dimanche 31 mars 2024

Pâques, chemin vers la foi

Lectures bibliques : Mc 16, 1-8 ; 2 Co 4,16 – 5,1 ; Col 3, 1-4. 12-15 = voir textes en bas de cette page

Thématique : l’évènement de Pâques, chemin vers la foi

Prédication de Pascal LEFEBVRE - Pâques 2024 (31/03/24) – temple du Hâ


Prédication 


L’épisode de la résurrection est raconté par l’évangéliste Marc de façon très brève. Et il semble finir son évangile de façon assez curieuse, par l’affolement provisoire des femmes, témoins des conséquences de la résurrection.   


On peut repérer plusieurs étapes dans cet épisode… que l’on peut lire, à la fois, comme le récit du cheminement des femmes dans la découverte de l’évènement de Pâques… et comme le cheminement de tout croyant dans la foi. 


1) L’évènement en trois étapes 


Voyons ensemble les différentes étapes que l’évangile met en avant : 


Première étape : les femmes sont certainement tristes et désemparées face à la mort terrible de le Maître sur la Croix, mais elles veulent lui rendre un dernier hommage… et pour ce faire, elles apportent les aromates nécessaires, afin d’embaumer son corps défunt. 


En route, elles se demandent quand même comment elles vont s’y prendre… comment faire… puisque le tombeau où le corps a été déposé est fermé par une grosse pierre qu’elles n’auront certainement pas la force de déplacer. 


Or, en arrivant sur place, elles voient que la pierre a déjà était roulée, malgré sa grande taille… donc que le tombeau est ouvert. 


Cette première étape est symbolique de ce qui est nécessaire pour entrer dans la foi : 

Comme ces femmes… nous avons besoin des autres… nous avons besoin que quelqu’un nous précède, pour rouler la pierre du tombeau… pour créer une brèche, une ouverture… pour entrer dans la foi.


Nous ne pouvons pas accéder à la portée de l’évènement de Pâques par nous-mêmes : Quelqu’un avant nous… a dû ouvrir le tombeau… et notre conscience… 

Quelqu’un a dû ouvrir un espace où nos certitudes sont brisées… où quelque chose de radicalement nouveau peut apparaitre et émerger… 


Ici, on ne sait pas qui a ouvert ce tombeau avant les femmes : 

Est-ce le Christ ressuscité lui-même ? 

Est-ce l’ange, le messager, le jeune homme vêtu d’une robe blanche ? 


Pour entrer dans la foi, nous avons besoin aussi que quelqu’un témoigne… qu’un message – et un messager – soit là, avant nous… qui vient nous dire : il y a une nouvelle heureuse et incroyable… une altérité… un autre possible… 


Malgré la mort, malgré les enfermements… quelqu’un a réalisé l’impossible… quelqu’un se tient là… qui est capable d’ouvrir les tombeaux… et de relever de la mort… pour permettre une vie nouvelle. 


Dans notre réalité… nous ne sommes pas seuls… livrés à nous-mêmes et à nos impasses… 

Dieu envoie sur nos routes des personnes, des messagers, pour nous aider à « rouler » nos pierres, à enlever ce qui bouche nos horizons et notre avenir. 


La bonne nouvelle est déjà là : quelqu’un – au-devant de nous – a roulé la pierre de la violence, de la souffrance et du désespoir !


Deuxième étape de ce cheminement, les femmes voient le messager et la pierre roulée… mais elles sont saisies de frayeur. 


N’est-ce pas ce qui peut se passer quand on est saisi et submergé par quelque chose d’imprévu ?... par un évènement ou une nouvelle totalement inattendue qui change tout ? 


Est-ce que la foi ne produit pas d’abord cela ?... une crainte devant l’étrangeté, devant l’inouï… une stupeur devant ce qui est impossible à croire…. et qui dépasse notre expérience ordinaire et notre rationalité. 


Quelqu’un vient nous témoigner d’une expérience bouleversante… d’une ouverture improbable… et forcément cela remet en question tout ce qu’on croyait connaître ou savoir…

Le dernier mot... n’est pas celui qu’on imaginait… il y a encore autre chose : mais quoi ?


Quand quelque chose de totalement nouveau surgit devant nous, nous sommes effrayés… 

Nous perdons pied face à l’inconnu… Toutes nos certitudes sont ébranlées. 


La foi peut alors apparaitre… et même croitre … quand on accepte ce déplacement… quand on autorise ce changement de regard sur la vie… quand on accepte de s’ouvrir à une nouvelle réalité… à entrer dans une nouvelle confiance…


Et bien souvent, les paroles des messagers autour de nous sont là… ce sont les mêmes que ceux du jeune homme vêtu de blanc : « ne vous effrayez pas ! » « Ayez confiance ! » « Soyez en paix ! » : 

Dieu est capable d’agir… il est capable de réaliser l’impossible… et déjà quelqu’un, devant nous, a ouvert le chemin… il nous précède sur la route de la foi… de la foi au quotidien … et de la vie éternelle. 


Celui qui témoigne nous conduit alors au Christ… à celui qui nous précède dans ce chemin de la mort à la vie… dans l’ouverture vers une radicale nouveauté. 


Troisième étape : le messager nous propose de nous mettre en route… pour suivre celui qui nous précède…


C’est ce que le jeune homme en blanc dit aux femmes : allez témoigner, vous aussi… allez le dire aux autres… osez racontez votre découverte… 


« Allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit.” » 


C’est au moment de cette étape qu’il y a un pas à franchir… et c’est là que quelque chose peut dérailler ou coincer… 


En fait l’évangéliste Marc – en concluant son récit sur la peur des femmes – nous révèle qu’il faut du temps pour s’approprier la Bonne Nouvelle de Pâques… et pour oser franchir la stupeur et le pas de la confiance, qui nous permettra de suivre le Christ… et même d’en parler aux autres… 


Paradoxalement, l’évangile finit ainsi sur le constat du bouleversement des femmes… 

Mais c’est évident que ces femmes ont fini par témoigner de leur expérience bouleversante… sinon il n’y aurait jamais eu de suite… sinon l’évènement de Pâques n’aurait pas été raconté ni transmis… et il ne serait pas arrivé jusqu’à nous. 


Passer de la peur à la confiance… accepter de lâcher ses certitudes et ses repères, pour changer de vision sur la vie, sur Dieu et sur le monde… cela prend forcément du temps… 


Mais on peut penser que les femmes ont peu à peu accepté d’entrer dans ce mouvement, dans cette dynamique de la foi, en accueillant cette incroyable nouvelle de Pâques… 

Et qu’elles ont fini par témoigner de leur expérience inouïe et bouleversante. 


En achevant ainsi son récit, l’évangéliste Marc nous rappelle tout ce que l’entrée dans la foi nécessite en matière de lâcher prise, d’abandon et de confiance… pour opérer un déplacement…


Cela n’a rien d’évident… puisqu’il s’agit d’entrer dans la foi comme sur un chemin inexploré, qui implique d’abandonner nos croyances… de revoir nos conceptions, nos certitudes… pour nous laisser déplacer vers quelque chose de tout à fait nouveau. 


Et pourtant ce chemin n’est pas complètement inexploré… puisque Jésus nous y précède. 


Il faudra donc du temps aux femmes et aux disciples pour comprendre tout ce qu’implique l’évènement de Pâques… et tout ce qu’il signifie, dans notre rapport à la vie, à Dieu et aux autres…


2) Les conséquences de Pâques 


Je voudrais m’arrêter avec vous un instant sur ce point… car la résurrection du Christ – ainsi relevé de la mort par Dieu - constitue vraiment un retournement pour les disciples… et du coup, pour nous aussi. 


Cela signifie d’abord que notre savoir sur l’existence est limité et partiel… 


L’évènement de Pâques vient nous révéler – contre les apparences – que la mort n’est pas la fin définitive de la vie… mais une fin provisoire et transitoire… un passage…


Une brèche est désormais ouverte… il y a un « après » et un « autrement »… et cela change notre perspective sur l’existence humaine…


Cela signifie déjà – dans notre vie quotidienne – que nous ne devons pas baisser les bras devant les prétendues « fatalités » : Rien n’est définitif… rien n’est insurmontable… en tout cas, pour Dieu !


Dieu est Amour, Dieu est le Vivant, il est l’Éternel… et il nous entraine dans une dynamique de vie, qui est capable de surmonter toute chose, y compris nos certitudes, nos échecs, nos enfermements… et même la mort : c’est une incroyable bonne nouvelle !


Cela signifie enfin que nous pouvons vivre dans l’espérance : 

L’avenir n’est pas clos… il est toujours ouvert pour chacun. 


Nous sommes ainsi appelés à ne jamais baisser les bras, ni nous résigner face au mal ou au malheur... il y a toujours une issue... une porte de sortie... vers une résilience ou une résurrection...  puisque l'amour peut vaincre la haine .. la lumière peut surmonter l'obscurité... 

Il y a toujours un chemin... même s’il nous semble parfois inaccessible ou introuvable. 


L’évènement de Pâques nous apporte une lumière nouvelle sur notre réalité… une lumière dont notre monde a un criant besoin, face à la peur, au défaitisme ou au pessimisme ambiant. 


Dieu, l’Éternel, notre Père céleste, est là… il veille à nos côtés... il saura – en toute situation, et pour autant que nous nous ouvrions à la confiance du Christ – nous aider à trouver l’impossible chemin... qui ouvre et éclaire l’avenir. 


Pour conclure…. Il faut ajouter que l’évènement de Pâques ne change pas seulement notre perspective sur l’avenir… il change aussi notre présent et notre façon d’habiter ce monde. 

C’est ce dont l’épître aux Colossiens témoigne.


3) La résurrection : un évènement passé qui ouvre l’avenir… et qui se conjugue toujours au présent… 


L’auteur de la lettre affirme qu’en entrant dans la confiance du Christ… et en le suivant… nous sommes déjà « ressuscités avec le Christ »… et donc qu’une vie nouvelle nous est offerte. 

Ce n’est pas conjugué au futur… mais c’est déjà fait !


Cette vie nouvelle nous inspire des comportements nouveaux… qui nous appellent à orienter nos priorités sur la vie relationnelle et spirituelle…


Puisque Pâques nous rappelle que le matériel et le corporel sont certes importants, mais qu’ils ne sont pas tout… qu’ils ne sont que transitoires… et que seul l’amour demeure… nous sommes désormais appelés à cultiver ce qui est durable… 


Et l’apôtre Paul précise dans une de sa 2ème lettre aux Corinthiens (cf. 2 Co 4,18) que ce est durable, ce n’est pas ce qui visible (notre réalité matérielle et corporelle immédiate)… mais ce qui est invisible… à savoir la foi, l’espérance et l’amour… 


C’est pourquoi l’espérance de la vie éternelle nous appelle à cultiver dès maintenant – dès ici-bas – ce qui a vraiment de l’avenir… ce qui est éternel… 


L’apôtre appelle ainsi les disciples du Christ à semer ce qu’ils veulent récolter durablement… à savoir « des sentiments de compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience ». 

« Et par-dessus tout – dit-il – revêtez l’amour : c’est le lien parfait ». 

Et il conclut par une exhortation : « Vivez dans la reconnaissance ».


Oui… l’évènement de Pâques… ouvre pour chacun de nous une promesse de vie en plénitude et de lumière… au-delà des épreuves, des obstacles provisoires ou des pseudo-impasses… 

Et cela nous ouvre pleinement à la gratitude et à la joie !


Le Christ nous libère de la mort… du fataliste et du défaitisme… 

Il ouvre nos horizons vers l’infini de son Amour ! 


Comme le dit une belle formule de bénédiction…

Puisque le Père surmonte le mal par l’infini de son amour, manifesté en Jésus-Christ :

Que la paix de Dieu vous construise.

Que son amour vous guérisse.

Que sa confiance vous réjouisse !  


« En Christ… vous êtes déjà dans la dynamique de la Résurrection ! »


Amen.


Lectures bibliques 


Mc 16, 1-8 - Les femmes au tombeau

1 Quand le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour aller l’embaumer. 

2 Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles vont à la tombe, le soleil étant levé. 

3 Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre de l’entrée du tombeau ? » 

4 Et, levant les yeux, elles voient que la pierre est roulée ; or, elle était très grande. 

5 Entrées dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme, vêtu d’une robe blanche, et elles furent saisies de frayeur. 

6 Mais il leur dit : « Ne vous effrayez pas. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici ; voyez l’endroit où on l’avait déposé. 

7 Mais allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit.” » 

8 Elles sortirent et s’enfuirent loin du tombeau, car elles étaient toutes tremblantes et bouleversées ; et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.


2 Co 4,16  - 5,1 L’assurance de la résurrection devant la crainte de la mort

16 C’est pourquoi nous ne perdons pas courage et même si, en nous, l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. 

17 Car nos détresses d’un moment sont légères par rapport au poids extraordinaire de gloire éternelle qu’elles nous préparent. 

18 Notre objectif n’est pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel.

1 Car nous le savons, si notre demeure terrestre, qui n’est qu’une tente, se détruit, nous avons un édifice, œuvre de Dieu, une demeure éternelle dans les cieux, qui n’est pas faite de main d’homme.


Col 3, 1-4. 12-15 -  La vie nouvelle

1 Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez ce qui est en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu ; 

2 c’est en haut qu’est votre but, non sur la terre. 

3 Vous êtes morts, en effet, et votre vie est cachée avec le Christ, en Dieu. 

4Quand le Christ, votre vie, paraîtra, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire. […] 12 Puisque vous êtes élus, sanctifiés, aimés par Dieu, revêtez donc des sentiments de compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience. 

13 Supportez-vous les uns les autres, et si l’un a un grief contre l’autre, pardonnez-vous mutuellement ; comme le Seigneur vous a pardonné, faites de même, vous aussi. 

14 Et par-dessus tout, revêtez l’amour : c’est le lien parfait. 

15 Que règne en vos cœurs la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés tous en un seul corps. Vivez dans la reconnaissance.

jeudi 28 mars 2024

Culte du jeudi saint à l'EHPAD Marie Durand

 Jeudi saint – Culte à la maison protestante de retraite - Résidence Marie Durand

Textes bibliques : Jean 4, 7-15 ; Jean 15, 1-8  (voir textes en bas de cette page)


Prédication de Pascal LEFEBVRE – le 28/03/24



L’épisode de la rencontre de Jésus avec une femme samaritaine au bord d’un puits, que l’évangéliste Jean nous raconte, met en scène une série de malentendus entre deux personnes : 

D’un côté, le Christ pose une question fondamentale : quelle est ta soif ? … De l’autre, la femme fait écho à sa soif immédiate, matérielle, terrestre. 


Aussi cet épisode interroge le lecteur ou l’auditeur de l’évangile : 

Qu’en est-il pour nous ? quelle est notre véritable soif ? Quels sont nos désirs les plus profonds ? 

C’est une question très personnelle que Jésus adresse à cette femme … et qu’il nous adresse aussi…


En fonction de notre âge, de notre situation… notre soif évolue au cours de notre existence… nous n’avons pas les mêmes préoccupations, ni les mêmes désirs, à 20 ans, 50 ans ou 80 ans. 


Et vous qui êtes résidents ici … visiteurs… ou sympathisants de la maison Protestante de retraite… quelle est votre soif ? 

De quoi avez-vous besoin ? Quels sont vos désirs les plus essentiels ? 

Quelle est votre « préoccupation ultime » (nous demanderait le théologien Paul Tillich) ?


Nous avons la chance, certainement… si nous sommes ici… de ne manquer de rien… nous avons une structure, un environnement stable qui répond à nos besoin matériels… nous avons un toit sur la tête… nous avons du chauffage… une pièce de vie, une chambre… nous avons de l’eau (sans avoir besoin d’aller la puiser dans un puits), de la nourriture… nous avons un suivi médical… et le confort matériel dont nous avons besoin… 


La question de Jésus sur notre véritable « soif » ne nous oriente pas vers la question de nos besoins corporels… mais vers la question de nos désirs profonds… intérieurs… vers les désirs de notre cœur… de notre âme… vers ce qui touche au relationnel et au spirituel.


Quand est-il pour nous ? Quelle est notre soif ?


Je ne sais pas ce que vous répondriez à Jésus … qu’en pensez-vous ?


.../…


* Je crois déjà – qu’au-delà des besoins matériels – nous avons besoin de paix et de sérénité.


Jésus nous demande donc si notre âme est en paix, si nous sommes paisibles et sereins… ou au contraire, si nous sommes inquiets, préoccupés, troublés ou angoissés… ?


Si nous sommes préoccupés ou inquiets… c’est que nous avons peut-être besoin de parler, de communiquer avec quelqu’un… avec nos proches, notre famille, nos amis… ou avec le personnel de l’établissement… pour y voir plus clair…. 

Car quand on est inquiet, c’est qu’on a besoin de régler certaines choses… pour dépasser ses troubles… peut-être de faire la paix avec notre entourage ou notre famille… peut-être que nous avons besoin de communication, de dialogue… ou même de pardon ou de réconciliation… pour nous mettre en paix avec nous-mêmes et avec les autres… 

C’est quelque chose d’important… tant que nous sommes en état de le faire, nous devons régler les tensions, les dissensions, les perturbations avec les autres… pour pouvoir être en paix avec nous-mêmes. 


Dans la lettre de Paul aux Éphésiens, l’apôtre dit la chose suivante (cf. Ep 4) : 

23 Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée.

24 Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité.

25 Débarrassez-vous donc du mensonge, et dites la vérité, chacun à son prochain, parce que nous sommes membres les uns des autres.

26 Si vous êtes en colère, ne tombez pas dans le péché ; que le soleil ne se couche pas sur votre colère. […]

29 Aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche ; mais, s’il en est besoin, que ce soit une parole bonne et constructive, profitable à ceux qui vous écoutent. […]

32 Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ.


Si nous avons soif de paix intérieure… nous avons soif aussi de paix et de bonnes relations avec les autres… nous sommes donc invités à prendre les devants sans attendre… à aller vers les autres, pour nous mettre en situation de retrouver et partager des relations sereines et apaisées avec nos proches… 


Paul parle de paroles bonnes et constructives, mais aussi de générosité… et même de pardon. 

Il nous appelle ainsi au don de soi… à prendre l’initiative du bien, à faire les premiers pas de la relation ou de la réconciliation, pour pourvoir vivre en paix avec nous-mêmes et être sereins avec les autres…


* Certainement, nous avons soif de relation paisibles… mais de quoi avons-nous encore besoin… quelle est encore notre soif ? Que diriez-vous ?


Je crois que nous avons besoin les uns des autres… nous avons besoin de tendresse, de douceur, de complicité, de joie… et d’amour !


Là encore… nous pouvons dire que nous avons soif de belles relations avec les autres… car nous savons – par expérience – que la vie relationnelle, c’est ce qui donne du baume au cœur !

C’est une joie de partager et de vivre des relations épanouissantes et fraternelles, de pouvoir échanger des mots gentils, des gestes d’amitié, des paroles encourageantes ou réconfortantes, de pouvoir se soutenir mutuellement, dans la confiance ou la tendresse. 


Nous sommes des êtres humains avec un cœur battant… et nous sommes fait pour l’ouvrir… pour exprimer nos émotions… pour partager nos ressentis, nos sentiments, nos impressions ou nos questions…


Ce sont les relations avec les autres… c’est l’amitié ou l’amour que nous partageons qui donne de la saveur à la vie… qui lui donne du goût… et qui nous ressource. 


C’est ce que montre aussi l’évangile de Jean…  

Bien sûr, nous n’avons entendu qu’un court extrait de l’échange entre Jésus et la femme samaritaine, mais c’est exactement ce qui se produit dans ce chapitre de l’Évangile (cf. Jn 4) : 


Jésus invite la femme à entrer dans un échange personnel… dans une relation de confiance… il va finir par lui dévoiler ce dont elle a véritablement besoin… ce qui se cache en elle. 


Derrière ces comportements plus ou moins troubles ou sinueux (même si elle a eu une vie personnelle instable et compliquée, Jésus ne la juge pas) … il lui permet de se rendre compte de ce qui anime sa soif : 

Elle a besoin d’être respectée et reconnue… elle a besoin de bienveillance et d’amour… et il va même apparaitre qu’elle est en quête d’absolu… qu’elle a soif de Dieu…  Car son désir est en fait infini : elle a soif de spiritualité, de lumière, de vérité…


Et c’est exactement ce que Jésus peut lui apporter… puisque c’est lui qui vient révéler l’amour de Dieu… et c’est lui qui pourrait lui donner de l’eau vive : c’est-à-dire l’Esprit saint. 

« Quiconque boit de cette eau-ci (cette eau du puits) aura encore soif – dit-il  ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; au contraire, l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle. » 


* Je crois que c’est la même chose pour nous… nous avons soif de paix… nous avons soif d’amour et de tendresse… mais nous avons soif également d’absolu, d’infini, de Dieu… 

Car il y a un feu intérieur en chacun de nous… à minima une petite étincelle… que Dieu a déposé en nous, au départ, à notre naissance… et cette petite flamme ne demande qu’à grandir… et pour ce faire, elle cherche Dieu… elle est en quête de sens, de spiritualité… elle cherche « le buisson ardent »… pour se renouveler… pour grandir et s’élargir.


Notre désir profond est tellement grand, qu’il ne réclame rien de moins que l’éternité… 

Nous avons soif d’une vie infinie… d’une vie qui soit un jour accomplie dans l’amour éternel de Dieu. 


Comme pour la femme samaritaine, le Christ nous demande « quelle est ta soif ? » et nous pouvons lui répondre : notre soif, c’est la vie !... la vie véritable, la vie en abondance, la vie en plénitude…  

Et comme le Christ est lui-même « le chemin, la vérité et la vie » (cf. Jn 14,6)… cela signifie que nous avons soif de relation avec le Christ… et donc avec Dieu. 


Il me semble que c’est cela qui peut donner une nouvelle dimension à notre existence… 

Car la soif matérielle… la soif corporelle… nous pouvons l’expérimenter tous les jours… mais là Jésus nous parle de notre soif relationnelle, de notre soif spirituelle… et c’est en nous approchant de lui… que nous pouvons étancher notre soif… que nous pouvons trouver une vie plus large, plus abondante, plus pleine, plus libre. 


Il nous faut donc puiser à la bonne source… pour trouver l’eau vive !


* C ’est là que l’autre passage que nous avons entendu peut être aussi important… puisque c’est ce que Jésus révèle à ses disciples, dans le chapitre 15 de l’évangile de Jean, à travers l’image de la vigne et des sarments. 


Les sarments sont irrigués par la sève, lorsqu’ils sont attachés à la vigne… 

C’est la vigne qui les nourrit, qui leur permet de se développer et de porter du fruit. 

C’est donc elle qui va combler la soif des sarments et qui va leur donner vie et croissance. 


C’est ce que Jésus affirme « Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance » (cf. Jn 15). 


* Aujourd’hui, nous sommes « jeudi saint ». C’est le jour de l’année où nous faisons particulièrement mémoire du dernier repas que Jésus à partager avec ses disciples.

C’est l’occasion de nous rappeler le sens de notre « participation » à la sainte Cène. 


Lorsque nous participons à la Ste Cène, nous manifestons notre désir, notre soif, pour cette Source véritable qu’est le Christ, le porteur de l’Esprit saint. 

Nous manifestons notre désir de recevoir en nous cette source d’amour qui vient de Dieu. 

Et nous affirmons notre souhait de prendre part, de participer à la vie du Christ… lui qui a vécu dans l’amour de Dieu, le don et le service. 


Car le Christ nous a révélé un paradoxe :

C’est en recevant cet amour infini de Dieu, en nous, dans notre intériorité, que nous pouvons à notre tour le donner. Et c’est en le donnant, que nous pouvons le recevoir à nouveau. 


L’amour, il n’est pas possible de l’économiser. 

C’est en le donnant qu’on continue de le recevoir.  


En ce jeudi saint, nous allons célébrer ensemble ce repas auquel le Seigneur nous invite. 

Ce n’est pas seulement un geste ou un rite anodin… il est chargé de sens…


Prendre la sainte cène, c’est entrer dans la communion avec le Christ et son message… avec « le don de soi »… avec Celui qui s’est fait don, offrande, partage, communion. 


Ainsi, la bonne nouvelle de Jésus-Christ et l’exemple de sa vie tout entière orientée par le don de soi, nous invitent à faire de la place en nous-mêmes, pour nous ouvrir à ce qui nous dépasse : 

Un amour infini, qui aspire à être accueilli et reçu, puis à se donner… à se donner à travers nous et autour de nous. 


Toute la vie de Jésus est là : elle est récapitulée par le « don de soi ».  

Jésus est celui qui a trouvé la source de la vie en Dieu le Père… cette Source vive l’a ouvert à l’amour infini… qui se manifeste dans le don et le partage… et il l’a offert à tous… 


C’est ce mouvement que symbolise la Ste Cène : 

elle nous fait entrer dans la dynamique de vie du Christ…


Recevoir le pain et le vin, comme symbole de l’amour de Dieu et du don de soi que le Christ réalise lui-même… devenir participant de cette dynamique… et prendre conscience que l’Esprit saint – la source d’eau vive, l’amour de Dieu – qui nous est donné… nous abreuve, nous ressource et nous libère… pour nous entrainer, à notre tour, dans le don et le service… et ainsi nous permettre de trouver la vie véritable… par l’amour. 


Aussi, en ce jeudi saint…en ce jour particulier où nous commémorons le dernier repas de Jésus avec ses disciples… qu’il nous soit donné… en participant à la Ste Cène… de sentir et de recevoir tout l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ… pour étancher notre soif… 

Et qu’il nous soit donné, ensuite, de transmettre cet amour autour de nous… à toutes celles et ceux qui ont soif de vie en plénitude. 


Amen. 


Lectures bibliques 


Jean 4, 7-15


7 Arrive une femme de Samarie pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »  8 Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger. 

9 Mais cette femme, cette Samaritaine, lui dit : « Comment ? Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une femme, une Samaritaine ? » Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains. 

10 Jésus lui répondit : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui aurais demandé et il t’aurait donné de l’eau vive. » 

11 La femme lui dit : « Seigneur, tu n’as pas même un seau et le puits est profond ; d’où la tiens-tu donc, cette eau vive ? 

12 Serais-tu plus grand, toi, que notre père Jacob qui nous a donné le puits et qui, lui-même, y a bu ainsi que ses fils et ses bêtes ? » 

13 Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau-ci aura encore soif ; 

14 mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; au contraire, l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle. » 

15 La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi cette eau pour que je n’aie plus soif et que je n’aie plus à venir puiser ici. »


Jean 15, 1-8


1 « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. 

2 Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il en porte davantage encore. 

3 Déjà vous êtes émondés par la parole que je vous ai dite. 

4 Demeurez en moi comme je demeure en vous ! De même que le sarment, s’il ne demeure sur la vigne, ne peut de lui-même porter du fruit, ainsi vous non plus si vous ne demeurez en moi. 

5 Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. 

6 Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, il se dessèche, puis on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. 

7 Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et cela vous arrivera. 

8 Ce qui glorifie mon Père, c’est que vous portiez du fruit en abondance et que vous soyez pour moi des disciples.