dimanche 20 avril 2025

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Les méditations proposées ici se situent dans l'horizon d'une Spiritualité chrétienne... Elles se fondent sur l'interprétation de l’Évangile comme "Bonne Nouvelle", qui nous rappelle qu'une Grâce originelle nous est offerte... laquelle nous ouvre à la liberté et la confiance !

Lors des cultes du dimanche, les Protestants essaient de mettre en lien leur vie présente avec l’Évangile... Il s'agit de se laisser inspirer par l'Esprit au quotidien... de s'ouvrir à quelque chose de Nouveau... 

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Dernières prédications

 Retrouvez les dernières prédications en ligne :

  • Pâques : une vie transformée, ici et maintenant - Pâques 2025 (20/04/25)
  • Méditation sur la Croix - Vendredi saint (18/04/25)
  • L’humilité et le service, pour se mettre à l’écoute de Dieu et des autres (13/04/25)
  • La Beauté ou l'utilité ? - culte autrement (12/04/25)
  • Après quoi courons-nous ? La vie a-t-elle un but ? (06/04/25)
  • Croire en un Dieu qui libère et qui relève (30/03/25)
  • Se convertir ou se perdre (23/03/25)
  • Heureux les artisans de paix (16/03/25) 
  • La foi pour transformer ses talents  : culte autrement (15/03/25)
  • Pas de peuple élu, mais une élection offerte à chacun (23/02/25)
  • Favoriser ou faire obstacle à la diffusion du salut ? (16/02/25) 
  • Jetez vos filets ailleurs ! (09/02/25)
  • Pâques : une vie transformée, ici et maintenant

     Lectures bibliques : Jean 20, 19-23 ; Actes 22, 6-11 ; 1 Pierre 1, 3-4 ; Romains 6, 3-7.11 ; Galates 2, 19-20 ; Jean 5, 24 = voir textes bibliques en bas de cette page.
    Thématique : Pâques : une vie transformée, ici et maintenant
    Prédication de Pascal LEFEBVRE / Bordeaux, le 20/04/2025 - culte de Pâques


    Pâques : des expériences spirituelles inouïes

    Les évangiles nous rapportent l’évènement de Pâques, à travers des récits d’apparitions.
    Le mystère de la Résurrection, en lui-même, n’est jamais décrit. Nous ne savons pas exactement comment les choses se sont passées - et nous ne le saurons sans doute jamais.

    Ce qui est mis en avant dans les récits pascals, ce sont les réactions des témoins du Ressuscité… des témoignages d’expériences spirituelles extraordinaires… marquées par l’inattendu, la surprise, et des bouleversements existentiels.

    Jésus est mort sur la croix… Mais, contre toute attente, il est apparait « vivant » - peu de temps après - dans une pièce fermée à clef…  « vivant » dans un autre plan de Réalité… Puis il disparaît… pour réapparaître à d’autres moments, ailleurs, auprès d’autres personnes.

    Ces évènements inimaginables ont profondément transformé la vie des disciples :

    Alors qu’ils vivaient dans la peur, le doute et la déception… eux qui avaient tout misé sur Jésus… voyant en lui le Messie, envoyé par Dieu…. Alors que tout semblait perdu, après son arrestation et sa crucifixion… une expérience spirituelle se produit… Ils se retrouvent soudain face à une présence, une parole, un souffle… qui change tout.
Et voilà que leur désespoir se mue en espérance nouvelle.

    Un tournant décisif

    Pâques marque un tournant décisif dans la vie des proches de Jésus : alors qu’ils sont brisés et désorientés… ils passent de la peur à la paix (cf. Jn 20.19-21)… du doute à la foi (cf. Thomas : Jn 20, 24-29)… du découragement à la mission…

    Et c’est la même chose pour l’apôtre Paul (Saul de Tarse), même si ça se passe bien plus tard… des années après… et même si Paul n’avait jamais rencontré le Jésus terrestre.

    Lui aussi, vit une expérience spirituelle inouïe sur le chemin de Damas (cf. Actes 9, 1-19; 22, 4-16; 26, 9-18) … l’Évangéliste Luc en parle comme d’une rencontre inattendue, éblouissante, bouleversante : une lumière éclatante surgit, et l’apôtre prend conscience qu’il est en présence du Christ glorifié.
    Cette rencontre va entièrement retourner sa vie, renverser ses certitudes et réorienter son cœur.

    Aujourd’hui encore…

    Deux mille ans plus tard, il faut reconnaître que nous n’avons pas accès directement à l’évènement de Pâques, si ce n’est qu’à travers ces témoignages.
Ce qui a été conservé, transmis, médité… ce sont des récits d’expériences spirituelles, des témoignages… et surtout les conséquences de ces rencontres : la foi qui en découle… les changements de vie qui en résultent.

    À travers les textes du Nouveau Testament, on constate que l’évènement de Pâques apporte quelque chose de vraiment nouveau dans la vie des disciples :
        ⁃    Une espérance vivante (cf. 1 Pierre 1,3).
        ⁃    Un sens renouvelé à leur existence : la mission commence là, après cette expérience spirituelle.
        ⁃    Une force nouvelle leur est offerte : celle de l’Esprit saint (Jn 20, 22 ; Lc 24,49 ; Ac 1,8).
        ⁃    Et une communauté va se ressouder et se rassembler autour de cette Bonne Nouvelle : le Christ est vivant !

    Et pour nous ?

    « Mais qu’est-ce que cela change pour nous, aujourd’hui ? »  Pourriez-vous me demander… C’est une question légitime !

    « C’est très beau tout ça….mais savoir que Jésus a été relevé de la mort par Dieu… qu’il est désormais « Vivant » sur un plan spirituel, dans la sphère divine… qu’il est apparu à de nombreux disciples et qu’il les a envoyé en mission, remplis de l’Esprit… qu’est-ce que ça change, concrètement, pour nous ? »

    Vous auriez raison de poser cette question… Car, ce qui nous intéresse, ce n’est pas seulement de savoir ce que la résurrection a changé pour les disciples du 1er siècle de notre ère… mais de découvrir ce que Pâques peut encore changer dans nos vies aujourd’hui.


    Pâques : une vie transformée, ici et maintenant

     
    Je vous propose quelques pistes de réponses, en sept points relativement brefs :

    • 1) Premièrement, Pâques révèle la justice de Dieu

    Pour la foi chrétienne, la croix et la résurrection sont indissociables. 

    La croix a une fonction révélatrice : elle manifeste l’injustice des hommes… puisque Jésus - innocent et juste - a été crucifié comme un criminel…  Face à ce constat, la résurrection de Jésus opère un retournement : elle manifeste l’action de Dieu, qui surmonte la situation, pour rétablir la justice.

    La résurrection atteste d’un Dieu capable de relever et de restaurer la vie de Celui qui a été injustement traité et condamné.
    Pâques incarne la victoire éclatante de la justice divine, capable de triompher des injustices humaines.

    A tout ceux qui se questionnent parfois sur l’action de Dieu, en se demandant : « Que fait Dieu ? Où est-il, face aux malheurs ou aux épreuves que nous traversons ? »…. l’évènement de Pâques nous révèle qu’il y a une justice divine, au-delà de la liberté humaine… même si cette justice ne se manifeste pas dans l’immédiateté.

    L’évènement de Pâques montre que nous pouvons faire confiance à Dieu… qu’aucun être humain n’est livré à l’arbitraire ou à l’absurde, sans que Dieu n’ait la possibilité - dans cette existence ou au delà de cette existence physique - de le relever et de restaurer son être, sa personnalité spirituelle. 

    • 2) Deuxième point : la résurrection atteste du triomphe de l’amour sur la haine

    Jésus est mort sur la croix, du fait de la violence et de l’injustice, présentes dans le monde. Mais Dieu n’en reste pas là.
    La résurrection manifeste le triomphe de l’amour divin sur les forces de haine et de mort.

    Il ne s’agit pas tant d’une victoire sur la mort physique - car Jésus est bel et bien mort crucifié - mais d’une victoire sur la mort spirituelle : « Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu » ! écrira Paul (Cf. Rm 8, 31-39)

    Pâques atteste que l’amour de Dieu a le dernier mot… qu’au bout du compte, son amour est bien plus puissant que toute forme de violence et de rejet. Puisque même la haine incarnée par la crucifixion, ne peut arrêter l’œuvre rédemptrice et transformatrice de Dieu.

    Dans un monde où les conflits violents, les divisions et les vengeances sont souvent les seules réponses à l’agression, la trahison et l’injustice… la résurrection nous montre que Dieu a donné raison à Jésus, dans son choix radical pour la non-violence et la confiance.

    Il nous faut bien réentendre cette parole dans le monde d’aujourd’hui :
    La confiance et la non-violence sont incontournables, sur le chemin du salut tracé par le Christ !

    • 3) Troisième point : Pâques montre que la foi l’emporte sur la peur

    Beaucoup de personnes, autour de nous, sont terrorisées par la perspective de la mort… Beaucoup vivent dans l’anxiété ou l’angoisse, face à la maladie, face à une fin de vie potentiellement difficile… ou du fait de l’expérience d’une séparation, d’un deuil, de la perte d’un proche.

    Par la croix et la résurrection de Jésus, Dieu vient briser les chaînes de la peur, et donne aux croyants une perspective nouvelle : au-delà de la peur, il nous offre la paix et l’assurance que l’amour et la vie prévaudront.

    Pâques nous libère de la peur de la mort (cf Hébreux 2:14-15)… pour nous conduire à la confiance : confiance que la vie ne s’arrête pas à la croix, ni à la tombe…  confiance qu’il y a une lumière au bout du tunnel… qu’une suite nous est promise… que notre « corps spirituel » est appelé à la résurrection, à la vie éternelle (cf. 1 Co 15). 

    L’espérance de la résurrection n’est pas une promesse de suppression des épreuves ou des douleurs - Jésus n’a pas pu éviter la croix -…  mais une espérance, au-delà de la souffrance et de la mort… celle de la présence de la lumière de Dieu… qui saura toujours nous accueillir et nous relever.

    Pâques nous délivre ainsi un message : « Tu n’as plus à vivre dans la peur. Jésus a triomphé de la mort. Il a triomphé de tout ce qui tente de nous écraser. Même lorsque le mal ou la mort se manifestent, soit assuré que Dieu aura toujours le dernier mot de la Vie ! »

    • 4) Quatrième point : la résurrection peut aussi être envisagée comme un acte de libération spirituelle pour l’humanité

    La résurrection atteste que la foi de Jésus et l’amour de Dieu ont été plus forts que le péché humain… plus forts que les forces maléfiques qui ont pu inspirer Judas et les autorités religieuses de son temps… plus forts que la mort.

    La résurrection ne relève pas seulement d’une manifestation extraordinaire dans le monde physique… elle atteste d’une libération spirituelle : de la possibilité de libérer l’humanité de la domination du péché et des forces de divisions qui agissent autour de nous ou en nous.

    En ressuscitant Jésus, Dieu brise les chaînes du péché et de la mort, offrant à l’humanité une vie nouvelle, mais aussi un chemin vers une véritable liberté spirituelle.

    C’est ainsi que l’apôtre Paul comprend le sens du baptême en Christ (cf. Rm 6) - un baptême d’eau et d’Esprit (cf. Jn 3,5) : En plongeant dans l’eau, le baptisé meurt et ressuscite avec le Christ. Il meurt à ce qui réduit son humanité (son égo, son orgueil, son péché), pour renaitre à une vie nouvelle. Désormais, il est libéré du poids du passé et du péché. Il n’est plus le même. Sa vie est en Christ. Elle est unie à Dieu. 

    • 5) C’est le cinquième point : la résurrection provoque une transformation personnelle, un renouvellement intérieur, pour le croyant

    La résurrection ne concerne pas seulement un événement historique passé (pour Jésus) ou une espérance future (pour nous), mais elle incarne - pour le présent - la possibilité d’un changement radical dans la vie de chaque croyant.

    Par sa résurrection, le Christ inaugure un nouveau commencement, pour ceux qui croient en lui et veulent participer à sa vie : c’est le passage d’une vie marquée par la mort et l’éloignement de Dieu… à une vie marquée par l’amour, la réconciliation et l’espérance.

    La résurrection devient ainsi une force active, qui permet de se détacher de ce qui est ancien - du vieil homme (cf. Rm 5-8 ; Ep 4, 22-24) - pour vivre dans l’Esprit du Christ et manifester les fruits de l’Esprit dans notre vie quotidienne (cf. Ga 5).

    Pâques ouvre un processus spirituel continuel de transformation, où le croyant vit une résurrection progressive, en communion avec le Christ ressuscité.

    Autrement dit… la foi produit une conversion… une transfiguration de notre être…

    C’est ce qui fait dire à Paul ces paroles magnifiques, dans la 2ème épitre aux Corinthiens et la lettre aux Galates : « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu’une réalité nouvelle est là. » (2 Co 5,17)
    « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi » (Ga 2,20).


    Il veut dire que, désormais, c’est l’Esprit du Christ qui anime l’existence tout entière… c’est la foi du Christ… sa liberté, son amour, sa paix, son espérance… qui sont vivants en nous.

    C’est sur la base de cette vie nouvelle en Christ - une vie fondée sur la confiance et la liberté, inspirée par l’Esprit saint - que les disciples vont pouvoir vivre, témoigner, s’organiser et partir en mission… pour propager la Bonne Nouvelle de la Résurrection, offerte à chacun. 

    • 6) C’est le sixième point, la résurrection devient source de puissance pour la mission chrétienne

    En tant que Ressuscité, le Christ envoie ses disciples - et donc son Église - pour poursuivre son œuvre de guérison et de réconciliation dans le monde.

    La résurrection est une source de vie nouvelle, de dynamisme et de courage, pour les croyants… Elle leur donne un souffle nouveau et une vocation… Elle les équipe pour la mission et la prédication de l’Évangile.

    Dans l’évangile de Jean, le Ressuscité est celui qui communique l’Esprit, pour permettre aux disciples de prendre la suite de Jésus (cf. Jn 20,21-23).

    Et chez Matthieu, l’évangile se conclut par ces fameuses paroles du Ressuscité, qui envoie les siens en mission : « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps. » (cf. Mt 28, 18-20 ; voir aussi Mt 10, 5-10).

    Lorsque nous parlons de l’évènement de Pâques… nous parlons de vies transformées… de ce que produit la Résurrection dans la vie des disciples et dans nos vies personnelles : un changement de regard sur Dieu et sur la vie… une libération du passé, du péché et de la peur… l’entrée dans une vie nouvelle, habitée par l’Esprit de confiance et de liberté qui était celui du Christ…

    Il s’agit là de Bonnes Nouvelles qu’on ne peut pas garder pour soi… qu’on a forcement envie de transmettre au monde entier !

    • 7) J’en viens au septième et dernier point : la résurrection est une force toujours actuelle, qui transforme les personnes et les situations. Elle ouvre la promesse d’un futur transformé.

    Je l’ai déjà dit : lorsqu’on parle de la résurrection, on ne parle pas seulement ni d’un évènement qui est arrivé, par le passé, à Jésus… ni de l’espérance de la vie éternelle, après notre mort… on parle d’une force transformatrice… d’une puissance spirituelle qui agit, ici et maintenant.

    Pâques nous invite à expérimenter - dès aujourd’hui - la vie éternelle… cette vie nouvelle en Christ, qui va bien au-delà de notre existence biologique.
    Le Christ nous appelle à vivre la résurrection dans notre quotidien, à être des témoins de la lumière divine, dans un monde souvent plongé dans les ténèbres de la peur, de la rivalité et de la souffrance.

    La vie éternelle n’est pas simplement un « futur après la mort », c’est une transformation qui commence maintenant… lorsque nous mettons notre foi en Jésus-Christ… lorsque nous adhérons à son message… lorsque nous vivons en relation avec le Dieu d’amour…  Tout cela nous pousse à vivre pour le Royaume de Dieu et sa justice (cf. Mt 6,33).

    Cette transformation intérieure active, Jésus en parle dans l’évangile de Jean, en parlant de la vie éternelle au présent - je cite à nouveau ce verset :
    « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (cf. Jn 5, 24).

    Nous sommes déjà dans la vie éternelle… Notre présent est transformé - il est transformé par la Puissance spirituelle qui a transformé Jésus - et notre futur l’est aussi, en conséquence.

    Si Dieu a ressuscité Jésus, il peut aussi métamorphoser nos vies et notre monde. Ce n’est pas une promesse pieuse, c’est un appel à vivre de l’Esprit du Christ… et à être acteurs d’un changement, ici et maintenant. 

    Conclusion

     
    Vous l’avez compris… chers amis… Pâques n’est pas juste un événement à commémorer… c’est une puissance à expérimenter (cf. Ph 3,10-11).

    C’est l’Esprit du Christ qui nous est offert… et c’est une Parole performative qui donne sens à notre existence… en nous redisant ces mots puissants :

    « Rien n’est jamais perdu… Rien ne peut te séparer de l’amour de Dieu…
    Aïe confiance ! La vie peut toujours se renouveler… cette vie nouvelle et résiliente t’est offerte, ici et maintenant ! …  Laisse l’Esprit du Christ agir en toi ! »  


    Oui, chers amis… la résurrection du Christ conduit à notre propre résurrection… Elle transforme notre manière de penser, d’agir, d’aimer et de servir.

    Qu’il en soit ainsi ! Amen. 

     

    Lectures bibliques 20 avril 2025 - Fête de Pâques - temple du Hâ


    Jean 20, 19-23
    19Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine, alors que, par crainte des autorités juives, les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint au milieu d'eux et il leur dit : « La paix soit avec vous. » 20Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie. 21Alors, à nouveau, Jésus leur dit : « La paix soit avec vous. Comme le Père m'a envoyé, à mon tour je vous envoie. » 22Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l'Esprit Saint ; 23ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »


    Actes 22, 6-11
    6« Je poursuivais donc ma route et j'approchais de Damas quand soudain, vers midi, une grande lumière venue du ciel m'enveloppe de son éclat. 7Je tombe à terre et j'entends une voix me dire : “Saoul, Saoul, pourquoi me persécuter ?” 8Je réponds : “Qui es-tu, Seigneur ?” La voix reprend : “Je suis Jésus le Nazôréen, c'est moi que tu persécutes.” 9Mes compagnons avaient bien vu la lumière mais ils n'avaient pas entendu la voix qui me parlait. 10Je demande : “Que dois-je faire, Seigneur ?” Et le Seigneur me répond : “Relève-toi, va à Damas, et là on t'indiquera dans le détail la tâche qui t'est assignée.” 11Mais, comme l'éclat de cette lumière m'avait ôté la vue, c'est conduit par la main de mes compagnons que j'arrive à Damas. »

    1 Pierre 1, 3-4
    3Bénissons Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Dans sa grande bonté, il nous a fait naître à une vie nouvelle, en ressuscitant Jésus Christ d'entre les morts. C'est pour que nous ayons une espérance vivante, 4en attendant l'héritage que Dieu réserve aux siens.

    Romains 6, 3-7.11
    3Ignorez-vous que nous tous, baptisés en Jésus Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés ? 4Par le baptême, en sa mort, nous avons donc été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle. 5Car si nous avons été totalement unis, assimilés à sa mort, nous le serons aussi à sa résurrection. 6Comprenons bien ceci : notre vieil homme a été crucifié avec lui pour que soit détruit ce corps de péché et qu'ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. 7Car celui qui est mort est libéré du péché. […] 11De même vous aussi : considérez que vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ.
    Galates 2, 19-20
    Avec le Christ, je suis un crucifié ; 20je vis, mais ce n'est plus moi, c'est Christ qui vit en moi. Car ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi.

    Jean 5, 24
    En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.


    vendredi 18 avril 2025

    Méditation sur la Croix - vendredi saint

    Article du Pasteur Pascal LEFEBVRE - le 18/04/2025 - à l’occasion du « Vendredi saint »

    Comprendre « LA CROIX » et la mort de Jésus-Christ

    Le jour du « Vendredi saint », les Chrétiens se rassemblent autour de la Croix pour commémorer la crucifixion de Jésus. C’est un moment de recueillement et de mémoire, marqué par la gravité du « sacrifice » et l’espérance de la résurrection.
     
    Mais pour beaucoup, la Croix demeure un mystère. Pourquoi avoir fait d’un instrument de torture et de mort le symbole central de la foi chrétienne ? Comment un objet de souffrance a-t-il pu devenir, au fil des siècles, un signe d’amour, de salut et de rédemption ?

    Quels sens donner à la mort de Jésus sur la Croix ?

    La théologie chrétienne a longtemps mis en avant une lecture sacrificielle de cet événement, notamment à travers la notion d’« expiation substitutive ». Cette interprétation, bien qu’influente, soulève de nombreuses questions — tant théologiques qu’éthiques — et ne suffit plus, à elle seule, à exprimer toute la richesse du mystère pascal. Aujourd’hui, d’autres lectures, plus en phase avec les paroles de Jésus et la vision d’un Dieu d’amour et de compassion, viennent l’enrichir.

    Cet article propose 8 perspectives différentes et complémentaires, pour mieux comprendre le sens de la Croix.

    1) La croix sous l’angle de l’expiation substitutive
    2) La croix comme participation de Dieu à la souffrance humaine
    3) La croix comme réconciliation
    4) La croix comme folie de Dieu
    5) La croix comme dénonciation de l’injustice
    6) La croix comme processus créatif de transformation
    7) La croix comme exemple moral à imiter
    8) La croix comme processus de réconciliation cosmique


    (Un des textes évangéliques du récit de la crucifixion est cité en référence en fin de document : cf. Luc 23, 33-49)

    1. La croix sous l’angle de l’expiation substitutive

    Référence biblique : Es 53, 3-7 (voir en fin de document) 

    L’interprétation traditionnelle de la mort de Jésus sur la croix repose sur la notion d’expiation. Dans le sens biblique, l’expiation désigne un acte de réparation, de rachat ou de compensation, qui vise une réconciliation, et qui s’opère à travers une geste de purification, de pénitence, d’offrande ou de sacrifice.
     
    [Cette interprétation « sacrificielle » est notamment héritée d’Anselme de Cantorbéry. Elle pose comme présupposé le fait que l’humanité est profondément marquée par le péché depuis ses origines. Cette situation d’injustice aurait gravement offensé l’honneur de Dieu ; elle exige une réparation. Seul Jésus, en tant que Christ, serait en mesure de l’accomplir. Ainsi, Jésus accepterait de mourir sur la croix, en se substituant aux pécheurs, portant en lui le châtiment que l’humanité aurait mérité. Ce sacrifice viendrait alors « satisfaire » la justice divine et ouvrir la voie au pardon de Dieu.]

    A la croix, le Christ est médiateur du salut. D’une part, il opère l’expiation au nom des hommes. D’autre part, il révèle l’amour incommensurable de Dieu : un Dieu qui se donne ; un amour qui accepte tout, qui endure tout, y compris le mal et l’injustice des autres.

    Jésus est celui qui a accepté de prendre sur lui le péché et le châtiment que les hommes méritaient, en s’associant au péché, pour le faire mourir avec lui, pour crucifier le péché (cf. Rm 6,6 ; Rm 8,3 ; 2 Co 5,21).

    A travers ce don de soi radical - ce sacrifice - Jésus porte sur lui le poids du péché humain, pour l’engloutir dans la mort, pour l’ôter, afin de nous donner la paix.

    Dans cette vision de l’expiation substitutive, Jésus n’est pas simplement un martyr, mais un Sauveur qui accepte de porter nos fautes. Il souffre à notre place.

    En s’offrant en sacrifice, le Christ réconcilie Dieu avec les êtres humains, car il répare l’offense humaine qui portait atteinte à l’honneur de Dieu. En même temps - dans le même geste - il offre aux hommes la réconciliation de Dieu.

    Dans le monde d’aujourd'hui, souvent déconnecté de la notion de péché et de jugement, ce message est un rappel important : seul Jésus - en tant que Christ - peut nous réconcilier avec Dieu.
    Il a pris sur lui ce que nous ne pouvions porter : le poids de toutes nos fautes, le péché du monde. Il éteint ainsi la diffusion du mal. Il nous libère du poids du péché, en nous ouvrant le pardon de Dieu.

    La croix est un appel à accepter ce don total - ce sacrifice - et à vivre cette libération que Jésus nous apporte. Désormais, nous sommes libérés, pour aimer et pour servir.

    Remarques importantes :

    Cette interprétation de la Croix, bien que riche de sens et appuyée sur certains fondements scripturaires, rencontre un certain nombre d’objections. Elle est souvent contestée par la théologie moderne et libérale, car elle soulève de nombreuses interrogations :

    • Faut-il croire en un Dieu qui punit ? Et qui exigerait « réparation » à cause du péché humain ? Une telle image de Dieu ne contredit-elle pas de nombreuses paroles de Jésus dans les Évangiles, qui présentent un Dieu d’amour, de miséricorde et de compassion.
    •  Que savons-nous de la justice divine ? Cette approche ne réduit-elle pas la portée de la croix à une vision juridico-rétributive, presque comptable, typiquement humaine ? L’idée selon laquelle la réconciliation avec Dieu nécessiterait une « compensation » sous forme de mort sacrificielle, ne rabaisse-t-elle pas le pardon divin à une simple transaction ?
       
    • Le recours à la souffrance d’un innocent pour « satisfaire » la justice divine est-il réellement concevable ? N’introduit-il pas une conception violente et punitive de Dieu ? Ce Dieu qui exigerait la mort de son propre Fils, ne ressemble-t-il pas davantage à une figure cruelle (une « dystopie de Dieu » comme un personnage vindicatif et sévère) qu’à un Père bien aimant ?
       
    • Le pardon de Dieu est-il gratuit ou conditionné ? Si Dieu est amour et qu’il pardonne librement, pourquoi exigerait-il un « sacrifice » (comme les dieux païens) ? Cette logique ne va-t-elle pas à l’encontre de l’enseignement de Jésus, notamment dans ses paraboles sur la miséricorde (cf. Luc 15) ? Et de ses gestes prophétiques, comme lorsqu’il chasse les marchands du Temple, dénonçant toute tentative de « marchandage » avec Dieu ?
       
    • Enfin, cette interprétation ne trahit-elle pas une forme d’anthropocentrisme ou d’orgueil spirituel ? Est-il raisonnable de croire que le péché de l’homme – créature infime dans l’univers / ou le multivers – pourrait réellement atteindre l’honneur du Créateur ? Le péché ne nuit-il pas d’abord et avant tout à l’homme lui-même, à sa relation avec les autres et à sa capacité de vivre une existence juste et fraternelle ?
     
    Toutes ces questions sont légitimes ; elles ouvrent précisément la voie à d’autres approches, plus nuancées et mieux accordées à une compréhension contemporaine de Dieu, de l’amour et de la souffrance.

    2. La croix comme participation de Dieu à la souffrance humaine

    Référence biblique : Hébreux 4, 14-16 (voir en fin de document)

    A la croix, Jésus ne se contente pas de souffrir à notre place, pour payer la dette de l’humanité, à cause du péché (cf. Expiation substitutive).
    En tant que Christ, il s’identifie à nous, à toute l’humanité pécheresse. Il choisit de compatir à notre condition humaine.

    En cela, il est le révélateur d’un Dieu, qui participe à la souffrance humaine et qui accepte de prendre sur lui le mal et la mort. (C’est la vision de l’expiation participative).

    Le Dieu de Jésus-Christ n’est pas un Dieu distant, qui observerait de loin notre situation, mais un Dieu qui partage notre douleur. La croix nous montre que Dieu ne reste pas indifférent à notre sort. Il vit avec nous ; il ressent notre souffrance ; il y participe. Il se rend solidaire des hommes, en partageant pleinement notre humanité.

    En Jésus et par lui, Dieu montre qu’il connaît de l’intérieur ce que signifie souffrir, ressentir l’injustice ou la douleur. Non seulement, cette solidarité nous apporte une consolation infinie dans nos propres combats, car Dieu nous accompagne et lutte avec nous au coeur des épreuves. Mais elle nous montre qu’il est possible de traverser le mal, de le surmonter et de le vaincre.

    Cette possibilité Jésus l’inaugure par un geste d’abandon dans la foi : il ne s’agit plus de se débarrasser du mal, en le renvoyant ailleurs ou en le retournant contre autrui, mais il nous montre qu’il est possible de l’accueillir, d’accepter de l’absorber et le prendre sur soi, pour l’éteindre.

    En ce sens, la croix devient un lieu de transformation et de communion avec Dieu. Elle nous révèle l’infinie compassion de Dieu, qui accepte de partager nos souffrances. 

    (Selon le théologien Paul Tillich : « La croix est le symbole du paradoxe chrétien, où Dieu se révèle dans l’abîme de la souffrance et du mal ». C’est parce que Dieu prend sur lui le mal, qu’il nous offre la rédemption en Jésus-Christ.)

    Dans un monde où la souffrance est omniprésente – qu’il s’agisse de maladies, de violences, de deuils ou d’injustices – il est souvent difficile de comprendre où Dieu se trouve vraiment. Dans les moments les plus sombres de notre existence, nous sommes tentés de le croire absent, indifférent ou lointain. Pourtant, la croix nous donne une réponse bouleversante : Dieu est avec nous dans notre souffrance. Il nous aide à porter nos fardeaux. Il n’y a pas de souffrance humaine qui échappe à son regard de compassion et d’amour.

    3. La croix comme réconciliation

    Référence biblique : 2 Co 5, 17-21 (voir en fin de document)

    La croix peut aussi être comprise comme un acte de réconciliation.
    Dieu est amour (cf. 1 Jn 4,16). Il s’efforce inlassablement d’appeler les êtres humains, de leur offrir sa grâce et ses bénédictions. Mais, bien souvent, les hommes restent sourds ou insensibles à sa volonté.

    La croix révèle, de façon centrale, l’amour inconditionnel de Dieu :
    D’une part, il y manifeste son pardon : « il ne met pas leurs fautes au compte des hommes » dit l’apôtre Paul (cf. 2 Co 5,19). Il accepte l’être humain avec son péché, bien qu’il soit inacceptable.
    D’autre part, il offre à l’humanité de restaurer sa relation avec Lui.
    Il propose de rétablir la communion perdue entre le Créateur et ses créatures.

    Dit autrement, la croix est le lieu d’un dépassement radical : le lieu où la rupture causée par le péché est surmontée ; le lieu où Dieu manifeste son offre de réconciliation à l’humanité tout entière.

    En acceptant de mourir sur la croix et en sollicitant le pardon divin (cf. Lc 23,34), le Christ ne se contente pas de subir le mal ou de répondre à une exigence judiciaire, en réalité, il ouvre un nouveau chemin de communion avec Dieu.

    Dans l’optique paulinienne, la croix est l’aboutissement du désir de Dieu : sa volonté de rétablir l’harmonie originelle entre l’homme et son Créateur.
    Par la croix - par le don de soi et l’engloutissement du mal dans la mort - Jésus ouvre la possibilité d’une rencontre nouvelle avec Dieu, où le péché perd son pouvoir séparateur : rien ne peut plus nous séparer de l’amour de Dieu (cf. Rm 8, 38-39).

    Désormais, « le monde ancien est passé, voici qu’une réalité nouvelle est là » (cf. 2 Co 5,17). Entrer dans cette nouvelle réalité, c’est accepter de vivre cette réconciliation dans nos vies, en tendant la main à ceux avec qui nous sommes en conflit. La croix manifeste ainsi l’appel que le Christ nous adresse : un appel à nous réconcilier avec Dieu et entre nous, pour vivre en paix.

    Aujourd’hui, nous vivons dans un monde divisé : les guerres, les inégalités, et les divisions sociales sont omniprésentes, et même dans nos vies personnelles, nous pouvons parfois être emportés par la colère, la rancune ou l’incompréhension. La Croix nous appelle à être des artisans de réconciliation dans notre monde, dans nos communautés et auprès de nos proches. Jésus nous enseigne que l’amour et le pardon ne sont pas des options en fin de parcours, mais des réalités premières, essentielles à la vie chrétienne. Nous ne pouvons pas rester indifférents, face aux tensions ou à la haine ; nous sommes invités à répondre à l’appel du Christ, pour chercher la réconciliation, guérir les fractures et bâtir la paix.

    4. La croix comme folie de Dieu

    Référence biblique : 1 Co 1, 18-25 (voir en fin de document)

    Aux yeux du monde, la croix est un scandale : la mort violente d’un homme injustement condamné. Mais un homme qui meurt ainsi, comme un martyr - crucifié comme un criminel - peut difficilement être vu comme un sauveur. Pourtant, aux yeux de l’apôtre Paul, la Croix n’est pas une faiblesse. Elle manifeste, au contraire, une sagesse qui dépasse les logiques humaines.

    Elle est le lieu où l’amour de Dieu se révèle, par excellence, d’une manière qui défie la compréhension humaine :
    En choisissant de s’abaisser, de souffrir, de se laisser ridiculiser, pour accomplir son œuvre de salut, le Christ vient anéantir les valeurs de religiosité, de pouvoir ou de puissance, chères au humain. C’est précisément à cause de leurs principes - de leurs règles, de leur soif de pouvoir, ou de leurs peurs - que les hommes en sont venus à crucifier l’envoyé de Dieu. Ce qui paraît - à première vue - être une défaite totale, est - en réalité - la victoire la plus éclatante sur le péché, le mal et la mort.

    La Croix a une fonction révélatrice : elle renverse les attentes humaines et réaffirme que Dieu agit d’une manière qui dépasse toutes les attentes mondaines, en choisissant l’humilité et la souffrance, plutôt que la gloire et la domination.

    En ce sens, la croix porte un message paradoxal. Elle procède à une inversion totale des valeurs humaines : là où l’on s’attend à voir la justice humaine, c’est l’injustice. Là où l’on s’attend à voir la défaite du Christ, Dieu opère paradoxalement sa victoire.

    C’est par la « folie » de la croix - par la non-puissance - que Dieu a choisi de manifester la puissance de son salut. Une fois pour toute, la violence se révèle être une impasse dramatique. Et la « non-violence » le seul choix possible aux yeux de Dieu.

    Dans notre société moderne, nous sommes constamment appelés à lutter, pour réussir à tout prix. Nous sommes confrontés à un idéal de croissance, de pouvoir, de performance, de succès, fondé sur « des rapports de force ». La Croix nous invite à revoir notre propre perception de la sagesse et de la puissance. La véritable force réside dans la capacité à servir et à aimer sans condition, quitte à sacrifier nos désirs égocentriques, pour le bien des autres. Ce modèle de « folie » nous appelle à une vie radicalement différente, une vie où l’amour, la compassion et l’humilité sont plus puissants que n’importe quelle stratégie de domination.
     
    5. La croix comme dénonciation de l’injustice

    Références bibliques : Lc 4, 17-19 ; Lc 23, 33-34. 41-43 (voir en fin de document)

    Sur la croix, Jésus meurt comme un innocent au milieu des coupables.
    Il subit l’injustice du système humain. Pourtant même là, il témoigne encore de la miséricorde de Dieu (cf. Luc 23, 34.43).

    La croix peut être vue comme un symbole : le symbole de la lutte contre l’injustice. Sur la croix, le Christ est solidaire de tous ceux qui souffrent injustement.

    En mourant, Jésus prend position contre toutes les formes d’injustice, d’oppression et d’inégalité qui existaient à son époque. Comme ses disciples, il nous appelle à faire de même, aujourd’hui.

    La croix nous révèle que Dieu ne reste pas neutre face à l’injustice, mais qu’il s'engage pour l’amour et la vérité, ainsi que Jésus l’avait fait durant son ministère : en enseignant, en accueillant les marginalisés, en guérissant les malades, en ressuscitant l’espérance, et en redonnant à chacun sa dignité et sa place dans la société et devant Dieu.

    Dans un monde où les inégalités, l’oppression et l’injustice sont toujours présentes… dans un monde où les abus de pouvoir et la corruption sont des réalités…  la croix est un symbole fort, qui nous appelle à dénoncer toutes les formes d’injustices, à agir avec compassion et solidarité, et à vivre dans la certitude que Dieu nous accompagne… qu’il nous encourage et nous soutient, dans ce processus de dénonciation des injustices et d’évolution des consciences.

    6. La croix comme processus créatif de transformation

    Références bibliques : Jn 12, 24 ; Rm 6, 3-6 ; Ga 2, 19-20 (voir en fin de document)
     
    Pour les premiers chrétiens, la Croix n’est pas seulement un acte historique ; elle initie un processus de transformation dans la vie du croyant.
     
    En nous identifiant à la croix - au Christ crucifié et ressuscité - nous participons à un chemin de mort et de vie. La croix de Jésus devient le modèle de notre propre crucifixion au péché, pour que nous vivions une vie nouvelle en Christ.

    Ce processus créatif transforme notre cœur, nous rendant davantage semblables à Jésus. Il ne s’agit pas seulement d’un changement moral, mais d’une transformation spirituelle et existentielle, où le Christ vit en chacun de nous, élargit notre conscience et notre coeur, et nous rend capables d’aimer, de donner et de pardonner.

    La croix est ainsi le signe d’une vie nouvelle transformée, offerte à chaque croyant dans la foi.

    Ce processus créatif de transformation a un impact plus large : il n’est pas seulement individuel, il est aussi collectif. Car chaque individu agit à un niveau communautaire et social.

    A son échelle, chacun peut transformer le mal en bien… chacun peut rechercher la justice, apporter libération et réconciliation autour de lui. En ce sens, la croix annonce une création en voie de transformation.

    A l’heure où notre monde est de plus en plus « interconnecté » et en évolution constante, cette vision de la croix, comme un processus créatif de rédemption, où Dieu transforme le mal et la souffrance en de nouvelles possibilités, est particulièrement inspirante… car - aujourd’hui encore - nous avons besoin de l’inspiration divine, face aux défis globaux, tels que les conflits armés, les crises sociales et économiques, et les inégalités.

    Cette approche rejoint notre désir de réinventer l’avenir, de voir la souffrance et le mal, non comme des fatalités ou des impasses, mais comme des occasions de transformation. Nous avons besoin de la créativité du Souffle divin, pour être acteurs et participer à l’advenue d’un monde nouveau, enfin réconcilié, qui soit en résonance avec le projet divin : le Royaume de Dieu.

    La croix constitue une invitation à participer à un processus continu de renouvellement du monde, correspondant à la volonté de Dieu.

    7. La croix comme exemple moral à imiter
     
    Références bibliques : Jn 13, 34-35 ; Mc 8, 34-35 (voir en fin de document)

    En plus d’être le lieu de manifestation du salut de Dieu, la croix est aussi un modèle moral proposé au croyant : celui du don de soi.
     
    En acceptant de mourrir pour nous, Jésus nous montre que la véritable liberté se trouve dans l’amour, l’humilité et le service.
     
    Comme le sermon sur la montagne (cf. Mt 5-7), la croix nous appelle à dépasser la réciprocité, à vivre dans le don de soi, à aimer généreusement, à servir les autres sans rien attendre en retour. Jésus n'a pas seulement enseigné, il a accepté de sacrifier sa vie. Il a ainsi tracé un chemin de vie juste et bon, pour nous.
     
    Suivre Jésus, c’est imiter son amour, sa patience et sa générosité envers ceux qui nous entourent.
    La croix est ainsi un modèle inspirant, pour vivre nos relations avec Dieu et avec les autres : dans la compassion, l’amour désintéressé et l’engagement à faire le bien.

    8. La croix comme processus de réconciliation cosmique

    Références bibliques : Col 1, 13-14. 19-20 ; Ep 1, 9-10 (voir en fin de document)

    Pour les auteurs des lettres aux Ephésiens et aux Colossiens, la Croix représente un évènement décisif. Elle est le point de rencontre entre le ciel et la terre, le visible et l’invisible.

    La croix a des implications non seulement pour l’humanité, mais pour l’ensemble de la création.

    Jésus-Christ, par sa mort sur la croix, prend part à un processus de réconciliation cosmique, où Dieu cherche à restaurer et à renouveler toute la création, non seulement l’humanité.

    Dans cette vision, la rédemption de l’humanité est liée à la rédemption de l’ensemble de la création, un processus dans lequel Dieu travaille avec l’univers, pour en faire un monde meilleur, plein de possibilités nouvelles.

    En d’autres termes, la Croix est, à la fois, un acte d’amour radical et un moment créatif dans l’histoire du monde, annonçant une réconciliation non seulement entre Dieu et l’humanité, mais aussi entre l’humanité et l’ensemble de la création.
     
    Conclusion

    Chacune des perspectives explorées ci-dessus, offre une compréhension profonde de la mort de Jésus sur la croix.

    Toutes ces lectures ont en commun une vérité fondamentale : la Croix est l’expression ultime de l’amour de Dieu pour l’humanité. Par elle - en Jésus-Christ - Dieu agit pour restaurer ce qui était brisé, pour donner un sens à la souffrance humaine, et pour offrir une voie de réconciliation et de salut.

    Pour les croyants, la Croix n’est pas un simple souvenir… Elle est un symbole transformateur puissant… qui nous appelle à vivre selon la sagesse de Dieu… une sagesse qui renverse les normes du monde.

    Par la Croix, le Christ nous appelle à lâcher notre égo… à entrer dans la foi… à rechercher la justice (cf. Mt 6,33)… pour participer à son œuvre de réconciliation et de transformation.

    Il revient à chacun d’entrer plus profondément dans ce mystère de la Croix, pour découvrir la vie nouvelle dont elle est porteuse.

    Et vous… quels sens donnez-vous à la Croix… pour vous-mêmes… pour votre existence… vos engagements … et pour le monde ?

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    Références bibliques

    Luc 23, 33-49 (TOB) - Un des récits de la crucifixion

    33Arrivés au lieu dit « le Crâne », ils l'y crucifièrent ainsi que les deux malfaiteurs, l'un à droite, et l'autre à gauche. 34Jésus disait : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font. » Et, pour partager ses vêtements, ils tirèrent au sort. 35Le peuple restait là à regarder ; les chefs, eux, ricanaient ; ils disaient : « Il en a sauvé d'autres. Qu'il se sauve lui-même s'il est le Messie de Dieu, l'Elu ! » 36Les soldats aussi se moquèrent de lui : s'approchant pour lui présenter du vinaigre, ils dirent : 37« Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même. » 38Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « C'est le roi des Juifs. »

    39L'un des malfaiteurs crucifiés l'insultait : « N'es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même et nous aussi ! » 40Mais l'autre le reprit en disant : « Tu n'as même pas la crainte de Dieu, toi qui subis la même peine ! 41Pour nous, c'est juste : nous recevons ce que nos actes ont mérité ; mais lui n'a rien fait de mal. » 42Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi. » 43Jésus lui répondit : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis. »

    44C'était déjà presque midi et il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu'à trois heures, 45le soleil ayant disparu. Alors le voile du sanctuaire se déchira par le milieu ; 46Jésus poussa un grand cri ; il dit : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit. » Et, sur ces mots, il expira. 47Voyant ce qui s'était passé, le centurion rendait gloire à Dieu en disant : « Sûrement, cet homme était juste. » 48Et tous les gens qui s'étaient rassemblés pour ce spectacle, à la vue de ce qui s'était passé, s'en retournaient en se frappant la poitrine. 49Tous ses familiers se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée et qui regardaient.
     
    Es 53, 3-7 (NBS)

    3Méprisé et abandonné des hommes,
    homme de douleur et habitué à la souffrance,
    semblable à celui de qui on se détourne,
    il était méprisé,
    nous ne l'avons pas estimé.

    4En fait, ce sont nos souffrances qu'il a portées,
    c'est de nos douleurs qu'il s'était chargé ;
    et nous, nous le pensions atteint d'un fléau, frappé par Dieu et affligé.
    5Or il était transpercé à cause de nos transgressions,
    écrasé à cause de nos fautes ;
    la correction qui nous vaut la paix est tombée sur lui,
    et c'est par ses meurtrissures que nous avons été guéris.
    6Nous étions tous errants comme du petit bétail,
    chacun suivait sa propre voie ;
    et le Seigneur a fait venir sur lui notre faute à tous.

    7Maltraité, affligé, il n'a pas ouvert la bouche ;
    semblable au mouton qu'on mène à l'abattoir,
    à une brebis muette devant ceux qui la tondent,
    il n'a pas ouvert la bouche.

    Hébreux 4, 14-16 (TOB)

    14Ayant donc un grand prêtre éminent, qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, tenons ferme la confession de foi. 15Nous n'avons pas, en effet, un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses ; il a été éprouvé en tous points à notre ressemblance, mais sans pécher. 16Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le trône de la grâce, afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour un secours en temps voulu.

    2 Co 5, 17-21 (TOB)

    17Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu'une réalité nouvelle est là. 18Tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. 19Car de toute façon, c'était Dieu qui en Christ réconciliait le monde avec lui-même, ne mettant pas leurs fautes au compte des hommes, et mettant en nous la parole de réconciliation. 20C'est au nom du Christ que nous sommes en ambassade, et par nous, c'est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu. 21Celui qui n'avait pas connu le péché, il l'a, pour nous, identifié au péché, afin que, par lui, nous devenions justice de Dieu.

    1 Co 1, 18-25 (TOB)

    18La parole de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui sont en train d'être sauvés, pour nous, elle est puissance de Dieu. 19Car il est écrit : Je détruirai la sagesse des sages et j'anéantirai l'intelligence des intelligents.
    20Où est le sage ? Où est le docteur de la loi ? Où est le raisonneur de ce siècle ? Dieu n'a-t-il pas rendue folle la sagesse du monde ?
    21En effet, puisque le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient.
    22Les Juifs demandent des signes, et les Grecs recherchent la sagesse ; 23mais nous, nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens, 24mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, il est Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
    25Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.

    Lc 4, 17-19 (TOB)

    17On donna [à Jésus] le livre du prophète Esaïe, et en le déroulant il trouva le passage où il était écrit :
    18L'Esprit du Seigneur est sur moi
    parce qu'il m'a conféré l'onction
    pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres.
    Il m'a envoyé proclamer aux captifs la libération
    et aux aveugles le retour à la vue,
    renvoyer les opprimés en liberté,
    19proclamer une année d'accueil par le Seigneur.

    Lc 23, 33-34. 41-43 (NBS)

    33Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé le Crâne, ils le crucifièrent là, ainsi que les deux malfaiteurs, l'un à droite et l'autre à gauche. 34Jésus disait : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. […]

    41Pour nous, c'est justice [disait un des deux malfaiteurs], car nous recevons ce qu'ont mérité nos actes ; mais celui-ci n'a rien fait de mal.
    42Et il disait : Jésus, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton royaume. 43Il lui répondit : Amen, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis.

    Jn 12, 24 (TOB)

    24En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance.

    Rm 6, 3-6 (TOB)

    Nous tous, baptisés en Jésus Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés. 4Par le baptême, en sa mort, nous avons été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle. 5Car si nous avons été totalement unis, assimilés à sa mort, nous le serons aussi à sa résurrection. 6Comprenons bien ceci : notre vieil homme a été crucifié avec lui […].

    Ga 2, 19-20 (TOB)

    Avec le Christ, je suis un crucifié ; 20je vis, mais ce n'est plus moi, c'est Christ qui vit en moi. Car ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi.

    Jn 13, 34-35 (TOB)

    34« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. 35A ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l'amour que vous aurez les uns pour les autres. »
     
    Mc 8, 34-35 (TOB)

    « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu'il me suive. 35En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Evangile, la sauvera ».

    Col 1, 13-14. 19-20 (TOB)

    13[Le Père] nous a arrachés au pouvoir des ténèbres et nous a transférés dans le royaume du Fils de son amour ; 14en lui nous sommes délivrés, nos péchés sont pardonnés. […]
    19Car il a plu à Dieu de faire habiter en [Christ] toute la plénitude 20et de tout réconcilier par lui et pour lui, et sur la terre et dans les cieux, ayant établi la paix par le sang de sa croix.
     
    Ep 1, 9-10 (TOB)

    9[Le Père] nous a fait connaître le mystère de sa volonté, le dessein bienveillant qu'il a d'avance arrêté en lui-même 10pour mener les temps à leur accomplissement : réunir l'univers entier sous un seul chef, le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre.
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    dimanche 13 avril 2025

    Jn 13, 1-17

    Lectures bibliques : Jn 13, 1-17 (autre lecture possible : Ph 2, 1-11) = voir texte en bas de cette page
    Thématique : L’humilité et le service, pour se mettre à l’écoute de Dieu et des autres
    Prédication de Pascal LEFEBVRE / Bordeaux, le 13/04/2025 - culte avec les jeunes

    Nous écoutons aujourd’hui ce récit surprenant de l’évangile de Jean (cf. Jn 3, 1-17) où Jésus lave les pieds de ses disciples : un geste choquant pour ses contemporains… et toujours étonnant pour nous. 

    À l’époque, ce geste était réservé aux esclaves, aux personnes qui étaient tout en bas de l’échelle sociale. Alors pourquoi Jésus - le Maître - fait-il cela ? Quel signification donne-t-il à cet acte ? Et comment ce geste peut-il encore nous parler et nous concerner 2000 ans plus tard ?

    Jésus, l'exemple d’une humilité radicale

    Imaginons d’abord la scène… comme si nous y étions : Jésus, l’envoyé de Dieu, celui qui enseigne avec autorité et qui accomplit des signes extraordinaires, se met à genoux pour laver les pieds de ses compagnons de route. Un geste aussi simple qu’inattendu. Pourquoi cet acte de soumission volontaire auprès de ses disciples ? 

    Certainement pour leur transmettre un exemple d’humilité avant sa mort prochaine. Car Jésus est conscient de sa mort imminente, il prépare ses disciples à ce qui va arriver…

    « Un serviteur n’est pas plus grand que son maître, tout comme un envoyé n’est pas plus grand que celui qui l’envoie » (v. 16). Jésus n’a cessé d’être au service de son Père, à l’écoute de la volonté divine… Il s’est fait le chantre et le serviteur du Royaume de Dieu. 

    Après lui, les disciples ne devront pas faire autrement… Ils ne devront pas entrer dans des discussions ou des tensions, pour savoir qui aura la préséance ou le privilège de la première place, quand Jésus ne sera plus là. « Si quelqu'un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » C’est une parole que nous entendons aussi dans l’Evangile de Marc (cf. Mc 10, 43-44). 

    Pour nous, au XXIe siècle, la notion de service et d’humilité peut paraître démodée - à contre-courant même ! - dans un monde où nous sommes plutôt encouragés à paraître, à briller, à « réussir » selon des critères de performance et d’apparence. Jésus, lui, renverse cette mentalité courante… en affirmant que la véritable grandeur ne se mesure pas à la position qu’on occupe, mais à la manière dont nous acceptons de servir les autres, quitte à lâcher notre égo et à nous abaisser. 

    Le monde dans lequel nous vivons nous pousse souvent à l’individualisme et à la compétition. Chacun doit prouver sa valeur et réussir par ses efforts. C’est le règne du « chacun pour soi ». Il faut sans cesse passer des évaluations, des examens, des concours, des entretiens. Nous recevons cette injonction récurrente… de devoir nous dépasser et nous battre… pour avoir plus, pour gagner davantage et mériter notre place. Qu’on le veuille on non, notre monde et nos mentalités reposent souvent sur des rapports de force, de rivalité ou de domination. 

    Mais dans ce passage, Jésus nous invite à voir les choses autrement… à renverser ces valeurs. En incarnant une humilité radicale, il nous invite à ne pas nous contenter des apparences et de l’extériorité, mais à être attentif à notre intériorité… C’est un choix du coeur de s’ouvrir aux autres, de s’engager pour eux, de vivre dans le don de soi, de donner gratuitement, sans forcément attendre quelque chose en retour.

    Le service comme chemin d'amour
     
    Dans cet épisode avec ses disciples, Jésus veut montrer que le service est un moyen relationnel d’exprimer de la reconnaissance, de la considération et de l’amour pour ceux qui nous entourent. 
     
    A travers ce geste simple, il dit aux disciples : « Si donc moi, le Seigneur et le maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » (v.14) Ce n’est pas seulement un conseil, c’est un appel à le suivre… une vocation, une mission… on pourrait presque dire un « nouveau sacrement » : le signe visible d’une grâce invisible. En tout cas, c’est un service qui appelle à manifester son amitié fraternelle de manière concrète… à ne pas se contenter de belles paroles… mais à poser des actes d’amour.

    Aujourd’hui, on a parfois tendance à réduire l'amour à une émotion ou à sentiment passager. On aime celui qui est « dans le vent »… celui qui est beau et « cool »… celui ou celle qui nous fait rire ou qui dégage quelque chose de séduisant… ou encore celui qui peut nous apporter de la reconnaissance, de l’estime ou une forme de « plus value ». Mais, dans cet épisode, Jésus nous propose un amour gratuit… qui se manifeste par des gestes quotidiens d’aide, d’attention, de présence, de soutien. « Aimer », c’est avant tout aider, c’est rendre service, c’est faire grandir l’autre.  

    Dans un monde où l’on se sent parfois seul… où la surface des relations, les apparences, deviennent souvent plus importantes que la profondeur du cœur… Jésus nous invite à retrouver l’essence même de l’amour : un amour simple et actif… qui se donne sans calcul.

    La purification du cœur 
     
    Par ailleurs, ce récit de l’évangile, nous délivre aussi un autre enseignement : Lorsque Pierre - le bras droit de Jésus - refuse que son Maitre lui lave les pieds, celui-ci lui répond : « Si je ne te lave pas, tu ne partageras rien avec moi / tu n’auras pas part avec moi. » (v.8). Cela veut dire que ce geste ne revêt pas seulement une dimension physique ou rituelle, mais une dimension spirituelle : il s’agit d’un acte de purification. 

    C’est comme si ce geste traduisait un appel à une purification du cœur : Jésus veut purifier ses disciples… et nous aussi… Il veut nous purifier de notre orgueil, de notre égoïsme, de notre mentalité de domination… de nos préjugés… de tout ce qui nous bloque et nous empêche d’aimer pleinement.
     
    Par ce geste, il nous invite à une réflexion plus profonde sur notre propre relation à Dieu et aux autres. Nous avons tous besoin de purification, de guérison, de réconciliation. 

    Accepter d’occuper la position de serviteur, c'est accepter de lâcher son égo et de se mettre en position d’écoute… pour se mettre au service d’un autre… en l’occurence de Dieu… comme Jésus l’a fait. Mais aussi, de se mettre vraiment à l’écoute des autres. 

    Ce n’est pas un hasard si, dans notre société, celles et ceux qui sont souvent à l’écoute des autres, ce sont des professionnels du service : les coiffeurs, au service de notre visage et notre beauté… les médecins au service de notre santé… les éducateurs au service des jeunes… les aides soignantes au service de la toilette et du corps des plus âgés… 

    Pour rencontrer Dieu et les autres, il faut faire preuve d’humilité… C’est en se mettant au service d’autrui qu’on peut vraiment le rencontrer. C’est ce qui fait dire à Paul dans l’épitre aux Philippiens : « ne faites rien par ambition personnelle ni par vanité ; avec humilité, au contraire, estimez les autres supérieurs à vous-mêmes. » (cf. Ph 2,3). 

    L’appel à nous « laver les pieds les uns aux autres » (v.14) est un appel à nous mettre à l’écoute des besoins d’autrui, un appel à la fraternité et à l’amour inconditionnel.

    La liberté et le dépassement de la réciprocité
     
    Enfin, ce passage nous interroge sur la véritable nature de nos relations avec Dieu et avec les autres : Jusqu’où peut-on aller par amour ? 

    Nous voyons dans cet épisode que Jésus lave aussi les pieds de Judas, celui qui va le trahir. Et cela - bien sûr - pose question : « Puis-je aimer et servir ceux qui peuvent me faire du mal ? » Est-ce que cet acte incroyable de Jésus ne constitue pas une mise en pratique du sermon sur la Montagne (cf. Mt 5,44), où le maître appelait ses disciples « à aimer même ceux qui nous traitent en ennemi » ? … ou « à bénir ceux qui nous maudissent » ?
     
    C’est certainement difficile ! Pourtant, c’est la voie que le Christ nous propose pour changer les choses ! 
     
    Dans un monde où les vengeances, les rancunes et les divisions sont souvent les seules réponses à l’agression, la trahison et l’injustice, Jésus nous invite à sortir de la réciprocité… à aller au-delà des habitudes et des blessures. Son exemple nous pousse à dépasser les relations de miroir, de donnant-donnant, de réciprocité… en venant nous interroger : pouvons-nous aimer gratuitement… sans condition ?  Pouvons-nous vivre dans le don de soi et offrir nos services… même lorsque nous n’en recevons rien en retour ? 

    C’est un nouveau chemin que Jésus nous propose d’expérimenter… un chemin qui appelle à une véritable liberté intérieure… Précisément, il est possible d’agir de la sorte - de façon gratuite - seulement lorsqu’on est libéré du soucis de soi-même : libéré du besoin de reconnaissance et du besoin d’avoir raison… libéré de son bon droit et des chaines du ressentiment.

    Comme disait Martin Luther, dans un de ses fameux traité : « Le chrétien est l’homme le plus libre ; maître de toutes choses il n’est assujetti à personne. L’homme chrétien est en toutes choses le plus serviable des serviteurs ; il est assujetti à tous ». 
     
    Conclusion
     
     
    Pour conclure… chers amis….  À travers cet épisode, l’évangile nous invite à un choix radical : suivre (ou non) l’exemple de Jésus. 

    Cela peut paraître difficile dans un monde aux valeurs contraires… qui nous pousse le plus souvent vers l’individualisme, la combativité et la performance… Mais Jésus nous rappelle - paradoxalement - que c’est dans l’humilité, le service et le don de soi, que résident la véritable liberté et la possibilité de rencontrer l’autre en vérité.
     
    Comment accueillir cet appel de Jésus à l’imiter ? Précisément, « laver les pieds » des autres : qu’est-ce que cela pourrait signifier dans notre contexte d’aujourd’hui ?
     
    Cela pourrait signifier s'engager dans des actions qui vont à l'encontre de notre ego, de notre confort, de nos privilèges… pour mettre en avant les autres et leur apporter un soutien : oser des gestes concrets, qui parfois nous coûtent… donner le meilleur de soi, pour faire surgir le meilleur de l’autre. 

    Concrètement, cela pourrait signifier aider un ami ou un collègue en difficulté au travail… prendre soin des personnes les plus fragiles autour de nous…. aider quelqu’un dans le besoin… visiter des personnes âgées ou malades… soutenir des personnes sans-abri ou simplement un ami qui traverse une épreuve…

    L’acte de « laver les pieds » pourrait également symboliser l’idée de prêter attention, de se rendre disponible et prendre du temps… pour écouter les autres… notamment ceux qui sont seuls ou isolés…

    Dans le contexte d’aujourd’hui, cela pourrait encore signifier accepter d’offrir un pardon, oser se réconcilier, même avec ceux qui nous ont blessés… oser tendre la main à quelqu’un avec qui on a eu un conflit… ou offrir une seconde chance à quelqu’un qui a fait des erreurs… choisir la paix plutôt que l’amertume…

    Enfin… « laver les pieds » des autres, cela pourrait encore signifier se lever contre les injustices et soutenir ceux qui souffrent d’exclusion ou d’inégalités sociales, raciales ou économiques… par exemple, à travers un engagement actif pour promouvoir la dignité, l’accès aux droits et la justice, pour ceux qui en ont besoin. 

    En bref… le Christ nous invite à changer de regard sur la vie… sur nos priorités… et nos rapports aux autres. Il nous invite à faire preuve d’audace et d’écoute, en entrant dans l’humilité et le service.  

    Qu’il en soit ainsi ! Amen.
     
     
    Lecture biblique
     
    Jn 3, 1-17 - Jésus lave les pieds de ses disciples  (autre lecture possible : Ph 2, 1-11)
     

    1C'était juste avant la fête de la Pâque. Jésus savait que l'heure était venue pour lui de quitter ce monde pour aller auprès du Père. Il aimait les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'au bout. 2Jésus et ses disciples prenaient le repas du soir. Le diable avait déjà fait germer dans le cœur de Judas, fils de Simon l'Iscariote, l'idée de livrer Jésus. 3Jésus savait que le Père avait tout remis entre ses mains, que lui-même était venu de Dieu et qu'il retournait à Dieu. 

    4Il se lève de table, ôte son vêtement de dessus et prend une serviette dont il s'entoure la taille. 5Ensuite, il verse de l'eau dans une cuvette et se met à laver les pieds de ses disciples, puis à les essuyer avec la serviette qu'il avait autour de la taille. 6Il arrive à Simon Pierre, qui lui demanda : « C'est toi Seigneur qui me laves les pieds ? » 7Jésus lui répondit : « Tu ne saisis pas maintenant ce que je fais, mais tu comprendras plus tard. » 8Pierre lui dit : « Non, tu ne me laveras jamais les pieds ! » Jésus continua : « Si je ne te lave pas, tu ne partageras rien avec moi. » 9Simon Pierre répliqua : « Alors, Seigneur, ne me lave pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » 10Jésus ajouta : « La personne qui a pris un bain n'a plus besoin de se laver, sinon les pieds, car elle est entièrement propre. Vous êtes propres, vous, mais pas tous cependant. » 11En effet, Jésus savait qui allait le livrer ; c'est pourquoi il dit : « Vous n'êtes pas tous propres. »

    12Après leur avoir lavé les pieds, Jésus reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? 13Vous m'appelez “maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car je le suis. 14Si donc moi, le Seigneur et le maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. 15Je vous ai donné un exemple pour que vous agissiez comme je l'ai fait pour vous. 16Oui, je vous le déclare, c'est la vérité : un serviteur n'est pas plus grand que son maître, tout comme un envoyé n'est pas plus grand que celui qui l’envoie 17Maintenant que vous savez cela, vous serez heureux si vous le mettez en pratique.

    samedi 12 avril 2025

    La beauté ou l'utilité ?

    La beauté ou l'utilité ?

    Culte autrement - sur Mc 14, 3-9 - samedi 12 avril 2025

    Mc 14, 3-9 - Une femme répand du parfum sur la tête de Jésus
    (Autres versions : Mt 26.6-13 ; Jn 12.1-8 ; Lc 7.36-38)

    3 Jésus était à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux et, pendant qu'il était à table, une femme vint, avec un flacon d'albâtre contenant un parfum de nard, pur et très coûteux. Elle brisa le flacon d'albâtre et lui versa le parfum sur la tête. 4 Quelques-uns se disaient entre eux avec indignation : « A quoi bon perdre ainsi ce parfum ? 5 On aurait bien pu vendre ce parfum-là plus de trois cents pièces d'argent et les donner aux pauvres ! » Et ils s'irritaient contre elle.
    6 Mais Jésus dit : « Laissez-la, pourquoi la tracasser ? Ce qu'elle a accompli pour moi est vraiment beau (c’est une belle œuvre qu'elle vient d'accomplir à mon égard). 7 Des pauvres, en effet, vous en avez toujours avec vous, et quand vous voulez, vous pouvez leur faire du bien. Mais moi, vous ne m'avez pas pour toujours. 8 Ce qu'elle pouvait faire, elle l'a fait : d'avance elle a parfumé mon corps pour l'ensevelissement. 9 En vérité, je vous le déclare, partout où sera proclamé l’Évangile dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d'elle, ce qu'elle a fait. »

    Petit rappel introductif

    A l’époque de Jésus, le parfum est un produit de luxe, qui se présente souvent sous la forme d’une crème à étaler sur le corps.
    Le parfum est estimé ici à plus de 300 pièces d’argent, c’est-à-dire le salaire d’une année de travail d’un ouvrier : Imaginez un flacon de parfum qui vaudrait près de 15 000 €

    Dans le monde biblique, verser du parfum était une manière d’honorer quelqu’un. C’est un geste d’hommage et d’accueil.

    Dans l’Ancien Testament, on versait du parfum sur la tête du roi, pour le reconnaître dans sa dignité royale : c’est ce qu’on appelle « l’onction » (pour le Roi ou le Messie).

    Dans le contexte du récit, être à table signifie souvent être allongé sur des coussins.

    Dans les commentaires de ce récit, le personnage de la femme au parfum est souvent interprété comme étant de mauvaise réputation (pécheresse) car il est dit - dans la version de Luc - qu’elle a beaucoup à se faire pardonner. Mais ici (dans la version de Marc ou de Matthieu) rien n’indique que ce point de vue soit fondé.

    Questions pour partager

    - 1) Une femme verse un parfum de grand prix sur la tête de Jésus. L’épisode raconté par Marc (ou Matthieu), met en compétition 2 logiques (2 systèmes de valeur) : celle de la femme (qui est dans l’élan du coeur, dans la logique du don et de la gratuité) et celle de certains convives ou disciples (qui s’indignent et s’irritent contre elle). Comment qualifieriez-vous la logique des « indignés » ? Quels sont leurs arguments ? D’où vient le choc des convives ?

    ...

    - 2) Leurs arguments « raisonnables » ne sont-ils pas cohérents avec ce que Jésus a dit lui-même au jeune homme riche (cf. Mt 19,21 : « Jésus lui dit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi ! ») ? Qu’en pensez-vous ? Jésus peut-il se contredire ?

    ...


    - 3) Comment Jésus réagit-il ? Quels sont ses arguments ?

    ...


    - 4) Comment comprenez-vous cette affirmation et le qualificatif « beau /belle » : « elle a fait ce qui est beau ! » (c’est une « belle » oeuvre qu’elle vient d’accomplir) ?

    ...


    - 5) Selon vous, de quoi notre monde - ou votre environnement - aurait-il besoin, pour être plus « beau » ?

    ...


    - 6) Dans cet épisode, Jésus défend la surabondance de la Grâce (que la femme manifeste spontanément) : il défend une mentalité « esthétique » (fondé sur la beauté et la gratuité de son geste), face à une mentalité « utilitariste » (où chaque chose devrait forcément être utile et employé selon une valeur marchande, dans un but précis). Qu’en pensez-vous ?

    ...


    - 7) Quel(s) changement(s) apporte Jésus dans la vie de chacun des protagonistes ? (Pour la femme / Pour les convives)

    ...


    - 8) Vous mêmes… que faites-vous pour rendre votre vie ou votre environnement plus beau ? Et celui des autres (de votre entourage) ? Est-ce que cela fait partie de vos préoccupations ou priorités ?

    ...


    - 9) Jésus met aussi en avant la grande intuition de cette femme (elle a saisi la portée exceptionnelle du moment), car Jésus va bientôt être arrêté, mourir sur la croix et sera mis au tombeau… Le geste de la femme peut ainsi être interprété comme un geste prophétique (une anticipation, une préfiguration) : d’avance, elle parfume le corps de Jésus pour l’ensevelissement. Diriez-vous que cette femme a su écouter son coeur ? (son âme, sa sensibilité ?) …  ou qu’elle est « sous emprise » (de celui qu’elle admire particulièrement : Jésus) ?…. Et vous… que faites-vous pour développer votre intuition ?…  Et votre capacité de contemplation ou d’émerveillement ?

    ...


    - 10) Au final, l’attitude de la femme équivaut à une suspension provisoire de l’éthique (elle ne se préoccupe pas de savoir si c’est bien ou mal, ni même des « quand dira-ton » face à un geste qui peut paraitre scandaleux, devant l’exigence morale, devant le souci des pauvres) : elle laisse seulement parler son coeur, qui se manifeste dans le don excessif. Cette attitude « passionnelle » est validée par Jésus, qui s’apprête lui-même à vivre sa Passion. Pensez-vous que nous devrions parfois agir comme elle, dans certaines circonstances : arrêter d’écouter notre raison, pour laisser parler notre coeur ? …. Avez-vous des exemples ou des situations en tête ?… ou il serait bon d’agir ainsi ?… ou (en avez-vous fait l’expérience?) avez-vous déjà fait de même ? (à quelle occasion ?)

    ...


    - 11) Il semble, au final, que ce soit cette femme qui ait vraiment discerné l’intensité - l’enjeu exceptionnel - du moment. Dans sa liberté, c’est elle qui a tout compris (consciemment ou inconsciemment). Avez-vous le sentiment, parfois, d’être incompris (comme cette femme) ? Ou de penser autrement que les autres (d’avoir un autre regard sur la réalité ou le monde) ? Dans ces situations, qu’est-ce qui vous inspire ? Comment réagissez-vous ?

    ....


    - 12) Est-ce que vous aimez ce récit évangélique ? Si oui… pourquoi : quels enseignements / quelles conclusions en tirez-vous ?   Si non… pourquoi ? 

    ...

    dimanche 6 avril 2025

    Après quoi courons-nous ?

    Lectures bibliques : Es 43, 16-21 ; Pr 3, 5-6 ; Ec 3, 1.9-15 ; Mt 6,33 ; Ph 3, 2-16 = voir textes bibliques en bas de cette page.
    Thématique : Après quoi courons-nous ? La vie a-t-elle un but ?
    Prédication de Pascal LEFEBVRE / Bordeaux, le 06/04/2025 - culte avec baptême. 

     
    Aujourd’hui, les textes de la Bible que nous venons d’entendre, nous permettent de méditer sur cette interrogation existentielle : Quel est le sens de la vie ?
     
    C’est peut-être une question que se posera, dans quelques années, Noé, qui a reçu le baptême aujourd’hui...
     
    La vie a-t-elle un but ?… une direction… va-t-elle quelque part ?
    Après quoi courons-nous ?
    Avons-nous (chacun) une mission de vie particulière ?
     
    La vie a-t-elle un but (ou pas) ? Peut-on vivre sans but ?
     
    Le but de la vie n’est-il pas avant tout de l’expérimenter ?… de vivre le moment présent… simplement d’essayer d’être heureux… de découvrir « la joie de vivre » avec les autres ?
     
    Faut-il forcément que la vie ait un but ? Ne peut-on pas simplement vivre « sans pourquoi » ?
     
    Les réponses à ces questions existentielles dépendent de la manière dont on définit le concept de « but ».
     
    D’un côté, il y a ceux qui estiment qu’il est possible de vivre sans un but défini.
     
    La vie nous est donnée gratuitement… alors pourquoi ne pas vivre simplement, de manière libre et spontanée… en se concentrant sur l’expérience immédiate du présent… en savourant chaque instant / en saisissant les occasions agréables ?
     
    En ce sens, certaines philosophies, comme le taoïsme ou le bouddhisme (par exemple) encouragent le lâcher prise… l’abandon de la quête incessante de sens ou de succès… pour entrer simplement dans l’acceptation et l’harmonie avec ce qui est.
     
    Il y a peut-être là une forme de sagesse… qu’on retrouve aussi chez Qohelet / l’Ecclesiaste, lorsqu’il appelle à profiter des bonnes choses de la vie et des moments de bonheur qui se présentent à nous (cf. Ec 3, 12-13).
     
    Pour le sage Qohelet, en effet, le but ultime de la vie échappe à la compréhension humaine ; l’homme n’est pas en mesure de comprendre l’œuvre de Dieu.
     
    C’est pourquoi, plutôt que de se perdre dans des recherches vaines et incessantes de sens, il encourage ses lecteurs à jouir des plaisirs simples de la vie, comme manger, boire et être heureux, tout en reconnaissant que ces choses sont des dons, des cadeaux de Dieu.
     
    Face à la brièveté de l’existence… à son caractère transitoire… il prône une attitude humble, consistant à apprécier l’instant présent et les bienfaits quotidiens qui nous sont offerts.
     
    Et c’est vrai qu’on peut certainement vivre « sans but » particulier … Mais peut-être seulement à un certain âge…. après avoir déjà accompli un certain nombre de choses dans sa vie.
     
    En même temps, on voit parfois des personnes retraitées qui dépriment parce que - justement - elles n’ont plus de but, ni de projet… elles ne discernent plus forcément d’objectifs stimulants dans leur existence actuelle… Elles ressentent alors une sorte de vide, une sensation de flottement… pouvant mener à une forme d’incertitude, de désengagement ou de lassitude.
     
    Il faut reconnaître que tant qu’on a la santé… on est souvent animé d’envies, de désirs… d’une énergie vitale qui nous pousse en avant.
     
    De fait, il semble difficile de vivre sans rien qui nous motive ou nous pousse à agir. Même si le but n’est pas toujours un objectif concret, comme une carrière ou une réussite personnelle… il peut se manifester de manière subtile : comme un désir d’explorer certaines dimensions de la vie, de continuer à apprendre, d’évoluer, ou de tisser des liens avec les autres.
     
    On peut donc penser - d’un autre côté - qu’un but est nécessaire à chacun… pour donner un sens à sa vie… pour avoir une direction et une motivation.
    Avoir un but, c’est inscrire sa vie dans une dynamique… c’est diriger sa pensée, son élan, son énergie et ses actes dans une trajectoire…
     
    Il me semble qu’une vision chrétienne de la vie… ne peut pas se satisfaire de la vision proposée par Qohelet… elle rejoindrait plutôt l’aspiration de Paul… qui place son existence dans un axe, une direction… Car un but peut nous apporter un sentiment de progression et de réalisation.
     
    Entre foi et incertitudes
     
    Mais une fois qu’on a dit ça…. d’autres objections se présentent à nous … car, sur le chemin qui est le nôtre… nous pouvons encore rencontrer des obstacles et des difficultés plus ou moins grandes…
     
    Quand nous traversons des temps de doutes, d’épreuves ou de souffrances… nous pouvons remettre en cause nos choix de vie… soit nous décourager… soit parvenir à surmonter les obstacles… soit nous réorienter en déterminant une nouvelle direction…
     
    C’est ce qui est arrivé à l’apôtre Paul… nous y reviendrons dans un instant…
     
    Quand nous voyons aussi (aux informations télévisées ou sur les réseaux sociaux) le triste spectacle du monde, avec ses multiples crises et ses conflits sanglants… nous pouvons nous sentir touchés par le non-sens apparent de la vie… par un sentiment d’absurde, de désolation ou d’impuissance. Et, bien sûr, cela nous affecte profondément.
     
    Mais… nous pouvons aussi garder en mémoire… le fait qu’il y a quand même de belles choses dans l’existence… nous appartenons à une création merveilleuse et magnifique… il y a des gens qui nous font confiance et qui nous aime… à commencer par Dieu et nos proches… et nous avons peut-être de nouveaux projets ou désirs… en fonction de notre âge : réussir professionnellement, fonder une famille, avoir un chez-soi accueillant, s’épanouir, cultiver de belles relations humaines, voyager, découvrir le monde, se cultiver, bien vieillir, etc.
     
    Nous le voyons… notre vie alterne parfois entre certitude et incertitude… entre périodes de foi, d’enthousiasme, ou de doute et de crainte…  Et à chaque fois - à chaque étape - la question revient régulièrement : Quel est mon but actuellement ?
     
    Des buts : personnel, communautaire, spirituel…
     
    De façon plus large… quels sont nos buts communautaires : familial, ecclésial, collectif… et spirituel…  ?
     
    Jésus n’a-t-il pas parlé du « Royaume de Dieu » comme une perspective… un objectif ultime… un espace qui attend notre participation ?
     
    « Cherchez d’abord le règne de Dieu et sa justice… et tout le reste vous sera donné en plus » (Cf. Mt 6,33)
     
    Précisément… Dieu a-t-il un but ?
     
    Peut-on simplement penser à nos objectifs personnels… sans se demander ce que Dieu attend de l’humanité et de nous, en particulier ?
     
    Comment mêler nos désirs à ceux de Dieu ? Et faire entrer - et même correspondre - notre volonté… à une volonté divine plus large ?
     
    Entrer en correspondance / en résonance avec le but de Dieu
     
    En d’autres termes… Faut-il choisir un but / un direction de vie…par rapport à soi (en fonction de nos objectifs) ou par rapport à une altérité, une transcendance (à ce que Dieu attend de nous / à sa volonté) ?
     
    Plusieurs réponses sont possibles :
     
    Choisir un but par rapport à soi-même
     
    Certains pensent qu’il faut d’abord et avant tout suivre notre propre volonté, nos aspirations personnelles, en fonction de nos valeurs, nos passions ou nos rêves.
    Cela peut inclure des ambitions personnelles, des projets professionnels ou encore des choix de vie basés sur ce qui nous fait vraiment vibrer.
     
    Choisir un but par rapport à soi, c’est souvent vivre dans une démarche d’autonomie et d’indépendance.
    Cette façon de penser se rapproche des philosophies existentialistes… qui considèrent que l’individu - par ses actions, par ce qu’il choisit de créer et d’accomplir - est responsable de donner un sens à sa propre vie.
     
    Ce point de vue - assez individualiste et très répandu autour de nous - peut présenter un certain nombre d’attraits. Mais il peut aussi entraîner un certain vide, car si l’on est uniquement concentré sur soi (sur son égo) et sur la recherche d’une réussite personnelle… matérielle… sans prendre en compte les dimensions collectives ou spirituelles de l’existence… on risque de passer à côté de l’essentiel.
     
    Choisir un but par rapport à la volonté de Dieu
     
    Une autre optique - beaucoup plus « spirituelle » ou « religieuse » - consiste - au contraire - à penser qu’il faut choisir un but essentiellement - voire entièrement - en fonction de la volonté de Dieu.
     
    Cette perspective croyante implique une forme de recherche spirituelle et d’écoute intérieure… pour se rendre disponible à ce que l’on perçoit comme étant la voix/voie de Dieu… que ce soit à travers la méditation, la prière, la lecture de la Bible, les enseignements de Jésus, ou même des signes ou des coïncidences que la vie nous envoie.
     
    Suivre la volonté de Dieu peut signifier s’engager dans des actions qui vont au-delà de nos désirs personnels… qui impliquent un dépassement…  en s’ouvrant à l’amour inconditionnel, au don de soi, à la solidarité, en répondant à un appel spirituel… pour servir les autres et trouver un plus grand sens à la vie.
     
    C’est la voie d’une plus grande humilité, du service, du dévouement, voire du sacrifice.
     
    Cette voie, qui s’attache à placer son existence dans l’alignement avec un plan divin (avec ce que nous percevons du projet de Dieu) revêt un sens profond… Elle semble la plus évangélique… Mais elle revêt aussi une forme de radicalité…
     
    Tout le monde n’atteint pas une union mystique avec Dieu… nous ne sommes ni Jésus, ni des moines, qui passent des heures à prier chaque jour.
     
    Par ailleurs, cette orientation peut aussi engendrer des difficultés… car écouter Dieu, sans s’écouter soi-même, peut poser des problèmes :
    Cela peut conduire à une forme d’orgueil spirituel ou à un effacement de notre personnalité.
     
    Il est vrai que le Christ appelle ses disciples à lâcher leur égo, pour s’ouvrir à autre chose, à plus grand que soi (cf. Mc 8, 34-35 ; Mt 16, 24-25 ; Lc 14,33)… Mais cela ne signifie forcément qu’on puisse nier ou renier complètement son individualité ou refouler ses désirs… il faut sans doute essayer de mêler les buts individuels, collectifs et spirituels.
     
    Mélanger les deux : L’équilibre et la quête intérieure
     
    Le fait est que nos aspirations personnelles ne sont pas nécessairement en opposition avec la volonté divine, mais peuvent être guidées par elle.
     
    Dans cette optique - celle d’une 3ème voie - le but de la vie serait une quête d’équilibre : essayer de suivre ses désirs profonds, tout en restant connecté à l’appel divin.
     
    Cela signifierait se réaliser soi-même (avec ses potentialités) tout en restant ouvert à l’Esprit saint… Et voir, dans nos charismes (nos talents) et nos projets personnels, des moyens d’accomplir une vocation supérieure.
     
    Cela implique- à travers la méditation et la prière - d’essayer de discerner, à la fois, la volonté de Dieu et les désirs de notre âme… afin d’intégrer nos projets personnels dans une dimension spirituelle plus vaste…
     
    Si nous sommes vraiment connectés à l’amour de Dieu… nos désirs ou nos projets peuvent être réorientés… comme des façons de manifester et de réaliser ce que Dieu attend de nous.
     
    L’enjeu de la vie chrétienne est de chercher cette harmonie : vivre, à la fois, en accord avec Dieu, avec l’Evangile, avec notre foi….  tout en exprimant ce que nous sommes profondément…
     
    L’exemple de l’apôtre Paul… un chemin de transformation (cf. Ph 3, 12-16)
     
    La vocation missionnaire de Paul en est un exemple…
     
    Dans le passage que nous avons entendu … nous voyons que l’apôtre est dans cette dynamique. Il compare sa vie à une course, tout en affirmant qu’il n’est pas encore arrivé au bout du chemin.
     
    Pour lui, la vraie « circoncision » relève d’une démarche spirituelle qui relie le croyant au Christ : c’est celle d’un coeur transformé par l’Esprit ! (cf. Ph 3, 2-3)
     
    Paul a vécu une expérience spirituelle inouïe… il rencontré le Christ sur le chemin de Damas… et cette rencontre a totalement réorienté sa vie (cf. Actes 9, 1-19; 22, 4-16; 26, 9-18).
     
    Dans notre passage… il exhibe ses qualités d’autrefois et la confiance qu’il pouvait avoir en lui-même, du fait de sa naissance, de son pedigree religieux impeccable (Ph 3, 5-6 ou Ac 23,6 : « Pharisien, fils de Pharisien »), de son engagement ou de ses oeuvres « irréprochables ».
     
    Dans sa première vie - avant sa conversion - il était, en réalité, plein d’orgueil spirituel…. mais tout cela il le rejette désormais… car son regard a changé, du fait de sa rencontre avec le Christ : tout a été bouleversé.
     
    Paul a tout perdu (il a été dépouillé de ses fausses illusions) afin de gagner Christ… Ce qui était pour lui « gain » - dit-il - (ou plus exactement prétentions, mérites et gloire personnelle) est désormais regardé comme « perte », comme « ordures ».
     
    Il est ainsi passé d’une justice à lui (une justice qu’il s’était lui-même forgée) à une autre justice qui vient par la foi au Christ… La première justice vient des oeuvres de la Loi, tandis que la seconde vient de Dieu.
     
    Son but est maintenant « d’être trouvé » : c’est une justice qu’il reçoit.
    Il reçoit désormais de Dieu la validation de sa vie… en vue d’une exaltation à venir : la résurrection.
     
    Pour lui, la Grâce se reçoit par la médiation de la Foi, par l’accueil de la Bonne Nouvelle qui vient transformer l’existence humaine.
     
    Par la foi au Christ, la compréhension de la justice est ainsi bouleversée : elle ne s’obtient plus par soi-même, par ses réussites au regard du respect de la Torah… mais comme un cadeau divin, par la foi.
     
    C’est un changement profond de perspective : il ne s’agit pas de se reposer sur soi, sur ses titres ou ses mérites, mais de chercher à connaître Christ et d’être uni à lui.
     
    Paul a donc intégré le plan divin dans son but personnel… ou dit autrement - dans sa course - il a fusionné son but avec l’appel divin.
    Bien qu’il affirme que son but n’est pas encore atteint, il s’inscrit sur un chemin de foi, qui est un chemin de transformation.
     
    Écoutons encore ces versets : « Ce n’est pas que j'aie déjà obtenu tout cela ou que je sois déjà devenu parfait (que je sois parvenu au but) ; mais je m'élance (je continue à poursuivre) pour tâcher de le saisir (totalement), parce que j'ai été saisi moi-même (empoigné totalement) par Jésus Christ. Frères, je n'estime pas l'avoir déjà saisi. Mon seul souci : oubliant le chemin parcouru (ce qui est en arrière) et tout tendu en avant, je m'élance vers le but, en vue du prix attaché à l'appel d'en haut que Dieu nous adresse en Jésus Christ. » (cf. Ph 3, 12-14)
     
    En faisant référence à sa propre course, Paul nous parle de sa mission, mais il l’exprime d’une manière universelle, pour nous inviter, nous aussi, à courir vers notre but.
     
    Pour lui, le but, c’est l’appel de Dieu, cet appel céleste reçu en Jésus-Christ. Mais cette course, n’est pas une course vers une perfection personnelle ou morale, en vue d’un accomplissement instantané… Elle est davantage une évolution, un chemin spirituel qui ne cesse de se préciser.
     
    « Je continue à poursuivre » dit l’apôtre, « pour tâcher de le saisir… de saisir ce pour quoi Jésus m’a saisi. » C’est une dynamique de progression, une quête continue.
     
    Nous aussi, nous sommes appelés à discerner ce pour quoi Dieu nous a saisi. Ce n’est pas un objectif statique - qui dépend de nous (de notre égo ou notre volonté) - mais un but qui s’éclaire et se redéfinit, au fur et à mesure que nous avançons avec le Christ.
     
    Il s’agit de se laisser transformer par Dieu, d’abandonner ce qui est derrière (les échecs, les regrets, les blessures… comme les apparentes réussites, les fiertés personnelles) et de tendre vers ce qui est devant, vers cette réalité nouvelle que Dieu veut pour nous, pour notre croissance spirituelle.
     
    Nous avons tous un but divin à atteindre, qui est un chemin de transformation… où chaque pas, chaque épreuve et chaque dépassement, sont des occasions de grandir et de devenir davantage semblable au Christ.
     
    Entrer dans la confiance et développer nos talents  (cf. Mt 25, 14-30)
     
    On peut encore préciser un point important, en disant que - dans cette course - Dieu nous a offert des talents, des dons, des capacités… afin que nous puissions mettre notre personnalité unique et nos potentialités particulières, au service de son projet pour l’humanité…  au service de son Royaume.
     
    Vous avez peut-être en mémoire le passage de l’Évangile de Matthieu (au Chap.25), où Jésus raconte la parabole des talents. Nous ne l’avons pas relu ce matin …  je vous la résume brièvement…
     
    Un maître confie à ses serviteurs des talents (qui représente une grosse somme d’argent, mais c’est aussi une image de dons, de capacités). Il distribue cinq talents à un serviteur, deux talents à un autre et un talent au dernier. Ceux qui ont reçu cinq et deux talents entrent dans la confiance du maître et investissent ce qui leur a été offert. Ils doublent ainsi les dons initialement reçus. Mais celui qui a reçu un seul talent l’enterre, de peur de le perdre, croyant devoir le rendre à son maitre. À son retour, le maître félicite ceux qui ont fait fructifier leurs talents, mais réprimande sévèrement celui qui a laissé son talent dans la terre, faute de confiance, parce qu’il a eu peur.
     
    Le talent ne représente pas seulement des dons physiques ou matériels, mais aussi nos charismes spirituels, nos qualités intérieures, notre capacité à aimer, à servir, à créer, à transmettre courage et confiance autour de nous.
     
    Chaque talent que Dieu nous donne… et que nous sommes appelés à utiliser et multiplier… est spécifique à chacun. C’est pourquoi notre mission de vie est de trouver la bonne manière - la façon unique et personnelle - d’entrer en résonance avec le but de Dieu.
     
    Encore une fois, cela implique de discerner nos talents et la volonté de Dieu… d’oser sortir de notre zone de confort, de l’égoïsme ou de la peur… pour faire grandir ce que Dieu a semé en nous.
     
    Cette parabole nous incite à nous ouvrir à la confiance de Dieu… pour mettre en résonance nos buts personnels avec ceux de Dieu… pour donner le meilleur de nous-mêmes, grandir et faire croitre les autres.
     
    Conclusion : La course de la foi, un chemin avec Dieu
     
    Quelques mots pour conclure…
     
    La question initiale était : La vie a-t-elle un but ?… et si oui…dans quelle direction aller ? Qu’est-ce que Dieu attend de nous ? Comment discerner la mission qui est la notre ?
     
    Aujourd’hui, une Bonne Nouvelle nous est rappelée : « le but est le chemin » (NOTE 1)… un chemin de transformation… qui vise à nous rapprocher toujours plus de la Conscience divine… et de réaliser ce pour quoi nous avons été créés.
     
    Notre mission n’est pas une course solitaire… puisque Dieu nous accompagne à chaque étape.
    Il nous fait grandir et évoluer. Il est, à la fois, une source d’inspiration et de transformation.
     
    S’il nous a offert des dons, c’est pour nous appeler à les développer et les mettre au service de son Royaume. Et lorsque nous rencontrons des obstacles - lorsque le chemin semble incertain - il nous permet de les surmonter, en ouvrant des voies nouvelles.
     
    C’est ce que nous a rappelé, en ce jour, l’extrait du livre du prophète Esaïe que nous avons entendu :
     
    Dieu dit : « Ne vous souvenez plus des événements passés, et ne considérez plus les choses anciennes. Voici, je fais une chose nouvelle, sur le point d'arriver. Ne la connaîtrez-vous pas ? Je mettrai un chemin dans le désert, des rivières dans la solitude. » (Esaïe 43, 18-19) (NOTE 2)

    Nous pouvons parfois être tentés de baisser les bras… ou de rester attachés à d’anciennes façons de faire, à d’anciennes blessures ou des vieilles frustrations…. ou encore à des buts anciens que nous avons peut-être idéalisés.
     
    Face à nos encombrements… nos conservatismes ou nos immobilismes… Dieu est celui qui fait « toute chose nouvelle ». Il nous invite à faire confiance à son Esprit créateur et transformateur. Ce n’est pas nous, seuls, qui devons créer le chemin, mais c’est Dieu qui ouvre des voies au milieu de nos impasses ou de nos déserts.
     
    Offrons Lui notre confiance, courons vers le but, avec persévérance… sachant que son Esprit saint nous soutient et nous transforme.
     
    Que chaque pas que nous faisons dans notre course quotidienne, soit un acte de confiance qui nous ouvre à l’amour et au service.… en vue de participer à son Règne.   Amen.
     

    NOTES

    NOTE 1 : Marcher avec le Christ, c’est déjà aller vers le but, puisque c’est lui qui nous apporte libération et salut. / Par la foi, Dieu agit en nous tout au long du parcours.

    NOTE 2 : Le fait de faire un chemin dans le désert et des rivières dans la steppe est une image forte qui symbolise l’intervention divine dans des situations impossibles. Le désert et la steppe étaient des lieux de mort, de sécheresse et de stérilité. Ici, Dieu promet de transformer ces espaces arides en lieux de prospérité et de vie, ce qui montre sa capacité à apporter la restauration même dans les circonstances les plus désespérées. / Dans Esaïe 43, 16-21, Dieu réaffirme son pouvoir souverain sur l'histoire et rappelle son engagement envers Israël, son peuple. Après avoir révélé son action salvatrice dans le passé (la sortie d'Égypte), Dieu annonce une action future plus grande et plus puissante encore, celle de la restauration de son peuple en exil. Ce message est d'autant plus pertinent que le peuple exilé à Babylone se trouve dans une situation de dévastation et de découragement. Dieu invite ainsi son peuple à regarder l'avenir avec espoir. Bien que la situation actuelle semble désespérée, il a un plan pour leur restauration et leur libération. Il fera surgir un nouveau commencement et transformera des lieux arides en lieux fertiles. Ce passage invite les croyants à se tourner vers l'avenir avec confiance, sachant que Dieu accomplit toujours ses promesses.


     
    Lectures bibliques
     
    Es 43, 16-21 :
    16Voici ce que le Seigneur déclare, lui qui a ouvert jadis un chemin dans la mer, qui a tracé un passage à travers l'eau profonde. 17Jadis il a mis en marche des chars et des chevaux, des armées avec leur corps d'élite. Celles-ci sont tombées pour ne plus se relever, elles sont éteintes, consumées comme la mèche d'une lampe. Il déclare donc maintenant : 18« Ne vous souvenez plus des événements passés, et ne considérez plus les choses anciennes. 19Voici, je fais une chose nouvelle, sur le point d'arriver. Ne la connaîtrez-vous pas ? Je mettrai un chemin dans le désert, des rivières dans la solitude 20Les animaux sauvages, les chacals et les autruches m'honoreront parce que j'ai fait couler de l'eau dans le désert, des fleuves dans ces lieux arides. Car je veux donner à boire au peuple que j'ai choisi. 21Et ce peuple, que j'ai formé, dira pourquoi il me loue. »
     
    Pr 3, 5-6 : 5De tout ton cœur, mets ta confiance dans le Seigneur ; ne t'appuie pas sur ta propre intelligence ; 6reconnais-le dans toutes tes voies, et c'est lui qui aplanira tes sentiers.
     
    Ec 3, 1. 9-15 :
    1Il y a un moment pour tout
    et un temps pour chaque chose sous le ciel […]
    9Quel profit a l'artisan du travail qu'il fait ?
    10Je vois l'occupation que Dieu a donnée
    aux fils d'Adam pour qu'ils s'y occupent.
    11Il fait toute chose belle en son temps ;
    à leur cœur il donne même le sens de la durée
    sans que l'homme puisse découvrir
    l'œuvre que fait Dieu depuis le début jusqu'à la fin.
    12Je sais qu'il n'y a rien de bon pour lui
    que de se réjouir et de se donner du bon temps durant sa vie.
    13Et puis, tout homme qui mange et boit
    et goûte au bonheur en tout son travail,
    cela, c'est un don de Dieu.
    14Je sais que tout ce que fait Dieu, cela durera toujours ;
    il n'y a rien à y ajouter, ni rien à en retrancher,
    et Dieu fait en sorte qu'on ait de la crainte (du respect) devant sa face.
    15Ce qui est a déjà été, et ce qui sera a déjà été,
    et Dieu va rechercher ce qui a disparu.
     
    Mt 6,33 : Cherchez d'abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît.
     
    Ph 3, 2-16 :
    2Prenez garde aux chiens ! prenez garde aux mauvais ouvriers ! prenez garde à la fausse circoncision ! 3Car les circoncis, c'est nous, qui rendons notre culte par l'Esprit de Dieu, qui plaçons notre fierté en Jésus Christ, qui ne nous confions pas en nous-mêmes.
    4Pourtant, j'ai des raisons d'avoir aussi confiance en moi-même. Si un autre croit pouvoir se confier en lui-même, je le peux davantage, moi, 5circoncis le huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu fils d'Hébreux ; pour la loi, Pharisien ; 6pour le zèle, persécuteur de l'Eglise ; pour la justice qu'on trouve dans la loi, devenu irréprochable.
    7Or toutes ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai considérées comme une perte à cause du Christ. 8Mais oui, je considère que tout est perte en regard de ce bien suprême qu'est la connaissance de Jésus Christ mon Seigneur. A cause de lui j'ai tout perdu (j’ai été dépouillé), et je considère tout cela comme ordures afin de gagner Christ 9et d'être trouvé en lui, n'ayant pas ma justification (ma justice) à partir de la loi, mais à partir de la foi au Christ, la justice qui vient de Dieu et s'appuie sur la foi. 10Il s'agit de le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion à ses souffrances, de devenir semblable (conforme) à lui dans sa mort, 11afin de parvenir, s'il est possible, à la résurrection d'entre les morts.
    12Ce n’est pas que j'aie déjà obtenu tout cela ou que je sois déjà devenu parfait (que je sois parvenu au but) ; mais je m'élance (je continue à poursuivre dans l’espoir…) pour tâcher de le saisir (totalement), parce que j'ai été saisi moi-même (empoigné totalement) par Jésus Christ. 13Frères, je n'estime pas l'avoir déjà saisi. Mon seul souci : oubliant le chemin parcouru (en arrière) et tout tendu en avant, 14je m'élance vers le but, en vue du prix attaché à l'appel d'en haut que Dieu nous adresse en Jésus Christ. 15Nous tous, les « parfaits » (= les adultes dans la foi), comportons-nous donc ainsi, et si en quelque point vous vous comportez autrement, là-dessus aussi Dieu vous éclairera (révélera). 16En attendant, au point où nous sommes arrivés, marchons dans la même direction.