Lectures : Pr 4,23 ; Lc 17, 20-21 ; Jn 3,1-11 ; Jn 20, 19-22 ; Ac 2, 1-6 (= voir en bas de cette page)
Thématique : Ouvrir notre intériorité au Souffle divin
Prédication de Pascal LEFEBVRE - temple du Hâ (Bordeaux) - le 19/05/24 - Pentecôte
(Partiellement inspirée de réflexions de Nils Phildius)
L’écrivain Christian Bobin a écrit dans un de ses ouvrages :
« la vie éternelle est la vie ordinaire délivrée de ses ensommeillements » (cf. Un assassin blanc comme neige, p.49).
Précisément, la fête de Pentecôte met en récit une expérience spirituelle vécue par les disciples de Jésus…. Ce jour-là, le ciel s’est ouvert au-dessus d’eux ; la Grâce les a touché ; ils ont vécu une « résurrection » intérieure.
C’est l’effusion de l’Esprit saint - du Souffle divin - qui est raconté aussi bien par Luc dans le livre des Actes que par Jean à la fin de son évangile.
C’est une expérience « d’éveil » qui est mis en récit… Et ce qui semble pour le moins étonnant, c’est qu’elle est racontée comme une expérience non seulement individuelle, mais collective.
Dans l’évangile de Jean (cf. chap.20), deux évènements sont conjoints : une apparition du Christ après sa mort… où Jésus apparait comme « Vivant » dans un autre plan de la réalité - Vivant spirituellement -.
Cette révélation (révélation de la réalité de la vie éternelle)… suscite une expérience d’extase (un changement d’état de conscience), où - tout d’un coup - les disciples s’ouvrent au Feu de l’Esprit - au Souffle sacré - qui vient illuminer et soulever leur existence.
Dès lors, tout est retourné pour eux : leur désespoir se transforme en espérance et en foi. Cet évènement bouleversant va renverser leur existence et lui donner une nouvelle orientation : ils vont devenir témoins de la résurrection, c’est-à-dire témoins d’un éveil spirituel, provoqué par l’expérience du Christ vivant, en eux.
Evidement tout se passe dans leur intériorité… mais le rôle des Ecritures est d’essayer de mettre en mots (en langage) et de transmettre ce qui relève d’une expérience spirituelle inouïe. Et on devine combien les mots sont limités et peinent à décrire cette expérience indicible.
Le père de l’Eglise Augustin d’Hippone a affirmé : « Dieu est plus intérieur à moi-même que moi-même »… une affirmation qui nous donne à réfléchir en ce jour de Pentecôte… puisqu’il est question du Souffle de l’Esprit qui atteint les disciples dans leur coeur, dans leur intériorité.
Pour nourrir notre médiation, nous avons également entendu un autre passage de l’évangile de Jean, au chapitre 3 :
Le dialogue (bien connu) entre Jésus et Nicodème met en récit une sorte de malentendu sur la quête spirituelle, la recherche de Dieu.
Comment trouver Dieu ?
Le sage Nicodème est certainement de ceux qui espèrent trouver Dieu par la religion, par le respect des rites, des traditions, la lecture et l’interprétation de la Torah… par le respect de la loi mosaïque, le culte rendu à Dieu au temple ou les sacrifices offerts pour le pardon des péchés. En quelque sorte, il est le représentant des croyants qui cherchent Dieu dans l’extériorité, par l’étude, la sagesse et la dévotion.
Mais Jésus vient troubler l’ordre établi en levant le voile sur un autre moyen d’accès plus direct : l’intériorité.
Il présente cela par un langage spirituel : il s’agit d’une nouvelle naissance… de naître d’en haut.
Il y aurait donc plusieurs naissances : une naissance charnelle avec notre arrivée au monde, et une naissance spirituelle que chacun est appelé à expérimenter.
Jésus invite Nicodème, non pas seulement à écouter la Parole de Dieu, à obéir aux commandements, à suivre les règles de la religion… mais à s’ouvrir au divin, pour « vivre Dieu » - comme Souffle, comme Esprit vivifiant -… pour « vivre Dieu », comme une expérience intérieure.
Il s’agit pour le croyant de naître à l’Esprit en soi ; il s’agit d’expérimenter un éveil spirituel.
Cette façon de penser peut nous permettre de faire un rapprochement avec un troisième texte du nouveau testament, dans l’évangile de Luc (au chap.17, v.21) où Jésus affirme « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous… à votre portée ».
Il parlait ainsi - à travers le symbole « Royaume de Dieu » - de cet espace intime du coeur profond, où le divin et l’humain sont unis et ne font qu’un. Ce qu’il affirmait aussi dans l’évangile de Jean à travers ces paroles : « le Père et moi, nous sommes Un » (cf. Jn 10,30 - ou Jn 17, 21).
Jésus était pleinement unifié dans son mouvement vers la Source - qu’il appelait Père - c’est en cela qu’il est devenu « Christ », le porteur de l’Esprit.
D’une manière ou d’une autre, tous ces textes nous parlent d’une expérience spirituelle que nous sommes invités à envisager et même à vivre… Car n’est-ce pas là, le but de toute vie ?
Accéder à cette unité intérieure où l’humain et le divin sont unis ?
Être chrétien, ce n’est pas seulement venir au culte (même si c’est un bon début)… croire un « credo »… ou vivre selon une certaine éthique (centrée sur l’amour du prochain)… c’est aussi - et peut-être essentiellement - cheminer… en vue de partager la même expérience du Christ : parvenir à réaliser l’union, l’unité avec la Source de la vie, de la conscience et de l’amour… telle que Jésus l’a vécue… telle que les disciples l’ont aussi ressentie le jour de la Pentecôte.
Si tel est notre but… cela nous amène à réfléchir sur la manière de rencontrer le divin.
Cela pose à la fois une question d’ordre théologique : qui est Dieu ? Et comment se tourner vers lui ?… et une question anthropologique : qui est l’Homme ? : Qui suis-je ? Comment se connaître véritablement et comment vivre et expérimenter Dieu, en tant qu’être humain ?
La conviction portée par tout un courant mystique, mais aussi par Jésus et par Paul, c’est que l’intériorité est le lieu de la Présence divine.
Dieu n’est pas - ou pas seulement au Ciel, c’est-à-dire dans un ailleurs, un au-delà… il n’est pas seulement présent dans sa création ou dans un lieu « saint », un bâtiment mis à part (une église ou un temple)… il est avant tout présent en soi (en nous), dans notre intériorité. En d’autres termes : « Nous sommes des êtres mortels habités d’infini » (cf. Nils Phildius).
Pour la plupart des religions, l’être humain est à la fois : corps, âme et esprit.
Dans son incarnation (corps et âme), dans sa finitude, l’humain a aussi en lui une dimension spirituelle, une dimension d’infini, d’éternité… à laquelle il peut s’ouvrir… pour accéder à un autre niveau de conscience… puisque, dans cette dimension de « l’être profond », l’humain est uni au divin ; le fini est uni à l’infini.
Lorsque le livre des Proverbes affirme avec sagesse : « Veille sur ton intériorité plus que sur toute autre chose, car c’est de là que jaillit la vie » (Pr 4,23), il invite ses lecteurs à partir à la recherche du « vrai soi », à explorer cette dimension spirituelle - source de vie - qui est au-dedans.
L’apôtre Paul défend aussi cette idée que le divin a sa demeure en nous… il évoque cette expérience spirituelle de l’habitation intérieure de Dieu dans le corps… puisqu’il affirme (dans sa 1ère épitre aux Corinthiens) que « nous sommes le temple de Dieu »… que « l’Esprit de Dieu (le Souffle sacré) habite en nous » (cf. 1 Co 3,16 ; 6,19).
Dans l’Eglise… lorsqu’on fait écho au baptême - un baptême d’eau et d’Esprit - selon l’évangile de Jean (cf. Jn 3) - on est encore dans la même idée :
Baptizeo en grec c’est « plonger ». Être baptisé c’est être plongé en Dieu (ou en Christ).
Au lieu d’être noyé ou submergé par son « moi », par son mental, ses soucis, ses préoccupations, ses problèmes ou ses désirs inconscients… on se laisse immerger dans l’Esprit de Dieu… on accède à un espace unifié où on est reconnu comme enfant de Dieu… on entre dans un espace de communion avec le divin.
Quand on parle du baptême comme « une nouvelle naissance », on parle de cet appel intérieur à naître ou renaitre à notre origine, à une autre dimension de nous-mêmes, qui est pleine Présence et pleine Conscience, mais qui est comme cachée ou dissimulée à l’arrière-plan de nous-mêmes.
Nous avons donc - nous le voyons bien - toute une série d’indices dans les Ecritures qui nous invitent à explorer notre intériorité.
Même si cela n’a rien d’évident et n’est pas forcément recherché dans nos mentalités occidentales, habituellement tournées vers l’extériorité.
Cela n’est pas simple !… nous ne savons pas forcément comment nous y prendre… et personne (sans doute) ne nous enseigne comment explorer cette part cachée de nous-mêmes.
Cela peut nous sembler d’autant plus compliqué que certains auteurs bibliques… comme l’apôtre Paul, par exemple… invitent, certes, les lecteurs à vivre « selon l’Esprit »… mais affirment, en même temps, qu’il y a des obstacles dans l’accès à cette dimension spirituelle (cf. Ga 5 ; Rm 7 -8; etc.).
Cet obstacle, Paul le nomme l’homme charnel… naturellement porté par son égo, son mental, ses soucis, ses préoccupations, ses mauvais désirs… qui peuvent faire barrage à toute quête spirituelle.
D’une certaine manière, les correspondances de Paul avec les premières communautés mettent en avant une conception de l’humain… qui permet de faire la distinction entre deux niveaux de conscience… lesquelles s’articulent avec le corps biologique :
Au niveau superficiel, il y a « le moi » : c’est l’homme qui vit par lui-même et qui se passe très bien de Dieu.
Le « moi » s’occupe des besoins et des désirs… de notre survie physique, émotionnelle, intellectuelle et sociale - Il est d’ordre psychologique et volontaire. En grec, c’est « psyché » : l’âme, qui gère la vie de l’égo. L’ego, c’est ce à quoi je m’identifie, l’image que j’ai de moi-même.
Paul appelle aussi cette dimension (corps et âme) : « la chair » ou « l’homme extérieur ».
Et puis, il y a une dimension plus intérieure, qui est « l’être véritable », qui est connectée au divin, mais qui est cachée, et qui doit être révélée, dévoilée, lors d’un « éveil ». C’est l’Esprit, l’Être profond, le vrai « Soi ».
Selon la belle expression de Jung, c’est « l’âme habitée par le divin », l’imago Dei (l’image de Dieu). Pour le psychanalyste, c’est le centre, le vrai soi, l’ancrage dans mes profondeurs.
La plupart du temps, nous vivons à la surface de nous-mêmes, grâce à l’égo, au « moi », qui est une construction psychologique et sociale éphémère. Mais nous oublions l’être profond, la dimension essentielle de nous-mêmes. Nous ne sommes pas dans la pleine conscience de ce que nous sommes vraiment.
D’une certaine façon, c’est ce que la religion a appelé le « péché » (qui n’est pas une faute morale) : c’est le fait de se laisser mener par ce seul égo, d’être décentré de soi-même, de vivre à côté de soi (ou , pour le dire autrement, d’être « à côté de la plaque » par rapport à notre vocation d’enfant de Dieu).
Le remède au péché, c’est l’union au divin… c’est un processus de recentrage vers son « être profond » (son Être spirituel), ce qui implique de se désidentifier d’avec son égo.
Car - si nous sommes habités d’infini - nous sommes bien plus qu’une construction mentale et sociale temporaire, pétrie de contradictions, de peurs ou de mécanismes de protection.
La question qui se pose à nous est bien de savoir : comment accéder à cette Source qui est en nous ? Comment atteindre ce sanctuaire intérieur où le divin demeure en moi ?
Bien sûr, c’est le fruit de la Grâce… cela nous est donné…
Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien à faire pour se préparer à l’action de la Grâce… à l’action du Souffle, du Feu qui peut venir nous illuminer.
Le travail intérieur va consister à se mettre en route… à se libérer d’un certain nombre de choses qui peuvent faire obstacle.
Ce cheminement intérieur peut être décrit comme un chemin de transformation, de conversion, de purification… au sens de libération, de guérison intérieure, de pacification… qui amènera à une réorientation de l’égo… et à un désencombrement, un détachement, une dé-préoccupation de soi.
C’est la raison pour laquelle Jésus - à maintes reprises (dans ses discours) - appelle ses disciples à s’ouvrir à la confiance, au lâcher-prise, à l’humilité … et qu’il explique combien les possessions, le savoir et les richesses peuvent, au contraire, venir nourrir et même enfler « le moi » (l’égo) et nous empêcher d’atteindre cette disponibilité, cette ouverture et cette liberté intérieure.
« Il n’y a pas de place pour Dieu dans un coeur encombré » disait Thérèse d’Avila.
Dans la réalité, chacun de nous a sans doute déjà vécu quelques « bribes » de moments « bénis »… en s’émerveillant devant un coucher de soleil ou la naissance d’un nouveau-né, lors d’un moment de Grâce inoubliable, en vivant un sentiment de plénitude ou d’accomplissement… Nous avons tous vécu des expériences-sommets (des instants de « waouh ! », de plénitude… voire d’extase) qui sont des percées de pleine Présence dans le cours ordinaire de notre vie.
Et si nous y réfléchissons… je crois que nous connaissons tous des moyens d’accéder à notre Être profond, à la Source de la vie, de l’amour, de la joie qui au fond de nous, à l’intérieur de nous.
Mais, dans la vie quotidienne, nous sommes le plus souvent « distraits » par d’autres préoccupations… nous nous concentrons sur d’autres choses : nous avons peut-être un corps musclé, un cerveau bien entrainé, un mental d’acier, un réseau relationnel réel ou virtuel riche et étendu… mais sur le plan spirituel - avouons-le - c’est souvent le calme plat… tout simplement, parce que nous ne prenons pas le temps d’accéder à cette dimension de notre être.
Je vous propose donc, aujourd’hui (en ce jour de Pentecôte)… de vous rappeler quelques moyens… que vous connaissez certainement… pour reprendre contact avec le centre de nous-mêmes, avec notre dimension spirituelle :
- Comme les choses ne passent pas par le mental… il s’agit en premier lieu d’accepter de se dé-préoccuper de soi, de son égo… d’apprendre à lâcher-prise, d’oser laisser tomber les masques… arrêter de s’inquiéter… éliminer les peurs… apprendre à ne pas se soucier des apparences et de ce que je donne à voir. (Nous n’avons rien à prouver. D’ailleurs, Dieu nous aime tel que nous sommes !)
- Autre piste : Mener une vie plus sobre, plus simple, pour lâcher les soucis matériels qui prennent tout notre temps et notre énergie. L’humilité et la simplicité sont des valeurs mises en avant dans les Béatitudes… parce qu’elles contribuent à la disponibilité et l’ouverture du coeur.
- Evidemment, il est aussi nécessaire de revoir l’ordre de nos priorités… de Prendre le temps de vivre en cultivant les choses importantes :
- Vivre dans la reconnaissance et la gratitude, pour toutes les bonnes choses de la vie ; savoir dire Merci à Dieu, à l’univers, à la vie. Il suffit de transformer le quotidien en moments mis à part, en moments « sacrés »… autrement dit de « sacraliser » certains instants (pour en souligner l’importance) : se lever en remerciant l’univers et pratiquer la méditation… bénir Dieu et notre nourriture au moment des repas… être attentifs aux autres et aux bénédictions… et savoir rendre grâce à Dieu en fin de journée.
- Cultiver également notre capacité d’émerveillement : c’est une chose capitale ! : être capable de voir l’extra-ordinaire autour de nous dans ce qui semble être parfois le plus ordinaire ou le plus banal : la beauté d’une fleur, la splendeur d’un paysage, d’un tableau, d’une photo… cultiver l’attrait pour le beau, dans la nature ou dans l’art. C’est ce qui permet de « gouter » l’essence de la vie…. de « déguster » plutôt que d’accaparer ou de « consommer »…
- Ecouter les appels intérieurs et les intuitions qui se présentent à nous… Être à l’écoute des coïncidences heureuses dans notre vie, des belles rencontres, des synchronicités et des occasions qui s’offrent à nous. Les choses et les évènements n’arrivent pas par hasard… peut-on y voir des occasions providentielles pour changer, pour évoluer ?
- Prendre le temps de nourrir un dialogue intérieur sur le vrai sens de sa vie, de sa mission, du « rêve de son âme ». Quels sont nos vrais désirs ?
- Se donner aussi les moyens de développer sa conscience, sa confiance et son ouverture intérieure… en pratiquant la méditation silencieuse… pour pendre le temps de se recentrer… pour lâcher le mental… et s’ouvrir à cette dimension spirituelle qui est en nous. La méditation est une chose essentielle ! Indispensable à n’importe quel croyant !
- De même s’ouvrir à la lecture et la méditation de textes spirituels qui permettent de nous donner des pistes, des lumières, de nous encourager sur notre chemin.
- Il ne faut pas négliger non plus notre corps : Tout exercice corporel fait en conscience (la marche, le yoga, le qi gong, la danse, etc.) permet de se recentrer, de vibrer et de faire circuler de Souffle et l’énergie.
- On peut encore penser au fait de favoriser des pratiques créatives. La créativité sous toute ses formes nous révèle à nous-mêmes, en extériorisant une expression qui vient des profondeurs de notre être.
- Enfin, entrer dans la gratuité, oser la générosité et s’autoriser des élans de solidarité, pour répondre aux désirs du fond de notre être, qui a soif de liens, d’entraide et de communion avec les autres.
Remettre la spiritualité au centre de notre vie, c’est accepter de « goûter » la vie autrement… de rentrer dans une nouvelle vision du monde plus belle et plus profonde.
Car si nous voulons accéder à notre unité intérieure, on ne peut pas continuer à vivre comme nous le faisons habituellement dans notre société du « toujours plus », de l’accélération et de l’immédiateté … il faudra forcément accepter de changer quelque chose : notre rapport à nous-mêmes, à Dieu, aux autres… notre rapport au temps… à la vie elle-même.
Alors, bien sûr… je ne dit pas que ces pistes vont vous permettre de vivre une « extase mystique »… mais que tous ces aspects peuvent contribuer à notre unification intérieure… et préparer le terrain pour un accès facilité à la dimension spirituelle de notre être.
Car, au fond de nous, nous désirons plus que ce que le monde matériel peut nous offrir : Au delà des désirs destinés à satisfaire l’égo… par plus de reconnaissance, de réussite… plus de confort, de bien-être… plus de biens, plus d’avoir ou peut-être même plus de pouvoir… nous avons certainement une autre soif, beaucoup plus profonde et souvent cachée : nous avons en nous un désir de Ciel, une soif d’infini… un désir de connexion avec la Source de l’amour et de la Vie…
C’est de cela dont Jésus est venu nous parler : de cette possibilité de naître au Souffle de l’Être !… de naître de nouveau.
Il ya donc - chers amis - une promesse qui nous attend.
La nouvelle naissance, la naissance d’en haut dont Jésus parle à Nicodème… c’est la promesse d’une vie beaucoup plus paisible, beaucoup plus consciente et beaucoup plus large que celle que nous menons en vivant dans l’éclatement de l’activisme, dans la dispersion et l’accélération permanente… C’est la promesse d’une vie en plénitude, où nous pouvons goûter l’émerveillement, l’amour et la joie, dans l’unité retrouvée avec soi et avec Dieu.
Je voudrais conclure avec cette citation de Christian Bobin :
« Nous sommes séparés de la Vie éternelle par une cloison plus fine que le rideau mouvant des branches du saule pleureur »… une manière poétique de dire que la Vie éternelle, la vie en plénitude est à notre portée…
Si la résurrection et la Pentecôte arrivent le même jour dans l’évangile de Jean… c’est une manière de nous dire que les choses sont liées :
La résurrection, c’est une révélation : celle de la réalité de la vie éternelle !…
Cette lumière nouvelle sur notre réalité est susceptible de provoquer un « éveil », un changement d’état de conscience… le passage de la « mort » de notre égo (qui croyait être le centre) à la révélation de la « vie » infinie en nous.
Le jour de la Pentecôte, ce sont les disciples qui sont ressuscités à une vie nouvelle !… car le Souffle éternel les a atteint.
Cela nous est aussi donné !
Il ne nous reste plus qu’a laisser Dieu être « Dieu en soi »… dans notre intériorité !
Prenons le temps de méditer chaque jour, pour ouvrir notre intériorité à la lumière de Dieu !
Amen.
Textes bibliques
Proverbes 4, 23
« Veille sur ton intériorité plus que sur toute autre chose, car c’est de là que jaillit la vie ».
Luc 17, 20-21
20 Les Pharisiens demandèrent à Jésus : « Quand donc vient le Règne de Dieu ? » Il leur répondit : « Le Règne de Dieu ne vient pas comme un fait observable. 21 On ne dira pas : "Le voici” ou “Le voilà”. En effet, le Règne de Dieu est au-dedans de vous / à votre portée. »
Jean 3, 1-11
1 Or il y avait, parmi les Pharisiens, un homme du nom de Nicodème, un des notables juifs. 2 Il vint, de nuit, trouver Jésus et lui dit : « Rabbi, nous savons que tu es un maître qui vient de la part de Dieu, car personne ne peut opérer les signes que tu fais si Dieu n’est pas avec lui. »
3 Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis : à moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. »
4 Nicodème lui dit : « Comment un homme pourrait-il naître s’il est vieux ? Pourrait-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et naître ? »
5 Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis : nul, s’il ne naît d’eau et d’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.
6 Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit.
7 Ne t’étonne pas si je t’ai dit : “Il vous faut naître d’en haut”.
8 Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. »
9 Nicodème lui dit : « Comment cela peut-il se faire ? » 10 Jésus lui répondit : « Tu es maître en Israël et tu n’as pas la connaissance de ces choses !
11 En vérité, en vérité, je te le dis : nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu, et, pourtant, vous ne recevez pas notre témoignage.
Jean 20, 19-22
19Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine, alors que, par crainte des autorités juives, les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint au milieu d’eux et il leur dit :
« La paix soit avec vous. » 20 Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie.
21 Alors, à nouveau, Jésus leur dit : « La paix soit avec vous. Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. »
22 Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint ! »
Actes 2, 1-6
1 Quand le jour de la Pentecôte arriva, ils se trouvaient réunis tous ensemble. 2 Tout à coup il y eut un bruit qui venait du ciel comme le souffle d’un violent coup de vent : la maison où ils se tenaient en fut toute remplie ; 3 alors leur apparurent comme des langues de feu qui se partageaient et il s’en posa sur chacun d’eux. 4 Ils furent tous remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler d’autres langues, comme l’Esprit leur donnait de s’exprimer. 5 Or, à Jérusalem, résidaient des Juifs pieux, venus de toutes les nations qui sont sous le ciel. 6 A la rumeur qui se répandait, la foule se rassembla et se trouvait en plein désarroi, car chacun les entendait parler sa propre langue.