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Méditations de Pascal Lefebvre, pasteur de l Eglise Protestante Unie - région Sud-Ouest
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Thématique : Pâques : une vie transformée, ici et maintenant
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Bordeaux, le 20/04/2025 - culte de Pâques
Pâques : des expériences spirituelles inouïes
Les évangiles nous rapportent l’évènement de Pâques, à travers des récits d’apparitions.
Le mystère de la Résurrection, en lui-même, n’est jamais décrit. Nous ne savons pas exactement comment les choses se sont passées - et nous ne le saurons sans doute jamais.
Ce qui est mis en avant dans les récits pascals, ce sont les réactions des témoins du Ressuscité… des témoignages d’expériences spirituelles extraordinaires… marquées par l’inattendu, la surprise, et des bouleversements existentiels.
Jésus est mort sur la croix… Mais, contre toute attente, il est apparait « vivant » - peu de temps après - dans une pièce fermée à clef… « vivant » dans un autre plan de Réalité… Puis il disparaît… pour réapparaître à d’autres moments, ailleurs, auprès d’autres personnes.
Ces évènements inimaginables ont profondément transformé la vie des disciples :
Alors qu’ils vivaient dans la peur, le doute et la déception… eux qui avaient tout misé sur Jésus… voyant en lui le Messie, envoyé par Dieu…. Alors que tout semblait perdu, après son arrestation et sa crucifixion… une expérience spirituelle se produit… Ils se retrouvent soudain face à une présence, une parole, un souffle… qui change tout.
Et voilà que leur désespoir se mue en espérance nouvelle.
Un tournant décisif
Pâques marque un tournant décisif dans la vie des proches de Jésus : alors qu’ils sont brisés et désorientés… ils passent de la peur à la paix (cf. Jn 20.19-21)… du doute à la foi (cf. Thomas : Jn 20, 24-29)… du découragement à la mission…
Et c’est la même chose pour l’apôtre Paul (Saul de Tarse), même si ça se passe bien plus tard… des années après… et même si Paul n’avait jamais rencontré le Jésus terrestre.
Lui aussi, vit une expérience spirituelle inouïe sur le chemin de Damas (cf. Actes 9, 1-19; 22, 4-16; 26, 9-18) … l’Évangéliste Luc en parle comme d’une rencontre inattendue, éblouissante, bouleversante : une lumière éclatante surgit, et l’apôtre prend conscience qu’il est en présence du Christ glorifié.
Cette rencontre va entièrement retourner sa vie, renverser ses certitudes et réorienter son cœur.
Aujourd’hui encore…
Deux mille ans plus tard, il faut reconnaître que nous n’avons pas accès directement à l’évènement de Pâques, si ce n’est qu’à travers ces témoignages.
Ce qui a été conservé, transmis, médité… ce sont des récits d’expériences spirituelles, des témoignages… et surtout les conséquences de ces rencontres : la foi qui en découle… les changements de vie qui en résultent.
À travers les textes du Nouveau Testament, on constate que l’évènement de Pâques apporte quelque chose de vraiment nouveau dans la vie des disciples :
⁃ Une espérance vivante (cf. 1 Pierre 1,3).
⁃ Un sens renouvelé à leur existence : la mission commence là, après cette expérience spirituelle.
⁃ Une force nouvelle leur est offerte : celle de l’Esprit saint (Jn 20, 22 ; Lc 24,49 ; Ac 1,8).
⁃ Et une communauté va se ressouder et se rassembler autour de cette Bonne Nouvelle : le Christ est vivant !
Et pour nous ?
« Mais qu’est-ce que cela change pour nous, aujourd’hui ? » Pourriez-vous me demander… C’est une question légitime !
« C’est très beau tout ça….mais savoir que Jésus a été relevé de la mort par Dieu… qu’il est désormais « Vivant » sur un plan spirituel, dans la sphère divine… qu’il est apparu à de nombreux disciples et qu’il les a envoyé en mission, remplis de l’Esprit… qu’est-ce que ça change, concrètement, pour nous ? »
Vous auriez raison de poser cette question… Car, ce qui nous intéresse, ce n’est pas seulement de savoir ce que la résurrection a changé pour les disciples du 1er siècle de notre ère… mais de découvrir ce que Pâques peut encore changer dans nos vies aujourd’hui.
Pâques : une vie transformée, ici et maintenant
Je vous propose quelques pistes de réponses, en sept points relativement brefs :
Pour la foi chrétienne, la croix et la résurrection sont indissociables.
La croix a une fonction révélatrice : elle manifeste l’injustice des hommes… puisque Jésus - innocent et juste - a été crucifié comme un criminel… Face à ce constat, la résurrection de Jésus opère un retournement : elle manifeste l’action de Dieu, qui surmonte la situation, pour rétablir la justice.
La résurrection atteste d’un Dieu capable de relever et de restaurer la vie de Celui qui a été injustement traité et condamné.
Pâques incarne la victoire éclatante de la justice divine, capable de triompher des injustices humaines.
A tout ceux qui se questionnent parfois sur l’action de Dieu, en se demandant : « Que fait Dieu ? Où est-il, face aux malheurs ou aux épreuves que nous traversons ? »…. l’évènement de Pâques nous révèle qu’il y a une justice divine, au-delà de la liberté humaine… même si cette justice ne se manifeste pas dans l’immédiateté.
L’évènement de Pâques montre que nous pouvons faire confiance à Dieu… qu’aucun être humain n’est livré à l’arbitraire ou à l’absurde, sans que Dieu n’ait la possibilité - dans cette existence ou au delà de cette existence physique - de le relever et de restaurer son être, sa personnalité spirituelle.
Jésus est mort sur la croix, du fait de la violence et de l’injustice, présentes dans le monde. Mais Dieu n’en reste pas là.
La résurrection manifeste le triomphe de l’amour divin sur les forces de haine et de mort.
Il ne s’agit pas tant d’une victoire sur la mort physique - car Jésus est bel et bien mort crucifié - mais d’une victoire sur la mort spirituelle : « Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu » ! écrira Paul (Cf. Rm 8, 31-39)
Pâques atteste que l’amour de Dieu a le dernier mot… qu’au bout du compte, son amour est bien plus puissant que toute forme de violence et de rejet. Puisque même la haine incarnée par la crucifixion, ne peut arrêter l’œuvre rédemptrice et transformatrice de Dieu.
Dans un monde où les conflits violents, les divisions et les vengeances sont souvent les seules réponses à l’agression, la trahison et l’injustice… la résurrection nous montre que Dieu a donné raison à Jésus, dans son choix radical pour la non-violence et la confiance.
Il nous faut bien réentendre cette parole dans le monde d’aujourd’hui :
La confiance et la non-violence sont incontournables, sur le chemin du salut tracé par le Christ !
Beaucoup de personnes, autour de nous, sont terrorisées par la perspective de la mort… Beaucoup vivent dans l’anxiété ou l’angoisse, face à la maladie, face à une fin de vie potentiellement difficile… ou du fait de l’expérience d’une séparation, d’un deuil, de la perte d’un proche.
Par la croix et la résurrection de Jésus, Dieu vient briser les chaînes de la peur, et donne aux croyants une perspective nouvelle : au-delà de la peur, il nous offre la paix et l’assurance que l’amour et la vie prévaudront.
Pâques nous libère de la peur de la mort (cf Hébreux 2:14-15)… pour nous conduire à la confiance : confiance que la vie ne s’arrête pas à la croix, ni à la tombe… confiance qu’il y a une lumière au bout du tunnel… qu’une suite nous est promise… que notre « corps spirituel » est appelé à la résurrection, à la vie éternelle (cf. 1 Co 15).
L’espérance de la résurrection n’est pas une promesse de suppression des épreuves ou des douleurs - Jésus n’a pas pu éviter la croix -… mais une espérance, au-delà de la souffrance et de la mort… celle de la présence de la lumière de Dieu… qui saura toujours nous accueillir et nous relever.
Pâques nous délivre ainsi un message : « Tu n’as plus à vivre dans la peur. Jésus a triomphé de la mort. Il a triomphé de tout ce qui tente de nous écraser. Même lorsque le mal ou la mort se manifestent, soit assuré que Dieu aura toujours le dernier mot de la Vie ! »
La résurrection atteste que la foi de Jésus et l’amour de Dieu ont été plus forts que le péché humain… plus forts que les forces maléfiques qui ont pu inspirer Judas et les autorités religieuses de son temps… plus forts que la mort.
La résurrection ne relève pas seulement d’une manifestation extraordinaire dans le monde physique… elle atteste d’une libération spirituelle : de la possibilité de libérer l’humanité de la domination du péché et des forces de divisions qui agissent autour de nous ou en nous.
En ressuscitant Jésus, Dieu brise les chaînes du péché et de la mort, offrant à l’humanité une vie nouvelle, mais aussi un chemin vers une véritable liberté spirituelle.
C’est ainsi que l’apôtre Paul comprend le sens du baptême en Christ (cf. Rm 6) - un baptême d’eau et d’Esprit (cf. Jn 3,5) : En plongeant dans l’eau, le baptisé meurt et ressuscite avec le Christ. Il meurt à ce qui réduit son humanité (son égo, son orgueil, son péché), pour renaitre à une vie nouvelle. Désormais, il est libéré du poids du passé et du péché. Il n’est plus le même. Sa vie est en Christ. Elle est unie à Dieu.
La résurrection ne concerne pas seulement un événement historique passé (pour Jésus) ou une espérance future (pour nous), mais elle incarne - pour le présent - la possibilité d’un changement radical dans la vie de chaque croyant.
Par sa résurrection, le Christ inaugure un nouveau commencement, pour ceux qui croient en lui et veulent participer à sa vie : c’est le passage d’une vie marquée par la mort et l’éloignement de Dieu… à une vie marquée par l’amour, la réconciliation et l’espérance.
La résurrection devient ainsi une force active, qui permet de se détacher de ce qui est ancien - du vieil homme (cf. Rm 5-8 ; Ep 4, 22-24) - pour vivre dans l’Esprit du Christ et manifester les fruits de l’Esprit dans notre vie quotidienne (cf. Ga 5).
Pâques ouvre un processus spirituel continuel de transformation, où le croyant vit une résurrection progressive, en communion avec le Christ ressuscité.
Autrement dit… la foi produit une conversion… une transfiguration de notre être…
C’est ce qui fait dire à Paul ces paroles magnifiques, dans la 2ème épitre aux Corinthiens et la lettre aux Galates : « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu’une réalité nouvelle est là. » (2 Co 5,17)
« Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi » (Ga 2,20).
Il veut dire que, désormais, c’est l’Esprit du Christ qui anime l’existence tout entière… c’est la foi du Christ… sa liberté, son amour, sa paix, son espérance… qui sont vivants en nous.
C’est sur la base de cette vie nouvelle en Christ - une vie fondée sur la confiance et la liberté, inspirée par l’Esprit saint - que les disciples vont pouvoir vivre, témoigner, s’organiser et partir en mission… pour propager la Bonne Nouvelle de la Résurrection, offerte à chacun.
En tant que Ressuscité, le Christ envoie ses disciples - et donc son Église - pour poursuivre son œuvre de guérison et de réconciliation dans le monde.
La résurrection est une source de vie nouvelle, de dynamisme et de courage, pour les croyants… Elle leur donne un souffle nouveau et une vocation… Elle les équipe pour la mission et la prédication de l’Évangile.
Dans l’évangile de Jean, le Ressuscité est celui qui communique l’Esprit, pour permettre aux disciples de prendre la suite de Jésus (cf. Jn 20,21-23).
Et chez Matthieu, l’évangile se conclut par ces fameuses paroles du Ressuscité, qui envoie les siens en mission : « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps. » (cf. Mt 28, 18-20 ; voir aussi Mt 10, 5-10).
Lorsque nous parlons de l’évènement de Pâques… nous parlons de vies transformées… de ce que produit la Résurrection dans la vie des disciples et dans nos vies personnelles : un changement de regard sur Dieu et sur la vie… une libération du passé, du péché et de la peur… l’entrée dans une vie nouvelle, habitée par l’Esprit de confiance et de liberté qui était celui du Christ…
Il s’agit là de Bonnes Nouvelles qu’on ne peut pas garder pour soi… qu’on a forcement envie de transmettre au monde entier !
Je l’ai déjà dit : lorsqu’on parle de la résurrection, on ne parle pas seulement ni d’un évènement qui est arrivé, par le passé, à Jésus… ni de l’espérance de la vie éternelle, après notre mort… on parle d’une force transformatrice… d’une puissance spirituelle qui agit, ici et maintenant.
Pâques nous invite à expérimenter - dès aujourd’hui - la vie éternelle… cette vie nouvelle en Christ, qui va bien au-delà de notre existence biologique.
Le Christ nous appelle à vivre la résurrection dans notre quotidien, à être des témoins de la lumière divine, dans un monde souvent plongé dans les ténèbres de la peur, de la rivalité et de la souffrance.
La vie éternelle n’est pas simplement un « futur après la mort », c’est une transformation qui commence maintenant… lorsque nous mettons notre foi en Jésus-Christ… lorsque nous adhérons à son message… lorsque nous vivons en relation avec le Dieu d’amour… Tout cela nous pousse à vivre pour le Royaume de Dieu et sa justice (cf. Mt 6,33).
Cette transformation intérieure active, Jésus en parle dans l’évangile de Jean, en parlant de la vie éternelle au présent - je cite à nouveau ce verset :
« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (cf. Jn 5, 24).
Nous sommes déjà dans la vie éternelle… Notre présent est transformé - il est transformé par la Puissance spirituelle qui a transformé Jésus - et notre futur l’est aussi, en conséquence.
Si Dieu a ressuscité Jésus, il peut aussi métamorphoser nos vies et notre monde. Ce n’est pas une promesse pieuse, c’est un appel à vivre de l’Esprit du Christ… et à être acteurs d’un changement, ici et maintenant.
Conclusion
Vous l’avez compris… chers amis… Pâques n’est pas juste un événement à commémorer… c’est une puissance à expérimenter (cf. Ph 3,10-11).
C’est l’Esprit du Christ qui nous est offert… et c’est une Parole performative qui donne sens à notre existence… en nous redisant ces mots puissants :
« Rien n’est jamais perdu… Rien ne peut te séparer de l’amour de Dieu…
Aïe confiance ! La vie peut toujours se renouveler… cette vie nouvelle et résiliente t’est offerte, ici et maintenant ! … Laisse l’Esprit du Christ agir en toi ! »
Oui, chers amis… la résurrection du Christ conduit à notre propre résurrection… Elle transforme notre manière de penser, d’agir, d’aimer et de servir.
Qu’il en soit ainsi ! Amen.
Lectures bibliques 20 avril 2025 - Fête de Pâques - temple du Hâ
Jean 20, 19-23
19Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine, alors que, par crainte des autorités juives, les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint au milieu d'eux et il leur dit : « La paix soit avec vous. » 20Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie. 21Alors, à nouveau, Jésus leur dit : « La paix soit avec vous. Comme le Père m'a envoyé, à mon tour je vous envoie. » 22Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l'Esprit Saint ; 23ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »
Actes 22, 6-11
6« Je poursuivais donc ma route et j'approchais de Damas quand soudain, vers midi, une grande lumière venue du ciel m'enveloppe de son éclat. 7Je tombe à terre et j'entends une voix me dire : “Saoul, Saoul, pourquoi me persécuter ?” 8Je réponds : “Qui es-tu, Seigneur ?” La voix reprend : “Je suis Jésus le Nazôréen, c'est moi que tu persécutes.” 9Mes compagnons avaient bien vu la lumière mais ils n'avaient pas entendu la voix qui me parlait. 10Je demande : “Que dois-je faire, Seigneur ?” Et le Seigneur me répond : “Relève-toi, va à Damas, et là on t'indiquera dans le détail la tâche qui t'est assignée.” 11Mais, comme l'éclat de cette lumière m'avait ôté la vue, c'est conduit par la main de mes compagnons que j'arrive à Damas. »
1 Pierre 1, 3-4
3Bénissons Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Dans sa grande bonté, il nous a fait naître à une vie nouvelle, en ressuscitant Jésus Christ d'entre les morts. C'est pour que nous ayons une espérance vivante, 4en attendant l'héritage que Dieu réserve aux siens.
Romains 6, 3-7.11
3Ignorez-vous que nous tous, baptisés en Jésus Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés ? 4Par le baptême, en sa mort, nous avons donc été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle. 5Car si nous avons été totalement unis, assimilés à sa mort, nous le serons aussi à sa résurrection. 6Comprenons bien ceci : notre vieil homme a été crucifié avec lui pour que soit détruit ce corps de péché et qu'ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. 7Car celui qui est mort est libéré du péché. […] 11De même vous aussi : considérez que vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ.
Galates 2, 19-20
Avec le Christ, je suis un crucifié ; 20je vis, mais ce n'est plus moi, c'est Christ qui vit en moi. Car ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi.
Jean 5, 24
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.
Lectures bibliques : Jn 13, 1-17 (autre lecture possible : Ph 2, 1-11) = voir texte en bas de cette page
Thématique : L’humilité et le service, pour se mettre à l’écoute de Dieu et des autres
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Bordeaux, le 13/04/2025 - culte avec les jeunes
Nous écoutons aujourd’hui ce récit surprenant de l’évangile de Jean (cf. Jn 3, 1-17) où Jésus lave les pieds de ses disciples : un geste choquant pour ses contemporains… et toujours étonnant pour nous.
À l’époque, ce geste était réservé aux esclaves, aux personnes qui étaient tout en bas de l’échelle sociale. Alors pourquoi Jésus - le Maître - fait-il cela ? Quel signification donne-t-il à cet acte ? Et comment ce geste peut-il encore nous parler et nous concerner 2000 ans plus tard ?
Jésus, l'exemple d’une humilité radicale
Imaginons d’abord la scène… comme si nous y étions : Jésus, l’envoyé de Dieu, celui qui enseigne avec autorité et qui accomplit des signes extraordinaires, se met à genoux pour laver les pieds de ses compagnons de route. Un geste aussi simple qu’inattendu. Pourquoi cet acte de soumission volontaire auprès de ses disciples ?
Certainement pour leur transmettre un exemple d’humilité avant sa mort prochaine. Car Jésus est conscient de sa mort imminente, il prépare ses disciples à ce qui va arriver…
« Un serviteur n’est pas plus grand que son maître, tout comme un envoyé n’est pas plus grand que celui qui l’envoie » (v. 16). Jésus n’a cessé d’être au service de son Père, à l’écoute de la volonté divine… Il s’est fait le chantre et le serviteur du Royaume de Dieu.
Après lui, les disciples ne devront pas faire autrement… Ils ne devront pas entrer dans des discussions ou des tensions, pour savoir qui aura la préséance ou le privilège de la première place, quand Jésus ne sera plus là. « Si quelqu'un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » C’est une parole que nous entendons aussi dans l’Evangile de Marc (cf. Mc 10, 43-44).
Pour nous, au XXIe siècle, la notion de service et d’humilité peut paraître démodée - à contre-courant même ! - dans un monde où nous sommes plutôt encouragés à paraître, à briller, à « réussir » selon des critères de performance et d’apparence. Jésus, lui, renverse cette mentalité courante… en affirmant que la véritable grandeur ne se mesure pas à la position qu’on occupe, mais à la manière dont nous acceptons de servir les autres, quitte à lâcher notre égo et à nous abaisser.
Le monde dans lequel nous vivons nous pousse souvent à l’individualisme et à la compétition. Chacun doit prouver sa valeur et réussir par ses efforts. C’est le règne du « chacun pour soi ». Il faut sans cesse passer des évaluations, des examens, des concours, des entretiens. Nous recevons cette injonction récurrente… de devoir nous dépasser et nous battre… pour avoir plus, pour gagner davantage et mériter notre place. Qu’on le veuille on non, notre monde et nos mentalités reposent souvent sur des rapports de force, de rivalité ou de domination.
Mais dans ce passage, Jésus nous invite à voir les choses autrement… à renverser ces valeurs. En incarnant une humilité radicale, il nous invite à ne pas nous contenter des apparences et de l’extériorité, mais à être attentif à notre intériorité… C’est un choix du coeur de s’ouvrir aux autres, de s’engager pour eux, de vivre dans le don de soi, de donner gratuitement, sans forcément attendre quelque chose en retour.
Aujourd’hui, on a parfois tendance à réduire l'amour à une émotion ou à sentiment passager. On aime celui qui est « dans le vent »… celui qui est beau et « cool »… celui ou celle qui nous fait rire ou qui dégage quelque chose de séduisant… ou encore celui qui peut nous apporter de la reconnaissance, de l’estime ou une forme de « plus value ». Mais, dans cet épisode, Jésus nous propose un amour gratuit… qui se manifeste par des gestes quotidiens d’aide, d’attention, de présence, de soutien. « Aimer », c’est avant tout aider, c’est rendre service, c’est faire grandir l’autre.
Dans un monde où l’on se sent parfois seul… où la surface des relations, les apparences, deviennent souvent plus importantes que la profondeur du cœur… Jésus nous invite à retrouver l’essence même de l’amour : un amour simple et actif… qui se donne sans calcul.
1C'était juste avant la fête de la Pâque. Jésus savait que l'heure était venue pour lui de quitter ce monde pour aller auprès du Père. Il aimait les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'au bout. 2Jésus et ses disciples prenaient le repas du soir. Le diable avait déjà fait germer dans le cœur de Judas, fils de Simon l'Iscariote, l'idée de livrer Jésus. 3Jésus savait que le Père avait tout remis entre ses mains, que lui-même était venu de Dieu et qu'il retournait à Dieu.
4Il se lève de table, ôte son vêtement de dessus et prend une serviette dont il s'entoure la taille. 5Ensuite, il verse de l'eau dans une cuvette et se met à laver les pieds de ses disciples, puis à les essuyer avec la serviette qu'il avait autour de la taille. 6Il arrive à Simon Pierre, qui lui demanda : « C'est toi Seigneur qui me laves les pieds ? » 7Jésus lui répondit : « Tu ne saisis pas maintenant ce que je fais, mais tu comprendras plus tard. » 8Pierre lui dit : « Non, tu ne me laveras jamais les pieds ! » Jésus continua : « Si je ne te lave pas, tu ne partageras rien avec moi. » 9Simon Pierre répliqua : « Alors, Seigneur, ne me lave pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » 10Jésus ajouta : « La personne qui a pris un bain n'a plus besoin de se laver, sinon les pieds, car elle est entièrement propre. Vous êtes propres, vous, mais pas tous cependant. » 11En effet, Jésus savait qui allait le livrer ; c'est pourquoi il dit : « Vous n'êtes pas tous propres. »
12Après leur avoir lavé les pieds, Jésus reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? 13Vous m'appelez “maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car je le suis. 14Si donc moi, le Seigneur et le maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. 15Je vous ai donné un exemple pour que vous agissiez comme je l'ai fait pour vous. 16Oui, je vous le déclare, c'est la vérité : un serviteur n'est pas plus grand que son maître, tout comme un envoyé n'est pas plus grand que celui qui l’envoie 17Maintenant que vous savez cela, vous serez heureux si vous le mettez en pratique.
Culte autrement - sur Mc 14, 3-9 - samedi 12 avril 2025
Mc 14, 3-9 - Une femme répand du parfum sur la tête de Jésus
(Autres versions : Mt 26.6-13 ; Jn 12.1-8 ; Lc 7.36-38)
3 Jésus était à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux et, pendant qu'il était à table, une femme vint, avec un flacon d'albâtre contenant un parfum de nard, pur et très coûteux. Elle brisa le flacon d'albâtre et lui versa le parfum sur la tête. 4 Quelques-uns se disaient entre eux avec indignation : « A quoi bon perdre ainsi ce parfum ? 5 On aurait bien pu vendre ce parfum-là plus de trois cents pièces d'argent et les donner aux pauvres ! » Et ils s'irritaient contre elle.
6 Mais Jésus dit : « Laissez-la, pourquoi la tracasser ? Ce qu'elle a accompli pour moi est vraiment beau (c’est une belle œuvre qu'elle vient d'accomplir à mon égard). 7 Des pauvres, en effet, vous en avez toujours avec vous, et quand vous voulez, vous pouvez leur faire du bien. Mais moi, vous ne m'avez pas pour toujours. 8 Ce qu'elle pouvait faire, elle l'a fait : d'avance elle a parfumé mon corps pour l'ensevelissement. 9 En vérité, je vous le déclare, partout où sera proclamé l’Évangile dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d'elle, ce qu'elle a fait. »
Petit rappel introductif
A l’époque de Jésus, le parfum est un produit de luxe, qui se présente souvent sous la forme d’une crème à étaler sur le corps.
Le parfum est estimé ici à plus de 300 pièces d’argent, c’est-à-dire le salaire d’une année de travail d’un ouvrier : Imaginez un flacon de parfum qui vaudrait près de 15 000 €
Dans le monde biblique, verser du parfum était une manière d’honorer quelqu’un. C’est un geste d’hommage et d’accueil.
Dans l’Ancien Testament, on versait du parfum sur la tête du roi, pour le reconnaître dans sa dignité royale : c’est ce qu’on appelle « l’onction » (pour le Roi ou le Messie).
Dans le contexte du récit, être à table signifie souvent être allongé sur des coussins.
Dans les commentaires de ce récit, le personnage de la femme au parfum est souvent interprété comme étant de mauvaise réputation (pécheresse) car il est dit - dans la version de Luc - qu’elle a beaucoup à se faire pardonner. Mais ici (dans la version de Marc ou de Matthieu) rien n’indique que ce point de vue soit fondé.
Questions pour partager
- 1) Une femme verse un parfum de grand prix sur la tête de Jésus. L’épisode raconté par Marc (ou Matthieu), met en compétition 2 logiques (2 systèmes de valeur) : celle de la femme (qui est dans l’élan du coeur, dans la logique du don et de la gratuité) et celle de certains convives ou disciples (qui s’indignent et s’irritent contre elle). Comment qualifieriez-vous la logique des « indignés » ? Quels sont leurs arguments ? D’où vient le choc des convives ?
...
- 2) Leurs arguments « raisonnables » ne sont-ils pas cohérents avec ce que Jésus a dit lui-même au jeune homme riche (cf. Mt 19,21 : « Jésus lui dit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi ! ») ? Qu’en pensez-vous ? Jésus peut-il se contredire ?
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- 3) Comment Jésus réagit-il ? Quels sont ses arguments ?
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- 4) Comment comprenez-vous cette affirmation et le qualificatif « beau /belle » : « elle a fait ce qui est beau ! » (c’est une « belle » oeuvre qu’elle vient d’accomplir) ?
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- 5) Selon vous, de quoi notre monde - ou votre environnement - aurait-il besoin, pour être plus « beau » ?
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- 6) Dans cet épisode, Jésus défend la surabondance de la Grâce (que la femme manifeste spontanément) : il défend une mentalité « esthétique » (fondé sur la beauté et la gratuité de son geste), face à une mentalité « utilitariste » (où chaque chose devrait forcément être utile et employé selon une valeur marchande, dans un but précis). Qu’en pensez-vous ?
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- 7) Quel(s) changement(s) apporte Jésus dans la vie de chacun des protagonistes ? (Pour la femme / Pour les convives)
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- 8) Vous mêmes… que faites-vous pour rendre votre vie ou votre environnement plus beau ? Et celui des autres (de votre entourage) ? Est-ce que cela fait partie de vos préoccupations ou priorités ?
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- 9) Jésus met aussi en avant la grande intuition de cette femme (elle a saisi la portée exceptionnelle du moment), car Jésus va bientôt être arrêté, mourir sur la croix et sera mis au tombeau… Le geste de la femme peut ainsi être interprété comme un geste prophétique (une anticipation, une préfiguration) : d’avance, elle parfume le corps de Jésus pour l’ensevelissement. Diriez-vous que cette femme a su écouter son coeur ? (son âme, sa sensibilité ?) … ou qu’elle est « sous emprise » (de celui qu’elle admire particulièrement : Jésus) ?…. Et vous… que faites-vous pour développer votre intuition ?… Et votre capacité de contemplation ou d’émerveillement ?
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- 10) Au final, l’attitude de la femme équivaut à une suspension provisoire de l’éthique (elle ne se préoccupe pas de savoir si c’est bien ou mal, ni même des « quand dira-ton » face à un geste qui peut paraitre scandaleux, devant l’exigence morale, devant le souci des pauvres) : elle laisse seulement parler son coeur, qui se manifeste dans le don excessif. Cette attitude « passionnelle » est validée par Jésus, qui s’apprête lui-même à vivre sa Passion. Pensez-vous que nous devrions parfois agir comme elle, dans certaines circonstances : arrêter d’écouter notre raison, pour laisser parler notre coeur ? …. Avez-vous des exemples ou des situations en tête ?… ou il serait bon d’agir ainsi ?… ou (en avez-vous fait l’expérience?) avez-vous déjà fait de même ? (à quelle occasion ?)
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- 11) Il semble, au final, que ce soit cette femme qui ait vraiment discerné l’intensité - l’enjeu exceptionnel - du moment. Dans sa liberté, c’est elle qui a tout compris (consciemment ou inconsciemment). Avez-vous le sentiment, parfois, d’être incompris (comme cette femme) ? Ou de penser autrement que les autres (d’avoir un autre regard sur la réalité ou le monde) ? Dans ces situations, qu’est-ce qui vous inspire ? Comment réagissez-vous ?
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- 12) Est-ce que vous aimez ce récit évangélique ? Si oui… pourquoi : quels enseignements / quelles conclusions en tirez-vous ? Si non… pourquoi ?
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NOTES