Mc 4, 1-9. 13-20 : la
parabole du semeur
Lectures
bibliques : Es 55, 1-3a.10-11 ; Mc 4, 1-9.13-20.26-29
Thématique :
être, tour-à-tour, terrain ensemencé et semeur
Prédication de
Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 20/10/13
Depuis l’école
biblique… nous connaissons, sans doute, tous cette « parabole du semeur »,
appelée aussi « parabole des terrains ensemencés ». Essayons, ce
matin, de la relire avec un œil neuf :
Qu’est-ce qui
peut encore nous surprendre… nous étonner… dans cette histoire ?
* Tout d’abord,
il faut dire que les évangélistes nous mâchent un peu le travail, en nous
livrant leur interprétation de la parabole :
- Pour eux, la
semence, la graine, c’est la Parole… la Parole du royaume (cf. Mt 13, 19).
- Le terrain,
c’est l’auditeur qui la reçoit, c’est le cœur de l’homme.
Il y a
différents terrains. Mais cela ne veut pas dire qu’il y ait 4 types de cœur. De
même que la graine est unique, le cœur humain est unique. Dans notre cœur, tous
les terrains sont représentés.
La question va être
de savoir ce que nous faisons de cette graine qui nous est donnée (?) … Quel terrain, en nous, mettons-nous à
disposition de la semence (?)
Dans cette
parabole, le royaume de Dieu est comparé à une semence et à l’acte de semer
(cf. aussi Mt 13).
- Mais qui est
le semeur ?
Bien entendu, le
semeur, c’est d’abord le Seigneur… mais, il me semble qu’avec cette image de la
semence qui porte du fruit… un fruit qui, à son tour, devra être semé… la
parabole nous laisse entendre que l’auditeur n’est pas seulement le terrain ensemencé,
il est aussi appelé à devenir semeur.
Alors, pour y
voir plus clair…. essayons de relever ce qui est étonnant dans cette
comparaison que nous donne Jésus :
* 1er
point, 1er étonnement dans cette parabole : c’est le choix que
fait le semeur de répandre généreusement – avec prodigalité – sa semence… sans
savoir à l’avance ce que donnera la récolte, sans forcer les choses, par des
moyens extérieurs : irrigation, traitement, sélection des terrains, etc.
Ici, le semeur
ose faire confiance à la semence et à la terre.
Nous l’avons vu,
la semence, c’est la Parole… c’est, à la fois, une Parole puissante, capable de
transformer la vie de l’homme, de produire du fruit en abondance. Mais c’est
aussi une Parole fragile, vulnérable… dans la mesure où son enracinement et son
développement dépendent du terrain où elle tombe, c’est-à-dire, finalement, du cœur
de l’homme, du bon vouloir de l’être humain, de ses choix, de sa liberté et
même de sa faiblesse.
A travers cette
image de la semence comme Parole, nous découvrons que Dieu – pour faire advenir
son Royaume – choisit de faire confiance à l’humain, de s’associer à lui, de
dépendre de lui (de son écoute, de sa capacité de réception, ou, au contraire,
de son inattention, de sa distraction, de ses mauvais désirs).
Et c’est là
quelque chose de proprement étonnant : à la fois, la force de la Parole,
capable de transformer les personnes et le monde, et sa faiblesse, puisqu’elle
dépend du terrain, de l’humus de l’humain, apte ou non à l’écouter et à la
recevoir.
L’image de la
semence laisse donc percevoir un lien très fort, une solidarité mutuelle – une
interdépendance – entre le semeur et la terre susceptible d’accueillir la
semence.
Ce lien met en
avant la responsabilité du terrain = de l’être humain, dans la croissance de la
Parole.
Tout se joue ici
sur la capacité de l’homme d’entendre la Parole.
* Ce constat
doit nous interroger :
Qu’est-ce que
Jésus veut dire exactement quand il parle d’« entendre » et quelle
est précisément cette « Parole » appelée à croître ?
- Le mot
« entendre » est employé avec insistance (v.3. 9). Il ne s’agit
évidemment pas simplement d’entendre un son ou une parole sans lendemain, mais
d’écouter la Parole, c’est-à-dire de l’accueillir favorablement… avec
attention.
Ecouter, c’est
accueillir, mais c’est aussi comprendre et obéir.
C’est finalement
ce qu’on dit à un enfant qu’on on lui dit d’« écouter ». « Ecoute ! » ça veut
dire : porte attention, concentre-toi, pour recevoir ce qui vient d’être
dit, pour te l’approprier et le mettre en pratique.
Ecouter, c’est
donc entendre, mais c’est aussi répondre : c’est vivre en accord avec ce
qu’on a entendu.
Le fruit
n’advient que là où l’écoute s’est enracinée dans le cœur et la vie de
l’auditeur.
- Ensuite, on a
le mot « Parole », qui est la traduction du terme grec
« logos ». Le mot revoie à la Parole avec un grand « P ».
Dans la parabole
de l’évangile de Marc, il n’est pas précisé ce qu’est cette parole. On peut,
bien sûr, penser à la Parole de Dieu, la Parole que Jésus Christ incarne
lui-même, par son discours, son action et toute sa vie. Jésus est lui-même
cette Parole en actes, cette parole performative, qui fait ce qu’elle dit, là
où elle est reçue.
Dans l’évangile
de Matthieu, l’évangéliste parle explicitement de la « Parole du
royaume » (cf. Mt 13, 19). Mais, il ne s’agit pas d’une autre parole. La
Parole du Royaume, c’est la prédication-même de Jésus Christ… c’est une Parole
capable de faire advenir le règne de Dieu, là où elle est accueillie… c’est une
parole agissante, puissante, capable de transformation : capable de
pardonner, de relever, de guérir.
Ecouter la
Parole, c’est donc, bien sûr, la recevoir, se l’approprier, en vivre et se
laisser transformer par elle. Et, c’est au fond synonyme de « suivance » :
C’est suivre Jésus Christ, qui est lui-même « Parole de Dieu »… qui
est celui qui a incarné et pleinement vécu cette « Parole du
Royaume ».
Du coup, je
crois qu’il faut bien entendre la promesse qui se dégage de la dernière
situation évoquée par la parabole : le cas de la semence tombée dans la
bonne terre.
Jésus nous dit
ici le pouvoir étonnant de la Parole du royaume : là où sa Parole est
réellement entendue, accueillie et intégrée … là elle prend racine dans la vie
de l’homme… là… elle devient semence de vie, elle est capable de transformer
l’existence de celui qui la reçoit. Elle lui fait porter du fruit en abondance.
* A côté de
cette puissance de transformation et de fructification de la de la Parole,
l’histoire nous dit aussi la fragilité de
la graine. Et c’est là un 2ème point, un 2ème
étonnement : le taux d’échec important de la semence.
Nous avons à
faire à une semence qui dans 3 cas sur 4 ne donne rien.
3 échecs pour 1
seule réussite ! C’est une caractéristique essentielle de la proclamation
de la Parole : Les obstacles sont nombreux.
La Parole est en
concurrence avec d’autres paroles, avec un flot de paroles incessantes et
ininterrompues dans notre monde : celui des médias (journaux et
télévision), d’internet, des réseaux sociaux, qui – il faut l’avouer – bien
souvent, réduisent notre actualité à l’événementiel, à la simplification, à la
caricature ou au voyeurisme.
Au milieu de ce
bruit, de ce flot… de ce chaos médiatique, l’homme n’arrive plus forcément à
faire le tri entre l’essentiel et l’accessoire… entre l’important et le
superflu… et, plus fondamentalement, entre ce qui le construit, ce qui le
nourrit, et ce qui le détruit, ce qui l’abîme.
L’homme est
tellement happé par tout ce qui se présente à lui dans l’immédiateté… qu’il n’a
plus le temps de se poser, pour réfléchir et débattre. Il n’a plus l’occasion
d’entendre, d’écouter la Parole, de la mâcher et de s’en nourrir.
C’est un état de fait : De nos jours, la Parole – la Parole du
royaume – passe complètement inaperçue dans le concert des paroles de ce monde.
Il peut s’agir d’un refus volontaire et conscient. Mais davantage, je crois
qu’il s’agit surtout d’un refus inconscient, par méconnaissance, désintérêt,
manque de temps, surcroît d’activités, autres priorités et autres centres
d’intérêts, pour « Mamon », les dieux de la consommation ou les dieux
du stade.
Au fond… n’est-il
pas plus sécurisant, plus confortable et plus distrayant de ne pas trop se
poser de questions ?
N’est-ce pas une
tendance naturelle de l’homme que d’aller au plus simple, au plus facile… de se
contenter de sa situation ou de se replier sur soi-même, dans l’égocentrisme…
face aux injustices de ce monde, devant lesquelles nous nous sentons si souvent
impuissants ?
Aujourd’hui… qui
se sent encore concerné par la Parole du royaume ?
Qui se préoccupe
véritablement de Dieu et de l’Evangile dans notre société ?
Qui s’interroge
sur ce que Dieu veut et attend de l’être humain ?
Qui se soucie de
connaître le projet de Dieu pour l’homme ?
D’ailleurs,
a-t-on encore besoin de Dieu ? A quoi bon s’encombrer d’un Dieu devenu
inutile et superflu ? Qu’ai-je à attendre de lui ? Que peut-il
m’apporter ce Dieu inconnu ?
Dans notre
société post-moderne… le désir du monde, le désir de consommer, d’avoir, de
posséder, d’accaparer – autrement dit, la convoitise (cf. Mc 4, 18-19) – a
largement pris la place du désir d’être, de vivre en relation... du désir de la
Parole… au sens où elle nous éveille à la relation à Dieu et à notre prochain.
C’est d’ailleurs
un des dangers évoqués dans la parabole : l’avoir et le souci de l’avoir
« étouffent » la Parole et n’en font finalement qu’un discours creux
et improductif (v. 19).
En tant que
Chrétiens, nous devons prendre acte de ce constat et de ce danger qui viennent
nous mettre directement en question.
En tant
qu’Eglise, et en tant que membres de cette Eglise, ce risque d’étouffement…
vient nous interroger sur la Parole que nous proclamons et que nous entendons à
travers la prédication : S’agit-il véritablement de l’Evangile du
royaume ? Sommes-nous pleinement fidèles à cet Evangile ?
Osons-nous faire
raisonner l’Evangile du royaume dans toute sa radicalité… Ou nous
contentons-nous d’un christianisme sage, doux et bien-pensant, qui ronronne en
concordance avec le monde ?
Je crois que si
nous ne voulons pas laisser les graines de la Parole étouffer sous les épines
des préoccupations consuméristes et matérialistes du monde, nous devons sans
cesse nous mettre à l’écoute de cet Evangile et voir en quoi il vient nous
déplacer, nous bousculer, nous déranger.
Nous devons
aussi occuper davantage le terrain de la parole publique pour y faire résonner
cette Parole : une autre parole, un autre discours, d’autres valeurs que
celles du monde…. et y dénoncer toutes les formes d’idolâtrie et de réduction
de l’humanité de l’humain.
Car, c’est bien
ce que fait l’Evangile du royaume… pour peu que nous nous mettions à son
écoute :
Il vient nous
faire sortir de nous-mêmes, de nos ornières, de notre indifférence, de notre
confort, de notre soi-disant impuissance… pour nous ouvrir les yeux, pour nous
appeler à nous mettre en route… à agir… ici et maintenant.[1]
* Enfin, en
lisant cette parabole, nous pouvons relever un 3ème point, un 3ème
étonnement : c’est le succès de la semence, malgré les obstacles et les
échecs.
Dans 3
situations, la semence ne donne rien. Mais, dans le dernier cas – lorsqu’elle
trouve une bonne terre – la récolte débouche sur une production exceptionnelle.
A l’époque de
Jésus, le rendement du fruit dans le cas d’une bonne récolte était vraisemblablement
de 7 pour 1.
10 pour 1 était
déjà exceptionnel.
Dans le cas de
la parabole, le rendement du fruit est de l’ordre de 30, de 60 ou de 100 pour
1. Ce qui est tout a fait démesuré et étonnant. Qui a déjà vu un épi de 100
grains ?
Par ce succès –
cette exagération même – Jésus veut montrer le pouvoir étonnant de la Parole.
Certes, cette
Parole est fragile, mais elle est, en même temps, puissante et
vivifiante : c’est une Parole de vie, susceptible d’engendrer la vie.
En d’autres
termes, l’Evangile nous laisse entendre que le royaume de Dieu est
véritablement manifeste, là où la Parole semée est reçue, accueillie et
transformée en une multitude de fruits abondants.
D’une certaine
manière, nous pouvons voir ces fruits aujourd’hui dans notre monde :
A l’image de la
semence qui produit beaucoup de fruits : 30 pour 1, 60 pour 1, 100 pour 1…
le nombre de Chrétiens et de Protestants ne cesse d’augmenter dans le monde.
Nous pouvons, bien évidemment, nous en réjouir, même si ça ne correspond pas à
notre réalité, ici, en France et en Europe.
Un tel succès
nous pose une question : Comment cette Parole fait-elle pour croître, pour
se développer dans le monde ? Comment la semence fait-elle pour produire
du fruit, qui, à son tour, donnera de nouvelles semences ?
La 2ème
parabole de l’Evangile que nous avons entendue – celle de la graine qui pousse
d’elle-même (cf. Mc 4, 26-29) – nous dit que la semence pousse toute seule,
automatiquement, sans aucun effort particulier de l’humain.
La seule chose
que nous ayons à faire, c’est de nous ouvrir à la Parole, de lui laisser
l’espace – la place nécessaire – afin qu’elle puisse germer et croître
d’elle-même, en nous-mêmes.
Si la semence
pousse ainsi toute seule, mystérieusement, il y a malgré tout un préalable, un apriori : C’est que la semence
soit jetée en terre. Cela veut dire que cette semence qu’est la Parole… pour
pouvoir être entendue… doit préalablement avoir été annoncée et proclamée.
Or, aujourd’hui…
qui témoigne ?… qui annonce vraiment la Parole dans notre pays et notre Europe
en voie de déchristianisation ?
Où peut-on
entendre cette Parole… en dehors des lieux de culte, des temples et des
églises ?
Il me semble que
c’est bien là le problème…
On ne peut pas
attendre de quelques individus isolés – pasteurs ou prêtres – qu’à eux seuls,
ils sèment la Parole.
On ne peut pas
se contenter de semer cette Parole uniquement dans des lieux de culte,
fréquentés par une minorité.
L’Eglise doit
sortir d’elle-même… se faire entendre au-delà de ses mûrs. La Parole doit être
semée plus largement : ailleurs et par d’autres semeurs.
En bref… si
cette Parole que nous avons reçue, n’est pas transmise et semée par nous-mêmes…
par ceux-là même en qui elle a pris racine et germé… alors, qui d’autre – sur
qui devrons-nous compter – pour la répandre et la transmettre ?
Avant de savoir
si la semence /la Parole va ou non trouver un bon terrain /une oreille
attentive et un cœur ouvert… – ce qui dépend de l’auditeur – … il faut déjà savoir si la semence a (ou non) été
semée.
Et cela dépend
de nous !… cela dépend de ceux qui ont été ensemencés… de ceux chez qui la
graine a déjà pris racine.
Ainsi, dans la
parabole, lorsque Jésus parle d’une Parole capable de « donner du fruit »
(v.8), de « porter du fruit » (v. 20), nous devons y déceler 2
aspects :
- Ce sont, d’une
part, les fruits de la semence, les fruits de la Parole dans la vie de chacun… des
fruits dont nous sommes au bénéfice, par l’effet-même de la croissance de la
Parole dans notre vie, par la transformation produite et la fructification en
chacun.
- Mais, d’autre
part, ce sont aussi des fruits – de nouvelles semences – destinées aux autres.
Il faut que les
fruits – les nouvelles graines ainsi obtenues – puissent, à leur tour, être
largement répandues à destination de tous… afin que d’autres hommes puissent
s’en nourrir.
Nous sommes donc
appelés, tour-à-tour, à être le terrain qui accueille la graine… et – une fois
que cette graine a germé… une fois qu’elle a fécondé notre existence et
fructifié en nous – nous sommes aussi appelés à être des semeurs, à semer la
graine de la Parole, autour de nous… à la suite de Jésus.
Dans les épîtres
de Paul, « semer » est synonyme d’« annoncer » (cf. 1 Co 9,
11 ; Ga 6, 7-8).
Si on rapporte
aussi ce sens à cette parabole, cela signifie bien que nous sommes, d’une part,
appelés à accueillir la graine de la Parole en nous, et, d’autre part, invités
à semer les fruits de cette graine – de nouvelles graines – autour de nous.
Cela s’appelle,
en jargon théologique, la régénération et la sanctification (comme processus de
participation et de transformation) et le témoignage, la proclamation (comme
processus de transmission de la Parole reçue).
Conclusion :
Alors… chers amis… pour conclure…. que peut-on retenir de cette méditation
En écoutant ces
paraboles ce matin, nous nous rappelons cette évidence que nous ne savons
jamais réellement où tombe la semence.
Peut-être qu’à
certaine période de notre vie, avons-nous été comme des endroits pierreux ou
jonchés d’épines, et peut-être qu’à d’autres moments, sommes-nous comme de la
bonne terre ?
Quoi qu’il soit,
il ne tient qu’à nous de nous mettre véritablement à l’écoute de la Parole, et
de marcher à la suite du Christ, Celui qui a été à la fois semeur et semence.
Par ailleurs, si
cette parabole du semeur nous invite à ouvrir nos oreilles et notre cœur pour
recevoir la Parole… elle nous rappelle ce qu’écouter veut dire.
Ecouter la
Parole, ce n’est pas simplement l’entendre et y adhérer de façon
intellectuelle. Jésus ne nous appelle pas à dire « oui et amen… je crois
en Dieu… ou, oui, je crois à la déclaration de foi de l’Eglise Protestante Unie ».
Bien plutôt, il nous appelle à emprunter un chemin, à suivre une route… celle
de l’Evangile… en nous engageant dans la quête du Royaume.
Ecouter la
Parole, relève d’une adhésion existentielle, qui implique toute notre vie….
notre être, dans toutes ses dimensions. Il est question ici d’accueillir une
Parole, de se l’approprier, pour en vivre, pour nous laisser transformer par
elle, pour porter du fruit.
Et c’est en cela
que la Parole de Dieu n’est pas de l’ordre d’une bonne morale à appliquer.
Jésus ne s’adresse pas à nous de l’extérieur, comme quelque chose – une loi – qui
s’imposerait à nous. Il vient nous parler, nous toucher, nous saisir, de
l’intérieur. Il s’adresse à notre intériorité, à notre âme, à notre cœur, pour
nous laisser déplacer et transformer par sa Parole.
C’est en cela
que l’image de la semence est une excellente comparaison : pour peu que
nous ouvrions les portes de notre cœur, de notre intériorité, la parole de Dieu
peut pénétrer en nous comme une semence dans la profondeur de la terre. Et dès
lors, elle peut pousser en nous, pour nous faire grandir et produire du fruit.
Dès lors… ces
fruits produits…nous n’en sommes pas les seuls bénéficiaires. Ils sont destinés
à être répandu sur d’autres terrains. Nous sommes appelés, à notre tour, à être
des semeurs de semence, à être des témoins… à annoncer l’Evangile.
Car, c’est bien
à cela que servent les semences : une fois produites, elles doivent être
jetées en terre, pour d’autres, pour pouvoir pousser ailleurs dans de nouveau
champs.
Cela est de
notre responsabilité. C’est à nous de semer l’Evangile autour de nous, d’oser
témoigner de Celui qui nous fait vivre en vérité.
Je sais bien que
dans notre Eglise réformée, nous sommes souvent timides et réservés à ce sujet.
Mais, avouons-le humblement, c’est un tord !
Et c’est
peut-être une des raisons pour lesquelles nos temples sont loin d’être plein :
Nous ne semons pas assez l’Evangile autour de nous… nous n’osons pas le
faire !
Mais, comment
voulons-nous que notre monde change et se transforme… comment voulons-nous
qu’il soit salé au goût de l’Evangile… si nous-mêmes nous ne le faisons
pas ?
Être semeur de
la Bonne Nouvelle, ce n’est pas un travail réservé à Jésus, aux apôtres ou aux
pasteurs. Tout chrétien qui place sa confiance en Dieu et en sa Parole est
appelé à le faire.
Il est appelé à
témoigner autour de lui, à sa famille, à ses amis, à ses relations, de ce qui
est important dans sa vie, de ce qui lui donne du sens, du poids, de la
profondeur… de ce qui l’oriente dans ses choix de vie.
Chers amis, nous
sommes parfois fatigués ou pessimistes de voir nos temples se vider… cessons de
nous inquiéter ou de le regretter et passons à l’action :
- Tout d’abord,
soyons confiant dans l’œuvre divine : l’Esprit saint continue de souffler,
ici et maintenant, aujourd’hui comme hier.
- D’autre part,
n’ayons pas peur… n’ayons pas peur de participer au débat public et privé dans
notre réseau relationnel et dans notre ville.
En tant que
Chrétiens, nous avons des choses à dire sur notre manière de voir le monde.
Nous avons une
Parole à annoncer face aux impasses ou aux mauvaises orientations que peut
prendre notre monde ou nos gouvernants.
Nous avons une
espérance à dire dans un monde bien souvent désabusé, sans direction et sans
perspective.
Nous avons une
Parole de protestation à faire entendre là où règne l’injustice, là où les plus
faibles, les plus petits sont écrasés, par la convoitise des puissants.
N’ayons pas peur
de faire usage de notre parole, car si cette parole est nourrie et habitée de
la Parole de Dieu… soyons assurée qu’elle jettera des semences d’amour, de
confiance et de guérison, aptes à transformer positivement notre monde.
Amen.
[1]
Mais, dans notre société, il n’y a
pas que cela… les gens ont aussi soif de spiritualité et de développement
personnel. C’est vrai ! On voit se développer de plus en plus de
propositions de coaching personnel.
Ici ou là apparaissent des propositions
de formations. En ville, j’ai récemment vu une affiche : « Atelier de
croissance personnelle - Oser se construire pour mieux vivre ».
Pour autant, il faut également interroger
ce type d’offre ou de demande :
Est-il tournée vers soi, vers un
développement de l’ego… ou vers les autres, vers un « être plus attentif
et plus attentionné » à l’autre.
Est-ce que « je me construis »
moi-même, tout seul, par mes seules forces ou est-ce à travers la Parole d’un
Autre, le dialogue avec un autre.
Prenons l’exemple de la prière. Dans la
mesure où elle nous met en relation intime avec Dieu et avec nous-même, je suis
convaincu que, loin de nous recroqueviller sur nous-mêmes, la prière nous ouvre
aux autres et à la préoccupation du prochain.
Mais, est-ce le cas de toutes les formes
de spiritualités, de méditations ou des demandes plus ou moins ésotériques et
magiques que nous pouvons rencontrer aujourd’hui ? Je n’en suis pas
convaincu.
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