dimanche 10 mai 2015

Mc 9, 14-29

Lecture biblique : Mc 9, 14-29  (Le texte biblique se trouve en bas de page)
Thématique : la foi et la prière agissent d’abord de l’intérieur pour nous transformer, nous libérer.
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 03/05/15 & Tonneins, le 10/05/15
(Inspirée d’une méditation de Jean Marc Babut et partiellement d’une prédication de Louis Pernot.)

* « Je crois, viens au secours de mon manque de foi ». 
Nous connaissons bien cette confession de foi qui est, en même temps, une authentique confession d’humilité et la reconnaissance d’un manque de confiance. L’exclamation est ambiguë… paradoxale… mais honnête : c’est celle d’un père de famille démuni devant la maladie de son enfant… un père de famille qui reconnaît son désir et son impuissance… qui espère une guérison sans y croire pleinement… qui y croit sans vraiment oser l’espérer… un homme qui ne sait plus à quel « saint » se vouer. Et on peut le comprendre, car apparemment les disciples de Jésus n’ont rien pu faire pour lui. Sans doute n’ont-ils pas osé.

C’est vraisemblablement ce qui fâche Jésus. Quand il apprend que ses disciples n’ont pas eu la force de chasser « l’esprit muet » qui maintient l’enfant dans un état de possession, disons dans une sorte d’asservissement, d’enfermement… Jésus laisse éclater sa profonde déception, presque sa colère : « Génération sans foi… jusqu’à quand aurai-je à vous supporter ? »
Visiblement, ce que Jésus reproche à ses disciples, c’est de n’avoir pas eu confiance dans les possibilités du monde nouveau de Dieu, du « règne de Dieu » comme il l’appelle. C’est de n’avoir pas osé chasser le « démon » (cf. Mt 17,18) de cet enfant : la force qui l’asservit, qui le rend muet et le terrasse.

Ce reproche met en avant une chose : le message de Jésus – que l’évangéliste Marc appelle « l’Evangile de Dieu » (Mc 1,14) – est un message de salut, de libération, pour maintenant… pour notre monde d’aujourd’hui. Et pas seulement pour plus tard, pour un avenir toujours repoussé ou post-mortem. C’est la raison pour laquelle Jésus enseigne, chasse les démons et guérit les malades. Il montre que le « règne de Dieu » peut déjà se manifester là où il est accueilli et reçu. Et s’il est pour maintenant, le salut que Jésus apporte concerne non seulement les esprits et les cœurs, mais aussi les corps… car les différentes dimensions de notre être sont liées : notre corps spirituel ou mental n’est pas sans lien avec notre corps émotionnel et notre corps physique. Si le souffle de Dieu et la foi (la confiance que nous lui portons) peuvent agir de l’intérieur et transformer nos esprits et nos mentalités, ils peuvent aussi avoir un impact sur tout le reste, y compris notre corps physique. C’est d’ailleurs ce qu’une équipe de chercheurs en médecine vient de montrer aux Etats Unis, en mettant en évidence que la pratique de la méditation (en particulier, la méditation dite « de pleine conscience ») a une influence positive sur les cellules et les mécanismes de notre cerveau, dans la gestion des émotions ou du stress, et donc une influence positive sur notre santé.

Ainsi donc si Jésus traite ses disciples de « génération sans confiance », c’est qu’il leur reproche de ne pas pouvoir compter sur eux quand il n’est pas là. Cela signifie que Jésus attendait de ses disciples (et qu’il attend de nous aujourd’hui) qu’ils prennent le relais non seulement de sa proclamation du règne de Dieu, du monde nouveau de Dieu, et de son appel à changer de mentalité, mais aussi de son action de guérison et de libération. Ce jour-là, Jésus doit donc suppléer ses disciples défaillants.

*Au cours du dialogue entre Jésus et le père de l’enfant, celui-ci décrit les symptômes de la maladie. On peut, bien sûr, penser à l’épilepsie. Mais, le fait que le père de famille parle d’un « esprit muet » ou « impur », d’une sorte de possession par un « démon », n’est pas inintéressant. Cela signifie qu’il y a parfois « des choses extérieures » qui peuvent nous influencer, nous balloter, nous menacer ou nous angoisser au point de nous « posséder », d’avoir un impact sur notre intégrité physique et psychique, sur notre santé.
Une fois les symptômes décrits, le père conclut en demandant à Jésus : « Si tu peux faire quelque chose, viens à notre secours ».

Là, Jésus s’étonne de sa question : comment ça « si tu peux faire quelque chose ? …  Tout est possible pour celui qui croit ! » 
Il ne dit pas « tout est possible à celui qui croit », comme si celui qui avait la foi détenait un pouvoir spécial. Mais « tout est possible pour celui qui croit », c’est-à-dire pour celui qui a reconnu – comme Jésus – les possibilités insoupçonnées du monde nouveau de Dieu. Tout est possible pour lui, pour celui qui se confie à Dieu, qui s’en remet à Lui, car tout est possible à Dieu (cf. Mt 19,26).

Jésus appelle donc ce père de famille à un rapport direct et immédiat à Dieu, à une vraie relation de confiance. Il est persuadé que Dieu peut agir en nous, dans notre intériorité, qu’il peut nous transformer si nous lui laissons de la place dans notre cœur et notre vie.

L’homme comprend très bien la réponse de Jésus. Et il a cette exclamation devenue célèbre : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ».
« En avouant son manque de foi, cet homme reconnait qu'il est étranger au monde de Jésus, au "Règne de Dieu" et à ses possibilités insoupçonnées. Il n'a sans doute jamais entendu lui-même Jésus proclamer "l'Évangile de Dieu". Il ne connaît probablement Jésus que par ouï-dire comme une sorte de guérisseur plus efficace que les autres. C'est là son handicap majeur. Et pourtant il s'exclame : "Je crois", c'est-à-dire tout simplement "J'ai confiance en toi".
Jésus peut alors lui montrer que, dans le monde nouveau de Dieu, "tout est possible". Le démon menacé ne peut résister à l'ordre que Jésus lui donne et il libère l'enfant. Le choc est rude, c'est certain. Tout le monde imagine que le gamin a laissé la vie dans l'opération. Mais Jésus le prend par la main et le remet debout. »[1] C’est une « résurrection » (c’est le mot de la résurrection en grec).

Pour nous, lecteurs ou auditeurs de l’Evangile au XXIe siècle, ce récit présentent plusieurs difficultés :

* La première, c’est que dans notre monde scientifique et rationnel d’aujourd’hui, on ne croit plus vraiment aux « démons », à ces êtres aussi invisibles que malfaisants, qui viennent prendre « possession » d'un être humain et le tiennent si fortement sous leur coupe que personne n'y peut rien changer.
Mais, le fait de ne plus admettre l’existence de ces démons personnifiés et manipulateurs, ne veut pas dire qu’il n’existe pas – sous d’autres formes – dans notre monde désacralisé, dans notre société laïque, d’autres puissances, d’autres forces secrètes capables d’asservir les humains et de les enfermer.

En réalité, combien d’êtres humains, combien de peuples entiers parfois, sont encore asservis aujourd'hui par des forces qui les dépassent et qui les manipulent pour leur plus grand malheur ?
Ces forces secrètes et quasiment irrésistibles, on les voit à l’œuvre dans les conflits armés, les guerres et les violences au Congo, en Somalie, au Nigéria, au Mali, en Centrafrique, en Syrie, en Irak, en Israël-Palestine.
La plupart de ces conflits met aux prises un État, souvent déliquescent, et une ou plusieurs rébellions, avec pour enjeu le contrôle du pouvoir, du territoire ou des ressources naturelles.
Les divisions ethniques et religieuses alimentent ces nouveaux conflits. Mais ils s’enracinent surtout dans les conséquences de la mondialisation, qui enrichit les plus riches et appauvrit les plus pauvres.

Sous des allures moins sanglantes, et plus proche de nous, on devine aussi la présence de ces forces, qui divisent les hommes, derrière tant de « réalités » économiques implacables, camouflées sous les couleurs avenantes de la liberté – de l’ultra-libéralisme qui profite aux grandes banques privées qui spéculent en bourse sur le dos des autres – et même sous les dehors de la démocratie – qui ne doit pas faire oublier que beaucoup d’entre elles ont confié une partie de leur souveraineté au secteur privé, notamment aux banques et aux multinationales. Combien d’exclus, de licenciés et de sans-emplois, d’individus et de peuples laissés pour compte ou asservis par ces forces cachées ?

Au niveau personnel, c’est la même chose. Quand l’évangile parle des « démons », il parle, d’une certaine manière, de tout le mal qui peut être en nous, dans notre vie, qui nous fait souffrir et rend notre existence impossible.
Nous avons des « démons », nous sommes happés par le travail, la famille, les devoirs, les soucis, notre santé. Toutes ces préoccupations, si elles prennent trop de place, peuvent prendre « possession » de nous au point que nous avons l'impression de perdre notre liberté.

Le problème est bien réel lorsque nous ne sommes plus « sujets » de notre vie, lorsque ce sont les événements qui décident pour nous, lorsque nous sommes ballottés, lorsque nous n'avons plus l'impression de décider de notre vie. Nous sommes alors « possédés », comme obligés d'obéir, de continuer sans pouvoir rien dire, ni penser autrement.

C’est peut-être, d’une façon ou d’une autre, ce dont souffrait cet enfant épileptique. Il était possédé – nous dit-on – d'un esprit muet. Aujourd'hui, nous dirions qu'il y avait du mal dans son existence, un mal qui l'empêchait d'avoir la parole dans sa propre vie. Il se trouvait dans l'incapacité d'être lui-même debout comme « sujet », et comme dirigeant lui-même sa vie.[2]

Comment Jésus le guérit-il, le libère-t-il de cela ?
En chassant le mal qui est dans l'enfant, il sépare le malade du mal, en disant : sors de cet enfant ! Il opère ainsi une distinction entre le mal et le malade, afin que le malade ne s'identifie pas à sa maladie.
(C’est un travers que nous avons tous. Nous avons une fâcheuse tendance à confondre notre être et nos avoirs, nos possessions, comme s’ils fondaient notre identité. Ainsi, nous disons « je suis malade », « je suis chômeur » ou « je suis riche » comme si tout cela constituait notre essence profonde. Il faudrait plutôt dire : j’ai une maladie, je n’ai pas d’emploi ou j’ai des richesses… car tout cela ne doit pas être confondu avec notre être véritable, avec notre identité d’être humain, d’enfant de Dieu.)
Ainsi, par cette distinction, Jésus permet à la personne de se considérer elle-même, indépendamment de tout ce qui vient peser sur elle, notamment du poids du passé, des représentations, des relations familiales, des rôles qu’on lui a fait jouer, de la culpabilité… Il est possible de lâcher tout cela, de l’abandonner.

Cette opération de purification – d’abandon, de lâcher-prise – est très difficile et souvent douloureuse. Elle renvoie le patient à vide ; elle lui fait perdre ses repères. Il est angoissant de se trouver soi-même, nu, sans artifice, sans béquille.

Au début, la réaction est violente. Il est vrai que, même quand nous savons que nous sommes dans l'erreur, nous aimons finalement notre « péché », nos habitudes ou cette personnalité que nous avons construite (que notre ego a construit, en nous identifiant nous-mêmes à une image de soi, à nos réussites ou à nos échecs).
Nous croyons bien souvent que c'est cela qui constitue notre identité et qui donne un sens à notre vie. Il est difficile d'envisager sa vie sans ses « possessions »… qu’elles semblent positives : travail, richesse, réussite, vie de famille, santé… ou négatives : maladie, culpabilité, échec, honte, désespoir.
Dans le récit, cet arrachement, ce détachement de sa vieille identité est tellement difficile qu’il est présenté comme une lutte intérieure. Au point que, lorsque le fils gît au sol, les gens le croient mort.
Ensuite, doucement, après l'avoir dépouillé de tous ses artifices, Jésus prend la main de l'enfant pour le relever, pour qu’il entre en contact avec son être véritable (son véritable soi), enfin libéré de ses projections et de ses enfermements.

« Si Jésus combat ainsi les démons, ce n'est pas parce qu'ils sont "démons", c'est parce qu'ils asservissent les êtres humains. Or, dans le monde nouveau de Dieu, personne n'est asservi. Il n’y a ­ que des gens libres - libres parce que libérés. C'est pourquoi Jésus n'est pas seulement messager du monde nouveau de Dieu, il est aussi et tout autant libérateur de ce qui asservit les humains ».[3]

* Quand à la seconde difficulté présentée par ce récit, elle vient peut-être de nos présupposés, de notre catéchisme ou de la manière dont nous avons pris l’habitude de considérer Jésus, comme s’il agissait à la manière d’un Christ magicien et tout-puissant.
Or, quand on observe en détail notre passage, on ne voit rien dans ce récit qui se réfère à un quelconque pouvoir surhumain dont Jésus disposerait. Il faut sans doute voir les choses de façon plus lucide.

En effet, en quoi consiste le pouvoir du « démon » ?
Il est essentiellement fondé sur le fait que ce sont les humains qui lui attribuent ce pouvoir dans certains domaines de leur vie. Ce pouvoir étant jugé irrésistible, l’être humain a tendance à s’y résigner, en pensant qu’on ne peut rien n’y faire, rien n’y changer. Mais le « démon » profite de cette résignation ou de la peur qu’il suscite, pour asseoir sa puissance psychologique.
Dans la mesure où personne n’ose le contester, il donne libre cours au pouvoir qui lui est reconnu, de fait. Dans la mesure où les humains le craignent et acceptent son pouvoir, en choisissant de s'en accommoder tant bien que mal, le démon a toute liberté de maintenir son emprise asservissante et de prolonger sans risque sa tyrannie sur ses victimes.

Ce qui est nouveau avec Jésus, c’est que, contrairement à tout le monde, il conteste le pouvoir que l’homme, dans sa faiblesse, accorde au « démon ». Jésus refuse absolument de lui reconnaître le moindre pouvoir. Il refuse d'abdiquer devant cette prétendue « puissance ». Il lui est insupportable de voir asservi un seul être humain, de le voir privé de sa dignité et de sa liberté. Car sans liberté, il n’y a ni amour ni paix possibles.

« En somme, le "démon" n’a de pouvoir sur les humains qu'aussi longtemps que ceux-ci l'admettent et le craignent. Il fonctionne au bluff. Mais Jésus est celui qui démasque le bluff. Alors le pouvoir s'écroule, incapable de résister »[4].

Le moyen dont Jésus use pour déloger la peur du « démon » et l’angoisse, c’est la foi, la confiance.
Tout en suscitant la foi, il fait comprendre à l’homme, à ce père de famille, que ce n’est pas Dieu qui va agir de l’extérieur par un coup de baguette magique et sauver son fils, sans que lui ne fasse rien. L’action de Dieu advient de l’intérieur. L’homme est appelé à l’accueillir.

A travers le dialogue entre Jésus et le père de famille… et notamment cette réponse de Jésus « tout est possible pour celui qui croit », il conduit le chef de famille à réviser son attitude attentiste et à modifier sa prière : « Je crois, Seigneur… Viens au secours de mon manque de foi. » L’homme ne prie plus seulement pour son fils, il demande également de grandir dans la foi, dans la confiance en Dieu. Il se rend compte que sans confiance, sans une nouvelle manière de voir les choses, rien ne pourra changer.

La question finale des disciples, qui s’interrogent sur leur impuissance, et la réponse de Jésus sur la prière indiquent que cet échange avec le père de famille est capital pour comprendre l’effet performatif de la prière :
La prière ne consiste pas seulement à demander à Dieu un changement de situation, il faut nous-mêmes y prendre part.
Nous ne devons pas attendre de Dieu qu'il change extérieurement notre vie, mais d’abord qu'il nous transforme de l'intérieur… avec notre concours.

Nous pouvons lui demander de nous guérir de nos esprits muets, qu'il chasse nos préoccupations passées et stériles, ces choses qui viennent habiter dans l'homme, mais qui n'ont pas de fécondité ni de sens.

Par cette parole : « tout est possible à celui qui croit », Jésus renvoie le demandeur à lui-même. Le pouvoir de guérison est à sa portée, dans les mains-mêmes de l'intéressé, dans sa foi, c'est-à-dire dans la confiance qu’il accorde à Dieu, pour qu’il agisse dans son cœur et dans sa vie.

L’erreur que nous faisons parfois lorsque nous prions, c’est de demander à Dieu d’agir sur les effets, sur les conséquences, sur « les fruits » de nos pensées ou de nos actes. Or, ce sont les causes qu’il faut traiter, c’est sur « l’arbre » qu’il faut agir. C’est là, au fond de notre intériorité, qu’il faut laisser Dieu changer les choses.
Comme dit Jésus dans l’évangile : « Tout bon arbre produit de bons fruits, mais l’arbre malade produit de mauvais fruit » (Mt 7,17). Cela signifie que c’est l’arbre qui doit d’abord se convertir, pour produire ensuite de beaux fruits. C’est sur nous-mêmes qu’il faut prier Dieu pour recevoir l’Esprit qui rendra notre vie féconde.

* Pour conclure, il faut tirer les conséquences de ce que nous avons entendu ce matin, et essayer de voir comment le message de Jésus peut prendre place dans notre monde d’aujourd’hui.

Pour cela, il faut nous pencher sur trois questions qui exigent que nous unissions nos compétences et notre perspicacité, pour tenter d’y répondre :
- La première est celle-ci : où sont aujourd'hui les humains asservis? qui sont-ils ?
- La seconde est liée à la première : quelles sont aujourd'hui les forces d'asservissement ? où se cachent-elles ?
- Et voici la troisième, certainement la plus importante pour nous : disciples de Jésus, comment allons-nous prendre le relais des interventions libératrices de Jésus ?

Il serait grave que nos communautés, qui se réclament de Jésus, enterrent ces trois questions. Car, on l'a vu dès le commencement du récit, Jésus compte sur ses disciples pour prendre le relais de son action.
Il le dit ailleurs dans l’Evangile : « Celui qui croit… fera aussi les œuvres que je fais : il en fera même de plus grandes » (Jean 14, 12 ; voir aussi Mt 21,21).
« Tout ce que vous demandez dans la prière, en ayant confiance, vous le recevrez » (Mt 21,22).

Ainsi donc… tournons-nous avec foi vers notre Père céleste… faisons de la place en nous et dans notre vie pour que son Esprit, son souffle, puisse lui-même venir nous habiter, nous transformer, nous guérir … et qu’il nous incite à porter la Bonne Nouvelle de la confiance et de la libération dans notre entourage… que nous soyons ses témoins par toute notre vie !

Amen.


Texte biblique : Mc 9, 14-29 

14En venant vers les disciples, ils virent autour d’eux une grande foule et des scribes qui discutaient avec eux. 15Dès qu’elle vit Jésus, toute la foule fut remuée et l’on accourait pour le saluer. 16Il leur demanda : « De quoi discutez-vous avec eux ? » 17Quelqu’un dans la foule lui répondit : « Maître, je t’ai amené mon fils : il a un esprit muet. 18L’esprit s’empare de lui n’importe où, il le jette à terre, et l’enfant écume, grince des dents et devient raide. J’ai dit à tes disciples de le chasser, et ils n’en ont pas eu la force. » 19Prenant la parole, Jésus leur dit : « Génération sans foi, jusqu’à quand serai-je auprès de vous ? Jusqu’à quand aurai-je à vous supporter ? Amenez-le-moi. » 20Ils le lui amenèrent. Dès qu’il vit Jésus, l’esprit se mit à agiter l’enfant de convulsions ; celui-ci, tombant par terre, se roulait en écumant. 21Jésus demanda au père : « Depuis combien de temps cela lui arrive-t-il ? » Il dit : « Depuis son enfance. 22Souvent l’esprit l’a jeté dans le feu ou dans l’eau pour le faire périr. Mais si tu peux quelque chose, viens à notre secours, par pitié pour nous. » 23Jésus lui dit : « Si tu peux !… Tout est possible à celui qui croit. » 24Aussitôt le père de l’enfant s’écria : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » 25Jésus, voyant la foule s’attrouper, menaça l’esprit impur : « Esprit sourd et muet, je te l’ordonne, sors de cet enfant et n’y rentre plus ! » 26Avec des cris et de violentes convulsions, l’esprit sortit. L’enfant devint comme mort, si bien que tous disaient : « Il est mort. » 27Mais Jésus, en lui prenant la main, le fit lever et il se mit debout. 28Quand Jésus fut rentré à la maison, ses disciples lui demandèrent en particulier : « Et nous, pourquoi n’avons-nous pu chasser cet esprit ? » 29Il leur dit : « Ce genre d’esprit, rien ne peut le faire sortir, que la prière. »



[1] J.M. Babut, Actualité de Marc, p.188.
[2] Dans l’épilepsie, le « "démon" n’est pas métaphysique, mais seulement terrestre : par angoisse, on n’ose pas vivre » (E. Drewermann, La parole et l’angoisse, p.219.) Il y a, en effet, des peurs qui peuvent nous bloquer, nous tétaniser et nous paralyser. 
[3] J.M. Babut, Actualité de Marc, p.189.
[4] J.M. Babut, Actualité de Marc, p.190.

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