dimanche 9 juillet 2023

Les bienfaits de la louange

 Lectures bibliques : Ps 149, 1-6 ; Am 5, 21-24 ; Ep 5, 15-20 ; Ga 5, 13-15 ; Mt 6, 33 – Louange : Ps 96, 1-13 = voir textes en bas de cette page. 

Thématique : Les bienfaits de la louange 

Prédication de Pascal LEFEBVRE – Bordeaux, au temple du Hâ, le 09/07/23 & au temple de Bellocq, le 20/08/23. 

Partiellement inspirée d’une méditation de Marc Lienhard 



Les textes que nous venons d’entendre constituent un florilège de ce qu’un chrétien est appelé à vivre : louer le Seigneur ; rechercher sa justice ; s’épanouir dans la liberté et l’amour du prochain. 


C’est – pour ainsi dire – un programme de vie, un style de vie… et même un condensé de l’Evangile… qui nous est ici proposé : 

la louange (qui signifie confiance, reconnaissance et joie), 
o la justice (qui implique vigilance, responsabilité et connaissance de la volonté de Dieu… cette justice qui est indispensable à la paix), 
o la liberté (qui ne peut se vivre que dans le respect et l’amour mutuel). 


Aujourd’hui, puisque nous avons un culte musical, je voudrais que nous nous concentrions sur le premier aspect : la louange. 


Dans la Bible, il n'est pas seulement question des paroles de prophètes et de Jésus, de leurs discours et des mots qu'ils prononcent. 

La Bible évoque aussi les tambourins, les harpes et bien d'autres instruments de musique qui invitent à louer Dieu.

A bien y regarder, c’est la création tout entière qui est appelée à la joie : il y a, bien sûr, les oiseaux qui chantent… mais aussi le soleil et la lune, les arbres et les fleurs qui célèbrent ensemble la gloire de Dieu. 


A Noël, il y a les messagers, les anges, qui entourent celui qui a annoncé la bonne nouvelle aux bergers, la bonne nouvelle de la naissance de Jésus, et qui chantent : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux...».

Il y a aussi tous ces récits de guérisons qui attestent des parcours d’hommes et de femmes touchés par la grâce de Dieu : ceux que Jésus a guéri et qui s'en retournent chez eux en louant Dieu.


Il y a, enfin, les témoins de la résurrection, les disciples qui ont vécu des expériences spirituelles inouïes d’apparitions, qui ont rencontré le Christ ressuscité, et dont la tristesse s’est transformée en joie et qui louent également le Seigneur. Cette louange-là a traversé les temps.


Existant depuis l’antiquité, c’est à partir du IXe siècle que les orgues pénètrent en Occident. Et depuis, les orgues nous accompagnent et nous entrainent magnifiquement lors du culte, pour exprimer la joie éclatante du message pascal ou encore pour nous porter vers la méditation, le silence ou l’introspection. 

De bien des manières, la musique vient soutenir notre louange. 


Ainsi, jusqu'à nos jours naissent de nouveaux chants. Au point qu'il faut régulièrement changer les recueils de cantiques ou de spontanés !

Que ce soit avec l’orgue, à capella, avec un piano, une trompette ou une guitare, nous sommes appelés à louer Dieu.

Mais, avons-nous raison de chanter ? 


Dans la fameuse fable de la fontaine (la cigale et la fourmi), c’est la cigale qui chante… et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle semble plutôt insouciante, pour ne pas dire inconsciente… alors que la fourmi – c’est connu – est beaucoup plus sérieuse : elle fait des provisions. 


Aujourd’hui, les français sont plutôt « fourmis » que « cigales ». Ce qu’atteste le taux d’épargne conséquent des ménages, qui n’a jamais était aussi important qu’en ce moment. (Enfin ça ne concerne que les plus aisés, parce que les plus pauvres, eux, n’ont jamais été aussi pauvres.) 

Cette réalité semble traduire une inquiétude, une angoisse de l’avenir : nous sommes comme des « fourmis », parce qu’en fait nous vivons dans la peur du lendemain. 


Mais, de toute façon – me direz-vous – comment chanter en ces temps troublés ? 


Avons-nous raison de chanter des chants joyeux, alors que la petite minorité des plus riches continue de s’enrichir, pendant que les deux tiers de l'humanité n'ont pas assez à manger, que les forêts brulent et que nos villes sont polluées… alors que la pauvreté sévit et s’accentue… alors qu'il y a tant de violences et de conflits dans le monde ? 


Avons-nous raison de vouloir embellir nos Temples ou nos Églises, d’entretenir nos orgues, et plus généralement de faire de la musique, dans le temps de crise qui est le nôtre ?

Déjà le prophète Amos disait : « Éloigne de moi le bruit de tes cantiques ; je n'écoute pas le son de tes luths […], mais que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable » (Am 5. 23-24).


Amos avait certainement raison : louer Dieu, sans rechercher la justice… ça n’a pas de sens. 

Mais peut-être que rechercher la justice… sans louer Dieu : ça n’en a pas non plus ?

Car la louange consiste aussi à rendre le monde plus beau, et à entrer en vibration, en résonance les uns avec les autres…. afin de se mettre sur le même diapason… pour être en harmonie. 


En réalité, il n'y a pas que la voix du prophète Amos, il y a aussi celle du psalmiste : « Chantez pour le Seigneur un chant nouveau […], célébrez-le avec le tambourin et la lyre ».


Le temps du psalmiste était, lui aussi, marqué par des détresses en tout genre, et il y avait beaucoup de pauvres dans l'Israël de l'époque. 

Malgré cela, il incitait les croyants à louer Dieu. 

Nous y sommes aussi invités aujourd'hui et cela pour trois raisons : 


1) En premier lieu, chanter permet d’exprimer sa reconnaissance. 

Malgré les épreuves, comment pourrions-nous oublier ce que Dieu fait chaque jour pour nous : la vie et la santé qu'il nous donne, la beauté de la création, tous les dons que nous avons reçus, les amis qu'il met sur notre chemin, une famille et une communauté qui nous entourent et, en dernière instance, la présence de l’Esprit saint … et la certitude que cela nous donne ? 


Allons-nous garder tout cela pour nous, enfoui en nous (sans partager cette confiance et cette espérance), en pensant que cela va de soi, alors que les oiseaux gazouillent et que la nature éclate de vie ? 


Nous qui sommes conscients de tous ces dons, tous ces biens, comment ne pas le traduire dans nos chants, nos cultes et notre musique ?

Comment ne pas nous retourner vers Celui qui est à l’origine, à la Source de tous ces bienfaits ? … simplement pour dire Merci. 


2) En deuxième lieu, louer Dieu, c'est aussi combattre. 

C'est combattre le diable, disait Luther, ajoutant que « le diable est un esprit de tristesse et qui ne peut supporter aucune joie, et qui est éloigné à mille lieues de la musique ! » 


Dieu sait combien la morosité règne autour de nous. 

L'esprit d’indifférence, ou de dénigrement de l’autre, ou encore l’esprit de résignation dominent dans un monde occidental blasé et consumériste, qui n’a souvent pour visée que d’obtenir plus d’avoir, plus de confort… sans forcément se préoccuper d’autrui. 


Le chant et la louange ne consistent pas à nous endormir davantage, mais, bien au contraire, à nous réveiller : à reconnaitre ce qui est bon… et aussi à exprimer notre désir que ce qui est mauvais soit surmonté et enfin transformé. 


Exprimer sa louange est une manière de « choisir la vie » sans fatalisme… sans démissionner, ni abdiquer face au mal. 

La louange est aussi un combat contre l’indifférence. 


Précisément, ce monde occidental, qui va mal et qui est pourtant si riche, est-il encore capable de chanter et d’exprimer sa joie de vivre comme d’autres savent le faire en Afrique ou en Asie, pourtant moins bien lotis ? 


Eh bien l'Église a cette vocation d'être un lieu et une communauté où l’on chante et où l’on fait de la musique.
En effet, elle est un lieu et une communauté où, avec le Christ ressuscité, les humains combattent la tristesse, la résignation et le défaitisme. 


L'Église est le lieu où se répercute le rire de Dieu qui a vaincu le diable. 


C’est, à sa manière, ce que dit aussi la déclaration de foi de l’Église Protestante Unie. Je cite :

Père de bonté et de compassion, Dieu habite notre fragilité et brise ainsi la puissance de la mort. Il fait toutes choses nouvelles ! 

Par son Fils Jésus, nous devenons ses enfants. Il nous relève sans cesse : de la peur à la confiance, de la résignation à la résistance, du désespoir à l’espérance.


Et cette déclaration de foi se conclut par ces mots :

A celui qui est amour au-delà de tout ce que nous pouvons exprimer et imaginer, disons notre reconnaissance.

« Célébrez Dieu, car il est bon et sa fidélité dure pour toujours. » (cf. Psaume 118,1)


3) Enfin, en troisième lieu : le chant et la musique n'excluent pas l'action. Au contraire, ils nous donnent du courage. 


Pensez, par exemple, à ces supporters de foot ou de rugby qui chantent pour soutenir leur équipe favorite… ou à ces équipes, elles-mêmes, qui chantent sur le terrain, avant le match, pour transmettre leur confiance et se donner du courage, et aussi pour impressionner l’adversaire. 


Qui ne connait pas le Haka – cette danse traditionnelle chantée maori – interprétée par l’équipe de rugby de Nouvelle Zélande ? 

Elle montre toute la détermination de l’équipe à agir… car elle est portée par quelque chose de plus grand (tout un peuple)… qui la soude et qui l’envoie en mission. 


Pour nous, cet Autre qui nous envoie, c’est l’Esprit saint, c’est Dieu qui réalise cette communion fraternelle. 

C’est lui qui nous appelle, qui nous rassemble, qui nous ressource et qui nous dynamise. 


Alors, pourquoi les Chrétiens ne chanteraient-ils pas pour se recentrer, pour se solidariser, pour être en communion, et aussi pour lutter contre un adversaire : cet adversaire qu’est l’indifférence, la peur, la résignation, l’intolérance, l’injustice, ou le désespoir. 


L’adversaire peut aussi être l’idolâtrie, comme dans le Psaume 96 (que nous avons entendu, au moment de la louange). 

Les idoles : ce ne sont pas seulement les statues ou les divinités d’autrefois que les peuples primitifs adoraient. 

Les idoles d’aujourd’hui, ce sont les réalités humaines que les hommes vénèrent… ce qu’ils mettent au premier plan de leur existence et ce à quoi ils s’attachent… au point de remplacer le Dieu vivant. 


Il peut s’agir de choses tout à fait estimables, comme le travail, la santé, le pouvoir, le sport, le sexe, la carrière ou l’argent… mais des choses qui ne sont en réalité que des moyens et non des fins. 


Comment nier que notre société a une fâcheuse tendance à l’idolâtrie quand nous ne reconnaissons plus autre chose que la carrière, le pouvoir, la réussite ou la rentabilité… quand l’économie et la finance prennent le pas sur l’être humain ?... quand les intérêts privés d’une minorité prennent le pas sur l’intérêt général ?


Nous pouvons alors mêler nos voix à celle du psalmiste pour dénoncer les idoles de notre temps… non pas seulement les démasquer… mais aussi agir, pour changer les mentalités, pour initier ou participer à d’autres façons de voir… à travers des engagements alternatifs ou associatifs. 


La liturgie conduit normalement à la diaconie. 

Car nous savons que Dieu veut le bonheur de toutes les créatures, pas seulement de quelques élites. 

Le chant est un appelle à la solidarité, un appel à faire corps avec le Christ et avec les autres, pour agir ensemble, pour recevoir la grâce de Dieu et la transmettre à d’autres.  


Car le projet de bonheur voulu par Dieu est universel : il veut que chantent aussi l'Afrique et l'Asie, le Liban et l’Ukraine, Israël et la Palestine. 

Il veut que chantent les hommes, que les éléphants d'Afrique crient de joie et que brillent les eaux des fleuves. 


Alors nous qui chantons le dimanche, nous ne laisserons pas de côté ceux qui pleurent, ceux qui souffrent et qui meurent. 

Nous nous efforcerons de les associer à notre chant et à notre musique. 

Puisque cette musique élève notre âme, notre niveau de conscience et de compassion pour tous les êtres. 


Nous ferons donc tout pour accueillir et associer à notre communauté ceux qui vivent des épreuves, pour que les mains fatiguées frappent aussi les tambours et que le souffle des hommes anime les trompettes, les fûtes et les clarinettes.


Ainsi donc il y a bien des raisons pour entendre l'appel, si souvent répété dans la Bible : louez Dieu, et chantez pour la gloire de son nom !

Nous le ferons avec nos voix humaines dans toute leurs différences et complémentarités. 

Même le plus pauvre a une voix. Que nous braillions, que nous chantions juste ou faux, mieux vaut encore chanter que rester muets. 


Les psaumes nous invitent d’ailleurs au chant communautaire, à chanter « dans l'assemblée des fidèles ». 

Nous voilà bien au cœur de l'héritage de la Réformation. 


Selon Luther et Calvin, l'assemblée réunie pour le culte ne doit pas seulement écouter des discours, mais participer activement à l'office par le chant. 

En vertu du sacerdoce universel, tous sont prêtres et tous sont appelés à confesser leur foi et à célébrer Dieu !  

Ce n’est pas réservé à quelques-uns. Car la musique a aussi pour fonction de nous unir, de nous mettre en communion les uns avec les autres, et avec le Seigneur.

Alors, Tous ensemble, continuons à louer le Seigneur puisqu’en le faisant, nous nous connectons à Celui, qui est la Source de l’amour… 

Et nous participons collectivement à rendre le monde plus beau !


Amen. 


Lectures bibliques 


Prière de Louange - Psaume 96 (v. 1-13 - extraits)

1 Chantez pour le SEIGNEUR un chant nouveau ! Chante pour le SEIGNEUR, terre entière !

2 Chantez pour le SEIGNEUR, bénissez son nom, annoncez jour après jour la bonne nouvelle de son salut !

3 Dites parmi les nations sa gloire, racontez parmi tous les peuples ses actes étonnants !

4 Car le SEIGNEUR est grand et digne de toute louange : il est redoutable, plus que tous les dieux ;

5 car tous les dieux des peuples sont des faux dieux, mais c'est le SEIGNEUR qui a fait le ciel.

6 L'éclat et la magnificence sont devant lui, la puissance et la splendeur sont dans son sanctuaire.

7 Clans des peuples, donnez au SEIGNEUR gloire et puissance !

8 Donnez au SEIGNEUR la gloire de son nom ! […]

10 Dites parmi les nations : C'est le SEIGNEUR qui est roi ! — Ainsi le monde est ferme, il ne vacille pas. […]

11 Que le ciel se réjouisse, que la terre soit dans l'allégresse ! Que la mer retentisse, avec tout ce qui s'y trouve !

12 Que la campagne exulte, avec tout ce qui s'y trouve, que tous les arbres des forêts poussent des cris de joie 13 devant le SEIGNEUR, car il vient ! il vient pour rendre la justice sur la terre. […] Il sera un arbitre sûr pour les peuples.


Lectures bibliques

Psaume 149 (v. 1-6) – Louez le SEIGNEUR

1 Louez le SEIGNEUR  ! Chantez pour le SEIGNEUR un chant nouveau ! Chantez sa louange dans l'assemblée des fidèles !

2 Qu'Israël se réjouisse en celui qui le fait ! Que les fils de Sion aient de l'allégresse en leur roi !

3 Qu'ils louent son nom avec des danses, qu'ils jouent pour lui du tambourin et de la lyre !

4 Car le SEIGNEUR accorde sa faveur à son peuple, il donne aux pauvres le salut pour parure.

5 Que les fidèles exultent dans la gloire, qu'ils poussent des cris de joie sur leurs lits !

6 Que les louanges de Dieu soient dans leur bouche. […]. 

Amos 5 (v.21-24) - Un culte insupportable à Dieu

21 Je déteste vos fêtes, je les rejette, 

je ne veux plus sentir vos assemblées solennelles.

22 Quand vous me présentez vos holocaustes et vos offrandes, 

je ne les agrée pas ; vos sacrifices de paix et vos bêtes grasses, je ne les regarde pas.

23 Éloigne de moi le tumulte de tes chants ! 

Je n'écoute pas le son de tes luths,

24 mais que l'équité coule comme de l'eau, 

et la justice comme un torrent intarissable.


Éphésiens 5 (v.8-20 - extraits) - Vivre dans la lumière


8 Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Vivez en enfants de lumière. 

9 Et le fruit de la lumière s’appelle : bonté, justice, vérité. 

10 Discernez ce qui plaît au Seigneur. […]

15 Soyez vraiment attentifs à votre manière de vivre : ne vous montrez pas insensés, mais soyez des hommes sensés, 

16 qui mettent à profit le temps présent, car les jours sont mauvais. 

17 Ne soyez donc pas inintelligents, mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur. […] 19 Dites ensemble des psaumes, des hymnes et des chants inspirés ; chantez et célébrez le Seigneur de tout votre cœur. 

20 En tout temps, à tout sujet, rendez grâce à Dieu le Père au nom de notre Seigneur Jésus Christ.


Galates 5 (v.13-15) – Vivre selon l’Esprit 


13 Mais vous, frères et sœurs, vous avez été appelés à la liberté. Seulement, ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vivre selon les penchants humains. Au contraire, laissez-vous guider par l'amour pour vous mettre au service les uns des autres. 

14 Car toute la Loi se résume dans cette seule parole : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » 

15 Mais si vous agissez comme des bêtes sauvages, en vous mordant et en vous dévorant les uns les autres, alors prenez garde : vous finirez par vous détruire les uns les autres.


Matthieu 6, 33 (extrait du sermon sur la Montagne) - Ayez confiance en Dieu - Recherchez son règne et sa justice 

33 Cherchez d'abord le règne de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît.

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