dimanche 25 mai 2025

Le trésor et le marchand de perles

 Lectures bibliques : Ps 63, 2-9 ; Ep 4, 23-24.32 ; Lc 17, 20-21 ; Mt 13, 44-46 ; Jn 15, 5-17 = voir textes en fin de document  

Thématique : le royaume : le trésor et le marchand de perles
Prédication de Pascal LEFEBVRE - le 25/05/25 - temple du Hâ (Bordeaux) 
(Largement inspirée d’une méditation de Dominique Collin) 


* « Le Royaume des cieux est comparable à un trésor qui était caché dans un champ et qu'un homme a découvert » (v.44) 
Qui n’a jamais rêvé de découvrir un jour un trésor, peut-être par hasard, dans son jardin ? Ou à l’occasion de gros travaux, derrière une cloison, dans une vieille maison ? 

On imagine la joie d’une telle découverte… pas seulement à cause de la valeur potentielle du bien trouvé… mais du fait de l’émotion qu’elle susciterait. 

Eh bien, la parabole du trésor nous montre qu’une joie semblable gagne celui ou celle qui découvre le Royaumes des cieux… quand bien même cette trouvaille serait purement fortuite. 

Celui ou celle qui ferait une telle découverte… prendrait immédiatement conscience da sa valeur extraordinaire… au point d’élaborer une stratégie… pour l’acquérir de façon définitive. 

La petite histoire précise, en effet, que le mystérieux trésor était caché dans un champ… et c’est là que l’homme le remettra, en vue d’y revenir et de l’obtenir - plus tard - de manière durable. 

Cette image du « champ » peut évidement être interprétée comme ce qui représente « le coeur humain ». 
Secrète et profonde, comme un champ, l’intériorité est le lieu où repose un trésor, qui peut être identifié à notre véritable Soi. 
Derrière les apparences, derrière le masque de l’égo, se cache notre Être profond… qui est lié à Dieu…  connecté au divin… et qu’il nous appartient de découvrir… 

Précisément, s’il s’agit de le découvrir… c’est qu’il nous manque a priori… c’est que quelqu’un ou quelque chose nous appelle à désirer ce trésor enfoui en nous. 

C’est ainsi que l’être humain s’éprouve comme un être de désir… et de manque…  

Au-delà de toute nos quêtes ou nos soifs de « toujours plus », d’avoir, de pouvoir, de reconnaissance, de confort, de réussite… ne serait-ce pas - en réalité - une quête de vie, d’accomplissement, de plénitude, d’éternité, d’infini… qui nous anime et nous pousse en avant ? 

Sans cesse, nous désirons plus que ce que nous avons… nous ne voulons pas seulement « l’avoir »… nous voulons « l’être » : nous cherchons sans cesse à nous créer, à évoluer, à nous accomplir, à réaliser nos potentialités, afin d’atteindre notre véritable Soi. 

Le Royaume de cieux renvoie peut-être à cette quête d’individuation, à cette soif essentielle d’unification de tout notre être… pour faire advenir en nous « l’Homme nouveau », caché dans les sillons du coeur. 

Malheureusement, la plupart du temps, à cause des préoccupations quotidiennes, nous délaissons le lieu de notre unification… pour courir en tous sens, à la surface de nous-mêmes. 

Nous ne restons qu’à la surface de notre champ d’être… en cherchant mille manières ou occasions d’échapper au manque d’être… par des activités matérielles, des distractions, ou simplement des avoirs de toutes sortes : biens matériels, occupations divers, expériences multiples, relations mondaines permettant d’échapper à la solitude, etc. 

Au lieu de retourner au coeur de notre être, nous nous dispersons, nous nous éparpillons… et nous nous trouvons divisés et morcelés. 

Mais, Jésus nous rappelle que, malgré notre superficialité, le trésor qu’est notre Soi véritable uni à Dieu, nous attend : il est bien là quelque part enfoui… il demeure tout proche de nous. 

Le fait que ce Royaume soit « des cieux » ne signifient pas qu’il soit lointain ou inaccessible… mais  qu’il représente un ailleurs, une altérité : la part spirituelle de nous-mêmes. Et que cette réalité est déjà là… « à portée de coeur ». 

Lorsque des pharisiens interrogent Jésus pour savoir « quand doit venir le Royaume de Dieu » (cf. Lc 17, 20-21), le Maître répond en ce sens : Le Royaume « ne viendra pas comme un fait observable… de manière ostensible » Mais il est déjà accessible… à notre portée… au milieu de nous… « au dedans de nous ». 

« L’annonce de la Bonne Nouvelle qui remplit toute la prédication de Jésus, notamment en paraboles, n’a d’autre but que de révéler, en chacun de nous [dans notre intériorité] la présence du trésor qu’est le Royaume ». 


C’est l’expérience inouïe que réalise, quelques instants, l’homme de la parabole : il touche à l’essentiel… il découvre en lui - dans la profondeur de son champ - la présence de ce trésor : le Royaume des cieux… 

Et cette découverte du vrai Soi - de l’Être véritable - semble avoir lieu par surprise… presque par hasard !
C’est l’inattendu d’une Grâce offerte… l’inouï d’une rencontre… un peu comme une Bonne nouvelle imprévue… ou l’émerveillement soudain devant un paysage…

C’est ce qu’écrit très bien Dominique Collin. Je cite : 
« La véritable vie spirituelle s'éveille quand on découvre, dans les hasards de la vie, le trésor dans son coeur. Elle nous attend toujours là où on s'y attendait le moins. D'ailleurs, dans notre parabole, l'homme devait être en train de travailler dans le champ. Il n'était pas en méditation, il labourait ! Nous risquons d'oublier que le royaume se donne à trouver dans les moindres recoins de nos existences humaines. Il n'y a aucune dimension de nos vies, même la plus banale, qui ne renferme le trésor de Dieu. C'est donc une des plus grandes grâces qu'offre la foi que de découvrir, dans sa vie, la présence cachée du royaume ». 

Discernant le caractère éminemment précieux de cette trouvaille… l’homme « le cache à nouveau »… en vue d’y revenir…

N’étant pas le propriétaire du champ, et donc du trésor… il imagine une ruse - un stratagème - lui permettant de mettre la main sur sa trouvaille de façon pérenne : 

Tout en cachant sa découverte au propriétaire légitime, il va opérer un choix radical : il va vendre tout ses biens, tout ce qu’il possède, et leurrer le propriétaire, en lui proposant d’acheter son champ. 

Son comportement peut sembler déloyal ou immoral, mais ce n’est pas le sujet de la parabole… 
L’enjeu de la parabole n’est pas de porter une appréciation sur le comportement de l’homme. 
Il ne s’agit pas ici de savoir si son attitude est juste ou injuste, permise ou défendue… mais davantage de s’interroger sur l’action à mener face à une découverte existentielle, capable de transformer toute une vie. 

Ce qui est mis en avant, c’est sa motivation - et la transformation - déclenchée par l’extraordinaire trouvaille. 
Désormais, l’homme tient plus que tout à acquérir le champ, pour atteindre à nouveau le trésor qu’est le Royaume. 

Le lecteur de la parabole est ainsi accompagné dans son questionnement…
C’est comme si le récit nous posait la question : et toi, qu’en dis-tu ?
Si tu avais trouvé le trésor en toi… Que ferais-tu ? Quel serait l’ordre de tes priorités ? 
Serais-tu prêt à faire ce choix radical - de tout donner, de te libérer, d’oser lâcher ton égo et tes soucis - pour (re)découvrir et toucher, à nouveau, l’essentiel ? 

Un autre niveau de lecture est également possible, en nous arrêtant sur le fait que l'homme cache de nouveau le trésor : 
Cette indication ne vise-t-elle pas à nous révéler que la mise à découvert du royaume demande - dans le même temps - sa remise en profondeur ? 
« L'être humain ne peut jouir de son trésor que dans les entrailles du champ de sa vie. 
En cachant à nouveau le trésor dans son cœur, l'homme favorise l'intériorité et la profondeur ».

N’est-ce pas là aussi un des messages de la parabole : nous inviter à chercher inlassablement le trésor du Royaume dans l’intériorité et la profondeur de notre existence ? 

Le texte fait également écho à la joie… 
C’est à cause de sa joie -et à partir d’elle - que l’homme va désormais agir. 

Cette joie trouve son origine dans la découverte de la vérité de son coeur :
l’homme est fait pour Dieu… son coeur est taillé pour l’infini… pour l’amour infini !

C’est cette  joie qui va maintenant réorienter sa vie…

A nouveau le lecteur est questionnée par la parabole… surtout dans les moments d’incertitude ou de bouleversement…. où il est parfois difficile de trouver une direction de vie… et de répondre à la question du sens…

Comment s’orienter dans la vie, afin de trouver du sens ? 
La parabole nous dit : « A partir de ta joie » ! 
« La joie est la meilleure table d’orientation de la vie ». 

La joie qui remplit l’évangile et les paraboles, c’est celle de la rencontre !
C’est « celle du père qui accueille son fils retrouvé… celle du berger qui retrouve sa brebis perdue… celle des invités au banquet de noces… celle des deux disciples d’Emmaüs… » 

C’est la joie qui nait du coeur… de la rencontre de l’autre… et de l’Autre (avec un grand A)…. Celle qui naît du centre vital de l’être humain où se réalise progressivement l’unification de toutes ses dimensions. 

« Elle vient de cet appel inscrit dans les profondeurs de notre être à vivre la ressemblance de Dieu »… à éprouver sa compassion, son amour, sa générosité… 

Écoutons ce que souligne Dominique Collin : 
« La joie est indispensable à la vie du cœur et illumine son intelligence. Sans joie, tout se rabougrit, tout est terne, insipide, vain. La joie, don de l'Esprit au cœur, est le médicament le plus sûr contre les manifestions [de sclérose du cœur et d’endurcissement] ». 

« La joie ouvre le trésor fondamental de l’existence : la liberté. 
Seule une liberté ouverte par la joie peut donner toute sa mesure et dilater amplement l'être humain »


Il en est autrement de la tristesse… 
La tristesse souffre de ne pas rencontrer une adéquation parfaite entre ce qui arrive et ses besoins… elle éprouve toujours une dose d’insatisfaction et s’empêche ainsi de s’ouvrir à la nouveauté… à la possibilité inédite qu’offre tout évènement… 
Ainsi « la tristesse restreint le champ de la liberté en lui refusant la grâce d'être dilatée par l'accueil élargi de la vie dans toutes ses facettes. »

Au contraire, la joie est accueil… 
Elle s’ouvre plus largement à tous les événements donnés de la vie… elle les reçoit comme des occasions, des cadeaux permettant l’expérience, l’évolution, l’unification … 
Elle vit ainsi selon le don de la liberté. 

C’est cette joie qui va permettre à l’homme de la parabole de faire preuve d’audace… il va « vendre tout ce qu'il possède, pour acheter ce champ. » 
La joie le met en route, car elle est « élan vital, dynamisme de vie ». 
Elle est instauratrice d’innovation et de liberté ! 

Afin d’acheter le champ, l’homme de la parabole devra à nouveau « tourner et retourner » sa vie…
De fait, découvrir le trésor de son cœur — son identité profonde et merveilleuse — ne laisse pas en place. « Cela remue profondément ! »

Cela vaut bien la peine de « tourner et retourner » son existence, si c’est pour « permettre au trésor du royaume d’enrichir toutes les dimensions de la vie ».

* L’autre petite parabole - celle de la perle - vient compléter le tableau…
A la différence du royaume comparé à un trésor… le royaume n’est pas comparé à la perle de grand prix… mais au négociant qui cherche des perles fines. 

Cette différence est intéressante : « d’un côté, le royaume est comme une réalité qu’on trouve ; de l’autre, le royaume est une recherche », une quête.  Les deux attitudes sont complémentaires et forment une communion, une unité profonde. 

D’une part, Dieu se cherche - comme le souligne le psalmiste : « Mon Dieu, je te cherche… mon âme a soif de toi ! » (Cf. Ps 63). Et nous sommes alors comme ce négociant…
D’autre part, Dieu s’expérimente (dans la méditation et la prière) et se trouve… Il devient alors notre trésor. 

« Constamment, dans la Bible, le fait de « chercher » est la marque du croyant. 
Se mettre en marche comme Abraham ou Jésus manifeste que la recherche est au cœur de la vie de foi. »


Il serait sans doute bon de considérer la foi - non comme quelque chose qu’on a ou qu’on possède - mais comme une quête… car précisément, une quête nous invite à un déplacement, un cheminement, une transformation dynamique… qui implique des choix…

«Ayant trouvé une perle de grande valeur, le marchand va vendre tout ce qu'il possède, et il achète la perle.» 

De tout temps, les perles représentent un bien précieux et estimé. […]
«C’est une perle rare ! » [Entend-on parfois]
Cette expression familière désigne les personnes de grande qualité que nous avons la chance de rencontrer - souvent par hasard  - sur nos chemins. […]

« L'amitié est, de toutes les formes de relation, celle qui s'approche le plus de l'image de l'huître contenant une perle précieuse. Il lui faut du temps pour se cristalliser et former cet agglomérat de nacre. […] 
Pour reprendre l'image de l'huître et de la perle, les relations demandent à sécréter patiemment le meilleur : la qualité de la présence, l'attention délicate, la compassion. […] On est invité à laisser [les autres] être ce qu'ils sont - parfois dans leur coquille ! -  des êtres de qualité, des perles rares. »


Dans l’Évangile de Jean (cf. Jn 15), Jésus n’appelle plus ses disciples « serviteurs », mais « amis ». 
Outre l’explication qu’en donne l’évangile - le don de la confiance et la transmission de la connaissance de Dieu - c’est peut-être une façon de les reconnaître pour ce qu’ils sont : malgré leurs fragilités et leurs failles… ce sont des êtres de qualités, des perles rares… aimés du Dieu d’amour. 

* Pour conclure… on peut se demander si le marchand de perles fines, ce n’est pas Jésus-Christ lui-même : N’est-il pas, en effet, celui qui est venu incarner le Royaume ?… celui qui a été semblable à un marchand de perles qui, ayant trouvé une perle de grand prix, s’en est allé, a tout vendu, tout ce qu’il avait, et l’a achetée ?

Toute la passion du Christ - avant Pâques - ne nous montre-t-elle pas qu’il a agi à la manière de ce marchand riche qui a consenti à se dépouiller de toute sa gloire, pour posséder la perle qu’il a découverte.
Il s’est abaissé et humilié, il s’est déparé et vidé lui-même, pour racheter cette perle merveilleuse. 
Il est le Fils de l'Homme venu chercher l’inestimable perle, tant aimée de Dieu, le chef-d’œuvre de la création : l’homme, la femme, tout être humain… toi… moi… nous. 

Alors… finalement…  ces petites paraboles du Royaume… ne nous appellent-elles pas à prendre la suite de Jésus? … à devenir - à notre tour - semblable au Christ ?… à laisser Dieu régner dans nos coeurs… à recevoir son amour… à le laisser être notre trésor : le trésor qui nous permettra de développer une véritable richesse spirituelle et relationnelle ?

C’est dans notre intériorité que ce trouve la richesse - le trésor, le don, la perle - que Dieu a déposé en nous… il nous revient de partir à sa recherche… puisque le psalmiste l’affirme : notre âme a soif du Dieu vivant ! 

Amen. 

Lectures bibliques

Ps 63, 2-9


2Ô Dieu, c’est toi mon Dieu, je te cherche.
Mon cœur a soif de toi,
mon corps a besoin de toi comme une terre sèche, assoiffée, sans eau.
3Oui, longtemps je t’ai regardé dans le lieu saint,
j’ai vu ta puissance et ta gloire.
4Ton amour vaut mieux que la vie.
Ma bouche chantera ta louange.

5Toute ma vie, je te dirai merci
et je lèverai les mains pour rendre gloire à ton nom.
6Mon cœur goûtera le bonheur comme une nourriture délicieuse.
Ma bouche pleine de joie chantera ta louange.

7Quand je suis couché, je me souviens de toi,
pendant des heures, je pense à toi.
8Oui, tu viens à mon aide,
je crie de joie à l’ombre de tes ailes.
9Je suis attaché à toi de tout mon cœur,
ta main puissante me soutient.

Ep 4, 23-24.32

 
23il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence 24et revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité.
32Soyez bons les uns pour les autres, ayez du cœur ; pardonnez-vous mutuellement, comme Dieu vous a pardonné en Christ.
 

Lc 17, 20-21

20Les Pharisiens demandèrent à Jésus : « Quand donc vient le Règne de Dieu ? » Il leur répondit : « Le Règne de Dieu ne vient pas comme un fait observable. 21On ne dira pas : “Le voici” ou “Le voilà”. En effet, le Règne de Dieu est parmi vous / au dedans de vous. »
 

Mt 13, 44-46

44« Le Royaume des cieux est comparable à un trésor qui était caché dans un champ et qu'un homme a découvert : il le cache à nouveau et, dans sa joie, il s'en va, met en vente tout ce qu'il a et il achète ce champ. 45Le Royaume des cieux est encore comparable à un marchand qui cherchait des perles fines. 46Ayant trouvé une perle de grand prix, il s'en est allé vendre tout ce qu'il avait et il l'a achetée.

Jn 15, 5-17

5Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. 6Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, il se dessèche, puis on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. 7Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et cela vous arrivera. 8Ce qui glorifie mon Père, c'est que vous portiez du fruit en abondance et que vous soyez pour moi des disciples. 9Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour. 10Si vous observez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme, en observant les commandements de mon Père, je demeure dans son amour.
11« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. 12Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. 13Nul n'a d'amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu'il aime. 14Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. 15Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur reste dans l'ignorance de ce que fait son maître ; je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu auprès de mon Père, je vous l'ai fait connaître. 16Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et institués pour que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure : si bien que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l'accordera. 17Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres.

dimanche 11 mai 2025

Compassion, pardon et gratitude

Lectures bibliques : Col 3, 12-17 ; Mt 5,7 ; Lc 6, 36-38 ; Lc 10, 25-37 = voir textes en fin de document + volonté de Dieu : 1 Th 5, 14-21 (extraits)
Thématique : compassion, pardon et gratitude… pour cheminer vers le bonheur 
Prédication de Pascal LEFEBVRE - le 11/05/25 (Bordeaux) - 18/05/25 (Soulac) 


* Les textes du Nouveau Testament choisis pour ce jour, dressent un chemin de bonheur proposé aux disciples de Jésus-Christ, à travers 3 mots importants pour notre vie quotidienne : compassion, pardon et gratitude. 

* Nous connaissons bien cette béatitude : « Heureux les miséricordieux, car il leur sera fait miséricorde » (cf. Mt 5,7)… ou dans une autre traduction : « Heureux ceux qui sont compatissants, car ils obtiendront compassion ». 

De nos jours, on n’utilise plus tellement le mot « miséricorde » : il est devenu rare et surtout religieux. 
Je me suis demandé qu’elle est vraiment la différence entre la miséricorde et la compassion… et j’ai trouvé différentes réponses. 

En un mot, on pourrait dire que la miséricorde = c’est la compassion + le pardon. 

* La compassion, nous savons tous ce que c’est : c’est un « sentiment que nous fait éprouver la souffrance d’autrui ». 
« Compatir », c’est « souffrir avec », c’est se tenir à côté de quelqu’un en partageant sa souffrance. Celui qui éprouve de la compassion ressent et partage l’affliction d’autrui… comme il peut aussi partager la joie de celui qui l’éprouve. 

La compassion, c’est ce qui traverse et chamboule le bon samaritain, dont Jésus parle dans sa parabole (cf. Lc 10) : c’est l’homme qui est ému aux entrailles, qui est saisi de compassion, pour l’homme atterré. 
Sa compassion le pousse à agir… Il va prendre soin de son prochain… de celui dont il accepte de se faire proche… de se rendre disponible… pour l’accompagner et le secourir. 

Dans son sermon sur la Plaine (cf. Lc 6), Jésus dit de Dieu qu’il est un Père compatissant… « Soyez compatissants, comme votre Père est compatissant ». Ou - autre traduction - « Soyez généreux, comme votre Père est généreux ». 

Dieu est donné en exemple à suivre… et la compassion est ainsi présentée comme un acte de générosité. 
Est compatissant celui qui a le coeur ouvert… qui se laisse émouvoir par ce qui touche autrui… mais également celui qui agit, qui s’engage, qui se donne lui-même ou qui partage son bien, son avoir, son temps, pour prendre soin… 

Le contraire de la compassion est l’indifférence… l’insensibilité ou la dureté de coeur… - c’est ce qui menace parfois notre société -… et c’est ce qui semble caractériser le lévite ou le prêtre de la parabole, qui passent «  à bonne distance », le plus loin possible de l’homme à terre… sans s’arrêter… 
Mais ce que le texte ne dit pas c’est « pourquoi ? » …  Ce qui motive leur attitude relève certainement de leur compréhension des règles de pureté. Ils ne veulent pas se rendre « impurs » en touchant un homme ensanglanté… car si tel était le cas, ils ne pourraient plus accomplir leur office au temple… ils devraient attendre 7 jours, afin de se purifier… 

La petite histoire racontée par Jésus interroge ainsi l’ordre de nos priorités : qu’est-ce qui était le plus important pour ces hommes ? Devenir un prochain, se faire proche de l’homme atterré pour le secourir… ou conserver leurs habitudes et se conformer à leur règles, pour poursuivre leur travail et leur routine religieuse au temple… Jésus ne dénonce-t-il pas ici un dérèglement ?… une forme d’hypocrisie du système ? 

Ce texte interroge notre humanité… nos priorités… notre disponibilité… notre ouverture de coeur… Est-ce que nous éprouvons de la compassion pour ceux qui souffrent autour de nous ? Est-ce que nous prenons le temps de ressentir ce que vivent les personnes les plus éprouvées ou les plus fragiles ?

C’est une question importante… car il en va de notre humanité. 
Si nous ne nous laissons plus toucher par le malheur d’autrui… si l’injustice ne nous révolte plus… si la souffrance d’autrui ne nous indigne plus… (si le sort des plus pauvres, des SDF, des migrants, des personnes en fin de vie… des enfants ou des femmes maltraités… ne nous touchent plus)… alors, cela signifie que nous devenons « insensibles »… nous devenons des robots, des machines… nous sommes conditionnés, formatés… soit par la société individualiste, qui prône l’égocentrisme et le « chacun pour soi »… soit par la société technicienne, qui ne pense qu’à l’économie, la performance et la rentabilité… oubliant tous ceux qui sont laissés de côté, sur le bord de la route. 

Aujourd’hui, notre monde doit ré-interroger ce sentiment profond et humain qu’est la compassion… car on constate que les choses ne tournent plus rond… quand des principes, des enjeux économiques, des idéologies politiques, ou simplement des objets et des biens, deviennent plus importants que la vie elle-même ou le sort des personnes humaines. 

Est-ce que les images et la violence que nous voyons quotidiennement à la télévision ou sur les réseaux sociaux, ne contribuent pas à banaliser des situations, qui devraient nous sembler inacceptables et intolérables ? 

Pour rejoindre notre actualité… Est-ce que le projet de loi sur la fin de vie… et les évolutions initiant l’aide à mourir, le suicide assisté et l’euthanasie… répondent seulement à une préoccupation de dignité humaine ou également à des enjeux économiques destinés à faire des économies ?… alors qu’on sait que les soins palliatifs - qui prônent la relation humaine et l’accompagnement jusqu’au bout… et qui, certes, coûtent beaucoup plus chers - manquent cruellement de moyens ?

Bien des questions se posent quand un des arguments entendus, parle d’une économie future de 1,4 milliards d’euros par an, grâce à cette évolution législative. Que faut-il vraiment en penser ? 

Est-ce que dans ce débat, on ne confond pas aussi - à tort - la notion de dignité avec celle d’autonomie ? Précisément, la dignité d’une personne n’a rien à voir avec son niveau d’autonomie. 

Autre exemple… Que penser encore quand certains restent silencieux ou - pire encore - tentent de trouver une justification à la souffrance terrible des enfants de Gaza ?… comme si on pouvait soulager une quelconque douleur ou venger des morts, en affamant des innocents ou en condamnant des enfants.
Tout cela est insensé : on ne peut jamais rien bâtir sur la haine de l’autre ou son extermination. On risque simplement de perdre son humanité ! 

Pour sa part, Jésus nous appelle à raisonner avec le coeur… à nous laisser toucher par le malheur des autres… à agir avec bonté envers autrui… « Va et, toi aussi, fais de même ! » - dit-il, à l’exemple du bon samaritain. 

* Le mot « miséricorde » dont je parlais, il y a un instant… rejoint la notion de « compassion », mais il y ajoute un aspect : celui du « pardon ». 

La miséricorde est une forme de compassion bienveillante, qui pousse à pardonner ou à aider quelqu’un, malgré ses fautes ou ses erreurs.

Il y a donc une dimension supplémentaire dans la miséricorde, c’est le fait que la générosité rejoint le non-jugement et l’indulgence…  pour mener l’entraide au pardon. 

Lorsqu’on parle de la miséricorde de Dieu, on fait allusion à la foi en un Dieu de Grâce, qui ne s’arrête pas au péché ni au mal… un Dieu plein de bonté, qui voit plus loin que nos erreurs et nos échecs…. Qui est capable d’accorder son pardon avec bienveillance, au lieu de juger et de condamner.

Ici encore, Jésus nous appelle à imiter Dieu… Mais il opère une sorte de retournement, en nous appelant à prendre l’initiative… Il annonce que la miséricorde reçue, sera une conséquence de l’attitude miséricordieuse que nous aurons nous-mêmes expérimentée  : « Heureux les miséricordieux, il leur sera fait miséricorde ! »

Nous pourrions tenter de traduire cette béatitudes dans un langage plus actuel… Peut-être que cela donnerait : « Heureux ceux qui sont bons et magnanimes, ils recevront, à leur tour, bonté et magnanimité » 

La magnanimité est une vertu du coeur… poussant à agir, de façon désintéressée, en faisant preuve de clémence, d’indulgence et de générosité.  

Dans l’Ancien testament, le mot « miséricorde » est relié au terme pluriel « entrailles »… qui indique la giron de la mère, l’utérus où l’enfant est porté avant sa naissance. 
Dans l’anthropologie biblique, les entrailles désignent le lieu où les sentiments les plus profonds d’amour et de compassion prennent leur source : l’amour viscéral, intense et miséricordieux. 

[[ On peut penser à la splendide affirmation du prophète Esaïe au sujet de Dieu - je cite : « La femme oublie-t-elle son nourrisson ? N’a-t-elle pas compassion pour le fils de ses entrailles ? / oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l'enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient,
moi, je ne t'oublierai pas ! » - déclare le Seigneur (cf. Es 49, 15-16).
 

L’Éternel est ainsi présenté comme « le Dieu miséricordieux, lent à la colère, riche en amour et en fidélité » (cf. Ex 34,6). Il est comme un Père, qui aime de façon inconditionnelle, avec des entrailles d’amour maternelles. 

Pour Jésus, la miséricorde de Dieu est une attitude prévenante et un sentiment inépuisable, bien plus fort que toute autre exigence divine : 
Dieu est - avant toute chose - Celui qui aime et qui pardonne. ]]

Nous en avons une belle illustration dans la parabole du fils perdu (cf. Luc 15), qui met en avant un père miséricordieux, prodigue d’amour - je cite l’évangile de Luc : « Tandis que le fils était encore loin, son père l’aperçu et fut ému aux entrailles (saisi de compassion) ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers » (cf. Lc 15,20).

C’est exactement le même terme qui qualifie l’attitude du bon samaritain et celle du père prodigue : Dieu est celui qui incarne cette bonté miséricordieuse et compatissante, qui aime et qui pardonne. 

De cette miséricorde divine envers chacun de nous… nait la possibilité de notre propre miséricorde à l’égard des autres… 
En effet, si Dieu est « le miséricordieux »… il s’ensuit que le croyant est appelé à faire de même… il est habilité, à son tour, à adopter un style de vie marqué par la même indulgence envers les autres… et la même capacité à pardonner. 

« Pardonner » est parfois difficile ! Nous le savons… ça n’a rien d’évident ! Et pourtant, nous en avons besoin dans nos relations sociales… en famille, dans notre travail, notre église ou nos également associatifs…

Le pardon un acte / un travail de « lâcher-prise »… C’est un choix conscient… c’est accepter de libérer l’autre d’une faute ou d’une offense… le libérer d’un poids ou d’une dette… et c’est aussi - dans le même geste - se libérer soi-même : se libérer de la rancune ou de la rancoeur… se libérer d’un sentiment d’amertume, d’un ressentiment ou d’une haine… 

A travers le pardon, on atteste que l’amour est plus fort que le mal… On brise la chaine de l’inimitié et de la vengeance. 

[[ La béatitude proposée par Jésus est ainsi un chemin de bonheur et de libération… Car éprouver de la compassion, nous rend « humain » et nous fait agir avec le coeur… et éprouver de la miséricorde, en entrant dans le pardon, nous rend - pour ainsi dire - « divin »… en nous permettant d’agir à la manière de Dieu. 

C’est ce qu’affirme le père de l’église Grégoire de Nysse, pour qui l’homme miséricordieux participe à la nature divine. 

Je cite Grégoire de Nysse : « Si le nom de « miséricordieux » convient à Dieu, à quoi te convie la béatitude, sinon à devenir Dieu ? [...] En effet, si l'Écriture appelle Dieu le « miséricordieux » et si la véritable béatitude est Dieu lui-même, il est évident qu'un homme qui se fait miséricordieux devient Dieu » (cf. Grégoire de Nysse, Homélies sur les Béatitudes 5,2). ]]

Pour Jésus… la compassion et le pardon (que nous synthétisons par le mot « miséricorde ») nous permettent de goûter la voie d’un bonheur partagé avec les autres… car, précisément, pour le Christ… le bonheur est toujours conjugué au pluriel… il ne peut pas être « solitaire » ; il est forcément « solidaire ». 

D’ailleurs, la question est toujours de savoir jusqu’où étendre l’amour et le pardon… de qui accepte-t-on de se faire le prochain… jusqu’où / jusqu’à qui étendre l’ouverture, l’accueil, la fraternité, le partage… 

A l’heure de la mondialisation, nous sommes tous interconnectés… est-ce que « le lointain » ne devrait pas aussi être considéré comme « un prochain » ? 

Sans entrer dans des considérations politiques… vous remarquerez que cette question se pose encore aujourd’hui … Faut-il accueillir indistinctement tous les étrangers qui cherchent asile ou refuge en Europe… jusqu’où étendre notre accueil, notre hospitalité et notre compassion ?… De qui accepte-t-on de se faire le prochain ? 

Inlassablement, l’Evangile nous appelle à étendre notre capacité d’aimer… de façon universelle… au-delà des frontières… et hors de toute considération « utilitariste »… à condition que le respect soit mutuel… et que chacun s’adapte au mode de vie du pays qui l’accueille. 

* Enfin… j’en viens à présent au troisième point évoqué par les textes de ce jour… qui trace la voie d’un bonheur partagé, à travers la notion de reconnaissance et de gratitude… 

Face aux difficultés et aux souffrances que nous côtoyons, il est bon d’éprouver de la compassion et de savoir pardonner… mais face aux joies, aux belles et bonnes choses de la vie… il est bon de savoir les reconnaître et de dire « merci ».

Albert Schweitzer - médecin, pasteur et théologien - a très justement affirmé que « la gratitude est le secret de la vie ». 

C’est d’ailleurs « prouvé scientifiquement » - si j’ose dire !
Des centaines d’études visant à déterminer l’impact neurologique de la pratique de la gratitude, ont montré son caractère bénéfique. Elle constitue un outil très puissant pour faire face à la tyrannie du mental. 

En effet, le mental crée en moyenne 60 000 pensées par jour dont la plupart sont négatives ! Ce phénomène cognitif est connu sous le nom de « biais de négativité ».
Or, la gratitude nous permet d’ignorer, d’apprivoiser, et même de transformer ces pensées envahissantes, en nous ramenant à l’instant présent. 

Il est également établi que pratiquer la gratitude (dans la prière ou la méditation) permettrait de gagner jusqu’à sept années d’espérance de vie. C’est stupéfiant ! Non seulement « dire merci » nous rend heureux… mais, en plus, cela nous permet de vivre plus longtemps en bonne santé. 

Le frère David Steindl-Rast, un moine bénédictin érudit et très âgé, a écrit : « Ce n'est pas le bonheur qui nous remplit de gratitude, c'est la gratitude qui nous remplit de bonheur ». Et c’est vrai ! 
Exprimer de la gratitude change notre regard et notre perception de la vie au quotidien… et permet de développer notre capacité à éprouver « bonheur et joie ». 

Il est vrai que nous sommes tous conditionnés par nos cinq sens, notre histoire, notre éducation, nos habitudes, nos apprentissages… nous sommes programmés pour percevoir certains aspects de la vie plutôt que d’autres…

Selon notre état d’esprit… nos conditionnements, nos routines ou notre état de fatigue… nous percevrons différemment les choses autour de nous. 
Certains cultivent le « positif » - et voient toujours le verre à moitié plein - quand d’autres se laissent facilement atteindre par le « négatif » - et voient toujours le verre à moitié vide. 

Ce n’est pas la réalité qui diffère, mais notre perception du réel.
Chacun perçoit des portions de la même réalité, selon ses propres filtres…

Mais tout cela n’est pas intangible… Cela peut évoluer… et c’est une bonne nouvelle !
Nous avons tous un super-pouvoir qui s’appelle la neuroplasticité du cerveau : c’est la capacité que nous avons de remodeler notre structure cérébrale et nos schémas de pensée, à chaque moment de notre vie. 

C’est à ce niveau-là que la gratitude peut intervenir, comme un outil fabuleux : 
En essayant chaque jour de discerner les choses positives de notre journée….  Par exemple, en pensant à 3 choses positives… à 3 petits bonheur de la journée avant de se coucher… ou en se levant le matin, au moment de méditer…  Bref, en apprenant à pratiquer régulièrement la gratitude… en étant reconnaissant de tout ce que l’on a déjà… on peut discerner, de plus en plus, ce qui est bon dans notre vie… et littéralement transformer notre perception et notre existence.

Albert Einstein a dit : « II n'y a que deux façons de voir la vie : l'une comme si rien n'était un miracle, l'autre comme si tout était miraculeux. » 
La 2ème voie me parait beaucoup plus féconde ! 

Si vous cultivez la gratitude, vous entrez dans ce changement, en prenant conscience des miracles qui sont autour de vous… 
Ainsi, votre appréhension de la réalité évolue…. Et du coup, de nouveaux miracles apparaissent dans votre vie !

C’est peut-être ce que l’auteur de l’épitre aux Collossiens avait compris… lui qui invite ses lecteurs à « vivre dans la reconnaissance » (v.15)….à chanter à Dieu notre gratitude (v.16) et à rendre grâce continuellement (v.17). 

Opter pour un regard positif sur la vie et sur nos expériences… permet de transformer tout ce que nous vivons en quelque chose d’exceptionnel… 
Et le positif attire le positif… Cela change non seulement nos perceptions, mais ce qui nous arrive… car « entrer dans la reconnaissance » produit de la paix et de la joie. 

[[ Bien souvent, dans la précipitation de nos vies, dans notre course quotidienne… nous oublions de prendre le temps de la gratitude… Mais nous pouvons changer les choses… et prendre quelques minutes chaque matin ou chaque soir… au moment de se lever ou de se coucher… pour remercier la vie et Dieu… pour ce qui est bon… pour ce qui nous réjouit… ou pour ce que nous avons réussi à traverser et qui nous a fait grandir.

Personnellement, je suis persuadé qu’un état de reconnaissance quotidien attire du positif dans notre vie… par attraction… 
Car plus vous êtes dans un état de gratitude, plus vous attirez des choses pour lesquelles vous serez reconnaissant… 

La gratitude nous fait prendre conscience des grâces qui nous sont accordées, des chances que nous avons. Elle nous fait voir la vie comme un cadeau… et nous permet de discerner les moments merveilleux, les belles personnes ou les belles rencontres qui se manifestent dans notre existence.

Chaque jour… la vie nous offre de petites occasions d’être reconnaissants à Dieu, pour ses multiples bienfaits et pour les belles choses - la beauté de la Création - qui nous entourent… 
Savoir les observer, les contempler, et dire « merci », cultive notre capacité à vivre heureux…

La beauté se révèle dans les paysages que nous contemplons, dans les œuvres d’art qui nous émeuvent, dans les âmes des personnes que nous rencontrons. 
C’est une qualité intérieure… une lumière qui brille dans les yeux de celles et ceux qui vivent dans la bienveillance… ou qui manifestent un sourire accueillant, une main fraternelle, un silence apaisant. 
La beauté réside dans la douceur, la gentillesse, la compassion et la générosité. 
Elle nous inspire à créer, à nous connecter aux autres, à donner, à partager et à participer positivement au monde qui nous environne. ]]

* Voilà donc… chers amis… le chemin de bonheur que trace pour nous le Christ avec ces 3 mots de l’évangile, qui peuvent transformer notre vie : compassion, pardon et gratitude… 

Le Christ nous offre sa confiance pour nous permettre de vivre tout cela au quotidien… non seulement il nous donne courage et confiance, mais il nous offre aussi son Esprit saint, pour nous stimuler et nous inviter à cultiver ces belles valeurs évangéliques !  Qu’il en soit ainsi !  

Amen. 

Lectures durant le culte 

Volonté de Dieu
1 Th 5, 14-21
14Nous vous y exhortons, frères : reprenez ceux qui vivent de manière désordonnée, donnez du courage à ceux qui en ont peu ; soutenez les faibles, soyez patients envers tous. 15Prenez garde que personne ne rende le mal pour le mal, mais recherchez toujours le bien entre vous et à l'égard de tous.
16Soyez toujours dans la joie, 17priez sans cesse, 18rendez grâce en toute circonstance, car c'est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus.
19N'éteignez pas l'Esprit, 20ne méprisez pas les paroles des prophètes ; 21examinez tout avec discernement : retenez ce qui est bon […]
 

Lectures bibliques 

Colossiens 3, 12-17
12Puisque vous êtes élus (choisis), sanctifiés, aimés par Dieu, revêtez donc des sentiments de compassion, de bienveillance, d'humilité, de douceur, de patience. 13Supportez-vous les uns les autres, et si l'un a un grief contre l'autre, pardonnez-vous mutuellement ; comme le Seigneur vous a pardonné, faites de même, vous aussi. 14Et par-dessus tout, revêtez l'amour : c'est le lien parfait. 15Que règne en vos cœurs la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés tous en un seul corps. Vivez dans la reconnaissance.
16Que la Parole du Christ habite parmi vous dans toute sa richesse : instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres avec pleine sagesse ; chantez à Dieu, dans vos cœurs, votre reconnaissance, par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés par l'Esprit. 17Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu le Père.

Mt 5,7
Heureux ceux qui sont compatissants (les miséricordieux), car ils obtiendront compassion (il leur sera fait miséricorde) !

Lc 6, 36-38
36Soyez compatissants (généreux) comme votre Père est compatissant (généreux).
37Ne vous posez pas en juges et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés, acquittez et vous serez acquittés. 38Donnez et on vous donnera ; c'est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante qu'on vous versera dans le pan de votre vêtement, car c'est la mesure dont vous vous servez qui servira aussi de mesure pour vous. »

Lc 10, 25-37

25Et voici qu'un légiste se leva et lui dit, pour le mettre à l'épreuve : « Maître, que dois-je faire pour recevoir en partage la vie éternelle ? » 26Jésus lui dit : « Dans la Loi qu'est-il écrit ? Comment lis-tu ? » 27Il lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même. » 28Jésus lui dit : « Tu as bien répondu. Fais cela et tu auras la vie. »
29Mais lui, voulant montrer sa justice, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » 30Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, il tomba sur des bandits qui, l'ayant dépouillé et roué de coups, s'en allèrent, le laissant à moitié mort. 31Il se trouva qu'un prêtre descendait par ce chemin ; il vit l'homme et passa à bonne distance. 32Un lévite de même arriva en ce lieu ; il vit l'homme et passa à bonne distance. 33Mais un Samaritain qui était en voyage arriva près de l'homme : il le vit et fut pris de pitié (fut ému aux entrailles / saisi de compassion). 34Il s'approcha, banda ses plaies en y versant de l'huile et du vin, le chargea sur sa propre monture, le conduisit à une auberge et prit soin de lui. 35Le lendemain, tirant deux pièces d'argent, il les donna à l'aubergiste et lui dit : “Prends soin de lui, et si tu dépenses quelque chose de plus, c'est moi qui te le rembourserai quand je repasserai.” 36Lequel des trois, à ton avis, s'est montré le prochain de l'homme qui était tombé sur les bandits ? » 37Le légiste répondit : « C'est celui qui a fait preuve de bonté envers lui. » Jésus lui dit : « Va et, toi aussi, fais de même. »