dimanche 10 juillet 2022

Le pouvoir thérapeutique de la foi

 Lectures bibliques : Lc 7,1-10 ; Lc 17, 11-19 

Thématique : va, ta foi t’a sauvé - le pouvoir thérapeutique de la foi

Prédication de Pascal LEFEBVRE / Bordeaux (temple du Hâ), le 10/07/22

 

Les deux récits de guérison qui nous intéressent ce matin ont plusieurs points communs : les guérisons ont lieu à distance, sans parole ni geste du guérisseur. Et dans les deux cas, c’est la foi – la confiance – qui est mise en avant.

 

Ces passages de l’Evangile nous concernent, parce que, nous aussi, 2000 plus tard, nous sommes à distance de Jésus : 

Ce pourrait-il que nous puissions obtenir une guérison sans parole ni geste de Jésus… simplement à partir de notre foi ?

La question se pose. 

 

Si nous regardons en détail les 2 récits, nous pouvons – malgré tout – trouver une nuance, une différence entre les 2 histoires :

 

-      Dans le premier cas, Jésus est, pour ainsi dire, spectateur de la confiance du centurion. Il constate sa grande foi. Puisque le centurion croit « dur comme fer » que Jésus a le pouvoir d’accomplir l’impossible. Il ne doute pas un seul instant que le maitre peut guérir son serviteur malade, même à distance. 

 

-      Dans le deuxième cas, avec les dix lépreux, Jésus – en quelque sorte – va tester leur foi : puisqu’il les envoie vers un prêtre pour faire vérifier leur guérison, alors même qu’en partant en chemin, en quittant Jésus, ils sont encore touchés par la lèpre. Ils sont donc appelés à prendre la route et à croire que quelque chose va se produire… que la guérison est déjà en train de se réaliser en chemin … Et tandis qu’ils marchent vers les prêtres la purification va s’accomplir, pour autant qu’ils aient cru… qu’ils aient placé toute leur confiance dans la parole de Jésus. 

 

Imaginez-vous à quel point la foi de ces hommes est mise à l’épreuve :

 

Imaginez que vous êtes porteur d’une maladie… que vous êtes pauvres (car la lèpre touchait les plus pauvres) et que vous êtes contaminés par un bacille, un agent infectieux. Cette maladie ronge votre peau et vos membres… et vous exclut de la société et de la vie cultuelle. Vous êtes considérés comme un paria, vous êtes comme « mort » pour la communauté. Vous faites peur aux autres et vous êtes contraints de vivre à distance. 

 

Imaginez maintenant que Jésus vous dise : va te montrer aux prêtres, sous-entendu va faire constater ta guérison et tu pourras être réintégré dans la société … vous pourriez dire : attends une minute, tu m’envoies vers les prêtres, alors que j’ai encore la lèpre ?

 

Vous pourriez être tenté de penser que Jésus va un peu vite en besogne… ou, limite, qu’il se moque de vous ?

Mais, non !... les dix hommes lépreux y croient : ils écoutent Jésus et ils y vont … et là, parce qu’ils y croient, l’impossible se produit en chemin : pendant qu’ils marchent, ils sont purifiés. 

 

Et, dans le récit qu’en fait Luc, Jésus va mettre en avant la foi de celui qui est revenu pour dire merci, pour rendre grâce à Jésus et rendre gloire à Dieu. 

 

Ces récits visent donc, en premier lieu, à mettre en exergue la foi de ces hommes : le centurion et les dix lépreux, en particulier le Samaritain qui revient vers Jésus. 

 

Mais déjà ces récits nous interrogent : 

Avons-nous cette foi dont parle l’évangile ? 

Est-ce que nous croyons, nous aussi, que Jésus peut nous apporter une forme de guérison ? 

 

Avons-nous cette confiance qui nous pousse en chemin ? cette confiance, malgré les incertitudes et les apparences. 

Ce niveau de confiance qui fait qu’on peut croire que l’impossible peut advenir dans la foi ?

Cette confiance qui fait que les montagnes de problèmes peuvent être déplacées et être jetées dans la mer ?

 

Je crois que nous ne sommes pas seulement appelés à admirer la foi de ces hommes… mais à oser l’expérimenter. 

 

Car c’est peut-être cela qui manque dans notre monde aujourd’hui… alors qu’on parle de l’indice de confiance des ménages qui est au plus bas. 

Ose-t-on croire que les choses peuvent fondamentalement changer ?... être différentes… croire que le meilleur peut advenir, si vraiment nous y mettons tout notre engagement, tout notre cœur et toute notre confiance. 

 

C’est le cas du centurion :

Officier des troupes romaines d’occupation, il est un non-Juif. 

Mais il est sans doute un « craignant Dieu », c’est-à-dire un sympathisant de la religion juive. 

 

Dans le pays qu’il occupe, il sait qu’un Juif évite les contacts avec un païen, sous peine de devenir « impur ». C’est pourquoi il sollicite une guérison à distance. 

Il demande à Jésus d’intervenir en faveur de son serviteur malade, qui lui est très précieux. 

Mais cela se fait par personnes interposées, par le biais d’amis. 

Il a cette parole de confiance extraordinaire : « Dis seulement un mot – une parole - et mon serviteur sera guéri. »

 

Luc ne raconte pas la fin de l’histoire. Mais Matthieu donne la réponse de Jésus : « qu’il te soit fait selon ta foi »… « qu’il te soit fait comme tu as cru » et le serviteur se trouve guéri. 

 

Jésus laisse quasiment entendre que c’est la foi du centurion qui a initié et permis la guérison de son serviteur. 

Et si cette parole était un enseignement pour nous ?

 

Si effectivement, dans la vie, les choses se passent selon notre foi, cela signifie que nous aurions tout intérêt à voir les choses positivement pour qu’elles adviennent ainsi… que nous devrions penser de façon positive à chaque instant, et y croire profondément, afin d’attirer des conséquences et des résultats positifs autour de nous. 

 

La foi du centurion est mise en exemple par Jésus. Elle nous invite, à notre tour, à oser penser différemment, pour changer les choses. 

Elle nous appelle à commencer à faire confiance à Dieu et à nous attendre au meilleur, puis à faire preuve d’un peu de patience et à regarder Dieu progressivement agir dans notre vie, selon notre foi. 

 

En écoutant ces récits, nous devrions peut-être demander au Saint Esprit de nous aider à nous débarrasser de tout ce qui est négatif… et au contraire, de croire et de nous attendre au meilleur…. D’accepter de nous laisser surprendre par Dieu, qui peut réaliser « l’impossible », pour autant que nous l’ayons cru « possible ».  

 

Nous devrions donc demander au Seigneur de nous aider à avoir ce niveau de confiance : la foi comme une petite graine de moutarde … qui peut devenir, en nous, la plus grande des plantes potagères, pour répandre le bien autour de nous. 

 

Oui… que le Seigneur nous aide à avoir cette totale confiance que le bien est en train d’arriver, si nous lui laissons l’espace et l’ouverture nécessaires… cette foi qui nous donne l’assurance que de belles et grandes choses peuvent survenir dans notre vie, si déjà nous commençons par les visualiser et par y croire. 

 

Dans le récit de la guérison des 10 lépreux … Jésus ne met pas seulement en avant la foi du Samaritain qui est revenu se jeter aux à ses pieds pour lui dire merci… il met en avant la reconnaissance de cet homme qui prend réellement conscience du miracle qui vient de se produire. 

Pour lui, cette guérison est extraordinaire. Il a pu être réintégré dans la société… et l’activité de Jésus est l’occasion de rendre gloire à Dieu. 

 

Si Luc met l’accent sur le comportement de cet homme, c’est parce qu’il est Samaritain. C’est cette situation particulière qui produit l’étonnement de Jésus : 

C’est lui, un Samaritain, qui a ce geste de reconnaissance, alors qu’il est l’ennemi religieux du Juif pieux… alors qu’il est prétendument schismatique (parce qu’il croit au Pentateuque seulement, qu’il adore Dieu sur le mont Garizim et non à Jérusalem, et qu’il respecte certainement un autre calendrier que celui des Juifs), c’est celui qui est le moins bien placé religieusement – qui est regardé avec méfiance, qui est le plus critiqué – qui revient vers Jésus et exprime sa gratitude. 

 

Vous remarquerez, par ailleurs, que dans la conclusion, Jésus renverse les choses : 

il ne prétend pas avoir réalisé la moindre guérison pour cet homme. Il ne dit pas : je t’ai guéri ou Dieu t’a guéri… Mais « ta foi t’a sauvé » :  

Il affirme que tout vient, dès le départ, de la confiance qui était celle de cet homme. Il a reçu selon sa foi. 

 

Certes, il a eu foi en Dieu et foi en Jésus, le thérapeute… mais si Jésus affirme que c’est « sa foi » qu’il l’a sauvé, cela nous indique que c’est bien la confiance de cet homme qui a ouvert quelque chose en lui, qui a pu libérer toutes les potentialités de guérison qu’il avait en lui et qui lui a permis de se connecter au Ciel. 

 

En faisant pleinement confiance à l’Esprit saint, à l’Esprit de guérison de Dieu, il l’a accueilli et a permis au souffle de Dieu de libérer en lui toutes les potentialités de guérison qui étaient enfouies en lui.  

 

Selon moi, Jésus nous transmet ici une vision : le pouvoir thérapeutique de la foi.

il nous montre que la confiance peut produire des transformations inimaginables… et nous permet d’accueillir la lumière, le souffle de guérison de Dieu dans notre intériorité. 

 

Nous devrions donc suivre cet exemple et augmenter en nous la foi – cette capacité à faire confiance à Dieu… à nous ouvrir à Lui – en prenant le temps de méditer chaque jour, en apprenant à ouvrir notre cœur à l’amour de Dieu. 

 

La reconnaissance du Samaritain nous montre aussi le pouvoir de la gratitude : 

c’est important de savoir dire merci au Seigneur pour toutes les choses positives qui adviennent dans notre vie. 

C’est salvateur, pour sortir du pessimisme ambiant. 

 

Cela nous fait passer de la guérison au salut, c’est-à-dire du constat du bien-être à la reconnaissance de Celui qui est pour nous la cause et l’origine de ce bien-être : notre Père céleste, l’Éternel, qui nous offre son Esprit de transformation et de guérison. 

 

Alors… chers amis, pour conclure : que peut-on retenir de ces récits de guérison ? 

 

Il faut avouer que ces textes de l’évangile viennent bousculer notre rationalité. 

On ne sait pas dire comment tout cela s’est passé. 

Aucune explication rationnelle n’est fournie. 

Jésus n’a même pas imposé les mains sur ces hommes. Aucun geste thérapeutique n’est relaté. 

La seule explication proposée par le Christ, c’est la foi. 

 

Jésus était connu comme thaumaturge / guérisseur et c’est pour cela que ces hommes viennent le voir. Ils ont besoin d’une guérison. 

 

Ce que Jésus soigne chez ces gens, c’est d’abord leur âme : il restaure en eux la possibilité de la confiance, alors qu’ils pensaient être perdu.

 

Il instille en eux une espérance et une nouvelle croyance : il n’y a pas de déterminisme / pas de fatalité. 

Il t’adviendra en réalité selon ta croyance. 

 

Ouvre-toi donc à une nouvelle mentalité : expérimente à fond la possibilité de la foi. 

Une nouvelle réalité est là, accessible, à ta portée : commence par y croire de tout ton cœur. 

 

Jésus nous invite donc à changer notre système de croyance et à nous libérer de nos présupposés. 

En ce sens aussi, la foi nous sauve : elle nous libère de nos fausses certitudes. 

Jésus nous sauve de notre vision étriquée de la vie, de nos limitations, de nos enfermements, il nous invite à remettre en cause nos croyances ou nos pensées négatives du genre : on ne pourra pas changer ceci ; c’est foutu ; c’est comme ça ; on ne peut rien y faire. 

 

La foi qu’il nous propose nous aide, au contraire, à avancer, à oser, à risquer, à croire que l’impossible est en fait à portée de mains. 

 

C’est donc une foi agissante et encourageante qu’il suscite en nous :

la foi est souvent associée dans les évangiles à un mouvement, une dynamique, un chemin d’engagement avec Dieu : « va… ta foi t’a sauvé ! »

 

C’est une foi qui déplace les montagnes de présupposés, de négativités, de problèmes et qui nous ouvre à l’audace : tenter de nouvelles expérience, basées sur la certitude que tout est possible :

 

C’est ce qu’on peut entendre dans l’évangile de Marc (Mc 11, 23-24) :

 « Ayez foi en Dieu (dit Jésus). En vérité, je vous le déclare, si quelqu’un dit à cette montagne : “Ote-toi de là et jette-toi dans la mer”, et s’il ne doute pas en son cœur, mais croit que ce qu’il dit arrivera, cela lui sera accordé. C’est pourquoi je vous déclare : : Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et cela vous sera accordé ». 

 

Il y a là un retournement :

Non pas d’abord voir pour croire.

Mais d’abord croire pour voir. 

 

Ce n’est pas la réalité telle qu’on la voit qui doit forger notre système de croyance.

C’est notre système de croyance qui peut ouvrir la réalité à la nouveauté. 

 

Croire avec ses émotions, avec tout son cœur… accorder nos émotions sur ce que nous espérons, sur ce que nous croyons avoir déjà reçu… fait que la réalité va se caler sur notre foi et notre confiance. 

 

Jésus nous appelle donc à renverser notre logique et nos habitudes de penser. 

Pour lui, la foi ouvre des potentialités nouvelles et des capacités de réalisation ; elle ouvre la porte à l’action de Dieu. 

 

Il y a donc quelque chose d’un peu fou dans ce que nous propose le Christ :

D’abord croire, pour ensuite voir. 

Et même remercier Dieu en priant, comme si nous avions déjà reçu, ce en quoi nous croyons pleinement… et attendre patiemment et sans douter la manifestation de cette croyance.

Prier… croire de tout son cœur avoir reçu … et s’attendre à l’accomplissement à venir. 

 

On pourrait dire que c’est une manière de prendre Dieu ou l’univers au piège de sa propre bonté. 

 

Imaginez un instant que votre enfant vous remercie tous les jours à l’avance pour le vélo qu’il va recevoir à son anniversaire… il vous embrasse, chaque jour, comme s’il l’avait déjà reçu : 

est-ce que vous pourrez lui offrir autre chose qu’un vélo lorsque viendra le jour de son anniversaire ? 

Vous êtes, d’une certaine manière, piégé par la foi de votre enfant qui est certain qu’il va obtenir ce pourquoi il vous remercie déjà. 

Il y croit parce qu’il sait que vous l’aimez et que vous allez faire au mieux pour lui. 

 

C’est la même chose que le Christ nous propose de faire avec notre Père céleste. 

 

Pour Jésus, les choses marchent, en réalité, à l’envers de ce que nous avons l’habitude de penser : il faut commencer par y croire. 

 

Avoir Foi en Dieu c’est croire qu’avec Lui il n’y a pas les mots : impossible, incurable, irrécupérable, jamais ... une dynamique de changement est toujours possible. 

 

En quelque sorte, la foi modifie l’espace-temps : 

la foi met déjà les difficultés ou les montagnes de problèmes dans le passé. Elle nous projette sur un présent différent, qui ouvre l’avenir à la nouveauté. 

 

Les dix lépreux ont expérimenté cette foi : ils ont cru à la parole de Jésus, et pendant qu’ils étaient en chemin, afin d’aller voir les prêtres, ils furent guéris. 

 

« Tout ce que vous demanderez dans la prière avec foi, vous le recevrez. » (Mt 21,22) annonce Jésus.

 

Nous n’avons plus qu’à le croire, avec notre cœur d’enfant, pour expérimenter l’extraordinaire de Dieu dans notre vie. 

 

Amen. 

 

 

Textes Bibliques 

 

Lc 7, 1-10

 

1Quand Jésus eut achevé tout son discours devant le peuple, il entra dans Capharnaüm. 

2Un centurion avait un esclave malade, sur le point de mourir, qu’il appréciait beaucoup. 

3Ayant entendu parler de Jésus, il envoya vers lui quelques notables des Juifs pour le prier de venir sauver son esclave. 

4Arrivés auprès de Jésus, ceux-ci le suppliaient instamment et disaient : « Il mérite que tu lui accordes cela, 

5car il aime notre nation et c’est lui qui nous a bâti la synagogue. » 

6Jésus faisait route avec eux et déjà il n’était plus très loin de la maison quand le centurion envoya des amis pour lui dire : « Seigneur, ne te donne pas cette peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. 

7C’est pour cela aussi que je ne me suis pas jugé moi-même autorisé à venir jusqu’à toi ; mais dis un mot, et que mon serviteur soit guéri. 

8Ainsi moi, je suis placé sous une autorité, avec des soldats sous mes ordres, et je dis à l’un : “Va” et il va, à un autre : “Viens” et il vient, et à mon esclave : “Fais ceci” et il le fait. » 

9En entendant ces mots, Jésus fut plein d’admiration pour lui ; il se tourna vers la foule qui le suivait et dit : « Je vous le déclare, même en Israël je n’ai pas trouvé une telle foi. » 

10Et de retour à la maison, les envoyés trouvèrent l’esclave en bonne santé.

 

Lc 17, 11-19

 

11Or, comme Jésus faisait route vers Jérusalem, il passa à travers la Samarie et la Galilée. 

12A son entrée dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance

13et élevèrent la voix pour lui dire : « Jésus, maître, aie pitié de nous. » 

14Les voyant, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » Or, pendant qu’ils y allaient, ils furent purifiés. 

15L’un d’entre eux, voyant qu’il était guéri, revint en rendant gloire à Dieu à pleine voix. 

16Il se jeta le visage contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce ; or c’était un Samaritain. 

17Alors Jésus dit : « Est-ce que tous les dix n’ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? 

18Il ne s’est trouvé parmi eux personne pour revenir rendre gloire à Dieu : il n’y a que cet étranger ! » 

19Et il lui dit : « Relève-toi, va. Ta foi t’a sauvé. »

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