Prédication dialoguée à 3 voix, pour la veillée de Noël 2025 = voir texte plus bas (après les lectures bibliques)
Thématique : les symboles de Noël
Texte de Pascal LEFEBVRE, le 24/12/25, Bordeaux (temple du Hâ)
Lectures bibliques
Luc 2, 4-14
[C’était le temps du recensement décrété par César Auguste.]
Joseph monta de la ville de Nazareth en Galilée à la ville de David qui s’appelle Bethléem en Judée, parce qu’il était de la famille et de la descendance de David, 5 pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte.
6 Or, pendant qu’ils étaient là, le jour où elle devait accoucher arriva ; 7 elle accoucha de son fils premier-né, l’emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes. 8 Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau. 9 Un ange du Seigneur se présenta devant eux, la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils furent saisis d’une grande crainte. 10 L’ange leur dit : « Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : 11 Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur ; 12 et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » 13 Tout à coup il y eut avec l’ange l’armée céleste en masse qui chantait les louanges de Dieu et disait : 14 « Gloire à Dieu au plus haut des cieux
et sur la terre paix pour ses bien-aimés. »
Matthieu 2, 9-15
[Des mages venus d’Orient] se mirent en route ; et voici que l’astre, qu’ils avaient vu à l’Orient, avançait devant eux jusqu’à ce qu’il vînt s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant. 10 A la vue de l’astre, ils éprouvèrent une très grande joie. 11 Entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; ouvrant leurs coffrets, ils lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. 12 Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner auprès d’Hérode, ils se retirèrent dans leur pays par un autre chemin.
13 Après leur départ, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Egypte ; restes-y jusqu’à nouvel ordre, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » 14 Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Egypte. 15 Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que s’accomplisse ce qu’avait dit le Seigneur par le prophète : D’Egypte, j’ai appelé mon fils.
Chant (par exemple : 32/30 (1,2) - Voici Noël (= Ô douce nuit))
Prédication dialoguée de la veillée de Noël (en 9 parties)
1. PROLOGUE – LE 24 DÉCEMBRE : LE JOUR OÙ LA LUMIÈRE REVIENT
Pasteur A
Chers amis… nous voici le 24 décembre.
Une date qui, très probablement, n’a rien à voir avec la date réelle de la naissance de Jésus.
Mais une date qui dit bien autre chose : la lumière reprend peu à peu ses droits…
Depuis quelques jours, nous avons franchi le solstice d’hiver.
Peu à peu, le coucher du soleil se retarde… les jours rallongent…
La nuit, lentement, recule.
Et depuis des millénaires, les humains voient, dans ce moment, un symbole magnifique : "
la lumière revient dans notre monde".
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C’est dans cet esprit que les premiers chrétiens ont placé Noël au cœur de l’hiver.
Pour dire que Jésus est comme un soleil intérieur, une clarté dans nos obscurités.
Non pas un soleil qui brûle, mais un soleil qui réchauffe.
Non pas une lumière qui éblouit, mais une lumière qui guide.
C’est pourquoi nous sommes ici, ce soir, entourés de bougies, de lumières, de chants.
Pour accueillir cette clarté nouvelle.
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Mais pour comprendre cette lumière, nous allons suivre une histoire.
Une histoire que les deux évangélistes Matthieu et Luc n’ont pas écrite comme une enquête journalistique, mais comme des peintres, comme des poètes.
Ils ont peint la naissance de Jésus avec des symboles.
Comme nous le faisons, encore aujourd’hui, en mettant des sapins dans nos maisons ou sur les places publiques… pour dire que cet arbre, qui ne perd pas son feuillage et qui reste vert… est symbole d’espérance.
Ou comme nous le faisons en décorant ces mêmes sapins avec des signes… des boules brillantes, des guirlandes lumineuses… qui disent : « Même en hiver, il y a encore de la vie ».
Alors ce soir, nous allons entrer dans cette peinture… avec ses symboles…
et nous y promener ensemble.
2. LES PREMIÈRES COULEURS : LE NOM « JÉSUS »
Pasteur B
Commençons par ce qui semble anodin : le nom.
Dans la culture juive, c’était normal : le fils aîné porte le nom du père.
On aurait donc dû s’attendre à un petit Joseph Junior.
Mais voilà que l’ange dit à Joseph :
« Tu l’appelleras Jésus. »
C’est une surprise !
Un enfant qui n’est pas nommé comme son père,
c’est un enfant qui est appelé à porter une mission particulière
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Et ce nom, justement, dit tout : « Jésus » - « Dieu sauve ».
Ce n’est pas un simple prénom, c’est déjà un programme… un projet… une promesse !
Dès le début, on annonce qu’avec cet enfant, Dieu veut ouvrir une voie nouvelle… Une sortie de crise, une guérison, une transformation.
Alors oui : ce nom dérange un peu la logique familiale.
Mais il dévoile la logique divine.
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Il faut que cet enfant ait un nom différent,
parce qu’il vient pour rendre nos vies différentes.
Il n’est pas là pour reproduire… mais pour renouveler… pour faire renaître.
Il n’est pas là pour perpétuer l’ordre établi… mais pour proposer un autre ordre :
celui de la compassion, du pardon, de la justice.
Déjà, rien qu’avec ce nom, tout commence à basculer.
Chant (par exemple : 32/10 (1,2,4) - Sur tous les peuples dans la nuit avant)
3. LA NAISSANCE VIRGINALE – UN SYMBOLE ANCIEN ET PUISSANT
Pasteur C
Vient ensuite le grand mystère : la naissance virginale.
Pour nous, héritiers des Modernes, cela peut paraître un obstacle…
parce qu’on n’a pas forcément besoin d’une conception surnaturelle - ou d’un élément irrationnel - pour croire que Jésus était exceptionnel.
Mais pour les Anciens, ce n’était pas si étrange.
Dans le Proche-Orient, en Égypte, en Grèce,
les récits de naissances exceptionnelles étaient fréquents…
(qu’il s’agisse, par exemple, d’Alexandre le Grand, de Pythagore ou de Platon.)
Dans la Bible, il y avait déjà des personnages hors du commun, nés d’une mère a priori stérile… Qu’on pense à Isaac, le fils de Sara (l’épouse d’Abraham)… ou à Jean le Baptiste, le fils d’Élisabeth (une cousine de Marie).
Mais là, plus extraordinaire encore, il est question d’une naissance « virginale » !
Ce n’était pas un scandale… mais, au contraire, un signal… pour dire : « Attention, ce personnage-là… vient vraiment changer quelque chose. »
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Pour Matthieu et Luc, dire que Marie est vierge,
c’est dire que « la Vie » qui monte en elle, dépasse le cadre de notre humanité ordinaire… Elle vient de l’Esprit.
C’est dire que cet enfant est entièrement reçu comme un don. A travers cette conception et cette naissance, c’est Dieu qui prend l’initiative !
Et Marie accepte, librement, simplement, humblement ce cadeau du Ciel.
Elle devient un modèle de foi, de confiance… le visage d’une humanité pleinement disponible à Dieu.
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Ainsi, la virginité n’est pas une barrière biologique,
mais une fenêtre spirituelle.
Elle dit que la vie nouvelle ne vient pas de notre seule force ou de notre volonté… mais de la Grâce.
Elle dit qu’il y a, en chacun de nous, un lieu vierge… un lieu encore intact…
où Dieu peut naître… si nous l’accueillons comme Marie.
4. LA CRÈCHE, LA MANGEOIRE… ET L’ÂNE ET LE BŒUF
Pasteur A
Passons maintenant à la crèche.
Jésus ne naît pas dans la salle d’hôtes, à l’hôtel, comme les autres enfants…
mais dans une étable… dans une auge, une mangeoire.
Quel est ce symbole ?
Un lieu où l’on donne à manger… et c’est là que l’on dépose l’enfant.
Comme pour dire :
« Cet enfant sera nourriture pour les hommes. »
Et le village où il naît s’appelle « Bethléem » : la Maison du Pain.
Tout est déjà dit… pour celui qui sera présenté comme « le pain de vie », dans l’évangile de Jean (cf. Jn 6,35).
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Et puis il y a nos deux compagnons indétrônables : l’âne et le bœuf.
Vous le savez : ils ne sont dans aucun Évangile.
Ils viennent du prophète Ésaïe :
« Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne la crèche de son maître. » (cf. Es 1,3)
C’est magnifique !
Ils sont les premiers à reconnaître la présence de Dieu.
Les humbles animaux comprennent ce que les rois ignorent.
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C’est pour cela que l’âne et le bœuf sont là, année après année.
Ils rappellent que Dieu se révèle aux petits, aux simples,
à ceux qui savent s’approcher doucement, sans bruit.
Ils nous invitent à entrer dans la crèche, non comme des spectateurs exigeants,
mais avec l’humilité de ceux qui reconnaissent leur Maître.
L’âne et le bœuf sont les premiers théologiens de Noël.
5. LES BERGERS – LES PREMIERS VISITEURS
Pasteur B
Après les animaux viennent les bergers.
Qui sont-ils ?
Des hommes simples, marginaux, pauvres.
Ils ne comptent pas beaucoup dans la société.
Mais ce sont eux que les messagers - les anges - appellent.
Ce sont eux qui reçoivent la première annonce.
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Les bergers représentent tous ceux qui vivent dehors,
tous ceux qui veillent… pendant que les autres dorment,
tous ceux qui savent que la vie peut être rude.
Ils n’ont rien… leurs mains sont vides…
et c’est pour cela qu’ils peuvent recevoir.
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Quand ils arrivent à la crèche,
ils ne viennent pas offrir de l’or, ni des parfums,
mais leur étonnement,
leur disponibilité,
leur capacité à s’émerveiller.
Ils sont l’image de ceux à qui Jésus parlera en premier :
les pauvres, les blessés, les exclus.
La Bonne Nouvelle commence par eux.
« Heureux les pauvres de cœurs, le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5,3) dira Jésus.
Chant (par exemple : 32/24 (1,2,3) Sortez bergers)
6. LES MAGES – LES TROIS CONTINENTS QUI SE METTENT EN ROUTE
Pasteur C
De l’autre côté de l’histoire - pour l’évangéliste Matthieu - il y a les mages.
Des découvreurs, des chercheurs de sens.
Et très vite, la tradition leur a donné des noms :
Melchior, Gaspard, Balthazar.
Et surtout des visages.
Ils représentent les trois continents connus de l’époque :
l’Europe, l’Asie et l’Afrique.
C’est toute l’humanité qui se met en route, pour honorer le Christ Jésus.
Leur venue est ainsi un signe éclatant : ils annoncent que le message de Jésus va dépasser les frontières, les religions, les cultures…. Son Royaume sera pour tous. Absolument tous.
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Précisément… ils apportent trois cadeaux symboliques :
– l’or, pour dire la royauté et la sagesse ;
– l’encens, pour dire la divinité et la prière ;
– la myrrhe, pour dire la fragilité humaine.
La myrrhe, comme plante médicinale, pouvait être utilisée, soit pour embaumer les corps des défunts, soit pour guérir certaines maladies.
Ainsi, la vie de Jésus est résumée dans ces trois symboles : le Christ Roi, un Homme qui vient de Dieu, pour surmonter la mort et apporter guérison.
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Et pour les guider, il y a une étoile.
Parce qu’au cœur de la nuit humaine, Dieu offre toujours un signe. Une lumière discrète, mais persistante… pour nous guider.
Les mages nous apprennent que la foi… ce n’est pas savoir… c’est cheminer… c’est suivre une lumière.
Cette lumière, qui éclaire notre monde… nous donne une orientation, une direction… Elle nous mène toujours à la vie.
7. L’OMBRE : LA FUITE EN ÉGYPTE
Pasteur A
Mais les récits qui entourent la naissance de Jésus, ne sont pas naïfs.
Dès le début, il y a une ombre qui rôde : le roi Hérode.
La violence, la domination, le pouvoir jaloux qui a peur et qui écrase…
La petite famille doit fuir ailleurs… comme tant de familles, aujourd’hui encore.
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Cette fuite en Égypte relie Jésus à l’histoire de son peuple.
Comme Moïse, il échappe à la jalousie d’un roi.
Comme Israël, il connaît l’exil.
Comme tant d’hommes et de femmes, il commence sa vie sans sécurité.
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Tout cela dit quelque chose d’essentiel :
La lumière de Noël n’efface pas magiquement les ténèbres… Elle les traverse.
Elle ne supprime pas la violence…. Elle y oppose la douceur.
Elle n’annule pas la peur…. Elle y oppose l’espérance.
Dieu attend le moment favorable pour manifester son salut !
CHANT (par exemple : 32/16 (1,2) - D’un arbre séculaire)
8. CONCLUSION – ET SI LA CRÈCHE, CE SOIR, C’ÉTAIT NOUS ?
Pasteur B
Après avoir traversé tous ces symboles,
nous comprenons que les récits de Noël ne sont pas des reportages.
Ce sont des témoignages de foi… des poèmes… des icônes.
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Ils disent que Jésus est lumière,
qu’il est nourriture,
qu’il est présence de Dieu,
qu’il est ouverture à l’universel,
qu’il est refuge pour les humbles et les fragiles.
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Et surtout, ils disent que Dieu peut naître en chacun de nous.
Dans nos hivers… dans nos solitudes… dans nos nuits.
Il suffit d’une crèche intérieure…
un petit espace libre… en nous !
9. MOT FINAL
Pasteur C
Alors en cette nuit de Noël, ouvrons un peu d’espace.
Faisons silence.
Comme l’âne et le bœuf.
Comme les bergers.
Comme les mages.
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Acceptons que le Fils de Dieu vienne là où nous ne l’attendions pas,
dans une mangeoire,
dans un exil,
au cœur de notre vie… au milieu de nos fragilités.
_
Et que cette lumière du Christ qui revient dans le ciel… comme à chaque Noël… revienne aussi dans nos cœurs.
Qu’elle nous éclaire… qu’elle nous réchauffe…. qu’elle nous guide…
« Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle » (Jn 3,16).
Amen.
Chant (par exemple : 32/29 (3,4) - Il est né le divin enfant)
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