Texte biblique - Lc 24, 13-35 (Les pèlerins d’Emmaüs)
Thématique : éprouver la salut de Dieu
Méditation accompagnant un témoignage à l’occasion de baptêmes d’adultes
Méditation de Pascal Lefebvre - 17/11/2024 - Bordeaux
Culte témoignage + prédication (après le témoignage ci-dessous)
Témoignage de Lise
Aujourd’hui, je me tiens devant vous avec une émotion profonde et un cœur ouvert pour partager les raisons qui m’ont menée à demander le baptême. C’est en toute humilité que j’ai pris cette décision d’accueillir en moi le Père éternel. C’est le fruit d’un long cheminement, d’une réflexion personnelle intense, mais surtout d’une expérience vécue dans la douleur et la maladie.
À travers les épreuves de la vie, notamment la maladie qui a marqué de nombreuses étapes de mon parcours, j’ai réalisé que nous, en tant qu’êtres humains, ne pouvons pas tout contrôler. Il y a des moments où la souffrance, le mal-être, et la solitude deviennent si profonds qu’ils semblent insurmontables. Dans ces moments, j’ai compris que je n’avais pas la force de tout gérer seule.
Pourtant, il y avait quelque chose, ou plutôt quelqu’un, qui était là, dans ces instants de faiblesse, de perte et de doute. Sans que je m’en rende compte pleinement à ce moment-là, Dieu était présent. Il était là, marchant à mes côtés, dans cette solitude, dans cette tristesse que je ne savais comment surmonter. Petit à petit, j’ai ressenti sa présence, douce et discrète, mais réconfortante. C’est comme si, au plus profond de mes luttes, Il m’avait soutenue sans que je m’en aperçoive.
Aujourd’hui, je demande à être baptisée pour marquer cette prise de conscience, ce retour vers Lui. Je veux, à travers ce baptême, entrer dans Sa famille, être reconnue comme Son enfant, et m’abandonner à Sa volonté. Je crois fermement qu’en m’unissant à Lui de manière plus intime, je trouverai la paix et l’espérance qui me manquaient si cruellement. Le baptême est pour moi une manière de dire « oui » à Dieu, de L’inviter pleinement dans ma vie, de L’accepter comme mon guide et mon sauveur.
Je crois que, dans cette union avec Dieu, je pourrai trouver une délivrance, non seulement de la maladie physique, mais aussi de cette tristesse profonde et de ce mal-être intérieur. Je m’en remets à Lui pour être guérie non seulement dans mon corps, mais aussi dans mon âme. Je sais qu’avec Dieu à mes côtés, il y a de l’espoir, et que même dans les moments de plus grande détresse, Il ne m’abandonnera jamais.
Mon baptême aujourd’hui est le témoignage de ma confiance en Lui, de mon désir de marcher avec Lui et de m’abandonner à Son amour infini.
Merci à vous tous pour votre présence et votre soutien en ce jour si important pour moi. Que Dieu vous bénisse !
Prédication
Dans le langage religieux, le mot « salut » exprime le fait que Dieu nous sauve de nos impasses, de nos blocages, des périls et des dangers.
Même au milieu des épreuves, l’Eternel - le Vivant - trouve toujours une porte de sortie… un nouveau chemin plus lumineux… il ouvre devant nous des potentialités nouvelles… Il peut même nous offrir le moyen de transformer le mal en bien (cf. par exemple, dans la Bible : l’histoire de Joseph - Gn 37 à 50).
C’est ce qu’ont exprimé, à leur manière, aujourd’hui Lise et William, à travers leurs témoignages…
Tous les deux, ils ont traversé des moments d’épreuves dans leur vie… des passages difficiles ou douloureux… et ils ont découvert qu’ils n’étaient pas seuls sur ce chemin… que l’Eternel, le Dieu d’amour, la Conscience universelle, les accompagnait discrètement, imperceptiblement…
Malgré les moments de doute, de solitude, de peine… malgré les moments sombres ou apparement bloqués…. ils ont fait l’expérience d’une présence lumineuse… d’une grâce… d’un amour spirituel…
La foi, c’est peut-être d’abord cette prise de conscience que nous sommes accompagnés… que nous sommes, à la fois, des êtres matériels et spirituels… et que Dieu qui est Esprit, fait route avec nous… qu’il peut nous guider, nous éclairer, nous soutenir…
Ainsi, nous pouvons répondre à sa présence… et entrer dans une relation de confiance avec cette Force d’amour, cette Energie spirituelle, qu’on appelle l’Esprit saint.
Si Dieu est le Vivant… la Source… il peut nous transmettre sa vie, son énergie, sa vitalité, sa force, son courage.
Au fond, on pourrait dire que c’est la présence du Divin - du Spirituel - qui nous sauve… dans le sens où il nous apporte sa force vitale… son soutien, sa guérison, sa régénération… c’est-à-dire le supplément de vie dont nous avons besoin, face à une situation délicate (de trouble, de blocage ou de manque).
Et - comme nous pouvons tous traverser des moments difficiles - nous ne pouvons pas seulement compter sur nous-mêmes, sur nos seules forces… Nous ne sommes ni tout-puissants, ni auto-suffisants… nous avons tous besoin des dons de Dieu… pour être vivifier, pour retrouver de l’énergie, de la vie, de l’amour, de la lumière… à un moment ou un autre de notre existence…
Le récit des Pèlerins d’Emmaüs raconte ce genre d’expérience :
Pour les disciples, c’est l’incompréhension et le désespoir qui règnent…
Avec la mort de Jésus, toutes leurs attentes sont ruinées.
Ils espéraient un réel changement pour l’avenir. Avec la venue du Messie - l’homme de Dieu - ils attendaient des changements concrets dans leur vie et dans la société.
Mais la disparition subite et inattendue de leur maître suscite en eux une profonde déception et l’entrée dans un processus de deuil : leur espérance est brisée ; ils se sentent dans l’impasse.
Là… au plus bas (alors qu’ils sont en plein doute, dans l’incompréhension)… à travers une présence mystérieuse, qui leur ouvre le sens des Ecritures… qui remet du sens dans leur vie… ils vont découvrir peu à peu… qu’il y a encore une espérance… que Dieu est toujours capable de retourner la situation.
Au-delà des apparences… la vie - la vie de l’Esprit / la vie éternelle - est plus forte que la mort.
A travers la rencontre du Christ - qui fait route avec eux, incognito - les disciples vont faire l’expérience de Pâques : c’est-à-dire d’un passage, d’une brèche, d’une ouverture, même au milieu de la peine et du désespoir.
Ce qu’ils vont ressentir et découvrir - a posteriori - c’est une présence spirituelle chaleureuse et réconfortante - capable de "bruler le coeur"…
Je cite : « Notre coeur ne brulait-il pas tandis qu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Ecritures ? » (v.32).
L’Esprit du Christ s’est révélé et manifesté à eux… et désormais, leur conscience s’est ouverte à l’assurance de la vie éternelle… la vie plus forte que la mort.
Cette expérience… c’est exactement ce dont ils avaient besoin.
Une mystérieuse présence est venue ouvrir et élargir leur conscience… et les fait ainsi passer du désespoir à l’Espérance.
En d’autres termes, ils ont goûté l’expérience du salut… c’est-à-dire d’une vie offerte plus forte que la mort… plus forte que nos impasses et nos sentiments négatifs de rupture, de blocage, d’absurde ou de désespoir.
En écoutant, tout à l’heure les témoignages de Lise et de William… on sent bien de quoi il s’agit quand on parle d’expérience du salut :
Il s’agit de renouveau, de rétablissement, de guérison, de vivification…
Ce n’est pas un retour en arrière (comme avant), c’est un dépassement, vers quelque chose de nouveau.
Si Dieu est « le Vivant », s’il est Esprit vivifiant… c’est en Lui - en nous connectant à Lui - que nous pouvons recevoir le salut - la Vie - dont nous avons besoin. Je parle de « la Vie » (avec un grand « V ») - pleine, abondante, véritable, éternelle - qui est en Dieu et qu’il nous offre.
Si Dieu est comme une Source vivifiante… et si nous sommes comme un puits… c’est en connectant notre base, le fond de notre puits, à la Source… à la nappe phréatique de Dieu… que nous pourrons nous ressourcer… que nous serons toujours alimentés par son Esprit vivifiant.
A sa manière, c’est ce que Lise écrit aussi dans son beau et fort témoignage. Je la cite :
« Je crois fermement qu’en m’unissant à Dieu de manière plus intime, je trouverai la paix et l’espérance qui me manquaient si cruellement ».
« Je crois que, dans cette union avec Dieu, je pourrai trouver une délivrance, non seulement de la maladie physique, mais aussi de cette tristesse profonde et de ce mal-être intérieur ».
Et cette conviction débouche sur un acte de foi… un abandon dans la confiance. Je cite à nouveau Lise :
« Je veux, à travers ce baptême, entrer dans Sa famille, être reconnue comme Son enfant, et m’abandonner à Sa volonté. »
« Je m’en remets à Lui pour être guérie non seulement dans mon corps, mais aussi dans mon âme ».
« Mon baptême aujourd’hui est le témoignage de ma confiance en Lui, de mon désir de marcher avec Lui et de m’abandonner à Son amour infini. ».
Il n’y a rien à ajouter… L’essentiel est dit !
Bien sûr, on peut toujours ajouter des mots, pour préciser les choses…
Car des questions, il y en a toujours…
Et peut-être que certains se disent : « d’accord, Dieu nous apporte le salut… la Bible ne cesse de le répéter ! »… mais comment exprimer ce salut ? « De quoi Dieu nous sauve-t-il exactement ? »
La réponse - à mon avis - est assez simple…
Car si Dieu est « le Vivant » (c’est au moins la 3ème fois que je le répète), alors il nous sauve de tout ce qui est mortifère.
En nous offrant sa vie… son amour, sa lumière, sa paix, son pardon, sa confiance… pour élargir notre conscience… il nous donne une direction de vie entièrement renouvelée… il nous libère et nous guérit.
Il nous sauve ainsi :
De nos blocages (de nos désirs mal orientés, de nos ressassements, nos obsessions, nos préoccupations matérialistes, nos idoles)
Il nous sauve aussi… De nos peurs, de nos angoisses (liées à l’avenir, à la finitude ou à la mort)
Il nous sauve encore… De notre égo, de notre orgueil et de notre prétention à l’autosuffisance (puisque c’est Lui - et non nos mérites - qui apporte la vie)
Il nous sauve enfin…. Du non-sens (du sentiment d’absurde) car en Jésus-Christ, Dieu nous donne une visée, une direction de vie… Et aussi de notre culpabilité… puisqu’il nous pardonne et nous appelle à progresser dans la voie de l’amour.
Prendre conscience de l’amour de Dieu pour nous, et éprouver son salut… c’est entrer dans une vie véritablement transformée et lumineuse… où nous savons que nous ne sommes pas seuls, mais soutenus et aimés… quoi qu’il arrive.
Si nous croyons que Dieu nous aime pour l’éternité… que nous sommes liés à Lui… il n’y a plus de crainte… nous marchons déjà dans la voie du salut…
Nous marchons déjà dans le chemin que Jésus-Christ est venu tracer pour nous : le chemin de la vie éternelle.
« Je suis venu pour que les êtres humains aient la vie, la vie en plénitude, en abondance » (Jn 10,10) - affirme Jésus, dans l’évangile de Jean.
Nous sommes sommes donc appelés - par la Grâce de notre baptême - à nous souvenir chaque jour de cette vérité :
C’est Dieu - « le Vivant » - qui nous communique sa vie, sa bonté, sa bienveillance, sa belle énergie et son amour…
Cela doit nous inciter à rechercher le plus souvent possible sa présence… à désirer vivre en pleine communion avec Lui… par la pensée, la méditation et la prière… puisque c’est Lui qui nous rend pleinement Vivant.
Cette conscience de l’amour de Dieu offerte à chacun, nous fait aussi entrer dans de nouvelles relations avec les êtres humains qui nous entourent… qui sont aussi aimés… et qui deviennent, pour nous, des frères et des soeurs… également bénis et vivifiés par l’Esprit saint.
Ainsi notre horizon s’élargit… notre coeur et notre solidarité également… puisque nous partageons l’égale dignité, le bien commun, et le destin d’être des créatures aimées de Dieu.
Qu’il en soit ainsi, chers amis ! Amen.