dimanche 29 avril 2018

La Croix, le service et le don de soi

Lectures bibliques : Mc 8, 31-38 ; 9, 30-37 ; 10, 32-45
Thématique : la croix, le service et le don de soi
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Tonneins, 29/04/18. 
(inspirée d’une méditation de Anselm Grün)

* Dans les chapitres 8 à 10 de l’évangile de Marc, on trouve trois passages où Jésus annonce sa passion et sa résurrection. L’Evangéliste présente les choses comme si Jésus savait précisément ce qui allait lui arriver, comme s’il connaissait sa destinée future. 

Il est difficile de savoir si les choses se sont exactement passées comme Marc le dit ou si simplement Jésus sentait, présentait, sa fin funeste, compte tenu de toutes ses prises de positions : 

Rappelons-nous, en effet, que Jésus a fondamentalement remis en cause le pouvoir religieux de son temps : il opérait des guérisons le jour (« sacré » et interdit) du sabbat ; il fréquentait ou touchait des gens jugés impurs ou infréquentables (des malades, des lépreux) ; il mangeait avec des gens jugés « incorrects » ; il prétendait pardonner les péchés, alors que Dieu seul était censé le faire ; il dénonçait tout type de relation « marchande » avec Dieu (ce qu’il le conduira à chasser les vendeurs du temple). 

Son enseignement étonnait et rassemblait des foules. Les autorités religieuses voyaient certainement tout cela d’un mauvais oeil, car leur traditions et leur autorité étaient remises en question. 

Jésus remettait en cause les règles de pureté, qui sont dans la Torah (cf. Lv), et qui permettaient de savoir ce qui est supposé être « bon » ou « mauvais », « pur » ou « impur ». Mais, Jésus disait que la bonté et l’amour du prochain doivent être prioritaires sur toutes ces règles. 
C’était un enseignement nouveau, pour ne pas dire « révolutionnaire ». 

En bref, Jésus devait certainement sentir que son enseignement dérangeait les prêtres, les scribes et les pharisiens, et qu’il ne tarderait pas à en récolter les fruits… à savoir des conséquences funestes pour lui, puisqu’il était considéré comme un prophète gêneur et contestataire… qu’il faudrait faire taire. 

Ainsi, l’évangéliste Marc présente ces prédictions de Jésus, qui annonce sa mort prochaine à trois reprises. 
Ce qui est intéressant, à chacune de ces annonces, c’est la réaction de ses disciples… qui représentent la mentalité typique - pour ne pas dire habituelle, ancestrale - de tout être humain. 

Les disciples refusent, à chaque fois, cette idée que Jésus pourrait annoncer et même accepter sa mort prochaine. Ils ne veulent pas en entendre parler. 
Pour eux, Jésus doit vivre. Un point c’est tout !
Il doit être reconnu, s’élever, et peut-être même dominer, prendre le pouvoir. 
Les disciples auraient aimés un messie triomphant, un sauveur religieux et - pourquoi pas - politique. 
Mais ces annonces de Jésus viennent contrecarrer leurs visions et leurs projets personnels (leur ambition). 

Jésus, quant à lui, a une toute autre manière de voir les choses, et c’est cela qui doit nous intéresser. 
En effet, à travers les réponses de Jésus - réponses aux réactions de ses disciples - Jésus nous enseigne ce que doit être une vie chrétienne. 

* La première fois, Pierre adresse de vifs reproches à Jésus. Il veut le détourner de son chemin de croix. 
Pierre pense en termes humains : il voudrait certainement que Jésus soit reconnu de tous comme le Messie, le Christ. Et, pour lui, il n’est pas question que le Messie de Dieu meurt prochainement. 

Sauf qu’en réalité, Pierre n’a pas la moindre idée de ce qu’est la volonté de Dieu. Et c’est pourquoi Jésus le traite de Satan et l’écarte (8,33). 
Jésus profite de cette occasion pour livrer un enseignement à ses disciples, ainsi qu’à tous ceux qui voudront un jour le suivre. Il leur rappelle la gravité de leur engagement : 

«  Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renie lui-même et porte sa croix, et qu’il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie - son âme - la perdra ; par contre, qui perdra sa vie - son âme - à cause de moi et de l’Evangile, la sauvera » (8, 34-35). 

Ces paroles ont été interprétées de façons différentes par les théologiens au cours du temps. Elles ont malheureusement servi parfois de justification à une morale « doloriste », qui consisterait à accepter n’importe quelle souffrance, au nom de l’Evangile. Or, il ne s’agit pas de cela. On ne peut pas sortir cette phrase de son contexte. 

Le terme « porter sa croix » peut avoir deux significations : 
Cela peut vouloir dire « accepter les difficultés qui se présentent », mais cela peut aussi vouloir dire « professer sa foi », « placer sa foi, non pas en soi même, mais en Dieu ». 
Dans le livre d’Ezéchiel (cf. Ez 9, 4-6), la croix est un signe de « profession de foi » : les fidèles de Yahvé sont marqués d’une croix sur le front en signe de leur foi. En même temps, ce signe de la croix est un signe protecteur : c’est le signe qu’ils appartiennent à Dieu. 

Il est donc possible que ces deux aspects - le reniement de son ego et la profession de foi - soient liés dans cette affirmation de Jésus. 
Se nier soi-même, cela veut dire prendre du recul par rapport à son ego, par rapport à ses propres intérêts… et du même coup, placer sa foi, non pas en soi-même, mais en Dieu. 
Cela signifie donc d’accepter de renoncer à son image personnelle, à nos désirs de grandeur, nos ambitions de domination, de réussite, de succès… et s’opposer à un moi entièrement centré sur lui-même. 

Ainsi, il en découle - avec la parole suivante de Jésus - qu’accepter de lâcher son ego et de placer sa foi en Dieu, c’est - en fait - sauver sa vie… non pas sauver sa petite existence individuelle, personnelle, égoïste et provisoire… Mais c’est sauver sa vie - sauver son âme - dans le fait que cette âme - cette vie (c’est le même mot en grec) - est irrémédiablement liée à Dieu et à tous les êtres humains. 

Pour Jésus, on ne peut pas se sauver tout seul. Il vaut mieux donner sa vie - son âme - pour sauver celle des autres - que de vouloir sauver sa vie tout seul : ce qui reviendrait à la perdre. 

Pour lui, se placer au centre avec son ego, ses besoins, ses illusions sur soi-même et sur sa vie, c’est simplement une perte de temps, c’est perdre sa vie. 

Autrement dit, Jésus élargit le centre du salut, non pas à l’individu, mais à l’humanité : 
si notre âme est, en réalité, liée à Dieu et immortelle…  si notre âme est liée à toutes les autres âmes…  il est absurde de vouloir sauver sa vie, tout seul, dans son coin…  C’est, au contraire, en donnant sa vie, son âme, qu’on peut la sauver… sauver la sienne et celle des autres. 

Jésus nous fait donc entrer dans une nouvelle logique de salut, qui passe par « le don de soi ». 
Il nous sort d’une vision individualiste ou personnaliste du salut (un salut « chacun pour soi »), pour nous ouvrir à un salut universaliste et solidaire : Sauver sa vie, ce n’est pas se sauver tout seul… c’est le faire avec les autres, même si cela nous coûte… même si cela implique de lâcher ses intérêts personnels… et d’accepter les difficultés qui se présentent. 

On voit combien cette manière de voir est aux antipodes de notre mentalité habituelle. 
Dans la vie courante, on pense plutôt « chacun pour soi »… chacun veut sauver sa propre vie… et les autres doivent se débrouiller par eux-mêmes.  

Mais, pour Jésus, cette mentalité de « survie » individualiste (qui vient peut-être de loin, de notre héritage… comme une conséquence de l’évolution… qui date peut-être de l’homme de « cro-magnon »)… cette mentalité de « survie » est primitive et elle n’a pas d’avenir. 
L’homme doit entrer dans une nouvelle aire, dans une nouvelle conscience, plus large, plus ouverte, plus collective. 

C’est ainsi que Jésus interprète le chemin que devront suivre ses disciples à partir de la croix. 
Le point décisif est de savoir si nous nous cramponnons à nos images de nous-mêmes, ou si nous nous fions - si nous faisons confiance - au Dieu de Jésus Christ, qui nous dispense la vraie vie, à condition que nous acceptions de nous déprendre de nous-mêmes, de notre vie superficielle… à condition que nous acceptions de lâcher nos illusions, notre égocentrisme, notre désir de survie et notre volonté de dominer. 

Pierre représente donc, ici, finalement, le lecteur de l’Evangile que nous sommes : nous sommes conviés à un changement de mentalité - un retournement, une conversion - pour ne plus regarder le monde seulement à travers nous, notre intérêt personnel, notre désir, notre survie. 

Jésus nous appelait… il y a déjà 2000 ans à sortir de cette vision primitive du besoin de survie … pour élargir notre vision, notre conscience. 
On voit bien, aujourd’hui, que nous sommes confrontés à la même réalité, à la même exigence… On le voit, par exemple, à travers l’urgence écologique : 
On ne peut plus continuer à penser « chacun pour soi »… sinon, un jour, en continuant à réchauffer le climat, à polluer l’environnement, à consommer et épuiser les ressources naturelles, au-delà de leur renouvellement, nous perdrons notre terre… et donc notre vie… 
Nous devons consentir à un lâcher prise, un renoncement, un abandon, une perte… pour sauver notre humanité. 
Nous sommes finalement mis en situation de savoir si nous allons enfin décider d’écouter les paroles de Jésus. 

* Après la deuxième annonce de la passion, les disciples récidivent dans leur refus des paroles de Jésus. Cette fois, ils se demandent qui d’entre eux est « le plus grand » (9, 34). 

L’incompréhension des paroles de Jésus peut nous sembler stupéfiante : il annonce qu’il va être livré à ses ennemis. Et ses disciples, eux, songent à tirer le meilleur profit du Royaume de Dieu. 
Pendant que Jésus annonce son humiliation, son abaissement futur, ses disciples pensent à leur propre grandeur. 

En tant que lecteur de l’Evangile, on peut être choqué par ces propos des disciples… sauf, qu’il faut bien l’avouer… ils correspondent, en fait, à la manière habituelle, ancestrale et humaine de penser. C’est-à-dire, encore une fois, à la mentalité du « chacun pour soi ». 

Aujourd’hui encore, en France, en Europe ou ailleurs, on regarde tranquillement les infos à la télévision… parfois même en mangeant… alors que des journalistes annoncent des guerres, des morts, des massacres, des exilés, des torturés, des hommes et des femmes qui tentent de survivre dans des conditions indignes, inhumaines et insupportables. 

Bien sûr, on peut se sentir impuissant face à la misère du monde… mais on ne peut pas y rester indifférent. 

Jésus nous apprend non seulement qu’on peut en prendre et porter notre part…  on peut se mettre au service du prochain… mais que nous devons aussi changer de manière de penser… sortir de nos logiques de rivalité, de concurrence, de domination… sortir encore une fois de la mentalité de survie, qui nous pousse à vouloir le pouvoir, les meilleures places, le succès… quitte à écraser les autres… ou à s’en moquer. 

Ainsi, les disciples ne devraient pas se focaliser sur la question de savoir qui, parmi eux, est plus grand que les autres. L’important n’est pas la hiérarchie, c’est le service de Dieu : c’est de devenir serviteur, c’est-à-dire artisan du monde nouveau de Dieu, en oeuvrant pour plus de paix, de justice et d’amour. 

Jésus le leur fait comprendre en plaçant au milieu d’eux un petit enfant qu’il embrasse : 
« Celui qui accueille un enfant, n’importe quel enfant, en mon nom (c’est-à-dire comme s’il était envoyé par moi), c’est moi qu’il accueille. 
Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais celui qui m’a envoyé » (9,37). 

Ce qui revient à dire : qui accueille gratuitement un de ces petits enfants… c’est comme s’il accueillait Dieu lui-même (celui qui a envoyé Jésus). 

On voit, ici, le lien de solidarité que Jésus tisse entre un enfant, lui-même et Dieu : il nous fait comprendre que nous sommes tous unis… que nos âmes sont solidaires… que nous sommes tous un, en Dieu. 

Les disciples ne sont donc pas là pour leur propre compte. Ils doivent être au service les uns des autres. Et, ils doivent se mettre au service, précisément, des enfants pauvres et démunis. 
Comme le souligne un commentateur, on peut supposer que Jésus pense ici à l’accueil des enfants abandonnés, orphelins et privés d’assistance. 

Le fait que cette question de la grandeur surgisse après l’annonce de la croix, de la crucifixion, montre que, pour Marc, la croix est une clé d’interprétation du message de Jésus. 

La Croix est le lieu où se décide l’idée que l’Eglise se fait d’elle-même / le lieu où chaque disciple se décide pour le règne de Dieu. 
L’Eglise ne doit pas invoquer avec arrogance ses propres droits, ou l’exclusivité du magistère, mais se mettre au service des pauvres. 
Elle a le devoir d’être ouverte à ceux qui sont en dehors d’elle, à ceux qui ont besoin de secours. 

Pour Marc, la croix sur laquelle Jésus meurt est l’image même du don de soi, de l’amour inconditionnel et sans limite, que l’Eglise doit exercer envers tous les humains. 

La croix vient briser nos mentalités de survie, nos désirs de domination, nos instincts de rivalité… pour nous ouvrir à l’amour que Dieu offre à tout être humain… à commencer par le plus petit, le plus fragile, le plus vulnérable. 

Cette scène avec l’enfant et les mots de Jésus peuvent se comprendre encore autrement : 

Nous devons accueillir Jésus comme un enfant, sans nous servir de lui pour accroître notre propre grandeur, en nous penchant, au contraire, vers lui, pour l’embrasser. 

Cela signifie qu’il faut, en réalité, un coeur plein de délicatesse pour comprendre son mystère et le recevoir. 
Pour traiter un enfant comme il se doit, il faut retrouver, en nous-mêmes, le coeur de l’enfant que nous avons été… capable de recevoir Jésus avec ouverture d’esprit, étonnement et amour. 

Le message de Jésus ne nous permet pas de nous pavaner aux yeux du monde (ni de parader, ni de fanfaronner). Car, Jésus nous rappelle qu’il y a beaucoup à faire… et que nous devons faire preuve de courage. 

Bien plutôt, Jésus nous invite à un renversement : à avoir des yeux pleins de confiance, de compassion et de disponibilité… comme ceux des enfants… pour nous employer à agir… pour le suivre et nous engager.  

* Après la troisième annonce de la passion, vient l’entretien sur la position hiérarchique des deux fils de zébédée. 
Une fois encore, Marc montre l’incompréhension radicale des disciples de Jésus marchant vers Jérusalem, la mort et la résurrection. 

Ils ne pensent qu’à eux-mêmes, à l’idée qu’ils se font de leur propre chemin (8,32), à leur grandeur personnelle à l’intérieur de la communauté (9,34) et à leur hiérarchie interne (10,37). 
Ils restent centrés sur eux-mêmes, leurs besoins, leur vie, leur grandeur, leur pouvoir. 

Or, la croix, c’est exactement l’inverse. C’est le renoncement à la vie personnelle, à l’intérêt particulier… c’est le don de soi, par amour… c’est l’abandon à la volonté de Dieu, sa volonté d’amour pour tous les humains… c’est accepter le risque d’une vie authentique, pleinement humaine, guidée par l’Evangile. 

* Alors, chers amis, il n’y a pas de conclusion à ces annonces de Jésus… à part la croix elle-même. Et la croix, c’est le symbole, le signe d’un homme pleinement uni à Dieu… un homme qui s’est libéré de sa mentalité de survie, de rivalité, de domination… pour s’ouvrir à l’amour inconditionnel de Dieu. 

La croix, c’est le signe du don de soi … de l’amour offert sans limite… c’est le signe aussi de la confiance absolue en Dieu… à qui Jésus a donné son âme. 

Alors, oui… Jésus - dans son Evangile - nous appelle à un retournement, un changement de mentalité : il nous invite à nous détacher de notre ego… de nous-mêmes … de notre mentalité de survie… pour oser enfin faire confiance à Dieu… pour nous engager dans la vie… dans le service du prochain… dans l’amour sans limite.


Amen. 

dimanche 8 avril 2018

Mc 16, 1-8

Lectures bibliques : Mc 1, 14-15 ; 8, 34-35 ; 9, 35-37 ; 10, 42-44 ; 16, 1-8
Thématique : Il n’est pas ici… il vous précède en Galilée. 
Prédication de Pascal LEFEBVRE (inspirée de J-M Babut) / Marmande, le 08/04/18.

* Dans l’évangile selon Marc, le message de Pâques est très succinct : 
il est résumé en quelques mots : Ne vous effrayez pas. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié : il a été ressuscité, il n’est pas ici… il vous précède en Galilée. (Mc 16, 6-7). 

La Bonne Nouvelle de Pâques est dite de façon concise : 
Elle commence par un « n’ayez pas peur ! » 
Ne craignez rien… Dieu s’est occupé de Jésus : la mort n’a pas eu le dernier mot. Elle n’a eu raison ni de Jésus ni de son message de salut. 

Dieu a relevé Jésus de la mort, dans une autre dimension de la vie… peu importe où est son corps… il est inutile de vouloir embaumer un corps mort… la personne de Jésus - son corps spirituel - est vivant … il n’est pas ici… son Esprit vous précède déjà en Galilée… là où tout à commencé : 

C’est là que vous devez vous rendre… Il vous faut retourner sur les traces du début du ministère public de Jésus… sur les traces de ses gestes et ses paroles… c’est là que vous trouverez l’Esprit du Christ… en revenant à son enseignement en Galilée. 

La fin de l’Evangile de Marc renvoie ainsi le lecteur au début de l’Evangile… puisque c’est là - en Galilée - région frontière où cohabitent Juifs et païens, que tout avait débuté. 
C’est là que Jésus prêchait l’Evangile de la conversion - de la transformation - C’est là qu’il annonçait la proximité du règne de Dieu, la possibilité de prendre part - d’entrer - dans ce règne : 
Le règne de Dieu - le monde nouveau de Dieu - s’est approché… convertissez vous - changez de mentalité… et croyez à l’Evangile… à la Bonne Nouvelle de l’amour, du pardon et du salut offert par Dieu (cf. Mc 1, 15). 

* Le récit du matin de Pâques commence avec trois femmes : Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et Salomé… ces trois mêmes femmes, qui selon Marc, avaient suivi Jésus depuis la Galilée… et qui s’étaient retrouvées seules au moment de son supplice sur la Croix à Jérusalem (cf. Mc 15,40). Les autres disciples avaient disparu, mais, elles avaient eu le courage de rester avec lui - de regarder à distance - jusqu’au bout de sa terrible agonie. 

Le lendemain, après le sabbat, ce sont elles qui arrivent à la tombe, avec l’intention d’embaumer le corps de Jésus avec des aromates. C’est une manière pour elles de manifester le respect, l’attachement et l’affection qu’elles portent à Jésus. 

Cela ressemble à ce que l’on fait aujourd’hui encore, lorsqu’on cherche à honorer nos morts. 
On se procure une concession où l’on fait construire un caveau ou une pierre tombale en granit poli, qui résistera à l’épreuve du temps…. On y place des fleurs… parfois même des fleurs artificielles, capables de résister à l’usure du temps… 
Bref, on fait tout pour prolonger - en quelque sorte - l’existence du disparu - ou tout du moins, son souvenir - … c’est comme une manière de nier la mort, de la repousser, de la surmonter. 
On inscrit le nom d’une personne aimée dans l’espace et le temps… une marque, un signe sur une pierre… comme pour prolonger son existence. 

Les trois femmes du matin de Pâques ont d’autres usages, mais leur intention est la même. 
Elles viennent pour embaumer le corps de Jésus, c’est-à-dire pour retarder autant que possible - à l’aide d’onguents - le moment où les forces de décomposition auront effacé toutes traces du disparu. 

Elles n’acceptent pas qu’il n’y ait plus rien à faire, que le Jésus qu’elles ont suivi et servi avec amour (15,41), leur échappe définitivement. Elles tentent de le retenir encore, même par des moyens aussi dérisoires que désespérés. 

Evidemment, leur démarche est profondément émouvante, par tout ce qu’elle révèle de l’amour et de la fidélité qu’elles portaient à Jésus. 

Malheureusement, cette démarche est absolument vaine. C’est ce que leur fait comprendre le messager, le jeune homme en blanc, qu’elles aperçoivent assis du côté droit, dans le caveau vide : 
Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié… il n’est pas ici… Voyez l’emplacement où ont l’avait déposé (16,6). 
Or, cet emplacement est vide. 

Ce vide renvoie les femmes vers un ailleurs… au au-delà… 
On peut imaginer cette affirmation résonner en elles, dans leur conscience : « il n’est pas ici »… Nouvelle fracassante et bouleversante de Pâques. 
Jésus est ailleurs… la mort n’a pu le contenir, l’enfermer, le garder prisonnier dans ses filets.  Il n’est pas ici. 

Chers amis… nous devrions le savoir… depuis que cette extraordinaire nouvelle de Pâques a pu résonner : 
Tous nos cimetières sont vides… comme le tombeau du Christ.

Peu importe le corps biologique de tous ceux qui ont disparu… - Certes, le corps matériel, cette enveloppe fragile et éphémère - cette « tente » charnelle (disait l’apôtre Paul : cf. 2 Co 5,1) - est vouée à la poussière, à la destruction - … mais, eux, ces hommes et ces femmes disparu(e)s ne sont pas ici, dans les tombeaux… ils sont ailleurs :
Leur esprit, leur âme, leur vrai Soi, leur corps spirituel, est ailleurs : c’est ce qu’annonce la Bonne Nouvelle de Pâques. 

Alors… oui… cette nouvelle est bouleversante pour ces trois femmes. 
Elles voulaient voir leur Maître et Seigneur… elles voulaient l’honorer… lui dire un dernier adieu. 
Elle cherche donc logiquement un corps à localiser… un défunt dans un linceul à voir… Mais, elles sont troublées par l’affirmation étonnante de Pâques : 
Il n’y a rien à voir… Circulez ! 
Rendez-vous en Galilée… sur le lieu même où Jésus enseignait et guérissait. 

Ainsi le messager de la résurrection renvoie les femmes à l’enseignement du maître… à son Evangile… c’est-à-dire - pour le lecteur de Marc - aux 9 premiers chapitres de son récit, qui se sont déroulés en Galilée.

Bien sûr… cette nouvelle du tombeau vide - et donc de l’absence de Jésus - est stupéfiante pour ces femmes…. Et on peut comprendre leur réaction et leur bouleversement. 
Mais, ce que dit, ici, le messager de Dieu constitue, en fait… fondamentalement… un rappel de ce qu’est la foi : une relation de confiance qui passe par le coeur, l’intériorité… et non par la vue, par une preuve. 

Notre seule vraie relation avec Dieu, et donc avec son porte-parole Jésus, passe non par nos yeux, mais par nos oreilles et notre coeur. 
Ce qui est important n’est pas de voir, mais d’écouter. 

Ce qu’il y a à voir dans le tombeau, c’est un vide… c’est que Jésus n’y est pas. 
Et ce vide, paradoxalement, nous place devant une ouverture, une quête… 
Il nous invite à continuer à chercher… à reprendre ce que le maître était, disait, enseignait.

Il me semble donc que ce messager de Pâques s’adresse aussi à nous, lecteurs, auditeurs de l’Evangile :
En faisant comprendre aux femmes qu’elles ne trouveront pas Jésus, en cherchant une présence physique, sa présence, dans une réalité morte, figée ou inerte… dans un corps gisant et sans vie… il invite les disciples à un nouveau déplacement : 
Le vide de l’absence nous conduit à chercher… à nous souvenir de ses paroles et de ses gestes… à comprendre ce qui est essentiel. 

Ce qui importe, vraiment, ce qui est vital, ce n’est pas sa présence, son corps… C’est ce qu’il a dit, c’est son message de salut, c’est l’Evangile pour le succès duquel il a consenti à tout donner, y compris sa vie. 
C’est ça qui vaut la peine de chercher. 
C’est à cela qu’il faut s’accrocher… car c’est ça qui nous pousse en avant. 

A partir de Pâques, on ne retrouve donc plus Jésus par l’oeil, mais par l’oreille. 
C’est - me semble-t-il - un des messages essentiels qui ressort du récit de la découverte du tombeau vide. 

Contrairement aux trois autres évangiles, Marc ne rapporte aucune apparition du Ressuscité aux disciples. 
Selon Marc, même les trois femmes du matin de Pâques - les dernières « survivantes » - si l’on peut dire - du groupe des disciples - les seules qui étaient encore là - même elles, n’ont pas eu droit à une apparition du Ressuscité en personne. 
Elles ont du se contenter - si j’ose dire - du messager de Dieu, du jeune homme en blanc. 

Pour autant, le message qu’elles reçoivent est essentiel : la promesse que Jésus les précède en Galilée. « C’est là que vous le verrez » dit-il. 

Je pense que ça veut dire : « c’est là que vous le retrouverez ». Car Marc ne raconte pas ce rendez-vous. 
Répétons-le, à partir de Pâques, il n’y a plus rien à voir… mais on est invité à revenir à ce que Jésus a dit et fait… dans l’assurance que Dieu est un Dieu de vie et d’amour… un Dieu de salut, qui a offert à Jésus - et qui nous offrira aussi - la Vie… dans son éternité divine… dans sa lumière… 

Seulement, en attendant, il nous invite à faire quelque chose de cette existence terrestre qui nous est donnée… à en faire quelque chose de bon et de beau… pour soi, pour les autres et pour Dieu. 
Et pour cela, nous sommes invités à revenir au message proclamé par Jésus. 

Le rendez-vous est donc fixé en Galilée, pour nous, disciples. 
C’est là que nous retrouvons l’Esprit du Christ, dans son Evangile du règne de Dieu et de l’amour du prochain, dans le souvenir de ses gestes et ses paroles. 

* Si tel est le cas… une question se pose alors, plus précisément, pour nous, lecteurs : Qu’est-ce que bien évoquer la Galilée ? A quoi Marc fait-il référence ?

La Galilée, c’est, tout d’abord, le pays natal de celles et ceux qui entouraient Jésus. C’est le lieu de leur vie quotidienne… comme s’il s’agissait de retrouver Jésus et son enseignement au milieu de notre vie et de nos relations habituelles : chez nous, là où nous vivons et travaillons, au creux de notre quotidien. 

La Galilée… C’est aussi la contrée où Jésus a exercé son ministère terrestre… là où il a guéri et enseigné… c’est forcément un appel, un rappel, à retourner nous mettre à l’écoute du message de Jésus : l’Evangile du Royaume…. qui nous appelle à lâcher notre ego, notre égoïsme, nos attachements mondains… pour entrer dans la confiance de Dieu et nous mettre au service de la justice et du prochain. 

Enfin, quitter Jérusalem pour la Galilée, c’est se rendre chez les païens… chez ceux qui ne connaissent pas encore le message libérateur du Christ. 
C’est une invitation à l’ouverture, au dialogue, à la rencontre… car l’Evangile est offert à tous. 

Jésus ne proposait pas une nouvelle religion, mais l’adoption d’une nouvelle mentalité, d’un nouveau comportement, fondé sur l’amour inconditionnel, à la manière de Dieu. 

* Il faut donc se réjouir de la simplicité du message final de Marc… qui n’a pas voulu auréoler la Bonne Nouvelle de Pâques d’un tas d’artifices fantastiques, merveilleux ou apocalyptiques. 

Marc ne quitte pas le lecteur sur un happy end, mais plutôt sur une conclusion ouverte, qui nous ouvre à l’avenir… qui nous invite à lire et relire sans cesse l’Evangile, en méditant les paroles du prophète Jésus de Nazareth, le porte-parole de Dieu. 

Le maître est désormais physiquement absent… mais son Esprit se retrouve dans l’Evangile, dans les paroles proclamées en Galilée. 

En fin de compte, le message du mystérieux jeune homme n’est pas seulement destiné aux apôtres et aux disciples, mais aux lecteurs qui sont invités à se demander s’ils croient réellement à la Bonne Nouvelle du règne de Dieu… s’ils sont prêts à faire confiance au Père céleste… à s’engager - avec toute leur vie - dans un nouveau tournant… et à entrer dans le Royaume, le monde nouveau ouvert par Dieu et proclamé par Jésus : le monde de la gratuité et de l’amour inconditionnel. 

C’est une invitation à reprendre à notre compte ce message du Christ… mais aussi un appel à le poursuivre, à le vivre, à le transmettre, à notre tour. 

L’invitation à retrouver le Christ, dans un ailleurs, en Galilée… là où toujours, il nous précède… c’est un appel à prendre un nouveau départ… c’est une invitation à un retour aux sources… pour oser emprunter le chemin du Christ et tenter de nouvelles aventures… pour accepter de courir de nouveaux risques… quitte à endurer quelques difficultés ou épreuves, pour l’amour de l’Evangile…. Sachant que celui qui veut sauver sa vie, la conserver… la perdra…  Mais que celui qui osera la risquer pour l’Evangile… la sauvera (cf. Mc 8, 35). 

Inlassablement, Jésus nous invite donc à un déplacement…  à un dépassement…  quitte à abandonner nos attachements, nos enfermements, nos habitudes mortifères.

Même au matin de Pâques… le Seigneur nous invite à le retrouver… là où toujours il nous précède, pour nous guider et nous offrir la liberté et la vie en plénitude. 

* Alors… chers amis… faut-il s’étonner que les femmes s’enfuient à la fin de l’évangile de Marc ?… que ce récit s’achève sur une note dérangeante ? 

Certes, on peut comprendre leur bouleversement devant la nouvelle fracassante de la Résurrection… mais, peut-être que cette fuite symbolise aussi la première réaction du croyant qui comprend qu’il va devoir revenir au message exigeant de Jésus, proclamé en Galilée. 

Jésus avait annoncé un évangile redoutable à entendre… car dérangeant… un message qui gênait forcément les conformistes et les conservateurs… un évangile qui remettait en cause toutes nos façons de vivre (fondées sur le chacun pour soi, sur l’ego, sur la sécurité de la tribu et l’obéissance aux seules lois et règles du Dieu tribal). 
Il avait contesté toutes les façons dont notre monde s’est peu à peu construit et organisé, en faisant tant d’exclus, de pauvres, de soi-disant « impurs » ou de marginaux, abandonnés à leur sort, sur le bord de la route … alors, on ne s’étonnera pas qu’à la nouvelle de la nécessité de revenir à ce message initial… les femmes - comme tous les croyants - puissent être découragé(e)s. 

Mais, c’est pourtant l’unique porte de sortie… l’unique voix de salut pour tous… que nous propose Marc : 

Il est temps de revenir à l’Evangile du Royaume proclamé en Galilée… pour qu’enfin nous changions de mentalité… pour que nous opérions une conversion, un retournement… et que le monde puisse se transformer… et découvrir le salut universel que Dieu propose. 


Amen. 

dimanche 1 avril 2018

Mt 28 - Pâques

Lectures bibliques : 1 Co 15, 3-9. 42-44. 49-50 ; Mt 28, 1-20 (= voir textes en bas de page)
(Volonté de Dieu : Lc 10, 25-28 ; 1 Co 13, 1-8)
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Pâques, Tonneins, le 01/04/18 / culte avec Confirmations et Baptême.

* Chers amis… Nous sommes bien embêtés, ce matin, avec ce passage de l’Evangile de Matthieu. 
Il faut avouer que l’événement de Pâques, mis en récit par cet évangéliste, nous pose bien des questions… car il peut nous sembler tout bonnement « incroyable » avec ses ingrédients extraordinaires : Tremblement de terre ; ange ou messager de Dieu descendu du ciel ; une pierre de plusieurs tonnes qui roule comme par magie ; des soldats qui perdent connaissance ; un ange qui tente de rassurer des femmes craintives, etc. etc. … 

Honnêtement… Qui peut encore croire au XXIe siècle à ce conte merveilleux ? 
Les romans de science fiction d’aujourd’hui ne font pas mieux, en matière de « fantastique ». Notre rationalité est donc mise à rude épreuve avec cette histoire quelque peu « surnaturelle ». 

Alors - je vous pose la question : que faut-il en faire ? 
- Doit-on penser que tout cela n’est qu’une vaste fable ? 
- Ou faut-il lire et comprendre autrement le récit de Matthieu… autrement qu’un récit historique… autrement qu’avec une lecture littérale ? 

Gardons - si vous voulez - cette question en suspens quelques instants. 
Car, nous avons une autre question à examiner ensemble : 

* Au fait, qu’est-ce que nous fêtons à Pâques ? 
Qu’est-ce que les Chrétiens commémorent en ce jour ? 

C’est facile - me direz-vous - vous le savez… nos jeunes catéchumènes le savent aussi … nous fêtons la résurrection de Jésus ? 

Voyez vous…  je ne suis pas sûr que cette réponse soit la bonne… ou qu’elle soit suffisante… enfin tout dépend de ce que nous mettons derrière le mot « résurrection ».
Mon hypothèse… c’est que ce qui nous intéresse réellement… c’est ce qui se cache derrière ce mot et derrière cet évènement… c’est l’expérience à l’origine de tout cela.  

Au fond, on pourrait aussi poser cette question pour le jour de Noël :
Qu’est-ce que nous fêtons à Noël ?

Et, ici encore, vous me répondriez sûrement : on fête la naissance de Jésus. 

Mais, là aussi… je vous dirai : rien n’est moins sûr. 
Ce qui nous intéresse, ce n’est pas la naissance d’un enfant appelé Jésus de Nazareth… mais ce qui se cache derrière cette histoire. 

Et ce qui se cache derrière cette histoire de Noël, c’est la conviction de l’intervention de Dieu dans la vie des hommes : 
Noël, c’est la conviction, la foi que, dans la naissance de cet homme, appelé Jésus, Dieu est intervenu dans notre vie et dans notre histoire humaine. 
Par ce Jésus, Dieu est venu manifester son amour et son projet de vie pour l’humanité… (quelque chose de Dieu, une force de vie transcendante, a été découverte en Jésus.) 

Et Pâques, c’est « le pendant »… c’est la même chose… mais de l’autre côté du miroir de la mort… 
Pâques, c’est la conviction, la foi que, par delà la mort de cet homme, appelé Jésus, Dieu est intervenu dans notre vie et dans notre histoire humaine. 
Par ce Jésus, qui est apparu comme « vivant » à des disciples… Dieu est venu manifester son amour et son projet de vie pour l’humanité… un projet de vie, qui dépasse et qui transcende la mort. 

Alors… à Pâques… on ne fête pas la réanimation d’un cadavre… Cela n’aurait aucun sens ! 
Jésus… n’est pas ressuscité en chair et en os… pour reprendre sa vie d’avant… comme par magie… ou comme si de rien n’était…  pour fêter de belles retrouvailles avec ses amis ou ses adeptes. 

Pâques ne raconte pas l’histoire de quelqu’un qui aurait continué sa vie terrestre et biologique après la mort… en continuant à enseigner, à guérir, à manger tranquillement avec ses disciples… comme si la mort et la croix n’avaient pas eu lieu. 

Pâques, ce n’est pas la continuité… Il n’y pas de continuité du corps biologique après la mort. Nous le savons et l’apôtre Paul le sait aussi. Puisqu’il dit clairement, dans sa lettre aux Corinthiens : « la chair et le sang ne peuvent pas hériter du Royaume de Dieu » (1 Co 15,50). 

Pâques, c’est, au contraire, une rupture, une discontinuité … car il ne peut en être autrement après la mort sur la croix… 
Pâques, ce n’est pas la réanimation d’un mort… mais ce sont des expériences spirituelles… et des récits… des récits écrits bien plus tard… des récits par lesquels des disciples… racontent que ce Jésus qui avait été tué sur la Croix… leur est apparu - dans une expérience intérieure - comme « vivant » après sa mort…  il leur est apparu individuellement … et à plusieurs d’entre eux, qui ont vécu des expériences extatiques bouleversantes…  des expériences inouïes… quelque chose, qui a changé leur vie et leur conscience, à jamais. 

Tout cela ouvre alors un sens nouveau, pour eux… et modifie, du tout au tout, leur compréhension de Dieu, de la vie, de la mort : 
Si Jésus a été vu comme « vivant », dans une autre sphère de réalité…  / puisqu’on parle de quelqu’un qui apparait et qui disparait aussitôt - comme le raconte les différents témoins… quelqu’un qui se rend visible dans une pièce fermée à clef, comme dans l’évangile de Jean (Jn 20)… ou qui apparait à ceux qui marchent sur le chemin d’Emmaüs, puis qui s’absente soudainement (Lc 24)… ou encore quelqu’un qui se devine devant le tombeau ou dans un jardin (Mc 16, Mt 28, Lc 24, Jn 20) /… 
Si celui qui a été crucifié est apparu ainsi aux uns et aux autres comme « vivant » dans un au-delà… dans une autre forme de vie et de réalité… cela signifie que Dieu est intervenu… que Dieu a agi… pour le relever - dans une forme de vie transcendante - par delà la mort.

Alors… je tente de répondre à la question : qu’est-ce qu’on fête à Pâques ?

A Pâques, on fête, d’abord et avant tout, la confiance en Dieu… la foi en la Providence de Dieu. 
A Pâques, on fête le fait - qu’à travers l’histoire de Jésus - Dieu est apparu comme le Vivant, un Dieu de Vie, qui est plus fort que la mort. 

Pour les témoins de Pâques, ce que cette expérience bouleversante signifie avant tout, c’est la manifestation de la présence de Dieu et de l’action de Dieu… pas seulement dans notre vie, ici bas, avec nous, comme Jésus l’avait manifesté (par ses gestes et ses paroles)… mais aussi la présence et l’action de Dieu, par delà la mort. 

Cela veut dire que Dieu est capable de surmonter, de transcender la mort… et cela veut dire que ce qui est arrivé à Jésus… va certainement aussi nous arriver… et que nous sommes tous promis à la vie … à une Vie de Ressuscité… après la mort… comme Jésus apparu « vivant » l’a révélé. 

* En disant tout cela… nous n’avons pas encore parlé de ce qui est à l’origine de cette foi de Pâques. 
Il faut tout de suite répondre que nous ne le saurons jamais… car notre langage humain est inadapté pour traduire une expérience spirituelle. 

A l’origine… l’histoire de Pâques est une histoire subjective. 
Ce sont des individus - ceux-là même qui avait lâchés Jésus… qui l’avait quitté, abandonné, renié (comme Judas), trahi (comme Pierre) ou persécuté (comme Paul)… ce sont ces hommes et ces femmes de peu de foi… comme vous et moi… qui vivent un bouleversement extraordinaire… une expérience inouïe… au cours de laquelle Jésus leur apparait comme « vivant ». 

Et du coup, leur peur, leur peine, leur incertitude, leur désespoir… sont renversés… Tout est radicalement retourné. 
Leur conscience s’élargit et ils commencent à comprendre que Dieu était présent dans cet homme Jésus, qui agissait et qui parlait comme un prophète… dans cet apôtre de la non-violence qui a accepté de se laisser crucifier comme un bandit.

Du coup, ils se réunissent à nouveau… et se mettent à échanger, à partager… à se souvenir de ses gestes et de ses paroles… et à propager son enseignement… etc, etc. 

Pâques commence avec ces expériences spirituelles ou extatiques qu’ont vécues des disciples… avec ces récits de vision intérieure ou d’apparition personnelle. 

Puis un jour… peut-être 40 ans après… 50 ans après…  un jour… il a fallu mettre des mots sur ces expériences. Les descendants ou les héritiers de ces disciples… la 2nde génération…  décide alors de mettre en récit ces expériences extraordinaires de Pâques, vécues par une poignée de témoins… Car il faut continuer à la transmettre, à la faire connaitre aux générations suivantes… puisque cet évènement raconte la présence de Dieu… son projet de vie éternelle pour l’humanité. 
Et c’est là que ce situe l’évangéliste Matthieu : Il écrit plusieurs décennies après la mort de Jésus. 

* Alors… j’en reviens à ma première question : Comment interpréter ce récit presque « fantastique » de Matthieu ?

Sans doute pas comme un récit historique… au sens où il raconterait mots pour mots… faits pour faits… ce que des témoins oculaires auraient vu. 
C’est un récit reconstitué à partir de témoignages anciens… un récit fictif - en quelque sorte - une fiction littéraire, mais qui raconte une vérité… à travers une histoire. (Ce qui correspond à la définition du « mythe », du langage « mythique ».)

Cette vérité est racontée avec les mots, les images et le langage disponibles à cette époque… qui est de style « apocalyptique »… exprimant l’idée que Dieu, à la fin des temps, « relèvera », « réveillera » les Justes de la mort : il les « ressuscitera » et les « justifiera ». 
Sauf que ce langage n’est plus irréel ou futuriste, hypothétique ou décrivant une lointaine espérance : il devient désormais présent et actuel : Dieu l’a fait, dès maintenant, pour Jésus… et des personnes en ont été témoins. 

Ainsi, nous devons nous rendre compte de la difficulté qui fut celle des auteurs des Evangiles : 
Comment parvenir à dire et à rendre compte d’un évènement pour lesquels nous n’avons pas de mots, pas de langage adapté ? 
Comment, en effet, raconter l’intervention de Dieu dans notre histoire humaine… par delà la mort… sinon par des faits et des personnages extraordinaires : des éclairs, des anges, des bouleversements inattendus… Il n’y a pas d’autres mots pour dire une expérience extatique, qui a pu laisser des disciples sidérés et sans voix. 

Alors… ne prenons pas ce récit à la lettre… comme un récit historique (il était une fois… les choses sont arrivés comme ceci… les faits ce sont produits comme cela)… il ne s’agit pas de cela. 
Les mots humains… les mots de tous les jours… ne sont pas faits pour exprimer des expériences qui dépassent notre entendement. 

Ainsi, en relisant ces vieux textes… 2000 ans après… dans le monde scientifique qui est le nôtre… nous sommes donc conviés à un effort… invités à comprendre la vérité qui se cache derrière ce récit merveilleux : 
L’histoire de l’intervention de Dieu… manifestée à travers les apparitions, les visions de Jésus comme étant « vivant » dans une autre sphère de réalité. 

Et tout le reste n’est qu’un récit mis en forme, pour transmettre un enseignement catéchétique… pour transmettre cette incroyable Bonne Nouvelle aux générations suivantes : celle d'un Dieu de vie plus fort que la mort. 

* Je vous propose maintenant de reprendre brièvement le récit de Matthieu, en quelques points… et de voir comment nous pouvons en avoir une lecture symbolique et stimulante pour nous : 

- Premier symbole mis en récit par Matthieu : une théophanie… c’est-à-dire une manifestation de la puissance de Dieu. Matthieu la révèle à travers des signes : un tremblement de terre, un séisme, l’apparition d’un messager : un ange du Seigneur. Son aspect était comme l’éclair et son vêtement blanc comme la neige - dit Matthieu…  Ce messager de Dieu est décrit comme un être extraordinairement lumineux. (Il a l’aspect glorieux d’un corps transfiguré.) 
Le tremblement de terre laisse entendre que la Nouvelle qui va être annoncée est fracassante… le cosmos entier en est ébranlé. (C’est un évènement de nature apocalyptique.)

- Deuxième élément du récit de Matthieu : cet ange du Seigneur s’assied sur la pierre roulée. Evidemment, il s’agit là d’un geste symbolique, qui révèle la victoire sur la mort. 
L’ange atteste ainsi que Dieu a mis fin au royaume de la mort : il a mis à mort la puissance de la mort. 
Le tombeau ouvert et l’ange qui trônent sur la pierre roulée signifient que la vie l’a emportée… que la mort n’a pu retenir ni contenir l’Envoyé de Dieu … celui qui avait vécu en communion avec le Père.

- Troisième élément, les gardes - qui représentent les pouvoirs humains, le pouvoir de la force politique, militaire ou religieuse - sont pris de panique et mis hors jeu. C’est désormais eux qui sont comme « morts ». C’est un renversement. 
C’est alors que le messager de Dieu passe du geste à la parole : Il annonce aux femmes que Jésus n’est pas ici… qu’il a été relevé de la mort. 

- Quatrième élément : les femmes sont en chemin pour annoncer l’incroyable nouvelle aux autres disciples, elles sont bouleversées, prises entre deux sentiments - dit Matthieu - la crainte et la joie. 

C’est alors que Jésus leur apparait lui-même, pour confirmer le message de l’ange et annoncer que les disciples le verront en Galilée.
Notons que le Ressuscité appelle les disciples « mes frères », pour signifier que leur lâcheté et leur fuite sont pardonnées. 

- D’autres éléments sont encore fournis par le récit de Matthieu, avec l’histoire des grands prêtres et des soldats, qui, certainement, traduit une polémique existante à cette époque… à savoir qu’un tombeau vide ne prouve rien… quelqu’un aurait très bien pu voler le corps. 

Ainsi donc, la disparition du corps de Jésus a certainement été l’objet de tensions et de discutions entre Juifs et Chrétiens. Mais, notons que Matthieu ne fonde pas la résurrection sur l’absence du corps de Jésus…  mais sur les apparitions du Ressuscité.  

- La dernière scène - avec l’envoi des disciples en mission - est sans doute la plus intéressante, bien qu’elle soit certainement une construction théologique de Matthieu, pour conclure son évangile : 

Elle se déroule en plusieurs étapes sur la montagne. C’est là - sur la montagne - que Jésus avait prononcé son discours : son sermon sur la montagne ; c’est là qu’il avait guéri des malades et des infirmes ; c’est là qu’il était apparu transfiguré. 

Cette dernière scène commence par une apparition collective… Matthieu indique intelligemment que certains furent pris de doutes. 
Cette précision signifie que, pour l’évangéliste, la foi vécue est toujours un mélange de confiance et de questions : 

Dans notre monde matérialiste… en effet… Comment croire en un Dieu de vie, capable de transcender la mort ?
Comment croire que rien n’est impossible à Dieu ?
Comment croire que notre vie se poursuivra sous une autre forme et dans une autre réalité, après la mort, ainsi que cela s’est produit pour Jésus ? 

Des questions et des doutes… donc…
Car il faut l’avouer tout cela dépasse notre entendement… et notre vision très matérielle, rationnelle et concrète de la vie. 

Ensuite, le Ressuscité annonce aux disciples plusieurs choses :  

- La première, c’est qu’il vit désormais dans le monde de Dieu… et que là, il a reçu de Dieu une autorité sur l’ensemble de la création : Notons qu’il parle d’une « autorité » (en grec) : non pas d’un pouvoir qui domine et qui contrôle, mais d’une autorité : c’est-à-dire d’une force qui libère et qui fait croître (qui fait grandir).

- La deuxième parole est un envoi des disciples : « allez, de toutes les nations, faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du saint Esprit ». 

[Il faut l’avouer cette invitation missionnaire étendue au monde entier (et donc aux nations païennes)… cette instruction a été l’objet de nombreux malentendus, dans l’histoire de l’Eglise. 
Jésus n’a jamais demandé de soumettre les gens à une manière de voir, à des croyances religieuses ou à une institution, ni à un magistère ou à des doctrines. 

Il s’agit ici d’un appel à convertir les regards, à les convertir au message de l’Evangile : à savoir à la présence, à l’amour et à la générosité gratuite du Père céleste, qui vieille sur chacun de ses enfants… et qui prend soin d’eux. 

Jésus est celui qui a su briser et dépasser les frontières tribales et religieuses, entre les purs et les impurs, les bons croyants et les pécheurs, les Juifs et les non-Juifs…  son message est universel et offert à tous sans distinction, indépendamment de ses qualités ou de ses appartenances.]

Il faut revenir au sermon sur la montagne, pour comprendre que Jésus parle ici de faire des disciples de la voie de l’amour… puisque le Père céleste est un Dieu d’amour, offert et accessible à tous… un Père céleste qui reconnait la dignité et la valeur de chacun de ses enfants. 

D’ailleurs, Jésus précise que « faire des disciples » signifie « les baptiser ». Or, le baptême, qu’est-ce que c’est ? 

Recevoir le baptême au nom du Christ, c’est accepter de lâcher son ego… c’est mourir à soi-même, à son ancienne vie, sans Dieu… pour renaître à une vie nouvelle, marquée du sceau de l’Esprit de Dieu, de son Souffle… c’est recevoir une identité nouvelle, marquée par la bonté providentielle de Dieu… marquée par la gratuité et l’amour (Cf. Mt 5,45). 

Être baptisé, ce n’est pas intégrer une religion, c’est s’ouvrir à l’Evangile que propose Jésus Christ. 

Le baptême, c’est donc un changement de Seigneurie, de « logiciel », de mentalité : c’est accepter de mener une vie pleinement libre… une vie libérée par la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu, chaque jour : la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui nous aime (quoi qu’il arrive) et qui nous accompagne à chaque instant dans cette vie… et au-delà de cette vie… pour l’éternité. 

- Enfin - dernier point - la dernière parole du Ressuscité est la promesse de sa présence et de son soutien à tous ceux qui acceptent de lui faire confiance : 
Je suis avec vous tous les jours et en tout temps, dit Jésus… vous n’êtes pas seuls ! Mon Esprit, mon Souffle vous accompagne. 

Cette affirmation nous forcément donne du courage. C’est l’assurance qu’une force d’amour et de confiance nous accompagne dans notre vie, même au milieu des difficultés et des épreuves. 

* Ainsi, pour Matthieu, la Résurrection signifie une chose : Elle signifie que le Christ est présent parmi nous, par son Esprit : cet Esprit est offert à tous ceux qui lui font confiance. 
C’est peut-être cela « l’expérience » que décrit le mot « Résurrection » : une Présence spirituelle offerte, malgré l’absence physique.

* Conclusion : Alors… pour conclure… que peut-on retenir de cette méditation ? 

Au-delà de l’histoire assez extraordinaire racontée par Matthieu, le récit de Pâques nous transmet donc une Bonne Nouvelle… ou plutôt des Bonnes Nouvelles.

- La première, c’est que Pâques, ce n’est pas croire un truc impossible, comme la réanimation d’un cadavre… Pâques, ce n’est rien d’autre que de croire en Dieu, croire à la Providence de Dieu : 
C’est croire que Dieu nous accompagne dans notre vie d’aujourd’hui… et qu’il nous accompagnera aussi dans celle de demain : car nous sommes promis à la vie. 

Certes, notre corps est voué à la mort… mais notre individualité, notre personnalité, notre âme, notre vrai Soi - ou notre « corps spirituel » - comme l’appelle Paul - est promis à la vie … et c’est cela qu’on découvert les disciples, à travers des expériences spirituelles ou visions du Christ ressuscité. 

- La deuxième Bonne Nouvelle, c’est qu’il existe une dimension d’éternité en nous… comme Jésus l’a manifesté, en ayant une vie fondée sur l’amour de Dieu et du prochain. 

Ce qui est éternel… c’est tout ce que nous donnons dans cette vie en terme d’amour. 
Cela apparait dans les textes que les catéchumènes ont choisi de nous lire en ce jour de Pâques : « l’amour de disparait jamais » écrit l’apôtre Paul. 

C’est ce que Jésus nous a fait comprendre par sa vie, par ses gestes et ses paroles, par ses apparitions après sa mort. 
Ce qui compte et ce qui reste, c’est l’amour que nous donnons dans cette vie. Tout le reste n’a aucune importance… et disparaitra un jour. 

* Alors… chers amis… tout cela nous fait réfléchir à ce qui est essentiel dans cette vie… et tout cela nous libère de la peur.

Soyons ainsi pleinement libérés - en ce jour de Pâques - comme le Christ ressuscité. 
Soyons libérés de tout ce qui est mortifère dans notre vie : notre passé, nos doutes, nos échecs, nos erreurs, nos servitudes, nos rancoeurs…  mais aussi de notre angoisse de l’avenir et même notre peur de la mort. 

Soyons libérés de tout cela par la Bonne Nouvelle de l’amour inconditionnel de Dieu pour nous… la Bonne Nouvelle de son amour éternel !

Et profitons de cette liberté, de cette vie nouvelle, que Dieu nous offre dès aujourd’hui pour vivre dans l’amour, dans le don de soi et la gratuité. 

Dieu nous offre la vie, pour en faire quelque chose de beau, de bon, de lumineux…  Entrons, chaque jour, dans ce chemin… dans la paix et la joie de Pâques !   

Amen. 

Lectures bibliques  : extraits de 1 Co 15 + Mt 28
  • 1 C0 15, 3-9. 35-36. 42-44. 49-50
Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais reçu moi-même : Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures. Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures. Il est apparu à Céphas, puis aux Douze.
Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois ; la plupart sont encore vivants et quelques-uns sont morts. 
Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. 
En tout dernier lieu, il m’est aussi apparu, à moi l’avorton. Car je suis le plus petit des apôtres, moi qui ne suis pas digne d’être appelé apôtre parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu. […]

Dira-t-on, comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quel corps reviennent-ils ? 
Insensé ! Toi, ce que tu sèmes ne prend vie qu’à condition de mourir. […]

Il en est ainsi pour la résurrection des morts : semé corruptible, on ressuscite incorruptible ; semé méprisable, on ressuscite dans la gloire ; semé dans la faiblesse, on ressuscite plein de force ; semé corps animal (corps régi par soi-même), on ressuscite corps spirituel (corps régi par l’Esprit). S’il y a un corps animal, il y a aussi un corps spirituel. […]

De même que nous avons été à l’image de l’homme terrestre, nous serons aussi à l’image de l’homme céleste. 
Voici ce que j’affirme, frères : la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu, ni la corruption hériter de l’incorruptibilité. […]
  • Matthieu - chap. 28
Après le sabbat, au commencement du premier jour de la semaine, Marie de Magdala et l’autre Marie vinrent voir le sépulcre. Et voilà qu’il se fit un grand tremblement de terre : l’ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus. Il avait l’aspect de l’éclair et son vêtement était blanc comme neige. Dans la crainte qu’ils en eurent, les gardes furent bouleversés et devinrent comme morts. Mais l’ange prit la parole et dit aux femmes : « Soyez sans crainte, vous. Je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité comme il l’avait dit ; venez voir l’endroit où il gisait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : “Il est ressuscité des morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez.” Voilà, je vous l’ai dit. » 
Quittant vite le tombeau, avec crainte et grande joie, elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent de lui et lui saisirent les pieds en se prosternant devant lui. Alors Jésus leur dit : 
« Soyez sans crainte. Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. » 

Comme elles étaient en chemin, voici que quelques hommes de la garde vinrent à la ville informer les grands prêtres de tout ce qui était arrivé. Ceux-ci, après s’être assemblés avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une bonne somme d’argent, avec cette consigne : « Vous direz ceci : “Ses disciples sont venus de nuit et l’ont dérobé pendant que nous dormions.” Et si l’affaire vient aux oreilles du gouverneur, c’est nous qui l’apaiserons, et nous ferons en sorte que vous ne soyez pas inquiétés. » 
Ils prirent l’argent et se conformèrent à la leçon qu’on leur avait apprise. Ce récit s’est propagé chez les Juifs jusqu’à ce jour.

Quant aux onze disciples, ils se rendirent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais ils eurent des doutes. 
Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. »

Volonté de Dieu

Dans l’Evangile de Luc, extrait du Chapitre 10 :

Et voici qu’un légiste se leva et dit à Jésus, pour le mettre à l’épreuve : 
« Maître, que dois-je faire pour recevoir en partage la vie éternelle ? » 
Jésus lui dit : « Dans la Loi qu’est-il écrit ? Comment lis-tu ? » 
Il lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée,  et ton prochain comme toi-même. » 
Jésus lui dit : « Tu as bien répondu. Fais cela et tu auras la vie. »

Dans la première lettre de Paul aux Corinthiens,  extrait du Chapitre 13

Quand je parlerais en langues, celle des hommes et celle des anges, 
s’il me manque l’amour,
je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante.
Quand j’aurais le don de prophétie,
la science de tous les mystères et de toute la connaissance,
quand j’aurais la foi la plus totale,
celle qui transporte les montagnes, 
s’il me manque l’amour,
je ne suis rien.
Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés,
quand je livrerais mon corps aux flammes,
s’il me manque l’amour,
je n’y gagne rien.

L’amour prend patience, l’amour rend service,
il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil,
il ne fait rien de laid,  il ne cherche pas son intérêt,
il ne s’irrite pas,  il n’entretient pas de rancune,

L'amour ne se réjouit pas de l’injustice,
mais il trouve sa joie dans la vérité.
Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout.

L’amour ne disparaît jamais.