dimanche 13 octobre 2024

Que peut-on demander à Dieu ?

Lectures bibliques : Proverbes 16 (v.1-3) ; LUC 11 (v.1-13) ; LUC 18 (v.1-8) = voir textes en bas de cette page
Thématique : La prière de demande / Que peut-on demander à Dieu ?
Prédication de Pascal LEFEBVRE - le 13/10/24 à Bordeaux et le 20/09/24 à Sauveterre de Béarn


Nous sommes tous très occupés… Je ne sais pas si vous prenez le temps de prier dans votre quotidien… Mais les textes que nous venons d’étendre nous invite à la prière personnelle avec Dieu… et ils nous posent aussi des questions…

« Confie au Seigneur ce que tu fais, et tes projets se réaliseront » (Prov 16,3).  En écoutant l’auteur du livre des Proverbes, tout parait simple.
Il suffirait de confier nos projets à Dieu… pour obtenir leur concrétisation.
L’expérience nous montre que les choses ne se passent pas toujours ainsi.

En même temps, ces versets nous interrogent : est-ce que vraiment nous faisons toujours cette démarche de confier nos projets à Dieu ?
Rien n’est moins sûr ! Le fait est que Dieu n’est pas toujours intégré dans l’équation de nos plans et nos voeux.

Pourtant Jésus insiste, lui aussi, dans l’évangile : « Demandez et vous recevrez ! »  Mais peut-on demander tout et n’importe quoi ?

Que peut-on demander à Dieu ? Et comment Dieu répond-il ?
Ce sont les deux questions qu’une amie protestante m’a posées, il y a quelques jours…

Et j’avais envie de les partager avec vous aujourd’hui… parce que ce ne sont pas les questions d’une seule personne … mais ce sont peut-être aussi les vôtres.

Il y a plusieurs réponses possibles :

1) La première réponse qu’on pourrait faire… qui est peut-être un peu frileuse… mais juste, en même temps.
C’est NON ! On ne peut pas tout demander à Dieu.

Dieu n’est pas un distributeur automatique… qui viendrait combler tous nos besoins… et obéir à nos moindres désirs… surtout nos désirs les plus personnels… les plus égoïstes… et les plus matériels.

Penser qu’on pourrait tout demander à Dieu… pose la question du sens de la prière : à quoi sert-elle ? Qu’elle est son rôle ?
Dans la prière, est-ce que c’est nous qui demandons à Dieu une transformation ou est-ce que c’est la prière qui nous transforme ?

Et puis, la prière ne consiste pas à dire à Dieu ce qu’il devrait faire !
Nous ne sommes pas les consultants de Dieu !… les « McKinsey » de Dieu…  Certains ont peut-être besoin de cabinets conseils, mais Dieu - quand même - on peut en douter !

De toute façon, l’Eternel - notre Père céleste - ne nous a pas attendu pour créer ce qu’il a créé… ni pour faire ce qu’il fait.

Donc… il me semble contestable… et sans doute assez basique (ou enfantin)… de demander à Dieu… par exemple, des choses purement matériels… comme gagner au loto… d’attendre qu’il m’aide à réparer mon ordinateur ou le fer à repasser que j’ai fait tomber l’autre jour… ou qu’il aide mon camp politique ou mon équipe de rugby favorite à remporter la victoire, ou encore mon pays à gagner la guerre contre un adversaire ou un ennemi.

Ce type de demande où l’on met Dieu partout - et « à toutes les sauces » (si j’ose dire) - parait problématique pour trois raisons au moins :

d’une part, elle révèle une conception utilitariste de Dieu. Finalement, à travers ces demandes, Dieu serait à mon service. La prière serait quelque chose de forcément intéressé. Elle n’aurait rien d’une relation gratuite, d’une relation de confiance.

D’autre part, elle pose une question sur la vision sous-jacente de Dieu qu’elle déploie : celle d’un dieu magicien ou d’un grand Manitou - qui interviendrait selon son bon plaisir - ou si possible selon le mien… en agissant depuis l’extérieur des choses, comme par miracle !

Enfin, elle pose une question d’équité : pourquoi Dieu soutiendrait-il plus mon camp que le camp d’un rival ? Pourquoi m’aiderait-il, moi, à gagner un concours…  ou un conflit…  au risque de laisser beaucoup d’autres sur le carreau.

Donc, je crois qu’on ne peut pas demander quelque chose à Dieu qui nous placerait les uns en face des autres… et qui ne ferait qu’accroître les séparations, les tensions ou les divisions entre les êtres humains.

En même temps, vous pourriez me dire : c’est vrai… on ne peut pas demander n’importe quoi à Dieu… mais - quand même - dans les Psaumes, il y a bien des prières où le psalmiste demande des choses très concrètes à Dieu … par exemple, la victoire sur l’adversaire… ou même la vengeance ou pire : l’extermination de l’ennemi… comme dans le Psaume 58, où l’auteur du Psaume crie vers l’Eternel en parlant du méchant. Je cite : « Dieu ! Casse- leur les dents dans la gueule ; Seigneur, démolis les crocs de ces lions […] qu’ils soient comme le foetus avorté, qu’ils ne voient pas le soleil ! […] Le juste lavera ses pieds dans le sang des méchants ».

J’espère que vous ne priez pas comme ça à la maison !

Comment faut-il entendre ces cris du Psalmiste ? Comment peut-il demander de telles choses à Dieu ?
J’avancerais une interprétation : En voulant l’anéantissement de l’ennemi, le psalmiste, n’est-il pas surtout en train d’exprimer un appel au secours ? … En disant sa propre souffrance face à une situation d’injustice, n’est-il pas en train de dire son incompréhension, sa colère et son désarroi… face à la violence ou aux crimes qu’il voit autour de lui ?

Je comprends ces demandes d’intervention auprès de Dieu avant tout comme des cris de détresse… pour que cessent enfin la souffrance et l’injustice… bien plus que comme des demandes d’actions divines.

2) Peut-être - pourrirez-vous encore me dire… mais - quand même - Jésus dit de demander à Dieu… et il insiste : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira ». (Luc 11), Il est donc bien permis de demander à Dieu ce dont nous avons besoin ?

C’est vrai ! Vous auriez raison de rappeler ces paroles que nous venons d’étendre ce matin !  Mais il ajoute à la fin de cette exhortation : « Combien plus le Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » (Luc 11).

Cela signifie que ce que nous pouvons vraiment lui demander relève du domaine spirituel :
C’est son Souffle, sa Lumière, son inspiration, son discernement, pour qu’il nous guide dans notre vie et dans nos choix décisifs.

Il me semble tout à fait légitime - face à une décision importante à prendre - de demander au Seigneur qu’il nous guide… qu’il nous éclaire, nous donne de la lucidité, pour nous permettre de faire les bons choix ou pour accompagner un ami au mieux…
Ou encore, face à une situation vraiment difficile ou éprouvante, de lui demander qu’il nous communique sa force et son courage, pour sortir de l’impasse ou pour aider quelqu’un d’autre de la façon la plus adaptée et la plus pertinente.

Dans cette façon de voir, il y a trois points intéressants :

D’une part, c’est de croire que Dieu peut agir et nous aider… mais que son action est spirituelle. C’est-à-dire qu’il n’intervient pas directement - de façon extérieure - sur la dimension matérielle (comme une sorte de magicien), mais de façon intérieure, discrète et cachée. Personnellement, je crois à l’action spirituelle de l’Esprit, agissant sur un autre plan de la réalité / dans une autre dimension / que celle de la physique ordinaire. (Car certainement, notre réalité n’est pas que physique et chimique, il y a d’autres dimensions de la vie / d’autres plans plus subtils).

D’autre part, cette façon d’envisager la prière, à travers la demande du Saint Esprit, me parait beaucoup plus humble que la façon directe de demander à Dieu telle ou telle chose concrète et matérielle. Car la question qui se pose, dans la prière, est de savoir si ce que nous demandons est vraiment toujours ce qui est préférable pour nous ou pour quelqu’un d’autre ? Je veux dire : nous pouvons désirer telle ou telle chose importante et croire que cette chose serait bonne pour nous ou pour autrui… Mais est-ce que nous en sommes bien certains ? Est-ce si évident ? Est-ce vraiment le meilleur que nous désirons ?

[[ Je prendrais un exemple très concret : si plusieurs personnes (des petits enfants) - autour de moi - demandent au Seigneur la guérison d’une grand mère de 95 ans, fort appréciée et aimée, qui est à l’hôpital, parce qu’elle vient d’avoir des complications médicales… et que finalement la mort l’emporte tranquillement quelques jours après…  Certaines de ces personnes pourront penser que c’est bien triste… et peut-être se dire que Dieu semble ne pas avoir entendu toutes leurs prières… Mais comment savoir ce qui était « bon » pour cette dame : poursuivre sa route sur cette terre, ou poursuivre sa route autrement, dans l’au-delà ?

Je crois, pour ma part, que toutes les prières exprimées dans les coeurs pour autrui, trouvent forcément un écho et une résonance, d’une manière ou d’une autre, car nos pensées sont des vibrations qui influencent la réalité.

Dieu - qui est Esprit - entend et reçoit certainement cette belle énergie d’amour que toutes ces personnes ont voulu envoyer à cette grand mère, par leurs pensées et leurs prières.
Il perçoit l’intention qui était derrière ces prières de survie : c’était que cette dame soit bien et sereine… qu’elle soit paisible… qu’elle ne soit pas seule dans son coeur, mais remplie de l’amour de ses proches.

Pourtant, il est difficile - pour nous - de ne pas juger l’action de Dieu ou de nos prières - aux résultats obtenus ou escomptés… mais de simplement faire confiance à Dieu.
C’est pourtant à cela que nous appelle la foi : croire que Dieu agira et qu’il fera au mieux ! Croire que Dieu sait et pourvoit ! ]]


Aussi, si je demande à Dieu son Esprit saint, sa force, son courage, son Esprit de calme, de clarté et de discernement (pour moi ou pour autrui) … je ne lui demande pas un résultat… je lui demande un moyen - une Lumière, un soutien - pour discerner ce qui est bon et faire au mieux.

Je ne prétends pas « savoir » ce qui est bon par moi-même (ni pour un autre), mais je demande à Dieu son Souffle / son inspiration pour me montrer la bonne direction et me soutenir dans ce choix.
Il y a donc là une posture d’humilité qui me parait bien plus conforme à notre « non-savoir »… conforme à notre situation fragile et éphémère d’être humain, pris dans une réalité plurielle et complexe.

En vérité, nous ne savons pas toujours qu’elle est la meilleure voie à suivre et comment la suivre (je pense à la voie des Béatitudes : la voie de la compassion, de la bonté, de la douceur, de la paix, de la justice).
Demander à Dieu son Esprit saint, c’est, en réalité, non pas seulement lui demander que notre volonté soit faite… mais que sa volonté, à lui, éclaire la nôtre.
C’est lui demander de nous orienter vers sa volonté, vers son Règne.

Enfin, 3ème point, je dirais aussi que cette demande du St Esprit nous libère du résultat attendu. Car si Dieu nous donne son Inspiration, les choses se passeront à sa manière… selon son plan… et non selon celui que nous avons nous-mêmes pensé ou imaginé.

Penser ainsi est en réalité libérateur. Car, bien souvent, quand nous demandons quelque chose, nous avons l’impression que la réponse de Dieu n’est pas celle que nous attendions, qu’elle est imperceptible ou que cette réponse tarde à venir.

Mais, nous devons accepter que si le St Esprit agit… alors les choses se passeront d’une autre façon que celle de notre volonté… à la manière de Dieu.

Nous en avons un bon exemple dans les évangiles avec le moment où Jésus sait qu’il va bientôt être arrêté et sans doute crucifié. Il vit un moment d’angoisse à Gethsémani face à cette souffrance - cette coupe - qu’il l’attend.
Et il adresse à Dieu cette prière : « Abba, Père, à toi tout est possible, écarte de moi cette coupe ! Pourtant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Cf. Mc 14, 32-42).

A vues humaines, on peut penser que la réponse de Dieu n’est pas venue… puisque Jésus va mourir crucifié… Mais, la résurrection, montre que la réponse sera bien apportée, même si elle viendra plus tard, d’une façon inattendue et dans une autre dimension de la réalité.
Cette manière de répondre de Dieu aura un impact bien plus grand sur l’humanité… que s’il avait simplement entendu l’interrogation de Jésus de pouvoir éviter la Croix.

Pour répondre à la question qui était posée initialement… je récapitule donc ce que nous avons partagé :
En écoutant l’évangile de ce jour, je pense donc qu’on ne peut pas demander à Dieu tout et n’importe quoi… mais qu’il est judicieux de lui demander son Esprit saint, pour nous guider, nous éclairer, nous transformer positivement.

3) Enfin, j’en viens à dernière partie de notre méditation…

Car, après avoir dit tout cela… j’aurais aussi envie de relativiser ce propos - et tout ce que je viens de vous dire - en affirmant qu’en réalité, le plus important n’est pas ce que nous demandons / l’objet de nos prières… que surtout l’être de la prière / le fait d’être en relation avec Dieu.

La prière est d’abord écoute et dialogue… c’est une conversation avec un ami… et ce meilleur ami que nous avons tous : c’est Dieu !
On peut donc lui parler en toute confiance.

C’est sur ce point que les 2 paraboles que nous venons d’entendre insistent : peu importe, finalement, si nous demandons quelque chose d’une façon correcte, bien formulée ou non… peu importe si nous semblons déranger Dieu… Dieu (notre meilleur ami) saura entendre notre intention et notre coeur… et il répondra à sa manière.

Ce qui est mis en relief dans ces paraboles - de façon imagée et audacieuse - c’est bien qu’il nous est permis de « déranger » Dieu et même d’insister… tant que nous avons foi en lui.

Ces petites paraboles nous livrent plusieurs enseignements sur la prière :
d’abord, ne pas se décourager et continuer à faire confiance à Dieu ;
et, d’autre part, elles nous parlent de la prière d’intercession : la prière pour un ami.

* La parabole du juge et de la veuve (du Chapitre 18 de l’évangile de Luc) place le disciple du Christ devant deux dangers : la lassitude et le découragement face à une situation d’attente :

Dans cette petite histoire, la veuve représente une personne humble, démunie, en situation fragilité sociale. Elle est confrontée à un juge qui traine à s’occuper de son affaire et à rendre justice.
Le juge semble avoir une moralité douteuse - puisqu’il est présenté comme un homme qui ne respecte personne, ni Dieu, ni les hommes.

Or, c’est l’obstination et la persévérance de la veuve qui auront finalement raison de sa nonchalance et de son obstruction.
Le juge finit par céder pour un motif purement égoïste : elle lui casse la tête / il n’en peut plus / il veut avoir la paix !
Il finit par obtempérer et lui donner raison, uniquement à cause de son insistance et de sa persévérance !

Est-ce à dire que Dieu serait comme ce juge ? Certainement pas !

Ce que veut dire Jésus avec cette parabole, c’est que si un juge dépourvu d’éthique (et se moquant de tout) finit par céder à une plaignante obstinée… à combien plus forte raison, Dieu - l’Eternel - Lui qui est juste, entendra et écoutera les supplications de ses fidèles.

Alors, certes… dans la réalité… on peut avoir l’impression qu’une réponse de Dieu se fait souvent attendre… mais soyons tenaces et confiants : la justice de Dieu est déjà en chemin ! Elle finira par se faire entendre !…

En même temps… le texte de l’évangile finit par un point d’interrogation adressé à l’auditeur ou au lecteur :
Qu’en est-il pour nous ? Saurons-nous vivre cette attente… Saurons-nous garder la foi dans cette espérance ?
Que restera-t-il de la confiance en Dieu tout au long du chemin… jusqu’à l’accomplissement des temps… jusqu’au retour du Fils de l’homme, figure qui annonce le jugement final ?

Nous entendons bien l’appel adressé ici aux disciples à tenir bon dans la foi et l’espérance… à persévérer dans la prière.

La figure de la veuve est intéressante, car elle a tellement de constance et de ténacité qu’elle oblige son juge à lui rendre justice…
Personnellement j’y entends ce message : « Si vous aussi, vous avez cette persévérance… soyez certains que Dieu vous entendra ! »

* L’autre parabole (au chapitre 11) est également intéressante, car elle nous met dans la situation de la prière d’intercession, où un ami vient demander quelque chose à un ami, pour un autre ami.

C’est, en effet, une histoire à 3 personnages : un ami en dérange un autre en pleine nuit, parce que lui-même accueille un ami voyageur et n’a rien à lui offrir à manger.

L’ami dérangé pourrait refuser le service en invoquant l’heure tardive et le sommeil de ses enfants. Mais il accédera quand même à la demande en raison du sans gêne du demandeur.

Le texte dit qu’il est « sans vergogne », c’est-à-dire sans peur, sans honte, sans pudeur…  Autrement dit : il ose… il fait preuve d’audace, d’un esprit d’entreprise… il est sans retenue, sans crainte.

Cela signifie-t-il qu’il faille faire la même chose avec Dieu ?
Ne pas hésiter à lui faire parvenir nos demandes - même mal formulées… même imparfaites ?
Certainement ! C’est comme cela qu’on peut entendre cette parabole.

Bien sûr, cette parabole n’est pas une allégorie, ni une personnification.
Dieu n’est pas à l’image d’un « dormeur bougon » qu’on vient réveiller en pleine nuit.

Mais, peut-être, est-il comparable à un ami qui obtempère… en se laissant un peu forcer la main… à cause de l’audace du demandeur.

Le message de la parabole - avec l’explication qui suit - pourrait donc nous inciter à faire preuve d’audace envers Dieu… à « demander », à « chercher », à « frapper »… d’autant qu’il s’agit ici de l’histoire d’un homme qui en dérange un autre, parce qu’il est lui-même saisi de compassion et interpellé par le malheur d’un troisième.

Cela correspond à la prière d’intercession, lorsque nous demandons à Dieu d’agir en faveur d’un proche ou de soutenir un ami qui en a besoin.
C’est bien sûr une façon de porter devant Dieu les difficultés ou les détresses des autres… et de s’associer à leurs situations avec tout son coeur.

On peut penser - comme le laisse entendre la parabole - que cette prière du coeur est recommandée… car Dieu n’est pas insensible à nos demandes et aux souffrances que nous lui présentons.

Si Dieu est compatissant et plein d’amour… s’il est comme un Père céleste qui nous aime (pour reprendre l’image donnée par Jésus)… il donnera son Souffle, son courage, sa force, sa paix et sa belle énergie spirituelle à ceux que nous lui confions.

On peut penser - en effet - qu’il se passe quelque chose de spirituel et d’invisible quand nous prions pour d’autres personnes :
Par des phénomènes de communication à distance… des pensées positives… certainement, nous envoyons de l’énergie à ceux pour lesquels nous prions… pas seulement la nôtre, mais l’énergie spirituelle et les hautes vibrations que Dieu nous donne lui-même et qui nous traversent, nous inspirent et passent par le coeur, pour aller vers d’autres…

Car se connecter à Dieu par la prière, finalement, c’est peut-être recevoir sa puissance créatrice et régénératrice… et c’est peut-être même devenir canal de son énergie… et transmettre à d’autres cette vitalité dont Dieu est la Source.

On pourrait - en effet - envisager Dieu comme une force spirituelle cosmique (la conscience universelle), à laquelle nous pouvons nous exposer, nos connecter… et qui peut nous transformer de l’intérieur.

* Quelques mots pour conclure… 

 
La méditation d’aujourd’hui ne suffit évidemment pas à épuiser le vaste sujet de la prière… car nous n’avons même pas abordé la version du « Notre Père » proposée par Luc.

Ce que nous dit la Bible sur la prière, c’est qu’on ne peut sans doute pas tout demander à Dieu (tout et n’importe quoi) parce qu’il n’est pas à notre service. Mais, en revanche, on peut tout lui dire.

Nous avons un certain nombre d’exemples dans la Bible :
Dans le livre de l’Exode, Moïse parle avec Dieu et même il négocie avec lui. Il vit une sorte de bras de fer avec le Seigneur.
Auparavant, dans le livre de la Genèse, il y a aussi l’histoire d’Abraham qui se lance dans une négociation avec Dieu, pour essayer de sauver la ville de son neveu Lot.

Nous pouvons encore penser - dans l’évangile - au récit de la Cananéenne qui tente aussi de discuter et de négocier avec le Christ (Mt 15, 21-28). Elle n’a pas peur et finalement - grâce à sa persévérance, son audace et son humilité - elle obtient ce qu’elle était venue chercher : la guérison de sa fille.

Ce qu’indiquent ces récits, c’est qu’il faut du courage…il faut oser et persévérer dans la prière.
La prière, ce n’est pas une petite récitation tranquille d’un « Notre Père » … de façon un peu automatique… et hop, c’est fini !

Comme la Bible nous l’enseigne : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée… et Tu aimeras ton prochain comme toi-même.… » (cf. Mt 22), je crois que le Christ veut nous dire au sujet de la prière :
« Quand tu pries… fais le avec tout ton cœur, de toute ton âme, et toute ta pensée ! »  - 

Amen !

Lectures bibliques


Proverbes 16 (v.1-3.9). 1Les humains forment des projets, mais c'est le Seigneur qui a le dernier mot.
2Chacun pense agir toujours correctement, mais le Seigneur examine le fond du cœur.
3Confie au Seigneur ce que tu fais, et tes projets se réaliseront. […]
9Les humains tracent leur chemin, mais c’est le Seigneur qui assure la marche.


LUC 11 (v.1-13). 1[Jésus] était un jour quelque part en prière. Quand il eut fini, un de ses disciples lui dit : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l'a appris à ses disciples. » 2Il leur dit : « Quand vous priez, dites :
Père,
fais connaître à tous qui tu es,
fais venir ton Règne,
3donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour,
4pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous,
et ne nous conduis pas dans la tentation. [Et permets que nous ne soyons pas emportés dans l’épreuve] »

5Jésus leur dit encore : « Si l'un de vous a un ami et qu'il aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : “Mon ami, prête-moi trois pains, 6parce qu'un de mes amis m'est arrivé de voyage et je n'ai rien à lui offrir”, 7et si l'autre, de l'intérieur, lui répond : “Ne m'ennuie pas ! Maintenant la porte est fermée ; mes enfants et moi nous sommes couchés ; je ne puis me lever pour te donner du pain”, 8je vous le déclare : même s'il ne se lève pas pour lui en donner parce qu'il est son ami, eh bien, parce que l'autre est sans vergogne, il se lèvera pour lui donner tout ce qu'il lui faut.
9« Eh bien, moi je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. 10En effet, quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira. 11Quel père parmi vous, si son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu de poisson ? 12Ou encore s'il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ? 13Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. »


LUC 18 (v.1-8). 1Jésus leur dit une parabole sur la nécessité pour eux de prier constamment et de ne pas se décourager. 2Il leur dit : « Il y avait dans une ville un juge qui n'avait ni crainte de Dieu ni respect des hommes. 3Et il y avait dans cette ville une veuve qui venait lui dire : “Rends-moi justice contre mon adversaire.” 4Il s'y refusa longtemps. Et puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu ni ne respecte les hommes, 5eh bien ! parce que cette veuve m'ennuie, je vais lui rendre justice, pour qu'elle ne vienne pas sans fin me casser la tête.” »
6Le Seigneur ajouta : « Ecoutez bien ce que dit ce juge sans justice. 7Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Et il les fait attendre ! 8Je vous le déclare : il leur fera justice bien vite. Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

 

dimanche 6 octobre 2024

Accéder au chemin resserré qui mène à la vie

 Lectures bibliques : Mt 5,3 ; Mt 5, 43-45 ; Mt 6,33 ; Mt 7, 1-2 ; Mt 7, 13-14 ; Mt 16, 24-27 = voir texte en bas de cette page.
Thématique : Accéder à la porte étroite et au chemin resserré qui mène à la vie
Prédication de Pascal LEFEBVRE - Bordeaux, le 06/10/2024 (temple du Hâ)


L’Évangile est une « Bonne Nouvelle » : celle de l’amour de Dieu… cet amour qui nous est offert… et que Jésus-Christ est venu manifester.

Pour autant, nous l’entendons aujourd’hui… cette Bonne Nouvelle n’est pas seulement une information à entendre qui s’adresse à notre intellect… Elle est une Parole à recevoir au creux de notre existence… une Parole qui appelle un changement de mentalité, une ouverture du cœur, une transformation profonde de notre existence et de notre vie relationnelle (impliquant un nouveau rapport à soi-même, à Dieu et aux autres).

On entend aujourd’hui à travers les textes de ce jour - essentiellement un petit florilège de paroles du sermon sur la montagne - une certaine radicalité, dans cet appel à suivre le Christ.

Au chapitre 7 de l’évangile de Matthieu, Jésus semble présenter deux voies distinctes :
D’une part, une route large - une sorte d’autoroute facile d’accès - mais qui ne mène nulle part.
Et, d’autre part, un sentier étroit et resserré qui, lui, mène à la vie.
Comment comprendre cette image ? Quel est donc ce chemin qui conduit à la vie ?

Évidemment celui qui connait un peu la Bible, a envie de répondre : "Et bien ! C’est le Christ lui-même !"… puisqu’il a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (cf. Jn 14,6).

C’est vrai ! Mais il serait bon de pouvoir en dire un peu plus…
Quel est donc ce chemin que propose Jésus ?

Bien sûr, c’est une question difficile… car pour y répondre, il faudrait relire ensemble tout l’évangile… et à minima les 3 chapitres du sermon sur la montagne (cf. Mt 5 à 7).

Je vous propose de nous arrêter sur quelques points susceptibles de nous éclairer un peu… en se souvenant que Jésus - en tant que Christ - est pour nous le modèle à suivre… puisqu’il a lui-même emprunté ce chemin qui l’a mené à la vie avec l’Eternel… et donc à la vie éternelle.

1) Je dirais, premièrement - en suivant aussi bien les paroles de Jésus que ce qu’il a vécu - cette porte étroite - ce chemin resserré, c’est d’abord le chemin du don de soi.

J’en veux pour preuve ce que Jésus exprime un peu plus loin - au chapitre 16 (v.24-25) dans l’évangile de Matthieu - je cite :
« Si quelqu'un veut me suivre, qu'il s'abandonne lui-même, qu'il prenne sa croix et me suive.
En effet, celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera. »


Que signifie s’abandonner / se renier soi-même ?
N’est-ce pas d’abord renoncer à l’image que l’on a de soi-même ?
Ne s’agit-il pas de lâcher ce « moi », cet « ego » qui prend tant de place ?… et parfois toute la place ?
Ne faut-il pas entendre ici la nécessité d’un lâcher-prise, d’entrer dans un forme de « déprise », une dé-préoccupation de soi-même ?

Il me semble que c’est ce que l’on fait dans le geste même de la prière - on se décentre de soi-même pour se tourner vers un Autre, vers Dieu - ou mieux encore dans la méditation : il s’agit d’accepter de lâcher son égo, son mental… ses soucis, ses préoccupations… de s’abandonner totalement… pour entrer dans une confiance… où le « moi » s’éteint… et laisse place à une part intérieure plus profonde : le vrai Soi qui est connecté au Divin.

Ce lâcher-prise du moi… cette dé-préoccupation de l’égo (avec ses soucis, ses ressassements, son mental, ses projections, ses jugements, …) a une vertu : c’est qu’il ouvre, en nous, un espace pour accueillir autre chose que soi-même : il permet d’une part, de se tourner vers Dieu - vers une altérité - qui nous ouvre à la nouveauté… et, d’autre part, de se tourner vers les autres, de s’intéresser à eux, de pouvoir les regarder, les aider et les aimer.

La dé-préoccupation de soi, nous ouvre à l’amour.

En d’autres termes, ce lâcher-prise, cette dé-préoccupation de soi est un geste d’abandon de l’égo - Ce qui peut faire peur, bien évidemment ! Car notre égo, lui, veut exister et garder sa place -… C’est un geste de don de soi… Car il va créer en nous une ouverture… qui va élargir notre conscience vers Dieu et vers les autres.

Pour Jésus, il y a une promesse dans ce geste de déprise… de don de soi… c’est qu’en se donnant… en apprenant à lâcher son égo, pour s’ouvrir à Dieu et aux autres… on va trouver le chemin vers la vie… on va finalement se trouver soi-même… en trouvant « la perle précieuse », « le trésor caché dans le champ » (cf. Mt 13, 44-46), à savoir le vrai Soi connecté au Divin.

Aussi, je crois qu’on pourrait traduire librement ce passage de l’évangile de la façon suivante :
« Qui veut sauver sa vie (et la conserver pour lui-même) la perdra… mais qui osera la perde / qui osera la donner, la trouvera vraiment »
Ou pour le dire encore autrement : Qui reste dans l’égo perdra son temps, parce qu’il ne trouvera rien d’autre que lui-même (ou plutôt l’apparence ou le masque de lui-même)…
Qui osera lâcher son égo et risquer sa vie en la donnant - en entrant dans le don de soi - celui-là la trouvera véritablement.


Il faut se souvenir, en effet, dans quel contexte Jésus prononce ses paroles :
Alors qu’il annonce pour la première fois sa passion (sa mort et sa résurrection)… il prévient ses disciples qu’il va devoir entrer dans le don de soi le plus radical… il s’expose immédiatement à une réprimande de Pierre, qui lui dit : « Que Dieu t’en préserve ! ».
Jésus l’interpelle alors fortement en disant : « Arrière, Satan ! (Derrière moi Tentateur !) Tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes » (cf. Mt 16, 21-23).

Le premier point à retenir, peut-être - pour emprunter ce sentier étroit et resserré que Jésus propose à ses disciples - c’est l’acceptation d’entrer dans le don de soi !

2) Deuxième élément de ce chemin, c’est l’entrée dans la pleine confiance en Dieu. En fait, les deux choses sont liées…
On ne peut accepter de pleinement lâcher prise et de se donner… que parce qu’on sait que Dieu lui-même est don… qu’il se donne… en nous offrant son amour et sa confiance.

Ce chemin resserré dont parle Jésus, c’est donc le chemin de la confiance en Dieu… confiance en la Providence de Dieu.

Et, bien sûr, nous avons en mémoire le texte du sermon sur la montagne au chapitre 6, où Jésus appelle ses disciples à sortir des soucis matériels… à dépasser leurs préoccupations quotidiennes (centrés sur leurs besoins, sur la nourriture ou le vêtement)… pour « chercher le règne de Dieu et sa justice » (cf. Mt 6, 24-35).

Ce qui fonde cette élargissement de conscience, cette quête de Dieu et de la justice… parallèlement à cette dé-préoccupation du « moi »… C’est - nous dit Jésus - la foi en la Providence de Dieu.

Si effectivement Dieu connait nos besoins… si Dieu veille incognito… s’il agit de façon secrète et cachée… s’il nous soutient, d’une façon ou d’une autre… nous pouvons lui faire confiance et sortir du souci de nous-mêmes… pour prendre soin, à la fois, de notre relation à Dieu et de nos relations aux autres…

Sachant que Dieu veille… nous pouvons agir - et entrer dans la confiance et le don de soi - en offrant au monde et aux autres plus d’attention et de douceur, plus de compassion, de consolation, de paix… afin d’apporter de la justesse et de justice… et de la fraternité… là où il en manque… face aux misères, à l’égoïsme, aux violences ou aux injustices de toutes sortes.

3) On rejoint là, dans cette voie - et c’est le 3ème point - le chemin des Béatitudes - qu’on retrouve au début du sermon sur la montagne.

Et on se souvient que sur le chemin des béatitudes, le premier enseignement concerne l’humilité.
« Heureux les pauvres de coeur - les pauvres en eux-mêmes - le royaume des cieux est à eux » (Mt 5,3).

Là encore, Jésus nous fait comprendre que si nous vivons dans l’orgueil… si nous sommes plein de nous-mêmes… il n’y aura pas vraiment de place possible pour Dieu dans notre coeur et notre vie.

Le chemin avec le Christ commence donc par l’humilité : reconnaitre que nous ne sommes pas « auto-suffisants »… que nous ne pouvons pas compter sur nos seules forces… que nous avons besoin de Dieu, de sa confiance et de son amour, pour trouver le chemin de la vie véritable.

Cette route (ce sentier) avec Dieu - qui commence par l’humilité - nous permet d’accepter et de reconnaitre notre non-savoir et notre non-maitrise… et, par là-même, notre vulnérabilité, nos fragilités et nos failles… et donc de laisser Dieu agir, pour nous permettre de progresser dans le chemin de l’ouverture du coeur.

C’est ce que les réformateurs ont appelé la « Sanctification », comme processus de transformation sous l’effet de l’Esprit saint… qui sans cesse nous offre courage, inspiration et discernement… nous permettant ainsi de nous améliorer dans la voie de l’amour.

4) & 5) Ce chemin d’humilité - et ce sont les 4ème et 5 ème points - nous conduit à deux attitudes complémentaires : D’une part, à sortir du jugement. Et, d’autre part, à entrer dans la gratuité.

Effectivement, si nous sommes assez humbles et conscients de notre condition humaine (toujours faillible et imparfaite), nous savons que nous ne sommes pas meilleurs que les autres.
Et cela nous amène à faire preuve de bienveillance et d’indulgence à l’égard d’autrui. Car personne n’est à l’abri d’une chute, d’un déséquilibre, d’une faille ou d’une faiblesse…

Cela nous conduit à vivre ce que Jésus nous propose au début du chapitre 7 du sermon sur la Montagne, à savoir : à ne plus nous poser en juge vis-à-vis des autres… car nous ne sommes pas parfaits, et nous ne sommes pas à la place de Dieu (cf. Mt 7, 1-5).

Ce que propose Jésus est en réalité libérateur… libérateur pour soi-même et pour les autres… car sortir de son intransigeance et de ses exigences… pour entrer dans la bienveillance et l’indulgence… évite d’avoir des attentes démesurées vis-à-vis de soi-même, aussi bien que vis-à-vis des autres.

Enfin, l’humilité nous permet également de développer un nouveau regard sur la réalité : non pas sur ce qui manque ou ce qui fait défaut - mais sur ce qui est bon… y compris en nous-mêmes.

La voie de l’humilité nous permet d’envisager ce qui est « bon » sous un nouvel angle :  La bonté relève de l’action de Dieu en nous.

Si nous comprenons que la spiritualité - la relation que nous entretenons avec le Divin - nous permet d’accéder à la meilleure part de nous-mêmes… nous comprenons que c’est Dieu qui réalise toute chose bonne en nous - par l’inspiration et l’énergie d’amour qu’il nous offre…  et nous prenons conscience - par là-même - que ce que nous pouvons donner - en matière d’amour - vient en réalité de Dieu lui-même (qui est Amour).

Ainsi, si nous ouvrons notre coeur à Dieu… s’il nous fait croitre, s’il nous fait grandir… c’est grâce à lui que nous pouvons - dès lors - offrir le meilleur qui est en nous … et c’est grâce à lui que nous entrons dans une nouvelle dimension qui est celle de la gratuité.

Ce faisant… nous sortons du système courant - qui est la logique du monde - fondée sur la réciprocité.

La réciprocité, c’est le système marchand du « donnant-donnant » et des relations de miroir : je donne pour recevoir… je fais telle chose contre telle autre.
Dans ce système, il n’y a que l’échange et des relations « commerciales »…  Rien ne se donne vraiment, tout doit se vendre ou se mériter… que ce soit avec Dieu ou avec le prochain.

En régime de gratuité, c’est différent !  
Nous pouvons offrir le meilleur de nous-mêmes sans attendre de retour…
Bien sûr, nous pouvons peut-être espérer intérieurement que les actes gratuits que nous offrons par amour, par bonté, par gentillesse, par ouverture du coeur trouveront peut-être un peu d’échos… et, pourquoi pas, un peu de reconnaissance ou de gratitude… - Après tout, peut-être que Dieu espère, lui aussi, un peu de gratitude de notre part - … mais ce n’est pas là l’objet du don.

Nous entrons dans le régime nouveau de la gratuité, car c’est ainsi que Dieu agit, par amour… lui qui est pure Grâce… Lui qui « fait lever son soleil sur les bons et les méchants… et pleuvoir sur les justes et les injustes » … gratuitement (cf. Mt 5, 43-48).

Nous entrons alors - comme Dieu - dans la joie… le joie de donner, la joie de la gratuité…

Et de ce fait, nous revenons au premier point évoqué au début de cette méditation : nous sommes dans le don de soi : tout simplement !  Car vivre, c’est aimer, c’est donner, c’est pardonner !

Quelques mots pour conclure…   Nous avons donc cheminé à travers quelques clefs du sermon sur la montagne… qui nous ouvrent la porte étroite… permettant d’emprunter le sentier resserré… qui conduit à la vie.

D’un côté… dit le Christ…vous pouvez choisir l’autoroute facile d’accès qui ne mène nulle part… et qui conduit même à se perdre.… Il suffit, pour cela, de rester dans la satisfaction de son égo, dans l’orgueil et le système de la réciprocité.

Ou, d’un autre côté, vous pouvez oser… vous risquer à vous dessaisir de vous-mêmes… laisser déployer le lâcher-prise, pour entrer dans la pleine confiance en Dieu et le don de soi… en ayant conscience que tout vient de Dieu… en restant humble… sans jugement à l’égard d’autrui… et donnant tout simplement le meilleur de vous-mêmes…

Et alors… si tel est le cas… vous marchez déjà à la suite de Jésus-Christ… sur ce chemin resserré - mais prometteur… qui mène à la vie.

Je vous propose de conclure par une prière inspirée de FRANÇOIS D’ASSISE

Seigneur, fais de moi un instrument de ta Paix.
 
Là où il y a de la haine (en moi), que je mette l’Amour.

Là où il y a l’offense (en moi), que je mette le Pardon.

Là où il y a la discorde (en moi), que je mette l’Union.

Là où il y a l’erreur (en moi), que je mette la Vérité.

Là où il y a le doute (en moi), que je mette la Foi (la confiance).

Là où il y a le désespoir (en moi), que je mette l’Espérance.

Là où il y a les ténèbres (en moi), que je mette Ta Lumière.

Là où il y a la tristesse (en moi), que je mette la Joie.

Ô Maître (Seigneur, Dieu de tout amour)
 
que je ne cherche pas (ne m’efforce pas) tant à être consolé.e 
qu’à consoler,
à être compris.e qu’à comprendre,

à être aimé.e qu’à aimer,

car c’est en donnant que l’on reçoit,

c’est en s’oubliant (soi-même) que l’on (se) trouve (soi-même),

c’est en pardonnant qu’on est pardonné.e, (on obtient le pardon)
 

c’est en mourant (à soi-même, à son égo) qu’on ressuscite à l’éternelle vie (dans le vrai Soi lié à ta divine présence).

Amen.

Lectures bibliques : Mt 5,3 ; Mt 5, 43-45 ; Mt 6,33 ; Mt 7, 1-2 ; Mt 7, 13-14 ; Mt 16, 24-27

Mt 5,3
3« Heureux ceux qui sont humbles de cœur, car le royaume des cieux est à eux !
 

Mt 5, 43-45
43Vous avez entendu qu'il a été dit : “Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.” 44Eh bien, moi je vous dis : aimez même ceux qui vous traitent en ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. 45Ainsi vous deviendrez les enfants de votre Père qui est dans les cieux. Car il fait lever son soleil aussi bien sur les méchants que sur les bons, et il fait pleuvoir sur ceux qui font sa volonté (les justes) et ceux qui ne la font pas (les injustes).

Mt 6,33
33Cherchez d'abord le règne de Dieu, cherchez à faire sa volonté (sa justice), et Dieu vous accordera tout le reste.

Mt 7, 1-2
1Ne portez pas de jugement afin que Dieu ne vous juge pas non plus. 2Car de la manière dont vous jugez, vous serez jugés. La mesure que vous employez pour mesurer sera aussi utilisée pour vous.

Mt 7, 13-14
13Entrez par la porte étroite ! Car large est la porte, facile est le chemin qui mène à sa propre perte (la perdition) et nombreux sont ceux qui s'y engagent. 14Mais combien étroite est la porte et difficile (resserré) le chemin qui mènent à la vie ; peu nombreux sont ceux qui les trouvent.

Mt 16, 24-27
24Puis Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu'un veut me suivre, qu'il s'abandonne lui-même, qu'il prenne sa croix et me suive. 25En effet, celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera. 26À quoi bon gagner le monde entier, si c'est au prix de sa vie ? Que donnerait-on en échange de sa vie ?
27En effet, le Fils de l'homme va venir dans la gloire de son Père avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon la façon dont il aura agi.