mercredi 19 novembre 2025

Méditation Mc 2, 18-22

 Mc 2, 18-22 : 18 Les disciples de Jean et les Pharisiens étaient en train de jeûner. Ils viennent dire à Jésus : « Pourquoi, alors que les disciples de Jean et les disciples des Pharisiens jeûnent, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » 19 Jésus leur dit : « Les invités à la noce peuvent-ils jeûner pendant que l'époux est avec eux ? Tant qu'ils ont l'époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. 20 Mais des jours viendront où l'époux leur aura été enlevé ; alors ils jeûneront, ce jour-là. 21 Personne ne coud une pièce d'étoffe neuve à un vieux vêtement ; sinon le morceau neuf qu'on ajoute tire sur le vieux vêtement, et la déchirure est pire. 22 Personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; sinon, le vin fera éclater les outres, et l'on perd à la fois le vin et les outres ; mais à vin nouveau, outres neuves. »

Méditation 

L’actualité de ce passage de l’évangile ne saute pas forcément aux yeux… pourtant son message nous concerne toujours. 

Contexte : Cet épisode s’inscrit dans une série de controverses entre Jésus et les représentants du Judaïsme de son temps… Le début du chapitre 2 de l’évangile de Marc montre un Jésus bousculant les codes religieux : il pardonne les péchés ; il mange avec des pécheurs ; il ne respecte pas la pratique du jeûne.
A cette époque, le jeûne était une pratique de repentance, de pénitence ou d’attente : on jeûnait dans les moments de détresse ou de préparation, en vue d’obtenir le pardon de péché, ou pour hâter la venue du Messie.

Le fait que le disciples ne jeûnent pas, est vu comme un signe de désinvolture spirituelle aux yeux des Pharisiens. Le jeûne, était un signe de piété et de fidélité à Dieu. Mais Jésus répond à cette critique par une image. 

L’époux est là, c’est donc le temps de la fête, pas de la pénitence. Dans la Bible, l’« époux » symbolise souvent la présence de Dieu (ou la venue de son salut), en relation d’alliance avec son peuple (cf. Osée 2 ; Esaïe 62).
En se présentant comme l’époux, Jésus s’identifie à Celui qui vient parler à agir au nom de Dieu, à Celui qui vient renouer et renouveler cette alliance.

Jésus propose ensuite deux mini- paraboles qui illustrent son propos :
On ne peut pas réparer un vieux vêtement, avec une pièce d’étoffe neuve, sinon il se déchire.
On ne peut pas mettre du vin nouveau dans de vielles outres. Il faut le mettre dans des outres neuves. 

Ces courtes comparaisons appuient la même idée : 
On ne peut pas simplement rajouter un peu du message de Jésus - de la nouveauté de l’Evangile - à l’ancien système religieux.
La nouveauté que le Christ apporte transforme tout : elle exige un « récipient » nouveau, une manière de penser et de vivre renouvelée.

Ce passage de l’évangile ouvre - pour nous - des questions, toujours actuelles…

1) Que signifie accueillir la nouveauté du Christ dans notre vie ?… et dans notre Eglise ?

Le message de Jésus ne s’ajoute pas à nos habitudes religieuses ou morales : il les transforme.
Ainsi, Jésus ne supprime pas le « jeûne », il en redéfinit le sens. 

S’il s’agit de « jeûner » quand « l’époux sera enlevé » (ce qui est une allusion à sa Passion), cela veut dire que le jeûne n’est plus à comprendre comme un temps de pénitence, mais qu’il peut devenir le lieu du souvenir de la présence du Christ (comme la Sainte Cène), et un moyen d’exprimer notre fraternité, notre compassion et notre solidarité avec ceux qui souffrent (à l’image de ce qu’a fait le Christ). Il devient ainsi un geste de liberté et d’amour, et non une forme de contrition ou de punition (inspirée par un Dieu-Juge, qui nous ferait sentir « pécheurs » ou « coupables »). 

D’autre part, il nous invite à devenir « des outres neuves » : des personnes disponibles à l’Esprit saint, ouvertes au changement et à la vie nouvelle (offerte par le Christ). 

Cela nous pose question : sommes-nous prêt(e)s dans notre vie, à accueillir du neuf ?… à nous laisser transformer par la nouveauté de l’Evangile ?
Ou est-ce que nous n’avons pas tendance à nos accrocher à nos « veilles outres » ? 

De la même manière, dans notre église… comment nos communautés peuvent-elles se renouveler, plutôt que simplement d’essayer de « maintenir » l’existant… ou « réparer » l’ancien ?

Qu’est-ce qui motive nos choix : l’habitude, la tradition, la nostalgie du passé, la peur… ou ce message de l’Evangile, qui nous appelle recevoir et expérimenter « la nouveauté » ? 

2) Comment vivre et partager la joie que nous offre le Christ ?

Jésus décrit sa mission comme des « noces » : c’est une image de fête, de communion, pas de contrainte. Le chrétien ne vit pas d’abord sous la Loi, mais dans la Joie de la présence du Christ.

Ainsi, la foi n’est pas d’abord une question de devoir, d’obligation, de privation… mais de plénitude, de communion, de vie…  Elle n’est pas tristesse, mais joie.

Comment notre église et  nos communautés - sont porteuses - et transmettent cette foi, comme joie de la présence du Christ dans notre vie ? 

3) Enfin, comment annoncer l’Évangile - dans la fidélité à cet épisode - qui nous invite à sortir du « religieux », pour entrer dans « la relation » et « la confiance » ?

Les interlocuteurs de Jésus (les religieux de son temps) sont obsédés par le faire (jeûner, observer, mériter). Jésus, lui, parle d’être : être avec, être en relation, être vivant, être renouvelé.

Comment… dans notre Église / nos communautés / nos existences quotidiennes… vivre davantage dans la relation… comment mieux « vivre ensemble », faire communauté, partager la fraternité ? 

Qu’est-ce qui relève parfois de l’obligation, des habitudes, du rite, du réflexe religieux ? Et qu’est-ce qui exprime une proposition ou une soif de liens… une vraie relation au Christ ? 
Quelles initiatives / quelles nouveautés… bien inspirées (par l’Esprit saint)… nous permettent d’accueillir de nouveaux membres… pour nous laisser renouveler ensemble ? 

Conclusion : Le vin nouveau du Royaume ne peut être enfermé dans nos vieilles habitudes ou nos vieilles peurs. / Le vin nouveau, c’est l’Esprit du Christ, c’est la Grâce, c’est la Vie de Dieu qui déborde… et qui nous permet d’oser… avec confiance et audace…
Le Christ ne vient pas « recoudre » nos vies éclatées ou « réparer » ce qui est déchiré ; il vient nous donner un vêtement neuf, une nouvelle identité d’enfants de Dieu. / Il ne vient pas remplir nos outres usées ; il vient faire de nous « des outres neuves », capable d’accueillir son Esprit saint. 

Prière : 

Seigneur Jésus, 
toi l’Époux venu à la rencontre de ton peuple,
 tu nous invites à la joie de ta présence,
 et pourtant, trop souvent,
 nous restons attachés à nos vieilles habitudes,
 à nos traditions, à nos sécurités.

Apprends-nous à reconnaître que tu es là, au milieu de nous, dans la simplicité de nos vies… de la prière et des rencontres…
 Apprends-nous à nous laisser renouveler par toi,
 à ne pas te « coudre » comme un ajout, un patch, une rustine, sur nos vêtements usés.

Nous voulons t’accueillir
 comme une vie nouvelle,
 comme le vent frais de ton Esprit, 
comme le vin nouveau,
 qui déborde et fait éclater nos limites,
pour nous permettre de les dépasser, 
pour élargir nos consciences et notre capacité à aimer. 

Délie nos cœurs de la peur,
 de la tristesse, de la force des habitudes.
 Fais tomber nos rigidités ecclésiales,
 nos certitudes trop étroites,
 et rends-nous souples, disponibles,
 ouverts à ta nouveauté et à l’altérité. 

Seigneur, remplis-nous de ton vin nouveau : 
le vin de la grâce,
 le vin de la liberté, 
le vin de la joie.

Fais de ton Église une outre neuve,
 capable d’accueillir ton Royaume 
et de partager ton amour autour d’elle.

Seigneur,
 que nos vies soient assoiffées de relations…
du désir de t’accueillir, de te rencontrer… et de te faire connaître aux autres…


Merci d’être… l’Époux qui nous aime,
 le Dieu qui fait toutes choses nouvelles.  Amen.

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