dimanche 7 décembre 2025

Une nouvelle identité en Christ

Prédication de Pascal LEFEBVRE - Dimanche 7 décembre 25 - Bordeaux (temple du Hâ) = voir prédication plus bas - après les lectures bibliques 

Thématique : « Mourir pour naître : De l’ancienne identité à l’homme nouveau en Christ »

Introduction avant les lectures bibliques 

Dans la Bible, vous le savez… un certain nombre de personnages changent de nom sous l’influence de l’Esprit saint, du Souffle divin, comme le signe d’une nouvelle identité, d’une mission confiée, d’une nouvelle destinée : 

Abram devient Abraham ; Jacob devient Israël ; Simon de vient Pierre ; Saul de Tarses devient Paul, etc. 

Le baptême, lui-même, est envisagé par Paul, comme une mort et une résurrection identitaire : il s’agit désormais d’être en Christ. C’est la mort de l’ego ancien, qui permet la naissance d’un Soi transfiguré. 

Ce matin, nous allons écouter des textes qui font référence à cette renaissance identitaire… qui passe souvent par une mort symbolique (faite de combats, de chutes, d’une période de chaos ou d’aveuglement, …) avant de permettre la naissance d’un être nouveau. 

Lectures lors du culte du 07/12/25 

Volonté de Dieu 

Ephésiens 4, 17.22-24.32

17 Voici donc ce que je dis et atteste dans le Seigneur : ne vivez plus comme vivent les païens que leur intelligence conduit au néant. […] 22 il vous faut, renonçant à votre existence passée, vous dépouiller du vieil homme qui se corrompt sous l'effet des convoitises trompeuses ; 23 il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence 24 et revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité. […] 32 Soyez bons les uns pour les autres, ayez du cœur ; pardonnez-vous mutuellement, comme Dieu vous a pardonné en Christ.

Ephésiens 5, 8-10
8 Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Vivez en enfants de lumière. 9 Et le fruit de la lumière s'appelle : bonté, justice, vérité. 10 Discernez ce qui plaît au Seigneur.

Lectures bibliques 

1 Jean 1, 3-7
Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, à vous aussi,
afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous.
Et notre communion est communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ.
4 Et nous vous écrivons cela pour que notre joie soit complète.
5 Et voici le message que nous avons entendu de lui et que nous vous dévoilons :
Dieu est lumière, et de ténèbres, il n'y a pas trace en lui.
6 Si nous disons : « Nous sommes en communion avec lui »,
tout en marchant dans les ténèbres, nous mentons et nous ne faisons pas la vérité.
7 Mais si nous marchons dans la lumière comme lui-même est dans la lumière,
nous sommes en communion les uns avec les autres […]

Jean 8, 12-16
12J ésus, à nouveau, leur adressa la parole : « Je suis la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura la lumière qui conduit à la vie. » 13 Les Pharisiens lui dirent alors : « Tu te rends témoignage à toi-même ! Ton témoignage n'est pas recevable ! » 14 Jésus leur répondit : « Il est vrai que je me rends témoignage à moi-même, et pourtant mon témoignage est recevable, parce que je sais d'où je viens et où je vais ; tandis que vous, vous ne savez ni d'où je viens ni où je vais. 15 Vous jugez de façon purement humaine. Moi, je ne juge personne ; 16 et s'il m'arrive de juger, mon jugement est conforme à la vérité parce que je ne suis pas seul : il y a aussi celui qui m'a envoyé.

Matthieu 5, 1.14-16
1 A la vue des foules, Jésus monta dans la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent de lui. 2Et, prenant la parole, il les enseignait : […]
14 « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une hauteur ne peut être cachée. 15 Quand on allume une lampe, ce n'est pas pour la mettre sous le boisseau, mais sur son support, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. 
16 De même, que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu'en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux.

Actes 22, 6-11 (paroles de Paul) 
6«  Je poursuivais donc ma route et j'approchais de Damas quand soudain, vers midi, une grande lumière venue du ciel m'enveloppe de son éclat. 7 Je tombe à terre et j'entends une voix me dire : “Saoul, Saoul, pourquoi me persécuter ?” 8 Je réponds : “Qui es-tu, Seigneur ?” La voix reprend : “Je suis Jésus le Nazôréen, c'est moi que tu persécutes.” 9 Mes compagnons avaient bien vu la lumière mais ils n'avaient pas entendu la voix qui me parlait. 10 Je demande : “Que dois-je faire, Seigneur ?” Et le Seigneur me répond : “Relève-toi, va à Damas, et là on t'indiquera dans le détail la tâche qui t'est assignée.” 11 Mais, comme l'éclat de cette lumière m'avait ôté la vue, c'est conduit par la main de mes compagnons que j'arrive à Damas.

Philippiens 3, 4-11
4 Pourtant, j'ai des raisons d'avoir aussi confiance en moi-même. […] 5 Circoncis le huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu fils d'Hébreux ; pour la loi, Pharisien ; 6 pour le zèle, persécuteur de l'Eglise ; pour la justice qu'on trouve dans la loi, devenu irréprochable.
7 Or toutes ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai considérées comme une perte à cause du Christ. 8 Mais oui, je considère que tout est perte en regard de ce bien suprême qu'est la connaissance de Jésus Christ mon Seigneur. A cause de lui j'ai tout perdu, et je considère tout cela comme ordures afin de gagner Christ 9 et d'être trouvé en lui, n'ayant pas ma justification à partir de la loi, mais à partir de la foi au Christ, la justice qui vient de Dieu et s'appuie sur la foi. 10 Il s'agit de le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion à ses souffrances, de devenir semblable à lui dans sa mort, 11afin de parvenir, s'il est possible, à la résurrection d'entre les morts. 

Galates 2, 20
20 Je vis, mais ce n'est plus moi, c'est Christ qui vit en moi. Car ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi.

2 Corinthiens 5, 16-18
16 Désormais, ne connaissons-nous plus personne à la manière humaine. Si nous avons connu le Christ à la manière humaine, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. 17 Aussi, si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu'une réalité nouvelle est là. 18 Tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. 

Prédication

1. Introduction : On ne change pas seulement de comportement, on change d’être

1.1 Les identités visibles et les identités souterraines

Notre identité est-elle figée… ou toujours en devenir ?

Lorsque nous présentons aux autres, nous mettons en avant certains aspects de notre identité. 
Par exemple : Je suis Monsieur ou Madame Intel, je suis habitant de telle ville, je suis pasteur, enseignant, boulanger, ingénieur, avocat, retraité, étudiant, etc.  Je suis célibataire, père ou mère de famille, etc… 

Et puis il y a des aspects plus intimes de notre personnalité, que nous n’allons pas forcément dire aux autres : je suis petit ou grand, je suis gros ou maigre, je suis courageux ou plutôt oisif, je suis timide ou audacieux, je suis persévérant ou impatient, je suis sobre ou alcoolique,  etc… 

Ce sont des identités souterraines, parfois inconscientes, mais profondément inscrites en nous.

Tout ce qui prend la forme du « je suis »… « je suis quelqu’un comme ceci ou comme cela »…  devient une sorte de marqueur identitaire qui nous façonne, qui se grave en nous et qui nourrit l’image que nous avons de nous-mêmes… comme si certains traits devenait définitifs, difficiles à faire bouger.

1.2 Quand l’identité devient une prison invisible

« J’agis comme ça parce que je suis quelqu’un comme ça ! »

À travers ce type de phrases, nous inscrivons en nous-mêmes des barrières intérieures, des limites invisibles…. Nous nous confortons dans une image de nous-mêmes, connue et sécurisante  … et nous nous auto-programmons pour agir, générer ou accepter des situations, qui correspondent à la structure identitaire que nous sommes forgée. 

Le problème surgit lorsque nous désirons changer quelque chose dans notre vie.

Nous utilisons alors notre volonté ou nous essayons de faire preuve de discipline, pour adopter un nouveau comportement… une nouvelle habitude. 
Cela va peut-être fonctionner un certain temps… Mais bien souvent, nous retombons dans nos anciens travers ou schémas de pensée… nos anciens réflexes, nos anciennes manières d’être.

Pourquoi ? Parce que nous avons essayé de corriger quelque chose qui relève du « faire », sans modifier auparavant ce qui relève de « l’être », du « devenir »… sans oser toucher aux représentations profondes que nous avons de nous-mêmes… à ces images de nous-mêmes, que nous avons enregistrées dans notre conscience ou figées dans notre inconscient… ou que de d’autres nous ont transmises ou inculquées, par notre éducation, parfois par les blessures ou les traumatismes que nous avons pu subir. 

Et cela devient encore plus grave quand l’image de soi est dévalorisée…parce que d’autres nous ont fait comprendre qu’on était « incapable », « insuffisant » ou « raté »… ou qu’on « ne méritait tout simplement pas d’être aimé ».

1.3 Pourquoi la volonté ne suffit pas

La solution pour changer durablement quelque chose dans notre vie n’est donc pas seulement de modifier nos comportements, mais de transformer une part de notre identité.

Je lisais cette semaine un article qui parlait notamment des addictions. L’auteur expliquait que si les personnes sabotent souvent leurs propres progrès - elles tentent d’arrêter un fonctionnement problématique, mais le reprennent par la suite - ce n’est pas parce qu’elles manquent de volonté, mais parce que leur cerveau préfère ce qui est familier, à ce qui est inconnu, même lorsque le familier est douloureux.

Le cerveau cherche avant tout la sécurité et la prévisibilité, pas le bonheur. Il est câblé pour la survie. C’est pourquoi on peut rester longtemps dans des situations toxiques… parce qu’elle sont connues et donc rassurantes.

Selon cet auteur, le véritable obstacle au changement est l’identité. 
On ne peut pas maintenir durablement un comportement qui contredit l’image que l’on a de soi. 

Les phrases du genre : «  je suis alcoolique », « je suis timide », « je suis comme ceci ou comme cela » agissent comme des programmes internes qui déterminent nos choix et nos limites. 
La volonté seule échoue parce qu’elle lutte contre une identité inconsciente souvent dominante. 

En fait, il y a bien des aspect en nous… parfois des schémas auto-destructeurs, comme l’addiction, des obsessions, des mauvaises habitudes ou des vieux réflexes… que ne relèvent pas seulement d’un problème de comportement, mais d’un trouble de l’identité. 

1.4 La transformation passe par une mort intérieure

Pour changer les choses en profondeur… il faut donc revoir notre manière de penser… et d’être. 

Nous devons prendre conscience que changer une habitude : c’est souvent très compliqué… parce que c’est quelque chose qui vient entrer en tension et menacer toute une structure identitaire… 
Cela provoque : doute, anxiété, vide intérieur … et parfois rechute. 
Le cerveau interprète ça comme un danger vital.

Le mécanisme du sabotage apparaît précisément au moment où une personne essaie de changer les choses et progresse dans la voie d’une transformation. C’est alors qu’apparait un écart entre l’ancienne identité et la nouvelle identité. Cet écart génère une angoisse, qui pousse inconsciemment à revenir en arrière, au risque de tout perdre.
L’article en déduit que le vrai changement passe par une re-construction de l’identité. 

Celle-ci nécessite un saut en avant… un pas vers l’inconnu… un geste de confiance : 
- Oser choisir une nouvelle identité, avant même d’en avoir les preuves. 
- Accepter d’incarner cette nouvelle identité… avant d’en voir les résultats. 
- Accepter l’inconfort passager, et traverser une résistance intérieure normale.

Un ancien buveur, par exemple, ne peut plus continuer de se présenter en disant : « Je suis un alcoolique qui ne boit pas en ce moment », mais en disant : « Je suis sobre. »

« Se transformer » implique un travail de deuil… une « mort psychologique » de l’ancienne identité. 

Tant que l’on refuse de laisser mourir l’ancien « soi », aucune transformation durable n’est possible. 

Toute transformation authentique passe par une mort et une renaissance identitaire. C’est seulement l’adoption d’une nouvelle identité, qui permet l’adoption de nouveaux comportements durables. 

La question n’est donc pas d’abord de savoir ce que nous voulons « faire », mais « qui » nous choisissons d’être et de devenir. 

Je vous témoigne de cet article, parce que je l’ai trouvé tout a fait en lien avec ce que dit le Nouveau Testament. 

Beaucoup de croyants pensent que la vie chrétienne consiste à faire mieux, à corriger certains comportements, à faire un peu plus d’efforts, à être un peu plus moral, plus juste ou plus généreux. 

C’est comme ça que nous pourrions interpréter, un peu rapidement, les paroles de Paul, qui appelle ses auditeurs à « renoncer à leur existence passée »… à se « dépouiller du vieil homme » (Ep 4,22). 


Mais, en réalité, l’apôtre va beaucoup plus loin : il parle d’un changement radical de l’être, d’une mort de l’ancien moi et de la naissance d’un être nouveau, en Christ.

Il est question de « revêtir l'homme nouveau » (Ep 4,24). Il affirme ailleurs : « Si quelqu’un est en Christ, il est une création nouvelle. L’ancien est passé, voici que le nouveau est là. » (2 Co 5,17)

La foi chrétienne ne propose pas simplement un changement extérieur. Il est question ici d’une métamorphose intérieure… une transformation profonde de notre manière d’être au monde, à Dieu, aux autres et à nous-mêmes…. 

C’est une véritable reconfiguration de l’image de soi… qui intègre que nous sommes aimés de Dieu… précieux à ses yeux….et porteurs d’une vocation singulière.

2. Des ténèbres à la lumière : un basculement d’existence

Alors, d’où vient la possibilité d’une telle métamorphose ?… si ce n’est de Dieu, lui-même ! 

Si « Dieu est lumière » comme l’affirme la 1ère épître de Jean (1 Jn 1,5)… marcher avec Dieu, c’est entrer dans cette lumière.
 Ce n’est pas seulement un chemin moral ou comportemental : c’est un changement profond de qui nous sommes, un passage de l’ombre à la lumière, une transformation identitaire.

Lorsque Jésus se présente lui-même, il dit : 
« Je suis la lumière du monde.
 Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, 
mais il aura la lumière de la vie. » (Jean 8,12)

Jésus n’est pas seulement un modèle ou un guide, il incarne et manifeste « la lumière » elle-même. Et cette lumière a le pouvoir de transformer notre identité.

Comme il est lumière, nous sommes appelés à devenir lumière, non pour briller par nous-mêmes, mais pour refléter la lumière de Dieu autour de nous. 

C’est ce que nous avons entendu, dans l’évangile de Matthieu : 
« Vous êtes la lumière du monde…
 Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. » (Mt 5,14)

Et Paul dira :
« Autrefois, vous étiez ténèbres ;
 maintenant, vous êtes lumière dans le Seigneur.
 Vivez en enfants de lumière. » (Ep 5,8) 

Remarquez bien que Paul ne dit pas seulement : « vous étiez dans les ténèbres ». Il dit : « vous étiez ténèbres » 

Et il ne dit pas seulement : « maintenant vous êtes dans la lumière »
 Il dit : « maintenant vous êtes lumière » 

Ce n’est pas seulement un changement de cadre, c’est un changement d’identité.

« Devenir lumière » implique pourtant un processus :
- laisser mourir l’ancien moi,
- accueillir le Christ vivant en nous,
- marcher dans la vérité et la lumière de Dieu.
Si c’est un processus de transformation… il a forcément des résistances et des bouleversements…

3. Paul : le témoignage bouleversant d’un effondrement identitaire

Le Nouveau testament nous en livre un bel exemple, à travers Paul lui-même.

 Dans le livre des Actes, au chapitre 22, l’apôtre raconte sa propre conversion :
« Une grande lumière venue du ciel m'enveloppa de son éclat
.  Je tombai par terre… Et après cela, je ne voyais plus… »

Paul était au sommet de sa puissance : c’était un homme respecté, sûr de lui, convaincu d’avoir raison. Il était fort de sa religion et de sa justice personnelle. 
Et en un instant il est jeté à terre, à la fois, illuminé et aveuglé. 
Il se retrouve complètement désorienté et dépendant des autres. 

Ce n’est pas simplement un changement superficiel, c’est une expérience spirituelle, l’effondrement d’un « moi », la chute d’une identité construite sur la performance, la certitude et la domination.

Cette rupture identitaire traduit son ancien aveuglement psychologique. 
Et, de façon paradoxale, elle passe par une période d’aveuglement somatique, physique. Cet aveuglement se manifeste, afin qu’il puisse devenir « voyant » intérieurement, afin qu’il puisse accueillir la lumière du Christ. 

Ce témoignage bouleversant nous rappelle qu’avant de voir la lumière et de laisser place à une nouvelle identité, il faut parfois passer par la nuit. 

Avant de naître à la nouveauté, il faut parfois accepter un effondrement…

4. Philippiens 3 : mourir à ses anciens titres

Dans l’épitre aux Philippiens, Paul témoigne de ce cheminement… et reconnaît ce qui s’est joué en lui dans cette mort identitaire :

 « Tout ce qui était pour moi un gain, je l’ai considéré comme une perte à cause du Christ. » (Ph 3,7) dit-il.

Il avait de quoi se glorifier : son origine ; sa religion ; son zèle ; sa réputation.
Mais il écrit : « Je considère [désormais] tout cela comme ordures, afin de gagner Christ. » (Ph 3,8) 

C’est une rupture existentielle complète. Il ne s’agit pas seulement, pour lui de croire ou de penser, autrement. Il s’agit de ne plus se définir du tout de la même manière. 

Pour l’apôtre, cette reconfiguration aboutit à un changement de système de valeurs… d’où l’idée de « perte » et de « gain »… accepter de perdre ce qui, autrefois, semblait solide et précieux… et qui constituait, en fait, un obstacle au changement… pour gagner une nouvelle identité et une nouvelle façon de voir, en Christ.

5. « Ce n’est plus moi qui vis » : le cœur du mystère / s’ouvrir à la foi… à la vie du Christ en soi 

Dans l’épitre aux Galates, Paul ose affirmer :
« J’ai été crucifié avec le Christ ; ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. » (Ga 2,20) 

C’est sans doute l’un des versets les plus radicaux du Nouveau Testament.

Ici encore, il ne dit pas : « J’essaie de mieux vivre », « Je progresse »  ou « Je m’améliore moralement ». Il souligne clairement que son ancien « moi » est définitivement mort et qu’une autre vie se déploie en lui.

C’est à cela qu’il identifie la nouvelle identité en Christ :
- ne plus se laisser définir pas son passé ou son éducation,
- ni par ses blessures ou ses échecs,
- ni même par ses réussites ou ses succès,
Mais par la vie du Christ qui nous habite… qui nous appelle à la nouveauté… et nous offre la possibilité d’incarner un nouveau « Soi » libéré et lumineux. 

En cens, on peut dire que l’identité chrétienne est « ontologique » : elle touche l’être, et pas seulement les comportements. 
L’éthique est donc seconde… elle est l’effet de la naissance d’un nouveau « soi » inscrit dans la confiance… marqué par la Grâce. 

6. 2 Corinthiens 5 : nous ne regardons plus personne de la même manière

Précisément… cette nouvelle identité débouche sur une nouvelle façon de voir le monde… C’est ce que Paul précise dans la 2eme lettre aux Corinthiens : 

« Désormais, nous ne connaissons personne à la manière humaine (selon la chair).
 Si quelqu’un est en Christ, il est une création nouvelle. » (2 Co 5,16-17)

Quand l’identité change :
- le regard change,
- la relation aux autres change,
- la relation à soi-même se transforme également.

Tu es libéré de ce que les autres ont projeté sur toi… ont voulu de toi… ou de ce que toi-même, tu as cru de toi. 
Tu n’es plus seulement : ce que tu as fait ; ce qu’on t’a fait ; ce qu’on dit de toi.
Tu deviens un être recréé.

Et Paul ajoute : « Tout cela vient de Dieu qui nous a réconciliés avec lui par le Christ. » (2 Co 5,18)

Ce n’est pas une auto-transformation. Ce n’est pas un exploit de la volonté.
 C’est une œuvre de Dieu… qui accomplit en nous un travail de réconciliation avec notre âme… lorsque nous accueillons en nous sa lumière. 

7. Éphésiens 4 : se dépouiller et se revêtir

Mais on le voit, à travers l’exemple de Paul, cette réconciliation implique tout un processus de dépouillement… 

L'apôtre utilise cette image très concrète : « Dépouillez-vous du vieil homme… et revêtez l’homme nouveau. » (Ep 4,22-24)

Dans la Bible, le vêtement est souvent un symbole d’identité…

Le vieil homme : c’est l’identité façonnée par l’égo, par la peur, par la défense, par les blessures, ou par la domination ou la fuite.

L’homme nouveau : c’est l’identité transformée, libérée du passé… façonnée par l’Esprit, par la confiance, par l’amour et la lumière.

« Revêtir l’homme nouveau », c’est donc se laisser habiter par la lumière de Dieu, et laisser cette lumière transformer notre identité.

Mais, bien sûr, cette transformation de l’être, passe souvent par des étapes difficiles, plus ou moins douloureuses… On ne quitte pas facilement l’ancien soi. D’autant qu’il nous a permis de survivre. 

Il y a forcément des phénomènes de résistances et un combat intérieur : l’ancien moi lutte pour survivre… tandis que la promesse de la nouvelle identité ne porte pas encore de fruits… tant qu’elle n’a pas été vraiment expérimentée…

Dans la crise majeure qu’il a dû traverser, marquée par un effondrement… par l’incertitude et le doute… il a sûrement fallu à Paul une immense dose de courage et de foi… pour accepter de lâcher ce qui fut sa vie et son être… en perdant ses repères, ses représentations et toutes ses relations… avant de revêtir cette nouvelle identité, cet « homme nouveau »… et de parvenir à re-configurer son image de soi. 

Quoi qu’il en soit, il y avait une certitude pour l'apôtre : personne ne peut expérimenter un nouveau Soi… s’il n’a pas d’abord abandonné l’ancien soi.

8. Notre vie actuelle : lâcher l’ancienne image de soi… et expérimenter la nouvelle identité, reçue dans la foi 

Aujourd’hui, nous comprenons mieux ce combat grâce à la psychologie contemporaine : comme je le disais en introduction, il y a bien des gens qui essaient de modifier leur comportement de façon durable, mais qui échouent à maintes reprises, parce qu’ils conservent inconsciemment l’image ancienne, parfois négative, qu’ils ont d’eux-mêmes… ou que d’autres ont plaquée sur eux. 

Tant que le pas vers un territoire inconnu n’est pas accepté… l’égo et le cerveau préfèreront toujours revenir en arrière et s’en tenir à l’univers connu d’une identité acquise… quand bien même elle serait douloureuse… 

Pour accepter la mort du « vieil homme »… et entrer dans le devenir de « l’homme nouveau »… Paul comme Jésus, proposent une solution : expérimenter une nouvelle identité, comme si c’était déjà la nôtre !  

C’est une question de confiance : Il faut oser croire, expérimenter et vivre de ce que Paul et Jésus nous disent...

Ils ne nous proposent pas « d’essayer » de faire quelque chose… ou de « faire des efforts »… Mais ils affirment que nous pouvons incarner une nouvelle façon d’être. 

Paul dit à ses interlocuteurs : « vous êtes lumière dans le Seigneur. Vivez en enfants de lumière » (Ep 5,8) 

Jésus dit à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5,14). 

Oser dire « je suis lumière » avant de le ressentir… c’est déjà accepter de laisser mourir ce qui est ancien… et c’est laisser la vie de Dieu façonner notre identité.

Ils invitent ainsi les croyants, à ne plus se préoccuper du passé, à incarner directement cette nouvelle réalité, comme si c’était la leur… et de voir ensuite le résultat. 

Cela implique une bonne dose de foi : 

 - Accepter d’abord que Dieu - qui est Amour - ne reste pas figé sur notre passé… alors pourquoi devrions-nous nous-mêmes nous y accrocher… pourquoi ne pas prendre le risque de s’en dépouiller… ça ne va pour nous tuer !… même si ça peut être douloureux… 

 - Et prendre conscience - dans le même élan - que Dieu - qui est Lumière - nous attend pour vivre et manifester cette vie nouvelle et lumineuse… 

9. Conclusion : Dieu nous attend dans notre devenir

9.1 L’Avent : Dieu nous attend autant que nous l’attendons

Un dernier mot… pour conclure… 

Le temps de l’Avent, ce n’est pas seulement pour nous les humains… ce n’est pas seulement nous qui attendons Dieu… c’est également l’Avent pour Dieu… mystérieusement… c’est Dieu qui nous attend ! 

Il attend que nous osions expérimenter pleinement cette identité d’enfants de Dieu qu’il nous a offert le jour de notre naissance (et rappelé à notre baptême) : « vous êtes lumière dans le Seigneur » nous dit-il (à travers Paul) « Vivez en enfants de lumière ! »… Vous pouvez incarner cette nouvelle identité… comme Jésus l’a vécue ! 

9.2 Les résistances ne sont pas des échecs, mais des passages

Alors… chers amis… peut-être que certains d’entre vous… ressentent encore : 
- des résistances dans leur vie,
- de l’angoisse devant un changement,
- une lutte intérieure.

Et si ce malaise n’était pas un échec… mais le signe que quelque chose d’ancien est en train de mourir ?

Et si cette angoisse était le passage étroit vers une liberté nouvelle ?

9.3 Choisir la vie nouvelle

Le Christ nous révèle cette soif de vie nouvelle qui est en chacun de nous. Par sa confiance, il nous en ouvre l’accès. 

Que le Seigneur éclaire notre route… qu’il nous donne la foi pour traverser ce passage… et le courage d’habiter pleinement cette identité nouvelle.

Amen. 

 

 

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