dimanche 11 décembre 2022

Mt 11, 2-11

 Lectures bibliques : Jr 29,11 ; Rm 12,2 ; Mt 11, 2-11 (voir en bas de cette page)

Thématique : l’espérance 

“Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?” (Mt 11, 3)


Prédication de Pascal LEFEBVRE – Bordeaux – temple du Hâ, le 11/12/22


Les bleus ont gagné leur place en demi-finale hier soir. 

Les français avaient de l’espoir : et ils se sont qualifiés

Cet espoir s’est concrétisé !


Mais, ce matin… je ne vais pas vous parler d’espoir… 

Surtout pour un sujet, certes, brillant, mais qui n’a, en réalité, aucun impact sur notre vie quotidienne et notre avenir.  

Je vais vous parler d’espérance ! C’est autre chose !


“Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?” (Mt 11, 3)

La question posée est justement celle de l’espérance !


Le prophète Jean Baptiste a été arrêté… il est au fond du trou, dans sa prison… mais il a encore une espérance… non pour lui-même, parce qu’il se doute certainement que la fin est proche. Mais il a une espérance pour le monde : il attend le Messie, l’envoyé de Dieu, qui doit apporter salut et guérison au monde. 


Alors la question se pose : Que faut-il espérer de ce Jésus de Nazareth ? Est-il réellement Celui que Dieu nous envoie ? 

Que faut-il en attendre ?


L’évangéliste Matthieu répond à cette question, non pas en dissertant sur l’identité de Jésus… sur son origine… sa naissance, son C.V. ou sa formation… Mais en mettant le focus sur les œuvres que Jésus réalise, sur ce qu’il fait :

Il opère des guérisons, il rend la vue aux aveugles, il permet aux boiteux de marcher, il purifie des lépreux… il est donc celui dont le prophète Esaïe parlait autrefois : celui qui fait entendre les sourds, qui annonce la Bonne Nouvelle aux pauvres, et même qui relève des personnes de la mort. 


Pour Matthieu, Jésus est donc bien Celui que Dieu envoie pour libérer l’humanité des ses maux et ses malheurs… celui qui apporte délivrance et guérison. 


Mais à bien y regarder… 2000 ans plus tard… la question de Jean le Baptiste dans sa prison, retrouve une certaine actualité. 

Car, face à l’état du monde, qui traverse, aujourd’hui, tant de conflits et de crises (crise écologique, énergétique, économique, sanitaire) … nous aimerions, nous aussi, avoir des signes et même l’assurance que Dieu entend notre appel et va nous apporter une réponse. 


Oui… lorsqu’on vit une situation difficile… lorsqu’on voit la misère, la corruption, l’injustice ou la souffrance… comme Jean, il y a 2000 ans…  et comme nous, aujourd’hui, si on regarde lucidement l’état du monde… on est en droit de se poser la question de l’espérance : 


Que faut-il attendre dans notre situation ?

Y a-t-il encore des raisons d’espérer ?


La réponse est « oui » bien évidemment !


L’abbé Pierre le disait : « l’espérance, d’abord, c’est croire que la vie a un sens ! »


Même quand tout va mal… l’espérance, c’est croire que Dieu est là… que nous ne sommes pas seuls.

C’est croire que Dieu nous entend et nous attend… et, quoi qu’il arrive, qu’il est à nos côtés… qu’il prendra soin de nous et nous délivrera… aussi bien, à titre individuel (dans notre situation personnelle) qu’au niveau collectif (pour l’ensemble de notre monde).


L’espérance, c’est que Dieu trouve toujours une porte de sortie… même quand l’humanité semble s’être mise dans une impasse. C’est l’espérance du salut : de la libération, de la guérison. 


L’espérance, c’est donc accepter de ne pas regarder seulement les épreuves et les difficultés, les catastrophes et les horreurs… mais de voir un peu plus large, un peu plus haut… c’est regarder au-dessus de l’horizon. 


Voir au-dessus de l’horizon : C’est ce que Dieu nous permet de faire quand nous nous souvenons de l’évènement de Pâques : 


Quelques années après Jean Baptiste, pour Jésus aussi ce fut le temps de l’épreuve : lui aussi a été arrêté et s’est retrouvé en prison. 

L’espoir semblait alors totalement perdu, Jésus s’était mis à dos les autorités religieuses, en chassant les marchands du temple… il avait été abandonné et même trahi ou renié par les siens… puis il fut crucifié comme un agitateur… 

Il n’y avait – apparemment – plus rien à attendre !


Et pourtant, quelques jours après, il s’est passé « quelque chose »… une expérience spirituelle … Jésus est apparu comme « Vivant » dans une autre sphère de réalité à une poignée de disciples. 

Ils ont compris que Dieu avait relevé le Christ, son envoyé… 


Dieu avait donc trouvé une porte de sortie, en manifestant la résurrection spirituelle de son fils… 

C’était une porte de sortie pour dire qu’il y a un « après », un « autrement »…que Jésus était bien « le Juste » tant attendu. 


Pâques est la réponse définitive à la question de Jean le Baptiste. 

Et c’est une réponse qui est offerte à toutes nos angoisses, nos peurs du lendemain. 

Mais en attendant, l’évangéliste Matthieu propose une autre réponse : actuelle… une réponse qui nous renvoie à l’aujourd’hui de nos vies, ici et maintenant. 


« Quelle espérance faut-il avoir ? » demande Jean

Matthieu répond : « Regarde, il se passe des choses incroyables…  

Jésus accomplit des signes : il guérit des gens, il libère les humains des emprises mortifères, il rend la vue aux aveugles… il permet à des sourds d’entendre… il manifeste la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu et son salut partout autour de lui. »


Cette parole redonne ainsi confiance à Jean : un autre avenir est possible … Dieu veille, il est là… il nous donne « un avenir à espérer » comme le souligne aussi le prophète Jérémie (cf. Jr 29,11). 


Aujourd’hui… les choses sont un peu différentes… 

Jésus n’est pas là, avec nous, en chair et en os… mais son Esprit est toujours présent : 

L’Esprit saint continue de souffler et de nous inspirer (si nous l’écoutons). 

Des hommes et des femmes accomplissent encore des choses formidables et exceptionnelles au 21e siècle.


Partout – comme l’évangile nous y appelle – des gens recherchent « le règne de Dieu et sa justice » (cf. Mt 6,33). 

Il y a des O.N.G., des associations, des organismes humanitaires, des personnes exceptionnelles qui œuvrent et tentent de changer les choses partout dans le monde… par exemple, Medair, l’Adra, l’Armée du salut, Action contre la faim, Aide et action, les apprentis d’Auteuil, le Père Pedro à Madagascar… pour ne citer que quelques exemples, parmi des dizaines de milliers d’œuvres. 


Il y a donc des raisons d’espérer… car des gens ont pris la suite de Jésus. 


Il y a des disciples … des « petits Christ » comme les appelait le réformateur Luther… qui luttent contre la pauvreté, l’exclusion, les injustices… et qui tentent d’apporter aide, solidarité, alimentation, éducation, avenir… en de multiples endroits du monde. 


Il y a des gens – des témoins d’espérance – qui se sont mis à l’écoute de l’Evangile et qui tentent de vivre et de partager le bonheur des Béatitudes :

Heureux ceux qui sont doux, ils auront la terre en partage !

Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, ils seront rassasiés ! 

Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu ! 


Il y a donc de quoi espérer ! Les choses bougent !

C’est ce que Jésus répondait déjà à Jean, il y a 2000 ans… et c’est ce que nous devons savoir aujourd’hui encore. 


Il y a de l’espérance, parce que Dieu et son Royaume sont en chemin… parce que le monde est certes encore dans les douleurs de l’enfantement – comme l’écrivait l’apôtre Paul à la jeune église de Rome (cf. Rm 8) – il attend encore la délivrance… telle une femme enceinte qui est sur le point d’accoucher… Mais cette libération est promise : elle vient… elle arrive !


Il faut le dire à nos jeunes, à nos enfants, réunis aujourd’hui : il y a des raisons d’espérer ! Un cap nous est donné !


« L’espérance une boussole, dont l’aiguille s’affole en permanence en raison de tout ce qui se passe dans le monde, mais qui résiste à l’agitation en gardant avec persévérance son cap » (cf. Nicolas Meyer)… puisqu’il y a toujours une issue favorable. 


Il y a quelques années, le pasteur Michel Bertrand écrivait ces paroles :

« En un temps où le sens et les repères s’effacent, il s’agit de partager et susciter par nos paroles et par nos actes des raisons d’espérer dans une société qui pense ne plus en avoir. 

Témoigner, dans ce monde, d’une Parole à la fois porteuse d’espérance et critique envers tout ce qui empêche l’espérance ».


C’est là, je crois, notre mission de Chrétiens : être des porteurs d’espérance… des ministres de l’espérance pour les autres… pour ceux qui en manquent… ou ceux qui n’y croient plus. 


Espérer, c’est croire aux promesses de Dieu et s’engager lucidement en faveur d’un monde meilleur, en attendant avec persévérance leurs pleines réalisations. 


Espérer, ce n’est pas simplement y croire… et attendre patiemment. 

Espérer, c’est s’engager…  comme si tout dépendait de nous… tout en sachant, en réalité, que nous sommes peu de chose… des serviteurs quelconques (cf. Lc 17)… et que tout appartient à Dieu. 


Cela commence donc par une confiance…


Car précisément, Dieu nous fait confiance :

Il nous fait confiance pour agir comme les bons serviteurs de la parabole des talents (cf. Mt 25) : pour faire valoir ce que nous sommes – nos dons, nos potentialités, nos qualités, nos talents – pour nous laisser renouveler par son St Esprit… et nous engager, dans l’attente du salut… nous engager pour mettre de la lumière, là où il y a de l’obscurité… pour semer de bonnes choses… afin que notre monde puisse récolter de bons fruits…  il nous fait confiance pour vivre une espérance active. 


L’écrivain Jules Verne, passionné par les sciences et la littérature, a écrit : « Rien ne s’est fait de grand qui ne soit une espérance exagérée ». 


L’histoire lui donne raison !

Qu’on pense à des personnages qui ont marqué leur temps : comme,  mère Theresa, l’abbé Pierre, Gandhi, Martin Luther King… et bien d’autres… ils ont de commun qu’ils ne se sont pas conformés au monde présent… et qu’ils ont déployé une confiance et une espérance extraordinaire… ils ont donné leur cœur et leur énergie… ils sont entrés avec leurs talents et leurs qualités dans le don de soi… et avec leur foi, ils ont déplacé des montagnes de problèmes… pour offrir quelque chose de nouveau au monde : un monde plus juste et plus fraternel. 


C’est là – chers amis – notre vocation de Chrétiens, l’appel que reçoit chaque être humain : « cherchez le règne de Dieu et sa justice ! » avec « la foi et l'amour comme cuirasse, et l'espérance du salut comme casque » (cf. 1 Th 1,8), ainsi que l’écrivait l’apôtre Paul dans une de ses lettres. 


La période de l’Avent – vous le savez – symbolise ce temps d’attente avant Noël où l’on entre dans l’espérance. 


L’espérance qui se manifeste à Noël, c’est la venue de la nouveauté, à travers la naissance de Jésus Christ, c’est la venue de l’espérance incarnée pour ce monde. 


2000 ans plus tard… en attendant la réalisation des promesses de Dieu : l’espérance d’un monde enfin libéré et réconcilié … l’espérance – peut-être – du retour du Christ… et l’espérance de la vie éternelle… il nous est donné, à notre tour, de pouvoir « incarner » l’espérance de Dieu. 


Car, si nous avons une espérance pour aujourd’hui et pour demain, Dieu aussi a une espérance : 

C’est qu’enfin nous puissions vivre libres et heureux – tous ensemble – sur cette terre… qu’enfin, nous puissions vivre son Royaume de justice, de partage, de réconciliation, de paix et d’amour. 


Alors, Chers amis, ouvrons nos cœurs – en ce période de l’avent – pour accueillir Celui qui vient : 

il vient aujourd’hui encore – souffler son Esprit saint sur notre monde – pour que nous incarnions l’espérance du salut offert à tous. 


Amen. 


Lectures bibliques 


Jr 29,11 

Car moi, le Seigneur, je sais bien quels projets je forme pour vous ; et je vous l’affirme : ce ne sont pas des projets de malheur mais des projets de bonheur. Je veux vous donner un avenir à espérer. 


Rm 12,2

Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait.


Mt 11, 2-11

2 Or Jean, dans sa prison, avait entendu parler des œuvres du Christ. Il lui envoya demander par ses disciples : 

3 « Es-tu “Celui qui doit venir” ou devons-nous en attendre un autre ? » 

4 Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : 

5 les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ; 

6 et heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! »

7 Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à parler de Jean aux foules : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? Un roseau secoué par le vent ? 

8 Alors, qu’êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu d’habits élégants ? Mais ceux qui portent des habits élégants sont dans les demeures des rois. 

9 Alors, qu’êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le déclare, et plus qu’un prophète. 

10 C’est celui dont il est écrit : Voici, j’envoie mon messager en avant de toi ; il préparera ton chemin devant toi. 

11 En vérité, je vous le déclare, parmi ceux qui sont nés d’une femme, il ne s’en est pas levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. 



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