Lectures bibliques : Marc 5, 24-34 + Luc 5, 17-26 (= voir à la fin de cette page)
Thématiques : « Ta foi t’a sauvée ! » En quoi la foi peut-elle nous apporter une forme de vitalité ? Quelles différences y-a-t-il entre la foi et la superstition ? Peut-on avoir la foi pour les autres ?
Prédication de Pascal LEFEBVRE - Bordeaux, samedi 8 février 2025 - culte autrement
Déroulement du "culte autrement" en 3 temps :
- Lectures bibliques
- Questions pour échanger
- Prédication / méditation
Questions pour échanger
1) Croyez-vous aux miracles (à l’extraordinaire, à l’inexpliqué ou l’inexplicable) ? Selon vous, la foi peut-elle vraiment faire des miracles et déplacer des montagnes de problèmes ? (Comment ? Pourquoi ?… )
2) Pensez-vous qu’il y a du « merveilleux », de l’inouï dans notre monde ? En ce qui vous concerne… voyez-vous des « miracles » (grands ou petits) dans votre vie ou autour de vous ?
3) Vous-mêmes, vous sentez-vous capable… de faire des miracles (même petits) ?… de vous dépasser - ou de faire l’impossible - grâce à votre confiance ?
4) Dans le récit de la femme (qui souffre de flux de sang - cf. Mc 5, 24-34) : comment qualifieriez-vous sa « foi » ? … L’admirez-vous ?… ou trouvez-vous sa foi « superstitieuse » ?
5) Quelles différences faites-vous entre la foi et la superstition ?
6) Pensez-vous qu’on peut avoir la foi pour les autres ? (comme les hommes qui portent le paralytique - cf. Lc 5, 17-26)
Prédication
Les acteurs du salut…
Qu’est-ce qui a permis le salut - la guérison - de la femme qui vient à la rencontre de Jésus ?
C’est une des questions qu’on peut se poser en relisant cet épisode.
Deux acteurs principaux semblent évidemment actifs et participatifs au milieu de la foule : - La femme - Et Jésus
- Jésus… parce qu’une force vitale semble sortie de lui (v.30). C’est l’explication que donne l’évangéliste Marc.
- Et la femme… parce que c’est sa foi - fondamentalement - qui crée une ouverture permettant la guérison.
Un confiance qui permet un dépassement…
C’est, en effet, sa confiance qui lui permet de surmonter son désespoir… Elle lui donne le courage et l’audace de sortir de ses limites et ses conditionnements.
En voyant, en Jésus, un sauveur… en osant toucher son vêtement (au milieu d’une foule très dense), alors que la loi le lui interdisait - étant considérée comme personne « impure », à cause de ses saignements - elle brave un interdit. Elle franchit les limites dans lesquelles la religion la bloquait et la condamnait.
Rappelons, en effet, que cette pauvre femme se retrouvait sans aucune ressource (puisqu’elle avait dépensé tout son argent en soins inefficaces).
Du fait de la nature de sa maladie, elle se trouvait complètement rejetée de la sphère sociale.
Comme l’indique la loi, dans le livre du Lévitique (Cf. Lv 15, 19.25), ses pertes de sang continues l’enfermaient dans le camp des « impures », des exclues et des infréquentables.
Aussi, en osant aller vers Jésus, en touchant son vêtement, elle réalise un geste d’une audace inimaginable : elle brise un interdit ; elle se libère et rejette ses conditionnements.
Ce qui permet cet élan, c’est sa confiance en Jésus.
Grâce à sa foi, elle surmonte sa peur, elle franchit la montagne de problèmes qui la séparait du Christ et qui la figeait dans sa maladie.
On assiste à travers son attitude à une capitulation de l’égo. Car, ce n’est pas sur elle - en ses propres capacités - qu’elle porte sa confiance… Au contraire, elle se sent totalement impuissante… Mais, en silence, elle s’en remet pleinement au Christ. Elle reconnait en Jésus une puissance de guérison venue d’ailleurs… une sorte de vitalité « surnaturelle ».
Son espoir et sa foi ne font qu’un : Elle s’abandonne à cette folle possibilité de toucher et de recevoir cette vitalité nouvelle - une énergie vitale de transformation - grâce au contact avec Jésus… comme si la vie (venant du Christ) était contagieuse ! Et la guérison s’accomplit !
Lorsque Jésus apprend qui l’a touché, il approuve finalement le geste audacieux de cette femme, malgré sa transgression.
Le maître ne se sent absolument pas perturbé ni contaminé par son impureté. Au contraire, il lui donne raison : « ma fille, ta foi t’a sauvée » (v.33) lui dit-il explicitement.
Il ne lui dit pas : je t’ai guéri… tu as reçu une nouvelle force vitale, grâce à moi… mais simplement « ta foi t’a sauvée ! ». Ce qui signifie que c’est sa confiance qui lui a permis de recevoir cette puissance de guérison… qui l’a saisie, déplacée et guérie.
Et nous…
Quel enseignement pour nous !… qui voulons toujours que les choses soient rationnelles ou explicables scientifiquement !
Avons-nous cette même confiance en Dieu ? … ou en Jésus-Christ ?
Pensons-nous vraiment que Jésus est celui qui peut nous ouvrir un passage vers le Père, vers la Source (la Vie, la Conscience Universelle).
Croyons-nous qu’en nous connectant au Divin… par la méditation ou la prière… nous pouvons recevoir - nous aussi - une énergie vitale… une puissance libératrice et transformatrice dans notre vie ?
Ou est-ce que tout ça nous semble trop incroyable… trop irrationnel ?
Peut-on croire qu’une telle guérison ait eu lieu il y a 2000 ans ?… comme il y a encore aujourd’hui - dans le monde - des dizaines de guérisons inexpliquées ?
Acceptons de nous laisser déplacer et bousculer par l’Evangile… au risque d’avouer que notre petite rationalité n’a pas réponse à tout… et que rien n’est impossible au Christ.
Distinguer la foi de la superstition…
Certains pourraient penser que la foi de cette femme est presque « superstitieuse » ?… car il est seulement question de parvenir à toucher « le vêtement » du maître… du Messie… (comme si un objet pouvait médiatiser le « salut »… ou être imprégné d’une puissance « sacrée »).
Peut-être !… Mais ne devrait-on pas penser, en réalité, que la superstition est du coté de la loi… dans la mesure où elle enfermait cette femme du côté des « impures », simplement à cause de ses saignements.
Quelle idée étrange !?
En quoi l’impureté serait-elle contagieuse ?
Et pourquoi la vitalité ne pourrait-elle pas l’être ?
La superstition est une croyance irrationnelle ou irraisonnée considérée comme vaine.
Mais la confiance de cette femme a-t-elle était vaine ?
S’agissait-il d’une forme de superstition?
Non… puisqu’il lui a été fait selon sa foi !
Sa foi n’était pas de la superstition… car la superstition est susceptible de nous enfermer dans une forme d’illusion… dans la crainte ou l’ignorance… dans un fonctionnement répétitif… ou dans des ressassements inutiles et improductifs… en attribuants à des objets ou des gestes une force bénéfique ou maléfique… qu’ils ne possèdent pas.
Or, ici - dans cet épisode - c’est à Jésus que la femme confère une puissance, une force vitale qui sort de l’ordinaire.
Seulement, elle n’attend pas magiquement sans rien faire :
Pour accéder à Jésus, elle va, elle-même, se dépasser et surmonter ses blocages… en se libérant des pressions sociales, des interdits et des préjugés… en se déplaçant… en faisant preuve d’une audace extraordinaire.
La différence entre la foi et la superstition, c’est que la foi produit une libération des possibles… et non un enfermement.
La femme (qui est allée vers Jésus) a cru en la possibilité de recevoir « du vraiment nouveau » dans sa vie, grâce au Christ. Et c’est ce qui est arrivé !
Pour le dire autrement …. alors que la superstition risque de nous figer dans la peur ou l’immobilité…. (Dans telle situation… face à une échelle, un chat noir, ou tout autre chose… il faut faire tel geste, ou ne pas toucher à cela… parce que ça porte « bonheur » ou « malheur ») … la foi nous fait franchir un pas en avant… elle nous déplace…
Elle suscite un élan de vie… grâce à une confiance intérieure… capable d’ouvrir et de restaurer vitalité et joie de vivre.
Ce récit nous interroge donc sur nos croyances :
- Est-ce que croire que la vie est figée… que les choses sont déterminées… que la vie n’a rien à offrir d’autres que ce que nos yeux peuvent en voir… n’est pas, en fait, une forme d’illusion… de superstition ?
- Au contraire, croire que la vie est bien plus vaste, plus large, plus profonde et plus merveilleuse que ce que nos sens peuvent en deviner… n’est-ce pas est une forme de foi transformatrice ?
Seule la foi peut nous permettre d’accéder à la vie en plénitude… car elle nous permet de croire - au-delà de toute raison - qu’il y a encore de l’altérité, de l’inouï, de la profondeur, des potentialités insoupçonnées disponibles… à portée de main.
La foi, c’est croire que l’essentiel est invisible pour les yeux, mais accessible avec un coeur ouvert.
Croire aussi pour les autres…
J’en viens - beaucoup rapidement / et pour finir - à l’autre texte que nous avons entendu…
Ici, encore, posons-nous la question : qu’est-ce qui a permis la guérison de l’homme paralysé ?
Nous avons cette fois plus de deux acteurs :
- Jésus, qui semble imprégné d’une puissance de guérison. C’est ainsi que Luc le présente (lui aussi).
- Et un groupe d’hommes, qui transportent le malade en le faisant passer par un toit.
Seulement, la différence avec l’autre épisode, c’est que, dans ce récit, ce n’est pas la foi du paralytique qui provoque la transformation de sa situation. C’est la foi de ses compagnons.
C’est la confiance, le courage et l’audace des autres, qui va permettre sa libération… puisque l’homme va se trouver pardonné et guéri à l’issue d’une rencontre libératrice.
L’évangéliste dit bien que Jésus « a vu leur foi » et tout ce qui se passe ensuite dépend de cette confiance initiale (cf. Lc 5,20).
Et nous …
Est-ce à dire que nous pouvons avoir la foi pour d’autres ?
C’est ce que laisse entendre cet épisode.
En tout cas, ces hommes ont cru en Jésus… ils ont cru aussi pour leur ami malade… ils ont peut-être cru en lui, malgré lui… ils ont cru en sa possible guérison…
Il semble donc bénéfique et profitable de croire non seulement en Dieu et en ses potentialités… mais aussi de croire pour nos frères et nos sœurs…. de croire que tout peut toujours changer et évoluer… quand on a une foi capable de déplacer des montagnes de problèmes.
A notre tout petit niveau… à la suite du Christ… nous disposons aussi d’une puissance capable de restaurer les relations : il s’agit, d’une part, de croire en l’autre (de croire en nos amis, en nos proches, en nos collègues… même s’ils ne croient pas forcément en eux)… et il s’agit, d’autre part, du pardon.
Nous aussi - par l’ouverture du cœur et le pardon - nous pouvons aider à remettre les autres debout et faire en sorte que la vie reprenne son cours.
Une foi qui surmonte nos paralysies… mais qui ne s’impose pas…
Dans cet épisode… nous voyons aussi que la paralysie change de camp… c’est la différence entre ceux qui croient à un nouvel avenir possible… et ceux qui n’y croient pas vraiment :
- D’un côté, des gens anonymes ont ouvert l’espace par le haut, indiquant sans le savoir la présence même du Souffle divin dans la personne de Jésus… dans l’espoir d’une libération pour leur ami.
- D’un autre côté, les responsables religieux présents, ne peuvent accepter les paroles libératrices de Jésus. Ils sont malades - eux aussi - mais d’une autre sorte de paralysie : celle de la pensée.
Ils sont prisonniers de leurs illusions, de leurs fausses croyances.
En suscitant la vie, la foi et la libération… Jésus tente de les guérir… mais il ne peut rien imposer…
A la fin de la rencontre avec le Christ, l’homme peut ressortir debout de la maison. L’accès n’en est plus bloqué.
Grâce à la foi de ses amis et la parole agissante de Jésus, la vie s’est remise à circuler.
Toutefois, Jésus reste impuissant face à la paralysie du coeur.
Pour conclure…
Alors, chers amis… que la foi de cette femme et des amis du paralytique, soient aussi la nôtre !
Que cette confiance (confiance en l’action de l’Esprit divin dans nos vies) libère tous nos blocages, nos conditionnements et nos paralysies.
Que le Souffle de Dieu puisse faire circuler la Vie en nous… afin qu’à notre tour, nous puissions porter des paroles et actes libérateurs autour de nous.
Amen.
Textes bibliques
Marc 5, 24-34
24 […] Une foule nombreuse suivait Jésus et l'écrasait. 25Une femme, qui souffrait d'hémorragies depuis douze ans 26– elle avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins et avait dépensé tout ce qu'elle possédait sans aucune amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré –, 27cette femme, donc, avait appris ce qu'on disait de Jésus. Elle vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement. 28Elle se disait : « Si j'arrive à toucher au moins ses vêtements, je serai sauvée. » 29A l'instant, sa perte de sang s'arrêta et elle ressentit en son corps qu'elle était guérie de son mal. 30Aussitôt Jésus s'aperçut qu'une force était sortie de lui. Il se retourna au milieu de la foule et il disait : « Qui a touché mes vêtements ? » 31Ses disciples lui disaient : « Tu vois la foule qui te presse et tu demandes : “Qui m'a touché ?” » 32Mais il regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela. 33Alors la femme, craintive et tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. 34Mais il lui dit : « Ma fille, ta foi t'a sauvée ; va en paix et sois guérie de ton mal. »
Luc 5, 17-26
17Or, un jour qu'il était en train d'enseigner, il y avait dans l'assistance des Pharisiens et des docteurs de la loi qui étaient venus de tous les villages de Galilée et de Judée ainsi que de Jérusalem ; et la puissance du Seigneur était à l'œuvre pour lui faire opérer des guérisons. 18Survinrent des gens portant sur une civière un homme qui était paralysé ; ils cherchaient à le faire entrer et à le placer devant lui ; 19et comme, à cause de la foule, ils ne voyaient pas par où le faire entrer, ils montèrent sur le toit et, au travers des tuiles, ils le firent descendre avec sa civière en plein milieu, devant Jésus. 20Voyant leur foi, il dit : « Tes péchés te sont pardonnés. » 21Les scribes et les Pharisiens se mirent à raisonner : « Quel est cet homme qui dit des blasphèmes ? Qui peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? » 22Mais Jésus, connaissant leurs raisonnements, leur rétorqua : « Pourquoi raisonnez-vous dans vos cœurs ? 23Qu'y a-t-il de plus facile, de dire : “Tes péchés te sont pardonnés” ou bien de dire : “Lève-toi et marche” ? 24Eh bien, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre autorité pour pardonner les péchés, – il dit au paralysé : “Je te dis, lève-toi, prends ta civière et va dans ta maison.” » 25A l'instant, celui-ci se leva devant eux, il prit ce qui lui servait de lit et il partit pour sa maison en rendant gloire à Dieu. 26La stupeur les saisit tous et ils rendaient gloire à Dieu ; remplis de crainte, ils disaient : « Nous avons vu aujourd'hui des choses extraordinaires. »
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