Lectures bibliques : Lc 15, 11-24 ;
Mt 25, 31-46 (extr.) = voir en bas de cette page.
Thématique :
le salut par la grâce : un point central de la foi protestante / Mt 25 à
la lumière de Lc 15 / Annexe : des différences entre catholiques et
protestants.
Prédication de
Pascal LEFEBVRE / Marmande, le 18/09/16 – Baptême d’Andreas
* Prédication :
Pour parler de
ce qui caractérise la foi protestante, j’aimerais revenir avec vous sur les
textes bibliques que nous avons entendus, ce matin, pour vous montrer qu’ils affirment
des éléments substantiels, des enseignements importants, que les Protestants
vont reprendre à leur manière, en parlant du « salut par grâce, par le moyen de la foi », c’est-à-dire
de la grâce seule (sola gratia) et de
la foi seule (sola fide), indépendamment
des œuvres.
En effet, vous
savez que la confession protestante existe depuis le 16e siècle,
depuis les prises de positions de Martin Luther et de Jean Calvin, deux
réformateurs déterminants.
Une des
affirmations fondatrices de la Réforme porte sur le sujet du salut et affirme que ce
salut est gratuit, qu’il vient entièrement de Dieu.
L’homme est « justifié »
(rendu juste, accepté) par pure grâce, sans avoir à faire quelque chose pour
cela.
Ce n’est pas par
nos mérites, nos actions ou nos bonnes œuvres que nous sommes sauvés de nos
fautes, de nos erreurs ou nos errances, mais du fait de l’amour de Dieu, de sa
compassion et de sa miséricorde envers ses enfants, les êtres humains.
Cet amour de
Dieu qu’on appelle « la grâce » est un don de Dieu : il aime les
humains et c’est cet amour inconditionnel qui nous sauve, qui nous libère.
Nous n’avons pas à mériter son amour. Il nous est donné, parce que Dieu est
comme un père qui aime ses enfants, indépendamment de leurs actes, sans mérite de
leur part, par pure grâce. L’amour est un cadeau. Il est totalement gratuit.
Ce message,
c’est celui qui est porté – bien avant le 16e siècle – dans le
Nouveau Testament, à la fois par Jésus et par l’apôtre Paul.
Pour nous parler
de Dieu – son Père, notre Père – Jésus choisit justement la figure du père de
famille dans la parabole du fils prodigue :
Il nous fait
comprendre que Dieu est à l’image de cet homme bien aimant et bienveillant, qui
aime toujours son fils cadet, même quand il réclame sa part d’héritage et décide
de partir au loin. Il est celui qui attend avec patience le retour de son
enfant. Et quand il l’aperçoit au loin, il est celui qui fait les premiers pas
de l’accueil : Non seulement, il se jette au cou de son fils et le couvre
de baisers, en lui ouvrant les bras, sans un seul reproche, sans remarque, sans
colère. Mais il est aussi celui qui organise une grande fête pour se réjouir du
retour de son enfant.
Cet accueil
inconditionnel, ce retour offert, c’est comme une vie nouvelle qui est accordée
au fils cadet. C’est comme une résurrection : celui qui s’était éloigné de
son père est enfin revenu vers lui. Il a enfin pris conscience de l’amour, de
la confiance et de la liberté qui étaient là, dès le premier jour. C’est comme
un retour à la vie. C’est la joie, à la fois, dans le cœur du père et dans
celui du fils.
En d’autres
termes, cette parabole – à travers la figure du père de famille – nous permet
de comprendre l’accueil de Dieu pour tous ses enfants : Dieu aime tous les
humains, y compris ceux qui s’éloignent de lui, y compris les pécheurs, les
personnes qui se trompent de route, qui gâchent leur vie ou qui se perdent.
Bien plus, Dieu
se réjouit dès qu’un de ses enfants décide de reprendre le chemin de la
relation avec lui… dès qu’il choisit de vivre en « enfant de Dieu ».
Son amour est
inconditionnel. Son salut est gratuit. C’est une des principales affirmations
de la Réforme protestante.
Bien entendu… c’est
important de rappeler cela, ce matin… mais il ne faut pas s’arrêter en
chemin :
Dans son
enseignement, Jésus ne se limite pas à dire que Dieu est à l’image d’un père
bien-aimant… en fait, il va beaucoup plus loin :
il nous appelle à
agir de la même façon… il nous invite à imiter Dieu (cf. Lc 6,36 voir aussi Ep
5,1).
Puisque nous sommes
ses enfants, il nous encourage à agir comme notre Père céleste : à faire,
nous aussi, preuve de grâce, d’amour, de bienveillance, de miséricorde, de
compassion envers nos frères humains… envers nos enfants, nos parents, nos
collègues ou nos voisins.
Cette
exhortation de Jésus, cet appel qu’il lance à ses disciples, sonne comme une
conséquence de l’amour de Dieu :
Puisque Dieu est bon, imitez-le :
soyez bons ! « Soyez miséricordieux comme votre Père est
miséricordieux » (cf. Lc 6, 36)
Ainsi, n’aimez pas seulement vos amis,
aimez même vos ennemis, faites du bien à tous ! y compris ceux qui ne sont
pas aimables ou qui ne le mérite pas. De cette façon – dit-il – vous serez les
fils du Très-haut – les enfants de Dieu – car lui est bon pour tous, y compris
pour les ingrats et les méchants (cf. Lc 6, 35 ; Mt 5, 43-48).
Les actes
d’amour, de fraternité, de solidarité auxquels Jésus nous appelle découlent de
l’amour premier de Dieu : nos œuvres bonnes sont une conséquence de la
grâce reçue de Dieu, de son amour inconditionnel pour nous.
Cette
affirmation est un renversement de perspective par rapport à ce que la grande
Eglise (l’Eglise catholique) enseignait avant le 16e siècle. On
pensait qu’il fallait faire de bonnes œuvres, pour mériter son paradis… et éviter
l’enfer, les peines éternelles.
Pour les
réformateurs, l’évangile affirme les choses dans l’autre sens : c’est
parce que nous sommes sauvés, que nous sommes appelés à agir en conséquence, et
à mettre en pratique – à incarner – l’amour de Dieu, par des œuvres bonnes.
Contre toute
attente, on peut aussi comprendre cela à travers le passage de l’évangile de
Matthieu (chap.25) dont nous avons entendu un extrait.
En fait, tout
dépend de la manière dont nous interprétons ce texte.
A travers un
mythe ou une parabole (selon la manière dont on l’interprète), Jésus annonce
que ceux qui se sont approchés de leurs frères les plus petits, les plus
faibles : les malades, les affamés, les étrangers, les prisonniers… en
réalité, se sont approchés du Christ…. on pourrait même dire de Dieu lui-même.
Ce que nous
enseigne ici Jésus, c’est que nous sommes « Un » : tous les
humains sont unis. Lorsque vous faites du bien à votre prochain, c’est comme si
vous faisiez du bien au Christ, à Dieu lui-même, c’est comme si vous vous
faisiez du bien à vous-mêmes, car nous sommes en communion les uns avec les
autres, tous unis.[1]
A contrario, quand vous ne faites rien pour autrui,
quand vous vivez dans l’indifférence vis-à-vis des autres, sans compassion,
sans amour, sans fraternité… c’est comme si vous vous éloigniez de Dieu
lui-même, de votre âme, de la part de divinité qui est en vous.
Vous n’agissez
plus en « fils de Dieu », vous vous éloignez de votre véritable
vocation, de votre vrai Soi (donc de Dieu) : vous n’écoutez plus que votre
petit égo ou votre convoitise.
On comprend de
la sorte que le message de Jésus est très actuel. A travers ces images, il
parle de notre vie d’aujourd’hui. Il nous dit : Puisque Dieu vous aime, aimez votre prochain ! Tout ce que vous
faîtes pour autrui, c’est comme si vous le faisiez à vous-même : vous en
récolterez des fruits (cf. Lc 6, 38).
Mais, nous
n’avons pas toujours interprété ce passage dans ce sens.
Le plus souvent,
nous l’avons compris littéralement, comme un jugement dernier, où un personnage
céleste, le Fils de l’homme, le Juge glorieux de Dieu, séparera les humains en
2 camps : les bénis, promis au paradis… et les maudits, promis à l’enfer et
aux peines éternelles.
Alors, qu’en
fait, ces 2 camps – celui des brebis et celui des chèvres, ceux qui écoutent
Dieu et ceux qui s’en distancient – traversent nos personnes et nos existences…
traversent chacun d’entre nous, tour à tour. Car, aucun de nous n’est
parfaitement juste.
C’est donc un
conseil de vie que Jésus nous donne, à travers ces images : il nous invite
à nous mettre à l’écoute de Dieu et à vivre la fraternité au quotidien… il nous
appelle à le faire dans notre propre intérêt : dans le but d’exprimer
notre vrai Soi, en relation avec Dieu.
Il nous rappelle
que « l’amour du prochain » et « l’amour de Dieu » sont une
seule et même chose… puisque nous sommes « Un », tous frères, tous unis
en Dieu. (Voir aussi en ce sens 1 Jn 4,
20-21)
Malheureusement,
la grande Eglise a transformé cet enseignement en une doctrine : celle « des
bonnes œuvres » qui nous permettraient d’obtenir le salut… une doctrine fondée
sur la peur : la peur d’être maudit et banni du paradis, si on faisait rien
ou si on agissait mal.
Seulement… de la
sorte… on a fini par nier ou par oublier que Dieu était comme un Père
bien-aimant et compatissant… et on est revenu à la figure de Dieu comme celle
d’un grand Juge capable de nous infliger des tourments, des punitions ou des
châtiments, en cas d’erreur et de fautes de notre part.
En bref, on a
dévoyé l’enseignement de Jésus, la Bonne Nouvelle de l’Evangile.
Nous devons
comprendre que, dans son enseignement… la plupart du temps… Jésus nous parle
d’aujourd’hui, ici et maintenant… Et s’il nous parle occasionnellement du monde
avenir, de l’au-delà, c’est en réalité, pour nous appeler à agir ici-bas, dans
notre monde.
Ainsi, ce qu’il nous
révèle – à travers cette image, cette parabole, ce grand mythe du jugement
dernier – c’est le fait que si nous continuons à penser « chacun pour
soi »… dans l’avenir, notre monde court à sa perte : notre
individualisme et notre égoïsme déboucheront sur une catastrophe.
A contrario, si nous avons conscience que nous sommes
unis, nous sommes « Un », tous en relation avec Dieu et avec nos
frères…. Si nous avons vraiment conscience de l’amour inconditionnel de Dieu
pour nous… alors nous agirons dans le même sens, nous donnerons de l’amour, de
la gratuité… nous partagerons, nous ferons attention aux autres… nous prendrons
soin d’eux : alors, notre monde sera peu à peu à l’image du Royaume :
un lieu magnifique et paisible qui advient quand Dieu règne sur nos cœurs et
nos pensées.
La découverte de
la Réforme, l’insistance des Protestants, c’est cela : la grâce de Dieu,
son amour gratuit pour nous : cette grâce nous sauvera demain… et nous sauve
dès maintenant, si nous comprenons que, dans notre monde, Dieu n’a pas d’autre
cœur que nos cœurs pour aimer… pas d’autres bras que nos bras pour soutenir les
autres… pas d’autres pieds que nos pieds pour aller à la rencontre de notre
prochain.
L’amour de Dieu
nous sauve, si nous le recevons et si nous nous l’approprions, pour le manifester
et le mettre en pratique.
Certes… il est inconditionnel… mais nous sommes
appelés à l’incarner, comme Jésus Christ a su l’incarner.
Alors, oui… en
ayant conscience de la confiance que Dieu nous fait… en ayant conscience de son
amour pour nous… nous pouvons aimer autrui sans condition et répondre à l’appel
de Jésus Christ :
« Cherchez d’abord le règne de Dieu
et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroit ! » (Mt
6, 33)
Amen.
* Nous indiquons ci-après le début de
la prédication qui précisait des points de similitudes et de différences
entre les confessions protestantes et catholiques. Il s’agissait davantage
d’une information générale, à destination de personnes découvrant le
Protestantisme, que d’une méditation biblique : c’est la raison pour
laquelle, nous plaçons ce texte en suivant, comme une annexe :
[La famille
d’Andreas, notre petit baptisé, m’avait demandé, aujourd’hui, de parler de la
différence entre les Protestants et les Catholiques, car dans cette assemblée,
ce matin, il y a des personnes qui viennent du catholicisme, d’autres, du
protestantisme, et d’autres encore, qui s’interrogent sur la foi chrétienne ou
la spiritualité.
Alors, que dire
en peu de temps sur toutes les différences entre les deux confessions
chrétiennes ?
Tout d’abord, il
faut commencer par relativiser ces différences. En effet, les Chrétiens, quel
que soit leur attachement ecclésial, se tournent vers le même Dieu, qu’ils
appellent « Père » ou « Eternel » … vers le même
Messie : Jésus, le Christ, qui est venu révéler aux humains l’amour de
Dieu pour sa création et ses créatures… et vers le même Esprit : l’Esprit
saint, qui est en fait l’Esprit de Dieu, son souffle, qui donne la vie et
insuffle l’amour.
En ce sens, il
n’y a qu’un seul baptême : un baptême chrétien. C’est là
l’essentiel !
Quels que soient
les principes, les dogmes ou les traditions ecclésiales, chaque chrétien est
reconnu comme « enfant de Dieu », frère et sœur de Jésus Christ.
La foi est une
confiance : confiance en la grâce de Dieu, que la vie et l’enseignement de
Jésus Christ sont venus dévoiler et révéler.
Au-delà de cet
essentiel, il y a un certain nombre de différences qu’on peut rappeler succinctement
(sans ordre particulier), mais que vous connaissez sûrement :
-
Les
Protestants parlent du « soli Deo
gloria » : A Dieu seul la gloire !... pour dire qu’ils ne
prient que Dieu, qu’ils ne rendent gloire qu’à Dieu seul. Il n’y a donc pas de
vénération des saints, chez les Protestants. De même, qu’ils ne prient pas
Marie, la mère de Jésus. En général, quand on prie, on s’adresse à Dieu, au nom
de Jésus Christ.
-
Les
Protestants s’appuient essentiellement sur la Bible, qui fait, pour eux,
autorité. Ils appellent cela le « Sola
scriptura », le principe de « l’Ecriture seule ». C’est une
manière de dire qu’ils se nourrissent des enseignements de la Bible (éclairée
par l’Esprit saint), mais que la tradition – par exemple, ce qu’on pu dire les
pères de l’Eglise au 4ème siècle, comme Augustin, ou bien d’autres –
n’a pas la même valeur… en tout cas, pas la même autorité, la même importance,
que ce que dit, par exemple, Jésus dans les évangiles.
-
Ensuite,
les Protestants s’appuient aussi sur le principe du « sacerdoce
universel », qui signifie que, pour eux, tous les chrétiens sont à égalité
et tous sont appelés à vivre et à agir comme le Christ : à être
« prêtre, prophète et roi ».
En
ce sens, il n’y a pas, d’un côté, des clercs, des prêtres ou des évêques, et de
l’autre, des laïques. Nous sommes tous, potentiellement, des prêtres : un
peuple de prêtre, en relation avec Dieu. Il découle de ce principe qu’il n’y a
pas de pape chez les Protestants. Il n’y a pas de hiérarchie. Le Christ est le
seul chef de l’Eglise. Les décisions – dans l’Eglise Protestante Unie – sont
prises par des synodes, qui réunissent des représentants, des délégués des églises
locales. Chacun a son mot à dire et chacun a la liberté et la possibilité
d’interpréter les Ecritures, pour éclairer son point de vue. Les pasteurs (ou
les aumôniers) sont reconnus dans leur fonction par l’Eglise, mais ils ne font
pas partie d’une classe particulière, d’un ordre différent des autres : ce
sont des hommes comme tout le monde, qui peuvent se marier et avoir des
enfants. Ils sont justes reconnus pour l’appel spécifique qu’ils ont reçu, pour
avoir souhaité répondre à leur vocation, et pour avoir entrepris des études de
théologie.
-
Du
coup, tous ces principes ont aussi des conséquences sur le style et la décoration
des bâtiments : les temples sont en général assez dépouillés (comme vous
avez pu le remarquer). Il n’y a pas de statues, mais seulement une croix et
parfois une Bible sculptée qui rappelle le principe de l’autorité des
Ecritures. De ce fait, les Protestants ne croient pas à l’infaillibilité
pontificale et n’accordent aucune autorité particulière à un pape. De même, il
découle de cela, beaucoup de liberté : liberté de penser et liberté de
conscience, qui sont des notions importantes : chacun peut utiliser sa
propre conscience pour interpréter les Ecritures (comme Martin Luther l’a
fait). Cette « liberté » à son pendant qui est la
« responsabilité » : Puisque Dieu nous donne la liberté de
penser, de parler et d’agir, comme nous le souhaitons, comme la Bible nous le
propose, il en résulte que nous sommes responsables de notre vie, de nos choix
et de nos relations avec autrui : la liberté implique à la fois,
discernement, conscience et responsabilité.
-
Par
ailleurs, il y a encore bien d’autres points qui distinguent les Protestants
des Catholiques : par exemple, les sacrements et tout un domaine qu’on
appelle « l’eschatologie », c’est-à-dire la manière de penser les
choses dernières : aussi bien « le monde à venir » que la fin de
notre existence, avec ce qui se passera après la mort :
Concernant,
les sacrements, les Protestants ne reconnaissent que 2 sacrements : le
baptême et la sainte-Cène (la communion) : car ce sont des gestes qui ont
été institués par Jésus Christ ou qui ont reçu une signification particulière
avec/par Lui. Un sacrement est un signe : il est le signe visible d’une
grâce invisible. Le sacrement dit… il parle, il agit… à travers un geste, qui –
accompagné d’une parole – atteste de l’amour de Dieu pour nous.
D’autres
part, du point de vue de l’eschatologie, les Protestants se différencient des Catholiques.
Il ne croient pas, par exemple, au purgatoire. Car la Bible n’en parle pas. Ils
croient, en revanche, à la vie éternelle, comme les autres chrétiens, qui est
une manière de dire que notre vie ne s’achève pas avec la mort biologique, mais
que l’amour et le projet de Dieu pour nous sont plus vastes que ce qui peut
paraître… que notre existence ne se cantonne pas au domaine visible, à la
matérialité : en un mot, que notre âme ou notre corps spirituel sont
promis à la Vie, dans une autre dimension de la réalité.
De
même, certains protestants contestent l’existence de « l’enfer », car
cette notion dérive initialement du monde païen et des mythes grecs. Elle a été
introduite tardivement dans la pensée juive et chrétienne, et souvent à cause
de problèmes de traduction. Par exemple, dans le Nouveau Testament, Jésus parle
(dans la traduction grecque) de « l’Hadès » c’est-à-dire du
« shéol », du séjour des morts, en affirmant sa foi en la résurrection.
Ou encore, il appelle à une prise de conscience et à un changement de
mentalité, en avertissant d’une catastrophe à venir, si rien ne change, en
parlant de « la géhenne », c’est-à-dire d’une décharge publique à
Jérusalem, qui servait d’incinérateur. Mais, sous l’influence de la culture
grecque, peu à peu, on a traduit ces différents termes par le mot « enfer »,
faisant imaginer des peines éternelles et infernales à ceux qui désobéiraient à
Dieu. Or cette manière de voir les choses ne correspond sans doute pas à
l’enseignement de Jésus.[2]
Bref… il y
aurait encore beaucoup à dire, mais je vais m’arrêter là pour ce qui est des
similitudes et des différences entre Catholiques et Protestants… l’essentiel
n’étant pas dans les dogmes, mais dans la Confiance qu’on donne à Dieu, en
réponse à sa Grâce.]
(suite de la méditation : voir plus
haut)
* Textes bibliques
Evangile selon Luc – chap. 15 (extraits)
Les collecteurs d’impôts et les pécheurs
s’approchaient tous de Jésus pour l’écouter. 2Et les Pharisiens et les scribes murmuraient ; ils
disaient : « Cet homme-là fait bon accueil aux pécheurs et mange avec
eux ! » 3Alors
il leur dit cette parabole […] :
« Un homme avait deux fils. 12Le plus jeune dit à son
père : “Père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir.” Et le père
leur partagea son avoir.
13Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout réalisé,
partit pour un pays lointain et il y dilapida son bien dans une vie de
désordre. 14Quand
il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à
se trouver dans l’indigence. 15Il
alla se mettre au service d’un des citoyens de ce pays qui l’envoya dans ses
champs garder les porcs. 16Il
aurait bien voulu se remplir le ventre des gousses que mangeaient les porcs,
mais personne ne lui en donnait.
17Rentrant alors en lui-même, il se dit : “Combien
d’ouvriers de mon père ont du pain de reste, tandis que moi, ici, je meurs de
faim ! 18Je
vais aller vers mon père et je lui dirai : Père, j’ai péché envers le ciel
et contre toi. 19Je
ne mérite plus d’être appelé ton fils. Traite-moi comme un de tes
ouvriers.”
20Il alla vers son père. Comme il était encore loin, son père
l’aperçut et fut pris de pitié : il courut se jeter à son cou et le
couvrit de baisers. 21Le
fils lui dit : “Père, j’ai péché envers le ciel et contre toi. Je ne
mérite plus d’être appelé ton fils…” 22Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez
la plus belle robe, et habillez-le ; mettez-lui un anneau au doigt, des
sandales aux pieds. 23Amenez
le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, 24car mon fils que voici était mort et il est revenu à la
vie, il était perdu et il est retrouvé.” […] »
Evangile selon Matthieu – Chap. 25
(extraits)
31« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire,
accompagné de tous les anges, alors il siégera sur son trône de gloire. 32Devant lui seront rassemblées
toutes les nations, et il séparera les hommes les uns des autres, comme le
berger sépare les brebis des chèvres. 33Il placera les brebis à sa droite et les chèvres à sa gauche.
34Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite :
“Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé
pour vous depuis la fondation du monde. 35Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai
eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger et vous m’avez
recueilli ; 36nu,
et vous m’avez vêtu ; malade, et vous m’avez visité ; en prison, et
vous êtes venus à moi.”
37Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand nous
est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te donner à
boire ? 38Quand
nous est-il arrivé de te voir étranger et de te recueillir, nu et de te
vêtir ? 39Quand
nous est-il arrivé de te voir malade ou en prison, et de venir à toi ?”
40Et le roi leur répondra : “En vérité, je vous le
déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont
mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait !”
41Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche :
“Allez-vous-en loin de moi… […] En vérité, je vous le déclare, chaque fois
que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne
l’avez pas fait.
[…] »
[1] En d’autres termes
« ce qu’on offre aux autres, on se le donne, puisque nous ne faisons qu’Un ».
Il en découle ce que Jésus affirme comme la règle d’or : « Tout ce
que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le vous-même d’abord
pour eux » que l’on pourrait reformuler de la façon suivante :
« Fais aux autres ce que tu voudrais que l’on te fasse ». « Tout
ce dont tu veux faire l’expérience en toi-même, sois en la source dans la vie
des autres ».
[2] “Le fait que les premiers traducteurs de la
Bible ont invariablement rendu par « enfer » le mot hébreu « Shéol »
et les termes grecs « Hadès » et « Géhenne », a été cause
d’une grande confusion et d’interprétations erronées. La simple transcription
de ces mots, par les traducteurs des éditions révisées de la Bible, n’a pas
suffi à dissiper la confusion et les fausses conceptions.” — The Encyclopedia
Americana (1942), tome XIV, p. 81.
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