Lectures : Q 11, 9-13 + Q 6, 31-38 (cf. Lc 11, 9-13 + Lc 6, 31-38)
(Le texte de la source Q est celui reconstitué
et traduit par Jean-Marc Babut)[1]
Thématiques :
la confiance, la loi d’attraction, la loi de cause à effet, la règle d’or
Prédication de
Pascal LEFEBVRE = voir après les lectures
Tonneins, le 10/04/16
Lectures :
Q 11, 9-13 :
« Je vous [le]
dis : demandez, et cela vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ;
frappez, et une porte s'ouvrira pour vous.
En effet, qui
demande reçoit, qui cherche trouve, et pour celui qui frappe une porte
s'ouvrira.
Existe-t-il
parmi vous quelqu’un à qui son fils demanderait du pain, et qui lui donnerait
un caillou ? Ou s'il lui demande un
poisson, lui donnerait un serpent ?
Si donc vous,
même méchants comme vous l’êtes, savez donner de bonnes choses à vos enfants, à
combien plus forte raison le Père, depuis le ciel, donnera-t-il de bonnes
choses à ceux qui les lui demandent. » (Lc 11, 9-13 // Mt 7, 7-11)
Q 6, 31-38
« Ce que vous
avez envie que les autres fassent pour vous, c'est ce que vous devez faire pour
eux. » (Lc 6, 31 // Mt 7,12)
« Si vous
montrez de l'amour à ceux qui vous aiment, que gagnez-vous ? N'est-ce pas ce
que font [déjà] les ramasseurs de taxes ?
Si vous ne
prêtez quelque chose qu’à ceux dont vous espérez qu’ils vous le rendront, que
gagnez-vous ? N'est-ce pas ce que pratiquent [déjà] les
païens ? » (Lc 6,32-34 // Mt 5, 46-47)
« Votre Père est
miséricordieux ; devenez comme lui, miséricordieux. » (Lc 6,36 // Mt 5, 48)
« N'émettez
pas de jugement. De la Sorte vous ne serez pas jugés [vous-mêmes], car on vous
jugera de la manière dont vous aurez jugé [les autres]. On se servira pour vous
de la même mesure que celle dont vous vous serez servie pour les autres. »
(Lc 6, 37-38 // Mt 7, 1-2)
Prédication :
Pour vivre une
existence épanouie, Jésus nous donne 3 enseignements que je résumerai de la
façon suivante :
-
Une
nouvelle manière de penser Dieu
-
La
possibilité de la confiance, qu’on peut exprimer en 2 phrases :
« Croyez
et vous obtiendrez » (ce que vous croyez)
« Demandez
et vous recevrez »
-
Un
appel à prendre l’initiative :
« Donnez
et on vous donnera »
Il apparaît que
dans notre monde actuel, la plupart du temps, on n’a pas du tout pris en compte
ces paroles qui prônent, à la fois, la confiance et l’espérance ; la gratuité
et la reconnaissance ; l’engagement et le don de soi.
Dans notre
société matérialiste, rien n’est gratuit. Bien souvent, nous pensons qu’il faut
mériter ou arracher ce qu’on veut obtenir… sans penser que nous pourrions
peut-être le recevoir par grâce.
Les hommes
rêvent de plus d’avoir et de pouvoir. Le pouvoir de l’argent est partout,
véhiculé par les médias, qui nous conditionnent et nous formatent.
Même les
politiques sont confrontés au monde consumériste, aux pressions des lobbies, au
système de la finance internationale et aux tentations des paradis fiscaux… et
un certain nombre finit par succomber aux sirènes de « Mammon »,
comme on le voit avec l’actualité des « panama papers ».
L’avidité et
l’accaparement répondent aux désirs de l’égo. On exploite au maximum la nature
pour obtenir ses richesses énergétiques…
On exploite aussi les hommes pour obtenir davantage de
rentabilité…. Et finalement, on constate
– en semblant presque impuissant – que ce monde est moribond et court à la
catastrophe… qu’il produit sans cesse de l’injustice et du désespoir.
Les plus petits,
les plus pauvres, les plus malheureux finissent par ne plus croire qu’un
changement soit possible ; chacun se réfugie dans une attitude attentiste
et conservatrice. On protège ses acquis et ses frontières. On se résigne à la
peur de l’autre, à la méfiance, au pessimisme ou à la fatalité.
Mais, est-ce là le monde que Dieu veut
pour nous ?
Et qui a créé cette réalité… sinon
nous-mêmes ?
L’Evangile,
c’est d’abord la bonne nouvelle de l’amour de Dieu… la Bonne nouvelle que Dieu
nous promet autre chose, pour autant que nous le voulions.
Pour changer les
choses, Jésus nous invite d’abord à changer nous-mêmes, à changer nos
croyances, nos mentalités, nos comportements.
* Premier point : Jésus nous apporte
une nouvelle manière de penser Dieu et la possibilité de la confiance
Par la prière du
« Notre Père », Jésus nous invite à changer notre image de
Dieu : Dieu n’est pas un roi qui règne du haut du ciel, ni un juge
susceptible de nous punir à chaque faux pas, mais une force, une énergie qui s’offre
à tous, qui est à notre écoute, nous entend et pourvoit à nos besoins, à
l’image d’un Père qui aime ses enfants, qui prend soin d’eux chaque jour, pour
leur apporter nourriture, protection et guérison.
Si Dieu est
ainsi une puissance bienveillante et agissante, comme un « Père »,
nous pouvons lui faire totalement confiance : C’est ce que Jésus nous
invite à vivre, en nous en remettant totalement à cette force, à ce Dieu bon et
miséricordieux (cf. Q 11,13 ; 6,36).
En tant que
Chrétiens, ce n’est pas une innovation pour nous d’appeler Dieu « Notre
Père ». Nos liturgies ont repris cette expression inaugurée par Jésus. La
plupart d’entre nous a sans doute appris la prière du « Notre Père »
au catéchisme. Mais il faut se rendre compte à quel point c’était nouveau pour
les contemporains de Jésus.
Dire que Dieu
est comme une force d’amour, un Père bienveillant, cela tranche radicalement
avec l’image que les religions donnent des divinités qu’elles honorent, comme
des puissances redoutables ou ombrageuses, dont on ne peut obtenir les bonnes
grâces sans se plier à des règles et sans consentir à des sacrifices.
Loin d’un Dieu
qui fait peur… d’un Dieu à craindre… ou
d’un Dieu qui fait du commerce en marchandant son pardon… Jésus nous offre
l’image d’un Dieu gratuit qui éclaire sa création, qui est « Lumière » :
un Dieu qui nous invite à nous laisser imprégner, habiter par sa lumière (cf.
Ep 5,8 ; Mt 5,14).
Pour Jésus, la
relation entre Dieu et les humains a toujours été le fruit de l’initiative
divine en vue d’un salut, c’est-à-dire d’une délivrance, d’une libération,
d’une réconciliation, d’une guérison... offerte gratuitement.
La seule chose
attendue des humains est simplement qu’ils se mettent à « l’écoute »
de cette force positive qu’est Dieu pour la recevoir… qu’ils s’ouvrent à elle
pour devenir un canal de l’amour de Dieu… en d’autres termes, qu’ils incarnent
l’amour de Dieu, comme Jésus a su le vivre, en devant transparent à l’Esprit
d’amour, au souffle du Père.
Mais, on
voit bien que ce n’est pas si simple pour nous, les humains, car nous avons un
défaut majeur qui s’appelle « l’égo »… duquel résultent
l’orgueil, l’égoïsme, la convoitise et l’instinct de domination.
Tous les porte-parole
de Dieu dans la Bible – des prophètes à Jésus – ne cessent d’appeler les hommes
à se mettre à l’écoute de ce Dieu-Père qui peut agir là où nous lui faisons
confiance, là où nous le laissons faire.
Mais, le drame,
c’est que du côté des humains, on refuse ce Dieu providentiel ou
interventionniste. Nous avons peur du lâcher-prise… peur de risquer la
confiance… car on ne sait pas où tout
cela pourrait nous conduire.
Alors… nous
préférons compter sur nos propres forces… nous fier à nous-mêmes plutôt qu’à Dieu.
Nous prétendons rester maître de la relation avec Dieu… et de ce fait, nous
faisons entrer ce Dieu dans le cadre d’une religion établie, avec des règles et
des principes dogmatiques, moraux et ecclésiaux.
Disons que nous
préférons faire entrer Dieu dans un cadre institutionnel : c’est plus
prudent !… C’est même une manière
de maîtriser Dieu… Car imaginez-vous – un instant – que Jésus ait vraiment
raison et que Dieu puisse influencer notre existence et intervenir dans
notre vie, pour autant que nous lui fassions pleinement confiance : Mais,
ce serait la révolution !… on ne maitriserait plus totalement sa vie
(comme nous le supposons)…. des choses
nouvelles et inattendues pourraient émerger… qui remettraient en question nos
manières de penser et d’agir… des choses
jusqu’alors impossibles deviendraient possibles… (les mentalités changeraient, des guérisons
pourraient se produire, des pardons et des réconciliations en famille, entre
peuples, entre pays pourraient avoir lieu) … des choses inexpliquées se
produiraient qu’on appelle – faute de mieux – des « miracles »… Tout
cela serait totalement nouveau !... et remettrait radicalement en cause
notre monde scientiste, et avec, les pouvoirs de tous ceux qui prétendent nous
apporter la maîtrise et la lumière dans notre vie : les hommes politiques,
les chercheurs, les industriels et les laboratoires pharmaceutiques (aux
profits exorbitants), les garants de l’ordre, du droit et du bon fonctionnement
des instances financières mondiales, etc.
Avouons-le ! Laisser plus de place à Dieu dans notre vie
et notre monde : ce serait beaucoup trop risqué ! Car, au fond, ce
serait faire place à l’inattendu, à l’aventure, à la nouveauté… et l’inconnu
fait toujours peur. C’est une évidence !
En ce sens… dans
l’évangile selon Jean… Jésus place Dieu bien au-delà de nos représentations
humaines. Il n’est pas à adorer ici ou là : Dieu est Esprit – dit-il (cf. Jn 4,
20-24)… il agit comme un souffle. Et « le
vent souffle où il veut… mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va » (cf.
Jn 3,8). C’est précisément ce qui fait peur aux humains qui entendent garder le
contrôle.
Malheureusement,
en agissant ainsi… en étant indifférent à Dieu ou en nous méfiant de Lui… nous
nous privons d’un trésor inestimable de grâces et de bénédictions, à cause de
notre égo et notre prétention à la maitrise du monde.
A cause de nos croyances
en un monde uniquement matérialiste (et consumériste), nous ne faisons que
répéter le passé… nous nous restreignons nous-mêmes… nous nous empêchons
d’élargir nos horizons à une dimension spirituelle de la vie, à une élévation
de notre niveau de conscience.
C’est la raison
pour laquelle Jésus appelle et bouscule ses disciples : Il nous invite à
chercher autre chose – c’est ce qu’il dira, par exemple, dans son sermon sur la
montagne : « Cherchez d’abord
le règne de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par
surcroit » (cf. Mt 6,33).
« Cherchez à entrer dans le règne de
Dieu » : si
nous intégrions véritablement le fait Dieu est une force d’amour – une énergie
positive et non un Dieu autoritaire qui entend tout contrôler à notre place –
alors, nous pourrions envisager ce Dieu-Père comme un allié[2] – au
lieu de le penser comme un régisseur ou un concurrent –. Nous pourrions
entendre que ce Dieu ne veut que le bonheur de ses créatures : Ce n’est
pas lui qui crée le malheur, qui nous enferme dans l’injustice ou la
culpabilité. C’est nous-mêmes qui réduisons nos potentialités de vie, à cause
de notre égo, de nos pulsions d’attachements ou de rejets, de notre prétention
à l’autonomie et à la toute-puissante maîtrise.
Inlassablement, Jésus
nous appelle à un changement de mentalité, à une ouverture au Dieu d’amour… pour
que nous le laissions enfin influencer positivement notre existence.
* Deuxième point : Jésus nous invite
à expérimenter concrètement cette confiance : « Demandez et vous recevrez »
« Je vous le dis (affirme
Jésus) : demandez et cela vous sera donné ; cherchez, et vous
trouverez ; frappez, et une porte s’ouvrira pour vous ».
Les formules impersonnelles
« cela vous sera donné »,
« une porte s’ouvrira » constituent une manière indirecte de se
référer à l’action de Dieu. Cela signifie : « soyez-en certains, ayez confiance, Dieu agira ! »
Ces paroles sont
pour nous… mais objectivement… les mettons-nous en pratique dans la vraie vie ?
Qui d’entre nous,
s’il a des choix décisifs à faire, s’il a une décision importante à prendre…. ou
s’il se sent troublé ou désemparé…. ou encore, s’il a besoin de quelque chose
en particulier… qui d’entre nous s’adresse
en premier lieu à Dieu, de façon quotidienne, jour après jour (telle la veuve
importune – cf. Lc 18,1-8), pour lui demander son aide et son
soutien ?.... dans l’assurance qu’il est en train de recevoir ce qu’il
vient de demander, que cela a été entendu par le Père et que cela va
s’accomplir pour lui de la meilleure des manières possibles… selon la volonté du Père…. c’est-à-dire, pas
seulement de la manière dont nous le souhaiterions, mais bien au-delà de ce que
nous avons pu penser ou imaginer…. Car le Père connaît nos potentialités et
sait ce dont nous avons vraiment besoin (cf. Mt 6,8 ; Mt 7,32).
Le premier
passage que nous avons entendu ce matin (cf. Q 11,9-13) suit immédiatement la
prière dominicale : « Notre
pain pour ce jour-ci, donne-le-nous maintenant ». (Q 11,3 // Lc 11,3
// Mt 6,11) Jésus ajoute « demandez
et cela vous sera donné »… demandez en croyant que vous recevrez !
Il vient assurer
les disciples qu’il y aura nécessairement une réponse positive à leur requête –
même si ignorons le « comment », même si cette réponse n’est pas
toujours – ni exactement – celle que nous attendons.
Jésus affirme
que l’énergie Dieu-Père est active en nous et dans le monde. Nous pouvons faire
confiance à cette force créatrice qu’est le Dieu d’amour.[3]
C’est là une loi
de l’existence dont nous pouvons nous-mêmes réaliser la véracité. Car, sans
confiance, rien de nouveau ne peut surgir. Toute entreprise, toute demande,
tout projet commence par la confiance que cela peut s’accomplir… que nous
sommes entendus et soutenus dans notre désir ou notre initiative, lorsqu’ils
sont justes et bons.
Je lisais cette
semaine le témoignage d’un conseiller en insertion-professionnelle qui disait
la chose suivante :
« Dans le cadre de mon travail j'ai
été amené à rencontrer plus de 7800 personnes au chômage. Aujourd'hui, je peux
affirmer que ce n'est ni le niveau d'études, ni les diplômes, ni l'âge, ni le
sexe, ni l'origine ethnique, ni la nationalité, ni l'expérience qui détermine
le fait de retrouver un job ou non, mais uniquement l'état d'esprit dans lequel
on est. »
Ayons donc à
cœur de retenir et de mettre en pratique cet enseignement du Christ :
« Tout est possible pour celui qui
croit » dit Jésus
(cf. Mc 9,23).
Toute chose
nouvelle peut arriver dans notre vie, pour autant que nous y croyions !...
que nous visualisions ces choses et que nous les demandions au Père.
Croyez et vous obtiendrez !
Demandez, et cela vous sera donné !
Le Christ nous
appelle à ancrer cette parole de confiance en nous comme une réalité, comme une
sorte de loi de l’existence. Il affirme ainsi que nous sommes « co-créateurs »
de notre réalité… que notre confiance et notre vision sont véritablement des forces
créatrices.
C’est, d’une
certaine manière, ce que Jésus affirmait aux malades qu’il rencontrait : « qu’il te soit fait selon ta
foi » (cf. Mt 8, 13 ; Mt 9, 29).
Dans certains
courants spirituels ou philosophiques, des personnes appellent cela « la loi de l’attraction » :
c’est l’idée que nous attirons à nous ce que nous croyons ou pensons.
C’est la raison
pour laquelle, il est souhaitable de purifier nos pensées et nos croyances. Il
nous faut progressivement abandonner tout état d’esprit négatif, dépréciatif,
anxiogène, toute animosité, toute colère. Puisque les pensées positives donnent
naissance à des réalités positives, nous devons changer notre état de
conscience pour qu’il soit toujours positif.
Tout cela est fort
juste ! Mais Jésus, pour sa part, va plus loin dans cette affirmation :
Il ne nous invite pas seulement à avoir confiance en nous-mêmes et à positiver
– ce qui est déjà un bon début – il
nous invite à avoir pleinement confiance en notre Père… c’est-à-dire dans la
providence de Dieu… qui agira de façon adéquate pour chacun de nous, pour nous
permettre d’avancer… de surmonter les épreuves et les obstacles… pour
progresser sur le chemin qui est le nôtre.
* Troisième point : Ce que vous
voulez voir changer ou obtenir, commencez par le faire vous-mêmes : « Donnez et on vous donnera » (Lc
6,38)[4]
A côté de cet
appel fondamental à la confiance, Jésus nous donne une seconde loi que certains
courants philosophiques appelleraient « la loi de cause-à-effet » et qu’on pourrait résumer de la
façon suivante :
Donnez et on vous donnera
Acquittez et vous serez acquittés
Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés
(cf. Lc 6, 36-38)
En d’autres
termes : semez du positif et vous
récolterez du positif (voir aussi Ga 6,7 ; Mt 7, 17-20)
Prenez
l’initiative du bien, pour obtenir du bien dans votre vie :
Ce que Jésus
résume positivement dans la règle d’or : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous,
faites-le vous-mêmes d’abord pour eux » (cf. Mt 7,12 ; Lc 6,31)
Bien souvent,
nous comprenons ou appliquons cette règle de façon restrictive, en s’abstenant
seulement de faire le mal, comme la sagesse populaire universelle le
recommande : « Ne fais pas à
autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse » (Cf. livre de Tobit
4,1 ; évangile de Thomas 6,3 ; Talmud, Shabbat 31a). Mais Jésus
reformule cette « règle » de façon dynamique et positive ; et
cela change tout.
Il ne s’agit pas
seulement de ne pas faire quelque chose de travers, mais de prendre
l’initiative du bien en faveur d’autrui, donc d’agir gratuitement, de façon
délibérée, en vue du bien.
Jésus explique
le fondement d’une telle action : il s’agit d’imiter Dieu, d’agir à la
manière de notre Père qui lui crée et œuvre gratuitement en vue de ce qui est
juste et bon.
Je cite dans la
source Q : « Votre Père est
miséricordieux ; devenez comme lui, miséricordieux » (Q 6,36 // Lc
6,36)
« Montrez de l’amour [à tous]… De la
sorte vous deviendrez des enfants de votre Père. Son soleil, en effet, il le
fait lever sur les méchants aussi bien que sur les bons, et il fait pleuvoir
sur ceux qui font ce qu’il désire aussi bien que sur ceux qui ne s’en soucient
pas » (Q 6, 27.28.35 // Mt 5, 44-45)
C’est donc un
nouvelle mentalité et un nouveau comportement que Jésus propose : ne plus
se comparer aux autres, ne plus tenir compte de leurs comportements, de leurs
mérites, ni de leur amabilité – ou de leur manque d’amabilité – mais, agir par
bonté, gratuitement… juste parce que c’est comme ça que le Père s’y prend avec
sa création : par grâce, par amour.
C’est la seule
façon de sortir des relations de miroir, de dépasser les relations de
réciprocité, de « donnant-donnant », qui appartiennent, certes, au
lot commun de la société, mais qui nous limitent dans notre développement.
C’est en ce sens
que Jésus dit : Même les ramasseurs
de taxes (les collaborateurs impurs) montrent de l’amour à ceux qui les aiment
(cf. Q 6,32)… même les païens prêtent à ceux qui leur rendent… mais, vous,
citoyens du Royaume – du monde nouveau de Dieu – vous pouvez faire mieux :
adoptez un nouveau comportement positif… qui ne tient plus seulement compte des
mérites de chacun… mais qui aime sans compter, de façon inconditionnelle.
Ainsi, comme le Père vous aime – sans
condition – aimez de la même manière !
Si nous
écoutions vraiment ce message de Jésus, nous pourrions ouvrir et élargir les
horizons de notre empathie, de notre compassion et de notre altruisme à tout
être humain… et plus seulement à ceux qui nous sont proches ou nous
ressemblent, à notre famille, nos amis… à
nos coreligionnaires ou aux ressortissants de notre pays… nous aurions
un regard plus large : un regard qui prend en compte le fait que tout être
humain est enfant de Dieu… y compris le SDF qui vient nous taxer et nous
déranger… le migrant qui frappe à la porte de notre frontière avec sa famille…
le « basané » qui a d’autres traditions, des habitudes culturelles
différentes ou « une tête qui nous fait peur ».
En bref, Jésus
nous appelle à la générosité… en dépassant nos instincts naturels, sans nous
contenter de reproduire ce qu’on peut observer dans le monde animal, où chacun
aspire à défendre son petit « clan » et son territoire contre ses
congénères, ou à devenir le « mâle » dominant pour être le premier
servi.
Si chacun ne
pense qu’à son égo… le monde ne risque pas de changer… les relations de
réciprocités et de rivalités risquent de perdurer encore longtemps.
Seul un
changement de mentalité, une évolution de nos consciences permettront de rendre
le monde meilleur et vivable pour tous. Car, en fin de compte, qu’est-ce qui
différencie l’homme de l’animal ?... sinon le fait que l’être humain a les
moyens de prendre du recul, de développer un esprit critique, y compris sur ses
propres réflexes ou habitudes…. Sinon le fait que l’être humain a les moyens
d’entendre un message contestant son mode de vie et la capacité de pouvoir
modifier son comportement en conséquence.
En tout cas… il
y en a un qui y croit : c’est Jésus.
Le Christ croit
à la capacité de conversion de l’être humain. Il espère en nous, en nos
capacités d’évolution et de changement. Et c’est là la Bonne Nouvelle de ce
jour.
Si Jésus prend la
peine de donner ces enseignements, c’est qu’il croit véritablement que nous
pouvons entrer dans cette nouvelle ère, cette nouvelle mentalité du Royaume,
qui consiste à agir gratuitement et positivement, indépendamment des mérites de
chacun.
* Pour conclure - chers amis - il me semble que nous pourrions simplement essayer
d’expérimenter cela dans notre vie :
- Faire
confiance à ce Dieu-Père qui peut agir en nous et dans le monde… et lui offrir
notre reconnaissance et notre gratitude ;
- Oser nous
tourner vers lui et lui demander quotidiennement ce dont nous avons besoin, en
visualisant ces dons et en ayant la certitude qu’il nous entend et nous exauce
de la meilleure façon ;
- Commencer par
expérimenter son amour en offrant le nôtre à tous ceux que nous croisons, dans
l’assurance que les bonnes semences que nous donnons deviendront de bons fruits
pour nous et pour autrui.
Amen.
[1] Jean Marc Babut, Un tout autre christianisme, éd. Desclée
de Brouwer.
[2] Ce que traduit bien la
notion « d’alliance »
[3] Il agit à la manière
d’un Père encore plus attentif à ses enfants que les disciples ne le sont
eux-mêmes envers leurs propres enfants : cf. Lc 11, 11-13
[4] On peut aussi penser au
« donnez leur vous-mêmes à
manger » : cf. Lc 9,13.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire