vendredi 18 avril 2025

Méditation sur la Croix - vendredi saint

Article du Pasteur Pascal LEFEBVRE - le 18/04/2025 - à l’occasion du « Vendredi saint »

Comprendre « LA CROIX » et la mort de Jésus-Christ

Le jour du « Vendredi saint », les Chrétiens se rassemblent autour de la Croix pour commémorer la crucifixion de Jésus. C’est un moment de recueillement et de mémoire, marqué par la gravité du « sacrifice » et l’espérance de la résurrection.
 
Mais pour beaucoup, la Croix demeure un mystère. Pourquoi avoir fait d’un instrument de torture et de mort le symbole central de la foi chrétienne ? Comment un objet de souffrance a-t-il pu devenir, au fil des siècles, un signe d’amour, de salut et de rédemption ?

Quels sens donner à la mort de Jésus sur la Croix ?

La théologie chrétienne a longtemps mis en avant une lecture sacrificielle de cet événement, notamment à travers la notion d’« expiation substitutive ». Cette interprétation, bien qu’influente, soulève de nombreuses questions — tant théologiques qu’éthiques — et ne suffit plus, à elle seule, à exprimer toute la richesse du mystère pascal. Aujourd’hui, d’autres lectures, plus en phase avec les paroles de Jésus et la vision d’un Dieu d’amour et de compassion, viennent l’enrichir.

Cet article propose 8 perspectives différentes et complémentaires, pour mieux comprendre le sens de la Croix.

1) La croix sous l’angle de l’expiation substitutive
2) La croix comme participation de Dieu à la souffrance humaine
3) La croix comme réconciliation
4) La croix comme folie de Dieu
5) La croix comme dénonciation de l’injustice
6) La croix comme processus créatif de transformation
7) La croix comme exemple moral à imiter
8) La croix comme processus de réconciliation cosmique


(Un des textes évangéliques du récit de la crucifixion est cité en référence en fin de document : cf. Luc 23, 33-49)

1. La croix sous l’angle de l’expiation substitutive

Référence biblique : Es 53, 3-7 (voir en fin de document) 

L’interprétation traditionnelle de la mort de Jésus sur la croix repose sur la notion d’expiation. Dans le sens biblique, l’expiation désigne un acte de réparation, de rachat ou de compensation, qui vise une réconciliation, et qui s’opère à travers une geste de purification, de pénitence, d’offrande ou de sacrifice.
 
[Cette interprétation « sacrificielle » est notamment héritée d’Anselme de Cantorbéry. Elle pose comme présupposé le fait que l’humanité est profondément marquée par le péché depuis ses origines. Cette situation d’injustice aurait gravement offensé l’honneur de Dieu ; elle exige une réparation. Seul Jésus, en tant que Christ, serait en mesure de l’accomplir. Ainsi, Jésus accepterait de mourir sur la croix, en se substituant aux pécheurs, portant en lui le châtiment que l’humanité aurait mérité. Ce sacrifice viendrait alors « satisfaire » la justice divine et ouvrir la voie au pardon de Dieu.]

A la croix, le Christ est médiateur du salut. D’une part, il opère l’expiation au nom des hommes. D’autre part, il révèle l’amour incommensurable de Dieu : un Dieu qui se donne ; un amour qui accepte tout, qui endure tout, y compris le mal et l’injustice des autres.

Jésus est celui qui a accepté de prendre sur lui le péché et le châtiment que les hommes méritaient, en s’associant au péché, pour le faire mourir avec lui, pour crucifier le péché (cf. Rm 6,6 ; Rm 8,3 ; 2 Co 5,21).

A travers ce don de soi radical - ce sacrifice - Jésus porte sur lui le poids du péché humain, pour l’engloutir dans la mort, pour l’ôter, afin de nous donner la paix.

Dans cette vision de l’expiation substitutive, Jésus n’est pas simplement un martyr, mais un Sauveur qui accepte de porter nos fautes. Il souffre à notre place.

En s’offrant en sacrifice, le Christ réconcilie Dieu avec les êtres humains, car il répare l’offense humaine qui portait atteinte à l’honneur de Dieu. En même temps - dans le même geste - il offre aux hommes la réconciliation de Dieu.

Dans le monde d’aujourd'hui, souvent déconnecté de la notion de péché et de jugement, ce message est un rappel important : seul Jésus - en tant que Christ - peut nous réconcilier avec Dieu.
Il a pris sur lui ce que nous ne pouvions porter : le poids de toutes nos fautes, le péché du monde. Il éteint ainsi la diffusion du mal. Il nous libère du poids du péché, en nous ouvrant le pardon de Dieu.

La croix est un appel à accepter ce don total - ce sacrifice - et à vivre cette libération que Jésus nous apporte. Désormais, nous sommes libérés, pour aimer et pour servir.

Remarques importantes :

Cette interprétation de la Croix, bien que riche de sens et appuyée sur certains fondements scripturaires, rencontre un certain nombre d’objections. Elle est souvent contestée par la théologie moderne et libérale, car elle soulève de nombreuses interrogations :

  • Faut-il croire en un Dieu qui punit ? Et qui exigerait « réparation » à cause du péché humain ? Une telle image de Dieu ne contredit-elle pas de nombreuses paroles de Jésus dans les Évangiles, qui présentent un Dieu d’amour, de miséricorde et de compassion.
  •  Que savons-nous de la justice divine ? Cette approche ne réduit-elle pas la portée de la croix à une vision juridico-rétributive, presque comptable, typiquement humaine ? L’idée selon laquelle la réconciliation avec Dieu nécessiterait une « compensation » sous forme de mort sacrificielle, ne rabaisse-t-elle pas le pardon divin à une simple transaction ?
     
  • Le recours à la souffrance d’un innocent pour « satisfaire » la justice divine est-il réellement concevable ? N’introduit-il pas une conception violente et punitive de Dieu ? Ce Dieu qui exigerait la mort de son propre Fils, ne ressemble-t-il pas davantage à une figure cruelle (une « dystopie de Dieu » comme un personnage vindicatif et sévère) qu’à un Père bien aimant ?
     
  • Le pardon de Dieu est-il gratuit ou conditionné ? Si Dieu est amour et qu’il pardonne librement, pourquoi exigerait-il un « sacrifice » (comme les dieux païens) ? Cette logique ne va-t-elle pas à l’encontre de l’enseignement de Jésus, notamment dans ses paraboles sur la miséricorde (cf. Luc 15) ? Et de ses gestes prophétiques, comme lorsqu’il chasse les marchands du Temple, dénonçant toute tentative de « marchandage » avec Dieu ?
     
  • Enfin, cette interprétation ne trahit-elle pas une forme d’anthropocentrisme ou d’orgueil spirituel ? Est-il raisonnable de croire que le péché de l’homme – créature infime dans l’univers / ou le multivers – pourrait réellement atteindre l’honneur du Créateur ? Le péché ne nuit-il pas d’abord et avant tout à l’homme lui-même, à sa relation avec les autres et à sa capacité de vivre une existence juste et fraternelle ?
 
Toutes ces questions sont légitimes ; elles ouvrent précisément la voie à d’autres approches, plus nuancées et mieux accordées à une compréhension contemporaine de Dieu, de l’amour et de la souffrance.

2. La croix comme participation de Dieu à la souffrance humaine

Référence biblique : Hébreux 4, 14-16 (voir en fin de document)

A la croix, Jésus ne se contente pas de souffrir à notre place, pour payer la dette de l’humanité, à cause du péché (cf. Expiation substitutive).
En tant que Christ, il s’identifie à nous, à toute l’humanité pécheresse. Il choisit de compatir à notre condition humaine.

En cela, il est le révélateur d’un Dieu, qui participe à la souffrance humaine et qui accepte de prendre sur lui le mal et la mort. (C’est la vision de l’expiation participative).

Le Dieu de Jésus-Christ n’est pas un Dieu distant, qui observerait de loin notre situation, mais un Dieu qui partage notre douleur. La croix nous montre que Dieu ne reste pas indifférent à notre sort. Il vit avec nous ; il ressent notre souffrance ; il y participe. Il se rend solidaire des hommes, en partageant pleinement notre humanité.

En Jésus et par lui, Dieu montre qu’il connaît de l’intérieur ce que signifie souffrir, ressentir l’injustice ou la douleur. Non seulement, cette solidarité nous apporte une consolation infinie dans nos propres combats, car Dieu nous accompagne et lutte avec nous au coeur des épreuves. Mais elle nous montre qu’il est possible de traverser le mal, de le surmonter et de le vaincre.

Cette possibilité Jésus l’inaugure par un geste d’abandon dans la foi : il ne s’agit plus de se débarrasser du mal, en le renvoyant ailleurs ou en le retournant contre autrui, mais il nous montre qu’il est possible de l’accueillir, d’accepter de l’absorber et le prendre sur soi, pour l’éteindre.

En ce sens, la croix devient un lieu de transformation et de communion avec Dieu. Elle nous révèle l’infinie compassion de Dieu, qui accepte de partager nos souffrances. 

(Selon le théologien Paul Tillich : « La croix est le symbole du paradoxe chrétien, où Dieu se révèle dans l’abîme de la souffrance et du mal ». C’est parce que Dieu prend sur lui le mal, qu’il nous offre la rédemption en Jésus-Christ.)

Dans un monde où la souffrance est omniprésente – qu’il s’agisse de maladies, de violences, de deuils ou d’injustices – il est souvent difficile de comprendre où Dieu se trouve vraiment. Dans les moments les plus sombres de notre existence, nous sommes tentés de le croire absent, indifférent ou lointain. Pourtant, la croix nous donne une réponse bouleversante : Dieu est avec nous dans notre souffrance. Il nous aide à porter nos fardeaux. Il n’y a pas de souffrance humaine qui échappe à son regard de compassion et d’amour.

3. La croix comme réconciliation

Référence biblique : 2 Co 5, 17-21 (voir en fin de document)

La croix peut aussi être comprise comme un acte de réconciliation.
Dieu est amour (cf. 1 Jn 4,16). Il s’efforce inlassablement d’appeler les êtres humains, de leur offrir sa grâce et ses bénédictions. Mais, bien souvent, les hommes restent sourds ou insensibles à sa volonté.

La croix révèle, de façon centrale, l’amour inconditionnel de Dieu :
D’une part, il y manifeste son pardon : « il ne met pas leurs fautes au compte des hommes » dit l’apôtre Paul (cf. 2 Co 5,19). Il accepte l’être humain avec son péché, bien qu’il soit inacceptable.
D’autre part, il offre à l’humanité de restaurer sa relation avec Lui.
Il propose de rétablir la communion perdue entre le Créateur et ses créatures.

Dit autrement, la croix est le lieu d’un dépassement radical : le lieu où la rupture causée par le péché est surmontée ; le lieu où Dieu manifeste son offre de réconciliation à l’humanité tout entière.

En acceptant de mourir sur la croix et en sollicitant le pardon divin (cf. Lc 23,34), le Christ ne se contente pas de subir le mal ou de répondre à une exigence judiciaire, en réalité, il ouvre un nouveau chemin de communion avec Dieu.

Dans l’optique paulinienne, la croix est l’aboutissement du désir de Dieu : sa volonté de rétablir l’harmonie originelle entre l’homme et son Créateur.
Par la croix - par le don de soi et l’engloutissement du mal dans la mort - Jésus ouvre la possibilité d’une rencontre nouvelle avec Dieu, où le péché perd son pouvoir séparateur : rien ne peut plus nous séparer de l’amour de Dieu (cf. Rm 8, 38-39).

Désormais, « le monde ancien est passé, voici qu’une réalité nouvelle est là » (cf. 2 Co 5,17). Entrer dans cette nouvelle réalité, c’est accepter de vivre cette réconciliation dans nos vies, en tendant la main à ceux avec qui nous sommes en conflit. La croix manifeste ainsi l’appel que le Christ nous adresse : un appel à nous réconcilier avec Dieu et entre nous, pour vivre en paix.

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde divisé : les guerres, les inégalités, et les divisions sociales sont omniprésentes, et même dans nos vies personnelles, nous pouvons parfois être emportés par la colère, la rancune ou l’incompréhension. La Croix nous appelle à être des artisans de réconciliation dans notre monde, dans nos communautés et auprès de nos proches. Jésus nous enseigne que l’amour et le pardon ne sont pas des options en fin de parcours, mais des réalités premières, essentielles à la vie chrétienne. Nous ne pouvons pas rester indifférents, face aux tensions ou à la haine ; nous sommes invités à répondre à l’appel du Christ, pour chercher la réconciliation, guérir les fractures et bâtir la paix.

4. La croix comme folie de Dieu

Référence biblique : 1 Co 1, 18-25 (voir en fin de document)

Aux yeux du monde, la croix est un scandale : la mort violente d’un homme injustement condamné. Mais un homme qui meurt ainsi, comme un martyr - crucifié comme un criminel - peut difficilement être vu comme un sauveur. Pourtant, aux yeux de l’apôtre Paul, la Croix n’est pas une faiblesse. Elle manifeste, au contraire, une sagesse qui dépasse les logiques humaines.

Elle est le lieu où l’amour de Dieu se révèle, par excellence, d’une manière qui défie la compréhension humaine :
En choisissant de s’abaisser, de souffrir, de se laisser ridiculiser, pour accomplir son œuvre de salut, le Christ vient anéantir les valeurs de religiosité, de pouvoir ou de puissance, chères au humain. C’est précisément à cause de leurs principes - de leurs règles, de leur soif de pouvoir, ou de leurs peurs - que les hommes en sont venus à crucifier l’envoyé de Dieu. Ce qui paraît - à première vue - être une défaite totale, est - en réalité - la victoire la plus éclatante sur le péché, le mal et la mort.

La Croix a une fonction révélatrice : elle renverse les attentes humaines et réaffirme que Dieu agit d’une manière qui dépasse toutes les attentes mondaines, en choisissant l’humilité et la souffrance, plutôt que la gloire et la domination.

En ce sens, la croix porte un message paradoxal. Elle procède à une inversion totale des valeurs humaines : là où l’on s’attend à voir la justice humaine, c’est l’injustice. Là où l’on s’attend à voir la défaite du Christ, Dieu opère paradoxalement sa victoire.

C’est par la « folie » de la croix - par la non-puissance - que Dieu a choisi de manifester la puissance de son salut. Une fois pour toute, la violence se révèle être une impasse dramatique. Et la « non-violence » le seul choix possible aux yeux de Dieu.

Dans notre société moderne, nous sommes constamment appelés à lutter, pour réussir à tout prix. Nous sommes confrontés à un idéal de croissance, de pouvoir, de performance, de succès, fondé sur « des rapports de force ». La Croix nous invite à revoir notre propre perception de la sagesse et de la puissance. La véritable force réside dans la capacité à servir et à aimer sans condition, quitte à sacrifier nos désirs égocentriques, pour le bien des autres. Ce modèle de « folie » nous appelle à une vie radicalement différente, une vie où l’amour, la compassion et l’humilité sont plus puissants que n’importe quelle stratégie de domination.
 
5. La croix comme dénonciation de l’injustice

Références bibliques : Lc 4, 17-19 ; Lc 23, 33-34. 41-43 (voir en fin de document)

Sur la croix, Jésus meurt comme un innocent au milieu des coupables.
Il subit l’injustice du système humain. Pourtant même là, il témoigne encore de la miséricorde de Dieu (cf. Luc 23, 34.43).

La croix peut être vue comme un symbole : le symbole de la lutte contre l’injustice. Sur la croix, le Christ est solidaire de tous ceux qui souffrent injustement.

En mourant, Jésus prend position contre toutes les formes d’injustice, d’oppression et d’inégalité qui existaient à son époque. Comme ses disciples, il nous appelle à faire de même, aujourd’hui.

La croix nous révèle que Dieu ne reste pas neutre face à l’injustice, mais qu’il s'engage pour l’amour et la vérité, ainsi que Jésus l’avait fait durant son ministère : en enseignant, en accueillant les marginalisés, en guérissant les malades, en ressuscitant l’espérance, et en redonnant à chacun sa dignité et sa place dans la société et devant Dieu.

Dans un monde où les inégalités, l’oppression et l’injustice sont toujours présentes… dans un monde où les abus de pouvoir et la corruption sont des réalités…  la croix est un symbole fort, qui nous appelle à dénoncer toutes les formes d’injustices, à agir avec compassion et solidarité, et à vivre dans la certitude que Dieu nous accompagne… qu’il nous encourage et nous soutient, dans ce processus de dénonciation des injustices et d’évolution des consciences.

6. La croix comme processus créatif de transformation

Références bibliques : Jn 12, 24 ; Rm 6, 3-6 ; Ga 2, 19-20 (voir en fin de document)
 
Pour les premiers chrétiens, la Croix n’est pas seulement un acte historique ; elle initie un processus de transformation dans la vie du croyant.
 
En nous identifiant à la croix - au Christ crucifié et ressuscité - nous participons à un chemin de mort et de vie. La croix de Jésus devient le modèle de notre propre crucifixion au péché, pour que nous vivions une vie nouvelle en Christ.

Ce processus créatif transforme notre cœur, nous rendant davantage semblables à Jésus. Il ne s’agit pas seulement d’un changement moral, mais d’une transformation spirituelle et existentielle, où le Christ vit en chacun de nous, élargit notre conscience et notre coeur, et nous rend capables d’aimer, de donner et de pardonner.

La croix est ainsi le signe d’une vie nouvelle transformée, offerte à chaque croyant dans la foi.

Ce processus créatif de transformation a un impact plus large : il n’est pas seulement individuel, il est aussi collectif. Car chaque individu agit à un niveau communautaire et social.

A son échelle, chacun peut transformer le mal en bien… chacun peut rechercher la justice, apporter libération et réconciliation autour de lui. En ce sens, la croix annonce une création en voie de transformation.

A l’heure où notre monde est de plus en plus « interconnecté » et en évolution constante, cette vision de la croix, comme un processus créatif de rédemption, où Dieu transforme le mal et la souffrance en de nouvelles possibilités, est particulièrement inspirante… car - aujourd’hui encore - nous avons besoin de l’inspiration divine, face aux défis globaux, tels que les conflits armés, les crises sociales et économiques, et les inégalités.

Cette approche rejoint notre désir de réinventer l’avenir, de voir la souffrance et le mal, non comme des fatalités ou des impasses, mais comme des occasions de transformation. Nous avons besoin de la créativité du Souffle divin, pour être acteurs et participer à l’advenue d’un monde nouveau, enfin réconcilié, qui soit en résonance avec le projet divin : le Royaume de Dieu.

La croix constitue une invitation à participer à un processus continu de renouvellement du monde, correspondant à la volonté de Dieu.

7. La croix comme exemple moral à imiter
 
Références bibliques : Jn 13, 34-35 ; Mc 8, 34-35 (voir en fin de document)

En plus d’être le lieu de manifestation du salut de Dieu, la croix est aussi un modèle moral proposé au croyant : celui du don de soi.
 
En acceptant de mourrir pour nous, Jésus nous montre que la véritable liberté se trouve dans l’amour, l’humilité et le service.
 
Comme le sermon sur la montagne (cf. Mt 5-7), la croix nous appelle à dépasser la réciprocité, à vivre dans le don de soi, à aimer généreusement, à servir les autres sans rien attendre en retour. Jésus n'a pas seulement enseigné, il a accepté de sacrifier sa vie. Il a ainsi tracé un chemin de vie juste et bon, pour nous.
 
Suivre Jésus, c’est imiter son amour, sa patience et sa générosité envers ceux qui nous entourent.
La croix est ainsi un modèle inspirant, pour vivre nos relations avec Dieu et avec les autres : dans la compassion, l’amour désintéressé et l’engagement à faire le bien.

8. La croix comme processus de réconciliation cosmique

Références bibliques : Col 1, 13-14. 19-20 ; Ep 1, 9-10 (voir en fin de document)

Pour les auteurs des lettres aux Ephésiens et aux Colossiens, la Croix représente un évènement décisif. Elle est le point de rencontre entre le ciel et la terre, le visible et l’invisible.

La croix a des implications non seulement pour l’humanité, mais pour l’ensemble de la création.

Jésus-Christ, par sa mort sur la croix, prend part à un processus de réconciliation cosmique, où Dieu cherche à restaurer et à renouveler toute la création, non seulement l’humanité.

Dans cette vision, la rédemption de l’humanité est liée à la rédemption de l’ensemble de la création, un processus dans lequel Dieu travaille avec l’univers, pour en faire un monde meilleur, plein de possibilités nouvelles.

En d’autres termes, la Croix est, à la fois, un acte d’amour radical et un moment créatif dans l’histoire du monde, annonçant une réconciliation non seulement entre Dieu et l’humanité, mais aussi entre l’humanité et l’ensemble de la création.
 
Conclusion

Chacune des perspectives explorées ci-dessus, offre une compréhension profonde de la mort de Jésus sur la croix.

Toutes ces lectures ont en commun une vérité fondamentale : la Croix est l’expression ultime de l’amour de Dieu pour l’humanité. Par elle - en Jésus-Christ - Dieu agit pour restaurer ce qui était brisé, pour donner un sens à la souffrance humaine, et pour offrir une voie de réconciliation et de salut.

Pour les croyants, la Croix n’est pas un simple souvenir… Elle est un symbole transformateur puissant… qui nous appelle à vivre selon la sagesse de Dieu… une sagesse qui renverse les normes du monde.

Par la Croix, le Christ nous appelle à lâcher notre égo… à entrer dans la foi… à rechercher la justice (cf. Mt 6,33)… pour participer à son œuvre de réconciliation et de transformation.

Il revient à chacun d’entrer plus profondément dans ce mystère de la Croix, pour découvrir la vie nouvelle dont elle est porteuse.

Et vous… quels sens donnez-vous à la Croix… pour vous-mêmes… pour votre existence… vos engagements … et pour le monde ?

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Références bibliques

Luc 23, 33-49 (TOB) - Un des récits de la crucifixion

33Arrivés au lieu dit « le Crâne », ils l'y crucifièrent ainsi que les deux malfaiteurs, l'un à droite, et l'autre à gauche. 34Jésus disait : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font. » Et, pour partager ses vêtements, ils tirèrent au sort. 35Le peuple restait là à regarder ; les chefs, eux, ricanaient ; ils disaient : « Il en a sauvé d'autres. Qu'il se sauve lui-même s'il est le Messie de Dieu, l'Elu ! » 36Les soldats aussi se moquèrent de lui : s'approchant pour lui présenter du vinaigre, ils dirent : 37« Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même. » 38Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « C'est le roi des Juifs. »

39L'un des malfaiteurs crucifiés l'insultait : « N'es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même et nous aussi ! » 40Mais l'autre le reprit en disant : « Tu n'as même pas la crainte de Dieu, toi qui subis la même peine ! 41Pour nous, c'est juste : nous recevons ce que nos actes ont mérité ; mais lui n'a rien fait de mal. » 42Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi. » 43Jésus lui répondit : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis. »

44C'était déjà presque midi et il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu'à trois heures, 45le soleil ayant disparu. Alors le voile du sanctuaire se déchira par le milieu ; 46Jésus poussa un grand cri ; il dit : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit. » Et, sur ces mots, il expira. 47Voyant ce qui s'était passé, le centurion rendait gloire à Dieu en disant : « Sûrement, cet homme était juste. » 48Et tous les gens qui s'étaient rassemblés pour ce spectacle, à la vue de ce qui s'était passé, s'en retournaient en se frappant la poitrine. 49Tous ses familiers se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée et qui regardaient.
 
Es 53, 3-7 (NBS)

3Méprisé et abandonné des hommes,
homme de douleur et habitué à la souffrance,
semblable à celui de qui on se détourne,
il était méprisé,
nous ne l'avons pas estimé.

4En fait, ce sont nos souffrances qu'il a portées,
c'est de nos douleurs qu'il s'était chargé ;
et nous, nous le pensions atteint d'un fléau, frappé par Dieu et affligé.
5Or il était transpercé à cause de nos transgressions,
écrasé à cause de nos fautes ;
la correction qui nous vaut la paix est tombée sur lui,
et c'est par ses meurtrissures que nous avons été guéris.
6Nous étions tous errants comme du petit bétail,
chacun suivait sa propre voie ;
et le Seigneur a fait venir sur lui notre faute à tous.

7Maltraité, affligé, il n'a pas ouvert la bouche ;
semblable au mouton qu'on mène à l'abattoir,
à une brebis muette devant ceux qui la tondent,
il n'a pas ouvert la bouche.

Hébreux 4, 14-16 (TOB)

14Ayant donc un grand prêtre éminent, qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, tenons ferme la confession de foi. 15Nous n'avons pas, en effet, un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses ; il a été éprouvé en tous points à notre ressemblance, mais sans pécher. 16Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le trône de la grâce, afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour un secours en temps voulu.

2 Co 5, 17-21 (TOB)

17Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu'une réalité nouvelle est là. 18Tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. 19Car de toute façon, c'était Dieu qui en Christ réconciliait le monde avec lui-même, ne mettant pas leurs fautes au compte des hommes, et mettant en nous la parole de réconciliation. 20C'est au nom du Christ que nous sommes en ambassade, et par nous, c'est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu. 21Celui qui n'avait pas connu le péché, il l'a, pour nous, identifié au péché, afin que, par lui, nous devenions justice de Dieu.

1 Co 1, 18-25 (TOB)

18La parole de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui sont en train d'être sauvés, pour nous, elle est puissance de Dieu. 19Car il est écrit : Je détruirai la sagesse des sages et j'anéantirai l'intelligence des intelligents.
20Où est le sage ? Où est le docteur de la loi ? Où est le raisonneur de ce siècle ? Dieu n'a-t-il pas rendue folle la sagesse du monde ?
21En effet, puisque le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient.
22Les Juifs demandent des signes, et les Grecs recherchent la sagesse ; 23mais nous, nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens, 24mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, il est Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
25Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.

Lc 4, 17-19 (TOB)

17On donna [à Jésus] le livre du prophète Esaïe, et en le déroulant il trouva le passage où il était écrit :
18L'Esprit du Seigneur est sur moi
parce qu'il m'a conféré l'onction
pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres.
Il m'a envoyé proclamer aux captifs la libération
et aux aveugles le retour à la vue,
renvoyer les opprimés en liberté,
19proclamer une année d'accueil par le Seigneur.

Lc 23, 33-34. 41-43 (NBS)

33Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé le Crâne, ils le crucifièrent là, ainsi que les deux malfaiteurs, l'un à droite et l'autre à gauche. 34Jésus disait : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. […]

41Pour nous, c'est justice [disait un des deux malfaiteurs], car nous recevons ce qu'ont mérité nos actes ; mais celui-ci n'a rien fait de mal.
42Et il disait : Jésus, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton royaume. 43Il lui répondit : Amen, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis.

Jn 12, 24 (TOB)

24En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance.

Rm 6, 3-6 (TOB)

Nous tous, baptisés en Jésus Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés. 4Par le baptême, en sa mort, nous avons été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle. 5Car si nous avons été totalement unis, assimilés à sa mort, nous le serons aussi à sa résurrection. 6Comprenons bien ceci : notre vieil homme a été crucifié avec lui […].

Ga 2, 19-20 (TOB)

Avec le Christ, je suis un crucifié ; 20je vis, mais ce n'est plus moi, c'est Christ qui vit en moi. Car ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi.

Jn 13, 34-35 (TOB)

34« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. 35A ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l'amour que vous aurez les uns pour les autres. »
 
Mc 8, 34-35 (TOB)

« Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu'il me suive. 35En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Evangile, la sauvera ».

Col 1, 13-14. 19-20 (TOB)

13[Le Père] nous a arrachés au pouvoir des ténèbres et nous a transférés dans le royaume du Fils de son amour ; 14en lui nous sommes délivrés, nos péchés sont pardonnés. […]
19Car il a plu à Dieu de faire habiter en [Christ] toute la plénitude 20et de tout réconcilier par lui et pour lui, et sur la terre et dans les cieux, ayant établi la paix par le sang de sa croix.
 
Ep 1, 9-10 (TOB)

9[Le Père] nous a fait connaître le mystère de sa volonté, le dessein bienveillant qu'il a d'avance arrêté en lui-même 10pour mener les temps à leur accomplissement : réunir l'univers entier sous un seul chef, le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre.
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