Mt 10
Lecture
commentée de l’évangile selon Matthieu - Chapitre 10
(Largement
inspirée d’un commentaire de Anselm Grün)
Pascal LEFEBVRE
/ Tonneins, le 11/10/15
Mt 10,
1-8 : 1Ayant fait venir
ses douze disciples, Jésus leur donna autorité sur les esprits impurs, pour
qu’ils les chassent et qu’ils guérissent toute maladie et toute infirmité.
2Voici
les noms des douze apôtres. Le premier, Simon, que l’on appelle Pierre, et
André, son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ; 3Philippe et Barthélemy ;
Thomas et Matthieu le collecteur d’impôts ; Jacques, fils d’Alphée et
Thaddée ; 4Simon
le zélote et Judas Iscariote, celui-là même qui le livra.
5Ces
douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes :
« Ne prenez pas le chemin des païens et n’entrez pas dans une ville de
Samaritains ; 6allez
plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. 7En chemin, proclamez que le
Règne des cieux s’est approché. 8Guérissez
les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons.
Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ».
* Après le
sermon sur la montagne et des récits de guérisons, le deuxième grand discours
de Jésus est adressé à ses disciples. Bien évidemment, en tant que Chrétiens,
disciples du Christ, 2000 ans plus tard, cet envoi en mission nous concerne
également.
- Première
remarque au sujet des disciples : Il n’y a pas d’aptitudes personnelles à
avoir, pas de compétences particulières, pour devenir « disciple ».
Jésus a choisi des hommes extrêmement différents qu’il a réussi à rassembler et
à faire vivre ensemble en paix au service d’une même mission : Juifs et
Grecs (trois d’entre eux portent des nom grecs), publicains (c’est-à-dire, collecteurs
d’impôts, ralliés à Rome), zélotes (partisans anti-romains), pêcheurs pauvres
et riches (Simon et André sont de simples pêcheurs, Jacques et Jean travaillent
dans une entreprise (cf. Mt 4, 18-22)).
Cette aptitude
qu’avait Jésus de rassembler des êtres aussi différents, en vue d’une action
commune, nous en avons aussi besoin dans notre Eglise. L’Eglise n’est pas un
club qui rassemble des gens qui se ressemblent et qui pensent tous pareils,
mais elle unit des personnes diverses qui souhaitent coopérer les uns avec les
autres en vue d’un même but : marcher ensemble à la suite du Christ, se
mettre en quête de la même Source, du même Dieu d’amour.
- Deuxième
remarque : Envoyés par Jésus, les disciples sont appelés à faire
exactement la même chose que leur maître, ils doivent incarner le même amour
qu’il a lui-même incarné. Ils sont invités à proclamer le même message que
lui : « le règne des cieux… le
règne de Dieu… est proche » (v.7) et à faire, au nom du Père, les
mêmes actes que lui : guérir les malades, ressusciter les morts, purifier
les lépreux et expulser les démons (v.8). Autrement dit, la cure d’âme dont
Jésus nous charge doit avoir un caractère thérapeutique. De quoi
s’agit-il ?
« Guérir les malades » ne signifie pas forcément leur rendre la
santé physique ; notre présence auprès d’eux doit leur apporter aide et
réconfort, afin qu’ils puissent accepter leurs maladies et, à travers elles,
s’ouvrir à Dieu… trouver en eux-mêmes le courage et la force nécessaires pour
se relever de la maladie, en puisant leur énergie dans le contact avec les
autres, avec Dieu et avec leur vrai Soi, avec eux-mêmes.
Ensuite, il est
question de « Ressusciter les
morts ». Il y a plusieurs manières de comprendre cette mission.
Beaucoup de gens, aujourd’hui, sont, d’une certaine manière, déjà « morts », quels
que soient les dehors qu’ils présentent : que certains s’enlisent dans la
solitude, la lassitude ou la déprime, ou que d’autres fonctionnent et se
jettent dans une activité fiévreuse. La « vie » ou la
« mort », au sens figuré, ne dépend pas de l’activité extérieure
d’une personne, mais de ce qu’elle vit intérieurement.
Les disciples du
Christ reçoivent pour mission de les ressusciter, c’est-à-dire de faire que la
vie afflue de nouveau en eux, qu’ils reprennent conscience d’eux-mêmes, de leur
âme… que leur vie reprennent une direction, un sens… qu’elle soit orientée par
un projet de vie… portée par la petite flamme divine qu’il y a à l’intérieur de
chacun de nous.
Il est aussi
question de « purifier les
lépreux ». Cela revient à dire à tous ceux que nous croisons : Tu
es le bienvenu, sans conditions, tel que tu es ; tu existes et c’est
bien ! Tu es aimé et accueilli. Ne te considère jamais comme un moins que
rien ou une personne indigne !
Enfin « expulser les démons » c’est
libérer les êtres des schémas existentiels pathogènes, de leur négativité, de
leur défaitisme ou de leurs peurs… mais aussi des images nocives de Dieu… des
projections d’autrui… de tout ce qui vient troubler ou polluer notre vrai Soi,
pour accéder à ce qui en chacun est beau et intact… à ce qui a été créé à
l’image de Dieu.
Il s’agit
d’aider chacun à se libérer de ses préjugés, de ses conditionnements ou de ses
mauvais penchants, pour accéder à soi-même, à l’image magnifique que Dieu s’est
faite de chacun d’entre nous et qui demeure inscrite en nous.
Mt 10,
9-15 : 9« Ne
vous procurez ni or, ni argent, ni monnaie à mettre dans vos ceintures, 10ni sac pour la route, ni deux
tuniques, ni sandales ni bâton, car l’ouvrier a droit à sa nourriture. 11Dans quelque ville ou village
que vous entriez, informez-vous pour savoir qui est digne de vous recevoir et
demeurez là jusqu’à votre départ. 12En
entrant dans la maison, saluez-la ; 13si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur
elle ; mais si elle n’en est pas digne, que votre paix revienne à vous. 14Si l’on ne vous accueille pas
et si l’on n’écoute pas vos paroles, en quittant cette maison ou cette ville,
secouez la poussière de vos pieds. 15En
vérité, je vous le déclare : au jour du jugement, le pays de Sodome et de
Gomorrhe sera traité avec moins de rigueur que cette ville. »
* L’injonction
de Jésus qui enjoint ses disciples à agir les mains vides, en ne se procurant
ni argent, ni réserve de tuniques ou de sandales, nous appelle à faire
pleinement confiance à Dieu.
Elle nous
rappelle également que la Parole de Dieu n’est pas une possession dont nous
serions « détenteurs » et que nous pourrions transmettre. Nous sommes
seulement des pèlerins en route, en quête de Dieu. Et c’est seulement ainsi que
nous pouvons communiquer aux autres ce que nous avons reçu de Lui.
Ce qui compte,
ce n’est pas notre bagage d’aptitudes, ni l’apparence que nous présentons par
notre savoir, nos biens ou nos capacités, mais c’est la transparence que nous
offrons à l’Esprit de Dieu.
Être disciple,
c’est d’abord et avant tout vivre en disciple… vivre l’âme et le cœur ouvert à
Dieu et aux autres.
Dans cette
mission, Jésus ne nous met aucune pression. Il est possible que le message de
l’Evangile soit reçu – ou pas.
S’il nous
revient – en tant que disciples – de porter la paix et la réconciliation parmi
les hommes… de montrer un chemin de paix à ceux qui sont divisés ou déchirés,
en conflit avec eux-mêmes ou avec leur entourage, nous ne devons rien imposer.
A la suite de
Jésus, nous sommes appelés, nous-mêmes, à nous ouvrir à l’Esprit du Père et à
semer son amour autour de nous, mais sans garantie de résultats.
Si certains
refusent la paix que Dieu leur offre, ne nous cassons pas la tête, laissons-les
avec leur liberté et la responsabilité de leurs choix personnels. Restons
simplement à notre place de disciples, de porteurs de Bonne Nouvelle.
« Si la maison en est digne, donnez-lui
votre paix. Mais si elle n’en est pas digne, que votre paix revienne à
vous » (v.13)
Mt 10, 16 à 25 : 16« Voici que moi, je vous envoie comme des brebis au
milieu des loups ; soyez donc rusés comme les serpents et candides comme
les colombes.
17Prenez
garde aux hommes : ils vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront
dans leurs synagogues. 18Vous
serez traduits devant des gouverneurs et des rois, à cause de moi : ils
auront là un témoignage, eux et les païens. 19Lorsqu’ils vous livreront, ne vous inquiétez pas de savoir
comment parler ou que dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné à
cette heure-là, 20car
ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en
vous. 21Le frère
livrera son frère à la mort, et le père son enfant ; les enfants se
dresseront contre leurs parents et les feront condamner à mort. 22Vous serez haïs de tous à
cause de mon nom. Mais celui qui tiendra jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. 23Quand on vous pourchassera
dans telle ville, fuyez dans telle autre ; en vérité, je vous le déclare,
vous n’achèverez pas le tour des villes d’Israël avant que ne vienne le Fils de
l’homme. 24Le
disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son
seigneur. 25Au
disciple il suffit d’être comme son maître, et au serviteur d’être comme son
seigneur. Puisqu’ils ont traité de Béelzéboul le maître de maison, à combien
plus forte raison le diront-ils de ceux de sa maison ! »
* Pour décrire
la mission des Chrétiens dans le monde, Jésus se sert d’une énigme :
malgré la présence des loups, la violence des êtres agressifs, il nous invite à
être aussi avisés et prudents que les serpents, et, en même temps, sans malice,
aussi candides que les colombes. Cela peut paraître contradictoire !
Si on assimile
la candeur de la colombe à la pureté du cœur, au fait de vivre sans se laisser
troubler par les agressions, on comprend bien ce que Jésus veut dire. Mais
l’image du serpent semble opposée… car le serpent est plutôt un animal négatif
dans l’Ancien Testament, le symbole du péché.
Or, Jésus
emploie ici ce symbole dans un sens positif.
Pour d’autres
peuples, dans d’autres civilisations, le serpent symbolise le renouveau (c’est
un animal qui effectue une mue, qui renouvelle sa peau) et l’énergie vitale
(dans l’hindouisme, par exemple, l’énergie de la sexualité qui doit monter du
sacrum jusqu’au sommet du crâne, est représentée par un serpent enroulé, qui
s’étend le long de la colonne vertébrale. La Kundalini est la déesse-serpent
enroulée, qui symbolise la « puissance du désir pur »).
Employé dans un sens positif, cela veut dire que Jésus appelle les
Chrétiens à être sages et avisés comme les serpents, c’est-à-dire à garder le
contact avec la sagesse naturelle, avec leur vitalité et leur énergie.
Ils ne doivent pas seulement se laisser guider par des idéaux élevés ou
se laisser manipuler par les autres, mais vivre selon cette sagesse de
l’intuition, avec la ruse naturelle du serpent.
Celui qui vit en accord avec lui-même n’est pas contraint de se
défendre contre toutes les agressions ; il s’y soustrait simplement comme
le serpent.
Il peut aussi nous arriver de nous sentir attaqués quand il est
question de notre intimité, de nos convictions, mais aussi lorsqu’il est
question de ce que nous n’acceptons pas en nous-mêmes.
Pour celui qui peut tout regarder en lui-même avec les yeux de la
colombe, tout est pur. Etant au clair avec lui-même, il peut vivre parmi les loups
sans être dévoré ; leur agressivité est sans pouvoir contre lui.
Mt 10, 26-33 :
26« Ne
les craignez donc pas ! Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est
secret qui ne sera connu. 27Ce
que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous
entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les terrasses. 28Ne craignez pas ceux qui tuent
le corps, mais ne peuvent tuer l’âme ; craignez bien plutôt celui qui peut
faire périr âme et corps dans la géhenne. 29Est-ce que l’on ne vend pas deux moineaux pour un
sou ? Pourtant, pas un d’entre eux ne tombe à terre sans votre Père. 30Quant à vous, même vos cheveux
sont tous comptés. 31Soyez
donc sans crainte : vous valez mieux, vous, que tous les moineaux. 32Quiconque se déclarera pour
moi devant les hommes, je me déclarerai moi aussi pour lui devant mon Père qui
est aux cieux ; 33mais
quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon
Père qui est aux cieux. »
* Les chrétiens
ne doivent pas craindre les hommes, car Dieu connaît leur cœur. « Rien de ce qui est couvert ne restera
secret et rien de ce qui est caché ne demeurera inconnu » (v.26). Telle est
la raison de ne pas craindre : la connaissance par Dieu de ce qui en chacun de
nous est caché.
En effet, si je
n’ai pas peur des pensées et des affects cachés de mon cœur, les autres ne
peuvent pas m’effrayer quand ils cherchent à espionner mes secrets.
Si je présente à
Dieu ces secrets, en confiance, sachant que sa lumière les dévoilera et en
illuminera l’obscurité, je suis en mesure de vivre sans peur.
Dieu, qui me
connaît avec tous les abîmes de mon âme, est le vrai remède contre la crainte.
Matthieu indique
encore un autre moyen de se délivrer de la profonde angoisse que nous portons
au fond de nous-mêmes : « N'ayez pas peur
des assassins du corps : ils ne peuvent assassiner la vie » c’est-à-dire
« l’âme » (v.28).
On peut toujours
nous blesser extérieurement, dans notre corps ou nos émotions, mais on ne peut
rien contre notre âme.
L’âme désigne
ici le cœur de mon cœur, ce qui en moi est soustrait au pouvoir des hommes
parce que la lumière de Dieu y réside.
La foi en ce
Dieu qui protège mon âme me délivre de la crainte des blessures, des
humiliations, du déshonneur et de la mort qui peut m’être infligée, mais qui n’a
pas le pouvoir de détruire ce noyau de ma personnalité, qui est dans la main de
Dieu.
Pause : cantique
Mt 10, 34-36 : 34« N’allez pas croire que
je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter
la paix, mais bien le glaive. 35Oui,
je suis venu séparer l’homme de son
père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : 36on aura pour ennemis les gens de sa maison. »
* Qui s’engage
sur le chemin de Jésus, et se sait envoyé par lui dans ce monde, apprend qu’il
n'apporte pas la paix en tout lieu. L’Evangile vient bousculer les hommes pour
les faire sortir de leur égo et de leurs conformismes. Inévitablement, ça
dérange !
Le glaive ou
l’épée n’est pas ici le symbole de la violence, mais celui de la division.
La Parole de Dieu
est à double tranchant : elle sépare en nous les pensées qui relèvent de l’égo,
de la chair, et de l’Esprit, du vrai Soi. Elle vient séparer ce qui nous
enfonce, nous enferme ou nous réduit, de ce qui nous sauve, nous guérit et nous
fait grandir.
La Parole de
Dieu nous pousse à l’engagement ; elle nous invite à la décision.
Elle veut, par
notre intermédiaire, pénétrer dans le cœur des hommes et y provoquer la
distinction entre les pensées salutaires et les pensées nocives.
La proclamation
de la Parole doit appeler ceux qui l’écoutent à se décider pour Dieu, pour son
Esprit et sa lumière, et à prendre de la distance vis-à-vis de tout ce qui nous
enlise dans l’égocentrisme et le repli sur soi.
Mt 10, 37 – 42 : 37« Qui aime son père ou sa
mère plus que moi n’est pas digne de moi ; qui aime son fils ou sa fille
plus que moi n’est pas digne de moi. 38Quiconque ne prend pas sa croix et vient à ma suite n’est
pas digne de moi. 39Qui
aura assuré sa vie la perdra et qui perdra sa vie à cause de moi l’assurera.
40Qui
vous accueille m’accueille moi-même, et qui m’accueille, accueille celui qui
m’a envoyé. 41Qui
accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de
prophète, et qui accueille un juste en sa qualité de juste recevra une récompense
de juste. 42Quiconque
donnera à boire, ne serait-ce qu’un verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits
en sa qualité de disciple, en vérité, je vous le déclare, il ne perdra pas sa
récompense. »
* Dans son
discours sur la mission, Matthieu introduit aussi une parole sur l’acceptation
de la croix.
On a bien du mal
avec cette pensée, tant elle a souvent été mal interprétée… tant elle a pu être
utilisée pour justifier tout et n’importe quoi… y compris l’inacceptable, la souffrance
ou une vie de sacrifices.
Prendre sa
croix, s’orienter dans le don de soi… quelles qu’en soient les conséquences…
signifiait peut-être, au temps des premiers disciples, aller jusqu’au bout de
la mission en se préparant même au martyre.
Mais,
aujourd’hui, en occident – sauf exception avec les attentas dus à quelques
fondamentalistes – on ne risque heureusement plus sa vie en raison de sa foi. (Ce
qui n’est pas le cas partout !) Alors qu’est-ce que cette parole peut bien
signifier pour nous ?
A mon sens, elle
veut dire que si je m’engage sur le chemin de Jésus, j’y rencontrerai peut-être
ma croix, c’est-à-dire ce que je n’ai pas choisi, ce qui se met parfois en
travers de mes projets. Car suivre Jésus, ce n’est pas suivre ses propres lois,
ses propres directives, mais s’enraciner dans le chemin de l’amour, qui nous
conduit au-delà de ce que nous pensions ou nous voulions… si nous n’avions
écouté que notre égo.
Laisser Dieu
régner en soi, c’est accepter de suivre un autre chemin que celui de notre
seule volonté ou de notre intérêt personnel, c’est se laisser guider autrement
dans ses choix de vie.
Accepter la
croix, c’est accepter tout ce qui fait barrage comme un moyen de progresser
dans la découverte de soi et de Dieu. Or, souvent, ce qui fait obstacle est à
l’intérieur de nous. Chacun de nous à affaire à son égo, à sa susceptibilité, à
ses bons et ses mauvais désirs, à son rapport avec les autres ou avec le
matériel, son lien avec l’argent ou avec le sexe, etc.
Si j’accepte mes
fragilités et me réconcilie avec elles, en les confiant à Dieu, en lui demandant
son aide pour les accueillir et les transformer en quelque chose de paisible,
ces fragilités en réalité me conduisent à Dieu et à une plus grande conscience
de la réalité.
En ce sens,
toutes les croix que j’ai à accepter viennent briser l’image idéale que j’avais
fabriquée de moi-même et m’ouvrent à la relation à Dieu, à son Esprit qui agit
dans nos cœurs.
Accepter sa
croix veut dire ne pas choisir seul son chemin, mais faire confiance à Dieu.
Prendre sa croix
veut dire accepter les obstacles (qu’ils soient en moi ou à l’extérieur de moi)
que Dieu me donne la force de porter, comme des moyens de me remettre en
question et de progresser… comme des moyens qui me donnent accès à l’amour
inconditionnel de Dieu, qui – à coup sûr – me relèvera et m’appellera à une vie
renouvelée au moment où je suis à terre.
* Ainsi donc, à
travers ce chapitre, Matthieu récapitule la mission des disciples : ils
sont appelés à reprendre et à répandre le message de Jésus, à vivre du même
Esprit que lui, en empruntant son mode de vie.
L’Eglise qui
rassemble les Chrétiens ne doit donc pas se comprendre comme une institution
qui détiendrait la vérité, une vérité doctrinale, mais comme une communauté qui
rassemble des frères et des sœurs, simples témoins de l’Evangile, tous
disciples d’un même Christ, qui nous appelle à vivre de l’Esprit du Père… C’est
peut-être cela, avant tout, être « disciple » : se mettre à
l’écoute du Père, l’accueillir en soi, et ainsi vivre dans la
confiance : « En ces temps là –
dit Jésus – ne vous inquiétez pas de savoir comment parler ou que dire… car ce
n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en
vous ».
Alors, frères et
sœurs, ouvrons-nous pleinement à l’Esprit du Père qui agit en nous.
Amen.
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