Lectures bibliques : Mt 4, 1-11 ; Mt 5, 38-45 + 1 Pierre 5, 5-11 ; Ep 6, 10-18
Thématique : résister autrement
Prédication de Pascal LEFEBVRE - Bordeaux, le 19/01/2025 (temple du Hâ)
Nous abordons aujourd’hui, le deuxième volet d’une série de méditations sur trois verbes : « innover, résister, espérer ».
Bien des personnalités (connues ou non) ont pu appeler leurs contemporains à la « résistance » face à l’oppression…
Peut-être avez-vous entendu, ce matin, l’émission « Solaé » sur France Culture, qui mettait à l’honneur Adelaïde Hautval, une psychiatre, fille de pasteur, qui marquera son temps par son combat et sa résistance face aux médecins nazis.
Peut-être avez-vous simplement en mémoire les paroles de cette chanson populaire de France Gall :
« Résiste ! - Prouve que tu existes - Cherche ton bonheur partout, va - Refuse ce monde égoïste - Résiste ! »
Ou encore… les paroles du théologien Jacques Ellul qui écrivait : « exister, c’est résister ».
Il ajoutait : « On ne peut pas créer une société juste avec des moyens injustes. On ne peut pas créer une société libre avec des moyens d’esclaves ». C’était le centre de sa pensée.
Dans toute son oeuvre, le penseur bordelais - Jacques Ellul - a poursuivi essentiellement ce but : « affirmer et défendre la liberté de l’homme, face aux périls qui la menacent ».
Et, il a nommé ces différents périls : à commencer par « le bluff technologique », en dénonçant la toute-puissance du système technicien… avec ses dérives et ses conséquences : l’esclavage de l’être humain face à l’essor de la technique, l’idolâtrie de la puissance, la rupture entre les puissants (les gens de pouvoir) et les gens ordinaires, la propagande et la manipulation médiatique, le dérèglement climatique, les pollutions de toutes sortes, les crises alimentaires, etc.
Pour Ellul, la nécessité technique - qui occupe désormais tous les domaines de notre vie - a fini par étouffer les possibles des peuples et des consciences.
Dès lors, notre société a-t-elle sombré dans l’absurde ?
Est-il quand même possible d’avoir une conscience éveillée dans le monde d’aujourd’hui ? Et d’oser encore « résister » aux dérives du monde, en restant libres ?
A quoi faut-il résister aujourd’hui ?…
Comment garder un esprit libre et éveillé ?
Je vous propose d’essayer d’esquisser quelques réponses… en nous appuyant non-pas sur Jaques Ellul (car il faudrait prendre du temps pour examiner l’ensemble de sa pensée), mais en explorant quelques passages de l’Evangile… Car, Jésus lui aussi a fait preuve de « résistance »… et appelle ses disciples à faire de même…
A quoi faut-il « résister » pour être des disciples du Christ ?
D’abord, il faut dire que, paradoxalement, Jésus appelle ses interlocuteurs à « résister » et à « ne pas résister ». Car « résister », c’est risquer de donner de la place et de l’importance à ce à quoi on s’oppose. [cf. NOTE 1]
Il y a donc des choses qu’il faut refuser, contre les lesquelles, il est nécessaire de s’opposer, de tenir ferme (sans céder), de se battre, de lutter… Mais il y a aussi des choses qu’il faut mieux laisser passer, laisser tomber - sans réagir - car se battre contre elles, c’est courir le risque de donner davantage de place à des forces hostiles et menaçantes.
1) Commençons par ce à quoi il faut « résister ».
Dans la Bible, dans l’épitre de Jacques - chap. 4, v.7, il est écrit : « Résistez au diable, et il fuira loin de vous. ». Le croyant est appelé à vivre en lien avec le Père céleste et à résister au Tentateur, à ce qui risque de le diviser.
Car le Diable - comme le rappelle l’étymologie du mot « diabolos » - c’est la figure de ce qui divise, qui détourne… par extension, c’est la personnification de ce qui désunit, qui sépare.
Il est donc nécessaire de persévérer dans le chemin de la foi, de la confiance en la Providence de Dieu (qui nous donne déjà tout ce dont nous avons besoin)… afin des résister aux tentations de l’adversaire.
Nous avons tous en mémoire ce fameux récit des tentations de Jésus au désert (que nous venons de ré-entendre, ce matin) où le Christ résiste aux assauts du diviseur.
- Ces assauts commencent avec une mise en doute de l’identité profonde de l’individu… la remise en question de sa filiation : « si tu es fils de Dieu… alors… montre-le ! ».
C’est comme si Jésus - et plus largement l’être humain - devait prouver son origine, son être profond, sa filiation … Comme si nous devions prouver la valeur ou la dignité qui nous est offerte par Dieu… qui nous prend gratuitement pour ses enfants (cf. Rm 8, 14-17).
- La première tentation concerne ce qui nous fait vivre : avons-nous seulement besoin du pain matériel ? Ne courons-nous pas le risque, parfois, de devenir esclaves de nos besoins corporels ?
Qu’en est-il du reste de notre vie… de nos besoins, de nos désirs profonds ?
N’avons-nous pas aussi besoin du pain spirituel, de la Parole de Dieu ?
Cette question est toujours valable, 2000 ans plus tard : quelle place laissons-nous à la spiritualité dans notre société et notre quotidien ?
Qu’est-ce qui nourrit véritablement et durablement notre être et notre joie de vivre ?
- La deuxième tentation concerne notre rapport à Dieu et le penchant que nous pouvons avoir de mettre Dieu à notre service… de nous servir de Lui, pour obtenir satisfactions, avantages ou protection… tout en prenant parfois des risques inconsidérés.
Faut-il demander à Dieu des preuves et des signes, pour croire en Lui ? Evidemment, Non ! La foi est simplement confiance.
Elle ne consiste pas à mettre Dieu à l’épreuve ni à se servir de Lui, pour obtenir des solutions miracles.
- La troisième tentation interroge le désir de toute-puissance qui peut être celui de l’égo.
L’avidité est la tentation récurrente de l’être humain.
Mais accéder à ce désir insatiable et à ses apparences - en vouloir « toujours plus », désirer la toute-puissance, par orgueil, volonté de pouvoir ou désir de richesse - ce serait courir le risque de se détourner de l’essentiel : à savoir, notre relation à Dieu.
Jésus en est parfaitement conscient. On ne peut adorer deux maîtres : Dieu et Mammon (cf. Mt 6,24).
Aussi renonce-t-il à la toute-puissance, à la domination et à la possession, pour rester en communion avec le Père céleste.
Jésus résiste ainsi aux appels du Tentateur et sort victorieux de ce duel avec tout ce qui risquerait de l’éloigner de Dieu.
Qu’en est-il pour nous ?
Quels sont les tentations qui risqueraient peut-être de nous mettre à distance du Dieu d’amour ?
Et pourquoi, faut-il vraiment « résister » ? - pourrait-on se demander -
Tout simplement… parce que ce que propose le Tentateur repose sur des illusions !
Ce ne sont pas des choses ni des objets qui sont susceptibles de nous donner la vie… ni même un surcroit de vie…
En effet - au-delà de tout aspect moral (quant à la question des moyens - bons ou mauvais - permettant d’obtenir telle que telle chose) - il est nécessaire de résister aux attraits du monde, si cela doit nous éloigner de Dieu, ou si nous devons y perdre notre âme (cf. Lc 9, 25 ; Lc 12, 16-21)… d’autant que ces attraits mondains risquent de ne pas tenir leurs promesses.
La réalité, c’est que le désir de l’être humain est bien plus grand que ce que propose le Tentateur.
L’homme a sa soif d’infini… il a soif d’intensité, d’éternité ….
Il ne pourra jamais être comblé par des objets ou des possessions (quelles qu’elles soient).
Les possessions et la soif de « toujours plus » ne sont que des illusions - des étoiles brillantes, mais filantes - sur le chemin du bonheur.
Elles n’apportent pas la paix de l’âme.
Car ce qui rend heureux ne s’achète pas.
On le reçoit et on le trouve en le donnant - en le partageant : C’est l’amour.
C’est précisément ce que montre la fin de l’épisode… puisque Jésus obtient gratuitement - comme un don - ce que le Diable voulait lui vendre.
Ainsi, l’évangile précise que « les anges le servaient »… pour lui apporter finalement ce dont il avait vraiment besoin.
Le récit des tentations nous redit qu’une bonne façon de résister aux tentations et aux épreuves, c’est de vivre une relation solide avec Dieu… c’est ainsi que Jésus a surmonté les difficultés, par la confiance en la Providence du Père céleste.
D’ailleurs, dans tout l’évangile… on voit que Jésus est un véritable « résistant ».
Dans la suite de son ministère, il n’a eu cesse de résister et de combattre l’idolâtrie : celle de l’argent (de Mammon), celle du pouvoir, de la religion, celle de la Loi lorsqu’elle prétend rendre juste et sauver.
Jésus a fait preuve de résistance face à tout ce qui pouvait déshumaniser l’être humain… l’enfermer ou réduire son humanité… face à l’exclusion, à la misère, aux injustices de toutes sortes… ou face à la résignation.
C’est pour cela qu’il se rend disponible et se fait proche des affligés de toutes sortes… qu’il guérit les lépreux… et prend soin des pauvres ou des exclus.
Il refuse l’enfermement et les étiquettes qu’on pouvait coller sur les gens.
Plus largement… la Bible est pleine d’histoires de refus de collaborer avec le mal sous diverses formes…
Les croyants sont ainsi appelés à résister aux forces du mal (qui s’immiscent dans l’ego humain, à travers l’orgueil, l’avidité, la convoitise, la jalousie, le mensonge, l’infidélité, …).
Le Seigneur « résiste aux orgueilleux, mais se montre favorable aux humbles » affirme le livre des Proverbes (cf. Pr 3,34 - repris par Jc 4,6 et 1 P 5,5).
Dès le départ, Caïn fut appelé par Dieu à résister à la tentation du meurtre, mais il s’avéra incapable de surmonter ses mauvais désirs (cf. Gn 4,7-10).
Moïse - au contraire - sur ordre de Dieu - parvint à résister activement, mais sans arme, au pouvoir du pharaon esclavagiste.
Plus tard, la résistance des premiers chrétiens s’est certainement inspirée de Jésus, mais aussi du principe laissé par Pierre, qui dit au sanhédrin : « Il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (cf. Ac 5,29).
Pour les chrétiens… il existe un devoir d’insoumission, lorsqu’un pouvoir ne respecte plus les raisons fondamentales de son mandat… en ne prônant plus la justice, la solidarité et le bien commun.
Il faut alors prendre un nouveau chemin : celui de la « non-conformité » au monde (cf. Rm 12,2)… lorsque celui-ci part à la dérive.
Le penseur indien Krishnamurti a dit : « Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade ». Et c’est vrai !
Lorsque le monde va de travers, lorsque tant de choses nous paraissent absurdes… il faut oser reprendre sa liberté… garder sa lucidité… et remettre en cause nos conditionnements.
En ayant une conscience libre et éclairée… le chrétien est appelé à résister au mal et à refuser l’injustice… y compris par la désobéissance civile, lorsque c’est nécessaire.
Toutefois, il faut souligner que les formes de résistance violentes par l’épée ont été rejetées clairement par Jésus… afin de ne pas alimenter la spirale infernale du mal…
2) J’en viens précisément à ce deuxième point : la résistance appelle paradoxalement une « non-resistance », quand il s’agit de la violence.
Il faut parler, plus exactement, d’une résistance « non-violente ».
Comment comprendre - en effet - cette exhortation de Jésus qui appelle à ne pas résister aux méchants (cf. Mt 5,39) ?
Il s’agit - répond Tolstoï - de « ne pas résister au mal par la violence ».
Ou pour le dire autrement, de « résister sans violence », pour ne pas imiter le méchant, afin de ne pas utiliser les mêmes armes que lui.
Cela rejoint le conseil du livre des Proverbes : « Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie, de peur que tu ne lui ressembles toi-même » (cf. Pr 26,4).
En effet, imiter le comportement du méchant, ce serait commettre le même mal que lui.
Pour ne pas tomber dans l’engrenage de la violence et de la vengeance, Jésus propose d’emprunter un chemin inattendu et créateur… qui consiste en un surplus de générosité… afin de tendre une autre face, celle de la réconciliation.
Bien sûr… cette parole de l’évangile a parfois du mal à passer…
On ne peut pas interpréter à la lettre cet appel de Jésus à « ne pas résister au méchant »… car il ne s’agit pas d’impunité, ni de masochisme, ni de laisser le méchant triompher et faire d’autres victimes innocentes, sans rien dire…
Ça ne collerait pas avec le message des Béatitudes, et notamment celle où Jésus invite ses disciples à avoir faim et soif de justice et à s’engager pour elle (cf. Mt 5, 1-12).
Il peut arriver des circonstances où le mieux est de ne pas intervenir, parce que cela pourrait intensifier le mal… et une réaction agressive ou défensive, par exemple, ne ferait qu’empirer les choses.
Jésus explique sa proposition de « non-resistance » au méchant, à travers plusieurs actions :
La logique qui domine est celle de l’excès de bien.
Elle vise à provoquer un choc salutaire et un changement de mentalité de l’agresseur.
Il s’agit non pas de « réagir », mais d’innover, pour inventer une nouvelle relation :
- Par exemple, présenter une autre joue, donc une nouvelle face : celle de l’amour et de la réconciliation, face à un adversaire.
- Faire preuve de partage et de générosité, même à l’égard de celui qui convoite tes biens, pour l’entrainer dans une autre mentalité que celle de l’accaparement.
- Entrer dans une logique de « surabondance »… Donner et faire preuve de générosité, au-delà de ce qui est demandé ou attendu, à l’égard de celui qui est en difficulté… pour l’entrainer sur un terrain inattendu… où le partage devient possible.
Ce genre de processus peut certainement fonctionner avec quelqu’un qui a un bon fond ou qui est susceptible de changer, de se convertir.
En revanche, on peut s’interroger quant à son résultat avec un pervers ou un prédateur, qui n’a aucun égard pour celui qu’il maltraite.
Ce qui est intéressant dans l’horizon qu’ouvre le Christ, c’est la possibilité d’agir de façon nouvelle… plutôt que de réagir.
Et si vous observez bien… vous verrez que cette nouveauté s’appuie sur la façon dont Dieu agit lui-même avec nous :
En montrant inlassablement sa patience, sa compassion, sa générosité, son pardon…. même lorsque nous ne voulons rien entendre ou lorsque nous refusons d’écouter.
Pour Jésus… Dieu est toujours celui qui donne (cf. Lc 6,36 - Mt 5,48)… quelles que soient nos peurs, nous défenses ou nos réponses.
Alors, pourquoi ne pas essayer « d’imiter » Dieu… et d’agir de la même façon avec les autres ?
Résister à la violence par la « non-violence », c’est cesser de voir l’autre comme un adversaire ou une réalité menaçante… c’est - pour le Christ - la seule manière courageuse d’aboutir à un changement de mentalité et de comportement.
Et c’est vrai que, dans les faits, on ne peut plus se battre face à quelqu’un qui lâche les armes. La situation devient absurde.
La violence est ainsi exposée pour ce qu’elle est : une solution faible et absurde… une impasse !… qui amoindrit et abime l’humanité.
Mais l’expérience montre qu’il n’est pas toujours facile, ni même possible de mettre en oeuvre cette résistance non-violente.
Lorsque la violence d’autrui fait tant de dégâts, lorsqu’elle écrase et détruit tant de vies… il est normal et légitime de vouloir y mettre fin.
Ce fut, par exemple, le dilemme du pasteur D Bonhoeffer, face au nazisme… où il a finalement choisit d’agir au prix de la violence, face à l’injustice. Et ça lui a coûté la vie.
Jésus, lui, (à l’exception de l’épisode des marchands du temple) a choisi la non-violence face ses adversaires… et ça lui a aussi coûté la vie.
Parfois, malgré tout, il est possible de conjuguer harmonieusement le combat pour la justice et la résistance « non-violente », c’est ce qu’a pu expérimenter Gandhi.
L’enjeu de la résistance non-violente est de ne pas se laisser contaminer par la violence ou la méchanceté d’autrui.
Si j’emploie les mêmes armes que lui, je risque - à mon tour - de perdre mon humanité et ma crédibilité.
Alors qu’en travaillant à la racine du mal… en faisant du bien (même à celui qui nous traite en ennemi), en priant (même pour celui qui nous maltraite), en bénissant (même celui qui est source de méchanceté), il y a encore l’espoir d’un changement… l’espoir d’une guérison possible.
Encore une fois… c’est la stratégie de Dieu lui-même… qui inlassablement surmonte les négativités du monde… en accompagnant les humains… en appelant au dépassement de soi… en rendant le bien pour le mal… dans l’espérance de convertir les pécheurs… par sa bonté.
Dans notre monde d’aujourd’hui, la violence est encore et toujours la tentation des puissants, pour faire taire l’adversaire.
Et beaucoup de chefs d’états ne sont pas en reste dans le monde.
Ils font aussi preuve d’une forme violence, en ignorant ou en méprisant les souffrances des peuples.
Cela ne nous empêche pas de réaliser que la violence est, en réalité, l’arme des faibles.
Car c’est certainement plus exigeant d’essayer d’entrer en dialogue avec l’ennemi et d’écouter ses revendications… que de l’écraser ou le réduire au silence.
Personnellement, je suis convaincu qu’à moyen ou long terme, la violence finit par se retourner contre celui qui l’emploie, car elle discrédite toujours celui qui méprise autrui. [cf. NOTE 2]
Il faut redire, avec l’Evangile que la non-violence est d’abord un combat contre une part de nous-mêmes.
C’est souvent parce que nous avons peur - parce que nous parvenons pas à gérer et surmonter nos peurs - que nous pouvons choisir d’employer la violence.
La peur est la racine du mal. Elle lui permet de se déployer.
Si nous parvenions à faire la paix avec nos peurs… nous n’aurions plus jamais à nous mettre en colère, ni à user de moyens coercitifs ou violents.
Pour ce faire, il faut donc élargir notre conscience… et notre confiance en Dieu.
3) J’en viens très brièvement à mon troisième et dernier point. J’avais prévu d’essayer de répondre à cette question - A quoi faut-il résister aujourd’hui ? (telle était la question initiale)… Mais - faute de temps (pour ne pas être trop long) - ce sera l’objet d’une prochaine méditation.
Je vous livre seulement aujourd’hui… quelques pistes :
- En premier lieu, je crois qu’il faut résister à tout ce qui entrave nos libertés fondamentales… notamment la liberté d’expression, de conscience, de croyance, …
La liberté est notre plus grand bien. Il faut donc résister à la censure.
Beaucoup de gens - et peut-être en premier lieu - nos gouvernants ont peur de la liberté.
Mais c’est un tort… ou alors, c’est qu’ils ont des choses à dissimuler.
Personnellement, je pense que c’est une illusion et une erreur au 21e siècle de vouloir censurer ceux qui pensent autrement (quels qu’ils soient).
Car - avec le temps - la vérité finira par émerger, d’une manière ou d’une autre.
L’ennemi de l’humanité n’est pas la liberté, mais la peur et la violence.
Il faut apprendre à élargir nos capacités d’acceptation de l’altérité…
Il faut oser lire ou regarder des articles ou des gens, qui pensent différemment de nous… Et ainsi faire des efforts pour essayer de comprendre que les mentalités humaines sont plurielles.
Nous (les occidentaux) ne sommes pas le centre du monde.
Dans ce monde multipolaire, la liberté est la chose la plus importante.
- Deuxièmement, je dirais qu’il faut résister à tout ce qui risque d’enfermer l’être humain, dans des conditionnements… des peurs… des préjugés… des rôles (de l’objectiviser)… des addictions…
C’est une erreur de croire que nos mentalités sont libres de tout conditionnement.
Nous sommes sans cesse la proie de peurs qui nous sont communiquées par d’autres… par les médias, les journaux, la télévision… Et c’est d’autant plus vrai depuis la crise sanitaire de 2020.
Nous sommes devenus des « addicts » des chaines d’informations ou de réseaux sociaux… comme si la vérité s’y déployait nécessairement.
Il faut résister à l’orgueil qui est le nôtre de croire que nous sommes détenteurs de la vérité…
Et résister en même temps à cette fausse croyance qui voudrait nous faire croire que des chaines d’informations « mainstream » sont parfaitement neutres et fiables. Ce qui est totalement faux !
Résistons donc à la peur qui nous est communiquée chaque jour…
Soyons conscients que nous sommes constamment infantilisés et manipulés, par un « prêt à penser ».
Ne perdons pas notre esprit critique et notre libre arbitre !
- Enfin, troisième et dernier point, je crois qu’il nous faut encore et toujours « résister » à la société de consommation et au tout technologique. Et, de ce point de vue, Jacques Ellul avait certainement une vision prophétique.
Il ne faut pas croire que la technique va nous sauver ! Car elle ne nous apporte pas seulement des solutions nouvelles, mais aussi des problèmes nouveaux.
Il ne faut pas croire non plus que la société de consommation est susceptible de nous apporter le bonheur. Car le vrai bonheur n’a rien à voir avec le confort, l’abondance de biens ou de richesses.
Il faut donc résister au « conformisme » de la société occidentale, qui est purement matérialiste.
Résister à une vision purement matérielle et physique de la réalité.
Croire en Dieu, c’est croire à la dimension transcendante et spirituelle de la Vie.
C’est croire qu’il y a des potentialités encore insoupçonnées en nous et dans le monde… que les choses ne se limitent pas à ce que nos cinq sens peuvent en percevoir.
La foi donne de la profondeur à la raison.
Prendre le temps de vivre la part spirituelle de son être est - de ce point de vue - un acte de résistance.
En venant au culte le dimanche matin, en priant, en méditant, en ouvrant la Bible… vous « résister » au conformisme du monde et à ses conditionnements.
Vous ouvrez votre conscience et gagnez en liberté !… car vous ouvrez votre confiance à l’altérité.
- Un dernier mot… pour conclure…
Il y a certainement plusieurs façons de lutter contre le mal… et de résister à ses attraits… celle que nous propose l’Evangile passe par l’ouverture et le développement, en nous, des vertus théologales : la foi, l’espérance et l’amour.
Cela implique nécessairement un éveil de notre conscience… pour discerner les forces d’oppression qui agissent autour de nous…
Car pour résister et s’opposer aux « puissances » d’oppression, il faut déjà les dévoiler et les nommer.
L’Evangile nous y aide chaque dimanche !
C’est la raison pour laquelle, il faut lire et relire les paroles de Jésus… elles nous permettent de vivre vraiment libres et éclairés.
Qu’il en soit Ainsi ! Amen.
NOTES
NOTE 1 : Plus vous résistez à une chose, plus vous lui donnez du pouvoir. En se concentrant sur le négatif et en le combattant, on risque d’augmenter le pouvoir du mal que l’on combat.
NOTE 2 : On pourrait trouver bien des exemples : il suffit de voir en France l’immense baisse de popularité du président Macron qui a systématiquement réprimé toute forme de manifestations ces dernières années (gilets jaunes, anti-pass sanitaire, réforme des retraites, agriculteurs …) Ou à l’international, la remise en cause de certains responsables politiques, comme le prince autocrate de l’Arabie saoudite - BMS - qui n’a pas hésité à entraîner son pays dans une guerre au Yémen, à emprisonner ou à éliminer ses opposants politiques. Et qui reste - malgré tout - un partenaire de l’Occident pour des raisons purement économiques (liées aux pétrodollars). Ou encore, le discrédit de plus en plus important encore de B Nétanyahou qui a usé d’une violence démesurée contre ses adversaires… et qui est aujourd’hui l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI (cours pénale internationale), pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Mais on pourrait citer bien d’autres personnalités politiques autoritaires et violentes : Erdogan (en Turquie), Tebboune (en Algérie), etc. Depuis 2021 « 70% de la population mondiale, soit 5,4 milliards de personnes » sont gouvernés par des pouvoirs autocratiques.
LECTURES BIBLIQUES
Volonté de Dieu : Ep 6, 10-18
10 Enfin, puisez votre force dans l'union avec le Seigneur, dans sa puissance manifestée avec tant de force. 11 Prenez sur vous toutes les armes que Dieu fournit, afin d'être capable de tenir bon face aux ruses du diable. 12 Car nous n'avons pas à lutter contre des êtres humains ; mais nous devons lutter contre les pouvoirs, les autorités, les maîtres de ce monde obscur, contre toutes les puissances spirituelles mauvaises qui sont dans les cieux. 13 Saisissez donc maintenant toutes les armes de Dieu ! Ainsi, quand viendra le jour mauvais, vous aurez la force de résister, après avoir combattu jusqu'à la fin, vous tiendrez encore fermement votre position.
14 Tenez-vous donc prêts : ayez la vérité comme ceinture autour de la taille ; portez la droiture comme cuirasse ; 15 mettez comme chaussures à vos pieds le zèle à annoncer la bonne nouvelle de la paix. 16 Prenez toujours la foi comme bouclier : il vous permettra d'éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais. 17 Et recevez le salut comme casque et la parole de Dieu comme épée donnée par l'Esprit saint. 18 Par toutes sortes de prières et de demandes, priez en toute circonstance, grâce à l'Esprit. Veillez à cela avec persévérance.
Lectures bibliques
Mt 4, 1-11
1Alors Jésus fut emmené par l'Esprit au désert, pour être mis à l'épreuve par le diable. 2Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. 3Le tentateur vint lui dire : Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. 4Il répondit : Il est écrit : L'être humain ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
5Le diable l'emmena dans la ville sainte, le plaça sur le haut du temple 6et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit :
Il donnera à ses anges des ordres à ton sujet,
et ils te porteront sur leurs mains,
de peur que ton pied ne heurte une pierre.
7Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne provoqueras pas le Seigneur, ton Dieu.
8Le diable l'emmena encore sur une montagne très haute, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, 9et lui dit : Je te donnerai tout cela si tu tombes à mes pieds pour te prosterner devant moi. 10Jésus lui dit : Va-t'en, Satan ! Car il est écrit : C'est devant le Seigneur, ton Dieu, que tu te prosterneras, et c'est à lui seul que tu rendras un culte.
11Alors le diable le laissa, et des anges vinrent le servir.
Mt 5, 38-45
38« Vous avez appris qu'il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent. 39Et moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Au contraire, si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre. 40A qui veut te mener devant le juge pour prendre ta tunique, laisse aussi ton manteau. 41Si quelqu'un te force à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. 42A qui te demande, donne ; à qui veut t'emprunter, ne tourne pas le dos.
43« Vous avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. 44Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, 45afin d'être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes.
1 Pierre 5, 5-11
5 […] Vous tous, revêtez-vous d'humilité dans vos rapports les uns avec les autres, car l'Écriture déclare : « Dieu s'oppose aux orgueilleux, mais il traite les humbles avec bienveillance. » 6 Courbez-vous donc humblement sous la main puissante de Dieu, afin qu'il vous élève au moment qu'il a fixé. 7 Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il prend soin de vous.
8 Soyez lucides, veillez ! Car votre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant quelqu'un à dévorer. 9 Résistez-lui en demeurant fermes dans la foi. Rappelez-vous que vos frères et vos sœurs, dans le monde entier, endurent les mêmes souffrances. 10 Vous aurez à souffrir encore un peu de temps. Mais Dieu, source de toute grâce, vous a appelés à participer à sa gloire éternelle dans l'union avec Jésus Christ ; lui-même vous perfectionnera, vous affermira, vous fortifiera et vous établira sur de solides fondations. 11 À lui soit la puissance pour toujours ! Amen.
Proverbes 26,4
Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie, de peur que tu ne lui ressembles toi-même.
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