dimanche 14 septembre 2025

Lc 17, 11-19

Lectures bibliques : Luc 18, 15-17 ; Luc 17, 11-19 ; Marc 11, 22-24 = voir en bas de cette page

Thématique : une foi transformatrice 

Prédication de Pascal Lefebvre - Bordeaux, le 14/09/25



Nous avons la joie d’entendre ce matin deux récits, à la fois, simples et formidables : le court épisode où Jésus affirme que le Royaume de Dieu est accessible à ceux qui sont comme des enfants…  et un récit de guérison de dix lépreux que l’évangéliste Luc est le seul a raconté. 


* Dans l’épisode avec les enfants qu’on lui amène en vue de les bénir (cf. Lc 18, 15-17), Jésus appelle ses auditeurs à avoir l’ouverture d’esprit, la disponibilité et la confiance qui caractérisent les enfants… les tout petits…


Et c’est vrai que, parfois, ce sont des choses qui nous manquent… à nous, les adultes… Car, au fur à mesure du temps et de notre évolution… nous finissons par prendre des habitudes, à agir selon les croyances ou les conditionnements qui nous ont été transmis… et parfois à nos « rigidifier »… Alors qu’un jeune enfant, c’est tellement plus souple ! 

Et quand il a confiance en quelqu’un… il est très réceptif… il est prêt à le suivre… il s’ouvre facilement à la nouveauté… 


Je crois que c’est le message que nous transmet Jésus, lorsqu’il invite ses disciples à accueillir le Royaume, la présence de Dieu comme un enfant : il nous appelle avant tout à la confiance… à l’ouverture et à la nouveauté…


En effet, « Faire confiance », ça signifie :

  • Entrer en relation, s’ouvrir à l’autre et se rendre disponible à lui…
  • Oser entrer dans une forme de lâcher prise et accepter de s’abandonner à ce que l’autre nous propose
  • Accepter de prendre la route avec lui et de le suivre
  • Et donc accepter de changer nos façons de voir… nos mentalités, nos habitudes, nos comportements… accepter de faire autrement… de se laisser transformer. 


A la manière d’un enfant… le Christ nous propose d’expérimenter quelque chose de nouveau… d’accepter de changer de mentalité… pour ouvrir pleinement notre coeur et notre existence à Dieu… pour expérimenter l’extraordinaire de Dieu dans notre vie. 


* L’extraordinaire… c’est précisément ce que les dix lépreux vont découvrir dans leur cheminement… 


Plusieurs aspects peuvent être relevés dans ce récit du chapitre 17 de l’évangile de Luc (cf. Lc 17, 11-19) : 


En premier lieu, la question de la source, de l’origine de la guérison des dix lépreux… et, en particulier, de l’un des dix : celui qui revient vers Jésus. 


Le récit ne dit pas précisément quand, ni comment, a eu lieu cette guérison… Elle semble intervenir à distance… sans geste particulier… 

Pendant que les hommes sont en train de marcher… ils se trouvent purifiés. 


Ce que Jésus commence par faire, pour répondre à la supplique des lépreux qui cherchent un salut, c’est de leur donner une direction (alors qu’ils n’en avaient aucune) et de leur donner une espérance (alors qu’ils n’en avaient plus).


Rappelons qu’au premier siècle de notre ère, un lépreux est un homme considéré comme un paria, rituellement impur, exclu du culte et de la vie sociale. Il est comme « mort » pour la communauté. 


Le rituel prescrit par le livre du Lévitique (Lv 14), nécessite un constat de purification par un prêtre. Il faut, en effet, qu’un prêtre atteste de la guérison, pour qu’un homme - autrefois « impur » - puisse être réintégré dans la communauté, à l’issue d’une procédure (faite d’offrandes et de sacrifices). C’est la raison pour laquelle Jésus envoie le groupe se montrer aux prêtres.


Mais précisons que lorsque les hommes débutent leur long périple vers les prêtres… ils ne sont pas encore purifiés… La chose advient, étonnamment, en chemin… 


Cet indice est important….parce que ça signifie que les dix lépreux sont d’abord - et avant tout - appelés à la foi… à croire qu’avant leur arrivée vers les prêtres… quelque chose va advenir… afin qu’ils soient libérés de leur maladie… Et c’est précisément ce qui se produit ! 


D’une certaine manière… ils accomplissent cette parole de l’évangile de Marc (que nous avons entendue) : « Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l'avez reçu [que vous êtes en train de le recevoir], et cela vous sera accordé » (cf. Mc 11,24).


Mais, le point focal du récit - le revirement - se dégage avec le retour d’un des dix lépreux, un Samaritain, qui - contre toute attente, au milieu du chemin - fait demi-tour et revient vers Jésus, pour exprimer sa gratitude et rendre gloire à Dieu. 


C’est à ce moment là que Jésus semble donner une explication à cette guérison stupéfiante : la foi, la confiance… Il lui dit : « ta foi t’a sauvé ». 


Le mot « salut » recouvre plusieurs dimensions : Il exprime une libération, une délivrance, une guérison. 

Et le mot « foi » - on le sait - signifie « confiance ». 

C’est comme si Jésus disait au Samaritain : « ta confiance t’a guéri ! » 


Qu’en est-il pour nous ?

Est-ce que notre foi, notre confiance en Dieu, dans la Vie, en nous-même, dans les autres… peut être Source de guérison, de libération, de bien-être ?  C’est ce que laisse entendre le Christ !


De façon plus large… pourquoi l’évangéliste Luc prend le soin de relater cet épisode ? 


Plusieurs réponses peuvent se dégager… 

  • Soit, c’est pour mettre en avant la puissance de guérison que Jésus incarne et propage autour de lui. C’est une manière de montrer que Jésus manifeste une force de vitalité exceptionnelle et étonnante qu’il tient de Dieu… et qu’il parvient à transmettre aux hommes et aux femmes qui le lui demandent et qui lui font confiance.
  • Soit, c’est pour montrer que la Grâce et le Salut de Dieu n’ont pas de frontières. Et que celui qui - paradoxalement - a été à même d’accueillir la Parole et la foi du Christ, ne fait pas partie du groupe des neuf lépreux de confession juive - plein de leurs habitudes religieuses - Mais c’est un étranger : le seul qui soit différent, sans présupposé : le Samaritain. C’est celui qui est considéré par tous comme un « schismatique », un « adversaire religieux », c’est lui - pourtant - qui revient vers Jésus. Cet épisode préfigure certainement l’accueil positif que les Nations réserveront à la Bonne Nouvelle de l’Evangile.
  • Dans le prolongement de cette interprétation, ce récit peut être vu comme une invitation adressée aux lecteurs à dépasser les rites et les traditions religieuses, susceptibles de nous enfermer dans l’ancien… dans de veilles manières de voir les choses… et donc, à abandonner nos idées reçues et nos « vielles outres » (pour reprendre une expression évangélique : cf. Mt 9,17)… pour nous ouvrir à la nouveauté que le Christ vient apporter. Car l’épisode montre que cet homme n’a pas eu besoin d’aller jusqu’aux prêtres, pour faire constater sa purification. Le salut est advenu dans sa marche avec le Christ.
  • Une autre lecture, plus spirituelle de l’épisode, est également possible… Au-delà du signe ou du miracle, l’évangéliste Luc nous permet de comprendre que c’est lorsque nous sommes en quête, en route, en chemin avec le Christ… que quelque chose de neuf peut apparaitre… qu’une transformation peut s’opérer dans notre vie…. Et, pour cela, plusieurs choses sont nécessaires : être en recherche, avoir une direction de vie, s’ouvrir à la confiance et à la reconnaissance…  Car Dieu n’intervient pas, comme par magie, de l’extérieur… Mais il agit à travers nous… en nous… Il nous transforme de l’intérieur, si nous nous ouvrons à sa vie et son amour… 


En effet, si c’est bien « la foi » qui a sauvé cet homme, cela signifie que la confiance est - pour Jésus - l’élément déclencheur de sa transformation, le vecteur de sa libération. 


Le Samaritain été en quête de guérison… et il a ouvert son coeur au Souffle divin… Il a cru que le  Souffle créateur et transformateur - promis par Jésus - était avec lui… qu’il l’accompagnait sur sa route… qu’il pouvait accueillir en lui cette Source de vie, de vitalité et de résurrection, pour transformer sa vie. 


Y croyons-nous, nous aussi ? 

Croyons-nous en la possibilité de nous connecter à la Source qu’est Dieu ?… à la possibilité de recevoir son Souffle vital, pour nous dynamiser… nous transformer ou nous apaiser ? 


Par ailleurs, un des autres aspects marquant de ce récit, c’est la gratitude, c’est la reconnaissance de cet homme, qui prend conscience de l’origine de sa guérison et qui revient dire « merci » !


C’est sa rencontre avec le Christ qui a élargi sa conscience et qui lui a permis de comprendre que Dieu pouvait agir dans son intériorité. Et il trouve cela merveilleux ! 


Dieu n’agit pas seulement par l’intermédiaire de la religion, à travers le temple, les paroles et les gestes des prêtres, ou par des offrandes ou des sacrifices… ça c’est la veille manière de voir … Jésus en montre une autre…


Il fait percevoir à cet homme que Dieu agit directement en nous, dans notre intériorité… comme une Source de vie qui restaure notre équilibre, notre santé, notre dignité, notre bien-être. 


C’est le Christ qui a ouvert en cet homme cet espace de confiance, pour recevoir le salut… 

Et le Samaritain constate avec bonheur que Dieu était déjà là avec lui sur la route… qu’il a pu accueillir son Souffle vital et transformateur en lui. 


Quelle bonne nouvelle !… Car cela nous est aussi donné ! 


Alors… chers amis…


Accueillons cette Grâce et cette ouverture dans notre vie… 

Que nous puissions - par la pleine confiance - nous ouvrir à l’action salvatrice de l’Esprit divin… qui souffle en nous et dans le monde… et qui fait toute chose nouvelle ! 


Amen. 


PRIERE…


Je vous invite à la prière…


Seigneur, comme des lépreux… nous nous sentons parfois loin de toi… des autres…ou de nous-mêmes…

Nos blessures, nos plaies - les épreuves que nous traversons - ou nos habitudes... peuvent parfois nous enfermer sur nous-mêmes, nous paralyser ou nous éloigner de toi…


Nous t’en prions… 

Ouvre-nous à ton Souffre Créateur et transformateur…

Viens nous libérer de nos blocages, de notre égo, de nos angoisses, de nos anxiétés, de nos paralysies, de toutes nos maladies…


Fais souffler un vent de nouveauté dans notre vie…

Apporte nous ta confiance, ton courage, ton dynamisme créateur… 


Que ta lumière illumine notre vie… qu’elle nous transforme et nous libère… à l’image de Jésus-Christ !


Qu’ainsi… nous advenions à nous-mêmes… que nous ressentions ton amour… 


Que nous puissions répondre à ton appel… et devenir artisans de ton règne de paix et d’amour…


Amen. 


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Autre prière possible 


Prière de confiance

Seigneur Jésus,
Toi qui as ouvert ton cœur aux plus petits,
et accueilli les enfants avec tendresse,
donne-nous, aujourd’hui, un cœur d’enfant.

Un cœur libre, souple et ouvert,
qui ose faire confiance,
qui ne calcule pas,
mais qui se laisse porter…
par la joie de marcher avec Toi.

Tu n’attends pas de nous des certitudes,
mais une disponibilité intérieure.
Tu n’exiges pas la perfection,
mais un cœur ouvert, réceptif, prêt à se laisser transformer.

Comme les dix lépreux sur la route,
Nous ne voyons pas forcément le fruit de notre prière,
mais nous voulons avancer,
croire que ta Parole est vraie,
et que, sur le chemin,
quelque chose de neuf peut advenir.

Nous te rendons grâce pour ton regard d’amour
qui nous accueille inlassablement 

et qui rend à chacun sa dignité d’enfant de Dieu,

pour surmonter la misère, l’injustice ou l’exclusion.

Nous te bénissons pour ton Souffle
qui agit dans les coeurs, qui guérit les blessures,
et ranime la vie, là où tout semblait figé.


Seigneur, apprends-nous à dire merci,
même au cœur des incertitudes.
À voir ta présence discrète mais fidèle
dans les petits gestes du quotidien,
dans ce que nous traversons,
et dans la diversité de nos rencontres.

Que notre foi devienne élan vers toi et vers les autres  

Qu’elle soit une force, qui nous dynamise. 

Que notre marche avec Toi
soit un lieu de transformation profonde.


Viens ouvrir en nous
un espace d’accueil pour ton Souffle.
Viens renouveler nos mentalités, 

nos pensées, nos habitudes, nos résistances.


Et comme le Samaritain guéri,
que nous revenions toujours à Toi,
le cœur plein de gratitude,
et les mains ouvertes à ta Grâce.

Amen.


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Lectures bibliques


Luc 18, 15-17


15Des gens lui amenaient même les bébés pour qu'il les touche. Voyant cela, les disciples les rabrouaient. 16Mais Jésus fit venir à lui les bébés en disant : « Laissez les enfants venir à moi ; ne les empêchez pas, car le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme eux. 17En vérité, je vous le déclare, qui n'accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n'y entrera pas. »

Luc 17, 11-19


11Or, comme Jésus faisait route vers Jérusalem, il passa à travers la Samarie et la Galilée. 12A son entrée dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s'arrêtèrent à distance 13et élevèrent la voix pour lui dire : « Jésus, maître, aie pitié de nous. » 14Les voyant, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » Or, pendant qu'ils y allaient, ils furent purifiés. 15L'un d'entre eux, voyant qu'il était guéri, revint en rendant gloire à Dieu à pleine voix. 16Il se jeta le visage contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce ; or c'était un Samaritain. 17Alors Jésus dit : « Est-ce que tous les dix n'ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? 18Il ne s'est trouvé parmi eux personne pour revenir rendre gloire à Dieu : il n'y a que cet étranger ! » 19Et il lui dit : « Relève-toi, va. Ta foi t'a sauvé. »

Marc 11, 22-24


22Jésus leur répond et dit : « Ayez foi en Dieu. 23En vérité, je vous le déclare, si quelqu'un dit à cette montagne : “Ote-toi de là et jette-toi dans la mer”, et s'il ne doute pas en son cœur, mais croit que ce qu'il dit arrivera, cela lui sera accordé. 24C'est pourquoi je vous déclare : Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l'avez reçu, et cela vous sera accordé.

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