Béatitude(s) et Communion
des Saints
Lectures
bibliques : 1 Co 12, 4-7. 12-20. 26-27 ; Mt 5, 1-16 [Autres textes
possibles : Ps 1 ; Mt 6,33]
Prédication de
Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 04/05/14. Culte avec baptême de Tristan
* L’actualité
médiatique a été marquée, dimanche dernier, par la canonisation de deux anciens
papes : Jean XXIII et Jean-Paul II.
Après sa
béatification en 2011 et sa canonisation en 2014, Jean-Paul II vient d’être
élevé du rang de « bienheureux » au rang de « saint ».
En tant que
Chrétiens Protestants, on peut se demander ce que tout cela peut bien signifier
pour nous (?) et pour la plupart de nos contemporains (?)
Cette question
peut être l’occasion de nous pencher, ce matin, sur un article du Credo – « la communion des saints »
– qui – nous allons le voir – est tout-à-fait en lien avec les passages du
Nouveau Testament que nous venons d’entendre.
Alors, première
question : Quel est le but de ces procédures de béatification ou de
canonisation pour l’Eglise catholique ?
Je crois – en
premier lieu – que le but de tout cela, est de proposer aux croyants des
exemples de vies éminemment chrétiennes.
En effet, ce qui
caractérise ces personnages – proclamés « bienheureux » ou
« saints » – c’est d’abord la cohérence de leur vie, au service
d’autrui. C’est le fait que ces personnes ont essayé – et sans doute, en
partie, réussi – de vivre leurs convictions, de les incarner, de les
concrétiser.
Leur existence a
été marquée par une unité, une profonde cohérence, entre ce qu’elles croyaient
et pensaient, et leurs actes, ce qu’elles vivaient et faisaient, au service des
autres et des plus petits. Et c’est la raison pour laquelle ces personnages –
comme Mère Térésa, par exemple, qui a été béatifiée en 2003, seulement 6 ans
après sa mort – ont été remarqué et mis en avant, pour leur exemplarité :
En tant que
Chrétiens, nous avons besoin de ces grands témoins, qui nous montrent la
possibilité de vivre pleinement et authentiquement notre foi, dans une
existence placée au service de l’Evangile… au service du Christ et de nos
frères.
Cela nous permet
de prendre conscience qu’il est non seulement possible, mais souhaitable,
d’oser répondre à l’appel de Dieu… de s’engager dans ce chemin de
sainteté… auquel nous sommes appelés,
dans le livre du Lévitique ou dans le sermon sur la montagne :
« Soyez saints, car je suis saint, moi, le
Seigneur, votre Dieu » (cf. Lv 19,2)
Soyez « parfaits [achevés, adultes], comme votre père
céleste est parfait »
(cf. Mt 5,48).
Oui… nous sommes
tous invités à être / à devenir / des saints…
à suivre le Christ… à consacrer notre vie à l’Evangile du Royaume…
depuis notre baptême.[1]
Tristan
– qui vient d’être baptisé – est désormais appelé à la sainteté… appelé à vivre
en conformité avec la volonté du Dieu « saint ». Il a toute sa vie, pour
s’engager dans cette voie.
Par ailleurs, ce
qui est intéressant à travers cet événement – ces canonisations – c’est que
nous devons sans doute revoir notre définition de la
« sainteté » :
« Être
saint » cela ne veut pas dire être irréprochable, s’approcher d’une
perfection ou d’une sainteté morale, plus ou moins inatteignable… et je crois,
impossible à vivre pleinement.
Non !... « Être
saint » c’est d’abord – et bien plutôt – mettre Dieu au centre, être
préoccupé par l’Evangile, être animé par l’Esprit de Dieu, par sa Parole. Cela
veut dire se consacrer… s’attacher… à suivre le Christ… pour réaliser et accomplir notre vocation d'enfants de Dieu.
[C'est le sens du mot "parfait"… dans l'invitation "soyez parfaits" : non pas "impeccables", "irréprochables"… mais "accomplis", "achevés", "adultes".]
[C'est le sens du mot "parfait"… dans l'invitation "soyez parfaits" : non pas "impeccables", "irréprochables"… mais "accomplis", "achevés", "adultes".]
A travers
l’exemple de ces personnages – déclarés « bienheureux » ou
« saints » – nous comprenons que la béatitude ou la sainteté est
liée au fait de mener – ou d’avoir mené – une existence accomplie… une vie juste… une vie ajustée au
désir de Dieu, à son projet d’amour et de justice pour l’être humain.
Derrière ce mot
« juste », il y a deux choses : la justesse, qui renvoie à la
vérité… et la justice, qui renvoie à la préoccupation d’autrui et du Royaume,
telle que Jésus l’a manifestée :
« Cherchez d’abord le Royaume et la justice de
Dieu, et tout le reste vous sera donné par surcroît » (cf. Mt 6,33).
* En écoutant « les
Béatitudes », nous entendons bien que le bonheur – le vrai bonheur selon
Jésus – ne peut pas être délié de la question de la justice.
Cela est
essentiel, pour ne pas se tromper de « bonheur » et ne pas se faire
une fausse image de la « sainteté ».
Nous savons tous,
que notre société occidentale nous vend essentiellement l’image d’un bonheur
égocentrique et égoïste, lié à la satisfaction de nos besoins et de nos désirs
personnels, à la consommation, à la jouissance.
Il suffit de
regarder les spots publicitaires à la télévision, pour s’en convaincre :
On nous laisse
entendre que le fait d’acquérir ou de posséder tel ou tel objet, telle ou telle
chose, va nous procurer un « bien-être » sans précédent, susceptible
de changer notre vie.
Et nous
acceptons parfois d’être les dupes de cette croyance, en succombant à la
tentation… (de temps à autres… pourquoi pas ?), mais en nous rendant
compte, finalement, que posséder le dernier objet technologique à la mode (le
dernier iPhone, la tablette qui va bien, la plus belle voiture, ou tout autre
chose) nous offre évidemment une certaine satisfaction… mais ne nous rend pas fondamentalement
plus heureux… car le vrai bonheur est ailleurs.
C’est précisément
ce que nous révèle Jésus, avec les Béatitudes :
En réalité, il
n’y a pas de bonheur individualiste et égoïste.
Le bonheur
personnel existe, mais il ne peut être que partagé.
Je ne peux pas
être vraiment heureux si mon frère, mon voisin, mon prochain est malheureux,
s’il est affligé, s’il souffre de la misère, d’un conflit ou de l’injustice… parfois – il faut le dire – dans l’indifférence
générale.
Jésus nous parle
d’un chemin, d’un bonheur qui est lié à autrui… d’un bonheur qui se construit avec l’autre… et jamais à ses dépends,
sur son dos ou contre lui.
Autrement dit, pour
le Christ, il n’y a de bonheur que dans
et à travers la relation à l’autre.
C’est pourquoi
le bonheur ne peut pas être séparé de la préoccupation de la justice :
« En marche/ Heureux… ceux qui ont
faim et soif de la justice… car ils seront rassasiés » (cf. Mt 5,6).
« En marche/ Heureux… ceux qui sont
persécutés pour la justice/ à cause de la justice… car le royaume des cieux est
à eux » (cf. Mt 5,10).
Oui… le vrai
bonheur s’inscrit dans la justesse et la
justice de la relation à l’autre.
Ce n’est pas un
bonheur solitaire ou égocentrique… mais un bonheur, en communion avec autrui, un bonheur partagé.
C’est la raison
pour laquelle ce bonheur est compris comme un bonheur en chemin… en devenir, en construction… un bonheur en train
d’advenir.
Car, pour Jésus,
il s’agit bien d’une marche, d’une dynamique, d’un chemin qui conduit à
la félicité. Mais ce bonheur, on peut d’ores-et-déjà
le trouver, le goûter, en cheminant… en
empruntant le chemin des Justes (cf. Ps 1).
C’est là tout le
paradoxe des Béatitudes : Alors qu’on n’est pas encore arrivé au bout du
chemin… alors qu’on vit encore dans un monde injuste… dans un monde semé
d’évènements tragiques… néanmoins… on peut déjà goûter le bonheur des « Justes »,
le bonheur de ceux qui cherchent la justice… qui s’inscrivent dans la
perspective du Royaume.
En proclamant
déjà « bienheureuses » des personnes qui vivent encore des situations
difficiles… des situations d’injustice ou de persécution… Jésus nous révèle que
le chemin du bonheur est d’abord et avant tout une quête.
C’est une quête,
avec ses joies et ses croix. Mais c’est déjà la béatitude avant l’heure, c’est
déjà la communion des saints, la communion de ceux qui recherchent ce bonheur
partagé avec les autres, ici-bas, sur notre terre… avant de le vivre pleinement
dans la Vie éternelle, dans l’éternité de Dieu.
Je crois que
c’est en cela que l’événement des béatifications ou canonisations de tel ou
tel, peut nous interpeler, en tant que Chrétiens.
Il me semble que
celles et ceux que l’Eglise catholique ose déclarer « saints » ou
« bienheureux » sont des personnes qui ont vécu cette marche-là,
cette dynamique du bonheur « juste » – des Béatitudes – selon Jésus,
durant leur existence.
Ces hommes ou
ces femmes ne se sont pas cantonnés à la quête d’un bonheur individuel – en cultivant seulement leur propre jardin
(bien que cela soit aussi nécessaire) – mais ils se sont attachés à cultiver le
jardin du Royaume, ils ont travaillé pour la vigne du Seigneur… c’est-à-dire,
pour leurs frères et leurs sœurs, dans la voie tracée par le Christ et son
Evangile.
* Ce matin, à
côté des Béatitudes, nous avons aussi entendu un extrait de la 1ère
lettre de Paul aux Corinthiens. Ce passage peut également nous permettre
d’approfondir cette idée… cette conception d’un bonheur « en
communion » avec les autres.
L’apôtre Paul présente
l’Eglise – la communauté des Chrétiens – comme un « corps »… un corps
guidé par le même Esprit – l’Esprit saint, l’Esprit de Dieu – dont chacun est
membre à part entière… un membre avec ses charismes et ses dons particuliers,
au service du corps du Christ.
« Nous avons été baptisés dans un seul Esprit
pour être un seul corps » – dit Paul. Et il ajoute, plus loin :
« Si un membre souffre, tous les
membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous les
membres partagent sa joie. Vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses
membres, chacun pour sa part » (cf. 1 Co 12, 13. 26-27).
Ce que Paul met
ici en avant, c’est la solidarité – solidarité de destin – et la communion
entre les membres de la communauté chrétienne, appelés à former « le corps
du Christ ».
Ici encore… ce
n’est pas l’image d’un bonheur (ou d’un malheur) individualiste que le Nouveau
testament nous livre, mais, au contraire, le lieu d’un partage, d’un lien fraternel
et mutuel qui unit chaque membre de la communauté… appelé à compatir ou à se
réjouir avec son frère, en partageant sa souffrance ou sa joie… à l’image des
membres unis et solidaires d’un même corps.
* Cette
comparaison… cette image du « corps »… peut, bien sûr, nous éclairer
pour comprendre ce que signifie l’idée de « communion des saints »…
qui fait partie de notre Crédo
chrétien[2]… et qui
est sous-jacente à cette pratique de « canonisation ».
La notion de
« communion des saints » regroupe deux réalités :
- Premièrement,
l’expression désigne la communion qui rattache les croyants, vivants dans le
monde, avec le Christ et entre eux.
La communauté
des saints (communio sanctorum),
c’est d’abord (et tout simplement) la communauté des croyants (communio fidelium), appelés à participer
au Christ [3]… appelés
à suivre la voie tracée par Jésus (même si les croyants que nous sommes,
demeurons toujours pécheurs).
Bien qu’étant
imparfaits… bien que connaissant encore « fausses routes » et
« péché »… les croyants sont libérés par la foi, ils sont appelés à
se mettre à l’écoute de Dieu, pour laisser son Esprit Saint agir et régner en
eux, dans le cœur des hommes.
C’est cet Esprit
saint – le souffle du Dieu « saint » – qui fonde la communauté des
saints.
- Deuxièmement, l’expression
désigne aussi le lien – la communion – que les croyants d’aujourd’hui, peuvent
entretenir avec les croyants d’hier, avec ceux qui nous ont précédés dans la
foi… qui ont vécu une vie juste et qui ont trouvé – nous l’espérons – leur
accomplissement en Dieu, à l’image du Christ Ressuscité.
En ce sens, la
« communion des saints » signifie la communion avec « les saints
dans le ciel », avec « les Justes » de tous les temps, qui sont
déjà participants au salut divin.[4]
Elle soutient
l’idée que les croyants, de toutes les époques, sont liés, car animés du même
Esprit : du souffle de Dieu qui agit dans le cœur de celles et ceux qui
placent – qui ont placé, ou qui placeront – leur confiance en Dieu.
A la différence
du Catholicisme, le Protestantisme ne conçoit pas de prière pour les morts ou
pour les saints d’autrefois.
Mais, ce n’est
pas parce que nous ne vénérons pas les saints du passé, que eux ne peuvent pas s’intéresser à nous.
Cela ne veut pas
dire, que tous les saints qui sont morts – les croyants et les justes d’hier –
ne peuvent pas agir et intercéder pour les croyants d’aujourd’hui… depuis là où
ils vivent désormais, dans l’éternité de Dieu.
En effet, si
nous croyons à la résurrection pour la vie éternelle – comme nous l’avons
affirmé le jour de Pâques… si nous croyons que Dieu a le pouvoir de vaincre la
mort – comme il l’a fait pour Jésus Christ, en relevant le Juste, en lui
offrant une vie nouvelle animée par l’Esprit (cf. 1 Co 15)… qu’est-ce qui
empêcherait les croyants d’hier – dans la mesure où ils vivent désormais dans l’éternité
de Dieu – d’intercéder pour nous ?... c’est-à-dire d’intervenir en notre
faveur, auprès de Dieu ? [5]
D’une certaine manière,
c’est bien ce qu’affirme Jésus dans l’évangile de Jean, au moment où il va quitter
ses disciples, peu avant sa mort.
Il dit que l’envoi
prochain du paraclet – l’Esprit saint… intercesseur, défenseur, consolateur[6] – répondra
à sa demande auprès du Père… que cet Esprit – qui est l’Esprit du Christ
ressuscité – conduira les disciples à la pleine compréhension des paroles et
des actes de Jésus… et que lui-même – après sa résurrection, sa glorification
– intercédera pour ses disciples auprès
du Père.
Je cite les
paroles de Jésus :
« Je vous ai dit ces choses tandis que je
demeurais auprès de vous ; le Paraclet, l’Esprit Saint que le Père enverra
en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce
que je vous ai dit » (cf. Jn 14, 25-26).
« […] je vais au Père. Tout ce que
vous demanderez en mon nom, je le ferai, de sorte que le Père soit glorifié
dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai »
(cf. Jn 14, 12-14).
Autrement dit, l’idée
de « communion des saints » véhicule un principe de solidarité, de
communion de destin entre les croyants. C’est l’idée que dans la foi, une union
spirituelle et mystique peut s’établir entre tous les croyants, de tous les
temps…. entre l’ensemble des fidèles, au-delà de l’espace et du temps.
En tant que
baptisés, frères et sœurs unis au Christ, nous pouvons nous appuyer les uns sur
les autres, aujourd’hui et demain. Nous sommes enfants de Dieu, membres d’une
même famille, unis au Christ durant notre vie terrestre et au-delà.
* En tant que
Protestants, il faut avouer que nous ne sommes pas forcément très à l’aise avec
cette idée de « communion des saints » à travers les temps et les
générations. Mais, je crois que cette communion dans la foi vient nous rappeler
quelque chose d’essentiel :
[Elle nous
rappelle, à juste titre, que le bonheur du croyant, son salut, n’est nullement
séparable de celui des autres croyants et du destin des autres hommes.
C’est ensemble
que les croyants sont « en Christ » (cf. 1 Co 12). C’est l’humanité
entière qui est convoquée à la résurrection pour la vie éternelle. C’est chaque
homme, sur cette terre, dans sa vie présente et unique, qui est convié à
chercher le Royaume de Dieu et sa justice.[7]
Dans cette
conscience communautaire du bonheur et du salut – d’un bonheur et d’un salut
qui se reçoivent et se construisent avec
les autres – la question de la justice n’est pas oubliée. Au contraire, elle
est posée à chaque homme et à chaque société avec acuité :
Aucun salut
religieux n’est possible au détriment de la justice et de la solidarité. Car
aucun être humain, quel qu’il soit et quelle que soit sa destinée, n’est écarté
de la présence et de l’amour de Dieu.] [8]
* Je crois,
chers amis, frères et sœurs… pour conclure… que c’est cela que nous pouvons
retenir à travers cette méditation :
Comme Tristan
qui a reçu le baptême aujourd’hui… avec lui… nous faisons partie d’une même famille,
d’un même corps. Nous sommes animés par le même Esprit.
Cet Esprit
atteste à notre esprit que nous sommes aimés, que « nous sommes enfants de
Dieu » (cf. Rm 8,16), aujourd’hui et demain, quel que soit notre parcours.
En préparant ce
baptême avec Olivier et Frédérique, les parents de Tristan… ils m’ont dit ce
qui leur semblait important et ce que l’on peut trouver dans une famille... et
particulièrement dans la famille chrétienne : soutien, entraide, amour,
respect, écoute, ouverture, solidarité.
Oui… dans une
famille, on peut se sentir aimé… on reçoit une confiance et un amour qui nous
portent à nous accepter et à nous dépasser, pour aller vers les autres et offrir
le meilleur de soi.
C’est bien ce
qui se passe avec l’amour de Dieu que nous recevons : Cet amour nous
fortifie. Il nous renouvelle, pour nous envoyer dans le monde.
En nous offrant
sa confiance de Père, Dieu nous permet d’avoir confiance en nous et de faire
confiance aux autres.
C’est en cela
que la foi nous libère : Par la foi, nous recevons le « oui » de
Dieu sur notre vie, nous recevons sa confiance. Cette confiance de/en Dieu –
sur laquelle nous pouvons nous appuyer – nous ouvre à la confiance en
nous-mêmes, afin de nous tourner vers les autres, afin de nous libérer de la
préoccupation de notre « moi », pour regarder et nous engager vers
les autres.
Le Nouveau Testament
nous le redit aujourd’hui : Jésus et Paul ne conçoivent pas l’idée d’un
bonheur et d’un salut égoïstes. Ils affirment, au contraire, que notre vie est
relation… que le salut des uns est lié au salut des autres… que nous partageons
une communion de destin entre croyants appelés à la sainteté, appelés à suivre
le Christ.
C’est en cela
que la foi nous ouvre à la fraternité universelle. Car elle nous donne
l’assurance de pouvoir rencontrer le visage du Christ, dans chacun des visages
de nos frères (cf. Mt 25, 40).
Amen.
[1] La sainteté comporte
deux notions successives et conjointes : une élection (être mis à part,
élu, séparé, choisi, pour…) et une vocation (être appelé à un service, envoyé
pour une mission, consacré pour…) : cf. Rm 1,7 (« aux saints, par
l’appel de Dieu ») ; 1 Co 1, 2 (« à ceux qui ont été sanctifiés
dans le Christ Jésus, appelés à être saints avec tous ceux qui invoquent en
tout lieu le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le
nôtre »).
[2] La « communion des
saints » est un des articles de foi du Symbole des Apôtres. Cette
doctrine, appelée aussi dogme du « corps mystique » (essentiellement
dans le catholicisme et l’orthodoxie) repose sur une interprétation de 1 Co 12.
[3] Participation à
l’Eglise du Christ… à la personne du Christ… à sa vie et à son salut. Pour les
Réformateurs, la prédication de l’Evangile et la dispensation des sacrements
rendent le Christ présent et nous rendent participant à la vie du Christ. Les
Luthériens mettent sans doute plus en avant que les Réformés le sens de la
communion sacramentelle (par la Ste Cène et le Baptême) comme participation à
Jésus Christ lui-même.
[4] Cf. Alain Houziaux, Les Grandes énigmes du Credo, DDB,
p.279s : « Dans le texte du
Credo, les "saints" en question, ce sont bien les martyrs de l'Église
primitive qui ont été glorifiés. Ce sont ceux qui, par fidélité à leur foi, ont
été conduits au sacrifice de leur vie à l'époque des persécutions. Ce sont bien
ceux dont l'Église sollicite l'intercession. »
[5] Et, pourquoi pas, même,
de pouvoir nous communiquer quelque chose de l’Esprit vivifiant (cf. 1 Co
15,45) ou de la lumière sanctifiante, qui les anime ? C’est, en tout cas,
l’explication apportée par l’Eglise catholique, qui attribue des guérisons
« miraculeuses » (jusque là « inexpliquées ») à
l’intercession de Jean-Paul II.
[6] Dans les discours
d’adieu de l’évangile selon Jean, l’Esprit prend les traits personnels d’un
« assistant » et d’un « auxiliaire » : l’autre
paraclet (cf. Jn 14,16).
[7] « L'Eglise se réfère à ce royaume de Dieu, qui
vient : le royaume de Dieu n'est pas l'Eglise mais l'avenir de l'Eglise comme
il est l'avenir de toute l'humanité. Mais l'Eglise est la communion de ceux
qui, dès maintenant, à cause de Jésus attendent le royaume de Dieu et vivent
dans cette attente. La détermination essentielle de l'Eglise comme « communion
au Christ » se situe dans l'horizon de cette espérance-du-royaume-de-Dieu. […]
C'est seulement en se référant à cet avenir du royaume de Dieu - qui transcende
l'étroitesse des intérêts intra-ecclésiaux - que l'Eglise peut prendre
conscience de sa signification pour le monde, de sa signification pour
l'humanité tout entière. » W.Pannenberg,
La foi des apôtres, Cerf, p.163.
[8] Voir Denis Müller, Réincarnation
et foi chrétienne, Labor et fides, « La communion des saints »,
p.96-97.
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