dimanche 11 février 2024

Justice, compassion et pureté de coeur

Lectures bibliques : Mt 5, 1-10 ; Jn 15, 1-5 (voir textes en bas de cette page)

Thématique : justice, compassion et pureté de cœur : trois béatitudes 


Prédication de Pascal LEFEBVRE – le 11/02/24 – Bordeaux (temple du Hâ)



* Chers amis, la méditation d’aujourd’hui nous replace au cœur de l’évangile, au début du sermon sur la Montagne. 

Jésus nous parle de l’accès au Royaume de Dieu… c’est-à-dire du chemin qui nous permet de rencontrer Dieu, de vivre dans sa lumière… selon sa volonté…


D’ores et déjà, il faut rappeler que ces paroles de Jésus - que nous connaissons bien - rentrent en tension (je dirais presque en conflit) avec les valeurs ancestrales – et peut-être primitives – de notre monde, où l’on nous apprend toujours à rechercher la force, la réussite, la richesse, la reconnaissance, l’influence, l’avoir ou le pouvoir. 


Il n’est pas question de cela ici, puisqu’au contraire, Jésus nous parle d’humilité, de douceur, de compassion, de pardon, de pureté de cœur, de justice ou de paix. 

C’est donc un message, un évangile à contre-courant… que nous propose le Christ, pour expérimenter une nouvelle voie de salut… éloignée de ce qu’on a toujours pratiqué : le fameux salut « chacun pour soi ».


Loin de tout individualisme et égocentrisme, Jésus nous rappelle qu’il n’y a pas, en réalité, de bonheur « solitaire », mais que le seul bonheur possible est forcément « solidaire ». 


Notons que chaque béatitude est rattachée à une qualité humaine ou une attitude de sagesse que Jésus met en avant comme la meilleure voie permettant d’accueillir cette béatitude et de se mettre au diapason du règne de Dieu. 


* Ce matin, arrêtons-nous simplement sur trois béatitudes : Commençons par les versets 6 et 7 - la recherche de la justice et la miséricorde – qui constituent le centre des huit Béatitudes. 


Ce sont des thèmes chrétiens majeurs dans les évangiles : 

Puisque Dieu est Juste (la justice est le premier attribut de Dieu), puisque Dieu est compatissant (cf Lc 6,36), tout croyant est appelé à développer les mêmes qualités, les mêmes vertus. Et donc à imiter l’attitude du Père céleste (tel que nous l’imaginons). 


La recherche de la justice est une priorité pour Jésus. 

On a tous en mémoire ces quelques versets de l’évangile de Matthieu : 

Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout le reste vous sera donné par surcroît (Mt 6,33)

Ou encore : « Il ne suffit pas de me dire : “Seigneur, Seigneur !” pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux […]… écartez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité !” (Mt 7, 21.23)


Pour accéder au Royaume, au monde nouveau de Dieu, il faut donc être sensible à l’injustice et rechercher la justice… pas seulement pour soi-même, mais pour les autres, pour tous… pour le respect du droit et l’équité dans la société. 


La promesse qui se dégage de cette béatitude, c’est que si nous avons faim et soif de la justice pour chacun et pour tous : nous serons nous-mêmes rassasiés un jour par la Justice de Dieu. 


C’est aussi une promesse qu’on trouve dans le Psaume 37 (5-6 ; 37 ; 39-40). Je cite : 

« Remets ta vie au Seigneur, compte sur lui, et il agira.

Il fera paraître ta justice comme le jour qui se lève,

et ton droit comme le soleil en plein midi. »

« Observe celui qui est intègre,

regarde bien celui qui est droit.

Car il y a un avenir pour la personne qui est pacifique. »

« Le Seigneur sauve les justes,

il est leur refuge au temps de la détresse.

Il leur vient en aide, il les met à l'abri ».


Rechercher des relations justes en toute circonstance… aussi bien dans les relations avec nos proches, que dans nos activités professionnelles, bénévoles ou associatives… mais aussi lutter contre toutes les formes d’injustices : voilà donc ce qui doit nous animer en tant que disciples du Christ. 


Et cela n’a rien d’évident… car « rechercher la justice » implique forcément un effort… qui nous oblige à un déplacement, à sortir de notre zone de confort…. D’autant que notre société attire souvent notre attention vers ce qui est sensationnel, vers tel ou tel évènement médiatique… susceptible de faire le « buzz »… pendant que telle ou telle situation injuste se perpétue dans l’indifférence généralisée… 


Il y aurait de multiples exemples à donner… Ce matin, nous pourrions simplement parler, peut-être, comme chaque année, au moment du 1er février, du rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre, qui présente son analyse sur « l’Etat du Mal-Logement en France » avec une accélération importante en 2023 de la crise du logement. 


Pour les victimes du mal-logement, auxquelles cette enquête nationale donne la parole, rester à domicile, vivre dans des conditions inacceptables en bidonville, dans des quartiers populaires dégradés, en habitat indigne ou surpeuplement, représente une souffrance quotidienne… et malheureusement ça existe bien en France, et même à côté de chez nous. 


A cela s’ajoute plus de 330 000 personnes sans-domicile, à la rue ou dans des hébergements d’urgence trop peu nombreux et souvent inadaptés… et très régulièrement notre église elle-même est sollicitée pour savoir si nous n’avons pas un logement à mettre à la disposition d’une personne en grande difficulté ou ayant des ressources modestes. 


Dans le contexte actuel, face à la pénurie de logements accessibles, cette problématique d’un logement abordable et digne, occupe une place de plus en plus importante dans le développement de l’exclusion et des inégalités… et la puissance publique et le gouvernement ne semblent pas avoir pris toute la mesure de cet enjeu.
 
Face à des situations indignes, à l’heure où des milliers de personnes, notamment des enfants, sont refusées chaque soir par le 115, faute de places d’hébergement, cette urgence devrait être au cœur des politiques publiques…  mais est-ce que vraiment le cas ? Est-ce qu’on en parle ? 


Comment sensibiliser nos élus, mais plus largement notre société – de façon collective – sur la fragilité de la situation de centaines de milliers de personnes en France (qui souffrent d’exclusion ou de mal-logement) … et faire de la fraternité une des valeurs de notre société ?  


Je crois que c’est un exemple concret (parmi d’autres) de cette exhortation à rechercher la justice, pour les plus pauvres et les plus vulnérables. Et peut-être que nous pourrions agir à notre niveau… peut-être devrions-nous chacun écrire à notre député, à notre maire ou au ministre en question, pour leur dire combien cela nous soucie et combien c’est inacceptable dans un pays comme le nôtre que des gens vivent dans une situation d’exclusion liée au logement. 


Je reviens sur les Béatitudes… car elles nous révèlent que c’est en s’approchant du Père que nous trouverons vraiment la justice. 

Avec la tournure passive du verbe, Jésus affirme en fait que le rassasiement promis sera donné par Dieu… pour qui vraiment se sent concerné par cette soif de justice.


Il faut, en effet, préciser que la justice dont parle ici le Christ n’est pas seulement une composante sociale dans un monde en crise, c’est un attribut divin, qui est inséparable de la « miséricorde de Dieu ». 


Puisque le monde est injuste… puisque nous-mêmes, il nous arrive de l’être… et que collectivement notre société est aussi imparfaite et faillible…  nous sommes appelés à progresser… à nous laisser transformer par l’Evangile… en recherchant la justice… mais heureusement, Dieu est patient et miséricordieux… 


* Précisément, la miséricorde et la compassion de Dieu (objet d’une autre béatitude) constituent le fondement, la source de ce que nous sommes appelés à vivre avec autrui. 


Rappelons-nous cette parole du psalmiste (dans le Psaume 116,5)

« Le SEIGNEUR est bienveillant et juste ; notre Dieu fait miséricorde ».

Ou encore dans l’évangile de Luc (Lc 6,36) :

 « Soyez compatissants /généreux comme votre Père est compatissant / généreux ».


Chaque croyant est appelé à prendre l’exemple de la miséricorde et de la bonté du Père céleste, pour vivre ce même amour avec les autres… en étant compatissant envers ses frères et ses sœurs… c’est-à-dire en développant écoute et sensibilité aux besoins et aux malheurs d’autrui… 

La compassion est ce que nous fait éprouver et comprendre la souffrance d’autrui… et c’est aussi ce qui nous ouvre à l’entraide, et également au pardon. 


En retour, la promesse que pointe cette béatitude (au verset 7), c’est que si nous nous laissons émouvoir et saisir de compassion par autrui… alors nous recevrons, nous aussi, de Dieu et des autres une même compassion. 


Je cite à nouveau l’Evangile : « Heureux ceux qui sont pleins de bonté / de compassion pour les autres,

car on sera plein de bonté / de compassion pour eux ! »


* Pour finir, je voudrais m’arrêter sur une troisième et dernière béatitude (au verset 8) que nous esquivons plus souvent : 

« Heureux les cœurs purs / les purs de cœur : ils verront Dieu ».

Comment comprendre cette béatitude ?


Elle possède un antécédent dans le premier testament, au Psaume 24 (3-5). Je cite : 

« Qui gravira la montagne du SEIGNEUR ?
Qui se tiendra dans son saint lieu ?
– L’homme aux mains innocentes et au cœur pur,
qui ne tend pas vers le mal et ne jure pas pour tromper.
Il obtient du SEIGNEUR la bénédiction,
et de son Dieu sauveur la justice ».


Le psalmiste fait référence à la pureté requise pour entrer dans le Temple et y jouir de la vision de Dieu. 

Dans de nombreuses religions, l’accès au divin implique la pureté… et donc des rites de purification ou d’ablutions. 

Mais là, Jésus ne parle pas d’être physiquement « pur », mais d’être « pur de cœur » ou d’avoir « un cœur pur ». 


On se souvient, dans l’évangile Marc, d’une discussion au sujet du pur et de l’impur, où Jésus dit la chose suivante : « Il n’y a rien d’extérieur à l’homme qui puisse le rendre impur en pénétrant en lui, mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur » (cf. Mc 7,15). 

Ce n’est donc pas une question d’extériorité, il n’y a pas de contagion de l’impureté… par le toucher, par exemple.

En réalité, il faut remonter à la source : il faut regarder du côté de l’intériorité, du côté des intentions, des désirs, de ce qui sort du cœur de l’homme.


Dans la Bible, le cœur est aussi lié au regard, à la vision, à notre manière de regarder la vie, les autres et le monde. 


Souvenons-nous de cette parole dans l’évangile de Matthieu (Mt 6,22) : « La lampe du corps, c’est l’œil. Si donc ton œil est sain / est simple, ton corps tout entier sera dans la lumière. 

Mais si ton œil est malade / est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres ! »


En ce sens, la pureté de cœur est la simplicité qui rend le regard transparent. 

Si je vois autrui d’un œil simple, c’est-à-dire bienveillant, comme le Christ regarde chacun… alors je le vois d’un œil pur, sans arrière-pensée, sans jugement… je le regarde d’un œil lumineux… et je vois en lui ce qui est bon et lumineux… 


La pureté est ce qui rend mon regard transparent… C’est ainsi que Jésus regardait ses interlocuteurs… directement au cœur. 

On se souvient, par exemple, comme le raconte l’évangile de Marc, que, lorsqu’il dialoguait avec le jeune homme riche, Jésus se mit à le regarder et il se mit à l’aimer (cf. Mc 10, 21). 

Ce qui fut aussi certainement le cas pour Zachée, la femme adultère, la femme au parfum ou l’aveugle Bartimé. 


La pureté est donc lié à la simplicité et à la clarté. Mais aussi à l’unité et à l’intégrité. 

Un cœur pur est un cœur unifié, généreux.

Le contraire d’un cœur pur est un cœur partagé. 


On dit d’une substance qu’elle est pure lorsqu’elle est nette, sans mélange (sans souillure, sans corruption). 


Ce qui empêche le cœur d’être unifié, d’être simple, c’est de laisser la place à une multiplicité de motivations (parfois intéressées ou contradictoires), et en particulier de laisser place aux mauvais penchant. 

Un targum, un commentaire du Lévitique affirme : « Ôtez le mauvais penchant de votre cœur, et la divine présence vous sera aussitôt révélée ». 


* Pour conclure… ces béatitudes qui résonnent comme un appel… peuvent aussi nous faire pensez à un autre texte que nous avons entendu dans l’évangile de Jean, avec cette parole du Christ (cf. Jn 15) : 

« Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. 

Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il en porte davantage encore. 

Déjà vous êtes émondés par la parole que je vous ai dite ». 


« Émonder » cela veut dire justement purifier, nettoyer, tailler, pour enlever ce qui n’a pas d’avenir… pour retirer les branches mortes ou moribondes, pour se débarrasser des rameaux inutiles, des branches qui risquent de déséquilibrer la croissance, ou supprimer les plantes parasites.  


Il faudrait donc se demander ce qui a de l’avenir, et ce qui n’a pas d’avenir en nous ? 


La réponse est en fait assez simple : 

Ce qui n’a de l’avenir, c’est notre relation à Dieu… sachant que Dieu est amour…. et qu’il est notre destination, notre but.

Ce qui n’a pas d’avenir c’est tout ce qui fait barrage à l’amour : ce sont nos mauvais penchant, l’orgueil, l’individualisme, l’avidité, la jalousie, la médisance, l’égoïsme, l’égocentrisme… 


Puisqu’un jour ou l’autre, nous allons tous mourir… et que Dieu ne gardera de nous que ce qui est bon… comme Celui qui sépare, en chacun, le bon grain de l’ivraie (cf. Mt 13, 24-30) … autant commencer ce travail de sanctification dès maintenant… d’autant que la pureté de cœur, nous permettra de voir Dieu… c’est-à-dire de voir en l’autre, en chacun, l’image de Dieu… le visage de Dieu. 


Car la pureté de cœur, c’est du même ordre que l’œil simple et lumineux qui voit le bon côté des choses et qui s’émerveille de ce qui lui ai donné. 

Ce n’est pas de la naïveté. C’est le fruit de la confiance et de l’espérance qui accueille la Grâce… c’est le résultat d’un travail que le Christ et l’Esprit saint réalisent en nous… lorsque nous mettons à l’écoute de l’Evangile. 


Déjà ce matin, nous sommes émondés… nous sommes purifiés par cette parole… par ces Béatitudes… qui nous transforment… qui nous appellent à rechercher la justice, à nous laisser saisir de compassion et à changer de regard, pour voir en nos frères et de nos sœurs la magnifique image que Dieu a placé en chacun de nous. 

Ce sont les paroles du Christ qui opèrent en nous cette transformation et cette ouverture du cœur !  Amen. 



Lectures bibliques 


Mt 5, 1-10


1 A la vue des foules, Jésus monta dans la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. 

2 Et, prenant la parole, il les enseignait :

3 « Heureux les pauvres de cœur / les pauvres en esprit : le Royaume des cieux est à eux.

4 Heureux les doux : ils hériteront la terre / ils auront la terre en partage.

5 Heureux ceux qui pleurent / les affligés : ils seront consolés.

6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés.

7 Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde.

8 Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu.

9 Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu.

10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux ».


Jn 15, 1-5


1 « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. 

2 Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il en porte davantage encore. 

3 Déjà vous êtes émondés par la parole que je vous ai dite. 

4 Demeurez en moi comme je demeure en vous ! De même que le sarment, s’il ne demeure sur la vigne, ne peut de lui-même porter du fruit, ainsi vous non plus si vous ne demeurez en moi. 

5 Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire ». 


Autre textes cités pendant la méditation


Matthieu 6 et 7 (extraits)

Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout le reste vous sera donné par surcroît (Mt 6,33)

Ou encore : « Il ne suffit pas de me dire : “Seigneur, Seigneur !” pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux […]… écartez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité !” (Mt 7, 21.23)


Psaume 37 (5-6 ; 37 ; 39-40)

« Remets ta vie au Seigneur, compte sur lui, et il agira.

Il fera paraître ta justice comme le jour qui se lève,

et ton droit comme le soleil en plein midi. »

« Observe celui qui est intègre,

regarde bien celui qui est droit.

Car il y a un avenir pour la personne qui est pacifique. »

« Le Seigneur sauve les justes,

il est leur refuge au temps de la détresse.

Il leur vient en aide, il les met à l'abri ».


Psaume 116, 5

« Le SEIGNEUR est bienveillant et juste ; notre Dieu fait miséricorde ».


Luc 6, 36

« Soyez compatissants /généreux comme votre Père est compatissant / généreux ».


Psaume 24 (3-5). 

« Qui gravira la montagne du SEIGNEUR ?
Qui se tiendra dans son saint lieu ?
– L’homme aux mains innocentes et au cœur pur,
qui ne tend pas vers le mal
et ne jure pas pour tromper.
Il obtient du SEIGNEUR la bénédiction,
et de son Dieu sauveur la justice ».


Marc 7, 15

« Il n’y a rien d’extérieur à l’homme qui puisse le rendre impur en pénétrant en lui, mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur ».


Matthieu 6,22

« La lampe du corps, c’est l’œil. Si donc ton œil est sain / est simple, ton corps tout entier sera dans la lumière. 

Mais si ton œil est malade / est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres ! »


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