dimanche 23 mai 2021

Ce que l'Esprit de Pâques fait en nous

 Lectures bibliques : Nb 11, 24-30 ; Ac 2, 1-18. 22-24 ; 1 Jn 5, 9b-13 (lectures en bas de cette page)

Thématique : Ce que l’Esprit de Pâques fait en nous 

Culte de Pentecôte 23/05/21 - Temple du Hâ – Bordeaux 

Prédication de Pascal LEFEBVRE

 

Le saint Esprit… le Souffle de Dieu qui habitait Jésus Christ

 

Dans la théologie « traditionnelle » (ou « orthodoxe »), l’Église chrétienne vit selon une « double entrée » : elle se réfère, d’une part, à la Parole de Dieu (le Logos : 2èmepersonne de la trinité), d’autre part à l’Esprit de Dieu (3èmepersonne de la trinité).[1]

 

C’est-à-dire, d’une part à Jésus, confessé comme Christ ou Messie – présenté par l’évangéliste Jean comme celui qui a incarné et manifesté la Parole de Dieu – autrement dit, comme celui qui fut marqué du sceau de l’Esprit de Dieu et qui est venu révéler au monde l’amour de Dieu pour les humains.[2]

 

L’Église renvoie, d’autre part, à la réalité du Saint Esprit, que Jésus appelle dans l’évangile selon Jean, l’Esprit de vérité ou le Paraclet, c’est-à-dire l’Avocat, l’intercesseur, le guide, le consolateur (Jn 14 à 16) : une force capable de donner courage et confiance aux disciples.  

 

Ce Saint Esprit est lui-même désigné de deux façons :

 

D’une part, comme l’Esprit de Dieu – l’Esprit, c’est le « Souffle » de Dieu… ce « vent » de Dieu qui souffle où il veut (Jn 3,8)…. C’est celui que reçoivent les prophètes et celui qui saisit Jésus lors de son baptême (Lc 3,21-22). C’est également ce Souffle qui va pousser Jésus au désert ou l’inspirer dans sa prédication (Lc 4,16-22), comme il avait aussi inspiré le prophète Esaïe (Es 61,1) et d’autres prophètes avant lui. 

 

D’autre part, l’Esprit est aussi présenté comme l’Esprit du Christ (Rm 8,9) ou l’Esprit de Jésus (cf. Ga 4,6 ; Ac 16,7 ; Ph 1,19). 

 

Il est précisé, dans l’évangile selon Jean (Jn 20,22), que lors d’une expérience spirituelle inouïe que vivent les disciples après la mort de Jésus, le Ressuscité leur apparait et leur communique son Esprit. 

 

C’est cet Esprit – l’Esprit du Ressuscité – (puisque le Christ qui vit désormais dans le monde spirituel de Dieu) - qui va les envoyer en mission et leur permettre de se souvenir des paroles et des enseignements de Jésus.[3]

 

Ainsi donc, l’Ancien Testament comme le Nouveau déploient cette idée que Dieu se communique, qu’il donne quelque chose de lui-même pour éclairer et guider les humains : il envoie son Souffle ; il répand son Esprit. 

 

Cet Esprit qui survient dans l’homme donne du discernement et inspire les prophètes, saisit et guide les croyants, appelle et relève les humbles, les petits et les humiliés. 

Il signifie la présence de Dieu dans le cœur ou l’esprit du croyant. 

 

On pourrait dire que c’est sa dynamique de vie… son amour, sa force, sa lumière… que Dieu transmet à travers son Esprit. 

 

Et dès lors, lorsque l’être humain est saisi par Lui, quelque chose se transforme : lorsqu’il survient dans l’homme, l’Esprit le rend capable de prophétiser et d’accomplir des actions remarquables, au point que les auteurs bibliques affirment que ces personnes sont remplies d’Esprit saint, c’est-à-dire d’une Source d’inspiration qui vient de Dieu… de foi, de courage ou d’audace… voire d’un langage nouveau … ou d’une force de transformation, d’une énergie nouvelle.  

 

Concernant la venue de l’Esprit, on trouve deux manières de voir dans le Nouveau Testament :

 

-       Selon Jean, le don de l’Esprit serait arrivé en même temps que l’évènement de Pâques, lorsque le Ressuscité apparait aux disciples après sa mort : 

 

Lors d’une apparition, le Christ aurait communiqué cet Esprit à ses disciples (Jn 20), dans la continuité de ce qui avait été fait au temps de Moïse. On se souvient, en effet, que l’Esprit de Dieu posé sur Moïse avait été répandu sur 70 anciens, comme le livre des Nombres nous l’a rappelé (Nb 11, 24-30) et qu’ils se mirent à prophétiser. 

 

-      Selon Luc, dans le livre des Actes, l’évènement du don de l’Esprit serait arrivé plus tard, lors de la fête juive de chavouotou Pentecôte, cinquante jours après Pâques, alors que les Juifs fêtent le don de la Torah (de la Loi). 

 

Pour Luc, c’est l’inattendu qui survient : tout d’un coup, l’Esprit saint surgit dans un bruit, comme un violent coup de vent : il se répand sur les disciples qui se mettent à prophétiser – à proclamer les merveilles de Dieu – dans différentes langues. Et chacun entend la Bonne Nouvelle dans son for intérieur. C’est, en quelque sorte, un miracle de la communication. 

 

L’Esprit saint, c’est donc quelque chose que Dieu insuffle en l’homme – comme un souffle nouveau, un vent vivifiant - qui le dynamise et le rend créatif… capable d’accomplir la mission qui lui est confiée : annoncer la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu et de la vie éternelle (1 Jn 5, 9b-13). Et c’est ce qui se produit ce jour-là, puisque ceux qui sont saisis par l’Esprit annoncent « les merveilles de Dieu ». 

 

Au fond, il est assez difficile dans notre langage habituel de parler de quelque chose d’extraordinaire, qui dépasse notre entendement et notre expérience habituelle et ordinaire de la vie. 

Pour ce faire, l’homme a recours à des images et des symboles. 

 

L’eau ou le feu sont utilisés par les auteurs bibliques comme symbole de l’Esprit répandu. 

 

L’eau, par exemple, traduit l’effusion de l’Esprit qui arrose et fertilise, qui purifie et donne la vie (Es 44,3 ; 59,21 ; Ez 36,25ss ; 39,29). 

 

Le feu traduit la présence de l’amour de Dieu, mais aussi l’idée de lumière et de chaleur. C’est l’irruption d’un enthousiasme, d’une joie, d’une force brulante qui réchauffe le cœur. 

On peut penser bien sûr à Moïse qui découvre le buisson ardent, ou aux langues de feu qui se posent sur les disciples.Ou encore à ce que ressentent les disciples d’Emmaüs, lors d’une apparition du Ressuscité : ils ont leur « cœur brulant » d’avoir vécu une expérience spirituelle (Lc 24,32) et d’accueillir la bonne nouvelle de la vie éternelle, à travers la résurrection de Jésus. 

 

L’apôtre Paul – qui lui aussi vit une expérience spirituelle sur le chemin de Damas - parle aussi dans ses lettres de l’action du Saint Esprit :

 

Pour lui, l’Esprit de Dieu peut agir sur l’esprit de l’homme. Il peut habiter et saisir le croyant (Rm 8,9.11 ; 1 Co 6,19). 

C’est l’Esprit qui nous permet de comprendre que nous sommes « enfants de Dieu » (Rm 8,15 ; Ga 4,6). 

L’Esprit du Christ nous appelle à la confiance et à la liberté, et non à la peur. Il nous transforme et nous incite à vivre une vie nouvelle. L’Esprit répand l’amour dans les cœurs (Rm 5,5) et nous fait percevoir la volonté de Dieu et vivre selon sa justice. 

 

La Pentecôte… la révélation de l’Esprit de Pâques 

 

En relisant, ce matin, le récit de la Pentecôte, on voit que Luc (l’auteur du livre des Actes) met en avant la portée universelle du don de l’Esprit. 

 

On pensait autrefois que l’Esprit de Dieu était réservé à quelques élus : le roi d’Israël, tel ou tel prophète, le Messie (élu et choisi par Dieu)… ces personnages étaient en quelque sorte des intermédiaires entre Dieu et les hommes… mais là Luc est en train de présenter un phénomène médiatisé par les disciples présents (peut-être les 12 apôtres ou les 120 fidèles) et désormais d’ampleur universelle : le don de l’Esprit est désormais ouvert à tout le monde.[4]

 

L’Esprit de Dieu – ce jour-là – se manifeste à travers les disciples dans un langage audible et compréhensible pour chacun des témoins. 

 

Autrement dit, Dieu parle à tout le monde… et plus seulement à quelques élus. Il y a une sorte d’effusion et de « démocratisation » du Souffle de Dieu qui se répand plus largement. 

 

Luc précise que chacun entendait les disciples parler dans sa propre langue : ce qui veut sans doute dire que chacun entendait résonner la Parole dans son cœur… au-delà des frontières et des catégories de personnes distinguées par la société ou par la religion (juifs et non-juifs, justes et injustes, purs et impurs, hommes libres et esclaves, etc.). 

 

« Entendre dans sa langue maternelle » signifie entendre un message comme quelque chose d’intime et personnel, comme une vérité intérieure et profonde. 

 

La « langue maternelle » signifie, à la fois, la personnalisation de la Bonne Nouvelle dans sa propre vie et l’intériorité : la vocation adressée à l’humain dans son for intérieur, l’inscription de quelque chose de nouveau dans le cœur du croyant. 

 

C’est donc une révélation pour ceux qui entendent cette Bonne nouvelle. Ils viennent d’être rencontrés par Dieu. Cela soulève leur existence. C’est une expérience spirituelle nouvelle qui suscite à la fois l’étonnement et l’admiration… les auditeurs sont troublés et perplexes… incapables de comprendre. 

 

Au-delà du miracle de la communication, produit par l’irruption de l’Esprit saint… cet évènement pose question : Au fond, nous aimerions en savoir plus : 

 

Quel était donc le contenu du message entendu par les témoins de la Pentecôte ? Ils entendent parler dans leur propre langue… mais quel est le contenu du message ?

 

Luc ne dit pas grand-chose à ce sujet. 

Il précise juste : « nous les entendons proclamer dans notre langue les merveilles de Dieu ».

Pour percevoir de quoi il s’agit, il faut lire la suite du récit et notamment la prédication de Pierre qui suit notre passage.  

 

On comprend alors qu’il s’agit de la Bonne Nouvelle de l’évènement de Pâques… qui révèle la résurrection du Christ… le crucifié a été relevé de la mort par Dieu…. C’est donc la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu et de la vie éternelle offerte à Jésus et … par là-même… offerte à tous les êtres humains dans la foi.[5]

 

On peut donc comprendre que pour l’évangéliste Jean : l’évènement de Pâques (la découverte de la résurrection) et celui de Pentecôte (le don de l’Esprit) arrivent en fait en même temps. 

La « merveille » de Dieu que l’Esprit fait résonner, c’est la folle nouvelle de Pâques : l’ouverture à une autre dimension de la vie. 

 

Croire en la résurrection, c’est croire que nous ne sommes pas condamnés à une mort définitive mais – par-delà la mort, nous sommes promis à la vie … à une vie spirituelle qui commence dès maintenant… à une puissance de vie, de paix, de renouveau qui nous est toujours offerte. 

 

Cette Bonne Nouvelle qui se veut universelle (pour tous) est donc la nouvelle d’un regard tout autre posé sur la vie et la mort… la Nouvelle qu’une vie qui transcende la mort nous est ouverte (ainsi qu’en témoigne la résurrection du Christ).

 

Cette merveilleuse nouvelle de Pâques nous invite à porter un nouveau regard sur le sens de notre existence, notre rapport à Dieu, aux autres, au monde. 

 

Car si la vie éternelle nous est offerte, alors ça change tout… alors l’espérance est ouverte…  Alors la vie est plus que ce que nous en voyons… elle n’est pas réduite à la matérialité (ou à la biologie)… Alors, à quoi bon avoir peur et s’inquiéter du lendemain ?… En réalité, aujourd’hui et demain ont déjà le goût de l’éternité.[6]

 

Ce vent de Dieu qui souffle à Pentecôte, c’est l’irruption de Dieu dans l’univers clos des hommes… c’est un nouvel Esprit – un nouvel état d’esprit – offert… qui vient balayer la peur, le désespoir, la tristesse, l’inquiétude ou la crainte du lendemain. 

 

C’est une nouvelle dont notre monde a toujours besoin, car elle l’ouvre à l’altérité, à la confiance, à l’espérance. 

 

Bien sûr… cette Bonne Nouvelle pose question : 

 

Qu’en est-il pour nous aujourd’hui de cette perspective de la vie éternelle : y croyons-nous vraiment ? …  

Nous sentons-nous vraiment libérés de la peur du lendemain ? y compris de la mort ? …  

Acceptons-nous de laisser résonner en nous l’Esprit de Pâques, qui annonce que nous sommes aimés de Dieu et promis à la vie pour l’éternité, à l’image de Jésus Christ ? 

 

Au fond… ce texte de Pentecôte raconte-t-il une vielle histoire qui s’est passée il y a quelques 20 siècles… ou nous concerne-t-il aujourd’hui encore dans notre existence présente ? 

 

Et aujourd’hui… après Pentecôte ? 

 

Je crois personnellement que ce qu’ont vécu les témoins de la Pentecôte, est toujours offert à chacun. 

 

Aujourd’hui encore, la réalité croyante se vit sous l’influence et la promesse de l’Esprit.

Jésus, le fondateur, est certes physiquement absent, mais spirituellement présent, à travers la Parole, la Prédication, les Sacrements… à travers la méditation et la prière. 

 

En premier lieu, il nous reste ses enseignements et ses paroles rapportées dans les Évangiles, mais il nous faut l’éclairage de l’Esprit[7]pour nous guider, nous conduire, nous illuminer. 

 

On peut dire que c’est l’Esprit Saint qui rend le Christ présent pour nous. 

La tradition protestante fait appel au « témoignage intérieur du Saint Esprit » pour éclairer les Écritures et les rendre vivantes pour nous. 

 

L’Esprit, c’est donc le Souffle de Dieu qui agit… qui se rend présent… c’est la puissance créatrice de Dieu à l’œuvre dans notre intériorité… c’est l’amour et la paix de Dieu qui se communiquent et se ressentent. 

 

En laissant l’Esprit de Dieu nous saisir, nous habiter, nous sommes appelés – nous aussi – à nous laisser transformer par Dieu, pour suivre la voie de l’amour et du don de soi ouverte par Jésus… pour advenir à la stature du Christ (comme le disait l’apôtre Paul). 

 

Comme autrefois… comme l’Esprit de Dieu avait habité en Jésus, qu’il s’était incarné en Lui… de la même manière, nous sommes appelés à laisser Dieu nous habiter, à ouvrir notre existence (et notre cœur) à sa présence… Autrement dit, à laisser Dieu être Dieu en nous… à lui laisser de la place dans notre vie et notre intériorité. (Ce que font les mystiques, les moines ou ceux qui pratiquent la méditation.) [8]

 

Les Protestants sont marqués dans leur histoire par la doctrine calvinienne – et disons paulinienne – de la « sanctification ». 

 

Le terme « sanctification » peut être traduit par le mot « transformation » (cf. Tillich). Il s’agit de se laisser inspirer par le souffle de Dieu, d’accueillir l’Esprit saint dans notre intériorité, pour le laisser nous transformer et nous rendre meilleurs, c’est-à-dire plus aimants, plus « bons », plus compréhensifs, plus accueillants, plus bienveillants, plus fraternels … 

 

C’est l’idée que Dieu, son Esprit, son Souffle, travaille à l’intérieur de nous, dans l’intime de chacun, pour autant que nous nous rendions disponibles, que nous lui laissons l’espace de le faire. 

 

L’idée sous-jacente à la notion d’Esprit saint, c’est l’idée que l’infini peut agir dans le fini, Dieu peut agir dans le cœur de l’homme… donc que l’homme n’est pas seul, ni indépendant, ni tout puissant. 

Il peut choisir de se laisser positivement inspiré par Dieu, pour ne pas s’enfermer sur lui-même, pour ne pas sombrer dans l’égocentrisme.[9]

 

Comme l’Esprit a fait irruption et s’est manifesté de façon centrale en Jésus (faisant de lui le Christ de Dieu)… l’Esprit peut aussi agir en nous, nous saisir, élargir notre état de conscience, nous transformer… c’est ce que Paul affirme : il nous invite à nous laisser transformer par l’Esprit (Ga 5, voire aussi Jn 3). 

 

Ce que l’Esprit fait en nous

 

La Bible annonce ce que l’Esprit fait en nous : il nous renouvelle ; il inscrit la loi de Dieu (la loi d’amour de Dieu et du prochain) dans notre cœur (Jr 31,33) : il nous rend libre, en nous reliant à Dieu.

L’Esprit nous rend inventif et collaboratif… pour diffuser autour de nous la paix, la justice, le beau, le bon, le bonheur, la joie…

 

Il nous bouscule[10]. Il nous pousse à sortir de nous-mêmes, de notre zone de confort, pour aller vers les autres et partager… pour les soutenir et les encourager, pour leur témoigner notre bienveillance et notre espérance.

L’Esprit nous fait chercher le règne de Dieu et sa justice (Mt 6,33). 

 

Conclusion : La vie spirituelle, c’est de se laisser transformer par Dieu

 

Pour conclure, je dirai que l’enjeu de la vie chrétienne est là : 

Être chrétien, ce n’est pas seulement se rendre au culte le dimanche (bien que ce soit déjà un bon début). 

L’enjeu de la vie chrétienne, c’est de laisser Dieu être Dieu en soi … c’est de laisser peu à peu notre âme se connecter à Dieu… c’est accueillir son souffle, le laisser nous habiter… pour que nos vies soient portées par la bonté et l’amour de Dieu. 

 

Il s’agit donc en premier lieu d’un lâcher-prise, d’un abandon. C’est ce qu’on appelle la foi : 

Accepter de faire toute confiance à Dieu, s’abandonner entre ses mains… pour devenir son enfant, son prophète, son « petit Christ » (comme disait Luther) … pour devenir transparent à son amour et le communiquer autour de nous… devenir les mains de Dieu qui portent secours… devenir la bouche de Dieu qui dit des paroles d’accueil et de réconfort… devenir quinous sommes appelés à être : des porteurs de lumière et d’espérance dans le monde. 

 

Amen.  


 

Lectures bibliques : Nb 11, 24-30 ; Ac 2, 1-18. 22-24 ; 1 Jn 5, 9b-13

 

Nb 11, 24-30 - Les soixante-dix anciens

24Moïse sortit de la tente et rapporta au peuple les paroles du SEIGNEUR ; il rassembla soixante-dix des anciens du peuple qu’il plaça autour de la tente. 

25Le SEIGNEUR descendit dans la nuée et lui parla ; il préleva un peu de l’esprit qui était en Moïse pour le donner aux soixante-dix anciens. Dès que l’esprit se posa sur eux, ils se mirent à prophétiser, mais ils ne continuèrent pas. 

26Deux hommes étaient restés dans le camp ; ils s’appelaient l’un Eldad, l’autre Médad ; l’esprit se posa sur eux – ils étaient en effet sur la liste, mais ils n’étaient pas sortis pour aller à la tente – et ils prophétisèrent dans le camp. 

27Un garçon courut avertir Moïse : « Eldad et Médad sont en train de prophétiser dans le camp ! » 

28Josué, fils de Noun, qui était l’auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse, intervint : « Moïse, mon seigneur, arrête-les ! » 

29Moïse répliqua : « Serais-tu jaloux pour moi ? Si seulement tout le peuple du SEIGNEUR devenait un peuple de prophètes sur qui le SEIGNEUR aurait mis son esprit ! » 

30Moïse se retira dans le camp ainsi que les anciens d’Israël.

 

Ac 2, 1-18. 22-24 -La venue du Saint Esprit

 

1Quand le jour de la Pentecôte arriva, ils se trouvaient réunis tous ensemble. 

2Tout à coup il y eut un bruit qui venait du ciel comme le souffle d’un violent coup de vent : la maison où ils se tenaient en fut toute remplie ; 

3alors leur apparurent comme des langues de feu qui se partageaient et il s’en posa sur chacun d’eux. 

4Ils furent tous remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler d’autres langues, comme l’Esprit leur donnait de s’exprimer.

5Or, à Jérusalem, résidaient des Juifs pieux, venus de toutes les nations qui sont sous le ciel. 

6A la rumeur qui se répandait, la foule se rassembla et se trouvait en plein désarroi, car chacun les entendait parler sa propre langue. 

7Déconcertés, émerveillés, ils disaient : « Tous ces gens qui parlent ne sont-ils pas des Galiléens ? 

8Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? 

9Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, du Pont et de l’Asie, 

10de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Egypte et de la Libye cyrénaïque, ceux de Rome en résidence ici, 

11tous, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons annoncer dans nos langues les merveilles de Dieu. » 

12Ils étaient tous déconcertés, et dans leur perplexité ils se disaient les uns aux autres : « Qu’est-ce que cela veut dire ? » 

13D’autres s’esclaffaient : « Ils sont pleins de vin doux. »

 

Ac 2 (suite) – Discours de Pierre

14Alors s’éleva la voix de Pierre, qui était là avec les Onze ; il s’exprima en ces termes :

« Hommes de Judée, et vous tous qui résidez à Jérusalem, comprenez bien ce qui se passe et prêtez l’oreille à mes paroles. 

15Non, ces gens n’ont pas bu comme vous le supposez : nous ne sommes en effet qu’à neuf heures du matin ; 

16mais ici se réalise cette parole du prophète Joël :

 

17Alors, dans les derniers jours, dit Dieu,
je répandrai de mon Esprit sur toute chair,

vos fils et vos filles seront prophètes,

vos jeunes gens auront des visions,
vos vieillards auront des songes ;

18oui, sur mes serviteurs et sur mes servantes
en ces jours-là je répandrai de mon Esprit

et ils seront prophètes.
[…]

22« Israélites, écoutez mes paroles : Jésus le Nazôréen, homme que Dieu avait accrédité auprès de vous en opérant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez, 

23cet homme, selon le plan bien arrêté par Dieu dans sa prescience, vous l’avez livré et supprimé en le faisant crucifier par la main des impies ; 

24mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir

 

1 Jn 5, 9b-13 - La foi dans le Fils de Dieu

 

9 b. Tel est le témoignage de Dieu :
il a rendu témoignage en faveur de son Fils.

10Qui croit au Fils de Dieu
a ce témoignage en lui-même.
Qui ne croit pas Dieu
fait de lui un menteur,
puisqu’il n’a pas foi dans le témoignage
que Dieu a rendu en faveur de son Fils.

11Et voici ce témoignage :
Dieu nous a donné la vie éternelle,
et cette vie est en son Fils.

12Qui a le Fils a la vie ;
qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie.

13Je vous ai écrit tout cela
pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle,
vous qui avez la foi au nom du Fils de Dieu.



[1]La Pentecôte est la 3eme fête chrétienne après Pâques et la Noël. C’est la fête de la communication de Dieu. De tout temps, les êtres humains se sont demandé comment Dieu communique ? Les réponses ont été diverses : par des signes, par la nature, par des révélations, par l’intermédiaire de prophètes. Pour les Juifs, le don de la Torah est le fruit de la communication de Dieu (dans le Judaïsme, Pentecôte, c’est la fête de chavouot,grande fête qui fait mémoire du don de la Torahsur le mont Sinaï à Moïse.). Pour les Chrétiens, c’est Jésus Christ qui constitue la révélation centrale de Dieu, il est la Parole incarnée de Dieu (cf. prologue de Jean). Mais qu’en est-il depuis 2000 ans ? Le Nouveau Testament (et notamment le livre des Actes) répond que Dieu continue de communiquer : il se communique lui-même par l’intermédiaire de son Esprit : l’Esprit saint. Il y a donc la Parole (réalisée en Jésus) et l’Esprit de Dieu (qui souffle sur les disciples, après s’être manifestée en Jésus Christ).

[2]Le Nouveau Testament affirme que l’Esprit de Dieu s’est manifesté de façon centrale en Jésus (à son baptême et même dès sa conception). C’est parce qu’il était le porteur de l’Esprit de Dieu qu’il a été reconnu et proclamé comme Christ de Dieu. C’est la présence de l’Esprit de Dieu en lui qui fait de lui la Parole incarnée de Dieu.

[3]En ce sens, on peut dire que l’Esprit procède du Père par le Fils. 

[4]« À toute chair », comme Luc le signale, en empruntant une citation du prophète Joël. 

[5]« Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, nous tous en sommes témoins. Exalté par la droite de Dieu, il a donc reçu du Père l’Esprit Saint promis et il l’a répandu, comme vous le voyez et l’entendez. […] Que toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous aviez crucifié. » (cf. Ac 2, 32-33.36).

[6]C’est d’ailleurs, la façon dont s’exprime l’auteur de l’épitre aux Colossiens qui annonce qu’avec le baptême, nous sommes dès maintenant ressuscités avec le Christ (Col 3,1).  

[7]L’Esprit de Jésus Christ désormais confondu avec l’Esprit de Dieu. 

[8]La théologie parle de « l’inhabitation ». 

[9]Bien que distinct de sa création, Dieu est à l’œuvre en son sein, puisqu’il est « au fondement de l’être » (Tillich), puisqu’il y insuffle son dynamisme créateur. La notion d’Esprit saint signifie que Dieu peut agir imperceptiblement – tel le vent qui souffle où il veut (Jn 3), telle une brise légère et quasi impalpable (1 R 19) - dans sa création et ses créatures. On pourrait peut-être même dire que Dieu s’expérimente lui-même, à travers sa création et ses créatures.

[10]L’Esprit Saint veut réveiller en nous « l’Homme Nouveau ».