Lc 5, 27-39
Lectures
bibliques : Mt 6, 16-18 ; Lc 5, 27-39
Thématique :
accueillir le vin nouveau de l’Evangile, source de guérison et de joie
Prédication de
Pascal LEFEBVRE / Tonneins, le 28/02/16
Derrière son
apparente simplicité, le passage qui nous est donné de méditer ce matin est
dense et riche : il nous donne de quoi réfléchir…
* Tout d’abord,
cela commence avec l’appel de Lévi qui est en lui-même un récit condensé de
conversion.
L’attitude de
Jésus y est tout à fait remarquable. Rappelons-nous
l’épisode précédent : Jésus vient d’accomplir une guérison
spectaculaire. Il vient de remettre sur pieds un paralytique porté par 4 hommes
à travers un toit : un événement marquant réalisé devant une foule
nombreuse, totalement stupéfaite … il quitte les lieux… et là, il remarque
quelqu’un à qui personne ne prête plus attention : un collecteur d’impôt
assis à son bureau des taxes.
On sait que les
collecteurs d’impôts étaient très mal vus à l’époque de Jésus… rien à voir avec
les percepteurs d’impôts d’aujourd’hui… pourtant peu appréciés.
Ils étaient
considérés comme des collaborateurs de l’occupant romain. Ils effectuaient un
travail ingrat et dévalorisant… car le montant des taxes qu’ils percevaient pouvait
être considéré comme pesant et injuste… De plus, ils pouvaient se rémunérer en
touchant un surplus, un pourcentage sur les taxes prélevées.
La
« caste » des collecteurs était méprisée par les bons Juifs pieux.
Ces hommes suscitaient la crainte et la méfiance. Ils étaient vus comme « impurs »
et « infréquentables » par les tenants – les puristes – de la
religion instituée.
Que Jésus regarde
Lévi, cet homme assis au bureau des taxes dans l’indifférence générale, est déjà
en soi remarquable… qu’il lui adresse la parole… et que se noue entre les
hommes un dialogue – un échange dont les évangiles ne nous ont pas transmis le
contenu – est encore plus étonnant. Mais, le plus stupéfiant est l’attitude de
Lévi qui – touché par le comportement et les paroles de Jésus – dans un acte de
foi, quitte tout, se lève et se met à le suivre.
Vous remarquerez
que pour raconter cette rencontre, cette conversion fulgurante, l’évangéliste
Luc utilise le vocabulaire de la résurrection – Lévi se lève – et celui de la suivance, c’est-à-dire que Lévi
devient un disciple, un adepte de l’enseignement de Jésus.
* Deuxième temps
de notre passage : Lévi organise une grande fête, un festin, en l’honneur
de Jésus, son hôte de marque. Il invite, bien sûr, des amis à lui, des
collègues de travail – donc d’autres collecteurs d’impôts – pour leur faire
connaître son nouveau compagnon, son maître : Jésus.
Mais, la rumeur
se répand vite et les disciples de Jésus – qui devaient sûrement être dans les
environs – reçoivent les récriminations des Religieux, des tenants de
l’orthodoxie : les Pharisiens et les Scribes.
Comme au moment
de l’exode, les fils d’Israël « murmuraient » contre Moïse (cf. Ex
15,24 ; 16, 2 ; Nb 11) qui leur avait fait quitter leur sécurité et
leur esclavage, pour une vie de liberté nécessitant un temps de passage au
désert… ici, les Religieux « murmurent » contre Jésus qui vient rompre
les habitudes, en faisant bon accueil aux pécheurs et en partageant la même
table avec eux.
Cette
commensalité inhabituelle et intolérable avec des personnes considérées comme
indignes et impures a de quoi choquer ceux qui pensent qu’on ne doit pas
mélanger les « torchons » et les « serviettes », ni
fréquenter ceux qui sont jugés comme des « parias ».
L’évangile nous
livre alors la réponse de Jésus : « les
bien-portants n’ont pas besoin de médecin, mais les malades en ont besoin. Je
en suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs en vue d’une
conversion » (Lc 5, 31-32).
Plusieurs
enseignements peuvent être tirés de ces deux versets :
-
Premièrement,
Jésus se présente comme un « médecin ». Cela signifie qu’il apporte
aux hommes un salut qui est une forme de guérison, de libération, de
délivrance.
-
Deuxièmement,
son traitement – son enseignement – s’adresse à ceux qui acceptent de se
reconnaître « malades », littéralement comme ayant un « mal »
à soigner.
Cette information peut déjà
nous interroger personnellement :
Nous considérons-nous, d’une certaine manière, comme « malades »… comme
atteints, touchés par un mal à soigner et à guérir ? Avons-nous cette
humilité de cœur qui permet de se mettre à l’écoute du Christ ?
-
Troisièmement,
l’appel que Jésus adresse à ceux qui se reconnaissent « pécheurs »
est un appel vers une conversion, c’est-à-dire pour un changement, un
retournement du cœur … en vue de la joie de la rencontre avec Dieu.
Ce changement – cette
nouvelle mentalité et cette nouveauté de vie – à laquelle Jésus appelle les
pécheurs peut sans doute prendre différentes formes. Tout dépend du mal qui est
à soigner.
Ici, la thérapie
que Jésus offre à Lévi commence par un changement personnel et radical :
le péager quitte tout. Mais, elle se poursuit par le partage d’un festin. Ce
n’est sans doute pas un hasard. Le mal dont souffrait le collecteur d’impôt
n’était pas seulement individuel, il était aussi relationnel : c’était
aussi un mal social.
Jésus répond à
l’exclusion et aux préjugés dont souffrait Lévi, par l’intégration et le
partage. Il répond à l’isolement, par l’accueil et la communion fraternelle.
Cela ne veut pas
dire que Lévi n’a pas une conversion personnelle, un cheminement propre à
accomplir… mais cela signifie que « se convertir » n’est pas seulement
synonyme d’effort, de souffrance, d’austérité et de tristesse… (comme on le
pense parfois)… mais plutôt de transformation, de bonheur et même de joie.
Jésus dira un
peu plus loin dans l’évangile, à travers la parabole de la brebis
retrouvée, qu’il y a « plus de joie
dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit que pour 99 justes qui n’ont
pas besoin de conversion ». (cf. Lc 15,7)
Et… ailleurs… qu’ « il
fallait bien se réjouir et faire la fête, car [ce] frère qui était mort est
revenu à la vie… il était perdu et le voilà retrouvé » : paroles qui
s’adressent au frère ainé du fils prodigue (cf. Lc 15, 32) tout autant qu’aux Pharisiens,
qui semblent oublier que les collecteurs d’impôts sont leurs frères.
Bien sûr,
l’attitude des Pharisiens peut nous sembler assez éloignée de notre monde d’aujourd’hui,
2000 ans plus tard.
La plupart des Religieux
(à l’exception, peut-être, des intégristes et des fanatiques) ne regardent plus
de haut et avec mépris les incroyants, les athées ou les infidèles. En Europe,
chacun est libre et respecté dans son mode de vie et ses convictions
personnelles. Et c’est heureux !
Mais, sur le
fond, bien des choses restent à changer. Dans les faits, nous avons encore bien
du mal à considérer chaque être humain comme un frère. Il suffit de voir la
façon dont les migrants et les réfugiés sont traités ici ou là dans le monde et
même en France, dans la « jungle » de Calais. Nous avons bien du mal
à vivre l’accueil de façon inconditionnelle et universelle. Il y a toujours des
humains qui sont traités en « sous-hommes ».
Dans notre
passage… Jésus justifie son action : il est non seulement permis
d’accueillir et de fréquenter les gens de mauvaise réputation… il est même juste et bon de partager le pain
et de se réjouir avec eux quand ils se convertissent… mais même, en amont… il est bon de les côtoyer en vue de leur
conversion.
C’est donc une autre
approche que propose le Christ : l’accueil et l’intégration plutôt que le « chacun
pour soi », le communautarisme et l’exclusion de ceux qui sont
« différents ».
Il me semble que
cette attitude de Jésus devrait nous faire réfléchir sur les fausses idées que
nous pouvons avoir du mot « conversion ».
On associe
souvent la conversion à la repentance, voire à la pénitence.
Même le carême –
ce temps de conversion par excellence – est pensé comme un temps d’abstinence
où il faut faire « maigre », se priver d’un certain nombre de choses…
comme si le fait de se mettre en relation avec Dieu nous imposait un chemin
triste, difficile et pesant.
Quelle
curiosité ? Ne sommes-nous pas à l’envers de ce que fait ici Jésus ?
La
conversion : terme qui désigne le fait de changer de chemin… de se
retourner, pour emprunter une nouvelle route… pour marcher désormais, jour
après jour, comme enfant de Dieu avec le Seigneur … devrait, au contraire, nous
appeler à la reconnaissance et à la joie.
Savoir qu’avec
Dieu – et avec l’enseignement de Jésus – nous pouvons progresser jour après
jour dans notre évolution relationnelle et spirituelle… savoir que le Christ
nous appelle à avancer, à vivre en communion avec notre Père céleste, en
apprenant à aimer, en nous invitant à nous libérer de nos maux, de nos
enfermements, de nos conditionnements, de notre égo… savoir que Jésus est notre
médecin personnel : tout cela devrait nous réjouir !
L’Esprit du
Christ nous dynamise, pour nous faire avancer et nous transformer. C’est un
motif de joie !
Quelle
merveilleuse nouvelle, en effet, de voir que Jésus croit en la capacité de
changement de l’être humain… (alors que nous-mêmes, des fois, nous n’y croyons
plus)… qu’il s’adresse à Lévi, le petit collecteur de taxes invisible et
anonyme… et que grâce à lui, Lévi va
pouvoir devenir un autre homme, qu’il va pouvoir trouver libération et guérison…
être relevé et même devenir disciple du Christ !
Quelle Bonne Nouvelle
de savoir que Jésus appelle les pécheurs, qu’il nous appelle et nous attend sur
le chemin de la conversion, sur la voie d’une transformation intérieure, jour
après jour !
Pause : cantique
* Ensuite, nous
trouvons un troisième temps dans ce passage de l’évangile : Luc nous fait
part d’une polémique au sujet du jeûne… car contrairement aux disciples de Jean
Baptiste et aux disciples des Pharisiens, les adeptes de la voie de Jésus, eux,
ne jeûnent pas. Ce qui leur est reproché.
La question du
jeûne est plus complexe qu’il n’y paraît. Elle interroge le sens et la motivation
de cette discipline : pour quoi / pour qui jeûner ?
Aujourd’hui,
certaines personnes continuent à pratiquer le jeûne dans plusieurs religions.
Certains jeûnent même pour le climat.
Jésus répond à
cette question dans son sermon sur la montagne (cf. Mt 6, 16-18) : Le
jeûne n’est pas une affaire de forme, mais de cœur. Il concerne la relation
intime entre chaque croyant et Dieu.
Au temps de
Jésus, on sait que le jeûne était pratiqué en vue du Yom Kippour, du jour du grand pardon, comme le prescrit le
Lévitique (cf. Lv 23, 26-32). C’était une manière de faire pénitence, de
pratiquer un examen de conscience, d’expier ses péchés et de solliciter le
pardon de Dieu.
Mais, au-delà de
cette prescription de la Torah, les disciples de Jean et les Pharisiens
appliquaient des jeûnes volontaires et des périodes d’abstinence dans un but de
repentir et de perfectionnement. Certains visaient la sainteté, comme un état
de performance. [1]
Jésus ne rejette
pas le jeûne comme moyen de purification, synonyme d’un temps de rupture, de détachement
des préoccupations matérielles et d’élévation spirituel, dans la mesure où il
est accompli dans le secret.
D’ailleurs,
Jésus lui-même aurait jeûné 40 jours dans le désert.
Mais, il ne
s’agit pas de paraître, de faire pale figure, pour montrer aux yeux de tous sa
religiosité. Au contraire, le jeûne est une affaire privée, qui ne regarde que
le croyant dans sa relation personnelle à Dieu.
Ici, Jésus répond
à la polémique par le symbolisme des noces.
Il justifie le
fait que ses disciples ne pratiquent pas de jeûne par sa présence :
Quand le maître
est là, quand l’époux est présent, les amis et les invités à la noce ne sont
pas appelés à l’abstinence et à la solitude, mais à la joie de la communion
fraternelle avec l’époux, pour se réjouir de sa présence et recevoir son
enseignement.
Il y a un temps
pour tout : Lorsque le maître est là, il s’agit de célébrer la
réconciliation avec Dieu. Lorsqu’il sera enlevé à ses disciples, il sera temps
de jeûner. [2]
* Notre passage
se conclut enfin par une double parabole sur le vieux et le neuf.
Il y a sans
doute plusieurs manières de comprendre ces paraboles : celle du vêtement
neuf qu’on ne peut pas coudre sur un vieux vêtement sous peine de le déchirer,
et celle du vin nouveau qu’on ne peut pas verser dans de vieilles outres sans
risquer de les faire éclater.
(Seules des
outres aux coutures serrées et au cuir resté souple résistent à la pression du
moût qui fermente. Il faut donc mettre le vin nouveau dans des outres neuves.)
Je ne répondrai
pas à la question de savoir si nous devons nous considérer comme des « outres
neuves » ou de « vieilles outres » : je ne voudrais
« outrer » personne. Visiblement, tout cela n’est pas une question
d’âge, mais de mentalité.
Alors… comment comprendre ces petites
paraboles ?
Le
« vêtement neuf » qui nous est offert comme cadeau, c’est celui
d’enfant de Dieu. C’est l’habit régénéré par l’Esprit du Christ. (Mais,
parfois, nous tenons à garder nos vieux habits !)
Le « vin
nouveau » que Jésus apporte, c’est son enseignement, la Bonne Nouvelle de
l’Evangile, porté par un esprit novateur… tout-à-fait nouveau par rapport à ce
qu’enseignaient les Pharisiens et les disciples de Jean, enracinés dans les
rites pénitentiels, les traditions et l’application stricte des préceptes de la
Torah.
Quelqu’un a dit :
respecter « la tradition, ce n’est
pas conserver les cendres, c’est transmettre le feu »[3].
C’est précisément ce que n’ont pas compris – semble-t-il – les Pharisiens. Par
leur conservatisme, ils ont fini par trahir et tordre le sens de la Loi, à
cause de leur compréhension rigide de la relation à Dieu… et des préceptes
qu’ils entendent imposer à tous, sans discernement.
Bien
différemment, Jésus s’adapte à ses auditeurs. Il vient bousculer l’interprétation
littéraliste de Loi… et forcément ça dérange :
il met la
priorité sur l’humain face aux questions d’impureté, au stricte respect du
sabbat, à un certain nombres de règles qui finissent par exclure … et monter
des mûrs et des frontières entre les individus.
Jésus s’adresse
aux pécheurs, à ceux qui sont éloignés de la foi traditionnelle. (Son attitude
est exemplaire. Ne devons-nous pas, nous aussi, être une Eglise pour les autres…
pour ceux qui sont éloignés ?) Il offre une nouvelle manière de penser la
foi et de vivre en relation avec Dieu : la possibilité de vivre une
relation directe et gratuite, sans marchandage (sans la médiation des
sacrifices), sans conditions préalables (sans savoir si vous êtes assez purs et
parfaits, si vous avez assez jeûner, si vous avez assez mérité et peiné par vos
œuvres, pour vous présenter devant Dieu).
Pour Jésus, la
relation avec Dieu est source de confiance, de changement, de guérison, de
communion fraternelle et de joie.
Ce n’est pas
l’impureté des aliments ou des convives qui nous éloigne de Dieu, mais celle du
cœur.
Ce n’est pas la souffrance
ou la mortification qui nous rapproche de Dieu, mais la conversion sincère et
l’amour du prochain.
Autrement dit,
Jésus propose d’accomplir la loi, non dans la crainte, mais dans l’amour. Il
vient instiller un nouvel état d’esprit, pour nous appeler à dépasser les
habitudes religieuses, qui risquent de nous enfermer et de nous scléroser.
Jésus explique
cela à travers l’image du vin. Je crois qu’il faut entendre son propos de façon
ironique : tant qu’on n’a pas goûté le vin nouveau, on croit toujours que
le vin vieux est meilleur !
C’est une
réalité bien connue : le vin ancien est réputé pour son goût plus
équilibré, plus profond, plus harmonieux. Il s’améliore avec l’âge ; en
principe, il murit en vieillissant.
Seulement, Jésus
prévient : Les habitudes ont la vie dure. Ceux qui disent que le vieux est
meilleur, c’est en général ceux qui ne boivent que du vin vieux. Parce qu’ils
sont pris dans leurs routines religieuses, il n’en ont en réalité jamais gouté
d’autre.
Dans ces
conditions, il est probable que les Pharisiens restent avec leurs vieux
vêtements… puisqu’ils ne sont pas capables d’en changer… qu’ils conservent leur
vin vieux, leurs rites et leurs traditions… puisque leurs outres sont
vieillies… et incapables de recevoir du vin nouveau. [4]
Pour revêtir un
habit neuf… pour être à même de goûter le vin nouveau – l’enseignement de
Jésus, la Bonne Nouvelle de l’Evangile – … il faut accepter de lâcher l’ancien…
même si on est parfois persuadé qu’il est meilleur.
Ce vin nouveau,
il est peut-être un peu vert au début, il étonne, il bouscule, mais c’est
heureux… car si on s’y habitue, ça veut dire qu’on risque de quitter la foi, pour
retomber dans la religion des œuvres.
Il n’est pas
étonnant, après tout, que Jésus ait été si mal compris et même rejeté par les Religieux
de son temps.
Comment
voulez-vous accepter que Dieu invite tous les hommes à vivre en communion avec
Lui, quand vous vous jeûnez, vous faites pénitence, vous vous faites tant
d’efforts religieux et que vous voyez que Jésus annonce la Bonne Nouvelle de
l’amour inconditionnel de Dieu à n’importe quel premier venu… aux balbutiants
de la foi… aux pécheurs et aux collecteurs d’impôts ?
Comment
pouvez-vous accepter le message de Jésus quand vous apprenez que les ouvriers
de la dernière heure recevront finalement le même salaire que ceux de la
première heure… sans mérite de leur part (cf. Mt 20) ?
Il y a de quoi en prendre son latin !
Mais ce serait
mal comprendre l’Evangile de croire que le message annoncé par Jésus est
finalement plus simple que la tradition et les rites de Pharisiens.
Voyez-vous, je
crois, au contraire, que l’Evangile – le vin nouveau – est certes plus
accessible – dans la mesure où le Christ s’adresse à tous, aux pécheurs, et pas
seulement aux bon croyants de son temps et de sa communauté – mais il est aussi
plus engageant – plus exigeant – que le vieux vin de la tradition :
Avec Jésus, il
n’est plus question de rentrer dans un moule d’habitudes et de préceptes ;
il est question désormais de faire ses propres choix d’adultes dans la foi.
Il n’est plus
question d’appliquer des rites machinalement ; il faut faire preuve
désormais de conscience et de responsabilité dans chacun des actes de notre vie.
La Christ
appelle les pécheurs – c’est une bonne nouvelle
formidable – mais il les appelle à la conversion / non à la répétition :
cela signifie
que chaque jour nous sommes appelés à marcher sur le chemin de l’amour et de la
justice, à progresser peu à peu, à avancer à la suite du Christ, dans un nouvel
élan.
Nous avons, bien
entendu, nous aussi, dans notre Eglise, nos temps d’accueil et de réconfort, comme
les collecteurs d’impôts : nous pouvons partager la joie de l’amitié
fraternelle dans notre communauté locale, la convivialité de nos fêtes
paroissiales, la communion de la Ste Cène le dimanche, les pots de l’amitiés
après les cultes, mais nous sommes appelés à la vigilance : nous ne devons
pas en faire du vieux vin… nous ne devons pas en faire des habitudes… nous ne
devons pas laisser le vin nouveau devenir du vieux vin… sans quoi nous finirons
par penser que notre vin – le vin devenu vieux – est le meilleur… et nous
deviendrons des Religieux, des conservateurs… sûrs de leur Eglise et de leurs
traditions.
Ce matin, le mot
d’ordre que nous recevons, c’est celui de « conversion ».
Il faut sans
cesse nous laisser convertir : sans cesse nous sommes appelés à recevoir
l’Evangile dans la nouveauté. Et c’est là – il me semble – le défi que Jésus
présente à ses contradicteurs.
Loin de faire du
message de Jésus une nouvelle religion, une nouvelle tradition, nous sommes
sans cesse appelés à en faire un sujet d’étonnement et de joie… nous devons
accueillir, partager et réjouir !
Oui… quand nous
nous laissons déplacés par le message de Jésus… quand nous osons faire comme
Lévi : tout quitter… lâcher nos présupposés, nos conditionnements… nous
sommes remis debout et libérés par le Christ : et tout cela est, pour nous,
promesse et sujet de joie.
* Pour conclure …
- je sais que j’ai été trop long aujourd’hui… mais notre passage était riche et
dense - … il n’y a peut-être qu’une
seule phrase à retenir pour ce jour : celle de Luc qui raconte que « Lévi se mit à suivre Jésus » (v.28).
Au fond… qu’est-ce que ça signifie pour nous… pour
toi, pour moi… « suivre le Christ » ?
Sommes-nous prêts à goûter le vin nouveau
de l’Evangile… et à le partager avec d’autres ?
Amen.
[1] Cf. Lc 18, 12 : Le
pharisien en question jeûne 2 fois par semaine.
[2] L’image de la noce –
avec la figure de l’époux – est ici appliquée au Christ. Elle désigne
habituellement l’alliance entre Dieu et son peuple. Pour l’évangéliste Luc, ces
noces royales sont scellées en Christ.
[3] Le compositeur Gustave
Malher aurait dit : « La
tradition, c’est nourrir les flammes, pas vénérer les cendres »
[4] Fondamentalement, le
message de Jésus ne peut pas être reçu par les conservateurs, les tenants de
l’orthodoxie et de l’orthopraxie qui se prétendent justes et purs… qui n’ont
besoin de personnes, ni de Jésus, ni de Dieu, pour être sauvés… puisqu’ils ont
leurs œuvres et leurs mérites personnels.
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