourrait aussi longuement débattre sur la question de la virginité de Marie… mais je vous propose de garder cette question pour une autre fois, car je souhaiterais parler d’une autre thématique : la notion de sainteté. 

 

Ce qui peut nous intéresser ce matin, c’est la description qui est faite de Marie, comme figure d’obéissance, comme figure de la croyante exemplaire : celle qui dit « oui » à Dieu, qui consent à ce qui lui arrive. 

 

Dans le premier chapitre de Luc, elle répond simplement au messager (à l’ange Gabriel) qui annonce la naissance de Jésus, son fils : « Je suis la Servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit ! »

 

Cela me semble assez extraordinaire. Un messager lui annonce quelque chose d’énorme : elle va se retrouver enceinte, par l’opération du saint Esprit… son fils sera le Messie tant attendu, le descendant du trône du roi David… il sera même appelé le « fils du très haut » ou encore le « fils de Dieu » … et elle, elle dit simplement (d’après Luc) : Qu’il en soit ainsi ! Je fais confiance à Dieu !

 

Je ne suis pas sûr – en ce qui me concerne… et peut-être plus largement, en ce qui nous concerne – que l’un ou l’autre, nous réagirions avec une telle foi, un tel niveau d’acceptation, si un messager de Dieu nous annonçait quelque chose d’inouï. 

On a souvent tendance à émettre des objections, quand quelque chose d’inattendu vient nous déranger !

 

A n’en pas douter, Luc fait donc de Marie, la figure phare et féminine du croyant exemplaire. 

Elle incarne celle qui n’a rien, mais qui attend tout et accepte tout de Dieu : 

Rien ne distingue cette jeune femme des autres, elle semble sans importance, parce qu’elle est née dans une bourgade insignifiante, certainement d’une famille simple. Rien ne la distingue, ni statut particulier, ni compétence, ni qualité, sinon sa foi, sa confiance en Dieu. 

 

Elle consent simplement – parce qu’elle fait confiance – à devenir un instrument de Dieu, une agente du projet divin. 

Et on comprend dans le Magnificatqu’elle loue un Dieu qui renverse les certitudes, les privilèges et les ordres établis, et qui bouleverse les valeurs du monde. Elle est donc prête à tout pour servir Dieu. 

 

Précisément, Luc présente Marie comme une jeune femme disponible, prête à participer au projet divin, parce qu’en fait, elle est en attente. 

 

Marie est présentée comme la personnification symbolique du peuple Juif qui « attend » le Messie. Elle est représentée comme la « Fille de Sion ».

Or – comme les prophètes l’avaient annoncé – il avait été promis à cette Fille de Sion qu’elle aurait Dieu en son sein (So 3, 14), qu’elle enfanterait (Mi 4, 10) et qu’elle donnerait naissance au Messie (Es 7, 14).

En ce sens, l’évangéliste Luc – affirmant l’accomplissement et la réalisation des paroles des prophètes en Jésus le Christ – va reporter sur Marie – sa mère – toutes les caractéristiques que les Écritures (l’Ancien Testament) attribuaient à cette Fille de Sion. (note [2])

 

* On peut donc dire que Marie est un personnage à part. C’est sans doute la raison pour laquelle certains en ont fait une sainte … en mettant en avant, d’une part, sa vertu, sa vie irréprochable, sa foi et sa patience… et, d’autre part, en faisant d’elle, après sa mort, l’objet (ou plutôt le sujet) d’un culte public, en raison de la perfection chrétienne qu'elle aurait atteinte durant sa vie… dont chacun est appelé à s’inspirer. 

 

Les Catholiques romains ont ainsi développé une forme culte dédié à Marie – une sorte de « Mariolatrie » – en la désignant comme la « reine du ciel » et en récitant des rosaires. 

Certains la présente même comme la très sainte « mère de Dieu ». 

 

Évidemment, les Protestants ont protesté. Ce qui a fait dire à Alexandre Vinet au 19esiècle : « un Évangile qui adore la Vierge, qui la fait entrer en part de la puissance médiatrice et de la divinité du Messie, est un autre Évangile que celui de Jésus-Christ » (Semeur, Tomme XII, p.174) (note [3]).

 

Cela révèle, en effet, quelques points de désaccords avec nos frères Catholiques. 

 

Curieusement – et pour revenir à nos lectures d’aujourd’hui - il semble qu’on ait une sorte d’écho de cette admiration envers Marie parmi les 1èreschrétiennes [à moins que ce soit simplement une marque de révérence habituelle dans le judaïsme], puisque Luc raconte les mots d’une femme admirative qui s’écrit en parlant à Jésus : « heureuse celle qui t’a porté et allaité » : une manière de flatter Jésus ou de l’approuver publiquement.  

 

Mais Jésus – insensible aux honneurs – recadre aussitôt le propos, en répondant que le bonheur ou plutôt le bon chemin (celui de la foi et de l’obéissance : celui qui mène à Dieu, à la félicité), c’est d’abord et avant tout d’écouter et d’observer la parole de Dieu (cf. Lc 11, 27-28).

 

Autrement dit, être « saint » pour Jésus, ce serait d’abord se mettre à l’écoute de la volonté de Dieu, de lui faire confiance pour sa vie, de rechercher le bien et la justice dans notre vie quotidienne… Il ne s’agit pas d’une perfection morale, d’être irréprochable… mais d’accomplir sa vocation de croyant, d’homme ou de femme de foi. 

 

* Et c’est là où je voulais en venir avec vous aujourd’hui, dans cette méditation. Nous sommes appelés à être des saints, nous aussi. 

 

On trouve ces paroles adressées aux croyants dans le livre du Lévitique ou dans le sermon sur la montagne : 

« Soyez saints, car je suis saint, moi, le Seigneur, votre Dieu » (cf. Lv 19,2)

Soyez « parfaits [achevés, adultes], comme votre père céleste est parfait » disait Jésus (cf. Mt 5,48). 

 

Dans notre Église Protestante, nous ne mettons pas en avant des personnages pour leur vie exemplaire, bien que nous ayons peut-être nos saints, nous aussi (d’une certaine manière) [qui sont plutôt des grands témoins de la foi] : Luther, Calvin, Martin Luther King ou d’autres encore. 

 

Nous n’avons pas de procédure de béatification ou de canonisation comme dans l’Église catholique… procédures qui visent à proclamer « bienheureux » ou « saints » certaines personnes pour la cohérence de leur vie et leurs réalisations altruistes, comme mère Theresa, par exemple. 

 

Il n’en demeure pas moins que – depuis notre baptême – nous sommes appelés à la sainteté… mais encore faut-il comprendre de quelle « sainteté » on parle. 

 

« Être saint » cela ne veut pas dire être irréprochable, s’approcher d’une perfection ou d’une sainteté morale, plus ou moins inatteignable… et sans doute impossible à vivre pleinement.

 

Non !...  « Être saint » c’est d’abord – et bien plutôt – mettre Dieu au centre, être préoccupé par l’Évangile, être animé par l’Esprit de Dieu, par sa Parole. Cela veut dire se consacrer… s’attacher… à suivre le Christ… pour réaliser et accomplir notre vocation d'enfants de Dieu. 

 

C'est le sens du mot "parfait"… dans l'invitation "soyez parfaits" (Mt 5,48) : non pas "impeccables", "irréprochables"… mais "accomplis", "achevés", "adultes" dans la foi. 

 

Être saint - pourrait-on dire - c’est se mettre à l’écoute de l’Évangile du Royaume – du règne nouveau de Dieu - et d’essayer de l’incarner dans sa vie, de le mettre en pratique à chaque occasion dans nos relations aux autres. 

 

« Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout le reste vous sera donné par surcroît » disait Jésus (cf. Mt 6,33).

 

* En entendant les Béatitudes – ce matin – nous réalisons bien qu’il s’agit d’un chemin. 

La sainteté ou le vrai bonheur sont d’abord reliés à la question de la recherche du bien. 

 

Pour le Christ, il n’y a de chemin de bonheur que dansla solidarité avec les frères… qu’à traversdes relations harmonieuses et ajustées à autrui.

C’est pourquoi le bonheur ne peut pas être séparé de la préoccupation de la justice : 

« Ils sont en chemin / ils sont heureux… ceux qui ont faim et soif de la justice… car ils seront rassasiés » (cf. Mt 5,6).

« Ils sont en chemin / ils sont heureux … ceux qui sont persécutés pour la justice/ à cause de la justice… car le royaume des cieux est à eux » (cf. Mt 5,10).

 

Le chemin du bonheur – ou de la sainteté – dont parle Jésus, se construitavecl’autre… jamais à ses dépens, sur son dos ou contre lui.

Le vrai bonheur s’inscrit dans la justesse et la justicede la relation à l’autre. 

 

Ce bonheur solidaire (toujours conjugué au pluriel) est compris comme une dynamique, unchemin… en devenir, en construction… un bonheur en train d’advenir… du moment qu’on s’inscrit dans une vie juste. 

Et la promesse, c’est ce que ce chemin des justes (cf. aussi Ps 1) conduit à une proximité avec Dieu, exprimée par l’entrée dans le règne de Dieu (cf. Mt 5,10). 

 

C’est sans doute en référence à cela que l’Église catholique annonce chaque année des « béatifications » comme une étape préalable à d’éventuelles « canonisation ». Le pape proclame ainsi telle ou telle personne défunte comme « bienheureuse », en référence à sa vie… à cette dynamique du bonheur des « justes » des Béatitudes. (Note [4])

 

On trouve ici – je crois – l’idée de communion des saints : il y a une communion, sur terre et dans le ciel, de ceux qui recherchent le règne et la justice de Dieu : Ceux qui vivent cette quête d’un chemin de justice (avec ses joies et ses croix) ici-bas sur terre, reçoivent la promesse d’une communion avec ceux qui sont déjà « bienheureux » dans le ciel, avec ceux qui vivent une forme de béatitude dans l’éternité de Dieu. 

 

* A côté des Béatitudes, nous avons aussi entendu un extrait de la 1èrelettre de Paul aux Corinthiens. Ce passage peut également nous permettre d’approfondir cette idée… cette conception d’un bonheur « en communion » avec les autres. 

 

L’apôtre Paul présente l’Église – la communauté des Chrétiens – comme un « corps » : un corps guidé par le même Esprit – l’Esprit saint, l’Esprit de Dieu – dont chacun est membre à part entière… un membre avec ses charismes et ses dons particuliers, au service du corps du Christ. 

« Nous avons été baptisés dans un seul Esprit pour être un seul corps » – dit Paul. Et il ajoute, plus loin : « Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous les membres partagent sa joie. Vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part » (cf. 1 Co 12, 13. 26-27). 

 

Ce que Paul met ici en avant, c’est la communion et la solidarité – solidarité de destin – entre les membres de la communauté chrétienne, appelés à former « le corps du Christ ».

 

Ici encore… ce n’est pas l’image d’un bonheur individualiste (« chacun pour soi ») que le Nouveau Testament nous livre, mais, au contraire, le lieu d’un partage, d’une interdépendance, d’un lien fraternel et mutuel qui unit chaque membre de la communauté… appelé à interagir : à compatir ou à se réjouir avec son frère, en partageant sa souffrance ou sa joie… à l’image des membres unis et solidaires d’un même corps. 

 

* Cette comparaison, cette image du « corps », peut, bien sûr, nous éclairer pour comprendre ce que signifie l’idée de « communion des saints » qui fait partie de notre Crédochrétien (Note [5])… et qui est sous-jacente à cette pratique catholique de « canonisation ».  

 

La notion de « communion des saints » regroupe deux réalités : 

 

- Premièrement, l’expression désigne la communion qui rattache les croyants, vivants dans le monde, avec le Christ et entre eux. 

La communauté des saints (communio sanctorum), c’est d’abord (et tout simplement) la communauté des croyants (communio fidelium), appelés à participer au Christ (Note [6])… appelés à suivre la voie tracée par Jésus (même si les croyants que nous sommes, demeurons toujours pécheurs). 

 

Bien qu’étant imparfaits… bien que connaissant encore « fausses routes » et « péché »… les croyants sont libérés par la foi, ils sont appelés à se mettre à l’écoute de Dieu, pour laisser son Esprit Saint agir et régner en eux, dans leur cœur. 

C’est cet Esprit saint – le souffle du Dieu « saint » – qui fonde la communauté des saints.

 

- Deuxièmement, l’expression désigne aussi le lien – la communion – que les croyants d’aujourd’hui, peuvent entretenir avec les croyants d’hier, avec ceux qui nous ont précédés dans la foi… qui ont vécu une vie juste et qui ont trouvé – nous l’espérons – leur accomplissement en Dieu, à l’image du Christ Ressuscité.

 

En ce sens, la « communion des saints » signifie la communion avec « les saints dans le ciel », avec « les Justes » de tous les temps, qui sont déjà participants au salut divin.(Note [7])

Elle soutient l’idée que les croyants, de toutes les époques, sont liés, car animés du même Esprit : du souffle de Dieu qui agit dans le cœur de celles et ceux qui placent – qui ont placé, ou qui placeront – leur confiance en Dieu. 

 

A la différence du Catholicisme, le Protestantisme ne conçoit pas de prière pour les morts ou pour les saints d’autrefois. 

Mais, ce n’est pas parce que nous ne vénérons pas les saints du passé, qu’euxne peuvent pas s’intéresser à nous. 

Au contraire, parler de « communion des saints » laisse entendre que les saints qui sont morts – les croyants et les justes d’hier – peuvent agir et intercéder pour les croyants d’aujourd’hui… depuis la sphère spirituelle, depuis là où ils vivent désormais : dans l’éternité de Dieu. 

 

Autrement dit, l’idée de « communion des saints » véhicule un principe de solidarité, de communion de destin entre les croyants. C’est l’idée que dans la foi, une union spirituelle et mystique peut s’établir entre tous les croyants, de tous les temps…. entre l’ensemble des fidèles, au-delà de l’espace et du temps. 

 

En tant que baptisés, frères et sœurs en Christ, nous pouvons donc nous appuyer les uns sur les autres, aujourd’hui et demain. Nous sommes enfants de Dieu, membres d’une même famille, unis au Christ durant notre vie terrestre et au-delà. 

 

* Pour conclure…  il faut ajouter que - en tant que Protestants - nous ne sommes pas forcément très à l’aise avec cette idée de « communion des saints » à travers les temps et les générations. Mais, je crois que cette communion dans la foi vient nous rappeler quelque chose d’essentiel : 

 

En tant que baptisés, nous faisons partie d’une même famille, d’un même corps. Nous sommes animés par le même Esprit. 

Cet Esprit atteste à notre esprit que nous sommes aimés, que « nous sommes enfants de Dieu » (cf. Rm 8,16), aujourd’hui et demain, quel que soit notre parcours, quelles que soient nos réussites ou nos errances. 

 

Parce que nous sommes aimés de Dieu, nous n’avons pas à chercher à mériter notre salut, en nous préoccupant de nous-mêmes, nous sommes libérés par la grâce de Dieu, pour agir en faveur d’autrui, dans le monde… pour expérimenter ce bonheur solidaire des Béatitudes.

 

Le Nouveau Testament nous le redit aujourd’hui : A l’image de Marie, nous pouvons répondre « oui » au « oui » de Dieu, qui nous appelle et nous envoie dans le monde pour mettre en œuvre sa Parole, pour rechercher la justice et participer à ce bonheur altruiste, en relation avec les autres. 

 

Appelés à la sainteté, et soutenus certainement par les saints de toutes les générations qui peuvent nous éclairer spirituellement, nous n’avons plus qu’à consentir – comme Marie – à vivre dans une pleine confiance en Dieu… et à nous ouvrir comme le Christ à l’Esprit de Dieu. Le Seigneur nous envoie pour proclamer et accomplir son amour dans le monde. 

 

Amen. 

 

Textes bibliques 

 

Lc 1, 26-38 - Annonce de la naissance de Jésus

26Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth, 

27à une jeune fille accordée en mariage à un homme nommé Joseph, de la famille de David ; cette jeune fille s’appelait Marie. 

28L’ange entra auprès d’elle et lui dit : « Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi. » 

29A ces mots, elle fut très troublée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. 

30L’ange lui dit : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. 

31Voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. 

32Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; 

33il régnera pour toujours sur la famille de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » 

34Marie dit à l’ange : « Comment cela se fera-t-il puisque je n’ai pas de relations conjugales ? » 

35L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi
et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ;

c’est pourquoi celui qui va naître sera saint et sera appelé Fils de Dieu. 

36Et voici que Élisabeth, ta parente, est elle aussi enceinte d’un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, elle qu’on appelait la stérile, 

37car rien n’est impossible à Dieu. » 

38Marie dit alors : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit ! » Et l’ange la quitta.

 

Lc 11, 27-28 - Le vrai bonheur

27Or comme il disait cela, une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit : « Heureuse celle qui t’a porté et allaité ! » 

28Mais lui, il dit : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l’observent ! »

 

Mt 5, 1-10 -Les béatitudes

1A la vue des foules, Jésus monta dans la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. 

2Et, prenant la parole, il les enseignait :

3« Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux.

4Heureux les doux : ils auront la terre en partage.

5Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés.

6Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés.

7Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde.

8Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu.

9Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu.

10Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux.

 

1 Co 12, 4-7 ; 12-20 ; 26-27 - Les dons de l’Esprit - Diversité des membres et unité du corps

4Il y a diversité de dons de la grâce, mais c’est le même Esprit ; 

5diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur ; 

6diversité de modes d’action, mais c’est le même Dieu qui, en tous, met tout en œuvre. 

7A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous. […]

12En effet, prenons une comparaison : le corps est un, et pourtant il a plusieurs membres ; mais tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps : il en est de même du Christ. 

13Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit. 

14Le corps, en effet, ne se compose pas d’un seul membre, mais de plusieurs. 

15Si le pied disait : « Comme je ne suis pas une main, je ne fais pas partie du corps », cesserait-il pour autant d’appartenir au corps ? 

16Si l’oreille disait : « Comme je ne suis pas un œil, je ne fais pas partie du corps », cesserait-elle pour autant d’appartenir au corps ? 

17Si le corps entier était œil, où serait l’ouïe ? Si tout était oreille, où serait l’odorat ? 

18Mais Dieu a disposé dans le corps chacun des membres, selon sa volonté. 

19Si l’ensemble était un seul membre, où serait le corps ? 

20Il y a donc plusieurs membres, mais un seul corps. […]

26Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est glorifié, tous les membres partagent sa joie. 

27Or vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. 



[1]. Il semble que cette date du 15 Aout soit en fait très ancienne. Au départ, sans référence à l’assomption, cette date serait celle de la consécration à Jérusalem de la première église dédiée à Marie, « mère de Jésus, fils de Dieu », au 5esiècle, après le concile d’Ephese (431).

 

[2]Ainsi, le Livre d’Esaïe (7,14) – dans la version grecque (LXX) – précise que la Fille de Sion est « vierge ». C’est pourquoi Luc (Lc 1,30-34), en citant le texte d’Esaïe, présente Marie comme « vierge ». D’après Zacharie (Za 9,9), la Fille de Sion était appelée à se réjouir et à « exulter » parce qu’elle attend le Messie. De la même manière, Marie va « exulter » parce qu’elle attend le Messie (Lc 1,28-30). Sophonie (So 3,16-17) précise que la Fille de Sion porte « au milieu d’elle » Dieu, son « Sauveur ». De même, Luc (l,31) précise que Marie conçoit en son sein un fils auquel elle donne le nom de Jésus, qui veut dire « Dieu Sauveur ». Esaïe (7,14) précise que la Fille de Sion donnera aussi le nom d’« Emmanuel » (c’est-à-dire « Dieu avec nous ») à l’enfant-Messie qu’elle attend. Donc, de même, Jésus sera appelé, non seulement Jésus, mais aussi « Emmanuel » (cf. Mt 1,23). 

[4]Depuis 2013, le pape François a béatifié 1249 personnes. Il s’agit d’hommes ou de femmes qui sont présentés comme des modèles évangéliques… c’est-à-dire qu’ils n’ont pas seulement cultivé leur propre jardin, ils se sont attachés à cultiver le jardin du Royaume, ils ont travaillé pour la vigne du Seigneur, en agissant pour autrui. 

[5]La « communion des saints » est un des articles de foi du Symbole des Apôtres. Cette doctrine, appelée aussi dogme du « corps mystique » (essentiellement dans le catholicisme et l’orthodoxie) repose entre autres sur une interprétation de 1 Co 12. 

[6]Participation à l’Eglise du Christ… à la personne du Christ… à sa vie et à son salut. Pour les Réformateurs, la prédication de l’Evangile et la dispensation des sacrements rendent le Christ présent et nous rendent participant à la vie du Christ. Les Luthériens mettent sans doute plus en avant que les Réformés le sens de la communion sacramentelle (par la Ste Cène et le Baptême) comme participation à Jésus Christ lui-même. 

[7]Cf. Alain Houziaux, Les Grandes énigmes du Credo, DDB, p.279s : « Dans le texte du Credo, les "saints" en question, ce sont bien les martyrs de l'Église primitive qui ont été glorifiés. Ce sont ceux qui, par fidélité à leur foi, ont été conduits au sacrifice de leur vie à l'époque des persécutions. Ce sont bien ceux dont l'Église sollicite l'intercession. »