"Culte autrement" du 21 décembre 25 - temple du Hâ (Bordeaux)
Un "culte autrement" est un culte participatif.
Lectures bibliques et temps de méditation partagé
Introduction
Aujourd’hui, nous allons vivre un temps de « culte autrement ». Ce sera l’occasion de nous interroger ensemble sur cette question existentielle : Vivre sa foi, est-ce bien raisonnable ?
Il ne s’agira pas - bien sûr - d’apporter une réponse définitive à cette question… d’ailleurs, il n’y a sans doute pas de bonnes ou de mauvaises réponses… Mais simplement d’essayer de nous mettre à l’écoute du Nouveau Testament… et de discerner ce que cette question fait résonner en nous.
« Vivre sa foi, est-ce bien raisonnable ? »
Notre parcours méditatifs comportera 4 étapes…
Temps 1 – Entrée biblique : une foi jugée excessive
Marc 3, 20-21
20 Jésus vient à la maison, et de nouveau la foule se rassemble, à tel point qu'ils ne pouvaient même pas prendre leur repas. 21 A cette nouvelle, les gens de sa parenté vinrent pour s'emparer de lui. Car ils disaient : « Il a perdu la tête. »
Voilà un témoignage étonnant… Jésus ne choque pas seulement les autorités religieuses de son temps, mais également ses proches…
Sa foi a été perçue par les siens comme excessive… comme un dépassement, une sortie au-delà des normes familiales, sociales, religieuses.
Sa manière de vivre, d’aimer, de se donner, de parler, leur paraît déraisonnable.
Pour sa parenté, il a quasiment « perdu la tête. » Son attitude et son comportement apparaissent non comme rassurants, mais comme dérangeants… Comme si la foi pouvait mener trop loin.
Questions pour débattre (avec ses voisins, par petits groupes de 3–4, pendant 6 à 8 minutes) :
1) Pensez-vous que la foi peut réellement nous transformer ?
…
2) Est-ce que « vivre sa foi » peut, aux yeux du monde, ressembler à une forme de folie ?…
…
3) Qu’est-ce qui, dans la foi chrétienne, peut paraître aujourd’hui excessif, dérangeant, déraisonnable… ou un peu « fou » ?
…
4) Qu’est-ce qui, en moi, demande à être vécu de façon authentique, même si ça dérange parfois ?
…
Chant
Temps 2 – La foi comme déraison… vue de l’extérieur
Lectures bibliques
Matthieu 10, 34-36
34 « N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive. 35 Oui, je suis venu séparer l'homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : 36 on aura pour ennemis les gens de sa maison.
1 Co 1, 15-28
18 La parole de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui sont en train d'être sauvés, pour nous, elle est puissance de Dieu. 19 Car il est écrit : Je détruirai la sagesse des sages et j'anéantirai l'intelligence des intelligents. 20 Où est le sage ? Où est le docteur de la loi ? Où est le raisonneur de ce siècle ? Dieu n'a-t-il pas rendue folle la sagesse du monde ? 21 En effet, puisque le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. 22 Les Juifs demandent des signes, et les Grecs recherchent la sagesse ; 23 mais nous, nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens, 24 mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, il est Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. 25 Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.
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Ces textes ne font pas l’éloge du conflit, ni d’une foi agressive. Ils disent que la foi n’est pas toujours compatible avec les logiques dominantes : réussite, sécurité, consensus, efficacité.
Plus précisément, la foi nous déplace dans nos représentations… jusqu’à venir contrarier la prétendue sagesse du monde.
Paul distingue deux logiques : la sagesse du monde / et la sagesse paradoxale de Dieu
« La folie de Dieu est plus sage que les hommes » écrit l’apôtre.
Pour lui, la croix devient le symbole d’une autre manière de vivre : vulnérable, exposée, mais habitée… unie au Divin.
Cet extrait de Paul nous offre une lecture symbolique : la croix est perçue comme un contre-modèle existentiel.
Questions pour débattre (avec ses voisins, par petits groupes de 3–4, pendant 6 à 8 minutes) :
5) Avez-vous déjà envisagé la foi comme parole qui fait débat (et non consensus)… qui dérange, qui divise… qui ne met pas tout le monde d’accord ?
…
6) Qu’est-ce qui, dans ma manière de croire ou de vivre ma foi, peut sembler naïf, inutile ou absurde aujourd’hui (pour d’autres) ?
…
7) Est-ce que ma foi cherche surtout à rassurer… ou est-ce qu’elle me déplace, me met en mouvement ?
…
8) Y a-t-il des tensions, des incompréhensions, que ma foi a déjà suscitées autour de moi ?… Éventuellement, avez-vous déjà pris une position tranchée, du fait de votre foi ?
…
Chant
Temps 3 – La foi comme déplacement et risque existentiel
Nous allons écouter maintenant ce fameux épisode de l’évangile de Matthieu… où Jésus semble marcher sur l’eau à la rencontre des disciples… et invite finalement Pierre à venir vers lui.
Je vous invite à l’entendre, aujourd’hui, non pas seulement comme un récit de miracle, mais comme une parabole de l’existence….
Matthieu 14, 22-33
22 Aussitôt Jésus obligea les disciples à remonter dans la barque et à le précéder sur l'autre rive, pendant qu'il renverrait les foules. 23 Et, après avoir renvoyé les foules, il monta dans la montagne pour prier à l'écart. Le soir venu, il était là, seul. 24 La barque se trouvait déjà à plusieurs centaines de mètres de la terre ; elle était battue par les vagues, le vent étant contraire. 25 Vers la fin de la nuit, il vint vers eux en marchant sur la mer. 26 En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent affolés : « C'est un fantôme », disaient-ils, et, de peur, ils poussèrent des cris. 27 Mais aussitôt, Jésus leur parla : « Confiance, c'est moi, n'ayez pas peur ! » 28 S'adressant à lui, Pierre lui dit : « Seigneur, si c'est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » – 29 « Viens », dit-il. Et Pierre, descendu de la barque, marcha sur les eaux et alla vers Jésus. 30 Mais, en voyant le vent, il eut peur et, commençant à couler, il s'écria : « Seigneur, sauve-moi ! » 31 Aussitôt, Jésus, tendant la main, le saisit en lui disant : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » 32 Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. 33 Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui et lui dirent : « Vraiment, tu es Fils de Dieu ! »
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A travers ce texte, on peut envisager la foi comme un risque à prendre… en s’ouvrant à la confiance…
- La barque, c’est ce qui rassure / L’eau, c’est ce qui est incertain.
- Ici, croire, c’est oser un déplacement.
- Marcher sur l’eau, c’est quitter ce qui est raisonnable, prévisible, assuré… c’est tenter l’impossible…. avec l’appui du Seigneur.
- Pierre ne coule pas parce qu’il a osé, mais parce que la peur reprend le dessus. Ce n’est pas la chute de Pierre qui est condamnée par Jésus, mais la peur qui l’enferme et lui fait perdre pied.
- Autrement dit… la foi n’empêche pas forcément la peur de se manifester - surtout quand elle n’est pas assurée - mais elle empêche la peur d’avoir le dernier mot.
Questions personnelles (en silence méditatif, pendant 3 à 5 minutes) :
9) À quel moment de ma vie ai-je osé un pas qui n’était pas raisonnable, mais vital ?
…
10) Est-ce que ma foi m’aide à traverser mes peurs, mes doutes, mes angoisses existentielles ?
…
11) Où suis-je aujourd’hui appelé à quitter une forme de sécurité intérieure ?… Quels pas ai-je encore besoin de faire, pour avancer dans la foi ?
…
Chant
Temps 4 – La foi comme une autre sagesse / une sagesse alternative
Nous allons entendre un dernier texte dans l’épitre de Paul aux Romains :
Rm 12, 1-2 (NBS)
1 Je vous encourage donc, mes frères, au nom de toute la magnanimité de Dieu, à offrir votre corps comme un sacrifice vivant, saint et agréé de Dieu ; voilà quel sera pour vous le culte conforme à la Parole. 2 Ne vous conformez pas à ce monde-ci, mais soyez transfigurés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréé et parfait.
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« Ne vous conformez pas ! » dit Paul « Soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence »
L’apôtre ne parle pas d’une foi aveugle, mais d’une foi qui renouvelle l’intelligence. Pour lui, la foi ne supprime pas la raison : elle l’ouvre, elle l’élargit. Elle permet le discernement, là où la conformité enferme et réduit notre jugement.
Ici, la foi est perçue comme une réponse à la bonté et la compassion de Dieu. Elle devient une force capable de susciter un engagement exceptionnel : par le don de soi.
La foi offre une transformation du regard… Elle ouvre une autre intelligence… et donne une autre perception de Dieu et du monde.
Questions personnelles (en silence méditatif, pendant 3 à 5 minutes) :
12) Et si vivre sa foi, c’était pas seulement obéir… mais faire preuve de discernement (en se laissant inspiré par l’Esprit saint) ?… qu’en pensez-vous ?
…
13) À quoi est-ce que je refuse de me conformer ou de me résigner, à cause de l’Évangile ?
…
14) Qu’est-ce qui, aujourd’hui, me met ou me remet debout… et me rend plus vivant ?
…
Conclusion (méditation)
Alors… Chers amis,… peut-être que la foi n’est pas toujours raisonnable… mais que ce n’est pas, non plus, son but…
Peut-être qu’elle nous rend surtout plus vivants, plus libres, plus attentifs à ce qui est essentiel et juste… à ce qui compte vraiment…
Si tel est le cas… cela vaut parfois le risque d’être mal compris… de lutter contre les préjugés ou les idées-reçues…
Dans sa lettre aux Romains, Paul ne nous invite pas à renoncer à la raison, mais il nous invite à la renouveler.
Il écrit : « Ne vous conformez pas à ce monde-ci, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence. »
Pour l’apôtre, la foi n’est pas une fuite hors du réel, mais c’est une manière différente de l’habiter.
Paul ne parle pas d’exploits religieux, ni de performances spirituelles. Il parle du don de soi… à l’image du Christ : « offrir sa vie comme un sacrifice vivant », comme un service, une offrande… non pas pour se perdre, mais pour devenir pleinement vivant… comme une façon de répondre au don de Dieu… à son amour, sa bonté et sa compassion.
L’apôtre appelle ses auditeurs à devenir actifs, à entrer dans une dynamique de transformation… de discernement…
Pour lui, la foi nous permet d’entrer dans une dynamique de « non-conformisme intérieur », pour entrer dans un mouvement de résistance douce… dans une manière d’être, qui consiste à ne pas se laisser façonner par le monde… par ce que pensent les autres, par les peurs ambiantes, par les logiques de rentabilité, ou les normes qui disent qui il faudrait être, pour avoir de la valeur, pour plaire ou être reconnu.
Vivre sa foi peut sembler déraisonnable, parce que cela nous empêche parfois de choisir la facilité, le consensus, ou l’indifférence.
Mais, pour Paul la foi ouvre fondamentalement à une autre sagesse…
- Une sagesse qui ne s’impose pas, mais qui discerne.
- Une sagesse qui n’écrase pas, mais qui s’ajuste.
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Une sagesse qui se demande toujours ce qui est juste… ce qui rend vivant… ce qui construit la fraternité et le bien commun.
Alors, peut-être que vivre sa foi, ce n’est pas forcément devenir quelqu’un d’extraordinaire,
mais quelqu’un en relation… avec une conscience éveillée… une personne vigilante et attentive…
Attentive à ce qui fait grandir la vie, en soi, et autour de soi.
Et peut-être que la vraie question n’est pas : « Est-ce bien raisonnable… de vivre sa foi ? ».. mais plutôt : « À quoi est-ce que je refuse de me résigner… au nom de cette foi, au nom de l’évangile ? »
Qu’est-ce qui, en moi, demande à être transformé… pour vivre une vie plus juste, plus libre, plus humaine, plus fraternelle ?… une vie bonne… qui prend appui sur celle du Christ. Amen.
ORGUE
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