dimanche 25 décembre 2022

Vivre l'espérance d'un monde réconcilié

Lectures bibliques : Es 11, 1-10 ; Jn 1, 1-18 (voir en bas de cette page)

Thématique : accueillir l’Esprit de vaillance, manifesté en Jésus Christ, pour vivre l’espérance d’un monde réconcilié. 


Prédication de Pascal LEFEBVRE : le 25/12/22 : Noël  – temple du Hâ – Bordeaux 


Cette année, nous n’aurons pas la lecture traditionnelle de l’évangile de Luc, avec l’enfant nouveau-né dans la mangeoire… mais c’est l’évangile selon Jean qui nous donne sa vision des choses :


Il y a 2000 ans, Jésus Christ est venu apporter la lumière de Dieu dans notre monde. Il est venu manifester la volonté de Dieu : son amour, sa justice, sa grâce et sa vérité. 

Il est le Verbe incarné, la Parole vivante de Dieu : il a manifesté, révélé, dévoilé aux hommes la volonté de Dieu : son désir de sauver l’humanité de toutes ses ténèbres. 


Voilà en quelques mots, le message de Noël !


Jésus Christ est venu apporter quelque chose de vraiment nouveau dans notre monde. Quelque chose de lumineux pour montrer la voie et la vie que Dieu nous propose :


« Le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme. 

[…] mais le monde ne l’a pas reconnu.

Il est venu dans son propre bien, et les siens ne l’ont pas accueilli. 

Pourtant… à ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. 

Ceux-là […] sont nés de Dieu »… ils sont nés à la nouveauté de vie que Dieu propose. (cf. Jn 1, 9-13)


Pour l’évangéliste Jean et l’école johannique, Jésus est celui qui est venu manifester l’amour de Dieu, il y a 2000 ans : apporter la grâce et la vérité… mais cette Parole n’a malheureusement pas été accueillie… et pourtant, elle est là… elle est toujours là…. Elle est venue jusqu’à nous… jusqu’à aujourd’hui : 20 siècles, plus tard…elle est toujours offerte au monde. 


Quelle était donc cette Parole de Dieu que Jésus-Christ est venu manifester ? 


C’était une parole de transformation ! 

Une Parole qui appelait les hommes et les femmes à entrer dans la confiance, à se mettre à l’écoute de Dieu, 

une Parole qui appelait à adopter une nouvelle manière de voir les choses : une nouvelle mentalité, de nouveaux comportements : c’était une Parole qui invitait les croyants à changer les choses, à se prendre en mains, pour faire vivre enfin l’amour du prochain, la fraternité, la justice, le rétablissement de celui qui est exclus, qui souffre d’une maladie ou d’un handicap, le relèvement de celui qui est écrasé par la misère ou l’injustice… c’était une Parole qui appelait au changement, au partage, à la nouveauté.


Et ce changement, déjà, plusieurs siècles avant Jésus, le prophète Esaïe en parlait, lui aussi : il l’attendait !


Déjà à son époque (sans doute au VIIIe siècle avant Jésus Christ), on attendait un nouveau David : on attendait un fils, un roi, un rejeton de la souche de Jessé, le père de David. 


On espérait un changement, avec la venue d’un homme providentiel, envoyé par Dieu. 


Cette espérance : C’est finalement l’espérance que chaque être humain, ou chaque génération, qui vit une situation de crise est en droit d’attendre : 

C’était le cas à l’époque d’Esaïe, puisque Jérusalem connaissait une situation terrible, avec l’invasion des Assyriens… puis une histoire marquée par l’exil, la déportation et la perte… 

C’était le cas aussi à l’époque de Jésus, puisque Jérusalem connaissait la domination de l’occupant romain et une situation de tension et de pauvreté… 

Et c’est sans doute le cas pour nous, aujourd’hui encore, puisque nous attendons aussi de sortir du marasme de notre temps présent… qui connait de multiples crises : écologique, économique, énergétique, inflationniste, politique… mais aussi crise de la confiance et crise spirituelle, car les Chrétiens sont désormais minoritaires dans notre pays… et beaucoup de nos contemporains ne sont plus animés par une vision d’avenir… ils n’ont plus aucune espérance. 


C’est pourquoi, il est bon de relire ces passages bibliques… qui contiennent, pour nous, une promesse !

Face à la situation de crise qu’ils traversent… l’évangéliste Jean, comme Esaïe… nous parlent, ce matin, d’espérance ! 

Il nous faut les entendre : Ils nous donnent une raison d’y croire !


Oui… il y a une espérance… parce que Dieu nous donne son Souffle, son Esprit : un Esprit de discernement, de conseil, de vaillance… un Esprit qui nous conduit à rechercher le règne de Dieu et sa justice !


Cet Esprit s’est pleinement manifesté en Jésus… et c’est certainement pour cela qu’on a vu en lui, le Messie, le Christ : celui en qui les promesses s’accomplissent… celui qui « incarne » les annonces faites par les prophètes. 


« Sur lui reposera l’Esprit du SEIGNEUR :
esprit de sagesse et de discernement,
esprit de conseil et de vaillance,
[…] Il ne jugera pas selon les apparences […]


Il jugera les faibles avec justice,
il se prononcera dans l’équité envers les pauvres du pays.

De sa parole, comme d’un bâton, il frappera le pays,
du souffle de ses lèvres il fera mourir la méchanceté du méchant.

La justice sera la ceinture de ses hanches
et la fidélité le baudrier de ses reins. » (cf. Es 11, 2-5)

Cette espérance de l’émergence de quelque chose de nouveau… face à une situation de crise : C’est l’espérance d’un changement… et même – disons-le – d’un renversement de situation… pour que la justice soit enfin restaurée… et avec elle, la paix et la concorde. 


Esaïe en parle à travers différentes images empruntées à la nature ou au règne du monde animal : 


« Le loup habitera avec l’agneau,
le léopard se couchera près du chevreau.
Le veau et le lionceau seront nourris ensemble,
un petit garçon les conduira » (cf. Es 11,6).


C’est l’espérance que l’hostilité et la rivalité se transforment enfin en amitié et en partage, dans un « vivre ensemble » apaisé. 

Que la concurrence et la loi du plus fort se muent enfin en une forme de communion fraternelle et une solidarité de destin… au point que celui qui est vulnérable (tel un enfant) puisse même devenir un guide. 


Un de mes collègues pasteurs (Andrew Rossiter), s’est amusé à actualiser et à extrapoler ce qu’Esaïe pourrait espérer et dire, s’il vivait avec nous, aujourd’hui, en France, en 2022 : 


Le loup habitera avec l’agneau…

« Le président du Rassemblement National hébergera un demandeur d’asile chez lui.

Le PDG de Total prendra un espresso en terrasse avec un gréviste CGT de Gonfreville-l’Orcher.

Les profits exorbitants seront distribués équitablement,

et un petit garçon les conduira.


Zelensky et Poutine mangeront ensemble.

Les Ukrainiens et les Russes habiteront le même pays en paix,

et le secteur de développement durable croîtra. »


Voilà le monde de demain… le monde nouveau que l’espérance des prophètes et que le Christ nous proposent : voilà le rêve qu’ils nous communiquent : un monde plus lumineux… un monde réconcilié… Un monde de paix, de justice et de partage équitable. 


Un monde où les prédateurs vivent en harmonie avec leurs proies, où les instincts carnivores sont transformés, et les humains les plus vulnérables (les enfants) sont libres de jouer avec les serpents venimeux.  La violence prend fin et l’harmonie s’ensuit.


Mais ce monde – qui est encore une utopie – n’a rien d’évident, car il impliquerait un renversement : 

Il faudrait, en effet, que les riches, les privilégiés et les puissants acceptent de changer… de renoncer au « toujours plus » (toujours plus d’avoir et de pouvoir)… il faudrait sortir de l’avidité… du matérialisme… et même accepter de perdre… de perdre, par amour du prochain. 


Assurément… ce serait un renversement !


Jésus l’exprimait, en ces termes, dans ses discours : 

« Qui veut sauver sa vie [pour lui-même], la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile, la sauvera. 

Et quel avantage l’homme a-t-il à gagner le monde entier, s’il perd son âme ? » (Mc 8, 35-36).


C’est le genre de renversement qu’on trouve partout dans l’évangile ou les paraboles… où les premiers deviennent les derniers… et les derniers, premiers.  


Même dans le Magnificat (cf. Lc 1, 46-55), on a l’exemple de ce type de retournement. Je cite :

« La bonté [du Seigneur] s’étend de génération en génération sur ceux qui le respectent.

Il est intervenu de toute la force de son bras ;
il a dispersé les hommes à la pensée orgueilleuse ;
il a jeté les puissants à bas de leurs trônes
et il a élevé les humbles ;
les affamés, il les a comblés de biens
et les riches, il les a renvoyés les mains vides. »


Ou encore dans les Béatitudes (cf. Mt 5) :

« Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux ».


Ce retournement de situation… ce renversement… c’est l’idée que Dieu se tient du côté de celui qui est faible ou pauvre, celui qui souffre, ou qui crie vers le Ciel en demandant justice. 


Ces millions de cris : ils résonnent, aujourd’hui encore, dans notre monde : mais qui les entend vraiment ? Qui prend soin des plus pauvres ? des plus faibles ? de ceux qui souffrent ? 


Faut-il croire encore à cette espérance d’un changement, d’un renversement proclamé par les prophètes ? 

Et que reste-t-il du message de Jésus-Christ aujourd’hui ? 


Pour le dire autrement…. si Jésus était la vraie lumière, le Christ… et qu’il n’a pas été accueilli dans le monde… faut-il en conclure que Rabbi de Nazareth et son message ont finalement échoué dans cette mission de transformation ? 


Pour répondre à ces questions, il faut certainement distinguer la visée, le processus et les moyens qui nous sont donnés :


La visée, c’est un monde transformé… un monde sauvé… que Jésus appelle le Royaume des cieux ou le règne de Dieu. 

C’est un espace de salut, dans lequel il nous appelle à entrer… un espace où règne une autre mentalité, d’autres comportements que ceux que nous trouvons habituellement dans notre monde. 


Cette visé, Esaïe en parle aussi, lorsqu’il envisage une transformation totale de la société et de la création entière : un monde où les êtres humains, les animaux et la nature seront réconciliés. 


Seulement, si nous avons cette visée, ce but… il ne faut pas s’attendre à ce que cela tombe du Ciel directement : « tout cuit » (si j’ose dire)… et que Dieu nous livre ce monde nouveau sur un plateau d’argent. 


Certes, Dieu nous offre cette espérance…ce regard et cette perspective… Et il donne les moyens d’y parvenir… Mais il faut encore se mettre à son écoute et se relever les manches… 


Dans la Genèse, il nous est dit que les humains sont faits co-créateurs de Dieu : ils sont donc appelés à participer, à collaborer à la création de ce monde nouveau… à la transformation de ce monde ancien en une réalité nouvelle. 


Et sur ce point, aussi bien Esaïe que Jésus, nous annoncent que les choses se font toujours progressivement : c’est un processus croissant qui s’inscrit dans le temps. 


Esaïe parle d’un rejeton, d’une jeune pousse, qui va pousser peu à peu pour faire advenir ce monde nouveau. 


Dans ses paraboles, Jésus parle aussi d’une croissance progressive (cf. Mt 13) : « Le Royaume des cieux est comparable – dit-il – à un grain de moutarde qu’un homme prend et sème dans son champ. C’est bien la plus petite de toutes les semences ; mais, quand elle a poussé, elle est la plus grande des plantes potagères »


Il dit encore : « Il en est du Royaume de Dieu comme d’un homme qui jette la semence en terre : qu’il dorme ou qu’il soit debout, la nuit et le jour, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. » (cf. Mc 4)


Ce monde nouveau de Dieu – que Jésus est venu manifester – est donc initialement une toute petite chose, une réalité fragile et vulnérable… il est comme une graine, puis comme une petite plante, capable de grandir peu à peu dans le cœur de l’être humain…  c’est quelque chose qui travaille dans le fort intérieur… qui éveille peu à peu les consciences. 


Comment cela peut-il se faire ? me direz-vous. 


Par le Souffle de Dieu, par le don de l’Esprit saint … que chacun peut accueillir… pour croitre et grandir… afin de faire advenir ce monde nouveau de Dieu. 


Esaïe nous donne cette réponse :

« Sur lui reposera l’Esprit du SEIGNEUR :
esprit de sagesse et de discernement,
esprit de conseil et de vaillance,
esprit de connaissance et de respect du SEIGNEUR » (cf. Es 11,2)

C’est cet Esprit qui nous conduit à rechercher l’unité et la justice en toute occasion. 


C’est donc cela – chers amis – la Bonne Nouvelle de Noël :


En Jésus Christ, Dieu a placé son Esprit saint… il a manifesté au monde sa volonté de transformation.


Et cet Esprit nous est aussi donné, 2000 ans plus tard, pour poursuivre l’œuvre du Christ. 

Dieu nous donne un Esprit de sagesse, de discernement, de décision, de vaillance… pour rechercher la justice… protéger les plus vulnérables… et construire la paix. 


Plus nous serons nombreux à accueillir et à incarner cet Esprit … à initier un éveil des consciences et une transformation… plus les choses changerons dans le monde !


Dieu nous fait confiance et nous donne cet Esprit de discernement pour mettre nos qualités et nos charismes, au service du grand projet de Dieu : le royaume de Dieu… un monde réconcilié où « il ne se fera plus, ni mal, ni destruction » (cf. Es 11,9). 


C’est à nous qu’il appartient de le construire, en adoptant la nouvelle mentalité que Jésus est venu instiller… en nous mettant à l’écoute de l’Evangile au quotidien. 


Voici donc le programme de Jésus pour nous : 


« La Parole était la seule véritable lumière, celle qui vient dans le monde et qui éclaire tous les êtres humains. […]

à tous ceux qui l'ont reçue et qui croient en elle, elle a permis de devenir enfants de Dieu. 

Ils ne sont pas devenus enfants de Dieu par une naissance naturelle, par une volonté humaine ; c'est par Dieu : c’est Dieu qui leur a donné une vie nouvelle » (Jn 1, 9-13).


C’est à nous, à la suite du Christ, d’instiller cette transformation du monde… en nous laissant inspirer par l’Esprit de Dieu… qui nous offre un Esprit de conseil et de vaillance » !  


C’est le cadeau de Noël que Dieu nous fait, en Jésus-Christ !


Amen. 


Lectures bibliques du Jour de Noël – 25/12/22 – Temple du Hâ


Esaïe 11, 1-10


1 Un rameau sortira de la souche de Jessé,
un rejeton jaillira de ses racines.


2 Sur lui reposera l’Esprit du SEIGNEUR :
esprit de sagesse et de discernement,
esprit de conseil et de vaillance,
esprit de connaissance et de respect du SEIGNEUR

3 Honorer le Seigneur sera tout son plaisir. 

Il ne jugera pas selon les apparences, 

il ne décidera rien d'après des racontars.

4 Il jugera les faibles avec justice,
il se prononcera dans l’équité envers les pauvres du pays.
De sa parole, comme d’un bâton, il frappera le pays,
du souffle de ses lèvres, il fera mourir la méchanceté du méchant.

5 La justice sera la ceinture de ses hanches
et la fidélité le baudrier de ses reins.

6 Le loup habitera avec l’agneau,
le léopard se couchera près du chevreau.
Le veau et le lionceau seront nourris ensemble,
un petit garçon les conduira.

7 La vache et l’ourse auront même pâture,
leurs petits, même gîte.
Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage.

8 Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra.
Sur le trou de la vipère, le jeune enfant étendra la main.

9 Il ne se fera ni mal, ni destruction
sur toute ma montagne sainte,
car le pays sera rempli de la connaissance du SEIGNEUR,
comme la mer que comblent les eaux.


10 Ce jour-là, le descendant de Jessé sera comme un signal dressé pour les peuples du monde. Ils viendront le consulter. Et du lieu où il s'établira rayonnera la gloire de Dieu.



Jean 1, 1-18


1 Au commencement de toutes choses, la Parole existait ; la Parole était avec Dieu, elle était Dieu. 

2 Elle était donc avec Dieu au commencement. 

3 Tout est venu à l'existence par elle, et rien de ce qui est venu à l'existence n'est advenu sans elle. 

4 En elle se trouvait la vie et cette vie était la lumière pour les êtres humains. 

5 La lumière brille dans l'obscurité, et l'obscurité ne l'a pas arrêtée. 


6 Dieu envoya son messager, un homme appelé Jean. 

7 Il vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient grâce à lui. 

8 Il n'était pas lui-même la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière. 


9 Cette lumière était la seule vraie lumière, celle qui vient dans le monde et qui éclaire tous les êtres humains.

10 La Parole était dans le monde et le monde est venu à l'existence par elle, et pourtant le monde ne l'a pas reconnue. 

11 Elle est venue dans son propre pays, mais les siens ne l'ont pas accueillie. 

12 Cependant, à tous ceux qui l'ont reçue et qui croient en elle, elle a permis de devenir enfants de Dieu. 

13 Ils ne sont pas devenus enfants de Dieu par une naissance naturelle, par une volonté humaine ; c'est Dieu qui leur a donné une nouvelle vie.


14 La Parole est devenue un homme et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire, la gloire qu'un Fils unique, plein du don de la vérité, reçoit du Père. 


15 Jean lui a rendu témoignage ; il s'est écrié : « C'est de lui que j'ai parlé quand j'ai dit : “Il vient après moi, mais il est plus important que moi, car il existait déjà avant moi.” » 


16 Tous nous avons eu part à sa plénitude ; nous avons reçu un don après l'autre. 

17 Dieu nous a donné la loi par Moïse ; mais le don de la vérité est venu par Jésus Christ. 

18 Personne n'a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui vit dans l'intimité du Père, lui seul l'a fait connaître.


dimanche 18 décembre 2022

Meditation Mt 1, 18-24

 Mt 1, 18-24 (- Méditation pour RCF Bordeaux - dimanche 18/12/22


https://www.rcf.fr/vie-spirituelle/priere-0?episode=322022


18Voici dans quelles circonstances Jésus Christ est né. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph ; mais avant d'habiter ensemble, elle se trouva enceinte par l'action de l'Esprit saint. 

19Joseph, son fiancé, était un homme droit et ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la renvoyer en secret. 

20Comme il y pensait, un ange du Seigneur lui apparut dans un rêve et lui dit : « Joseph, descendant de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme, car l'enfant qui a été conçu en elle vient de l'Esprit saint. 

21Elle mettra au monde un fils, et tu l'appelleras Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés. »

22Tout cela arriva afin que s'accomplisse ce que le Seigneur avait dit par le prophète :

23« La vierge sera enceinte et mettra au monde un fils,

et on l'appellera Emmanuel », ce qui se traduit “Dieu est avec nous”.

24Quand Joseph se réveilla, il agit comme l'ange du Seigneur le lui avait ordonné et il prit sa femme Marie chez lui.



Alors que l’évangéliste Luc met en avant la foi de Marie, qui répond positivement à l’ange Gabriel : « Que tout se passe comme tu l’as dit », 

L’évangéliste Matthieu – de son côté – met en avant la foi de Joseph, un homme juste. 


« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit saint »


Joseph aurait pu craindre d’accueillir Marie chez lui… car aux yeux des hommes, si Marie était enceinte et que ce n’était pas de lui… un soupçon d’adultère pouvait peser sur elle. 


Il aurait pu la dénoncer publiquement et exposer sa fiancée à l’opprobre. Mais il est quelqu’un de miséricordieux.  

Il aurait pu également « dénouer » le contrat de mariage qui devait le lier à elle, et la renvoyer en cachette. Mais le message céleste, reçu lors d’une illumination nocturne, l’ouvre sur un autre possible. 


Ce chemin, c’est celui de la confiance. 

Et c’est la recommandation du messager qui l’exprime « ne crains pas ! »

C’est une invitation à surmonter son angoisse et son trouble… face à l’impasse apparente de cette situation. 


La raison invoquée de cette confiance possible est l’origine même de l’enfant : 

Dieu est avec lui… puisqu’il agit, en lui, par son Saint Esprit. 

Il n’y a donc rien à craindre !


Il n’y rien à craindre quand le Souffle de Dieu est là !

Nous pouvons l’expérimenter, nous aussi. 


Nous pouvons parfois nous retrouver dans une impasse… lorsque nous ne savons pas comment sortir d’une situation tendue, complexe ou inextricable… nous devons alors nous souvenir de cette parole « ne crains pas »… car Dieu est là… il n’est pas loin… il veille et te permettra de trouver une porte de sortie…. la meilleure qui puisse être. 


D’autant que depuis la venue de Jésus, il est « Dieu avec nous », Emmanuel !

« Dieu avec nous », est aussi « Dieu sauve », « Yahvé sauve » puisque c’est le sens du nom hébreu « Yeshua », « Jésus ». 


A l’image de Joseph, nous pouvons, nous aussi, confier notre sommeil et nos rêves au Seigneur, lorsque nous sommes confrontés à une situation délicate :

Nous pouvons lui demander son discernement… et être attentif aux signes. Car, soyons-en assurés… Dieu nous permettra de trouver une solution favorable au cœur de la nuit. 


Cette solution favorable est toujours liée à la recherche de la justice et à l’écoute de Dieu. 


C’est précisément cette attitude qu’emprunte Joseph : il est prêt à ne pas appliquer la loi de Moïse, pour ne pas porter préjudice à Marie. 

Il se rend disponible à la vision donnée par le messager de Dieu. 

Il accepte de se laisser déplacer, de faire autrement… d’entrer dans un lien de collaboration avec le Seigneur. 


Qu’il nous soit donné également de nous mettre à l’écoute de Dieu… d’accueillir sa volonté pour nous et nos proches. 


samedi 17 décembre 2022

Meditation Mt 1, 1-17

 Mt 1, 1-17 - Méditation pour RCF Bordeaux - samedi 17/12/22


https://www.rcf.fr/vie-spirituelle/priere-0?episode=318173


1Voici la liste des ancêtres de Jésus Christ, descendant de David, lui-même descendant d'Abraham.

2Abraham eut un fils, Isaac ; Isaac eut un fils, Jacob ; Jacob eut des fils, Juda et ses frères ; 

3Juda eut des fils de Tamar, Pérès puis Zéra ; Pérès eut un fils Hesron ; Hesron eut un fils Aram ; 

4Aram eut un fils Amminadab ; Amminadab eut un fils Nachon ; Nachon eut un fils Salman ; 

5Salman eut un fils de Rahab, Booz ; Booz eut un fils de Ruth, Obed ; Obed eut un fils, Jessé ; 

6Jessé eut un fils, le roi David.

David eut un fils de la femme d'Urie, Salomon ; 

7Salomon eut un fils Roboam ; Roboam eut un fils Abia ; Abia eut un fils Asaf ; 

8Asaf eut un fils Josaphat ; Josaphat eut un fils Joram ; Joram eut un fils Ozias ; 

9Ozias eut un fils Yotam ; Yotam eut un fils Akaz ; Akaz eut un fils Ézékias ; 

10Ézékias eut un fils Manassé ; Manassé eut un fils Amon ; Amon eut un fils Josias ; 

11Josias eut un fils Yekonia et ses frères, à l'époque de l'exil à Babylone.

12Après l'exil à Babylone, Yekonia eut un fils Salathiel ; Salathiel eut un fils Zorobabel ; 

13Zorobabel eut un fils Abihoud ; Abihoud eut un fils Éliakim ; Éliakim eut un fils Azor ; 

14Azor eut un fils Sadok ; Sadok eut un fils Achim ; Achim eut un fils Élioud ; 

15Élioud eut un fils Éléazar ; Éléazar eut un fils Matthan ; Matthan eut un fils Jacob ; 

16Jacob eut un fils Joseph, l'époux de Marie ; c'est d'elle qu'est né Jésus, celui qu'on appelle le Christ.

17Il y eut donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu'à David, puis quatorze depuis David jusqu'à l'exil à Babylone, et quatorze depuis l'exil à Babylone jusqu'à la naissance du Christ.



C’est une traversée de l’histoire d’Israël.

Mais à quoi sert cette longue liste de noms au début de l’évangile ?


Dans les traditions du Judaïsme, la généalogie a une fonction de légitimation.  

On rappelle ainsi que Jésus a eu des ancêtres reconnus, tels Abraham (le patriarche connu pour sa grande foi, et qui a reçu les promesses de Dieu) ainsi que ses héritiers : Isaac et Jacob… ou encore les prestigieux roi David et le sage Salomon.  


Selon les écrits prophétiques, en effet, le Messie tant attendu devait être un descendant du roi David. 

Et d’ailleurs, la fin de la généalogie précise que Jésus est désigné comme le Christ, c’est-à-dire comme le Messie envoyé par Dieu. Ce qui n’est pas une surprise si David était l’un de ses ancêtres. 


Mais, à bien y regarder, cette généalogie comprend tout de même quelques surprises, parce qu’elle mentionne 4 femmes. 

Non pas les 4 mères d’Israël : Sarah, Rébecca, Léa et Rachel, 

Mais 4 femmes : Thamar, Rahab, Ruth et Bethsabée (la femme d’Urie), qui sont loin d’avoir été irréprochables, puisque l’une ou l’autre a été prostituée ou adultère. 


Il y a donc là, dans cette liste d’ancêtres, une grande diversité humaine, où se côtoient le juste et l’injuste, le fidèle et l’infidèle.


Deux raisons peuvent expliquer pourquoi Matthieu mentionne ces 4 femmes :


La première, c’est qu’il veut montrer qu’aucune imperfection morale ou religieuse n’est un obstacle à la venue de la nouveauté, à la venue du Christ dans l’histoire.


Et si tel est le cas pour Jésus, c’est également vrai pour nous-mêmes.


Comme pour Jésus, l’histoire des générations qui nous ont précédées est peut-être aussi faite d’un mélange du meilleur et du pire. Mais nous ne sommes pas prisonniers, ni responsables de ce passé. 


Quelque chose de neuf peut surgir dans notre vie… quelque chose de bon peut advenir… quels que soient les tumultes de notre passé… proche ou lointain.


La seconde raison – plus probable – c’est que la mention de ces 4 femmes étrangères permet de suggérer que les non juifs, les gentils, sont partie intégrante de l’histoire d’Israël, de cette histoire qui a donné au monde un Messie. 


Par conséquent, ce Messie – ce Christ – est destiné à tous les êtres humains… quelles que soient leur origine et leur histoire personnelle. 


Il y a donc une bonne nouvelle dans cette généalogie, c’est qu’il n’y a pas de déterminisme : Jésus est tout aussi bien le descendant de David que de Thamar. 

Ce n’est donc pas en raison de cette généalogique qu’il fut le Messie, mais parce qu’il s’est laisser inspirer et conduire par le Souffle de Dieu… parce qu’il a accompli la volonté du Père. 


Qu’il en soit de même pour nous !