La beauté ou l'utilité ?
Culte autrement - sur Mc 14, 3-9 - samedi 12 avril 2025
Mc 14, 3-9 - Une femme répand du parfum sur la tête de Jésus
(Autres versions : Mt 26.6-13 ; Jn 12.1-8 ; Lc 7.36-38)
3 Jésus était à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux et, pendant qu'il était à table, une femme vint, avec un flacon d'albâtre contenant un parfum de nard, pur et très coûteux. Elle brisa le flacon d'albâtre et lui versa le parfum sur la tête. 4 Quelques-uns se disaient entre eux avec indignation : « A quoi bon perdre ainsi ce parfum ? 5 On aurait bien pu vendre ce parfum-là plus de trois cents pièces d'argent et les donner aux pauvres ! » Et ils s'irritaient contre elle.
6 Mais Jésus dit : « Laissez-la, pourquoi la tracasser ? Ce qu'elle a accompli pour moi est vraiment beau (c’est une belle œuvre qu'elle vient d'accomplir à mon égard). 7 Des pauvres, en effet, vous en avez toujours avec vous, et quand vous voulez, vous pouvez leur faire du bien. Mais moi, vous ne m'avez pas pour toujours. 8 Ce qu'elle pouvait faire, elle l'a fait : d'avance elle a parfumé mon corps pour l'ensevelissement. 9 En vérité, je vous le déclare, partout où sera proclamé l’Évangile dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d'elle, ce qu'elle a fait. »
Petit rappel introductif
A l’époque de Jésus, le parfum est un produit de luxe, qui se présente souvent sous la forme d’une crème à étaler sur le corps.
Le parfum est estimé ici à plus de 300 pièces d’argent, c’est-à-dire le salaire d’une année de travail d’un ouvrier : Imaginez un flacon de parfum qui vaudrait près de 15 000 €
Dans le monde biblique, verser du parfum était une manière d’honorer quelqu’un. C’est un geste d’hommage et d’accueil.
Dans l’Ancien Testament, on versait du parfum sur la tête du roi, pour le reconnaître dans sa dignité royale : c’est ce qu’on appelle « l’onction » (pour le Roi ou le Messie).
Dans le contexte du récit, être à table signifie souvent être allongé sur des coussins.
Dans les commentaires de ce récit, le personnage de la femme au parfum est souvent interprété comme étant de mauvaise réputation (pécheresse) car il est dit - dans la version de Luc - qu’elle a beaucoup à se faire pardonner. Mais ici (dans la version de Marc ou de Matthieu) rien n’indique que ce point de vue soit fondé.
Questions pour partager
- 1) Une femme verse un parfum de grand prix sur la tête de Jésus. L’épisode raconté par Marc (ou Matthieu), met en compétition 2 logiques (2 systèmes de valeur) : celle de la femme (qui est dans l’élan du coeur, dans la logique du don et de la gratuité) et celle de certains convives ou disciples (qui s’indignent et s’irritent contre elle). Comment qualifieriez-vous la logique des « indignés » ? Quels sont leurs arguments ? D’où vient le choc des convives ?
...
- 2) Leurs arguments « raisonnables » ne sont-ils pas cohérents avec ce que Jésus a dit lui-même au jeune homme riche (cf. Mt 19,21 : « Jésus lui dit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi ! ») ? Qu’en pensez-vous ? Jésus peut-il se contredire ?
...
- 3) Comment Jésus réagit-il ? Quels sont ses arguments ?
...
- 4) Comment comprenez-vous cette affirmation et le qualificatif « beau /belle » : « elle a fait ce qui est beau ! » (c’est une « belle » oeuvre qu’elle vient d’accomplir) ?
...
- 5) Selon vous, de quoi notre monde - ou votre environnement - aurait-il besoin, pour être plus « beau » ?
...
- 6) Dans cet épisode, Jésus défend la surabondance de la Grâce (que la femme manifeste spontanément) : il défend une mentalité « esthétique » (fondé sur la beauté et la gratuité de son geste), face à une mentalité « utilitariste » (où chaque chose devrait forcément être utile et employé selon une valeur marchande, dans un but précis). Qu’en pensez-vous ?
...
- 7) Quel(s) changement(s) apporte Jésus dans la vie de chacun des protagonistes ? (Pour la femme / Pour les convives)
...
- 8) Vous mêmes… que faites-vous pour rendre votre vie ou votre environnement plus beau ? Et celui des autres (de votre entourage) ? Est-ce que cela fait partie de vos préoccupations ou priorités ?
...
- 9) Jésus met aussi en avant la grande intuition de cette femme (elle a saisi la portée exceptionnelle du moment), car Jésus va bientôt être arrêté, mourir sur la croix et sera mis au tombeau… Le geste de la femme peut ainsi être interprété comme un geste prophétique (une anticipation, une préfiguration) : d’avance, elle parfume le corps de Jésus pour l’ensevelissement. Diriez-vous que cette femme a su écouter son coeur ? (son âme, sa sensibilité ?) … ou qu’elle est « sous emprise » (de celui qu’elle admire particulièrement : Jésus) ?…. Et vous… que faites-vous pour développer votre intuition ?… Et votre capacité de contemplation ou d’émerveillement ?
...
- 10) Au final, l’attitude de la femme équivaut à une suspension provisoire de l’éthique (elle ne se préoccupe pas de savoir si c’est bien ou mal, ni même des « quand dira-ton » face à un geste qui peut paraitre scandaleux, devant l’exigence morale, devant le souci des pauvres) : elle laisse seulement parler son coeur, qui se manifeste dans le don excessif. Cette attitude « passionnelle » est validée par Jésus, qui s’apprête lui-même à vivre sa Passion. Pensez-vous que nous devrions parfois agir comme elle, dans certaines circonstances : arrêter d’écouter notre raison, pour laisser parler notre coeur ? …. Avez-vous des exemples ou des situations en tête ?… ou il serait bon d’agir ainsi ?… ou (en avez-vous fait l’expérience?) avez-vous déjà fait de même ? (à quelle occasion ?)
...
- 11) Il semble, au final, que ce soit cette femme qui ait vraiment discerné l’intensité - l’enjeu exceptionnel - du moment. Dans sa liberté, c’est elle qui a tout compris (consciemment ou inconsciemment). Avez-vous le sentiment, parfois, d’être incompris (comme cette femme) ? Ou de penser autrement que les autres (d’avoir un autre regard sur la réalité ou le monde) ? Dans ces situations, qu’est-ce qui vous inspire ? Comment réagissez-vous ?
....
- 12) Est-ce que vous aimez ce récit évangélique ? Si oui… pourquoi : quels enseignements / quelles conclusions en tirez-vous ? Si non… pourquoi ?
...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire